NUMÉRO 116
MARS 2008

Bulletin des vrais

chrétiens orthodoxes

sous la juridiction de

S. B. Mgr. Nicolas

archevêque d'Athènes

et primat de toute la Grèce

Hiéromoine Cassien
Foyer orthodoxe
F 66500 Clara
Tel : 00 33 (0) 468961372
cassien@orthodoxievco.fr

 SOMMAIRE

Saint Lazare dans lÕEcriture et la Tradition

LES PERES DE EGLISE : Saint Denys dÕAlexandrie

DE LA VIE DE SAINT DIONYSE DE ZAKINTHE

Sermon pour le dimanche des Anctres

Sainte Piroska ou sainte impŽratrice Irne-XŽnie

DE LA CULTURE DE L'åME ET DE L'ESPRIT

Sermon du bon Samaritain


NOUVELLES
Le 7 (20) dŽcembre, notre fidle, Brigitte Gasparini, nous a quittŽs pour une meilleure vie, aprs des annŽes de maladies. Que le Seigneur lui accorde la paix Žternelle !
Je viens de rentrer dÕAfrique, sans palu mais bien fatiguŽ.
Notre fidle Boniface de Makak, nous a quittŽ pour lÕautre vie, juste avant mon arrivŽe.

Cameroun
ermitageLes travaux au foyer ont continuŽ un peu : On a construit un ermitage, dŽdiŽe ˆ saint Chariton, o jÕhabiterai lors de mes sŽjours.
cabaneLa cabane pour les volailles a ŽtŽ clo”trŽe autour et aussi dessus. Ainsi les rapaces nous laisseront tranquilles et lՎlevage pourra enfin prospŽrer. La deuxime voiture est arrivŽe par bateau ; son contenu nous est trs utile au foyer (vtements,outils, etc.) et ds que cette voiture sera vendue les travaux dans les paroisses pourront continuer.


Congo
CongoPar ailleurs, jÕai ŽtŽ une semaine au Congo (Brazzaville) o il faudra aussi travailler : Il y a deux prtres et 50 fidles qui veulent rejoindre notre ƒglise.
Lors des agapes au Congo


Je suis encore pour deux semaines ici en France et ensuite je retournerai en Grce. Je ne serai plus ˆ Thessalonique car le pre Elie va mieux. Normalement je serai ˆ Athnes, ˆ Peristeri. Le tŽlŽphone :

0030 6949577884

Je vous souhaite dŽjˆ un bon Carme.
Dans lÕamour du Christ,
hm. Cassien

 

Saint Lazare dans lÕEcriture et la Tradition

BŽthanie, ŅMaison des PalmesÓ en hŽbreu, fut connue historiquement comme la ville o habitait Lazare, lÕami du Christ. CՎtait un des endroits que JŽsus aimait et visitait souvent. La raison en Žtait le lien dÕamour et dÕamitiŽ que le Christ avait avec la famille de Lazare, et avec le lŽpreux, qui, dÕaprs de nombreux tŽmoignages, Žtait le propre pre du saint. LÕhistoire de la visite du Seigneur ˆ la maison de Marthe et Marie, les soeurs de Lazare, est bien connue. Le passage de lՎvangile relate que Marthe Ņservait le SeigneurÓ, tandis que Marie Žtait assise Ņaux Pieds de JŽsus et Žcoutait sa ParoleÓ (Lc 10,38-42). Cependant, lՎvŽnement qui apporta la gloire ˆ BŽthanie fut la rŽsurrection de Lazare (JnŹ11,1-44), par laquelle le Christ prŽfigura sa propre RŽsurrection des morts. Pour cette raison, lÕhymnologie du Samedi de Lazare met lÕaccent en premier lieu sur le mystre de la rŽsurrection gŽnŽrale et ensuite sur la commŽmoration du saint. Comme on pouvait sÕy attendre, le miracle de la rŽsurrection de Lazare enflamma les Juifs et Ņles archiprtres conspirrent pour tuer LazareÓ (Jn 12,11), puisquÕil Žtait la preuve vivante du miracle. Donc, le saint, poursuivi par les Juifs, sÕenfuit ˆ lՔle de Chypre, o il rencontra plus tard les ap™tres Paul et BarnabŽ, qui le sacrrent premier Žvque de Kition. La Tradition nous apprend quÕil avait un tempŽrament sŽrieux et que lÕon ne lÕavait pas vu sourire le reste de sa vie; cՎtait ˆ cause de ce quÕil avait vu pendant les quatre jours de sa descente en enfer. Selon la mme Tradition, il ne sourit quÕune seule fois aprs sa rŽsurrection, et cՎtait lorsquÕil vit quelquÕun voler un vase en argile, et quÕil en fit la remarque judicieuse : Ņde lÕargile volŽ par lÕargileÓ. Une autre lŽgende lie le saint aux marais salants de Larnaca. Au temps du saint, il y avait une vigne immense ˆ lÕendroit o se trouvent actuellement des marais salants. Une vieille femme Žtait la propriŽtaire de cette vigne. Quand le saint passait par lˆ lors de son arrivŽe ˆ la citŽ, il demanda ˆ la dame quelques grains de raisin pour Žtancher sa soif. La vieille dame refusa et un Lazare affligŽ maud”t la vigne, qui se transforma aussit™t en un marais salant. Selon une autre lŽgende, elle tenait un grand panier plein de raisins quÕelle venait de vendanger. Elle rŽpondit ˆ la requte du saint que le panier contenait du sel, donc le saint la pun”t en consŽquence. Une autre lŽgende, se trouvant dans le Synaxaire de Constantinople, dit quՈ cet endroit il y avait un lac dÕeau douce, disputŽ par deux frres en grande querelle ˆ son sujet. Pour rŽsoudre leur problme, le saint, par sa prire, transforma le lac en marais salant. Dans les annales de la sainte Montagne, on peut dŽcouvrir un rapport direct entre Chypre, saint Lazare, le Mont Athos et lÕEnfantrice de Dieu. La Mre du Seigneur, accompagnŽe de saint Jean le ThŽologien, en route vers le Mont Athos, rencontra saint Lazare en passant par Kition, et lui donna un omophore et des manchettes. Selon saint Epiphane, Žvque de Constantia ˆ Chypre (367-403), le juste Lazare vŽcut encore trente ans aprs sa rŽsurrection. ŅNous savons dÕaprs la Tradition que Lazare avait trente ans lorsquÕil fut ressuscitŽ, et que, aprs avoir vŽcu trente annŽes de plus, il sÕendormit dans le Seigneur.Ó Une source ecclŽsiastique venant dÕAntioche mentionne la mort du saint comme martyr. Le saint fut enseveli dans un sarcophage en marbre portant lÕinscription : ŅLazare le mort-de-quatre-jours et ami du ChristÓ. La tombe fut dŽplacŽe plus tard dans une petite Žglise. Le transfert des reliques sacrŽes de saint Lazare de Kition ˆ Constantinople, cŽlŽbrŽ le 17 octobre, eut lieu en 890 sur lÕordre de lÕempereur LŽon VI, connu comme Ņle SageÓ. En Žchange du transfert des reliques ˆ Constantinople, LŽon VI envoya de lÕargent et des artisans ˆ Chypre, pour la construction de la grande Žglise dŽdiŽe au saint, Žglise qui existe encore de nos jours ˆ Larnaca. En plus, LŽon VI fit construire ˆ Constantinople un monastre dŽdiŽ au juste Lazare, o il plaa ses reliques. Plus tard, les reliques de sainte Marie Madeleine furent transfŽrŽes dÕEphse dans ce mme monastre. Pendant lՏre byzantine, il Žtait de coutume que lÕempereur lui-mme y assiste aux offices monastiques le samedi de la RŽsurrection de Lazare. Sur les saintes reliques Les reliques sacrŽes du saint avaient dž tre transfŽrŽes ˆ Constantinople dans le sarcophage dÕorigine. CÕest confirmŽ par le fait que le sarcophage de marbre qui se trouve aujourdÕhui sous lÕautel de lՎglise Saint-Lazare de Larnaca porte lÕinscription ŅPHILIOUÓ (cÕest-ˆ-dire ŅDE LÕAMIÓ), tandis que lÕancien portait ŅLazare le mort-de-quatre-jours et ami du ChristÓ. st. LazareLe 23 novembre 1972, une ch‰sse en bois fut trouvŽe dans le sarcophage existant, contenant des parties des reliques sacrŽes du juste Lazare. Cela montre que les fidles de Kition nÕavaient pas donnŽ toutes les reliques ˆ lÕempereur, mais seulement les plus grandes parties. A un moment ultŽrieur, les fidles cachrent le sarcophage sous le saint autel, o il resta jusquՈ son invention en 1972. Les croisŽs volrent les reliques de saint Lazare transfŽrŽes ˆ Byzance, pendant le sac de Constantinople en 1204, avec beaucoup dÕautres saintes reliques. On a cherchŽ ces reliques-lˆ en vain et elles nÕont pas ŽtŽ retrouvŽes jusquՈ ce jour. LՎglise Saint-Lazare de Larnaca, Chypre LՎglise Saint-Lazare fut construite par lÕempereur LŽon VI aux environs de 890. Elle fut b‰tie sur la tombe de saint Lazare en remplacement dÕune Žglise plus petite. Elle est de style byzantin, avec trois nefs et trois coupoles, mais ces dernires furent dŽtruites pendant lÕoccupation ottomane. Selon la lŽgende, les coupoles furent dŽtruites par un potentat turc, qui, voyant lՎglise de loin, pensa que cՎtait une mosquŽe et se mit en prire devant elle. Aprs sՐtre approchŽ et sՐtre rendu compte que cՎtait une Žglise chrŽtienne, il se mit en colre et ordonna sa dŽmolition. LÕextŽrieur de lՎglise montre beaucoup dÕinfluences occidentales. Un trait majeur de cette influence est son clocher Žnorme. Pendant lÕoccupation franque, lՎglise fut transformŽe en un monastre de moines bŽnŽdictins et pendant lÕoccupation turque en une mosquŽe. En 1589 lՎglise fut rachetŽe par les orthodoxes. Au mme moment, on accorda aux Latins le droit de se servir de la nef du Nord les jours de fte de saint Lazare et de sainte Marie Madeleine. Une crypte qui abrite le sarcophage contenant les reliques du saint se trouve sous le saint autel. Les fresques qui ornaient les murs de lՎglise ne se sont pas conservŽes ˆ cause de la forte humiditŽ de la rŽgion. Ce quÕil y a ˆ voir dans lՎglise est son iconostase en bois, sculptŽe et recouverte dÕor en 1773. Elle est dÕune facture exquise : une des plus belles de Chypre. LÕic™ne la plus prŽcieuse de lՎglise est celle reprŽsentant saint Lazare comme Žvque, portant un Ņphelonion couverts de croix multiplesÓ. La cŽlŽbritŽ de lՎglise sÕest rŽpandue au-delˆ de lՔle de Chypre gr‰ce aux nombreux miracles que le saint y opre tous les jours. Des livres du 16e au 18e sicles tŽmoignent du fait que des plerins allant en Terre Sainte complŽtaient leur plerinage par la visite de lՎglise Saint-Lazare de Chypre.

