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chrétiens orthodoxes sous la juridiction de S. B. Mgr. Nicolas archevêque d'Athènes et primat de toute la Grèce
SOMMAIRE NOUVELLES MESSAGE PASCAL LES PERES DE L'EGLISE : Saint Basile de Csare SUR LES DIFFRENCES ENTRE L'ART RELIGIEUX OCCIDENTAL ET L'ICONOGRAPHIE ORTHODOXE SOIXANTE-DIX FOIS SEPT FOISŹŹŹŹ L'ICļNE DE L'ANNONCIATIONŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹ Ź NOUVELLES Pâques est passé; je termine donc ce bulletin, au moins sur le Web. L'impression sur papier sera pour plus tard. Christ est ressuscit Voici le dernires nouvelles du Cameroun : Thomas, appel Didyme, n'tait pas avec eux lorsque, toutes portes closes, tu entras, Christ; aussi ne crut-il pas aux paroles qu'on lui dit, pour affermir ainsi vers la foi le chemin des incroyants; mais tu n'as point ddaign, dans ta bont, de lui montrer ton ct immacul ainsi que les plaies de tes mains et de tes pieds : il les toucha et t'ayant vu, en toi il reconnut plus que la simple humanit ou que la seule divinit, et te cria : Mon Seigneur et mon Dieu, gloire toi. Dimanche de Thomas (Grandes Vpres) glise des VCO de Grce PåQUES 2008 Au plrme de l'glise Maintenant, tout est rempli de lumire, le ciel et la terre et le fond des enfers; Mes vnrables frres vques, honorable clerg, pieux ordres monastiques et chrtiens bnis, Vnrables frres, enfants bien-aims dans le Seigneur, Votre intercesseur fervent devant notre Seigneur Jsus Christ qui a souffert et s'est lev du Tombeau, l'archevque Voyant ta Misricorde infinie, ceux que les chanes de lÕenfer tenaient prisonniers, dÕun pas joyeux, Christ, accourent vers la lumire, applaudissant la Pque ternelle. Canon de Pque
Pour Pâques, j'étais à Thessalonique, pour seconder le père Élie, qui a eu de nouveau un malaise. Il se peut que je doive rester à Thessalonique pour un temps indéterminé, comme l'autre fois.
En ce moment, je suis à Patras, pour célébrer un baptême. Comme la voiture est tombée en panne, je resterai aussi pour la Liturgie du Dimanche de Thomas. Une fois la voiture réparée, je remonterai vers Thessalonique.
Je vous tiens au courant de nos nouvelles, qui sont maintenant plus abondantes.
votre hiromoine Cassien
Hier midi et demi sous une pluie, accompagn d'un vent trs violent, le baobab est tomb. C'est un grand vnement dans tout le village. Il n'y a eu aucun dgt. Sauf qu'un autre arbre qui se trouvait dans le champ, derrire la cuisine, a caus un grand trou sur la toiture de la cuisine et un autre trou dans la chambre de Thophile et du petit Pierre. Depuis ton dpart du Cameroun il pleut beaucoup. Personne ne connat les saisons É
Gilles
Saint Archidiocse d'Athnes
8 Botsaris
121 31 Peristeri,
Athnes
MESSAGE PASCAL
de Sa Batitude l'archevque Nicolas, primat de l'glise des VCO de Grce
que toute le cration clbre la Rsurrection du Christ en qui elle s'est affermie.
La Lumire jaillissant du Tombeau qui, il y a quelques heures seulement, retenait encore le Corps du Dieu-Homme Jsus, illumine non seulement les cieux et la terre, mais mme les lieux les plus bas, jusqu'aux profondeurs de l'Hads elle-mme, d'o le Rdempteur ressuscit a dlivr les mes des justes, morts des poques passes, par l'clat fulgurant de la Divinit.
Aujourd'hui, o les tnbres du matrialisme, de l'incroyance et de l'idoltrie de la chair ont couvert presque tout, qu'est-ce qui saurait tre plus dsirable que la Lumire pure, douce et sans dclin de Jsus Christ ressuscit ? ŹCependant cette Lumire, qui a le pouvoir de disperser et d'carter l'paisse obscurit de l'Hads, est empche d'atteindre le cĻur des hommes infidles, matrialises et cyniques, qui prfrent, de faon irrationnelle, les tnbres, afin de cacher leurs Ļuvres.
Comment est-il possible qu'une telle Lumire, une telle Puissance, soient arrtes par la volont de personnes de mauvaise disposition ? ŹCe qui les arrte est la libert de l'homme, sa volont propre : ce don terrible, que Dieu a accord au genre humain, et que Dieu Lui-mme ne force jamais, n'carte jamais.
Il n'est pas tonnant que des gens de mentalit mondaine se dtournent de la Lumire saine, venant de l'autre monde, de la Rsurrection. Mais lorsque, en tant que pasteur responsable de l'glise, je remarque qu'un tel tat menace les membres du Corps mystique qu'est l'glise, il est alors de mon devoir de sonner l'alarme et d'appeler chacun aux armes, sans gard son rang ou son office, afin que nous puissions affronter cet ennemi commun. ŹJe dis ennemi commun, car comme lorsqu'une maladie menace un membre du corps, tous les membres sont en danger.
Ź Je saisis par consquent l'occasion, qui m'est offerte par ce Message pascal, de communiquer avec tous les membres de notre glise, et mme avec chaque me bien dispose qui n'est peut-tre pas de son troupeau, et, comme archevque, j'envoie un message d'unit et de rconciliation en toutes directions.
Unis, les membres de l'glise acquirent un pouvoir invincible contre tout ennemi. ŹUn ennemi combat en vain contre une communaut unie des fidles de l'glise, dans laquelle le clerg et le peuple, les pasteurs et le troupeau, chacun depuis son poste et selon sa mesure et son appel, chemine en accord avec la Tradition et les saints canons inspirs de Dieu comme guides et directeurs. Le lien d'amour, l'alliance de Foi et de Confession communes, l'amour compatissant pour notre prochain et le dvouement en toute humilit et obissance aux idaux de l'Orthodoxie, conjointement avec les Ļuvres authentiques et sans feinte de l'Orthodoxie, vouent l'chec toute tentative de notre ennemi, le diable homicide, de nuire l'glise.
Nous clbrons la mort de la mort, la destruction de l'EnferÉ
La Mort sur la Croix, la Descente en enfer et la Rsurrection du Tombeau de notre Seigneur Jsus Christ ont rendu inefficace tout le pouvoir de notre ennemi, le diable. Il retire tout son pouvoir de notre coopration avec ses projets et actes tnbreux. Son arme principale Ń la mort Ń est morte.
Cet appel l'action que votre archevque vous adresse vient de son cĻur. Je forme ce vĻu avec le dsir candide d'un pre qui souhaite voir sa famille unie et aimante.
Je demande, avec toute la force de mon me, de voir notre glise comme un phare brillant pour un monde ballott par la tempte. Je veux la voir comme un havre o tous ceux qui jusqu' prsent ont vcu loin du Christ et sont en danger de naufrages de la vie puissent trouver le repos. Je dsire voir notre glise, ses membres qui vivent leur Orthodoxie et qui manifestent la puissance de notre confession, non pas dans des querelles, non pas cherchant diriger, non pas remarquant minutieusement les faiblesses du prochain, mais plutt en paix, en humilit et obissance, et fortifiant les faibles dans un esprit de modration et d'empathie.
