NUMÉRO 118
juillet2008

Bulletin des vrais

chrétiens orthodoxes

sous la juridiction de

S. B. Mgr. Nicolas

archevêque d'Athènes

et primat de toute la Grèce

Hiéromoine Cassien
Foyer orthodoxe
F 66500 Clara
Tel : 00 33 (0) 468961372
cassien@orthodoxievco.fr

 SOMMAIRE

NOUVELLES

MESSAGE PASCAL

LES PERES DE L'EGLISE : Saint Basile de CŽsarŽe

SUR LES DIFFƒRENCES ENTRE L'ART RELIGIEUX OCCIDENTAL ET L'ICONOGRAPHIE ORTHODOXE

SOIXANTE-DIX FOIS SEPT FOISŹŹŹŹ

L'ICļNE DE L'ANNONCIATIONŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹ Ź


NOUVELLES

Pâques est passé; je termine donc ce bulletin, au moins sur le Web. L'impression sur papier sera pour plus tard.

Pour Pâques, j'étais à Thessalonique, pour seconder le père Élie, qui a eu de nouveau un malaise. Il se peut que je doive rester à Thessalonique pour un temps indéterminé, comme l'autre fois.

En ce moment, je suis à Patras, pour célébrer un baptême. Comme la voiture est tombée en panne, je resterai aussi pour la Liturgie du Dimanche de Thomas. Une fois la voiture réparée, je remonterai vers Thessalonique.

Je vous tiens au courant de nos nouvelles, qui sont maintenant plus abondantes.

Christ est ressuscitŽ
votre hiŽromoine Cassien

Voici le dernires nouvelles du Cameroun :
Hier ˆ midi et demi sous une pluie, accompagnŽ d'un vent trs violent, le baobab est tombŽ. C'est un grand ŽvŽnement dans tout le village. Il n'y a eu aucun dŽg‰t. Sauf qu'un autre arbre qui se trouvait dans le champ, derrire la cuisine, a causŽ un grand trou sur la toiture de la cuisine et un autre trou dans la chambre de ThŽophile et du petit Pierre. Depuis ton dŽpart du Cameroun il pleut beaucoup. Personne ne conna”t les saisons É
Gilles

Thomas, appelŽ Didyme, n'Žtait pas avec eux lorsque, toutes portes closes, tu entras, ™ Christ; aussi ne crut-il pas aux paroles qu'on lui dit, pour affermir ainsi vers la foi le chemin des incroyants; mais tu n'as point dŽdaignŽ, dans ta bontŽ, de lui montrer ton c™tŽ immaculŽ ainsi que les plaies de tes mains et de tes pieds : il les toucha et t'ayant vu, en toi il reconnut plus que la simple humanitŽ ou que la seule divinitŽ, et te cria : Mon Seigneur et mon Dieu, gloire ˆ toi.

Dimanche de Thomas (Grandes Vpres)

 

ƒglise des VCO de Grce
Saint Archidiocse d'Athnes
8 Botsaris
121 31 Peristeri,
Athnes

PåQUES 2008
MESSAGE PASCAL
de Sa BŽatitude l'archevque Nicolas, primat de l'ƒglise des VCO de Grce

Au plŽr™me de l'ƒglise

Maintenant, tout est rempli de lumire, le ciel et la terre et le fond des enfers;
que toute le crŽation cŽlbre la RŽsurrection du Christ en qui elle s'est affermie.

Mes vŽnŽrables frres Žvques, honorable clergŽ, pieux ordres monastiques et chrŽtiens bŽnis,
La Lumire jaillissant du Tombeau qui, il y a quelques heures seulement, retenait encore le Corps du Dieu-Homme JŽsus, illumine non seulement les cieux et la terre, mais mme les lieux les plus bas, jusqu'aux profondeurs de l'Hads elle-mme, d'o le RŽdempteur ressuscitŽ a dŽlivrŽ les ‰mes des justes, morts ˆ des Žpoques passŽes, par l'Žclat fulgurant de la DivinitŽ.
Aujourd'hui, o les tŽnbres du matŽrialisme, de l'incroyance et de l'idol‰trie de la chair ont couvert presque tout, qu'est-ce qui saurait tre plus dŽsirable que la Lumire pure, douce et sans dŽclin de JŽsus Christ ressuscitŽ ? ŹCependant cette Lumire, qui a le pouvoir de disperser et d'Žcarter l'Žpaisse obscuritŽ de l'Hads, est empchŽe d'atteindre le cĻur des hommes infidles, matŽrialises et cyniques, qui prŽfrent, de faon irrationnelle, les tŽnbres, afin de cacher leurs Ļuvres.
Comment est-il possible qu'une telle Lumire, une telle Puissance, soient arrtŽes par la volontŽ de personnes de mauvaise disposition ? ŹCe qui les arrte est la libertŽ de l'homme, sa volontŽ propre : ce don terrible, que Dieu a accordŽ au genre humain, et que Dieu Lui-mme ne force jamais, n'Žcarte jamais.
Il n'est pas Žtonnant que des gens de mentalitŽ mondaine se dŽtournent de la Lumire saine, venant de l'autre monde, de la RŽsurrection. Mais lorsque, en tant que pasteur responsable de l'ƒglise, je remarque qu'un tel Žtat menace les membres du Corps mystique qu'est l'ƒglise, il est alors de mon devoir de sonner l'alarme et d'appeler chacun aux armes, sans Žgard ˆ son rang ou son office, afin que nous puissions affronter cet ennemi commun. ŹJe dis ennemi commun, car comme lorsqu'une maladie menace un membre du corps, tous les membres sont en danger.
Ź Je saisis par consŽquent l'occasion, qui m'est offerte par ce Message pascal, de communiquer avec tous les membres de notre ƒglise, et mme avec chaque ‰me bien disposŽe qui n'est peut-tre pas de son troupeau, et, comme archevque, j'envoie un message d'unitŽ et de rŽconciliation en toutes directions.
Unis, les membres de l'ƒglise acquirent un pouvoir invincible contre tout ennemi. ŹUn ennemi combat en vain contre une communautŽ unie des fidles de l'ƒglise, dans laquelle le clergŽ et le peuple, les pasteurs et le troupeau, chacun depuis son poste et selon sa mesure et son appel, chemine en accord avec la Tradition et les saints canons inspirŽs de Dieu comme guides et directeurs. Le lien d'amour, l'alliance de Foi et de Confession communes, l'amour compatissant pour notre prochain et le dŽvouement en toute humilitŽ et obŽissance aux idŽaux de l'Orthodoxie, conjointement avec les Ļuvres authentiques et sans feinte de l'Orthodoxie, vouent ˆ l'Žchec toute tentative de notre ennemi, le diable homicide, de nuire ˆ l'ƒglise.
Nous cŽlŽbrons la mort de la mort, la destruction de l'EnferÉ
La Mort sur la Croix, la Descente en enfer et la RŽsurrection du Tombeau de notre Seigneur JŽsus Christ ont rendu inefficace tout le pouvoir de notre ennemi, le diable. Il retire tout son pouvoir de notre coopŽration avec ses projets et actes tŽnŽbreux. Son arme principale Ń la mort Ń est morte.

VŽnŽrables frres, enfants bien-aimŽs dans le Seigneur,
Cet appel ˆ l'action que votre archevque vous adresse vient de son cĻur. Je forme ce vĻu avec le dŽsir candide d'un pre qui souhaite voir sa famille unie et aimante.
Je demande, avec toute la force de mon ‰me, de voir notre ƒglise comme un phare brillant pour un monde ballottŽ par la tempte. Je veux la voir comme un havre o tous ceux qui jusqu'ˆ prŽsent ont vŽcu loin du Christ et sont en danger de naufrages de la vie puissent trouver le repos. Je dŽsire voir notre ƒglise, ses membres qui vivent leur Orthodoxie et qui manifestent la puissance de notre confession, non pas dans des querelles, non pas cherchant ˆ diriger, non pas remarquant minutieusement les faiblesses du prochain, mais plut™t en paix, en humilitŽ et obŽissance, et fortifiant les faibles dans un esprit de modŽration et d'empathie.
Car c'est ainsi, mes enfants bien-aimŽs, que se rŽalisera ce verset triomphal du Canon pascal, et que nous serons ˆ mme de le chanter ensemble de plein cĻur et en cŽleste harmonie :
Regarde autour de toi, Sion, et vois, car voici que vers toi,
comme des astres allumŽs par Dieu, tes enfants accourent
de l'Occident, de la mer et de l'Orient,
bŽnissant en toi le Christ pour l'ŽternitŽ.
Je reste donc en bonne espŽrance que cette invitation venant de mon cĻur ne tombera pas dans l'oreille de sourds, et en prire pour chacun de vous pour la puissance d'en haut et la divine illumination qui vient du Tombeau ayant reu Dieu.
CHRIST EST RESSUSCITƒ ! ŹŹIL EST VRAIMENT RESSUSCITƒ !