lÕoriginal grec Žcrit par p. Lazaros Georgiou

Ce nÕest pas la nourriture qui est un mal, mais la gourmandise, ni la procrŽation des enfants, mais la luxure ; ni les richesses, mais l'avarice ; ni la gloire, mais la vaine gloire. Par consŽquent, rien de ce qui est n'est mauvais, mais seulement l'abus, suite de la nŽgligence de notre esprit ˆ se cultiver selon la nature.
saint Maxime le Confesseur


LES PERES DE EGLISE (suite)


Saint Denys dÕAlexandrie (cca 190-264)
FtŽ le 3 octobre
Peu connu aujourdÕhui, si ce nÕest comme lÕun des successeurs les plus immŽdiats dÕOrigne ˆ la tte du DidascalŽe dÕAlexandrie, le nom de ce saint Žvque a brillŽ longtemps du plus vif Žclat. Pre douŽ dÕun grand discernement, vertu quÕil exerait particulirement dans son gouvernement, pasteur simple et cultivŽ, dŽfenseur des plus faibles et des plus petits parmi son troupeau, il a joui parmi ses contemporains dÕune universelle considŽration. On retrouve son nom partout au milieu du 3e sicle, comme celui de lÕun des personnages les plus influents dans la vie ecclŽsiale de cette Žpoque. Raison pour laquelle il fut appelŽ longtemps Denys-le-Grand.
Il naquit vers lÕan 190. Ses parents Žtaient pa•ens. Dieu mit en son cĻur le dŽsir et lÕamour de la vŽritŽ. Aussi, cÕest ˆ cette qute que se mit le jeune Denys, et par de longues Žtudes et par de profondes mŽditations, jusquՈ ce que DieuŹajoute son nom ˆ lՃglise. La date exacte de sa conversion nÕest pas connue, mais lÕon peut penser, en considŽrant les dates des autres ŽvŽnements de sa vie, quÕil avait probablement alors entre trente et quarante ans. CÕest trs certainement juste aprs son baptme (voire avant) quÕil se mit ˆ suivre les leons dÕOrigne. Ce fut sžrement un Žlve brillant de la cŽlbre Žcole qui reut lÕordination sacerdotale vers les annŽes 230. Il fut sžrement distinguŽ par son zle puisque, ds 231-232, il prit la conduite du cŽlbre DidascalŽe dÕAlexandrie, succŽdant ˆ HŽraclas. Sa rŽputation en vertu et en savoir dut encore grandir puisquÕen 248-249, il devenait Žvque de cette prestigieuse mŽtropole.
Ė partir de ce moment-lˆ, la vie de Denys sÕidentifia avec celle de lՃglise dÕAlexandrie. Ds lors, son existence ne fut quÕun stade ascŽtique de lutte contre les persŽcutions impŽriales, les hŽrŽsies naissantes, sans oublier les Žpreuves temporelles comme les guerres, les famines, les ŽpidŽmies terribles comme celle de la peste.
CÕest ainsi que peu de temps aprs son ŽlŽvation ˆ lՎpiscopat, Denys eut ˆ affronter les persŽcutions de Dce qui, en deux ans (de 251 ˆ 253)Źcouvrit de sang toute lՃglise de Dieu, comme lՎcrivit Lactance. Denys eut mme ˆ souffrir dÕune annŽe supplŽmentaire de tourments, puisque les prŽmices de ces Žpreuves commencrent ˆ Alexandrie ds 250. Le saint Žvque raconta lui-mme comment il Žchappa miraculeusement ˆ la mort. Cette lettre est citŽe au chapitre 40 du 6e livre de lÕHistoire ecclŽsiastique dÕEusbe. Ė Rome aussi la persŽcution sŽvit avec violence et le saint patriarche romain Fabianus fut martyrisŽ aprs avoir occupŽ le sige orthodoxe de cette ville impŽriale pendant treize ans. Denys resta en relations avec le clergŽ de la ville de Rome depuis le martyre de Fabianus. Il adressa, par Hippolyte, une Lettre aux frres habitants de Rome, au sujet de lÕoffice de diacre et deux autres encore, respectivement sur la paix et sur la pŽnitence.
En lÕan 252, surgit dans lՃglise locale de Rome le schisme des novatiens (du nom de leur chef, Novatianus). Denys fut contactŽ par ce schismatique orgueilleux. Ce nouveau pharisien essaya de le tromper, mais, dans sa rŽponse, le docte Žvque dÕAlexandrie sut le remettre ˆ sa place. Il rŽtablit la vŽritŽ au sujet du poids insupportable que Novatianus voulait mettre sur les Žpaules des repentants, et traita tout naturellement des pŽnitences que lÕon devait imposer aux lapsi (cÕest-ˆ-dire ˆ ceux qui sont tombŽs pendant la persŽcution). CÕest ˆ propos des rgles ˆ suivre pour de telles pŽnitences que Denys Žcrivit une lettre ˆ tous les Žvques dՃgypte, dans laquelle il distingue plusieurs degrŽs entre les coupables, en indiquant pour chaque catŽgorie de pŽcheurs la pŽnitence qui convenait. En tout et pour tout, il rŽdigea au moins douze lettres sur le sujet du novatianisme. Il adressa spŽcialement ˆ Conon, Žvque dÕHermopolis son livre ĒDe la pŽnitenceČ. Novatianus fut condamnŽ par un synode de lՃglise de Rome. Denys intervint avec sagesse et charitŽ en Žcrivant aux confesseurs de Rome qui sՎtaient laissŽ sŽduire par lÕhŽrŽsiarque qui dissimulait son erreur sous le masque dÕune plus grande fermetŽ, afin de les engager ˆ revenir de leur Žgarement. Il eut la joie de leur envoyer, par la suite, deux lettres de fŽlicitations aprs leur retour ˆ lՃglise.
LÕautoritŽ morale de Denys Žtait alors trs grande. Les ArmŽniens, les Laodiciens, aussi bien que les ƒglises occidentales, recevaient ses lettres avec respect. Denys participait ˆ lÕexamen de toutes les questions qui sՎlevaient. Ainsi, il Žcrivit dix-sept lettres touchant le baptme des hŽrŽtiques. Dans la premire de ses lettres aux Žvques de Rome ƒtienne et Xistus, Denys ne para”t pas avoir pris de dŽcision dans la question agitŽe. Trs sagement, il reconnaissait que le baptme des hŽrŽtiques avait ŽtŽ de tout temps rejetŽ par plusieurs ƒglises locales, et il mentionne les conciles dÕIcone et de Synnade qui lÕavaient condamnŽ.
Dans ces mmes lettres, ce confesseur sՎlve contre plusieurs hŽrŽsies et particulirement celle de Sabellius. Cette hŽrŽsie sÕinsinuait avec perfidie dans l'ƒglise depuis prs dÕun demi-sicle. On lÕavait enseignŽe ˆ PtolŽma•s en Libye supŽrieure et Denys eut dÕautant plus ˆ sÕen prŽoccuper quÕil avait une haute surveillance Žpiscopale ˆ exercer sur cette contrŽe. Selon les termes du saint Žvque dÕAlexandrie, cette hŽrŽsie blasphŽmait le Dieu tout-puissant, Pre de notre Seigneur JŽsus Christ, son Fils uniqueÉ, le Verbe qui a habitŽ parmi les hommes, et le saint Esprit. Sabellius prŽtendait que Dieu, ayant une seule essence, ses PersonnalitŽs nՎtaient pas rŽelles; quÕelles nÕexprimaient quÕune manifestation diffŽrente de la seule et unique Personne qui Žtait en Dieu.