Car c'est ainsi, mes enfants bien-aims, que se ralisera ce verset triomphal du Canon pascal, et que nous serons mme de le chanter ensemble de plein cĻur et en cleste harmonie :
Regarde autour de toi, Sion, et vois, car voici que vers toi,
comme des astres allums par Dieu, tes enfants accourent
de l'Occident, de la mer et de l'Orient,
bnissant en toi le Christ pour l'ternit.
Je reste donc en bonne esprance que cette invitation venant de mon cĻur ne tombera pas dans l'oreille de sourds, et en prire pour chacun de vous pour la puissance d'en haut et la divine illumination qui vient du Tombeau ayant reu Dieu.
CHRIST EST RESSUSCIT ! ŹŹIL EST VRAIMENT RESSUSCIT !
+ Nicolas d'Athnes et de toute la Grce
Ź
LES PERES DE L'EGLISE
Saint Basile de Csare (330-379)
ft le 1er et le 30 janvier
Athanase Fradeaud
Le pays o naquit notre saint pre Basile avait dj t illumin par la Lumire du Christ, grce aux travaux apostoliques de saint Grgoire le Thaumaturge. La Cappadoce en Asie Mineure tait dj chrtienne lorsque Basile y vit le jour, en 330 Csare. Fils dÕun autre Basile et dÕEmmalia, il naquit comme dj marqu pour la vie sublime quÕil devait mener, au sein dÕune famille profondment orthodoxe et ce depuis trs longtemps. Sa grand-mre maternelle nÕtait autre que sainte Macrine, fille spirituelle de saint Grgoire le Thaumaturge, et le pre de sa mre avait t martyris pour la foi. Il avait dans sa fratrie sainte Macrine la jeune et saint Grgoire de Nysse.
CÕest toujours Csare que Basile passa le dbut de sa vie terrestre, instruit tout dÕabord par son pre, rhteur et avocat de renom. Il fut ensuite lÕlve des coles de Csare et de Constantinople, suivant la route des tudiants de cette poque, qui menait chacun dÕeux vers les universits les plus prestigieuses. CÕest ainsi quÕil frquenta pendant cinq annes les coles dÕAthnes o il se lia dÕune indissoluble amiti avec celui de ses condisciples que nous vnrons aujourdÕhui comme saint Grgoire de Nazianze.
Mais, ce moment-l, sa vie restait mondaine et distingue. Le monde lÕavait distrait, le succs lÕavait gris. Sa sĻur, vritable vierge sage, sut lui faire prendre conscience de la vanit de son existence, et Basile, comme il lÕcrivit plu tard, Ēse rveilla comme dÕun sommeil profond, apercevant la lumire merveilleuse que rpandait la vrit de lÕvangileČ (Lettre 223). Aussi, de retour de Csare en 356, il demanda le baptme, puis prit la rsolution ferme dÕembrasser la vie monastique. Pour y arriver selon les rgles, et choisir le lieu de sa pnitence, il visita les pres spirituels et les asctes les plus renomms dÕgypte, de Palestine et de Msopotamie. Il commena y mener une vie trs austre, sans le moindre gard pour sa sant. Grgoire le dcrivait ainsi 40 ans : Il nÕa presque plus de chair et plus de sang.
Revenu une seconde fois dans sa patrie, il tablit, sur les bords de lÕOronte, une fondation monastique sÕy livrant la prire, lÕascse et au travail manuel. Il y reut mme son ami, le futur vque de Nazianze. Avec ses frres, il y composa une philocalie, reprenant les extraits orthodoxes existant dans lÕĻuvre dÕOrigne.
En lÕan 360, il dut quitter son lieu dÕascse pour accompagner Diane, vque de Csare, jusquÕ Constantinople. Ce dernier mourut dÕailleurs peu aprs et fut remplac par Eusbe sur la mme chaire piscopale. Basile, qui avait t fait lecteur par lÕvque Diane, fut retenu par son successeur Csare. Puis, une brouille, o Eusbe nÕavait pas le beau rle, fora Basile sÕloigner. Basile nÕentretint aucun trouble ni cabale, sÕenfonant pendant trois ans dans sa solitude du Pont. Grgoire de Nazianze sut persuader Eusbe de son erreur. Basile revint donc Csare o il fut lev par Eusbe au saint sacerdoce. LÕvque de Csare le conserva son service direct, une grande confiance ayant succd la reconnaissance de son erreur. Basile ne quittera plus dsormais Csare..
En 370, aprs une lection tumultueuse (certains mettaient en avant sa mauvaise sant) il fut consacr comme vque de Csare, succdant Eusbe parti pour lÕternit. Sa courte administration piscopale fut aussi bien rempli que celle des plus grand hirarques. Elle se divise en deux parties principales : lÕinstruction et la garde de son troupeau contre les loups ravisseurs, le soulagement de ses brebis qui ptissaient amrement des maux issus dÕune grande misre. En 368, clata vraiment une famine pouvantable. LÕusure devenait le chancre de la socit. Basile dcrivait ainsi la situation en dpeignant le drame profond dÕun homme oblig de vendre son fils comme esclave pour remdier au dsespoir familial : les exigences passent le comble de lÕhumanit; tu exploites la dtresse, tu fais argent des larmes; tu trangles celui qui est nu, tu crases lÕaffam. Basile qui avait dj distribu tous ses biens aux pauvres ne cessa de payer dÕexemple pour fournir, autant quÕil le pouvait, le pain du corps toutes ses malheureuses brebis, en mme temps quÕil rompait pour elles le pain de la pure doctrine. Et il construisit hospices et hpitaux, et organisa ce que lÕon appellerait aujourdÕhui des soupes populaires. Il en rsulta une vritable petite ville que lÕon nommait Basiliade.
Dans le mme temps, lÕhrsie dÕArius, qui niait la Divinit de notre Seigneur Jsus Christ, se doublait dÕune autre, attaquant celle du saint Esprit. Et les chrtiens orthodoxes devenaient la proie des perscutions des hrtiques. Basile la dcrit ainsi : Disons ce qui est le comble de la misre : les populations ont abandonn les maisons de prire et se rassemblent dans les dserts. Spectacle pitoyable : des femmes, des enfants, des vieillards, tous ceux qui sont faibles de quelque manire la glace de lÕhiver, et tout aussi bien en t la brlure du soleil. Et tout cela, ils le souffrent pour nÕavoir pas voulu du mauvais levain dÕArius. Le cadre de cet article ne nous permet pas de citer tout ce quÕil entreprit pour garder son troupeau de lÕhrsie dÕArius qui niait la Divinit du Christ et de celle dÕEunomius niant la Divinit du saint Esprit, ni des perscutions de lÕempereur Valens. Signalons simplement quÕil sut assister son troupeau selon ses besoins, en vertu de son devoir, soucieux dÕobir Dieu plutt quÕaux hommes, sachant rpondre au prfet Modestus qui le menaait en disant : ĒPersonne nÕa jamais os me parler jusquÕici avec une telle libertČ Š ĒCÕest que tu nÕas sans doute encore jamais rencontr dÕvqueČ. Une telle rponse est comparable celles des actes des martyrs; Basile de Csare tait de la mme ligne spirituelle.
Il faut aussi signaler sa dception de lÕattitude du pape Damase et lÕon peut sÕtonner de voir Basile cit Š a contrario Š comme lÕun des tmoins de lÕinfaillibilisme, parfaitement inconnu lÕpoque. Il fallait de bien srieuses raisons pour quÕun vque aussi humble que Basile puisse dpeindre Damase comme un homme altier et sublime, jugeant de haut et par l incapable dÕentendre ceux de la terre qui lui disaient la vrit (Lettre 215).
