NUMÉRO 119

Aožt

2008

Bulletin des vrais

chrétiens orthodoxes

sous la juridiction de

S. B. Mgr. Nicolas

archevêque d'Athènes

et primat de toute la Grèce

Hiéromoine Cassien
Foyer orthodoxe
F 66500 Clara
Tel : 00 33 (0) 468961372
cassien@orthodoxievco.fr

 SOMMAIRE

NOUVELLES

QuÕest-ce que lÕiconographie orthodoxe

SAINTE KYRANNA

LES DISCIPLES D'EMMA†S

L'HOMOSEXUALITƒ

PAROLES DE SAINT MARC D'EPHESE

SAINT GRƒGOIRE LE THƒOLOGIEN

HISTOIRE DE CYRILLE ET METHODE


NOUVELLES

Voici le prochain bulletin (119). Je l'imprimerai au foyer lors de mon monastre de st. Jean retour en septembre de mme que le bulletin 118.

Depuis deux semaines j'habite ˆ KŽratea, dans le petit monastre de saint Jean le ThŽologien, tout en m'occupant des deux paroisses de Patras et Sparte. En semaine, je cŽlbre souvent au monastre de moniales ˆ KŽratea. La vie ici ˆ saint Jean est bien plus calme et agrŽable qu'ˆ Athnes. J'occupe les cellules o vivait autrefois l'archevque AndrŽ quand il cherchait un peu de solitude.

Ė mi-septembre, plaise ˆ Dieu, j'irai en Afrique pour un mois. Le billet est rŽservŽ mais d'ici septembre beaucoup de choses peuvent encore se passer. L'homme prŽvoit et Dieu dispose.

Votre en Christ,
hm. Cassien

  sentence1

QuÕest-ce que lÕiconographie orthodoxe


Photios Kontoglou

Ne vous conformez pas au sicle prŽsent, mais soyez transformŽs par le renouvellement de lÕintelligenceÉ (Rm 12,2)

La religion du Christ est la rŽvŽlation, par Lui, de la vŽritŽ. Et cette vŽritŽ est la connaissance du vrai Dieu et du monde spirituel. Mais le monde spirituel nÕest pas ce que les hommes appelaient Š et appellent encore Š ĒspirituelČ.

Le Christ appelle sa religion Ēvin nouveauČ et Ēpain descendu du cielČ. LÕAp™tre Paul ditŹ: Si quelquÕun est en Christ, il est une nouvelle crŽature. Les choses anciennes sont passŽes; voici, toutes choses sont devenues nouvelles (2 Co 5,17).

Dans une telle religion, une religion qui transforme le croyant en un homme nouveau, tout est ĒnouveauČ. LÕart qui a pris forme progressivement de lÕesprit de cette religion et quÕelle a inventŽ pour exprimer son mystre, est un art ĒnouveauČ, un art qui ne ressemble ˆ aucun autre, exactement comme la religion du Christ ne ressemble ˆ aucune autre, en dŽpit de tout ce que peuvent dire quelques-uns qui nÕont des yeux que pour des apparences insignifiantes.

LÕarchitecture de cette religion, sa musique, sa peinture, sa poŽsie sacrŽe, tout en utilisant des moyens matŽriels, nourrissent spirituellement lՉme des croyants. Les Ļuvres produites par ces moyens sont des degrŽs qui les mnent de cet Žtat terrestre et temporaire ˆ ce qui est cŽleste et Žternel. CÕest ce qui se passe autant que possible dans la nature humaine.

Pour cette raison, les arts de lՃglise sont anagogiques, cÕest-ˆ-dire quÕils Žlvent les phŽnomnes naturels et les soumettent ˆ Ēla belle transformationČ. Ils sont appelŽs aussi des arts ĒliturgiquesČ, parce que, ˆ travers eux, lÕhomme gožte ˆ lÕessence de la liturgie par laquelle Dieu est adorŽ et ˆ travers laquelle lÕhomme devient semblable aux armŽes cŽlestes et reoit la vie immortelle.

La peinture liturgique ecclŽsiastique, la peinture de lÕadoration, prit sa forme surtout de Byzance, o il demeura lÕArche mystique de la religion du Christ et sÕappelait hagiographie ou peinture sacrŽe. Comme pour les autres arts ecclŽsiastiques, le but de lÕhagiographie nÕest pas de donner du plaisir ˆ notre sens charnel de la vue, mais de le transformer en un sens spirituel, en sorte que dans les choses visibles de ce monde nous soyons capables de voir ce qui transcende ce monde.

Par consŽquent, cet art nÕest pas celui de lÕillusion thŽ‰trale. LÕart illusionniste est nŽ en Italie pendant la prŽtendue Renaissance, parce que cet art Žtait lÕexpression dÕun christianisme qui, dŽformŽ par la philosophie, est devenu une forme de connaissance matŽrialiste, sŽculire, propre ˆ lՃglise occidentale, devenue elle-mme un systme de ce monde. Et de mme que la thŽologie se faisait remorquer par la philosophie des anciens Š la peinture aussi, en tant quÕexpression de cette thŽologie, se faisait remorquer par lÕart des anciens, des idol‰tres. Cette pŽriode est bien nommŽe Renaissance, puisque, en rŽalitŽ, elle ne fut quÕune re-naissance de lÕantique manire de penser charnelle qui avait ŽtŽ celle du monde pa•en.

Mais de mme que ces thŽologiens baignaient dans les marŽcages gluants de la philosophie, et nՎtaient pas en mesure de gožter ni de comprendre lÕeau fra”che et limpide de lՎvangile jaillissant Ējusque dans la vie ŽternelleČ (Jn 4,14), de mme les peintres aussi qui suscitrent la Renaissance nՎtaient pas en mesure de comprendre la profondeur mystique de lÕiconographie liturgique orientale, lÕart sacrŽ de Byzance. Et de mme que les thŽologiens pensaient quÕils pouvaient perfectionner la religion du Christ au moyen de la philosophie, puisquÕelle leur paraissait trop simple, Žtant donnŽ quÕils nՎtaient pas capables de pŽnŽtrer dans les profondeurs de la SimplicitŽ divine; ainsi les peintres croyaient perfectionner lÕart liturgique, plus simplement appelŽ byzantin, en le rendant Ēplus naturelČ.

Ils se mirent donc ˆ lÕĻuvre, copiant la nature Š visages, vtements, Ždifices, paysage, tout, comme ils apparaissent naturellement Š, crŽant une iconographie avec le mme rationalisme dont les thŽologiens se servaient pour faire de la thŽologie. Mais le genre de thŽologie que lÕon peut tirer du rationalisme est exactement le genre dÕiconographie religieuse que lÕon peut obtenir en copiant la nature.