Entre 257 et 262, Denys sÕappliqua ˆ lutter contre ce nouveau flŽau qui ravageait lՃglise de Dieu, Žcrivant des lettres pour expliciter la vraie foi qui distinguait les trois Personnes de la TrinitŽ en Dieu. Vers cette mme Žpoque, le saint Žvque publiait aussi une Lettre canoniqueŹadressŽe ˆ lՎvque Basilids, qui lÕavait consultŽ sur plusieurs points de discipline. Cette lettre a toujours ŽtŽ regardŽe par lՃglise orthodoxe comme faisant partie de sa collection canonique, o elle a ŽtŽ divisŽe en quatre canons ˆ propos de la durŽe du Carme et de la puretŽ du corps avant la divine communion.
Aprs avoir sŽvi contre les hŽrŽsiarques obstinŽs comme Sabellius, Denys montra un zle ŽclairŽ et un discernement aigu pour convaincre de leurs erreurs les millŽnaristes de son temps. Ces derniers avaient abandonnŽ depuis longtemps le millŽnarisme impur qui promettait aux Žlus, pendant le rgne terrestre millŽnaire de JŽsus Christ, des jouissances matŽrielles. Toutefois, de pieux fidles croyaient encore ˆ lÕAvnement glorieux du Christ qui rgnerait mille ans sur la terre avec les Žlus. Parmi eux un Žvque Žgyptien nommŽ NŽpos enseignait de bonne foi cette erreur. Il avait fait de nombreux partisans. Aprs la mort de celui-ci, Denys se rendit ˆ ArsinoŽ, o ils Žtaient nombreux, pour les Žclairer. Il Žcouta leurs objections, admit le vrai de leurs opinions et rŽfuta ce qui Žtait inexact. Son zle toucha leur cĻur, qui se tourna vers la vŽritŽ. Leur chef, un nommŽ Korakios, se rendit de bonne foi aux Žclaircissements donnŽs par le docte Žvque dÕAlexandrie. Pour que cette discussion fžt utile ˆ tous, Denys la mit par Žcrit en deux livres, quÕil intitulaŹDes promesses, et dans lesquels il eut pour principal but de rŽpondre au livre millŽnariste de NŽpos, intitulŽŹRŽfutation des allŽgoristes. La manire chrŽtienne dont il parle de lÕauteur est ˆ lÕavantage de lÕun et de lÕautre. Il ne flatte pas lÕerreur, mais il ne traite pas lÕhomme avec injustice. Son discernement Žvite tout ce qui pourrait faire croire que la vŽritŽ et lÕerreur sont sur un pied dՎgalitŽ et que ce sont lˆ choses indiffŽrentes, mais il sait rendre hommage aux vertus dÕun homme qui a errŽ de bonne foi. Il en Žtait certain, puisquÕil Žcrivit alorsŹ: ĒJe loue NŽpos et je lÕaime, tant ˆ cause de sa foi que de son zle pour lՎtude des saintes ƒcritures. Je le loue encore ˆ cause des nombreux cantiques quÕil a composŽs pour tre chantŽs dans lՎglise et qui procurent aux frres tant de bonheur. Je le tiens de plus en grand honneur et vŽnŽration parce quÕil a quittŽ ce monde; mais jÕaime encore plus la VŽritŽ, que lÕon doit, je pense, prŽfŽrer ˆ tout. Nous devons louer sans jalousie et approuver ce quÕil a dit de vrai; mais sÕil a Žcrit quelque chose dÕinexact, nous devons lÕexaminer et le rŽfuter. SÕil Žtait prŽsent et quÕil Žm”t ses opinions de vive voix, il suffirait entre nous dÕune simple confŽrence verbale pour ramener tout le monde ˆ la concorde. Mais comme son livre a ŽtŽ publiŽ et quÕil est trs propre ˆ amener ses lecteurs ˆ ses opinions, nous devons le rŽfuter, afin que lÕon nÕen abuse pas, pour sŽduire des personnes simples et leur enseigner des doctrines contraires aux saintes ƒcrituresČ.
Denys-le-Grand composa plusieurs autres ouvrages dont il ne nous reste plus Š hŽlas Š que des fragments. Dans le chapitre 26 du livre VII de son Histoire ecclŽsiastique, Eusbe en mentionne deux intitulŽsŹ: De la Nature et Des Tentations. LÕhistorien cite aussi plusieurs lettres dogmatiques. Dans les deux livres intitulŽsŹDe la Nature, Denys rŽfute les opinions des philosophes (surtout celles de Porphyre) sur lÕorigine du monde. Il ne reste rien de lÕouvrage intitulŽ Des Tentations.
Peu de temps aprs, Denys allait devoir affronter les deux persŽcutions gŽnŽrales (de 258 ˆ 275) que lՃglise devaitŹsupporter sous les empereurs Valentinus et AurŽlianus. Toutes les provinces de lÕempire en souffrirent. LՃgypte ne fut pas ŽpargnŽe et Denys lui-mme eut beaucoup ˆ souffrir sous le rgne de Valentinus, alors quՃmilianus Žtait prŽfet dՃgypte.
Ce prŽfet fit compara”tre Denys devant lui. Le saint Žvque Žtait accompagnŽ du prtre Maximus et des diacres Faustus, EusŽbius et ChŽrŽmon, ainsi que dÕun chrŽtien de Rome, qui se trouvait alors ˆ Alexandrie. ƒmilianus lÕayant engagŽ ˆ renoncer ˆ JŽsus Christ, Denys rŽpondit par la parole scripturaireŹ: Il faut obŽir ˆ Dieu plut™t quÕaux hommes (Ac 5,29).Ź Puis, aprs avoir Žtabli que le seul vrai Dieu devait tre adorŽ, il ajouta que lÕon ne lÕempcherait pas de se dire chrŽtien. ƒmilianus exila donc Denys et ses compagnons ˆ CŽphro, village rapprochŽ du dŽsert et leur interdit de sÕassembler. Ceux qui restrent ˆ Alexandrie se rŽunirent dans lՎglise comme si lՎvque Žtait au milieu dÕeux. DÕautres le suivirent ˆ CŽphro, lˆ o Denys entreprit dՎclairer les pa•ens de cette localitŽ. Ils lÕaccueillirent avec violence, mais bient™t conquis par le saint Žvque pour le troupeau du Christ, ils confessrent la foi chrŽtienne que personne ne leur avait encore annoncŽe. Denys dut bient™t, et avec peine, quitter CŽphro pour Colluthion, nouvel exil qui lui avait ŽtŽ assignŽ. Ce pays nՎtait habitŽ que par des voleurs, et les routes Žtaient peu sžres. Mais comme ce lieu Žtait plus proche dÕAlexandrie que CŽphro, Denys se consolait en pensant que les fidles de sa mŽtropole pourraient entretenir avec lui des