Quelques mots aussi de son Ļuvre comme liturge. Il avait compos pour son glise locale plusieurs prires liturgiques en conservant dans la liturgie elle-mme lÕordre suivi primitivement. CÕest celle que lÕglise orthodoxe catholique clbre le jour de la fte du saint et les dimanches du Grand Carme.
Son Ļuvre crite :
Citons dÕabord : Contre Eunomius, trait compos dÕun ensemble de trois livres dtruisant lÕhrsie dÕEunomius contre la Divinit du saint Esprit. Le second livre prouve que le Fils est consubstantiel au Pre et le troisime que le saint Esprit est Dieu. Le trait fut srement compos vers 363-365.
Sur le saint Esprit, trait de la Divinit du saint Esprit, crit en 375 et adress lÕvque Amphiloque, vque dÕIconium, ami du saint. Basile y rpond aux objections des pneumatomaques qui niaient la Divinit de lÕEsprit saint. LÕauteur, en dmontrant, sait sÕabstenir des formules trop tranchantes, non pas par un faux irnisme, comme le remarqua ds le dbut Grgoire de Nazianze, mais pour ne pas rebuter, ds le dpart, des adversaires quÕil sÕagissait de ramener lÕorthodoxie.
Soulignons que Basile sut poursuivre les subterfuges dÕEunomius qui, comme dÕautres hrtiques qui veulent se servir de quelques versets de la Bible contre la vrit, cherchait, lui, se prsenter comme le dfenseur de la doctrine traditionnelle. Ceci prouve que dans toute lÕglise et depuis toujours on acceptait comme criterium de la foi ce tmoignage permanent de lÕglise chrtienne, auquel tous les docteurs avaient recours pour pourfendre lÕhrsie. Basile nÕy manqua pas en retournant contre Eunomius une arme qui nÕtait pas la sienne et qui le confondit.
Ses crits asctiques sont nombreux, eux aussi. En effet, si Basile ne fut pas le premier fondateur du monachisme en Asie mineure, ses crits asctiques comptent pour beaucoup dans la vie monastique de tout lÕOrient. Naturellement, il ne fit, dans un trs grand nombre des cas, que codifier des prescriptions et usages expriments et polis dans les monastres o il avait vcu, y ajoutant sa propre exprience. Leur influence a mme dpass le cadre de lÕOrient, puisquÕelle a pntr dans la partie occidentale de la romanit orthodoxe avec saint Benot, qui sÕy est galement rfr.
Homlies : on compte de lui neuf homlies sur lÕHexamron qui devint lÕun des ouvrages les plus populaires dÕalors. Il ne nous en est parvenu que ce qui concerne les cinq premiers jours de la Cration. Il nous reste en outre treize homlies sur les psaumes et vingt et un sur divers sujets spirituels.
Lettres : on en compte trois cents. Comme ses homlies, elles sont lÕĻuvre dÕun homme fin et psychologue, toujours prt livrer bataille aux vices individuels et sociaux, forger des mĻurs authentiquement chrtiennes, selon le saint vangile vcu. Il savait que lÕabondance ne rend gure charitable et crivait : La vertu qui devrait leur tre le plus aise, la charit, leur parat la plus difficile (Homlie 7). Il y traite de controverses thologiques ou liturgiques avec quit et discernement. De telles valeurs lui ont t reconnues universellement, tout comme son sens de la responsabilit, de la fermet et de la sensibilit. Il a connu la trahison et lÕincomprhension, a vcu le Ēaimez-vous les uns les autresČ.
Il ne put voir la fin de toute son Ļuvre. L'ensemble construit pour les pauvres, que lÕon nomma Basiliade lui survcut. Ses vertus, elles, sont devenues inoubliables, inscrites quÕelles sont dans la mmoire de lÕglise quÕil a si bien servie. Ė peine dix ans aprs sa mort, en 379, on l'appelait dj saint Basile le Grand. Jamais tel honneur ne fut si bien mrit. Aux habitants de Csare qui, lors de son lection piscopale apprhendaient celle de Basile cause de sa mauvaise sant, Grgoire de Nazianze demandait : ĒVous faut-il un athlte ou un docteur de la foi ?Č. Ils avaient t bien servis, tant Basile de Csare fut bien un athlte dans le stade asctique et un grand docteur de la foi.
Bibliographie :
ĒSources ChrtiennesČ :
Š Contre Eunomius tome 1 (N” 299) 27 Ū
tome 2 (N” 365) 46 Ū
Š Homlies sur lÕHexamron (N” 26 bis) 41,44 Ū
Š Sur le baptme (N” 359) 39 Ū
Š Sur l'origine de l'homme (N” 160) 43 Ū
Š Trait du saint Esprit (N” 17 bis) 50,77 Ū
ĒMaredsousČ :
Š Les rgles monastiques
ĒLes belles lettresČ :
Š Aux jeunes gens sur la manire de tirer profit des lettres hellniques
Š Lettres 3
LES LARMES DES MéRES
La Conception de la Mre de Dieu et le dixime dimanche de Luc
Au Nom du Pre et du Fils et du saint Esprit.
Depuis le temps de notre mre éve, combien de larmes furent verses par les mres et les grand-mres dans l'Ancien Testament tout entier ? Combien de larmes furent verses par tous ceux qui, voyant autour d'eux l'iniquit, l'injustice, et la vie sans espoir aprs la chute, aprs l'exil du paradis ? Combien de larmes notre pre Adam a-t-il verses ? Combien de larmes notre mre éve a-t-elle verses ?
Tout au long de l'Ancien Testament, parce que la lumire de Dieu n'tait pas vue clairement mais seulement faiblement par les enseignements des saints prophtes et des justes de l'Ancien Testament; c'est seulement faiblement que la lumire a brill de la sainte Trinit sur le peuple de Dieu et sur le reste du monde. Il y avait une obscurit relative; il y avait un chagrin relatif; il y avait une dsolation relative; et tous vivaient dans l'attente du soulagement de cela, selon les promesses faites par Dieu Adam et éve, et renouveles par les paroles des saints prophtes. Combien de larmes furent verses par l'anctre de Dieu, la grand-mre de notre Sauveur, sainte Anne, qui se lamentait et se chagrinait de sa strilit. Car non seulement c'tait un chagrin personnel, mais dans l'Ancien Testament la strilit tait considre comme une maldiction sur les couples maris. Elle n'avait pas eu d'enfant, et elle pleurait et elle se lamentait de sa strilit, non seulement personnellement, comme nous l'avons dit, mais parce que cela faisait d'elle une citoyenne de deuxime ordre parmi le peuple d'Isral. Elle tait maudite, parce que cette marque avait t place sur elle, et elle pleurait, et elle versait beaucoup de larmes. Combien de larmes cette femme, cette femme boiteuse, qui avait t lie par un esprit de Satan pendant dix huit ans (Luc 13,10-17), combien de larmes a-t-elle verses parce qu'elle tait bossue, parce qu'elle tait courbe et ne pouvait pas lever les yeux et voir son semblable, mais toujours tait condamne regarder le sol ? Ses larmes taient nombreuses, son chagrin tait grand, et cause de ce chagrin son visage tait toujours mouill de larmes de tristesse.
Mais la fte que nous clbrons aujourd'hui, toutes ces larmes sont essuyes; toutes les larmes de notre mre éve et de notre pre Adam; toutes les larmes des femmes et des mres de l'Ancien Testament sont essuyes; toutes les larmes de sainte Anne, la sainte grand-mre de notre Sauveur, sont essuyes; toutes les larmes de la femme bossue sont essuyes aujourd'hui, parce que aujourd'hui nous ftons la Conception de la trs sainte Mre de Dieu, le commencement de l'accomplissement des promesses que notre Seigneur Dieu a faites son peuple; l'accomplissement de ces promesses qu'un Messie sera n, et que ce Messie sauvera Isral et vraiment tout le monde de leurs pchs, et de ce fait essuiera toute tristesse, tout chagrin, tout ce qui est ngatif des visages de ceux qui croiront en Lui.