CÕest pourquoi leurs Ļuvres nÕont pas de mystre, ni de caractre spirituel rŽel. On comprend que lÕon a affaire ˆ quelques hommes se faisant passer pour des saints Š non pas ˆ de vrais saints. Il suffit de regarder les diffŽrentes images de la Mre de Dieu, ces ĒMadonnasČ qui posent de faon hypocrite, puis celles en larmes, en pleurs, qui sont encore plus fausses ! Cadavres et idoles pour des gens superficiels ! Notre peuple qui pendant des sicles recevait la nourriture puissante et profonde de la religion du Christ, mme si extŽrieurement il semble sans instruction, appelle une femme qui prŽtend tre respectable mais qui ne lÕest pas en rŽalitŽ une Frankopanayia, cÕest-ˆ-dire une ĒVierge FranqueČ, faisant de la sorte une distinction nette entre la ĒVierge FranqueČ et la vraie Vierge, la Mre du Christ notre Dieu, lÕaustre Hodighitria (Celle qui montre le chemin), qui est Ēplus vŽnŽrable que les chŽrubins, et incomparablement plus glorieuse que les sŽraphinsČ. En dÕautres mots, ils font, de la faon la plus simple possible, une distinction tranchante, nette, entre lÕart sŽculier et lÕart qui appartient au culte.

Les peintres religieux dÕOccident, qui voulaient reprŽsenter les visions surnaturelles de la religion, prenaient pour modles des phŽnomnes naturels Š des nuages, des couchers de soleil, la lune, le soleil et ses rayons. Avec tout cela, ils essayaient de dŽpeindre la gloire cŽleste et le monde de lÕimmortalitŽ, appelant ĒspirituellesČ certaines choses qui ne sont que sentimentales, Žmotionnelles, mais pas du tout spirituelles.

En vain, cependant. Parce que la bŽatitude de lÕautre vie nÕest pas la continuation du bonheur Žmotionnel de la vie dÕici-bas, ni elle nÕa aucun rapport avec la satisfaction dont jouissent les sens en cette vie. LÕAp™tre Paul, en parlant des bonnes choses de la bŽatitude ˆ venir, dit quÕelles sont celles que ĒlÕĻil nÕa point vues, que lÕoreille nÕa point entendues, et qui ne sont point montŽes au cĻur de lÕhommeČ (2 Co 2,9)

Comment donc ce monde qui sՎtend au-delˆ de tout ce quÕun homme peut saisir avec ses sens, comment peut-il tre dŽpeint par un art qui est ĒnaturelČ et qui fait appel aux sens ? Comment peut-on peindre Ēce qui dŽpasse la nature et dŽpasse lÕentendementČ ?

Certainement, lÕhomme prendra des ŽlŽments du monde perceptible, Ēˆ cause des sensČ, mais Ēpour tre capable dÕexprimer ce qui dŽpasse lÕentendementČ il doit dŽmatŽrialiser ces ŽlŽments, il doit les Žlever ˆ un plan supŽrieur, il doit les transformer ce qui est charnel en ce qui est spirituel, exactement comme la foi transforme les sentiments de lÕhomme, les changeant, de charnels quÕils Žtaient, spirituels. ĒJÕai vuČ, dit saint Jean de lՃchelle, Ēquelques hommes adonnŽs avec passion ˆ lÕamour charnel, et quand ils eurent reu la Lumire et pris la voie du Christ, cette violente passion charnelle fut changŽe au-dedans dÕeux, par la gr‰ce divine, en un grand amour pour le Seigneur.Č

Ainsi, mme les ŽlŽments matŽriels que lÕiconographie byzantine prit du monde sensible furent supernaturellement transformŽs en spiritualitŽs, et comme ils avaient passŽ par l'‰me pure dÕun homme qui avait vŽcu selon le Christ, comme lÕor par le feu du creuset, ils expriment, autant quÕil est possible pour un homme revtu dÕun corps matŽriel, ce dont parle lÕAp™tre PaulŹ: les choses que ĒlÕĻil nÕa point vues É et qui ne sont point montŽes au cĻur de lÕhommeČ.

La beautŽ de lÕart liturgique nÕest pas une beautŽ charnelle, mais une beautŽ spirituelle. CÕest pourquoi quiconque juge cet art avec les critres du monde dira que les personnages de la peinture sacrŽe byzantine sont laids et repoussants, alors que pour un fidle ils possdent la beautŽ de lÕEsprit, ce qui est appelŽ Ēla belle transformationČ.

LÕAp™tre Paul ditŹ: ĒNous (qui prchons lՎvangile et vivons selon le Christ) sommes ... la bonne odeur du Christ pour ceux qui sont sauvŽs et ceux qui pŽrissent. Pour ceux qui ont en eux lÕodeur de la mort (de la chair), nous sentons la mort; et pour ceux qui ont en eux lÕodeur de la vie, nous sentons la vie.Č

Et saint Jean de lՃchelle, le bienheureux et sanctifiŽ, ditŹ: ĒIl y avait un ascte qui, chaque fois quÕil voyait une personne belle, homme ou femme, glorifiait de tout son cĻur le CrŽateur de cette personne, et gr‰ce ˆ un simple regard, son amour pour Dieu se ravivait et il versait ˆ son sujet une fontaine de larmes. Et on sՎmerveillait, ˆ la vue de ce qui arrivait, que, pour cet homme, ce qui aurait causŽ ˆ lՉme dÕun autre de sentir mauvais, Žtait devenu une cause de couronnes et une ascension au-dessus de la nature. Quiconque peroit la beautŽ de cette faon est dŽjˆ incorruptible, avant mme que les morts ne se relvent ˆ la rŽsurrection gŽnŽraleČ.

photius

SAINTE KYRANNA

kyrannaOriginaire d'un village proche de Thessalonique, la belle Kyranna menait une vie chaste et pieuse jusqu'au jour o un janissaire chargŽ de la collecte des imp™ts, dŽvorŽ d'un amour satanique ˆ son Žgard, commena ˆ la presser de ses instances. Comme la jeune fille restait inflexible, son amant dŽu la conduisit de force auprs du juge de Thessalonique et, produisant d'autres soldats comme faux tŽmoins, il prŽtendit qu'elle avait acceptŽ ses propositions de mariage et lui avait promis de se convertir ˆ l'Islam.Ź
A toutes les accusations, la vaillante servante du Christ rŽpondait : ĒMoi, je suis chrŽtienne, et je n'ai d'Žpoux que le Christ, auquel j'offre en dot ma virginitŽ. C'est Lui que j'aime et je suis prte ˆ verser mon sang pour Lui ! Voilˆ ma rŽponse et n'attendez rien d'autre de moi.Č Puis, penchant pudiquement son regard vers le sol, elle s'enferma dans le silence, et son coeur se trouva alors rempli d'une joie indicible qui lui faisait oublier les horreurs des tribulations de cette vie. DŽsemparŽ par l'attitude de cette frle jeune fille et par l'aspect radieux de son visage, le magistrat la fit jeter en prison, chargŽe d'entraves. PersŽvŽrant dans ses dŽsirs impudiques, le janissaire obtint l'autorisation de se rendre dans le cachot de la sainte avec d'autres comparses, et ils venaient la tourmenter ˆ tout moment par ses inf‰mes propositions accompagnŽes de menaces de mort.Ź
Comme Kyranna ne daignait mme pas les regarder, ils s'acharnrent avec fureur contre elle : l'un la frappait avec un b‰ton, un autre avec le plat de son ŽpŽe, un autre ˆ coups de pied ou ˆ coups de poing. Puis, lorsqu'ils s'Žtaient retirŽs, son ge™lier venait la suspendre par les aisselles et s'Žpuisait ˆ la frapper ˆ coups de verges, malgrŽ les rŽprimandes et les cris de rŽvolte des autres dŽtenus de droit commun. Dans tous ces tourments, la sainte martyre restait aussi impassible que si quelqu'un d'autre souffrait ˆ sa place, et elle refusait toute nourriture qu'on lui prŽsentait.