relations plus suivies. Comme pendant la persŽcution de Dce, comme pendant celle de ValŽrianus, Denys eut ˆ subir toutes sortes de violencesŹ: nombreuses comparutions et condamnations devant les tribunaux, confiscation de ses biens, mŽpris et insultes tant de la part du prŽfet que de la part la plus aveugle du peuple. Comme il Žtait souvent obligŽ de fuir et de se cacher, les privations Žtaient son lot quotidien. Les fidles suivaient son exemple, supportant les coups, le fer et le feu, luttant tout comme lui dans le stade de la persŽcution jusquՈ la victoire. CÕest Denys lui-mme qui lÕatteste. Le grand Žvque rendit hommage tout particulirement ˆ Eusbe, qui devint Žvque de LaodicŽe en Syrie. SesŹLettres ˆ EusbeŹrendent hommage Žgalement au prtre Maximus qui lui succŽda plus tard sur le sige dÕAlexandrie et au diacre Faustus qui souffrit le martyre dans un ‰ge avancŽ.
Lorsque ValŽrianus fut fait prisonnier par les Perses, son fils Gallianus arrta la persŽcution et Žcrivit aux Žvques pour les remettre en possession des Žglises. Pendant la durŽe des persŽcutions, Denys avait continuŽ dՎcrire pour dŽfendre la Foi. Ė la paix, il publia plusieurs discours sur la fte de P‰ques et un cycle de huit ans pour calculer le jour o lÕon devait la cŽlŽbrer. Il Žcrivit aussi, pendant la persŽcution, plusieurs lettres aux prtres dÕAlexandrie et ˆ plusieurs autres personnes. Rentrant dans sa ville Žpiscopale aprs ces annŽes troublŽes, il y fut tŽmoin de la plus terrible des guerres civiles, excitŽe par lÕambition dՃmilianus, qui prit alors, comme tant dÕautres, le titre dÕempereur. Les choses en vinrent ˆ un tel Žtat quÕil Žtait plus facile, comme lՎcrivait Denys ˆ lՎvque HiŽrax, dՎcrire une lettre de lÕOrient ˆ destination des pays les plus reculŽs dÕOccident que dÕenvoyer une dÕun quartier dÕAlexandrie ˆ un autre. La peste succŽda ˆ la guerre civile. La P‰que Žtant proche, Denys Žcrivit aux fidles pour les encourager et louer la charitŽ de ceux qui se dŽvouaient pour soigner leurs frres. Beaucoup de chrŽtiens moururent victimes de leur charitŽ, et on les honora comme sÕils Žtaient morts pour la Foi.
Avant de partir de ce monde et de recevoir la couronne Žternelle, Denys eut ˆ dŽfendre la Foi pendant les dernires annŽes de sa vie. Il eut ˆ sÕopposer ˆ un hŽrŽtique dÕautant plus dangereux quÕil occupait le sige Žpiscopal dÕAntioche, lÕun des premiers et des plus considŽrables de lՃglise. Il sÕagissait de lՎvque Paul de Samosate qui, ds son ŽlŽvation ˆ ce sige aprs la mort de DŽmŽtrianus, se mit ˆ tirer les consŽquences de lÕhŽrŽsie de Sabellius sur lÕunitŽ de Dieu.ŹIl enseigna que le Christ nՎtait quÕun homme semblable aux autres hommes et ayant la mme nature quÕeux.
Un concile fut convoquŽ ˆ Antioche mme pour examiner la doctrine de Paul. Denys y fut invitŽ, mais il sÕexcusa de ne pouvoir sÕy rendre ˆ cause de sa vieillesse et de ses infirmitŽs. Il nÕen Žcrivit pas moins plusieurs lettres pour exposer la foi orthodoxe dans la question soulevŽe par lÕhŽrŽsiarque.
Les autres Žvques des ƒglises se rŽunirent de toutes parts pour confondre Paul de Samosate, qui essayait de cacher ses vŽritables sentiments. Les pres du concile furent obligŽs de soutenir avec lui de nombreuses discussions afin de conna”tre sa vŽritable pensŽe. Ce ne fut cependant quÕen 269, dans la mme ville, quÕun second concile put confondre lÕhŽrŽsiarque, gr‰ce au professeur Malchion, qui dŽcouvrit tous ses subterfuges. Paul de Samosate fut alors condamnŽ et dŽposŽ.
Mais en 269, Denys dÕAlexandrie avait dŽjˆ quittŽ ce monde ˆ lÕappel du Seigneur. Il aborda les rives de lՃternitŽ en 264 alors que se tenait le premier de ces deux conciles locaux dÕAntioche, que ces Žcrits avaient bien prŽparŽs. Il fut associŽ ˆ ce triomphe de la Foi. Beaucoup de ses Ļuvres ont disparu, mais celles qui restent et les fragments de ses autres Žcrits qui ont survŽcu suffisent ˆ nous transmettre lÕessentiel de ce que nous lgue cette colonne de lÕorthodoxie. Dans toutes les Žpreuves de son temps il sut tenir la rampe de ce qui fut cru toujours, partout et par tous. C'est l'exemple quÕil nous lgue, avec celui de ses vertus et la conduite quÕil eut ˆ tenir. Imiter un tel exemple, cÕest intŽgrer le fait historique que lՃglise nÕa jamais rŽduit la condamnation dÕune erreur ˆ une inefficace abstraction. Et lÕexemple de Denys est lˆ qui nous le montre, lui qui sut protŽger les plus petits et les plus faibles de son troupeau du venin de lÕerreur et de celui qui le sme, sans pour autant cesser de chercher son vŽritable bien et sans juger les intentions de leur cĻur, que seul Dieu conna”t. Mais le bien doit tre nommŽ bienŹ; et le mal, mal. Vis-ˆ-vis de Sabellius et de Paul de Samosate, hŽrŽsiarques visiblement endurcis, nous le voyons appliquer la directive ŽvangŽlique transmise par JŽsus Lui-mme et destinŽe ˆ ceux qui provoquent le scandale et qui ne se laissent convaincre ni par les avertissements personnels, ni par la rŽprobation de lՃglise. Contrairement aux novatiens qui se montraient intraitables envers des ŽgarŽs non-endurcis et qui se repentent, Denys usa de la misŽricorde de la vŽritŽ, autant avec la mŽmoire de NŽpos quÕavec son successeur vivant Korakios. Mais cette misŽricorde de la vŽritŽ, parce quÕelle Žtait telle, ne recelait aucun indiffŽrentisme entre lÕerreur et la vraie doctrine, car elle impliqua bien la rŽprobation et la correction des erreurs involontaires, tant le respect et lÕamour de lՎgarŽ par ignorance ne peuvent sÕaccompagner de ceux de leurs erreurs passagres. Le vŽritable amour ne sÕaccompagne jamais du mensonge. Nul nÕen a besoinŹ: ni les vivants ni les trŽpassŽs. Tel est le sain et saint discernement que lgue ˆ tous les temps Denys-le-Grand, lՎvque dÕAlexandrie.
Athanase Fradeaud