Pendant des annes Anne avait pri pour qu'un enfant lui soit accord. Pendant des annes, Joachim, ses offrandes au temple lui ayant t retournes avec mpris par les serviteurs du temple, avait pri pour qu'un enfant lui soit accord. Et voici c'tait maintenant dans la cinquantime anne de leur mariage, et ils taient les deux trs, trs vieux, srement septuagnaires, peut-tre octognaires, quand cet vnement bienheureux arrive, quand ces nouvelles bienheureuses arrivent qu'Anne enfin donnera naissance. Et elle donnera naissance d'une manire naturelle, selon les lois de la nature elle donnera naissance un enfant, une fille, de qui, d'une manire surnaturelle natra Lui, natra le Messie, natra Lui qui est un de la sainte Trinit, le Fils et le Verbe du Pre. Il prendra chair d'elle, et ayant pris cette chair, ayant pris ce qui est humain, notre me, notre corps Š tout ce qui est ntre; Il le sanctifiera en l'unifiant avec le Divin, et Lui-mme deviendra ce pont travers lequel quiconque dsire tre sauv pourra tre sauv. Toutes les larmes sont essuyes; toute tristesse a disparu; tout chagrin est aboli, parce qu'elle est ne, celle qui donnera naissance au Sauveur des hommes. Et nous sommes les bnficiers de cet hritage. Nous qui sommes bienheureux d'tre appels chrtiens sommes les bnficiers de cette naissance, ce qui est la raison pour laquelle la sainte glise la place pour que nous puissions nous apercevoir. Nous sommes les bnficiers de la conception et de la naissance de la Mre de Dieu, car elle est notre reprsentante, elle est cette personne pour qui Isral a espr pendant toute son existence. Cela est tout; cela est le fruit de tout le chagrin d'Isral; cela est ce qui est arriv comme consquence des exils, des coups, des flaux, des dfaites, des humiliations d'Isral, qui taient destins le purifier, l'amener au point o il pouvait produire la trs sainte Mre de Dieu.
Si on se demandait quel est le sujet de l'Ancien Testament, le sujet de l'Ancien Testament dans une phrase, c'est qu'Isral travaille produire ce vaisseau pur, la toute sainte Mre de Dieu, de Joachim et Anne.
Comme nous nous trouvons dans cette priode de prparation pour la commmoraison de la naissance de notre salut, qui est Jsus Christ, nous aussi devons tenir compte de cet vnement joyeux, et nous devons rendre grces notre Seigneur Dieu, nous devons rendre grces la sainte Trinit, que nous sommes ns chrtiens, que de tous les millions et millions de personnes sur la terre nous avons t privilgis de nous appeler et d'tre chrtiens. Comment est-ce alors qu'aucun de nous peut aller avec un visage assombri; comment aucun de nous peut-il avoir aucune tristesse dans notre vie; comment aucun de nous peut-il avoir aucun chagrin cause des choses varies qui nous arrivent ? Car nous avons un espoir que personne d'autre n'a; nous avons une assurance que personne d'autre n'a; nous avons une lection qui est unique dans tout le genre humain. Nous sommes chrtiens. Et si seulement nous vivons en accord avec notre lection; si seulement nous vivons en accord avec cet appel que nous avons, et vivons selon les dsirs de la sainte Trinit; alors toutes les promesses qui nous ont t faites, toutes les promesses qui nous ont t donnes par notre Sauveur, qui les a transmises aux vanglistes, lesquels nous les ont donnes par les saints pres, toutes ces promesses seront accomplies en nous. C'est--dire, qu'aprs notre vie ici sur la terre, aprs cette vie qui, reconnaissons-le, n'est pas une vie de joie pure, mais est mlange lourdement avec des chagrins, lourdement avec la tristesse, lourdement avec les pchs; qu'aprs cette vie nous serons pris dans les cieux, l pour tre cohritiers de ce royaume bni, qui a t prpar pour ceux qui aiment Dieu.
Donc, alors que nous sommes dans l'glise aujourd'hui, au cours de notre jene de prparation pour l'avnement de notre Sauveur, pour la fte de la Nativit de notre Sauveur, efforons-nous d'avoir nos prires plus ardentes, notre jene plus consquent, notre charit plus gnreuse, notre espoir avec l'attente la plus grande possible, notre prparation pour garder la fte avec la joie la plus grande possible. Afin que chaque larme de notre visage soit essuye aussi; que chaque chagrin dans notre vie soit mis ct aussi; et que nous tant efforcs le mieux que nous pouvons ici dans cette vie, ce salut en Jsus Christ nous soit accord, ce salut pour lequel la trs sainte Mre de Dieu fut ne, pour lequel Il fut n d'elle, Lui qui nous a donn ces promesses.
Ė Lui et son Pre et au saint Esprit, la sainte Trinit qui nous a sauvs, gloire et honneur dans les sicles des sicles. Amen.
Pre Anthony Gavalas
SUR LES DIFFRENCES ENTRE L'ART RELIGIEUX OCCIDENTAL
ET L'ICONOGRAPHIE ORTHODOXE
Crucifixion de Grnewald |
Icne de la crucifixion |
I
Je voudrais expliquer ici, en ma qualit d'iconographe, pourquoi l'art religieux originaire des socits sculires occidentales, ne cherche qu' peindre des images du Christ, de Marie l'Enfantrice de Dieu et des saints comme des tres naturalistes, dpourvus de dignit particulire ou de divinit, pourquoi leur peinture de ces saints hommes et femmes ignore en ralit la vraie thologie de l'art chrtien et de son mode de cration.
Ces Ļuvres profanes d'hommes tels que l'artiste allemand Mathias Grnewald (1475-1528) dpeignent des images de Jsus Christ et de l'Enfantrice de Dieu d'une faon si naturalistes qu'elles ne souffrent aucun caractre spirituel [j'emploie le mot spirituel au sens orthodoxe], aucune saintet ni de grce.
L, les corps ne sont pas transfigurs comme ils le sont dans l'iconographie orthodoxe. Ils sont peints simplement sous une forme purement humaine et sensuelle, souvent jusquÕ un point rpugnant, comme par Grnewald par exemple [Fig. 1], alors que, comme le dit Kontoglou :
LÕart liturgiqueÉ, est dÕun caractre spirituel, symbolique et surnaturel.
É
LÕart ecclsiastique de lÕglise orthodoxe ne cherche pas charmer nos sens, mais plutt les sanctifier en nous offrant la mme nourriture sacre laquelle nous participons pendant nos saints offices. Cette nourriture nous est donne par lÕhymnologie, lÕiconographie, lÕarchitecture et mme par lÕart des ustensiles, des vtements et de tous les autres objets sacrs de lÕglise, confectionns par lÕhomme. Tous ceux-l, par leur caractre vnrable et difiant, contribuent au but dÕlever lÕme des fidles la louange et lÕaction de grce, mais non de la manire sensuelle dont se sert lÕart profane. Ils sont accomplis dÕune manire totalement diffrente, dÕune manire qui est spirituelle en elle-mme.