Le septime jour, comme le ge™lier n'avait pas permis l'entrŽe de la prison aux janissaires, ceux-ci le dŽnoncrent au magistrat qui le convoqua pour le reprendre.Ź
A son retour, celui-ci dŽversa toute sa haine et sa colre sur la sainte. Il l'avait laissŽe suspendue, ensanglantŽe, quand une lumire divine entoura soudain son corps et illumina toute la prison, pendant que son ‰me remontait glorieuse vers son Epoux cŽleste, en laissant derrire elle un sublime parfum. Le ge™lier, repentant et tremblant sous les sanglots, chargea un chrŽtien de dŽcrocher le corps de la sainte et de le prŽparer pour les funŽrailles.

sentence

LES DISCIPLES D'EMMA†S

Dans l'Žvangile de Luc se trouve l'Žpisode des disciples d'EmmaŸs. Un fait historique, bien sžr, mais qui se rŽpte dans notre vie sans que nous en soyons conscients.
Souvent nous parlons de tel ŽvŽnement avec nos semblables. On discute, on s'interroge, on s'agite, mais on ne voit pas la rŽalitŽ profonde Š toute la vŽritŽ. Tout semble s'Žcrouler sous nos pas. Ce qu'on tenait pour sžr et ferme s'Žbranle, comme pour ces disciples sur le chemin d'EmmaŸs. Ils croyaient et espŽraient que le Christ c'Žtait vraiment le Messie que l'on attendait tant, depuis des gŽnŽrations. Et voilˆ, ce mme Messie fut crucifiŽ et enseveli. Leur espoir se brisa en mille morceaux.
Combien de fois nous ne voyons pas d'issue ˆ nos problmes. On reste terre ˆ terre, tristes et les yeux ĒempchŽsČ c'est-ˆ-dire myopes, ne voyant que jusqu'au bout du nez. On ne comprend pas l'ŽvŽnement qui nous trouble car notre vue est charnelle et non spirituelle. Derrire tout ce qui nous arrive se cache la Main de Dieu qui transforme, par le mystre de la croix, nos souffrances en gloire. Ce n'est qu'avec du recul que l'on s'aperoit que le Seigneur Žtait ˆ l'Ļuvre et ce que les ƒcritures sacrŽes nous ont maintes fois inculquŽ se vŽrifie, tel les prophŽties qui concernent la Passion et la RŽsurrection du Sauveur. ĒTout fut Žcrit pour notre ĒinstructionČ (Rm 15,4; I Co 10,11).
JŽsus chemine avec nous, Il nous regarde lors de nos difficultŽs, comme pour saint Antoine le Grand qui se plaignait et ne savait pas que Dieu contemplait ses luttes avec les dŽmons.
ĒNe fallait-il pas que le Christ souffr”t ces choses, et quÕil entr‰t dans sa gloire ?Č (Lc 24,26) Ne faut-il pas que nous souffrions Žgalement pour entrer dans la gloire ? ĒLe serviteur n'est pas plus grand que son SeigneurČ (Jn 13,16)
Nos souffrances s'intensifient jusqu'au moment o la corde est prte ˆ se casser, et c'est lˆ que le Christ nous met au large, o tout rend dans l'ordre. La Passion du Sauveur allait en augmentant jusqu'ˆ la mort sur la croix. Mais Ēsi le grain de blŽ qui est tombŽ en terre ne meurt, il reste seul; mais, sÕil meurt, il porte beaucoup de fruit.Č (Jn 12,24)
Pour nous, toute Žpreuve supportŽe avec patience et action de gr‰ce nous Žlve. Mais soyons tristes pour ceux qui nous font du mal, qui sont le jouet du malin, qui se cache derrire eux et que nous oublions souvent. On ne voit que l'homme en face de nous qui nous insulte, nous menace, nous maltraite. On ne pense qu'ˆ la maladie, ˆ la perte de ceci ou de cela, mais c'est le malin qui nous tente et Dieu le permet, comme pour Job, afin de nous Žprouver et nous rendre pur comme de l'or. Dans ce creuset des Žpreuves nous sommes lavŽs de nos pŽchŽs et de nos vices. Comme disait un pre du dŽsert : Sans Žpreuve personne ne sera sauvŽ.emmaus
Ē LorsquÕils Žtaient prs du village o ils allaient, Il parut vouloir aller plus loin.Č (Lc 24,28) Est-ce de l'hypocrisie de la part du Christ ? Loin de lˆ ! Le Seigneur s'adapte ˆ nos faiblesses, se met ˆ notre niveau. ĒJÕai ŽtŽ faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout ˆ tous, afin dÕen sauver de toute manire quelques-uns.Č (I Co 9,22) Il avait encore une t‰che ˆ accomplir : leur ouvrir compltement les yeux afin qu'ils croient fermement en Celui en qui ils avaient espŽrŽ et en Celui de qui ils avaient doutŽ.
C'est ˆ la fraction du pain Š une chose que tout le monde savait faire autrefois Š qu'ils L'ont reconnu. Ce n'est que Lui le Seigneur et Ma”tre qui rompait le pain de cette faon.
ĒNotre cĻur ne bržlait-il pas au-dedans de nous ?Č se demandaient-ils, une fois ayant pris du recul. C'est ainsi que nous, une fois l'Žpreuve passŽe, nous nous rendons compte que ce n'Žtait pas le hasard, ou un simple ŽvŽnement qui venait de se dŽrouler mais la VolontŽ de Dieu. ĒÉsans vous laisser aucunement effrayer par les adversaires, ce qui est pour eux une preuve de perdition, mais pour vous de salut; et cela de la part de Dieu.Č (Phil 1,28)