BibliographieŹ:
ƒditions Sources chrŽtiennes :
Eusbe de CŽsarŽe, Histoire ecclŽsiastique
Š Introduction et Index (N” 73) Ū 29,88
Š Livres I ˆ IV (N” 31) Ū 41
Š Livres V ˆ VII (N” 41) Ū 43
Š Livres VIII ˆ X (N” 55) Ū 35

 

Veux-tu savoir ˆ quoi ressemble un homme au cĻur ouvert ˆ tous vents ? Apprends ˆ le reconna”tre ˆ son flot de paroles, ˆ ses sens troublŽs et ˆ sa propension ˆ dŽfendre tout ce qu'il affirme, pour avoir raison. Celui qui a gožtŽ ˆ la vŽritŽ ne dispute plus ˆ son sujet. L'homme qui prend feu et flamme ˆ cause de la vŽritŽ n'a pas encore appris la vŽritŽ telle qu'elle est. Lorsqu'il l'aura apprise vŽritablement, il cessera de s'enflammer ˆ cause d'elle. Le don de Dieu et la connaissance accordŽe par ce don ne sont jamais motifs ˆ se troubler ou ˆ lever la voix, car le lieu o habite l'Esprit avec l'amour et humilitŽ est un lieu o ne rgne que la paix. Voilˆ les signes de la venue de l'Esprit : celui qu'il couvre de son ombre est rendu parfait dans ce domaine. Dieu est vŽritŽ. La PensŽe qui ressent Dieu n'a pas de langue pour en parler; elle habite dans son cĻur en grande paix. En un tel homme, aucun zle ne enflamme, aucun mouvement de dispute ou de colre ne se met en branle. Il n'est nullement Žmu au sujet de la foi, ni par aucun dŽsir d'aucune chose, pas mme par un dŽsir personnel de faire quoi que ce soit de souhaitable, mais son ‰me habite dans une immense et inexprimable paix, et dans une grande quiŽtude. C'est parce qu'on est soi-mme ignorant que l'on Žmeut pour agir face aux ignorants, ou en vue de redresser les autres.
saint Isaac le Syrien (Centurie 4,77)

Sermon pour le dimanche des Banquet

LÕInvitation au Banquet

Au Nom du Pre et du Fils et du saint Esprit.