Pourtant, comme sur la Fig. 1, ce nÕest pas toujours le plaisir des sens que recherche lÕartiste profane. Souvent, il cre un art qui est corruptible et vulgaire, dans lÕintrt de produire un choc. LÕart profane veille les motions, stimule les sens et les passions telles que la colre, lÕenvie ou la luxure. Il peut aussi horrifier. Il peut tre repoussant. Cela ne veut pas dire forcment quÕil nous pousse dans un tat dÕpouvante. Il peut tre repoussant dans le sens quÕil est une tromperie, un mensonge personnifiant la vrit, un mensonge que seul le malin peut dissimuler de faon aussi habile, afin dÕgarer lÕignorant et le prendre dans son filet honteux, pour produire par l un faux Christ, avec une fausse doctrine, ce qui cre une fausse glise, nous menaant de damnation.
Icne de lÕArchange Michel |
Icne de lÕArchange Gabriel |
Cet art peut tre naturellement beau, mais dÕune beaut qui manque de profondeur. La beaut physique que prsente lÕart occidental nÕest pas celle de cette qualit intrieure qui pntre dans lÕme pour dtruire les passions par la Grce de Dieu. Il y a une beaut qui enseigne, fortifie et rend humble, et une autre qui, comme celle de la femme sductrice, dtruit lÕme, induit dans un pch comme la convoitise. Une autre diffrence entre la beaut mondaine et la beaut intrieure venant de Dieu, cÕest--dire sa Grce, est que la premire, celle de lÕart profane, veille les motions alors que la seconde, celle quÕoffre lÕart iconographique, est du domaine de la sanctification ecclsiastique. De la mme manire que lÕart profane provoque une motion humaine temporaire, souvent trompeuse et mal comprise, lÕart ecclsiastique apporte la contrition. M. Kontoglou nous donne ces simples exemples :
Je suis motionnellement touch au thtre; je suis contrit lÕglise. La confusion entre ces deux sentiments (cÕest--dire entre le profane et le sacr, le mondain et le religieux) est la cause de la confusion entre le spectacle mondain et lÕoffice liturgique : une confusion qui a permis dÕintroduire dans beaucoup dÕglises lÕart occidental, qui dpeint les saints comme des gens ordinaires, dans un style naturaliste, et surtout la musique polyphonique, qui non seulement est trangre au caractre de lÕorthodoxie [grecque], mais qui est en elle-mme mondaine, thtrale, sensuelle et romantique, nÕayant pas sa place lÕglise, surtout dans lÕglise orthodoxe o tout a un caractre liturgique.
Citons encore Photios Kontoglou : Les Ļuvres dÕart religieux dÕOccident sont motionnelles et dramatiques. LÕlment dramatique est charnel, mme sÕil est peru comme spirituel. Dans lÕicne orthodoxe, il y a lÕlment liturgique. L o lÕlment liturgique est prsent, lÕlment motionnel [ou charnel] est neutralis. Dans les Ļuvres de lÕart religieux occidental il nÕy a pas dÕascension spirituelle. Les saints, le Christ, la toute sainte Mre de Dieu sont simplement des gens emprunts la vie de tous les jours, des gens ordinaires qui reprsentent le Christ, la Toute-Sainte ou les saints. Chez nous, lÕiconographe nÕest pas un peintre ordinaire comme en Occident; il a un service [une liturgie] accomplir par cet art, un office [une liturgie] spirituel, et cÕest pour cette raison quÕil est appel ŅiconographeÓ.
II
Fig. 2 |
Fig. 3 |
Fig. 4 |
Madonna de Raphal |
Madonna de lÕcole de Botticelli |
Icne de la Toute-Sainte |
Les formes de la peinture religieuse, comme la Madonna Della Tenda (Fig. 2) de Raphal [1483-1520] ou la Naissance de Vnus de Botticelli [1444-1510] et aussi la Madonna avec lÕEnfant (Fig. 3), de lÕcole de Botticelli, nÕayant de religieux que leur thme, ne peuvent jamais tre sacrs. [CÕest--dire quÕelles reprsentent un sujet religieux, des saints, mais sous une apparence naturelle]. Elles ne montrent pas que ces saints hommes et femmes se sont glorifis. Elles les montrent simplement sous forme de peinture ou de statue sans grandeur; afin que leurs imitateurs, les lacs, ne soient pas dcourags dÕatteindre des buts trop levs, de chercher la perfection, mais puissent continuer de vivre leur mode de vie charnel sans regret ou menace. Voyant des hommes et des femmes peints de faon naturaliste par des artistes profanes, ils ne voient pas de changement de nature. Sans changement intrieur, sans transformation spirituelle, il ne peut y avoir quÕune conversion extrieure, et ainsi, ne voyant aucune raison de changer eux-mmes, ils ne voient, ne comprennent ou ne croient pas vraiment que des hommes et des femmes, bien que purement humains, peuvent devenir des saints, des personnes suprieures leur tre ordinaire, transforms quÕils sont par lÕEsprit saint.
Ce que lÕon croit de la sainte Trinit, du Christ, de la sainte Tradition, de la Doctrine, de lÕglise, de lÕEnfantrice de Dieu, des saints et des anges, est perceptible travers lÕart religieux occidental, comme travers lÕiconographie orthodoxe.
Dans lÕiconographie, pour montrer le changement intrieur, lÕtre corporel manifeste un changement extrieur. Ė travers cette transfiguration, cet vnement surnaturel, nous pouvons voir la saintet de ces hommes et femmes dans leurs icnes, comme dans Fig. 4 et toutes les icnes.
Nous voyons lÕincorruption, lÕimmortalit, la pit, la saintet, la grce, la vertu Ń au lieu des passions et de la corruptibilit, tout cela tant accompli par de grandes luttes, comme la prire et le jene intenses, par le combat victorieux contre les tentations, par lÕattachement aux commandements de Dieu et une obissance inbranlable.
tant donn que lÕart occidental reflte sa thologie, il est vident ce que les thologies protestante et catholique romaine enseignent : cÕest que lÕhomme est puni pour son pch hrit dÕAdam. Christ meurt notre place et subit la Colre de Dieu. La crucifixion est donc peinte comme le Sauveur agonisant [Fig. 1].
Dans la reprsentation orthodoxe de la crucifixion du Christ, Il nÕest pas puni notre place; Il est plutt lÕmissaire de la race humaine, qui remporte la victoire sur le dmon, qui Il reprend la cration, quÕIl rend au Pre comme un sacrifice de louange. Dans lÕiconographie orthodoxe, on ne voit jamais le Christ ou les saints en agonie, mais en paix intrieure, confiance et consolation.
LÕart occidental dÕaujourdÕhui est le reflet de la religion occidentale dÕaujourdÕhui. La religion occidentale dÕaujourdÕhui est le reflet de lÕattitude des Occidentaux par rapport lÕimportance du monde dans la religion aujourdÕhui. Ainsi, en Occident, les gens se sont loigns du but originel de la foi chrtienne : la libration intrieure des passions par le combat contre leurs dmons, la victoire sur le pch; et au lieu du soin de lÕme et lÕacquisition de lÕEsprit saint, cÕest la recherche dÕtre reconnus par le monde, la prosprit et le plaisir du corps qui ont acquis la priorit. Ainsi, les Occidentaux esprent viter la culpabilit morale du pch si non par de bonnes Ļuvres, du moins par la foi seule. Il est si commun de voir leur art montrer lÕhomme empirique, ayant oubli la pit autrefois transmise par les saints.
III
Les artistes occidentaux reprsentent les saints selon leur propre got ou suivant leurs imaginations minimales et mondaines; le pch reste, la lutte hroque pour la saintet est absente, il nÕy a rien dÕdifiant Ń tandis que lÕiconographie dpeint la lutte des saints contre le pch, la victoire qui a obtenu lÕincorruptibilit et la divinit, leur gain de la couronne du salut.