hm. Cassien

sentence

L'HOMOSEXUALITƒ

L'homosexualitŽ c'est un vice comme tant d'autres (avarice, vanitŽ etc.), mais c'est un vice contre nature, donc plus grave que la fornication. Cela n'empche nullement un homme, qui en est atteint, d'tre croyant et pieux pourvu qu'il lutte contre cette passion. Le plus souvent les homosexuels ont cette faiblesse, soit hŽritŽe soit attrapŽe pendant leurs enfance (une mre autoritaire par exemple peut Žtouffer les sentiments normal d'un garon et le rendre effŽminŽ).
Maintenant, cÕest une chose d'avoir cette passion et cÕen est une autre de s'y adonner. Celui qui s'y adonne commet un pŽchŽ au mme titre que n'importe quel autre pŽchŽ et dont la gravitŽ dŽpend de mille choses.
Un homosexuel est ˆ plaindre et non ˆ juger, pas plus qu'un droguŽ. Ce qui est ˆ condamner, c'est ce vice qui rend l'homme malheureux. Ce dont il a besoin, c'est de comprŽhension et d'aide et non de rejet. Par contre, normaliser l'homosexualitŽ est fermement ˆ rejeter.
Notre sociŽtŽ, qui est en pleine dŽcadence, va logiquement vers une normalisation de ce qui va dans son sens et ses intrets. Aujourd'hui c'est l'homosexualitŽ, demain la pŽdophilie et ensuite l'inceste. Les anciennes civilisations qui ont disparu nous en donnent l'exemple flagrant. Le Seigneur n'a-t-il pas dŽtruit Sodome ?
ĒLes gens de Sodome Žtaient mŽchants, et de grands pŽcheurs contre lՃternel.Č (Gen 13,13)
ĒIls appelrent Lot, et lui dirent: O sont les hommes qui sont entrŽs chez toi cette nuit ? Fais-les sortir vers nous, pour que nous les connaissions.Č (Gen 19,5)
Nous ne jugeons pas, bien sžr, les gens qui sont en dehors de l'Eglise mais nous jugeons ce vice et guidons les fidles qui en sont atteints.
Marier deux personnes homosexuelles est une aberration, et l'Eglise orthodoxe ne pourra jamais l'accepter ! Adopter homoensuite des enfants va dans le mme sens. Ils vivront dans une ambiance malsaine, n'auront pas, soit une vraie mre, soit un vrai pre, mais, comme parents, deux personnes qui se livrent ˆ leur vice.
Pour terminer : Les habitants de l'”le de Lesbos, dont les femmes s'appellent lesbiennes, ont portŽ plainte devant le tribunal, afin qu'on appelle autrement les femmes homosexuelles. Il en existe, des mots : anandrine, gomorrhŽenne, fricatrice, sapphique ou tribade. Plus vulgaire, on a goudou, brouteuse, chipette, voire gouine ou lesbiche, mais on en revient ˆ l'”le maudite.
Sur la photo le dŽtail d'une fresque du Jugement dernier : ƒglise de la Mre de Dieu ˆ Ljeviska (Serbie) : La punition d'un homosexuel.

hm. Cassien

 

sentence

Paroles de notre Pre parmi les saints Marc, archevque d'ƒphse,
prononcŽes en prŽsence de nombreux Žvques, hiŽromoines et moines le jour o il s'est prŽsentŽ ˆ Dieu

Je dŽsire exprimer mon sentiment de faon plus prŽcise; tout spŽcialement maintenant que la fin de ma vie approche, afin d'tre en accord avec moi-mme du dŽbut jusqu'ˆ la fin, et que personne n'aille imaginer que je disais une chose, et que j'en dissimulais une autre dans mes pensŽes, ce qui ferait que je mŽrite d'tre couvert de honte en cette heure de mon trŽpas.
Je dirais ˆ propos du Patriarche, qu'il ne lui vienne pas l'idŽe, Žventuellement, de me rendre quelque honneur lors de la sŽpulture de mon humble corps, ni d'envoyer un de ses Žvques auprs de ma tombe, ou un de ses prtres, ni, d'une faon gŽnŽrale, quelque personne se trouvant en communion avec lui, afin de prendre part ˆ la prire ou se joindre ˆ nos prtres invitŽs pour les funŽrailles, pensant qu'autrefois, ou de faon secrte, j'ai pu admettre la communion avec lui.
Vu l'impossibilitŽ de parler dans laquelle je me trouverai, et de peur que cette impossibilitŽ ne serve de prŽtexte ˆ ceux qui ne connaissent pas bien et pleinement mes opinions de suspecter je sais quel esprit de conciliation, je tiens ˆ dire et ˆ tŽmoigner devant l'assistance nombreuse et tous les hommes dignes qui se trouvent ici que, ni dans ma vie ici-bas, ni aprs ma mort, je n'admets ni l'Union qui a eu lieu, ni les dogmes latins qu'il a, lui ainsi que ses partisans, personnellement acceptŽs et, pour la mise en oeuvre desquels, il a occupŽ ce sige de Primat afin de renverser les dogmes vŽridiques de l'ƒglise.
Je suis tout ˆ fait certain que, plus je me tiens loin de lui et de ses semblables, plus je me trouve prs de Dieu et de tous les saints; et plus je me sŽpare d'eux, plus je suis en union avec la VŽritŽ et avec les saints Pres, thŽologiens de l'ƒglise; de mme, je suis convaincu que tous ceux qui sont de leur nombre sont ŽloignŽs de la VŽritŽ et des bienheureux docteurs de l'ƒglise. C'est pourquoi, je dis : de mme que durant toute ma vie j'ai ŽtŽ sŽparŽ d'eux, je le reste alors que je m'en vais, ainsi qu'aprs ma mort, je refuse de m'adresser ou de m'unir ˆ eux et je dis avec serment que personne (d'entre eux) n'approche de mes funŽrailles, ni de ma tombe, ni de quiconque de chez nous, pour essayer de s'unir et de concŽlŽbrer avec les n™tres, car ceci signifierait vouloir mler ce qui ne peut pas l'tre; ils doivent, au contraire, tre totalement sŽparŽs de nous jusqu'au jour o Dieu accordera la guŽrison et la paix ˆ son ƒglise.

sentence

LES PERES DE L'EGLISE (suite) :

SAINT GRƒGOIRE LE THƒOLOGIEN
(ftŽ le 25 janvier)