LÕInvitation au d”ner de ce jour, au banquet de ce jour, a ŽtŽ offerte par notre Seigneur Dieu des sicles avant que le d”ner nÕait lieu. Car, ˆ cette Žpoque, quand un personnage important devait avoir un banquet pour ses voisins, pour sa famille, pour ceux de son mŽtier, il envoyait dÕabord une invitation par messager ˆ chacun dÕentre eux, pour quÕils sachent que tel jour il y aurait un banquet chez lui, et quÕils Žtaient invitŽs ˆ prendre part. Et puis le jour mme du banquet, de nouveau un messager allait chez chacun des invitŽs pour leur rappeler quÕils Žtaient invitŽs ˆ ce banquet, et quÕils Žtaient attendus ˆ telle heure aujourdÕhui; pour leur rappeler, afin que personne nÕait dÕexcuse. Il y avait assez de temps entre la premire et la deuxime invitation, pour que la personne puisse arranger ses affaires, et faire le nŽcessaire afin dՐtre prŽsent ˆ cet ŽvŽnement important.
Et il en fut ainsi avec le Seigneur notre Dieu. Depuis le temps de lÕAncien Testament, Il avait fait savoir au peuple dÕIsra‘l quÕil y aurait un Banquet, quÕil y aurait une occasion de prendre son repas dans le Royaume des cieux. Cette invitation Žtait offerte par les saints prophtes; cette invitation Žtait offerte par les bien-aimŽs de Dieu dans lÕAncien Testament, qui ont dit au peuple de Dieu que cette invitation a ŽtŽ offerte par la sainte TrinitŽ, et que bient™t elle serait accomplie.
Mais quand le temps fut venu, et le Banquet fut prt, et le royaume des cieux fut proche, comme le dit notre Sauveur, et quÕils furent appelŽs ˆ participer, ˆ accepter le Messie, ˆ Le saluer comme le BŽni dÕIsra‘l, et de sÕasseoir ˆ la table, que Lui-mme dŽcrit comme la table du Banquet, avec Abraham, Isaac et Jacob, avec les justes de lÕAncien Testament; alors avec beaucoup dÕexcuses, et parfois avec violence, et finalement avec lÕacte le plus violent jamais commis dans lÕhistoire de lÕhumanitŽ, ils ont tuŽ lÕAgneau de Dieu, ils ont tuŽ notre Sauveur, ils ont tuŽ le Messie, et ils ont refusŽ lÕinvitation.
Cela est lÕapplication de la parabole au peuple dÕIsra‘l. Mais nous, qui sommes ici dans lՎglise de Dieu et qui entendons la lecture de cette Evangile, nous devons chercher ˆ savoir comment la parabole du Sauveur sÕapplique ˆ nos cĻurs. Comment devons-nous comprendre cela maintenant, aujourdÕhui, dans lÕEglise orthodoxe, dans notre paroisse ?
Encore une fois, ceux qui sont invitŽs, cÕest chacun dÕentre nous. Comment avons-nous ŽtŽ invitŽsŹ? Nous avons ŽtŽ invitŽs par notre saint baptme, par le saint chrme. Cette invitation ˆ participer au Royaume a ŽtŽ offerte ˆ chacun dÕentre nous. Et comment rŽpondons-nous ? Quelle est notre rŽponse quand nous sommes appelŽs au Banquet ? Quelques-uns vont volontiers, rapidement et ardemment. Et nous voyons ces ‰mes qui ont une ardeur, et elles ont un dŽsir dՐtre au Banquet ˆ chaque occasion. Mais cÕest diffŽrent pour beaucoup parmi nous, qui donnons des excuses variŽes pour ne pas prendre part au Banquet.
Notre Seigneur a prŽvu ces excuses, et Il les a classŽes en trois catŽgories, qui pourtant comprennent toutes nos raisons pour ne pas participer au Banquet de la vie, qui est la divine Liturgie. JÕai achetŽ un terrain, disent ceux parmi nous pour qui notre terrain est plus important que lՎglise, pour qui nos Žconomies, nos investissements en actions de sociŽtŽs, nos propriŽtŽs sont plus importants, et nous Žcartent de la prŽparation pour le Banquet.
Mais ce terrain nÕest pas seulement cela, car ceux qui sont pauvres et nÕont pas de terrain ne sont pas exclus de cette catŽgorie dÕexcuse. Car le terrain dont ils sÕoccupent, cÕest la terre, la boue, leurs corps, leur vie matŽrielle. Car ce qui les occupe cÕest : mon apparence, ce que je mange, mon corps, ma santŽ. Tout ce qui est ŌmoiÕ est plus important que ce qui arrivera dans la vie prochaine.
Et puis il y a ceux qui ont achetŽ cinq paires de bĻufs. Ces paires de bĻufs aujourdÕhui, ce sont nos sens qui sont des paires. Notre vue, notre ou•e, notre odorat, notre gožt, notre toucher Š nos sens sont en paires. Nous nous occupons de nos sens, et nous les remplissons de sensations. Nos yeux nÕont pas le temps ni lÕintŽrt de regarder les choses saintes, les ic™nes de notre Sauveur. Mais bien plut™t nous remplissons nos yeux dÕimages coupables, dÕimages matŽrielles, dÕimages qui nÕont rien ˆ voir avec le Royaume. Et notre odorat et notre gožt prŽfrent la nourriture de ce monde ˆ la nourriture simple du ježne. Et nous Žcoutons la musique de notre temps, la musique populaire, la musique qui touche nos sens, notre plaisir, plut™t que dՎcouter les hymnes et les louanges ˆ Dieu. Et notre toucher prŽfre les vtements lisses, ˆ la mode, soyeux, prŽsentables, plut™t que les vtements simples et rudes de lÕhumilitŽ. Et nous trouvons beaucoup dÕexcuses pour ne pas aller au Banquet.
Cela est terrible, mes frres. Terrible, surtout quand nous rŽflŽchissons que si nous Žtions invitŽs au palais dÕun roi, ou ˆ la mairie, ou chez le gouverneur, ou chez toute autre personne importante dans ce monde; si nous recevions une invitation ˆ la Maison Blanche, la premire chose que nous ferions, ce serait de montrer lÕinvitation ˆ tout le monde. Et puis nous passerions le temps entre lÕarrivŽe de lÕinvitation et notre prŽsence ˆ ce banquet, en nous prŽparant le mieux possible, pour que nous puissions tre au banquet, et tre lˆ comme il faut. Nos vtements seraient appropriŽs; nous ferions le nŽcessaire pour tre bien reposŽs; nous ferions en sorte de nous lever et de nous prŽparer ˆ temps; nous prendrions soins de ne pas manger, pour ne pas aller au banquet somnolents et avec lÕestomac lourd. Tout serait comme il faut, pour quÕau moment prŽcis o nous sommes appelŽs dans la salle du banquet de cette personne du monde Š qui finalement est faite de la mme matire que vous et moi, et dont le corps se dŽcomposera dans la tombe comme le mien et le v™tre Š o nous sommes introduits dans la salle du banquet, immŽdiatement nous prenions la place qui nous est indiquŽe, et nous considŽrions que cÕest un grand honneur dՐtre en la prŽsence dÕune personne si illustre et dans une compagnie si lumineuse.
Et ici nous sommes invitŽs une nouvelle fois. Nous Žtions invitŽs au Banquet par notre saint baptme, il y a des annŽes. Cette invitation portait le sceau du don de la Gr‰ce du saint Esprit, par le saint chrme. Et nous sommes appelŽs ˆ la petite EntrŽe. Le prtre appelle : ĒVenez, adorons, prosternons-nous devant le Christ. Sauve-nous, ™ Fils de Dieu, sauve-nous, ™ Fils de Dieu !Č
Au temps de lÕempire, lÕempereur entrait dans lՎglise avec le patriarche et sa suite et tout le monde. Ils entraient dans lՎglise, pour quÕaprs les psaumes du dŽbut, ils puissent participer ˆ la divine Liturgie. Combien parmi nous sont ici ˆ lՎglise pour entendre lÕappel : ĒVenez, adorons, prosternons-nous devant le Christ ?Č Et plus tard pendant la divine Liturgie, le prtre appelle : ĒDonnons-nous entirement ˆ lÕadoration du Christ notre Dieu. Donnons-nous nous-mmes, et les uns les autres, et toute notre vie au Christ notre Dieu.Č Qui entend ceci ?
Et finalement le prtre se prŽsente portant le calice. Le Banquet est servi, et le prtre appelle : ĒAvec crainte de Dieu, foi et amour, approchez-vous.Č Mais lesquels parmi nous qui se sont abandonnŽs aux soins de leur terrain, de leurs sens, de leurs familles Š car cela est le sens des mots, ĒJe viens de me marier.Č LÕexcuse qui est alors donnŽe est :ŹĒJÕai des obligations de famille; jÕai des obligations envers ma communautŽ; jÕai des responsabilitŽs; je ne peux pas tre lˆ au Banquet, je ne peux pas participer au Banquet.Č
Qui parmi nous, avec notre terrain, nos sens, nos obligations de famille, qui entend ? Pourtant ce nÕest pas un homme qui vous appelle. Vous voyez le prtre, le ministre de lÕautel. Mais ce nÕest pas lui qui vous appelle :ŹĒVenez, adorons et prosternons-nous devant le Christ.Č Ce nÕest pas un homme qui vous appelle ˆ donner vous-mmes, et les uns les autres et toute votre vie au Christ notre Dieu. Et encore moins est-ce un homme qui vous appelle au calice, afin que, avec la crainte de Dieu, la foi, et lÕamour, vous puissiez participer au Banquet. Car toutes ces invitations sont offertes par nous les serviteurs ˆ la place du Ma”tre. Car Lui qui nous appelle est la sainte TrinitŽ. Lui qui nous invite est notre Seigneur Dieu, notre Dieu qui est un feu qui consume, notre Dieu qui a fait que nous puissions nous asseoir ˆ table avec Lui et participer au Banquet. CÕest pourquoi, quand nous montrons du mŽpris, ou au moins de la nŽgligence, ˆ qui montrons-nous du mŽpris, et envers qui sommes-nous nŽgligents ? Envers le prtre ? Envers nos frres ? Pas du tout. Mais cÕest envers notre Seigneur Dieu Lui-mme que nous montrons ce manque de respect.
Mes frres et soeurs bien-aimŽes, nous nÕavons que quelques jours jusquՈ la fte de la NativitŽ de notre Seigneur. Et pendant ces quelques jours, ces quelques jours qui nous restent pour rŽpondre ˆ lÕinvitation du Ma”tre de la maison, nous pouvons nous prŽparer si nous le faisons avec un vrai dŽsir; nous pouvons nous prŽparer si nous le faisons avec un vŽritable amour; si nous nous prŽparons en comprenant lÕinvitation que nous avons par notre saint baptme au banquet de la vie. Nous pouvons participer. Il nÕest pas trop tard. Par le ježne, par la prire et la confession et la charitŽ et toutes ces autres choses que nous savons tre nŽcessaires pour que nous puissions venir ˆ la table de la vie. PrŽparons-nous, afin que nous puissions participer, et afin que nous ne soyons pas parmi ceux, dont le Ma”tre dit quÕĒils ne gožteront pas de mon d”nerČ. Mais plut™t, avec un dŽsir ardent dans nos cĻurs, allons, avec des mains nettes et un coeur pur, au Calice de la vie, lˆ pour devenir un parmi les Žlus, non seulement parmi les invitŽs, mais parmi ceux qui sont Žlus par le Christ notre Sauveur, gr‰ce ˆ sa BontŽ, gr‰ce a son Amour pour lÕhumanitŽ. Car Il est Un de la TrinitŽ, qui doit tre adorŽ avec son Pre et le saint Esprit dans les sicles des sicles. Amen.