Seuls ceux qui ont adopt la foi transmise aux saints (Jude 1,3), selon une tradition ininterrompue de la vraie doctrine Ń la mme hier, aujourdÕhui et pour toujours Ń, peuvent peindre des icnes, car les icnes ne sont pas l seulement pour inspirer et duquer, mais elles sont en outre une reprsentation de la vraie doctrine, une expression de la seule foi et du seul baptme. La foi ne veut rien dire si elle est une fausse foi. Si lÕiconographie est thologie, ou comme le dit Troubetsko : Ņthologie en couleurÓ, alors une fausse thologie engendre une fausse iconographie. LÕinverse est vrai aussi, et donc quiconque adopte une fausse doctrine ne peut pas peindre des icnes. Il peut essayer, mais sa plus grande russite ne sera quÕune pseudo-reproduction. Elle peut tre correcte sur le plan technique, elle peut tre belle du point de vue esthtique, mais elle ne sera pas remplie de grce et par consquent, elle ne sera pas une icne, mais une peinture religieuse. LÕiconographie doit avoir deux natures, comme le Christ : spirituelle et naturelle. Celle qui vient dÕune fausse doctrine nÕaura que la naturelle. La logique en est extrmement simple.
Maintenant, la Crucifixion de Grnewald reprsente seulement un cadavre clou sur une croix, une monstruosit laide et grotesque. Le corps et ses membres sont enfls, en tat de dcomposition et dgoulinant de pus. Les mains et les pieds sont tordus, il y a agonie. Les pieds, deux fois plus gros que leur taille normale, sont dforms. Tout le corps est rpugnant et horrible voir. Ou, comme lÕexprime si bien Photios Kontoglou :
Le corps entier est un amas de chair repoussant, en tat dÕultime dcomposition, sur lequel apparaissent du sang coagul et du pus prt jaillir en faisant clater la peau dessche. La couronne, aux pines longues et dures, encercle la tte dforme pour contribuer lÕeffet macabre. Mais mme la croix nÕest pas faite de deux poutres, comme dÕhabitude; elle est aussi la ressemblance de lÕhorrible spectre quÕelle soutient. Elle est assemble de branches non tailles de quelque arbre sauvage noueux dÕagonie, exactement comme les membres du corps quÕelle porteÉ
La reprsentation de la Crucifixion peinte par Grnewald rvle au spectateur la mort du Christ comme une imitation dÕune mort humaine ordinaire. Sur cette peinture, il nÕy a pas dÕdification, pas de paix, pas de contrition, pas dÕesprance, seulement le dsespoir. Elle reprsente exactement le contraire de ce pourquoi le Christ est devenu homme. Elle est peinte avec lÕeffroi et la consternation, sans aucun signe de la Prsence de Dieu. Un fils dlaiss, peint comme une image de la souffrance et de lÕabandon. Non seulement ce nÕest pas une peinture pieuse, mais elle est satanique, teignant tout accent dÕesprance dans lÕme chrtienne, ce qui est en contradiction flagrante avec le message de la Croix. Grnewald dpeignit le Christ de cette faon, car telle tait sa foi : du dsespoir.
M. Kontoglou remarque au sujet de la Crucifixion de Grnewald : Apparemment, Grnewald sÕest servi dÕun cadavre comme modle, dÕun cadavre pris dans une salle de cours dÕanatomie ou dans un cimetire, pour pouvoir le reprsenter dans le stade ultime de la dcomposition. Il nÕavait mme pas conscience de peindre le grand mystre du sacrifice du Fils de Dieu sous forme humaine, comme le font les iconographes orthodoxes. Pour lui, un cadavre quelconque, mme celui dÕun criminel, peut reprsenter le Christ crucifi. En dÕautres termes, il ne sÕintresse quÕ lÕapparence extrieure du cadavre mais rien de plus.
Cette reprsentation du ŅchristÓ, cet anti-spiritualisme, est un rejeton de camp santo, des squelettes, des macabres monastres trappistes, de la peinture du deuxime Avnement comme celle de Michelangelo la Chapelle Sixtine du Vatican, des gargouilles, cÕest--dire des statues grotesques de Notre Dame, dÕune confusion entre les saints et les dmons.
Dans lÕicne dvotionnelle, tout est dpeint comme lev, loin du monde. Les personnages eux-mmes, lÕherbe, les rochers, les difices, les arbres etc. Rien dans une icne nÕest montr dans un tat corruptible, mais dÕune manire supra-mondaine. Le Christ, sur son icne de la Crucifixion, est montr debout sur la Croix. On ne peut gure dire si cÕest la Croix qui Le soutient ou si cÕest Lui qui soutient la Croix. Toute affliction qui Lui est arrive est exprime sur lÕicne comme tendresse et pardon envers ceux qui avaient inflig du dommage son Corps. Son visage est calme, humble, refltant une douleur empreinte de srnit, il est un modle de la nature que nous aurons, une fois que nous aurons obtenu notre salut.
Photios Kontoglou crit : Le corps crucifi nÕest pas celui de nÕimporte qui; il est le Corps mme du Dieu-Homme Lui-mme; il nÕest donc pas un cadavre, mais plutt un corps ternellement incorruptible et Source de la Vie. Il rayonne lÕesprance de la rsurrection. Le Seigneur ne pend pas sur la Croix comme quelque misrable lambeau, mais cÕest plutt Lui qui semble soutenir la Croix. Ses Mains ne sont pas contractes en tant cloues sur le Bois, Il les tend plutt en une supplication sereine, selon le tropaire qui dit : ŅTu as tendu les Mains et as uni ce qui tait auparavant divis, Dieu et lÕhomme.Ó
LÕiconographie nÕest pas un talent particulier parmi dÕautres nombreux talents particuliers. Elle nÕest pas une brique dans le mur parmi dÕautres briques, qui ne peut tre distingue, tant confondue dans quelque obscurit. Des talents comme lÕart ordinaire ou la capacit de composer de la musique ou de la posie, aussi brillants quÕils soient, ou mme un gnie scientifique, viennent dÕune aptitude intrieure naturelle, mais lÕiconographie est un don spirituel, un appel, si lÕon veut, de Dieu quelques lus de son peuple. On ne peut pas dcider simplement que lÕon se sent attir motionnellement peindre des icnes, on ne peut la choisir parce que lÕon a une aptitude artistique ou des aspirations dÕen peindre, et puis prendre un pinceau, pratiquer quelques annes pour sÕautoproclamer iconographe. Ce nÕest pas une matire universitaire. LÕiconographe travaille en contact direct avec le saint Esprit, les saints, les anges. Quelle tche redoutable, quelle tche effrayante et exigeant lÕhumilit ! LÕunion entre Dieu el lÕiconographe est rare et extraordinaire. LÕide que lÕon pourra un jour ouvrir un atelier pour montrer dÕautres comment peindre des icnes est prsomptueuse.
Fig. 5
Sur les peintures de Hans Holbein le Jeune, Le Corps du Christ mort dans le tombeau [Fig. 5] et de Grnewald, La Crucifixion, on ne voit rien que lÕangoisse et lÕannihilation. La mort dÕun corps sans me. Dans lÕorthodoxie, nous prfrons employer le terme de ŅsÕendormirÓ, parce que la mort est ternelle, elle est un ŅsommeilÓ dont nous ne nous rveillerons jamais, mais le Christ a vaincu la mort sur la Croix, ce qui signifie que notre ŅendormissementÓ (dormition) nÕest que temporaire, exactement comme lorsque nous allons au lit la nuit pour dormir. Nous nous rveillerons non seulement un nouveau jour, mais une nouvelle vie, o il nÕy a plus de corruption, ni de mort, exactement comme le montre lÕiconographie.