Athanase Fradeaud

Sa vie

Le grand et saint hiŽrarque GrŽgoire Žtait cappadocien, tout comme l'Žtait saint Basile de CŽsarŽe. L'histoire de l'ƒglise nous dŽcrit leurs charismes et caractres diffŽrents, tout en soulignant combien ils se complŽtaient. Notre saint est parfois connu sous le nom de saint GrŽgoire de Nazianze, du nom de l'une des villes dont il fut l'Žvque. C'est surtout le cas en Occident, ainsi que dans les milieux non-orthodoxes. L'ƒglise, ma”tresse de vŽritŽ, prŽfre l'appeler GrŽgoire le ThŽologien, titre mŽritŽ, qu'il partage avec saint Jean, le disciple bien-aimŽ du Seigneur.
GrŽgoire naquit ˆ ArianzŽ, vers l'an 328-329, dans une famille assez aisŽe. Il Žtait donc d'environ deux ans l'a”nŽ de saint Basile. Son pre s'appelait, lui aussi, GrŽgoire. Nous le nommons dans l'ƒglise GrŽgoire l'Ancien. C'Žtait un ancien converti du paganisme, puis ŽgarŽ dans une secte du temps et qui revint dŽfinitivement ˆ l'ƒglise gr‰ce aux prires et ˆ la vertu de Nonne, son Žpouse, inscrite, elle aussi, au calendrier des saints. GrŽgoire l'Ancien Žtait devenu Žvque de Nazianze. Nazianze Žtait une petite ville de Cappadoce proche de leur propriŽtŽ d'ArianzŽ. Ce mariage d'aussi saintes personnes fut couronnŽ par la naissance providentielle de trois enfants, aprs une longue pŽriode d'infŽconditŽ. Ces trois enfants devinrent tous des saints et se nomment, dans l'ordre de leur venue au monde : Gorgonie, GrŽgoire (notre saint) et CŽsaire.
De tels parents eurent donc ˆ coeur de cultiver chez GrŽgoire (et leurs autres enfants) la semence des vertus qui avait ŽtŽ versŽe en eux, de sorte que GrŽgoire put grandir dans la vraie sagesse. Assez jeune encore, aprs avoir commencŽ son instruction sur place, il partit avec son frre CŽsaire pour Žtudier la rhŽtorique ˆ CŽsarŽe de Cappadoce, o il fit la connaissance de Basile, le futur Žvque de CŽsarŽe. Puis, il continua ses Žtudes, en passant par les Žcoles de CŽsarŽe de Palestine et d'Alexandrie. Athnes fut sa dernire Žcole, et c'est lˆ qu'il se lia d'une amitiŽ spirituelle profonde avec saint Basile, tant leur Žtait commun l'amour de la vŽritŽ et le dŽsir de suivre la voie des commandements, en se dŽtournant de la voie du jeune homme riche de l'Žvangile. Aussi, lorsque Basile dŽcida de regagner sa patrie, leurs condisciples tinrent ˆ garder GrŽgoire avec eux, afin qu'il soit leur ma”tre quelque temps. Mais GrŽgoire tenait ˆ rejoindre Basile. Il s'en retourna donc en Cappadoce, afin d'y recevoir le baptme ˆ l'‰ge de trente ans, selon l'usage du temps, et donc vers l'an 359 ou 360.
DŽsormais, et de tout l'Žlan de son coeur, GrŽgoire ne dŽsirait vivre que pour Dieu seul. C'est ainsi qu'il commena ˆ se soumettre ˆ une stricte ascse, dont son corps p‰tit bien souvent au cours de sa vie, sans que cela ne l'arrte. Cette grande ascse ne prit fin qu'avec celle de sa course terrestre. Il continuait d'Žtudier l'ƒcriture sainte et de la ruminer pieusement. C'est ainsi qu'il commena ˆ mettre la brillante Žloquence acquise au cours de ses Žtudes au service de la vŽritŽ. Mais plus que tout, il dŽsirait la vie angŽlique du monachisme, dans le silence et loin du monde. Aussi rejoignit-il saint Basile sur les bords de l'Iris, afin d'y vivre comme moine. Et dans cette vie d'anges terrestres, ils reurent, du Seigneur pour lequel ils se purifiaient, des connaissances incomparables. C'est ainsi que, malgrŽ leur jeune ‰ge et leur peu d'anciennetŽ dans la vie monastique, ils purent rŽdiger les Rgles monastiques dont nos moines vivent encore, comme une Philocalie, comme dŽjˆ citŽ dans la Vie de saint Basile de Grand.
NŽanmoins, en 361, ce hŽron ami du saint dŽsert fut bient™t rappelŽ par son pre vieillissant, et pour prendre soin de lui et surtout pour prendre la charge de l'ƒglise de Nazianze, malheureusement divisŽe par le concile hŽrŽtique Š et donc brigandage Š de Rimini (359). Saint GrŽgoire džt donc batailler pour rŽconcilier ceux qui s'Žtaient sŽparŽs de la communion de l'ƒglise et continuer de mener, autant que faire se pouvait, la vie monastique. MalgrŽ sa crainte de Dieu, il džt accepter d'tre ordonnŽ prtre par son propre pre, le vieil Žvque de Nazianze, lequel pensait sans doute ˆ sa succession, voulant laisser ˆ son ƒglise locale un vaillant dŽfenseur de la VŽritŽ. GrŽgoire en fut tellement bouleversŽ, qu'il prit la fuite dans le Pont et rejoignit saint Basile, si grande Žtait sa dŽlicatesse extrme, que les saints ne peuvent acquŽrir qu'en s'approchant de Dieu. Il sut d'ailleurs s'expliquer ˆ ce sujet en disant qu'il ne fuyait pas les responsabilitŽs, mais dŽsirait se rassembler en lui-mme, en en donnant les raisons. D'ailleurs, au bout de trois mois, sur les recommandations de saint Basile, il suivit la VolontŽ de Dieu ainsi nettement exprimŽe, et retourna ˆ Nazianze, s'employant ˆ ramener la concorde dans le troupeau avec une grande ardeur. Il fut le pasteur du troupeau de Nazianze pendant dix ans. Lorsqu'en 361, l'empereur Julien, Š dont GrŽgoire avait prŽdit l'apostasie quand ils Žtaient condisciples ˆ Athnes,Š commena sa restauration du paganisme, interdisant l'instruction aux enfants chrŽtiens, saint GrŽgoire rŽpliqua par de brillants discours et pomes, o les mystres de la foi Žtaient exposŽs avec grande perfection et une richesse qui dŽpasse mme les oeuvres des grands potes de l'AntiquitŽ. Notre saint utilisait le meilleur de la science humaine, en la transfigurant en vŽhicule de la vŽritŽ.