Votre intercesseur fervent devant notre Seigneur JŽsus Christ qui a souffert et s'est levŽ du Tombeau,

l'archevque
+ Nicolas d'Athnes et de toute la Grce

Ź

Voyant ta MisŽricorde infinie, ceux que les cha”nes de lÕenfer tenaient prisonniers, dÕun pas joyeux,

™ Christ, accourent vers la lumire, applaudissant la P‰que Žternelle.

Canon de P‰que

LES PERES DE L'EGLISE

Saint Basile de CŽsarŽe (330-379)
ftŽ le 1er et le 30 janvier

Athanase Fradeaud

Le pays o naquit notre saint pre Basile avait dŽjˆ ŽtŽ illuminŽ par la Lumire du Christ, gr‰ce aux travaux apostoliques de saint GrŽgoire le Thaumaturge. La Cappadoce en Asie Mineure Žtait dŽjˆ chrŽtienne lorsque Basile y vit le jour, en 330 ˆ CŽsarŽe. Fils dÕun autre Basile et dÕEmmalia, il naquit comme dŽjˆ marquŽ pour la vie sublime quÕil devait mener, au sein dÕune famille profondŽment orthodoxe et ce depuis trs longtemps. Sa grand-mre maternelle nՎtait autre que sainte Macrine, fille spirituelle de saint GrŽgoire le Thaumaturge, et le pre de sa mre avait ŽtŽ martyrisŽ pour la foi. Il avait dans sa fratrie sainte Macrine la jeune et saint GrŽgoire de Nysse.
CÕest toujours ˆ CŽsarŽe que Basile passa le dŽbut de sa vie terrestre, instruit tout dÕabord par son pre, rhŽteur et avocat de renom. Il fut ensuite lՎlve des Žcoles de CŽsarŽe et de Constantinople, suivant la route des Žtudiants de cette Žpoque, qui menait chacun dÕeux vers les universitŽs les plus prestigieuses. CÕest ainsi quÕil frŽquenta pendant cinq annŽes les Žcoles dÕAthnes o il se lia dÕune indissoluble amitiŽ avec celui de ses condisciples que nous vŽnŽrons aujourdÕhui comme saint GrŽgoire de Nazianze.
basileMais, ˆ ce moment-lˆ, sa vie restait mondaine et distinguŽe. Le monde lÕavait distrait, le succs lÕavait grisŽ. Sa sĻur, vŽritable vierge sage, sut lui faire prendre conscience de la vanitŽ de son existence, et Basile, comme il lՎcrivit plu tard, Ēse rŽveilla comme dÕun sommeil profond, apercevant la lumire merveilleuse que rŽpandait la vŽritŽ de lՎvangileČ (Lettre 223). Aussi, de retour de CŽsarŽe en 356, il demanda le baptme, puis prit la rŽsolution ferme dÕembrasser la vie monastique. Pour y arriver selon les rgles, et choisir le lieu de sa pŽnitence, il visita les pres spirituels et les asctes les plus renommŽs dՃgypte, de Palestine et de MŽsopotamie. Il commena ˆ y mener une vie trs austre, sans le moindre Žgard pour sa santŽ. GrŽgoire le dŽcrivait ainsi ˆ 40 ans : Il nÕa presque plus de chair et plus de sang.
Revenu une seconde fois dans sa patrie, il Žtablit, sur les bords de lÕOronte, une fondation monastique sÕy livrant la prire, ˆ lÕascse et au travail manuel. Il y reut mme son ami, le futur Žvque de Nazianze. Avec ses frres, il y composa une philocalie, reprenant les extraits orthodoxes existant dans lÕĻuvre dÕOrigne.
En lÕan 360, il dut quitter son lieu dÕascse pour accompagner DianŽe, Žvque de CŽsarŽe, jusquՈ Constantinople. Ce dernier mourut dÕailleurs peu aprs et fut remplacŽ par Eusbe sur la mme chaire Žpiscopale. Basile, qui avait ŽtŽ fait lecteur par lՎvque DianŽe, fut retenu par son successeur ˆ CŽsarŽe. Puis, une brouille, o Eusbe nÕavait pas le beau r™le, fora Basile ˆ sՎloigner. Basile nÕentretint aucun trouble ni cabale, sÕenfonant pendant trois ans dans sa solitude du Pont. GrŽgoire de Nazianze sut persuader Eusbe de son erreur. Basile revint donc ˆ CŽsarŽe o il fut ŽlevŽ par Eusbe au saint sacerdoce. LՎvque de CŽsarŽe le conserva ˆ son service direct, une grande confiance ayant succŽdŽ ˆ la reconnaissance de son erreur. Basile ne quittera plus dŽsormais CŽsarŽe..
En 370, aprs une Žlection tumultueuse (certains mettaient en avant sa mauvaise santŽ) il fut consacrŽ comme Žvque de CŽsarŽe, succŽdant ˆ Eusbe parti pour lՎternitŽ. Sa courte administration Žpiscopale fut aussi bien rempli que celle des plus grand hiŽrarques. Elle se divise en deux parties principales : lÕinstruction et la garde de son troupeau contre les loups ravisseurs, le soulagement de ses brebis qui p‰tissaient amrement des maux issus dÕune grande misre. En 368, Žclata vraiment une famine Žpouvantable. LÕusure devenait le chancre de la sociŽtŽ. Basile dŽcrivait ainsi la situation en dŽpeignant le drame profond dÕun homme obligŽ de vendre son fils comme esclave pour remŽdier au dŽsespoir familial : les exigences passent le comble de lÕhumanitŽ; tu exploites la dŽtresse, tu fais argent des larmes; tu Žtrangles celui qui est nu, tu Žcrases lÕaffamŽ. Basile qui avait dŽjˆ distribuŽ tous ses biens aux pauvres ne cessa de payer dÕexemple pour fournir, autant quÕil le pouvait, le pain du corps ˆ toutes ses malheureuses brebis, en mme temps quÕil rompait pour elles le pain de la pure doctrine. Et il construisit hospices et h™pitaux, et organisa ce que lÕon appellerait aujourdÕhui des soupes populaires. Il en rŽsulta une vŽritable petite ville que lÕon nommait Basiliade.
Dans le mme temps, lÕhŽrŽsie dÕArius, qui niait la DivinitŽ de notre Seigneur JŽsus Christ, se doublait dÕune autre, attaquant celle du saint Esprit. Et les chrŽtiens orthodoxes devenaient la proie des persŽcutions des hŽrŽtiques. Basile la dŽcrit ainsi : Disons ce qui est le comble de la misre : les populations ont abandonnŽ les maisons de prire et se rassemblent dans les dŽserts. Spectacle pitoyable : des femmes, des enfants, des vieillards, tous ceux qui sont faibles de quelque manire ˆ la glace de lÕhiver, et tout aussi bien en ŽtŽ ˆ la bržlure du soleil. Et tout cela, ils le souffrent pour nÕavoir pas voulu du mauvais levain dÕArius. Le cadre de cet article ne nous permet pas de citer tout ce quÕil entreprit pour garder son troupeau de lÕhŽrŽsie dÕArius qui niait la DivinitŽ du Christ et de celle dÕEunomius niant la DivinitŽ du saint Esprit, ni des persŽcutions de lÕempereur Valens. Signalons simplement quÕil sut assister son troupeau selon ses besoins, en vertu de son devoir, soucieux dÕobŽir ˆ Dieu plut™t quÕaux hommes, sachant rŽpondre au prŽfet Modestus qui le menaait en disant : ĒPersonne nÕa jamais osŽ me parler jusquÕici avec une telle libertŽČ Š ĒCÕest que tu nÕas sans doute encore jamais rencontrŽ dՎvqueČ. Une telle rŽponse est comparable ˆ celles des actes des martyrs; Basile de CŽsarŽe Žtait de la mme lignŽe spirituelle.
Il faut aussi signaler sa dŽception de lÕattitude du pape Damase et lÕon peut sՎtonner de voir Basile citŽ Š a contrario Š comme lÕun des tŽmoins de lÕinfaillibilisme, parfaitement inconnu ˆ lՎpoque. Il fallait de bien sŽrieuses raisons pour quÕun Žvque aussi humble que Basile puisse dŽpeindre Damase comme un homme altier et sublime, jugeant de haut et par lˆ incapable dÕentendre ceux de la terre qui lui disaient la vŽritŽ (Lettre 215).
Quelques mots aussi de son Ļuvre comme liturge. Il avait composŽ pour son ƒglise locale plusieurs prires liturgiques en conservant dans la liturgie elle-mme lÕordre suivi primitivement. CÕest celle que lՃglise orthodoxe catholique cŽlbre le jour de la fte du saint et les dimanches du Grand Carme.
Son Ļuvre Žcrite :
Citons dÕabord : Contre Eunomius, traitŽ composŽ dÕun ensemble de trois livres dŽtruisant lÕhŽrŽsie dÕEunomius contre la DivinitŽ du saint Esprit. Le second livre prouve que le Fils est consubstantiel au Pre et le troisime que le saint Esprit est Dieu. Le traitŽ fut sžrement composŽ vers 363-365.
Sur le saint Esprit, traitŽ de la DivinitŽ du saint Esprit, Žcrit en 375 et adressŽ ˆ lՎvque Amphiloque, Žvque dÕIconium, ami du saint. Basile y rŽpond aux objections des pneumatomaques qui niaient la DivinitŽ de lÕEsprit saint. LÕauteur, en dŽmontrant, sait sÕabstenir des formules trop tranchantes, non pas par un faux irŽnisme, comme le remarqua ds le dŽbut GrŽgoire de Nazianze, mais pour ne pas rebuter, ds le dŽpart, des adversaires quÕil sÕagissait de ramener ˆ lÕorthodoxie.
Soulignons que Basile sut poursuivre les subterfuges dÕEunomius qui, comme dÕautres hŽrŽtiques qui veulent se servir de quelques versets de la Bible contre la vŽritŽ, cherchait, lui, ˆ se prŽsenter comme le dŽfenseur de la doctrine traditionnelle. Ceci prouve que dans toute lՃglise et depuis toujours on acceptait comme criterium de la foi ce tŽmoignage permanent de lՃglise chrŽtienne, auquel tous les docteurs avaient recours pour pourfendre lÕhŽrŽsie. Basile nÕy manqua pas en retournant contre Eunomius une arme qui nՎtait pas la sienne et qui le confondit.
Ses Žcrits ascŽtiques sont nombreux, eux aussi. En effet, si Basile ne fut pas le premier fondateur du monachisme en Asie mineure, ses Žcrits ascŽtiques comptent pour beaucoup dans la vie monastique de tout lÕOrient. Naturellement, il ne fit, dans un trs grand nombre des cas, que codifier des prescriptions et usages expŽrimentŽs et polis dans les monastres o il avait vŽcu, y ajoutant sa propre expŽrience. Leur influence a mme dŽpassŽ le cadre de lÕOrient, puisquÕelle a pŽnŽtrŽ dans la partie occidentale de la romanitŽ orthodoxe avec saint Beno”t, qui sÕy est Žgalement rŽfŽrŽ.
HomŽlies : on compte de lui neuf homŽlies sur lÕHexaŽmŽron qui devint lÕun des ouvrages les plus populaires dÕalors. Il ne nous en est parvenu que ce qui concerne les cinq premiers jours de la CrŽation. Il nous reste en outre treize homŽlies sur les psaumes et vingt et un sur divers sujets spirituels.
Lettres : on en compte trois cents. Comme ses homŽlies, elles sont lÕĻuvre dÕun homme fin et psychologue, toujours prt ˆ livrer bataille aux vices individuels et sociaux, ˆ forger des mĻurs authentiquement chrŽtiennes, selon le saint Žvangile vŽcu. Il savait que lÕabondance ne rend gure charitable et Žcrivait : La vertu qui devrait leur tre le plus aisŽe, la charitŽ, leur para”t la plus difficile (HomŽlie 7). Il y traite de controverses thŽologiques ou liturgiques avec ŽquitŽ et discernement. De telles valeurs lui ont ŽtŽ reconnues universellement, tout comme son sens de la responsabilitŽ, de la fermetŽ et de la sensibilitŽ. Il a connu la trahison et lÕincomprŽhension, a vŽcu le Ēaimez-vous les uns les autresČ.
Il ne put voir la fin de toute son Ļuvre. L'ensemble construit pour les pauvres, que lÕon nomma Basiliade lui survŽcut. Ses vertus, elles, sont devenues inoubliables, inscrites quÕelles sont dans la mŽmoire de lՃglise quÕil a si bien servie. Ė peine dix ans aprs sa mort, en 379, on l'appelait dŽjˆ saint Basile le Grand. Jamais tel honneur ne fut si bien mŽritŽ. Aux habitants de CŽsarŽe qui, lors de son Žlection Žpiscopale apprŽhendaient celle de Basile ˆ cause de sa mauvaise santŽ, GrŽgoire de Nazianze demandait : ĒVous faut-il un athlte ou un docteur de la foi ?Č. Ils avaient ŽtŽ bien servis, tant Basile de CŽsarŽe fut bien un athlte dans le stade ascŽtique et un grand docteur de la foi.