pre Anthony Gavalas


Sainte Piroska ou sainte impŽratrice Irne-XŽnie

ftŽe le 13 aožt

Piroska (Prisca, vers 1085 - 1134) Žtait fille du roi Ladislas Ier de Hongrie. Ds sa jeunesse elle se distingua non seulement par sa beautŽ corporelle, mais surtout par ses vertus: son humilitŽ, sa douceur, son affabilitŽ, son absence de colre, sa charitŽ envers les pauvres, les veuves et les orphelins. EnvoyŽe ˆ Constantinople ˆ l'‰ge de dix-huit ans, elle fut choisie pour Žpouse de Jean II (1105), fils de l'empereur Alexis Ier Comnne. Comme impŽratrice, elle prit le nom dÕIrne. Elle Žleva huit enfants, tout en menant au palais une vie de ježnes et de prires, ayant sans cesse aux lvres les versets des Psaumes, qui nous instruisent sur la vanitŽ de cette vie pŽrissable: Ē Quel profit en mon sang, alors que je descends vers la corruption nuit et jour ?Č Loin de s'adonner aux dŽmonstrations de puissance, elle avait pour principal souci de venir en aide aux nŽcessiteux et d'encourager la fondation de Monastres et d'Žtablissements de bienfaisance. Elle fonda notamment le grand et majestueux monastre du Christ Pantocrator, ˆ l'est de l'ƒglise des Saints-Ap™tres, gr‰ce ˆ son homme de confiance, l'architecte NicŽphore. Cet Žtablissement comportait un monastre de quatre-vingts moines, avec son Žglise dŽdiŽe au Pantocrator, une seconde Žglise de Saint Michel, qui devait servir de lieu de sŽpulture ˆ la famille impŽriale, une troisime Žglise de la Vierge ƒlŽousa, accessible aux femmes, un h™pital pour cinquante malades desservi par un nombreux personnel sŽculier, un hospice pour vingt-quatre vieillards, un dispensaire o venaient en consultation les habitants de la citŽ et, ˆ quelque distance, une lŽproserie. Les Žglises Žtaient ornŽes de somptueuses mosa•ques en or et de marbres rarissimes, et on y vŽnŽrait de prŽcieuses reliques de saints. Afin d'achever les travaux, qui avaient engagŽ de grands frais, et de pourvoir ˆ l'entretien de cette citŽ de la charitŽ, la pieuse Irne prit un jour son Žpoux par la main et le conduisit dans l'Žglise principale du monastre. Elle tomba alors le visage contre terre en disant : ŅReois cette Žglise construite pour toi par DieuÓ, et elle ne se releva qu'aprs avoir reu de l'empereur l'assurance qu'il veillerait ˆ fournir ˆ l'Žtablissement tout ce qui Žtait nŽcessaire pour en faire le plus glorieux monastre de la capitale. Jean II dota donc ce monastre de grandes propriŽtŽs dans diverses rŽgions et de six monastres dŽpendants, dans la banlieue asiatique de la capitale. Les travaux n'Žtaient pas encore achevŽs quand la pieuse impŽratrice partit rejoindre la cour du Christ Pantocrator, aprs avoir reu le saint habit monastique sous le nom de XŽnie (1134). Son corps fut dŽposŽ dans la chapelle funŽraire du Pantocrator, o l'on enterra ensuite l'empereur et d'autres personnages importants. Sur une mosa•que de Sainte-Sophie, elle est reprŽsentŽe avec son Žpoux de part et dÕautre de la Toute-Sainte.

sainte IrenŽ

 

DE LA VIE DE SAINT DIONYSE DE ZAKINTHE

Une inimitiŽ extrme existait entre les familles de Mondino et Sigourios, qui vivaient sur lՔle de Zakinthe, dont tŽmoignent les archives de Venise. MalgrŽ ses efforts, saint Dionyse nÕarriva pas ˆ les rŽconcilier. Il y a eu mme des morts et les habitants de lՔle Žtait partagŽs en deux.
LÕinimitiŽ entre les familles ne cessa pas et finalement Constantin, le frre du saint, fut assassinŽ. Dans son dŽsespoir, le meurtrier se rŽfugiait dans le monastre dÕAnafionitria, sans savoir que le supŽrieur Žtait le frre de lÕassassinŽ. Le meurtrier avoua au saint que la famille de Sigouros le poursuivait. Comme homme et frre, le saint fut profondŽment troublŽ, car Constantin Žtait son unique frre. Il cacha cela pourtant au meurtrier et lui demanda seulement paternellement :
ĒDis-moi, mon cher, quÕest-ce que cet homme tÕa fait comme mal ?Č
Une fois son chagrin surmontŽ, le saint offrait ˆ lÕassassin eau et nourriture. Il le conseillait et cherchait ˆ lÕamener au repentir afin quÕil ne soit pas condamnŽ au dernier Jugement. Ensuite le saint lÕamena jusquÕau port, lui donna argent et nourriture, et le mit sur un bateau qui partait pour le PŽloponnaise. Ainsi le saint sauva le meurtrier de son frre par sa patience et son amour.


saint Dionys

DE LA VIE DE L'åME ET DE L'ESPRIT

de saint Jean de Cronstadt

La fausse instruction, ˆ l'Žpoque o nous vivons nous Žloigne de la lumire vŽritable, qui illumine tout homme venant en ce monde (cf. Jn 10,9), au lieu de nous en rapprocher. Or, sans JŽsus Christ, toute instruction est vaine.
Le dŽveloppement de l'intelligence sans celui du cĻur, est une chose trs nuisible pour l'Žducation : c'est le cĻur qu'il faut former avant tout. Le cĻur est la vie, mais souvent la vie souillŽe par le pŽchŽ. Il faut donc purifier cette source de la vie, il faut y allumer la flamme de la vie, flamme qui puisse bržler sans s'Žteindre et donner une bonne direction ˆ toutes le pensŽes, ˆ tous les dŽsirs et ˆ toutes les aspirations de l'homme pendant toute sa vie. La sociŽtŽ est corrompue, parce que l'Žducation lui fait dŽfaut. Il est temps que les chrŽtiens apprennent ˆ comprendre le Seigneur et tout ce qu'Il exige de nous. Or, ce qu'Il exige c'est un cĻur pur : Ēbienheureux les cĻurs purs.Č (Mt 5,8).
Notre ‰me, qui est un tre spirituel, actif, ne peut pas rester oisive : elle fait le bien ou le mal. De deux choses l'une : ou c'est le froment qu'elle produit ou c'est l'ivraie. Mais comme tout bien vient de Dieu et que le moyen d'obtenir un bien de Dieu consiste dans la prire, ceux qui prient avec ferveur, du fond de l'‰me, avec sincŽritŽ, obtiennent du Seigneur la gr‰ce de faire le bien et avant tout la gr‰ce de la foi; au lieu que ceux qui ne prient pas restent naturellement dŽpourvus de dons spirituels, dont ils se privent volontairement ˆ cause de leur nŽgligence et de leur indiffŽrence spirituelle. Or, puisque dans les cĻurs de ceux qui prient avec ferveur et travaillent pour le Seigneur c'est le froment des bonnes pensŽes, des bonnes dispositions, des bonnes intentions et des bonnes Ļuvres qui cro”t, il s'ensuit que dans les cĻurs de ceux qui ne prient pas, ce sont les ivraies de toute espce de mal qui croissent et Žtouffent la petite quantitŽ de bien qui leur restait gr‰ce au baptme, ˆ la confirmation, ˆ la pŽnitence et ˆ la communion. C'est pourquoi il faut surveiller avec une grande attention le domaine de son propre cĻur, afin qu'on n'y trouve pas les ivraies de la malice, de la paresse, de la voluptŽ, du luxe, de l'impiŽtŽ, de la cupiditŽ, de l'avarice, de l'envie, de la haine, etc. Il faut chaque jour sarcler ce domaine du cĻur, au moins par la prire du soir et du matin, le rafra”chir par des soupirs salutaires qui lui tiennent lieu de la rosŽe de l'aurore et du soir. En outre, il faut mettre toute sa force ˆ planter dans le domaine de son cĻur les graines des vertus de la foi, de l'espŽrance en Dieu, de l'amour de Dieu et du prochain; il faut engraisser et fertiliser ce domaine par la prire, par la patience, par les bonnes Ļuvres, sans jamais rester une seule heure dans l'oisivetŽ et dans l'inaction, car c'est aux heures d'oisivetŽ et d'inaction que l'ennemi sme assidžment son ivraie : pendant que ses serviteurs dormaient, l'ennemi vint, sema l'ivraie au milieu du blŽ et s'en alla. (Mt 13,25). Il faut encore se rappeler que les bonnes Ļuvres ne se font pas sans contrainte, sans effort. Le royaume des cieux aprs notre chute volontaire dans le pŽchŽ doit tre pris d'assaut et les violents seuls le ravissent. (cf Mt 11,12). Pourquoi la voie et l'entrŽe qui conduisent ˆ la vie Žternelle sont-elles si Žtroites ? Qui rŽtrŽcit ainsi la voie des Žlus ? Qui en fait le passage si difficile ? C'est le monde qui presse les Žlus, c'est le dŽmon qui les serre, c'est la chair qui les entrave. Ces trois facteurs sont ceux qui font la voie du royaume des cieux Žtroite.