En 370, saint GrŽgoire et son pre collaborrent efficacement ˆ l'Žlection de Basile au sige Žpiscopal de CŽsarŽe, et firent tout afin qu'il soit connu du plus grand nombre comme le hŽraut des orthodoxes de cette Žpoque. Plus libre que saint Basile, qui Žtait exposŽ de toutes parts, il sut proclamer ouvertement la DivinitŽ du saint Esprit contre les hŽrŽtiques qui la niaient, et rŽsista audacieusement ˆ la persŽcution de l'empereur Valens. Les deux amis possŽdaient un tel prestige mŽritŽ dans le peuple que l'empereur n'osa s'en prendre ˆ eux. Ils furent les seuls orthodoxes ˆ Žchapper alors au bannissement, tant il est vrai qu'un frre appuyŽ sur son frre est une tour imprenable.
En 372, ds la mort de ses parents, GrŽgoire dŽsira se retirer des charges pastorales, obtenant mme pour cela l'approbation de saint Basile. Ė cet effet, il fut ordonnŽ Žvque de la petite bourgade de Sasimes, par l'imposition des mains de son frre en ascse. Sasimes Žtait situŽe aux confins de la seconde Cappadoce, province crŽŽe par Valens pour contrecarrer les saintes activitŽs du grand Basile de CŽsarŽe. Il s'enfuit ˆ nouveau dans la montagne, espŽrant trouver en Dieu la rŽponse et la consolation ˆ ses tribulations. Puis, sur les instances de son pre, GrŽgoire l'Ancien, il accepta de retourner ˆ Nazianze et assura le gouvernement de cette ƒglise en tant qu'Žvque remplaant, jusqu'au dŽpart de son vieux et saint pre pour l'ŽternitŽ, qui avait vŽcu presque cent ans. Aprs la mort de son pre en 374, suivie peu aprs par celle de sa mre, sainte Nonne, GrŽgoire accepta, non sans pieuse rŽticence, de rester en place jusqu'ˆ l'Žlection d'un nouvel Žvque. DŽjˆ, il Žtait sujet ˆ une extrme faiblesse, provoquŽe par l'ascse, la maladie et les combats pour la foi. Les chrŽtiens aimaient naturellement saint GrŽgoire, et pour cette raison, retardaient l'Žlection Žpiscopale. Il ne put mettre fin ˆ cette situation qu'en partant secrtement vers SŽleucie, la mŽtropole de l'Isaurie, vers 375. Il s'y retira alors au Monastre Sainte-Thcle pour y reprendre la vie angŽlique, menŽe au dŽpart avec Basile sur les bords de l'Iris. Mais lˆ encore, il eut ˆ mener le bon combat de la foi contre les ariens, habiles ˆ semer partout le trouble. En l'an 379, il eut la douleur de perdre son frre le plus cher, le grand Basile, qui s'endormit alors dans le Seigneur. Comme pour lui donner de la consolation, cette annŽe fut marquŽe par la disparition de l'empereur hŽrŽtique Valens, et la promotion de ThŽodose le Grand, empereur orthodoxe, fidle dŽfenseur de la foi du saint concile de NicŽe.
Cette nouvelle pŽriode cl™turait quarante annŽes d'occupation de Constantinople par les hŽrŽtiques. Les chrŽtiens demandrent donc au saint Žvque de Nazianze de venir ˆ leur secours, tant sa bonne rŽputation de vaillant dŽfenseur de la foi Žtait parvenue jusqu'ˆ eux. S'arrachant avec peine ˆ la vie monastique qui Žtait son milieu naturel de prŽdilection, saint GrŽgoire arriva ˆ Constantinople, en vivant reprŽsentant de la VŽritŽ. Sa parole irrŽsistible provenait du plus profond de son coeur purifiŽ gr‰ce ˆ l'ascse et ˆ la prire pure et perpŽtuelle. Il accomplit aussi de nombreux miracles. Ė Constantinople, il put tre reu dans la maison de ses parents. Le peuple orthodoxe ne tarda pas ˆ s'y rassembler de plus en plus nombreux, afin de nourrir leur ‰me de sa juste prŽdication. De ce fait, sa demeure fut bient™t transformŽe en Žglise sous le nom de Sainte-Anastasie (RŽsurrection).
Et il resta seul, opposŽ ˆ la multitude des hŽrŽtiques partagŽs en sectes diverses et variŽes. GrŽgoire ne sŽduisait pas; il Žduquait, certes, son auditoire par son Žloquence, dŽtruisait les sophismes de la fausse sagesse charnelle gr‰ce ˆ la Parole de Dieu, mais surtout il en parlait de l'abondance de son coeur. Il leur parlait de ce qu'il savait, c'est-ˆ-dire de ce qu'il avait appris de Dieu par sa vie pure et orthodoxe. Il leur parlait, comme l'on dit de saints hommes, d'un pays o il avait ŽtŽ. Dans une sŽrie de cinq discours qui lui valurent le titre de ThŽologien, aprs avoir montrŽ qu'il ne faut pas discuter des Mystres de Dieu n'importe quand et d'une faon commune, mais en son temps et aprs avoir ŽtŽ purifiŽ, il exposa de faon dŽfinitive l'incomprŽhensibilitŽ de l'Essence divine, la DivinitŽ du Fils et celle du saint Esprit. De meilleure faon que les autres pres, saint GrŽgoire sut trouver les expressions aussi justes que brves et paradoxales pour les plus grands mystres de la foi. Elles ont triomphŽ du temps par leur perfection. Bien des saints thŽologiens n'ont rien fait d'autre que les commenter, et un grand nombre d'entre elles sont entrŽes dans les hymnes de grandes ftes de l'annŽe (canon de la NativitŽ ˆ son discours 38; celui de la ThŽophanie ˆ son discours 39; celui de P‰ques ˆ ses discours 1 et 45; celui de la Pentec™te ˆ son discours 41; et quantitŽ d'autres dans les ftes des saints).
GrŽgoireTout comme saint Basile, GrŽgoire Žtait d'une rigueur inflexible pour garder la foi, et plein de douceur ˆ l'Žgard des pŽcheurs et ŽgarŽs, qu'il avait ˆ aider ˆ se relever. Il corrigeait autrui par sa seule conduite, par sa vie ascŽtique et retirŽe de toutes sortes de mondanitŽ. Il suffisait mme de s'instruire par son exemple et de le regarder. Bien de ses auditeurs se convertirent dŽfinitivement en l'ayant vu vivre. Il n'en fallait pas moins pour lui attirer la jalousie mortelle des envieux et la haine des hŽrŽtiques de toutes sectes qui rŽpandirent contre lui d'inf‰mes calomnies, sans parvenir ˆ lui faire perdre ni la douceur, ni la patience. La nuit pascale de 379, ils essayrent mme de semer la panique dans l'assistance, afin de lapider le saint, sans parvenir ˆ lui porter le coup mortel. Il l'aurait pourtant dŽsirŽ, heureux alors d'achever sa course avec la palme du martyre sanglant.