Bibliographie :
ĒSources ChrŽtiennesČ :
Š Contre Eunomius tome 1 (N” 299) 27 Ū
tome 2 (N” 365) 46 Ū
Š HomŽlies sur lÕHexaŽmŽron (N” 26 bis) 41,44 Ū
Š Sur le baptme (N” 359) 39 Ū
Š Sur l'origine de l'homme (N” 160) 43 Ū
Š TraitŽ du saint Esprit (N” 17 bis) 50,77 Ū

ĒMaredsousČ :
Š Les rgles monastiques

ĒLes belles lettresČ :
Š Aux jeunes gens sur la manire de tirer profit des lettres hellŽniques
Š Lettres 3

sentence

LES LARMES DES MéRES

La Conception de la Mre de Dieu et le dixime dimanche de Luc

 

Au Nom du Pre et du Fils et du saint Esprit.
Depuis le temps de notre mre éve, combien de larmes furent versŽes par les mres et les grand-mres dans l'Ancien Testament tout entier ? Combien de larmes furent versŽes par tous ceux qui, voyant autour d'eux l'iniquitŽ, l'injustice, et la vie sans espoir aprs la chute, aprs l'exil du paradis ? Combien de larmes notre pre Adam a-t-il versŽes ? Combien de larmes notre mre éve a-t-elle versŽes ?
Tout au long de l'Ancien Testament, parce que la lumire de Dieu n'Žtait pas vue clairement mais seulement faiblement par les enseignements des saints prophtes et des justes de l'Ancien Testament; c'est seulement faiblement que la lumire a brillŽ de la sainte TrinitŽ sur le peuple de Dieu et sur le reste du monde. Il y avait une obscuritŽ relative; il y avait un chagrin relatif; il y avait une dŽsolation relative; et tous vivaient dans l'attente du soulagement de cela, selon les promesses faites par Dieu ˆ Adam et éve, et renouvelŽes par les paroles des saints prophtes. Combien de larmes furent versŽes par l'anctre de Dieu, la grand-mre de notre Sauveur, sainte Anne, qui se lamentait et se chagrinait de sa stŽrilitŽ. Car non seulement c'Žtait un chagrin personnel, mais dans l'Ancien Testament la stŽrilitŽ Žtait considŽrŽe comme une malŽdiction sur les couples mariŽs. Elle n'avait pas eu d'enfant, et elle pleurait et elle se lamentait de sa stŽrilitŽ, non seulement personnellement, comme nous l'avons dit, mais parce que cela faisait d'elle une citoyenne de deuxime ordre parmi le peuple d'Isra‘l. Elle Žtait maudite, parce que cette marque avait ŽtŽ placŽe sur elle, et elle pleurait, et elle versait beaucoup de larmes. Combien de larmes cette femme, cette femme boiteuse, qui avait ŽtŽ liŽe par un esprit de Satan pendant dix huit ans (Luc 13,10-17), combien de larmes a-t-elle versŽes parce qu'elle Žtait bossue, parce qu'elle Žtait courbŽe et ne pouvait pas lever les yeux et voir son semblable, mais toujours Žtait condamnŽe ˆ regarder le sol ? Ses larmes Žtaient nombreuses, son chagrin Žtait grand, et ˆ cause de ce chagrin son visage Žtait toujours mouillŽ de larmes de tristesse.
Mais ˆ la fte que nous cŽlŽbrons aujourd'hui, toutes ces larmes sont essuyŽes; toutes les larmes de notre mre éve et de notre pre Adam; toutes les larmes des femmes et des mres de l'Ancien Testament sont essuyŽes; toutes les larmes de sainte Anne, la sainte grand-mre de notre Sauveur, sont essuyŽes; toutes les larmes de la femme bossue sont essuyŽes aujourd'hui, parce que aujourd'hui nous ftons la Conception de la trs sainte Mre de Dieu, le commencement de l'accomplissement des promesses que notre Seigneur Dieu a faites ˆ son peuple; l'accomplissement de ces promesses qu'un Messie sera nŽ, et que ce Messie sauvera Isra‘l et vraiment tout le monde de leurs pŽchŽs, et de ce fait essuiera toute tristesse, tout chagrin, tout ce qui est nŽgatif des visages de ceux qui croiront en Lui.
Pendant des annŽes Anne avait priŽ pour qu'un enfant lui soit accordŽ. Pendant des annŽes, Joachim, ses offrandes au temple lui ayant ŽtŽ retournŽes avec mŽpris par les serviteurs du temple, avait priŽ pour qu'un enfant lui soit accordŽ. Et voici c'Žtait maintenant dans la cinquantime annŽe de leur mariage, et ils Žtaient les deux trs, trs vieux, sžrement septuagŽnaires, peut-tre octogŽnaires, quand cet ŽvŽnement bienheureux arrive, quand ces nouvelles bienheureuses arrivent qu'Anne enfin donnera naissance. Et elle donnera naissance d'une manire naturelle, selon les lois de la nature elle donnera naissance ˆ un enfant, ˆ une fille, de qui, d'une manire surnaturelle na”tra Lui, na”tra le Messie, na”tra Lui qui est un de la sainte TrinitŽ, le Fils et le Verbe du Pre. Il prendra chair d'elle, et ayant pris cette chair, ayant pris ce qui est humain, notre ‰me, notre corps Š tout ce qui est n™tre; Il le sanctifiera en l'unifiant avec le Divin, et Lui-mme deviendra ce pont ˆ travers lequel quiconque dŽsire tre sauvŽ pourra tre sauvŽ. Toutes les larmes sont essuyŽes; toute tristesse a disparu; tout chagrin est aboli, parce qu'elle est nŽe, celle qui donnera naissance au Sauveur des hommes. Et nous sommes les bŽnŽficiers de cet hŽritage. Nous qui sommes bienheureux d'tre appelŽs chrŽtiens sommes les bŽnŽficiers de cette naissance, ce qui est la raison pour laquelle la sainte ƒglise la place pour que nous puissions nous apercevoir. Nous sommes les bŽnŽficiers de la conception et de la naissance de la Mre de Dieu, car elle est notre reprŽsentante, elle est cette personne pour qui Isra‘l a espŽrŽ pendant toute son existence. Cela est tout; cela est le fruit de tout le chagrin d'Isra‘l; cela est ce qui est arrivŽ comme consŽquence des exils, des coups, des flŽaux, des dŽfaites, des humiliations d'Isra‘l, qui Žtaient destinŽs ˆ le purifier, ˆ l'amener au point o il pouvait produire la trs sainte Mre de Dieu.
Si on se demandait quel est le sujet de l'Ancien Testament, le sujet de l'Ancien Testament dans une phrase, c'est qu'Isra‘l travaille ˆ produire ce vaisseau pur, la toute sainte Mre de Dieu, de Joachim et Anne.
Comme nous nous trouvons dans cette pŽriode de prŽparation pour la commŽmoraison de la naissance de notre salut, qui est JŽsus Christ, nous aussi devons tenir compte de cet ŽvŽnement joyeux, et nous devons rendre gr‰ces ˆ notre Seigneur Dieu, nous devons rendre gr‰ces ˆ la sainte TrinitŽ, que nous sommes nŽs chrŽtiens, que de tous les millions et millions de personnes sur la terre nous avons ŽtŽ privilŽgiŽs de nous appeler et d'tre chrŽtiens. Comment est-ce alors qu'aucun de nous peut aller avec un visage assombri; comment aucun de nous peut-il avoir aucune tristesse dans notre vie; comment aucun de nous peut-il avoir aucun chagrin ˆ cause des choses variŽes qui nous arrivent ? Car nous avons un espoir que personne d'autre n'a; nous avons une assurance que personne d'autre n'a; nous avons une Žlection qui est unique dans tout le genre humain. Nous sommes chrŽtiens. Et si seulement nous vivons en accord avec notre Žlection; si seulement nous vivons en accord avec cet appel que nous avons, et vivons selon les dŽsirs de la sainte TrinitŽ; alors toutes les promesses qui nous ont ŽtŽ faites, toutes les promesses qui nous ont ŽtŽ donnŽes par notre Sauveur, qui les a transmises aux ŽvangŽlistes, lesquels nous les ont donnŽes par les saints pres, toutes ces promesses seront accomplies en nous. C'est-ˆ-dire, qu'aprs notre vie ici sur la terre, aprs cette vie qui, reconnaissons-le, n'est pas une vie de joie pure, mais est mŽlangŽe lourdement avec des chagrins, lourdement avec la tristesse, lourdement avec les pŽchŽs; qu'aprs cette vie nous serons pris dans les cieux, lˆ pour tre cohŽritiers de ce royaume bŽni, qui a ŽtŽ prŽparŽ pour ceux qui aiment Dieu.
Donc, alors que nous sommes dans l'Žglise aujourd'hui, au cours de notre ježne de prŽparation pour l'avnement de notre Sauveur, pour la fte de la NativitŽ de notre Sauveur, efforons-nous d'avoir nos prires plus ardentes, notre ježne plus consŽquent, notre charitŽ plus gŽnŽreuse, notre espoir avec l'attente la plus grande possible, notre prŽparation pour garder la fte avec la joie la plus grande possible. Afin que chaque larme de notre visage soit essuyŽe aussi; que chaque chagrin dans notre vie soit mis ˆ c™tŽ aussi; et que nous Žtant efforcŽs le mieux que nous pouvons ici dans cette vie, ce salut en JŽsus Christ nous soit accordŽ, ce salut pour lequel la trs sainte Mre de Dieu fut nŽe, pour lequel Il fut nŽ d'elle, Lui qui nous a donnŽ ces promesses.
Ė Lui et ˆ son Pre et au saint Esprit, ˆ la sainte TrinitŽ qui nous a sauvŽs, gloire et honneur dans les sicles des sicles. Amen.

Pre Anthony Gavalas

sentence

SUR LES DIFFƒRENCES ENTRE L'ART RELIGIEUX OCCIDENTAL
ET L'ICONOGRAPHIE ORTHODOXE


tableau de la Crucifixion Ic™ne de la Crucifixion
Crucifixion de GrŸnewald
Ic™ne de la crucifixion

I

            Je voudrais expliquer ici, en ma qualitŽ d'iconographe, pourquoi l'art religieux originaire des sociŽtŽs sŽculires occidentales, ne cherche qu'ˆ peindre des images du Christ, de Marie l'Enfantrice de Dieu et des saints comme des tres naturalistes, dŽpourvus de dignitŽ particulire ou de divinitŽ, pourquoi leur peinture de ces saints hommes et femmes ignore en rŽalitŽ la vraie thŽologie de l'art chrŽtien et de son mode de crŽation.

            Ces Ļuvres profanes d'hommes tels que l'artiste allemand Mathias GrŸnewald (1475-1528) dŽpeignent des images de JŽsus Christ et de l'Enfantrice de Dieu d'une faon si naturalistes qu'elles ne souffrent aucun caractre spirituel [j'emploie le mot spirituel au sens orthodoxe], aucune saintetŽ ni de gr‰ce.

            Lˆ, les corps ne sont pas transfigurŽs comme ils le sont dans l'iconographie orthodoxe. Ils sont peints simplement sous une forme purement humaine et sensuelle, souvent jusquՈ un point rŽpugnant, comme par GrŸnewald par exemple [Fig. 1], alors que, comme le dit Kontoglou :

            LÕart liturgiqueÉ, est dÕun caractre spirituel, symbolique et surnaturel.
            É
            LÕart ecclŽsiastique de lՃglise orthodoxe ne cherche pas ˆ charmer nos sens, mais plut™t ˆ les sanctifier en nous offrant la mme nourriture sacrŽe ˆ laquelle nous participons pendant nos saints offices. Cette nourriture nous est donnŽe par lÕhymnologie, lÕiconographie, lÕarchitecture et mme par lÕart des ustensiles, des vtements et de tous les autres objets sacrŽs de lՎglise, confectionnŽs par lÕhomme. Tous ceux-lˆ, par leur caractre vŽnŽrable et Ždifiant, contribuent au but dՎlever lՉme des fidles ˆ la louange et ˆ lÕaction de gr‰ce, mais non de la manire sensuelle dont se sert lÕart profane. Ils sont accomplis dÕune manire totalement diffŽrente, dÕune manire qui est spirituelle en elle-mme.