Icne de la Descente de la Croix (pitaphion)
Sur les icnes orthodoxes de la Crucifixion et de la Descente de la croix, tous les personnages, le Christ Lui-mme, lÕEnfantrice de Dieu et tous les autres qui y sont reprsents offrent une expression minimale. Une des fonctions primordiales de lÕicne est de ne pas montrer de passions, mais lÕimpassibilit. Elle nÕest pas cense tre thtrale et mondaine, mais humble et empreinte de dignit. LÕabsence des passions est le chemin qui mne au salut.
Sur toutes les deux icnes : de la Crucifixion et de la Descente de la Croix, le Christ parat comme si tout moment Il pouvait ressusciter. Le voir sur la Croix est, certes, un sujet de tristesse aux fidles, mais ce nÕest pas la souffrance du dsespoir qui vient de la mort, mais comme le dit Photios Kontoglou :
Éune tristesse en Christ, qui est une affliction mle dÕesprance et que les pres appellent Ņla tristesse qui apporte la joieÓ ou Ņle deuil joyeuxÓ.
De mme, saint Paul nous dit : ŅÉla tristesse selon Dieu produit une repentance salut dont on ne se repent jamais, tandis que la tristesse du monde produit la mortÓ (2 Co 7,10).
La reprsentation de la Crucifixion sur une icne orthodoxe engendre lÕesprance, elle accorde lÕme chrtienne la rdemption, la componction, le pardon de la part de Dieu pour nous et nos pchs.
Une ĒRsurrectionČ occidentale |
Icne de la Rsurrection |
Parmi ceux qui ont entrepris pratiquer lÕiconographie traditionnelle, certains y ont mle lÕart du portrait. Cette corruption vient de lÕinfluence occidentale. Cette perversion de lÕiconographie est appele Ņiconographie nouveau styleÓ. Il existe aussi un mariage entre lÕiconographie traditionnelle et lÕart de la Renaissance, mariage d galement lÕinfluence occidentale; c'est un vulgarisme appel Ņstyle douxÓ. Tous ces deux styles ŅiconographiquesÓ sont l pour plaire au regard occidental, qui ne veut pas de la svrit dÕun Christ Juge, ni des saints qui montrent la sobrit de lÕascse, que nous devons mener rellement pour gagner le ciel.
http://www.traditionaliconography.com/webgalleryart.html : Paul Azkoul
Soixante-dix fois sept fois ŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹ Ź
Pre Anthony Gavalas
Au Nom du Pre et du Fils et du saint Esprit.Ź
ŹŹŹŹŹ La parabole dÕaujourdÕhui suit comme une amplification dÕune rponse que notre Sauveur donna saint Pierre quand celui-ci Lui demanda : ĒSeigneur, combien de fois pardonnerai-je mon frre, lorsquÕil pchera contre moi ? Sera-ce jusquÕ sept fois ?ČŹ Et notre Seigneur lui dit : ĒJe ne te dis pas jusquÕ sept fois, mais jusquÕ septante fois sept fois !Č.
ŹŹŹŹŹ Or, notre Seigneur savait trs bien que nous nÕallions pas dnombrer et nous asseoir et compter Š encore que je sois sr quÕil y a des gens qui peut-tre le feraient É quatre cent quatre-vingt-dix fois. Le nombre quÕIl donna Pierre tait un de ces nombres qui, dans les saintes critures, signifie un nombre infini, un trs grand nombre. Et cÕest cela que notre Sauveur voulait affirmer, car ce sujet du pardon est au centre du message de Jsus Christ; ce nÕest pas quelque chose dÕappos comme une pense aprs-coup, comme un appendice. Il s'agit du pardon mutuel entre nous, entre nous qui sommes enfants de Dieu, et de nous, enfants de Dieu, au monde largi. Car nous ne devons jamais nous limiter nous-mmes, dans une telle vertu, la famille de Dieu, ces personnes qui sont de lÕglise. Car cÕest une de ces vertus qui doit tre tendue par nous chaque tre humain vivant, chaque personne qui a jamais vcu; nous devons tendre cette notion du pardon chacun. Et nous devons le faire en sachant quÕil est central et fondamental notre salut, non pas quelque chose que nous pouvons prendre la lgre, quelque chose que nous pouvons prendre ou laisser au gr de notre volont. Ce nÕest pas optionnel. CÕest central notre salut.
ŹŹŹŹŹ Notre Seigneur a rendu vident que cÕest central, en faisant de la parabole une image du royaume des cieux. Il a dit que le royaume des cieux est semblable cela, et Il continue en disant la parabole que nous avons entendue aujourdÕhui. La parabole dans laquelle le Roi, qui nÕest autre que la sainte Trinit, remet une grande dette due par un serviteur, une dette norme, car nous avons tous pch. Notre saint pre, lÕaptre Paul dit : ĒNous avons tous pch et sommes privs de la Gloire de Dieu.ČŹ Nous avons tous pch, et quand nous pchons contre la Loi de Dieu, contre la Volont de Dieu, nous pchons infiniment. Car la Volont de Dieu nÕest pas comme la volont de lÕhomme, et la Loi de Dieu nÕest pas comme les lois faites par lÕhomme, mais cÕest la Volont de Dieu et la Loi de Dieu. Nos pchs sont donc normes, en dpit de ce que nous pouvons penser dÕeux, c'est--dire quÕils sont petits. ŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹ
ŹŹŹŹŹ Ayant t pardonns pour ces grands, ces extraordinaires, ces infiniment terribles pchs, quelle devrait tre notre rponse Dieu, si ce nÕest une de reconnaissance; quelle devrait tre notre rponse notre Sauveur, si ce nÕest une de gratitude; quelle devrait tre notre rponse, si ce nÕest de vouloir rpondre, de vouloir rendre cette faveur du pardon de la meilleure faon que nous puissions ?
ŹŹŹŹŹ Dieu nÕa pas besoin de notre pardon; Dieu nÕa pas besoin de notre patience; Dieu nÕa besoin de rien de nous. Mais ce quÕIl veut de nous Š et cÕest central notre salut Š c'est que nous nous pardonnions les uns aux autres. Et Il ramne le tout ses justes proportions. Les pchs quÕIl nous a pardonns sont normes; ils sont mille talents. Mille talents, cÕest une trs, trs grande somme dÕargent. Et les pchs que les personnes ont commis contre nous, comment sont-ils ? Ils sont quelques sous. CÕest trs clairement que notre Seigneur compare les offenses que nous commettons contre Lui et les offenses que nous commettons les uns contre les autres. Il veut que nous nous pardonnions les uns aux autres. Il veut que nous pardonnions toutes les offenses, toutes les injustices, toutes les insultes, tous les affronts, tous les dommages.
ŹŹŹŹŹ Mais quelle est notre rponse quand nous sommes offenss ? Nous le prenons tellement cĻur. QuelquÕun manque de nous saluer, quelquÕun nous a cot un emploi ou de lÕargent, quelquÕun a contest notre rputation, quelquÕun a dit quelque chose de peu gentil propos dÕun membre de notre famille, quelquÕun nous a vols. Et oubliant les grandes offenses qui nous ont t pardonnes, nous n'en tenons aucun compte, et rendons la pareille ceux qui nous ont offenss. Nous rpondons avec amertume, et avec duret, nous disons des mots durs, et nous justifions, et montrons tous les autres fruits de notre orgueil. Parce que chaque fois que nous rpondons une insulte ou une blessure avec autre chose que le pardon, nous rpondons par notre orgueil. Nous agissons comme si nous tions quelquÕun qui mrite dÕtre mieux trait, et nous oublions notre dette et notre misre devant Dieu.