Ė la suite de cette Žpreuve, il fut tra”nŽ en justice comme un criminel. Mais il n'eut pas de peine ˆ prouver son innocence, et ˆ attester encore plus de sa vertu en exhortant ses amis au pardon. Cette attitude lui attira l'hostilitŽ des hŽrŽtiques remplis de haine et, paradoxalement, celle d'orthodoxes au zle inintelligent, qui le trouvaient trop bon.
Au moment o l'hŽrŽsie commenait ˆ reculer, le diable lui suscita comme ˆ Job une nouvelle Žpreuve avec un philosophe cynique, Maxime, auquel cet adjectif est restŽ liŽ. Il sut gagner l'estime de GrŽgoire (nul saint ne possde tous les charismes), mais il se rŽvŽla tel qu'il Žtait, aprs s'tre fait Žlire irrŽgulirement Žvque de Constantinople, semant le trouble et le scandale dans l'ƒglise. Saint GrŽgoire Žtait prt ˆ abandonner son tr™ne pour ne pas augmenter le trouble et la haine, mais le peuple orthodoxe se souleva spontanŽment contre Maxime-le-cynique et supplia son pasteur lŽgitime de ne pas les abandonner. Le saint se laissa convaincre et fit appel ˆ l'empereur alors en rŽsidence ˆ Thessalonique. Celui-ci rejeta l'usurpateur, fit expulser les ariens des Žglises qu'ils occupaient et fit reconna”tre l'Žlection de saint GrŽgoire comme Žvque de la capitale de l'empire. Ce dernier, soupirant toujours aprs la vie monastique, refusa d'abord, mais il dut ensuite l'accepter, la voix du peuple continuant d'tre aussi instante qu'enthousiaste. Toutefois, soucieux d'observer les canons, il fit observer que, comme il Žtait Žvque d'un autre sige, son transfert ˆ Constantinople devait tre ratifiŽ par un concile. Il en fut ainsi et, en 361, ThŽodose rŽunit le deuxime concile oecumŽnique, qui, aprs avoir reconnu l'Žlection de saint GrŽgoire, condamna les pneumatomaques (hŽrŽtiques niant la DivinitŽ du saint Esprit), marquant la fin de la si grave et si longue crise arienne et la victoire de la sainte orthodoxie.
Cette joie fut ternie par la mort de saint MŽlce, l'Žvque d'Antioche. Saint GrŽgoire fut chargŽ de diriger les sessions de l'Žlection qui devaient dŽcider de la succession ˆ ce sige, divisŽ depuis longtemps par le schisme entre orthodoxes : les uns partisans de MŽlce, les autres de Paulin. Comme il avait ŽtŽ prŽvu que le survivant serait Žvque d'Antioche, saint GrŽgoire se pronona pour Paulin. Il se heurta aussit™t ˆ l'opposition haineuse de certains, qui allrent jusqu'ˆ soudoyer un jeune hŽrŽtique pour l'assassiner. C'Žtait sans compter avec le Dieu de vŽritŽ qui sut toucher le coeur de celui qui, au lieu de devenir un assassin, se jeta aux pieds de saint GrŽgoire pour implorer son pardon en confessant son mauvais dessein. GrŽgoire le releva, le priant de se consacrer dŽsormais tout entier ˆ Dieu, en rejetant l'hŽrŽsie. D'autres pinailleurs, amis de la seule lettre mal interprŽtŽe jusqu'ˆ l'absurditŽ, s'en prirent au saint, l'accusant d'avoir ŽtŽ transfŽrŽ de Sasimes ˆ Constantinople, contrairement aux saints canons. GrŽgoire Žtait harrassŽ et si blessŽ de voir ainsi diviser et utiliser l'ƒglise du Seigneur, qu'il dŽclara ˆ l'assemblŽe que son dŽsir de paix Žtait si grand qu'il Žtait tout prt, comme Jonas, d'tre jetŽ ˆ la mer, pourvu que la foi orthodoxe reste sauve. En sortant de l'assemblŽe, il se rendit chez l'empereur afin de lui remettre sa dŽmission, le suppliant de rŽtablir l'autoritŽ et la concorde dans l'ƒglise. Puis, il fit ses adieux ˆ cette si cŽlbre Žglise de l'Anastasis. Il salua tout le monde, encourageant le clergŽ et les fidles orthodoxes, exhortant les hŽrŽtiques ˆ la conversion, disant adieu ˆ l'Orient et ˆ l'Occident dŽsormais unis dans l'orthodoxie de la foi de l'ƒglise catholique. Il quitta Constantinople, o saint Nectaire lui succŽda sur la chaire Žpiscopale. Il retourna quelque temps ˆ Nazianze, ville qui devait lui tre chre gr‰ce au souvenir de son pre, et s'effora d'y faire nommer un Žvque titulaire. Lorsque les Žlecteurs eurent choisi Eustathe comme Žvque de Nazianze, GrŽgoire se retira ˆ ArianzŽ, lˆ o il Žtait nŽ. Il y passa les dernires annŽes de sa vie, dans ce silence si aimŽ et cette solitude si recherchŽe. Il continua de veiller sur la puretŽ de la foi orthodoxe, continuant de combattre pour elle par sa plume, qui valait une ŽpŽe. Il Žcrivait pour fortifier ceux qui chancelaient, pour dŽnoncer des hŽrŽsies naissantes, pour exhorter Nectaire et les autres Žvques orthodoxes, pour continuer ˆ diriger dans le stade des vertus ses nombreus enfants spirituels.
Ainsi termina sa vie le si doux GrŽgoire, serviteur fidle et vaillant de la vŽritŽ, qui faisait violence ˆ son tempŽrament pour mieux la dŽfendre et la servir. Ainsi se termina la carrire de cet illustre combattant, qui, normalement, ežt dž passer sa vie dans un monastre, mais qui suivit l'appel du Seigneur lui ayant dŽsignŽ comme lieu d'ascse les champs de bataille de l'ƒglise militante. Il lŽgua tous ses biens ˆ l'ƒglise catholique de Nazianze, pour les soins de ladite ƒglise, avant d'aller ˆ la rencontre de son Seigneur en l'an 390.