            Pourtant, comme sur la Fig. 1, ce nÕest pas toujours le plaisir des sens que recherche lÕartiste profane. Souvent, il crŽe un art qui est corruptible et vulgaire, dans lÕintŽrt de produire un choc. LÕart profane Žveille les Žmotions, stimule les sens et les passions telles que la colre, lÕenvie ou la luxure. Il peut aussi horrifier. Il peut tre repoussant. Cela ne veut pas dire forcŽment quÕil nous pousse dans un Žtat dՎpouvante. Il peut tre repoussant dans le sens quÕil est une tromperie, un mensonge personnifiant la vŽritŽ, un mensonge que seul le malin peut dissimuler de faon aussi habile, afin dՎgarer lÕignorant et le  prendre dans son filet honteux, pour produire par lˆ un faux Christ, avec une fausse doctrine, ce qui crŽe une fausse ƒglise, nous menaant de damnation.

gabriel
michel
Ic™ne de lÕArchange Michel
Ic™ne de lÕArchange Gabriel

anges

            Cet art peut tre naturellement beau, mais dÕune beautŽ qui manque de profondeur. La beautŽ physique que prŽsente lÕart occidental nÕest pas celle de cette qualitŽ intŽrieure qui pŽntre dans lՉme pour dŽtruire les passions par la Gr‰ce de Dieu. Il y a une beautŽ qui enseigne, fortifie et rend humble, et une autre qui, comme celle de la femme sŽductrice, dŽtruit lՉme, induit dans un pŽchŽ comme la convoitise. Une autre diffŽrence entre la beautŽ mondaine et la beautŽ intŽrieure venant de Dieu, cÕest-ˆ-dire sa Gr‰ce, est que la premire, celle de lÕart profane, Žveille les Žmotions alors que la seconde, celle quÕoffre lÕart iconographique, est du domaine de la sanctification ecclŽsiastique. De la mme manire que lÕart profane provoque une Žmotion humaine temporaire, souvent trompeuse et mal comprise, lÕart ecclŽsiastique apporte la contrition. M. Kontoglou nous donne ces simples exemples :

            Je suis Žmotionnellement touchŽ au thŽ‰tre; je suis contrit ˆ lՎglise. La confusion entre ces deux sentiments (cÕest-ˆ-dire entre le profane et le sacrŽ, le mondain et le religieux) est la cause de la confusion entre le spectacle mondain et lÕoffice liturgique : une confusion qui a permis dÕintroduire dans beaucoup dՃglises lÕart occidental, qui dŽpeint les saints comme des gens ordinaires, dans un style naturaliste, et surtout la musique polyphonique, qui non seulement est Žtrangre au caractre de lÕorthodoxie [grecque], mais qui est en elle-mme mondaine, thŽ‰trale, sensuelle et romantique, nÕayant pas sa place ˆ lՎglise, surtout dans lՃglise orthodoxe o tout a un caractre liturgique.

            Citons encore Photios Kontoglou : Les Ļuvres dÕart religieux dÕOccident sont Žmotionnelles et dramatiques. LՎlŽment dramatique est charnel, mme sÕil est peru comme spirituel. Dans lÕic™ne orthodoxe, il y a lՎlŽment liturgique. Lˆ o lՎlŽment liturgique est prŽsent, lՎlŽment Žmotionnel [ou charnel] est neutralisŽ. Dans les Ļuvres de lÕart religieux occidental il nÕy a pas dÕascension spirituelle. Les saints, le Christ, la toute sainte Mre de Dieu sont simplement des gens empruntŽs ˆ la vie de tous les jours, des gens ordinaires qui reprŽsentent le Christ, la Toute-Sainte ou les saints. Chez nous, lÕiconographe nÕest pas un peintre ordinaire comme en Occident; il a un service [une liturgie] ˆ accomplir par cet art, un office [une liturgie] spirituel, et cÕest pour cette raison quÕil est appelŽ ŅiconographeÓ.

II

Fig. 2 
Fig. 3 
Fig. 4
Raphael
botticelli
vierge
Madonna de Rapha‘l
Madonna de lՎcole de Botticelli
Ic™ne de la Toute-Sainte

            Les formes de la peinture religieuse, comme la Madonna Della Tenda (Fig. 2) de Rapha‘l [1483-1520] ou la Naissance de VŽnus de Botticelli [1444-1510] et aussi la Madonna avec lÕEnfant (Fig. 3), de lՎcole de Botticelli, nÕayant de religieux que leur thme, ne peuvent jamais tre sacrŽs. [CÕest-ˆ-dire quÕelles reprŽsentent un sujet religieux, des saints, mais sous une apparence naturelle]. Elles ne montrent pas que ces saints hommes et femmes se sont glorifiŽs. Elles les montrent simplement sous forme de peinture ou de statue sans grandeur; afin que leurs imitateurs, les la•cs, ne soient pas dŽcouragŽs dÕatteindre des buts trop ŽlevŽs, de chercher la perfection, mais puissent continuer de vivre leur mode de vie charnel sans regret ou menace. Voyant des hommes et des femmes peints de faon naturaliste par des artistes profanes, ils ne voient pas de changement de nature. Sans changement intŽrieur, sans transformation spirituelle, il ne peut y avoir quÕune conversion extŽrieure, et ainsi, ne voyant aucune raison de changer eux-mmes, ils ne voient, ne comprennent ou ne croient pas vraiment que des hommes et des femmes, bien que purement humains, peuvent devenir des saints, des personnes supŽrieures ˆ leur tre ordinaire, transformŽs quÕils sont par lÕEsprit saint. 

            Ce que lÕon croit de la sainte TrinitŽ, du Christ, de la sainte Tradition, de la Doctrine, de lՃglise, de lÕEnfantrice de Dieu, des saints et des anges, est perceptible ˆ travers lÕart religieux occidental, comme ˆ travers lÕiconographie orthodoxe.

            Dans lÕiconographie, pour montrer le changement intŽrieur, lՐtre corporel manifeste un changement extŽrieur. Ė travers cette transfiguration, cet ŽvŽnement surnaturel, nous pouvons voir la saintetŽ de ces hommes et femmes dans leurs ic™nes, comme dans Fig. 4 et toutes les ic™nes.

            Nous voyons lÕincorruption, lÕimmortalitŽ, la piŽtŽ, la saintetŽ, la gr‰ce, la vertu Ń au lieu des passions et de la corruptibilitŽ, tout cela Žtant accompli par de grandes luttes, comme la prire et le ježne intenses, par le combat victorieux contre les tentations, par lÕattachement aux commandements de Dieu et une obŽissance inŽbranlable.

            ƒtant donnŽ que lÕart occidental reflte sa thŽologie, il est Žvident ce que les thŽologies protestante et catholique romaine enseignent : cÕest que lÕhomme est puni pour son pŽchŽ hŽritŽ dÕAdam. Christ meurt ˆ notre place et subit la Colre de Dieu. La crucifixion est donc peinte comme le Sauveur agonisant [Fig. 1].

            Dans la reprŽsentation orthodoxe de la crucifixion du Christ, Il nÕest pas puni ˆ notre place; Il est plut™t lՎmissaire de la race humaine, qui remporte la victoire sur le dŽmon, ˆ qui Il reprend la crŽation, quÕIl rend au Pre comme un sacrifice de louange. Dans lÕiconographie orthodoxe, on ne voit jamais le Christ ou les saints en agonie, mais en paix intŽrieure, confiance et consolation.
            LÕart occidental dÕaujourdÕhui est le reflet de la religion occidentale dÕaujourdÕhui. La religion occidentale dÕaujourdÕhui est le reflet de lÕattitude des Occidentaux par rapport ˆ lÕimportance du monde dans la religion aujourdÕhui. Ainsi, en Occident, les gens se sont ŽloignŽs du but originel de la foi chrŽtienne : la libŽration intŽrieure des passions par le combat contre leurs dŽmons, la victoire sur le pŽchŽ; et au lieu du soin de lՉme et lÕacquisition de lÕEsprit saint, cÕest la recherche dՐtre reconnus par le monde, la prospŽritŽ et le plaisir du corps qui ont acquis la prioritŽ. Ainsi, les Occidentaux esprent Žviter la culpabilitŽ morale du pŽchŽ si non par de bonnes Ļuvres, du moins par la foi seule. Il est si commun de voir leur art montrer lÕhomme empirique, ayant oubliŽ la piŽtŽ autrefois transmise par les saints.