ŹŹŹŹŹ Un homme humble ne peut tre vex par personne. Un homme humble ne peut pas tre insult; un homme humble ne peut pas tre pein; un homme humble ne peut pas tre troubl. Un homme humble rpond comme ce grand abba, ce vnrable pre du dsert, Mose lÕthiopien. Mose tait un homme terrible avant quÕil ne se ft converti la Foi. Il tait thiopien, un homme noir; il tait le chef dÕune bande de voleurs, dÕune bande de bandits de grand chemin, un homme violent, un homme tellement froce et tellement craint que son biographe nous dit qu'il suffisait aux gens de le regarder seulement, et ils tremblaient tellement quÕils en perdaient leurs dents. Et quand il est devenu chrtien, et moine, sa stature tait telle, et son humilit tait telle, quÕil est devenu renomm parmi les pres vnrables de son temps.ŹŹŹŹŹŹŹ
ŹŹŹŹŹ Il avait t ordonn prtre, et certains pres voulaient tester exactement quel point cette humilit tait vraiment alle jusquÕ la moelle des os, si cette humilit avait rellement pris racine dans cet ancien bandit de grand chemin. Il y avait un jour alors, o il devait y avoir une grande conclbration des prtres parmi les pres. Et saint Mose alla dans le sanctuaire pour mettre ses vtements sacerdotaux de mme que les autres pres. Et comme les autres pres voulaient lÕprouver, un des pres lui dit : ĒQue fais-tu ici ? Sors de l ! Tu as lÕme est aussi noire que la peau ! Tu nÕas pas de place ici dans le sanctuaire de lÕglise.Č Et Mose ne fut pas le moins du monde offens. Il prit ses vtements sacerdotaux, il les mit en petit paquet, et on lÕentendit dire comme il quittait le sanctuaire : ĒTu sais, ils ont absolument raison. Je nÕai pas commenc me repentir. Je ne suis qu'un ngre. Ils ont bien fait de me renvoyer.Č
ŹŹŹŹŹ Qui parmi nous aurait rpondu dÕune telle faon ? Qui parmi nous aurait vu cette insulte comme une occasion de nous examiner nous-mmes encore une fois et de pardonner, pardonner, et pardonner ? Parce que, mes frres et sĻurs bien-aims, cet enseignement du pardon est central notre salut. Notre Sauveur Lui-mme a montr du pardon quand Il tait ici sur la terre, nous donnant un exemple. Quand Il passa dans un village qui refusa de LÕaccepter, ses disciples Jacques et Jean dirent : ĒPourquoi ne faites-vous pas descendre des clairs et prir ces hommes pour leur insolence ?Č CÕest de l que Jacques et Jean reurent le nom par lequel ils sont connus, les Fils du Tonnerre.
ŹŹŹŹŹ Et notre Sauveur leur dit :ŹĒJe suis venu, non pour faire prir les hommes. Je suis venu pour les sauver.Č Et mme sur la Croix, o Il fut maltrait jusquÕ la mort, notre Sauveur dit : ĒPre, pardonne-leur, car ils ne savent ce quÕils font.Č
ŹŹŹŹŹ Mes frres et sĻurs bien-aims, notre jour entier, chaque jour de notre vie doit tre un pour le pardon, et le pardon et le pardon. Car autrement, comme nous disons nos prires le soir, et nous gardons rancune quelquÕun, et nous portons encore des blessures et de la colre, comment pouvons-nous dire sans trembler de peur :ŹĒEt remets-nous nos dettes, comme nous remettons nos dbiteursČ, alors que nous disons la prire du Seigneur comme partie de nos prires du soir ? Car dans cette prire seule, nous donnons Dieu la permission de nous pardonner comme nous pardonnons aux autres. Et si nous nÕavons pas pardonn aux autres, comment nous couchons-nous, sachant que du fait de notre manque de pardon, Dieu ne nous a pas pardonn ?
ŹŹŹŹŹ Le caractre essentiel de cet enseignement, lÕimportance de cet enseignement, ne peut pas tre exagr. Que ce ne soit donc pas considr comme une sorte dÕhistoire morale que je vous raconte, une sorte de conte difiant. Cela est la thologie sous la forme la plus pure; cela est la comprhension de la Volont de Dieu et la comprhension propos de Dieu, de la manire la plus utile possible. Car ce nÕest pas de la spculation, et a ne traite pas de ces vrits sublimes, leves, dont nos saints pres taient capables de traiter, et quÕils ont essay dÕexpliquer nous dÕhumble intelligence. Cela est quelque chose que chacun de nous comprend. Maintenant cÕest nous de le mettre en pratique. QuelquÕun vous a chagrin, quelquÕun vous a insult, quelquÕun vous a caus une grande perte. Par comparaison avec les pchs que nous avons commis contre la loi de Dieu, cÕest des sous. Et nous devons pardonner si nous nous attendons tre pardonns. Car cela est la Volont de Dieu; cela est son enseignement; c'est l ce que nous devons comprendre afin que nous puissions tre sauvs, afin que nous puissions aller aux cieux, afin que nous puissions tre en compagnie de la sainte Trinit et les saints.
A notre Dieu en Trinit qui nous a sauvs, le Pre, et le Fils, et le saint Esprit, est la gloire et lÕhonneur dans les sicles des sicles. Amen.Ź
L'ICļNE DE L'ANNONCIATION
Ce texte illustre ce que l'icne reprsente. Tout est centr sur l'Incarnation du Fils de Dieu : c'est le message essentiel. Il y a trois sujets : la descente de l'Esprit saint Š symbolise par les rayons et le demi-cercle, Š la Toute-Sainte et l'ange Gabriel. Tout cela se passe devant des btiments alogiques et bizarres. Malgr le fait que l'vnement historique se droulait l'intrieur de l'habitation, sur l'icne, qui transcende l'espace et le temps, tout se joue l'extrieur et non enferm dans des murs.
L'ange est en mouvement, envoy par Dieu, afin d'apporter le message la Vierge Marie. Dans la main gauche il tient un bton sur lequel est enroul le message, et le geste de sa droite signifie qu'il parle. Ses ailes sont dployes pour montrer qu'il n'est pas statique mais en mission.
La Mre de Dieu, de son ct, est assise, tenant une pelote dans la main gauche. Selon la Tradition, elle tait en train de filer du pourpre pour le Temple. Le geste de sa droite indique sa prudence concernant l'annonce de l'ange et en mme temps, l'inclination de sa tte indique son consentement l'conomie divine, Š son Fiat. ĒJe suis la servante du Seigneur, qu'il m'advienne selon ta parole.Č La Vierge est prudente car elle se rappelle la premire éve, qui s'tait laisse sduire par un autre ange, ce qui a entran la chute de l'humanit. La prudence de Marie, par contre, sera le dbut de notre salut. L'ange baisse aussi le regard, par respect envers la Toute-Sainte, dont il devine le mystre et la grandeur. Le fait d'tre assise montre la supriorit de la Vierge.
La Grce de l'Esprit saint est symbolise par deux fois : par la nappe suspendue sur les murs et par le rayon qui sort d'un demi-cercle. Peindre une colombe dans le rayon est une erreur, car l'Esprit saint n'est pas une colombe. Il est apparu une fois sous forme de colombe, lors du baptme du Christ, et nulle part ailleurs, et une autre fois sous la forme de langues de feu lors de la Pentecte mais uniquement ce moment-l. Pendant l'Annonciation il restait invisible et le rayon n'est que symbolique !
hm. Cassien