Son oeuvre
Discours :
La partie la plus remarquable de son oeuvre, dont plus de la moitiŽ date de Constantinople (379-381). Les autres discours ont ŽtŽ prononcŽs ˆ Nazianze. On y distingue les discours dogmatiques, entre lesquels les cinq discours thŽologiques sur la TrinitŽ, des discours sur les ftes (ThŽophanie, P‰ques, Pentec™te), et des panŽgyriques de saints comme saint Cyprien d'Antioche, saint Athanase, o l'auteur a dŽployŽ toutes les ressources de son art oratoire. Il y a aussi deux discours prononcŽs ˆ propos du trŽpas de saint Basile de CŽsarŽe. Sont ˆ noter deux discours sur Julien l'Apostat.
Pomes :
Ils datent de la fin de sa vie (383-389). On y distingue les pomes thŽologiques, comprenant eux-mmes deux sections : les pomes dogmatiques et les pomes moraux; les pomes personnels, et les pomes sur d'autres. Dans le pome personnel XI, 1949 vers forment une autobiographie prŽcieuse.
Lettres :
244 lettres, dont deux Žcrites en 382 et 387 contre l'apollinarisme.

Bibliographie :
Sous le nom de Saint GrŽgoire Nazianze aux ƒditions "Sources ChrŽtiennes" :
Discours 1-3 : n” 247 : 49 euros
Discours 4-5 : n” 309 : 69 euros
Discours 6-12 : n” 405 : 28 euros
Discours 20-23 : n” 270 : 53 euros
Discours 24-26 : n” 284 : 42 euros
Discours 27-31 : n” 250 : 53,05 euros
Discours 32-37 : n” 318 : 48 euros
Discours 38-41 : n” 358 : 46 euros
Discours 42-43 : n” 384 : 37 euros
Lettres thŽologiques : n” 208 : 13 euros
La Passion du Christ : n” 149 : 36 euros

Aux ƒditions ĒTequiČ :
Š Le but divin

Dans la collection ĒBelles lettresČ
Š Lettres

sentence

Une fois le patriarche d'Antioche Žtait assis avec ses Žvques dans la cour de l'Žglise de Saint-Julien. Pendant leurs discussions, ils ont entendu une agitation inhabituelle dans la rue. Ė ce moment-lˆ, un carrosse de luxe passa devant l'Žglise. La courtisane PŽlagie Žtait assise firement ˆ l'intŽrieur. La route luisait de l'Žclat des bijoux qu'elle portait. L'air Žtait rempli de l'odeur de ses parfums cožteux. La foule l'acclamait comme si elle Žtait hors de son esprit.
Les Žvques dŽtournaient la tte par dŽgožt, pour Žviter de voir de face la femme satanique, qui avait conduit tant de jeunes aristocrates de la ville dans le bourbier de l'immoralitŽ. Seul l'Žvque Nonos, la suivit continuellement de son regard, jusqu'ˆ ce qu'elle disparžt ˆ un tournant de la route. Ensuite il se tourna vers les autres Žvques et leur dit d'une voix triste :
"Malheur ˆ nous, frres dans le Christ. Cette femme nous cause une grande honte. Avez-vous vu quel soin elle met ˆ habiller son corps afin d'attirer ses amants ? Tandis que nous fainŽants, que faisons-nous pour orner nos ‰mes afin attirer l'amour de notre ƒpoux cŽleste ?"
En disant ces choses, il a priŽ avec ferveur pour cette ‰me pŽcheresse. Et sa prire fut entendue. La Gr‰ce divine restaura PŽlagie, qui se mit ˆ croire au Christ, se repentit de sa vie de pŽchŽ, fut baptisŽe par le saint Nonos, et arriva ˆ une fin bienheureuse.
ic™ne de ste. Pelagie

 

Histoire de Cyrille et Methode

dans l'Histoire de Nestor (chapitre 20)

Quand les Slaves [de Moravie] furent baptisŽs ainsi que leur prince, Rostislav, Sviatopolk et Kotsel sÕadressrent ˆ l'empereur Michel en disant : ĒNotre pays est baptisŽ et nous n'avons pas de ma”tre pour nous prcher, nous instruire et nous expliquer les livres saints. Nous ne comprenons ni la langue grecque, ni la langue latine : les uns nous instruisent d'une faon et les autres de l'autre; aussi ne comprenons-nous pas le sens des livres sacrŽs et leur Žnergie. Envoyez-nous donc des ma”tres qui soient capables de nous expliquer la lettre des livres sacrŽs et leur esprit.Č Ayant entendu cela l'empereur Michel rassembla tous ses philosophes et leur rŽpŽta tout ce que disaient les princes slaves; et les philosophes dirent : ĒIl y a ˆ Thessalonique un homme appelŽ LŽon : il a des fils qui savent bien la langue slave, deux fils versŽs dans les sciences, et philosophes.Č Entendant cela l'empereur envoya ˆ Thessalonique chez LŽon, lui disant : ĒEnvoie-moi vite tes fils MŽthode et Constantin.Č LŽon entendant cela les lui envoya vite, et ils vinrent auprs de l'empereur qui leur dit : ĒVoici que les Slaves m'ont demandŽ un ma”tre pour leur expliquer les livres saints; tel est leur dŽsir.Č Il les dŽcida ˆ partir et il les envoya dans le pays des Slaves ˆ Rostislav, ˆ Sviatopolk et ˆ Kotsel : et ds leur arrivŽe ils Žtablirent les lettres de l'alphabet slave, et ils traduisirent les actes des ap™tres et l'Žvangile. Les Slaves se rŽjouirent d'entendre les grandeurs de Dieu en leur langue; puis ils traduisirent le Psautier, l'Octo•que et d'autres livres. Or quelques-uns se mirent ˆ bl‰mer les livres slaves, disant : ĒAucun peuple n'a le droit d'avoir son alphabet si ce n'est les HŽbreux, les Grecs et les Latins, comme le prouve ce que Pilate Žcrivit sur la croix du Sauveur.Č Le pape de Rome entendant cela, bl‰ma ceux qui murmuraient contre les livres slaves, disant : ĒQue les paroles de l'ƒcriture sainte s'accomplissent; que toutes les langues louent Dieu.Č Et encore : ĒTous se mirent ˆ proclamer en des langues diverses les grandeurs de Dieu, comme l'Esprit saint les inspirait.Č Et si quelqu'un blame l'Žcriture slave, qu'il soit retranchŽ de l'ƒglise jusqu'ˆ ce qu'il se soit corrigŽ; car de tels hommes sont des loups et non des brebis : vous les conna”trez ˆ leurs fruits, dŽfiez-vous d'eux. Pour vous, enfants de Dieu, Žcoutez ses enseignements, et ne vous Žloignez pas des enseignements de l'ƒglise, tels que vous les a expliquŽs MŽthode votre ma”tre.Č
Constantin revint donc, et alla instruire la nation bulgare et MŽthode resta en Moravie. Ensuite le prince Kotsel Žtablit MŽthode Žvque en Pannonie, dans le sige de saint Andronique, ap™tre, l'un des soixante-dix disciples de l'ap™tre Saint Paul. MŽthode Žtablit deux prtres trs habiles stŽnographes, et ils traduisirent tous les livres saints, du grec en slave, dans l'espace de six mois, de mars au 26 octobre. Ayant terminŽ, il rendit gr‰ce et gloire ˆ Dieu qui avait ainsi bŽni l'Žvque MŽthode, successeur d'Andronique; car l'ap™tre Andronique est l'instituteur de la nation slave, et il est venu en Moravie. De mme l'ap™tre Paul a enseignŽ lˆ; car lˆ est l'Illyrie o est venu l'ap™tre saint Paul; et lˆ se trouvaient les Slaves avant que saint Paul y vint. C'est pourquoi saint Paul est l'instituteur du peuple slave auquel nous appartenons aussi, nous Russes; donc saint Paul est aussi notre ma”tre ˆ nous Russes, parce qu'il a instruit le peuple slave et a laissŽ comme Žvque son successeur saint Andronique au peuple slave. Or la nation slave et la nation russe est une; car c'est des Vargues que le peuple s'est appelŽ russe, et il Žtait auparavant slave et quoique les Polianes eussent un nom particulier, ils parlaient aussi le slave; or ils s'appelaient Polianes parce qu'ils demeuraient dans les champs (polie), et ils parlaient la mme langue que les Slaves.

amour

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