III

            Les artistes occidentaux reprŽsentent les saints selon leur propre gožt ou suivant leurs imaginations minimales et mondaines; le pŽchŽ reste, la lutte hŽro•que pour la saintetŽ est absente, il nÕy a rien dՎdifiant Ń tandis que lÕiconographie dŽpeint la lutte des saints contre le pŽchŽ, la victoire qui a obtenu lÕincorruptibilitŽ et la divinitŽ, leur gain de la couronne du salut.

            Seuls ceux qui ont adoptŽ la foi transmise aux saints (Jude 1,3), selon une tradition ininterrompue de la vraie doctrine Ń la mme hier, aujourdÕhui et pour toujours Ń, peuvent peindre des ic™nes, car les ic™nes ne sont pas lˆ seulement pour inspirer et Žduquer, mais elles sont en outre une reprŽsentation  de la vraie doctrine, une expression de la seule foi et du seul baptme. La foi ne veut rien dire si elle est une fausse foi. Si lÕiconographie est thŽologie, ou comme le dit Troubetsko• : ŅthŽologie en couleurÓ, alors une fausse thŽologie engendre une fausse iconographie. LÕinverse est vrai aussi, et donc quiconque adopte une fausse doctrine ne peut pas peindre des ic™nes. Il peut essayer, mais sa plus grande rŽussite ne sera quÕune pseudo-reproduction. Elle peut tre correcte sur le plan technique, elle peut tre belle du point de vue esthŽtique, mais elle ne sera pas remplie de gr‰ce et par consŽquent, elle ne sera pas une ic™ne, mais une peinture religieuse. LÕiconographie doit avoir deux natures, comme le Christ : spirituelle et naturelle. Celle qui vient dÕune fausse doctrine nÕaura que la naturelle. La logique en est extrmement simple.

            Maintenant, la Crucifixion de GrŸnewald reprŽsente seulement un cadavre clouŽ sur une croix, une monstruositŽ laide et grotesque. Le corps et ses membres sont enflŽs, en Žtat de dŽcomposition et dŽgoulinant de pus. Les mains et les pieds sont tordus, il y a agonie. Les pieds, deux fois plus gros que leur taille normale, sont dŽformŽs. Tout le corps est rŽpugnant et horrible ˆ voir. Ou, comme lÕexprime si bien Photios Kontoglou :

            Le corps entier est un amas de chair repoussant, en Žtat dÕultime dŽcomposition, sur lequel apparaissent du sang coagulŽ et du pus prt ˆ jaillir en faisant Žclater la peau dessŽchŽe. La couronne, aux Žpines longues et dures, encercle la tte dŽformŽe pour contribuer ˆ lÕeffet macabre. Mais mme la croix nÕest pas faite de deux poutres, comme dÕhabitude; elle est aussi ˆ la ressemblance de lÕhorrible spectre quÕelle soutient. Elle est assemblŽe de branches non taillŽes de quelque arbre sauvage noueux dÕagonie, exactement comme les membres du corps quÕelle porteÉ

            La reprŽsentation de la Crucifixion peinte par GrŸnewald rŽvle au spectateur la mort du Christ comme une imitation dÕune mort humaine ordinaire. Sur cette peinture, il nÕy a pas dՎdification, pas de paix, pas de contrition, pas dÕespŽrance, seulement le dŽsespoir. Elle reprŽsente exactement le contraire de ce pourquoi le Christ est devenu homme. Elle est peinte avec lÕeffroi et la consternation, sans aucun signe de la PrŽsence de Dieu. Un fils dŽlaissŽ, peint comme une image de la souffrance et de lÕabandon. Non seulement ce nÕest pas une peinture pieuse, mais elle est satanique, Žteignant tout accent dÕespŽrance dans lՉme chrŽtienne, ce qui est en contradiction flagrante avec le message de la Croix. GrŸnewald dŽpeignit le Christ de cette faon, car telle Žtait sa foi : du dŽsespoir.

            M. Kontoglou remarque au sujet de la Crucifixion de GrŸnewald : Apparemment, GrŸnewald sÕest servi dÕun cadavre comme modle, dÕun cadavre pris dans une salle de cours dÕanatomie ou dans un cimetire, pour pouvoir le reprŽsenter dans le stade ultime de la dŽcomposition. Il nÕavait mme pas conscience de peindre le grand mystre du sacrifice du Fils de Dieu sous forme humaine, comme le font les iconographes orthodoxes. Pour lui, un cadavre quelconque, mme celui dÕun criminel, peut reprŽsenter le Christ crucifiŽ. En dÕautres termes, il ne sÕintŽresse quՈ lÕapparence extŽrieure du cadavre mais ˆ rien de plus.

            Cette reprŽsentation du ŅchristÓ, cet anti-spiritualisme, est un rejeton de camp santo, des squelettes, des macabres monastres trappistes, de la peinture du deuxime Avnement comme celle de Michelangelo ˆ la Chapelle Sixtine du Vatican, des gargouilles, cÕest-ˆ-dire des statues grotesques de Notre Dame, dÕune confusion entre les saints et les dŽmons.

            Dans lÕic™ne dŽvotionnelle, tout est dŽpeint comme ŽlevŽ, loin du monde. Les personnages eux-mmes, lÕherbe, les rochers, les Ždifices, les arbres etc. Rien dans une ic™ne nÕest montrŽ dans un Žtat corruptible, mais dÕune manire supra-mondaine. Le Christ, sur son ic™ne de la Crucifixion, est montrŽ debout sur la Croix. On ne peut gure dire si cÕest la Croix qui Le soutient ou si cÕest Lui qui soutient la Croix. Toute affliction qui Lui est arrivŽe est exprimŽe sur lÕic™ne comme tendresse et pardon envers ceux qui avaient infligŽ du dommage ˆ son Corps. Son visage est calme, humble, reflŽtant une douleur empreinte de sŽrŽnitŽ, il est un modle de la nature que nous aurons, une fois que nous aurons obtenu notre salut.

            Photios Kontoglou Žcrit :  Le corps crucifiŽ nÕest pas celui de nÕimporte qui; il est le Corps mme du Dieu-Homme Lui-mme; il nÕest donc pas un cadavre, mais plut™t un corps Žternellement incorruptible et Source de la Vie. Il rayonne lÕespŽrance de la rŽsurrection. Le Seigneur ne pend pas sur la Croix comme quelque misŽrable lambeau, mais cÕest plut™t Lui qui semble soutenir la Croix. Ses Mains ne sont pas contractŽes en Žtant clouŽes sur le Bois, Il les Žtend plut™t en une supplication sereine, selon le tropaire qui dit : ŅTu as Žtendu les Mains et as uni ce qui Žtait auparavant divisŽ, Dieu et lÕhomme.Ó

            LÕiconographie nÕest pas un talent particulier parmi dÕautres nombreux talents particuliers. Elle nÕest pas une brique dans le mur parmi dÕautres briques, qui ne peut tre distinguŽe, Žtant confondue dans quelque obscuritŽ. Des talents comme lÕart ordinaire ou la capacitŽ de composer de la musique ou de la poŽsie, aussi brillants quÕils soient, ou mme un gŽnie scientifique, viennent dÕune aptitude intŽrieure naturelle, mais lÕiconographie est un don spirituel, un appel, si lÕon veut, de Dieu ˆ quelques Žlus de son peuple. On ne peut pas dŽcider simplement que lÕon se sent attirŽ Žmotionnellement ˆ peindre des ic™nes, on ne peut la choisir parce que lÕon a une aptitude artistique ou des aspirations dÕen peindre, et puis prendre un pinceau, pratiquer quelques annŽes pour sÕautoproclamer iconographe. Ce nÕest pas une matire universitaire. LÕiconographe travaille en contact direct avec le saint Esprit, les saints, les anges. Quelle t‰che redoutable, quelle t‰che effrayante et exigeant lÕhumilitŽ ! LÕunion entre Dieu el lÕiconographe est rare et extraordinaire. LÕidŽe que lÕon pourra un jour ouvrir un atelier pour montrer ˆ dÕautres comment peindre des ic™nes est prŽsomptueuse.

Fig. 5

Le Corps du Christ mort dans le tombeau deHans Holbein le Jeune

  

Le Corps du Christ mort dans le tombeau de Hans Holbein le Jeune

            Sur les peintures de Hans Holbein le Jeune, Le Corps du Christ mort dans le tombeau [Fig. 5] et de GrŸnewald, La Crucifixion, on ne voit rien que lÕangoisse et lÕannihilation. La mort dÕun corps sans ‰me. Dans lÕorthodoxie, nous prŽfŽrons employer le terme de ŅsÕendormirÓ, parce que la mort est Žternelle, elle est un ŅsommeilÓ dont nous ne nous rŽveillerons jamais, mais le Christ a vaincu la mort sur la Croix, ce qui signifie que notre ŅendormissementÓ (dormition) nÕest que temporaire, exactement comme lorsque nous allons au lit la nuit pour dormir. Nous nous rŽveillerons non seulement ˆ un nouveau jour, mais ˆ une nouvelle vie, o il nÕy a plus de corruption, ni de mort, exactement comme le montre lÕiconographie.

Ic™ne de la Descente de la Croix

Ic™ne de la Descente de la Croix (Žpitaphion)

           Sur les ic™nes orthodoxes de la Crucifixion et de la Descente de la croix, tous les personnages, le Christ Lui-mme, lÕEnfantrice de Dieu et tous les autres qui y sont reprŽsentŽs offrent une expression minimale. Une des fonctions primordiales de lÕic™ne est de ne pas montrer de passions, mais lÕimpassibilitŽ. Elle nÕest pas censŽe tre thŽ‰trale et mondaine, mais humble et empreinte de dignitŽ. LÕabsence des passions est le chemin qui mne au salut.

            Sur toutes les deux ic™nes : de la Crucifixion et de la Descente de la Croix, le Christ para”t comme si ˆ tout moment Il pouvait ressusciter. Le voir sur la Croix est, certes, un sujet de tristesse aux fidles, mais ce nÕest pas la souffrance du dŽsespoir qui vient de la mort, mais comme le dit Photios Kontoglou :

            Éune tristesse en Christ, qui est une affliction mlŽe dÕespŽrance et que les pres appellent Ņla tristesse qui apporte la joieÓ ou Ņle deuil joyeuxÓ.
           
            De mme, saint Paul nous dit : ŅÉla tristesse selon Dieu produit une repentance ˆ salut dont on ne se repent jamais, tandis que la tristesse du monde produit la mortÓ (2 Co 7,10).

            La reprŽsentation de la Crucifixion sur une ic™ne orthodoxe engendre lÕespŽrance, elle accorde ˆ lՉme chrŽtienne la rŽdemption, la componction, le pardon de la part de Dieu pour nous et nos pŽchŽs.
ressurection
ressurection
Une ĒRŽsurrectionČ occidentale
Ic™ne de la RŽsurrection 
 

    Parmi ceux qui ont entrepris ˆ pratiquer lÕiconographie traditionnelle, certains y ont mlŽe lÕart du portrait. Cette corruption vient de lÕinfluence occidentale. Cette perversion de lÕiconographie est appelŽe Ņiconographie nouveau styleÓ. Il existe aussi un mariage entre lÕiconographie traditionnelle et lÕart de la Renaissance, mariage dž Žgalement ˆ lÕinfluence occidentale; c'est un vulgarisme appelŽ Ņstyle douxÓ. Tous ces deux styles ŅiconographiquesÓ sont lˆ pour plaire au regard occidental, qui ne veut pas de la sŽvŽritŽ dÕun Christ Juge, ni des saints qui montrent la sobriŽtŽ de lÕascse, que nous devons mener rŽellement pour gagner le ciel.

http://www.traditionaliconography.com/webgalleryart.html : Paul Azkoul

sentence

Soixante-dix fois sept fois ŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹ Ź

Pre Anthony Gavalas


Au Nom du Pre et du Fils et du saint Esprit.Ź
ŹŹŹŹŹ La parabole dÕaujourdÕhui suit comme une amplification dÕune rŽponse que notre Sauveur donna ˆ saint Pierre quand celui-ci Lui demanda : ĒSeigneur, combien de fois pardonnerai-je ˆ mon frre, lorsquÕil pŽchera contre moi ? Sera-ce jusquՈ sept fois ?ČŹ Et notre Seigneur lui dit : ĒJe ne te dis pas jusquՈ sept fois, mais jusquՈ septante fois sept fois !Č.
ŹŹŹŹŹ Or, notre Seigneur savait trs bien que nous nÕallions pas dŽnombrer et nous asseoir et compter Š encore que je sois sžr quÕil y a des gens qui peut-tre le feraient É quatre cent quatre-vingt-dix fois. Le nombre quÕIl donna ˆ Pierre Žtait un de ces nombres qui, dans les saintes ƒcritures, signifie un nombre infini, un trs grand nombre. Et cÕest cela que notre Sauveur voulait affirmer, car ce sujet du pardon est au centre du message de JŽsus Christ; ce nÕest pas quelque chose dÕapposŽ comme une pensŽe aprs-coup, comme un appendice. Il s'agit du pardon mutuel entre nous, entre nous qui sommes enfants de Dieu, et de nous, enfants de Dieu, au monde Žlargi. Car nous ne devons jamais nous limiter nous-mmes, dans une telle vertu, ˆ la famille de Dieu, ˆ ces personnes qui sont de lՃglise. Car cÕest une de ces vertus qui doit tre Žtendue par nous ˆ chaque tre humain vivant, ˆ chaque personne qui a jamais vŽcu; nous devons Žtendre cette notion du pardon ˆ chacun. Et nous devons le faire en sachant quÕil est central et fondamental ˆ notre salut, non pas quelque chose que nous pouvons prendre ˆ la lŽgre, quelque chose que nous pouvons prendre ou laisser au grŽ de notre volontŽ. Ce nÕest pas optionnel. CÕest central ˆ notre salut.
ŹŹŹŹŹ Notre Seigneur a rendu Žvident que cÕest central, en faisant de la parabole une image du royaume des cieux. Il a dit que le royaume des cieux est semblable ˆ cela, et Il continue en disant la parabole que nous avons entendue aujourdÕhui. La parabole dans laquelle le Roi, qui nÕest autre que la sainte TrinitŽ, remet une grande dette due par un serviteur, une dette Žnorme, car nous avons tous pŽchŽ. Notre saint pre, lÕap™tre Paul dit : ĒNous avons tous pŽchŽ et sommes privŽs de la Gloire de Dieu.ČŹ Nous avons tous pŽchŽ, et quand nous pŽchons contre la Loi de Dieu, contre la VolontŽ de Dieu, nous pŽchons infiniment. Car la VolontŽ de Dieu nÕest pas comme la volontŽ de lÕhomme, et la Loi de Dieu nÕest pas comme les lois faites par lÕhomme, mais cÕest la VolontŽ de Dieu et la Loi de Dieu. Nos pŽchŽs sont donc Žnormes, en dŽpit de ce que nous pouvons penser dÕeux, c'est-ˆ-dire quÕils sont petits. ŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹŹ
ŹŹŹŹŹ Ayant ŽtŽ pardonnŽs pour ces grands, ces extraordinaires, ces infiniment terribles pŽchŽs, quelle devrait tre notre rŽponse ˆ Dieu, si ce nÕest une de reconnaissance; quelle devrait tre notre rŽponse ˆ notre Sauveur, si ce nÕest une de gratitude; quelle devrait tre notre rŽponse, si ce nÕest de vouloir rŽpondre, de vouloir rendre cette faveur du pardon de la meilleure faon que nous puissions ?
ŹŹŹŹŹ Dieu nÕa pas besoin de notre pardon; Dieu nÕa pas besoin de notre patience; Dieu nÕa besoin de rien de nous. Mais ce quÕIl veut de nous Š et cÕest central ˆ notre salut Š c'est que nous nous pardonnions les uns aux autres. Et Il ramne le tout ˆ ses justes proportions. Les pŽchŽs quÕIl nous a pardonnŽs sont Žnormes; ils sont mille talents. Mille talents, cÕest une trs, trs grande somme dÕargent. Et les pŽchŽs que les personnes ont commis contre nous, comment sont-ils ? Ils sont quelques sous. CÕest trs clairement que notre Seigneur compare les offenses que nous commettons contre Lui et les offenses que nous commettons les uns contre les autres. Il veut que nous nous pardonnions les uns aux autres. Il veut que nous pardonnions toutes les offenses, toutes les injustices, toutes les insultes, tous les affronts, tous les dommages.
ŹŹŹŹŹ Mais quelle est notre rŽponse quand nous sommes offensŽs ? Nous le prenons tellement ˆ cĻur. QuelquÕun manque de nous saluer, quelquÕun nous a cožtŽ un emploi ou de lÕargent, quelquÕun a contestŽ notre rŽputation, quelquÕun a dit quelque chose de peu gentil ˆ propos dÕun membre de notre famille, quelquÕun nous a volŽs. Et oubliant les grandes offenses qui nous ont ŽtŽ pardonnŽes, nous n'en tenons aucun compte, et rendons la pareille ˆ ceux qui nous ont offensŽs. Nous rŽpondons avec amertume, et avec duretŽ, nous disons des mots durs, et nous justifions, et montrons tous les autres fruits de notre orgueil. Parce que chaque fois que nous rŽpondons ˆ une insulte ou ˆ une blessure avec autre chose que le pardon, nous rŽpondons par notre orgueil. Nous agissons comme si nous Žtions quelquÕun qui mŽrite dՐtre mieux traitŽ, et nous oublions notre dette et notre misre devant Dieu.
ŹŹŹŹŹ Un homme humble ne peut tre vexŽ par personne. Un homme humble ne peut pas tre insultŽ; un homme humble ne peut pas tre peinŽ; un homme humble ne peut pas tre troublŽ. Un homme humble rŽpond comme ce grand abba, ce vŽnŽrable pre du dŽsert, Mo•se lՃthiopien. Mo•se Žtait un homme terrible avant quÕil ne se fžt converti ˆ la Foi. Il Žtait Žthiopien, un homme noir; il Žtait le chef dÕune bande de voleurs, dÕune bande de bandits de grand chemin, un homme violent, un homme tellement fŽroce et tellement craint que son biographe nous dit qu'il suffisait aux gens de le regarder seulement, et ils tremblaient tellement quÕils en perdaient leurs dents. Et quand il est devenu chrŽtien, et moine, sa stature Žtait telle, et son humilitŽ Žtait telle, quÕil est devenu renommŽ parmi les pres vŽnŽrables de son temps.ŹŹŹŹŹŹŹ
ŹŹŹŹŹ Il avait ŽtŽ ordonnŽ prtre, et certains pres voulaient tester exactement ˆ quel point cette humilitŽ Žtait vraiment allŽe jusquՈ la moelle des os, si cette humilitŽ avait rŽellement pris racine dans cet ancien bandit de grand chemin. Il y avait un jour alors, o il devait y avoir une grande concŽlŽbration des prtres parmi les pres. Et saint Mo•se alla dans le sanctuaire pour mettre ses vtements sacerdotaux de mme que les autres pres. Et comme les autres pres voulaient lՎprouver, un des pres lui dit : ĒQue fais-tu ici ? Sors de lˆ ! Tu as lՉme est aussi noire que la peau ! Tu nÕas pas de place ici dans le sanctuaire de lՃglise.Č Et Mo•se ne fut pas le moins du monde offensŽ. Il prit ses vtements sacerdotaux, il les mit en petit paquet, et on lÕentendit dire comme il quittait le sanctuaire : ĒTu sais, ils ont absolument raison. Je nÕai pas commencŽ ˆ me repentir. Je ne suis qu'un ngre. Ils ont bien fait de me renvoyer.Č
ŹŹŹŹŹ Qui parmi nous aurait rŽpondu dÕune telle faon ? Qui parmi nous aurait vu cette insulte comme une occasion de nous examiner nous-mmes encore une fois et de pardonner, pardonner, et pardonner ? Parce que, mes frres et sĻurs bien-aimŽs, cet enseignement du pardon est central ˆ notre salut. Notre Sauveur Lui-mme a montrŽ du pardon quand Il Žtait ici sur la terre, nous donnant un exemple. Quand Il passa dans un village qui refusa de LÕaccepter, ses disciples Jacques et Jean dirent : ĒPourquoi ne faites-vous pas descendre des Žclairs et pŽrir ces hommes pour leur insolence ?Č CÕest de lˆ que Jacques et Jean reurent le nom par lequel ils sont connus, les Fils du Tonnerre.
ŹŹŹŹŹ Et notre Sauveur leur dit :ŹĒJe suis venu, non pour faire pŽrir les hommes. Je suis venu pour les sauver.Č Et mme sur la Croix, o Il fut maltraitŽ jusquՈ la mort, notre Sauveur dit : ĒPre, pardonne-leur, car ils ne savent ce quÕils font.Č
ŹŹŹŹŹ Mes frres et sĻurs bien-aimŽs, notre jour entier, chaque jour de notre vie doit tre un pour le pardon, et le pardon et le pardon. Car autrement, comme nous disons nos prires le soir, et nous gardons rancune ˆ quelquÕun, et nous portons encore des blessures et de la colre, comment pouvons-nous dire sans trembler de peur :ŹĒEt remets-nous nos dettes, comme nous remettons ˆ nos dŽbiteursČ, alors que nous disons la prire du Seigneur comme partie de nos prires du soir ? Car dans cette prire seule, nous donnons ˆ Dieu la permission de nous pardonner comme nous pardonnons aux autres. Et si nous nÕavons pas pardonnŽ aux autres, comment nous couchons-nous, sachant que du fait de notre manque de pardon, Dieu ne nous a pas pardonnŽ ?
ŹŹŹŹŹ Le caractre essentiel de cet enseignement, lÕimportance de cet enseignement, ne peut pas tre exagŽrŽ. Que ce ne soit donc pas considŽrŽ comme une sorte dÕhistoire morale que je vous raconte, une sorte de conte Ždifiant. Cela est la thŽologie sous la forme la plus pure; cela est la comprŽhension de la VolontŽ de Dieu et la comprŽhension ˆ propos de Dieu, de la manire la plus utile possible. Car ce nÕest pas de la spŽculation, et a ne traite pas de ces vŽritŽs sublimes, ŽlevŽes, dont nos saints pres Žtaient capables de traiter, et quÕils ont essayŽ dÕexpliquer ˆ nous dÕhumble intelligence. Cela est quelque chose que chacun de nous comprend. Maintenant cÕest ˆ nous de le mettre en pratique. QuelquÕun vous a chagrinŽ, quelquÕun vous a insultŽ, quelquÕun vous a causŽ une grande perte. Par comparaison avec les pŽchŽs que nous avons commis contre la loi de Dieu, cÕest des sous. Et nous devons pardonner si nous nous attendons ˆ tre pardonnŽs. Car cela est la VolontŽ de Dieu; cela est son enseignement; c'est lˆ ce que nous devons comprendre afin que nous puissions tre sauvŽs, afin que nous puissions aller aux cieux, afin que nous puissions tre en compagnie de la sainte TrinitŽ et les saints.
A notre Dieu en TrinitŽ qui nous a sauvŽs, le Pre, et le Fils, et le saint Esprit, est la gloire et lÕhonneur dans les sicles des sicles. Amen.Ź     

sentence

 

L'ICļNE DE L'ANNONCIATION

ic™neCe texte illustre ce que l'ic™ne reprŽsente. Tout est centrŽ sur l'Incarnation du Fils de Dieu : c'est le message essentiel. Il y a trois sujets : la descente de l'Esprit saint Š symbolisŽe par les rayons et le demi-cercle, Š la Toute-Sainte et l'ange Gabriel. Tout cela se passe devant des b‰timents alogiques et bizarres. MalgrŽ le fait que l'ŽvŽnement historique se dŽroulait ˆ l'intŽrieur de l'habitation, sur l'ic™ne, qui transcende l'espace et le temps, tout se joue ˆ l'extŽrieur et non enfermŽ dans des murs.
L'ange est en mouvement, envoyŽ par Dieu, afin d'apporter le message ˆ la Vierge Marie. Dans la main gauche il tient un b‰ton sur lequel est enroulŽ le message, et le geste de sa droite signifie qu'il parle. Ses ailes sont dŽployŽes pour montrer qu'il n'est pas statique mais en mission.
La Mre de Dieu, de son c™tŽ, est assise, tenant une pelote dans la main gauche. Selon la Tradition, elle Žtait en train de filer du pourpre pour le Temple. Le geste de sa droite indique sa prudence concernant l'annonce de l'ange et en mme temps, l'inclination de sa tte indique son consentement ˆ l'Žconomie divine, Š son Fiat. ĒJe suis la servante du Seigneur, qu'il m'advienne selon ta parole.Č La Vierge est prudente car elle se rappelle la premire éve, qui s'Žtait laissŽe sŽduire par un autre ange, ce qui a entra”nŽ la chute de l'humanitŽ. La prudence de Marie, par contre, sera le dŽbut de notre salut. L'ange baisse aussi le regard, par respect envers la Toute-Sainte, dont il devine le mystre et la grandeur. Le fait d'tre assise montre la supŽrioritŽ de la Vierge.
La Gr‰ce de l'Esprit saint est symbolisŽe par deux fois : par la nappe suspendue sur les murs et par le rayon qui sort d'un demi-cercle. Peindre une colombe dans le rayon est une erreur, car l'Esprit saint n'est pas une colombe. Il est apparu une fois sous forme de colombe, lors du baptme du Christ, et nulle part ailleurs, et une autre fois sous la forme de langues de feu lors de la Pentec™te mais uniquement ˆ ce moment-lˆ. Pendant l'Annonciation il restait invisible et le rayon n'est que symbolique !

hm. Cassien

tropaire

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