Sermon du bon Samaritain
Ź
ŹAu Nom du Pre et du Fils et du saint Esprit.
Ź
ŹŹMes frres et sĻurs bien-aimŽs, l'expression Ēle bon SamaritainČ, que vous avez entendue dans l'Žvangile de ce jour, c'est une expression que nous avons entendue souvent. Et d'habitude nous donnons ce nom ˆ quelqu'un qui rend service ˆ quelqu'un d'autre, qui fait quelque chose de bon pour le monde, pour son prochain. Un bon Samaritain.
ŹŹIl y a mme dans nos jours pervers quelque chose qui s'appelle Ēla loi du bon Samaritain,Č qui protge un mŽdecin qui s'arrte pour aider quelqu'un au bord de la route, et dans des circonstances peu idŽales, lui donne toute l'aide dont il est capable, mais il arrive une mŽsaventure. Et tout ce qu'il a pu faire n'Žtait pas efficace. Cette loi protge un tel mŽdecin d'une poursuite en justice par celui qu'il a essayŽ d'aider. Comme notre monde est pervers, mes frres est sĻurs bien-aimŽs, puisque dans notre sociŽtŽ litigieuse d'aujourd'hui, nous avons besoin de protŽger les bons Samaritains.
ŹŹMais parce que nous sommes chrŽtiens orthodoxes, nous sommes requis de conna”tre nos saintes Ecritures plus profondŽment que ce que nous entendons et ce que nous voyons. Nous sommes requis de conna”tre la Loi de Dieu dans un sens plus profond, de savoir ce que Dieu attend de nous, et ce qu'Il a fait pour nous. Ainsi quand nous entendons cette parabole du bon Samaritain, nous devons mŽditer d'une manire plus profonde.
Ź Car cet homme qui voyageait de JŽrusalem ˆ JŽricho, c'est chaque homme. JŽrusalem est construite sur une hauteur. C'est une ville haute. Et JŽricho est une ville trs basse. Elle est mme en-dessous du niveau de la mer. Ainsi cet homme dans son orgueil voyageait seul par ce chemin, partant de la ville cŽleste de Dieu, et descendant dans les profondeurs de son tre charnel, de son matŽrialisme, de tout ce qui n'est pas de Dieu. Donc ce n'est pas Žtonnant que cet homme fut attaquŽ par des voleurs, par les dŽmons, qui se jettent sur chacun qui dans son orgueil laisse Dieu, et se rend dans les profondeurs. Ces voleurs, comme c'est leur habitude, se sont jetŽs sur lui, l'ont spoliŽ, l'ont chargŽ de coups, et l'ont laissŽ ˆ demi-mort. L'image dՐtre demi-mort signifie que notre Seigneur ne permet jamais que nous soyons compltement dŽpouillŽs de notre libre volontŽ. Car nous la conservons toujours quoiqu'il arrive; nous pouvons toujours faire le choix, les choix moraux sont toujours possibles pour nous.
Ź Cet homme Žtait laissŽ ˆ demi-mort. Et notre Seigneur voulait rendre clair aux gens de son temps quelque chose qui n'est pas si Žvident pour nous Š combien le salut de cet homme par le Messie Žtait diffŽrent du prche ˆ propos du Messie. Il dit qu'un prtre est passŽ, un prtre de l'Ancien Testament, qui ne pouvait pas l'aider, et continua sur son chemin. Et puis un LŽvite, un docteur de la loi est Žgalement passŽ, et voyant qu'il ne pouvait pas l'aider, est Žgalement parti. Notre Seigneur dit ˆ son auditoire, que ni le rituel du temple, ni la loi de l'Ancien Testament n'Žtaient suffisants pour le salut de l'homme. Mais il fallait que quelqu'un d'autre vienne, quelqu'un d'autre pour l'aider. Et c'Žtait le Samaritain, cet Žtranger. Notre Seigneur Žtait souvent appelŽ, en ridicule et par dŽrision, un SamaritainŹ par les Juifs de son temps. C'Žtait une insulte, parce que les Samaritains Žtaient un peuple mŽprisŽ. Ils l'ont appelŽ un Samaritain, mais notre Seigneur n'Žtait pas un Samaritain. Comme les saints pres nous le disent, notre Seigneur n'Žtait pas de Samarie, mais de Marie, comme les saints pres ont insistŽ que nous comprenions.
Ź Qui Žtait donc celui qui a aidŽ cet homme ? C'Žtait cet Žtranger. Il est venu et Il a eu pitiŽ. Et il est descendu de sa monture, et a donnŽ les soins d'urgence. L'huile de sa MisŽricorde, et le vin, qui est un styptique, quelque chose pour arrter la perte de sang. La loi de Dieu, la loi de notre Seigneur, et la confession de sa foi, et vivre la vie chrŽtienne, c'est aussi un peu comme le vinaigre, un peu de styptique. Cela arrte la perte de sang. Et puis dans un gesteŹdont les saints pres nous disentŹest la prise sur Lui deŹnotre nature affaiblie, malade, ˆ demi-morte, corrompue; par son Incarnation le Sauveur relve et prend cet homme blessŽ. Et Il le charge surŹsa propre monture, ce qui est l'image de sa prise sur Lui de nos pŽchŽs et de nos infirmitŽs.
Ź Et Il nous conduit ˆ l'h™tellerie, ˆ ce lieu de repos, ce qui est l'Eglise, que le Seigneur a fondŽe pour notre guŽrison, notre convalescence, notre rŽtablissement. Et lˆ, tant que le Seigneur Žtait sur la terre, Il a pris soin de nous; Il nous a guŽris; Il nous a prchŽ. Il nous a donnŽ ces choses nŽcessaires pour notre rŽtablissement et pour la guŽrison de notre nature. Mais quand Il fut prt de quitter la terre d'une manire physique, par sa sainte Ascension, Il a appelŽ lesŹanciens de l'Eglise; Il a appelŽ les pres spirituels de l'Eglise; Il a appelŽ les hiŽrarques de l'Eglise Š ceux-lˆ sont les h™teliers, les h™tesŹŠ et Il leur a donnŽ le pouvoir, qui ne venait pas d'eux-mmes, mais de Lui, en leur donnant ces deux pices, ces deux deniers. Les saints pres nous disent que ces deux deniers, parce que chacun porte le sceau du roi, sont aussi l'Ancien et le Nouveau Testaments, et la tradition Žcrite et non-Žcrite de l'Eglise. Ce sont les moyens queŹle Seigneur a donnŽs aux guides spirituels de l'Eglise pour secourir et pour aider et pour donner la santŽ au peuple chrŽtien blessŽ.
Ź Et Il a dit a l'h™telier : Maintenant, sers-toi de ces pouvoirs, de ces enseignements, de ces saints mystres. Sers-toi de ceux-lˆ pour guŽrir les gens. Et quoi que tu donnes de toi-mme, quoi que tu donnes de ton propre pouvoir, de ta propre force, de ta propre volontŽ, sois assurŽ qu'ˆ mon retour Je te le rendrai.
C'est ainsi que notre Sauveur ne fut jamais sŽparŽ de l'Eglise, mais la quitta physiquement. Il nous a laissŽ la sainte Eglise orthodoxe pour notre guŽrison, pour notre rŽtablissement, pour notre retour ˆ une pleine santŽ. C'est-ˆ-dire pour devenir des saints. Mes frres et sĻurs bien-aimŽs, ceci est la rŽvŽlation du mystre de l'Eglise. C'est pour cela que l'Eglise existe. Elle existe pour aider les gens a tre guŽris. Elle existe pour aider les gens ˆ arriver ˆ une pleine santŽ. Elle existe pour donner ˆ ceux deŹnous (car beaucoup parmi nous qui sommes les h™teliers sont peut-tre parfois plus malades que les autres) qui sont blessŽs et ont ŽtŽ dŽpouillŽs par les dŽmons,ŹpourŹnous donner un lieu o nous pouvons tre guŽris. Il y a un lieu sžr. Ce n'est pas une idŽe amorphe de l'Eglise. Il existe un lieu de lÕEglise; il y a une hiŽrarchie; il y a des guides spirituels de l'Eglise. Donc cette idŽe protestante d'une sorte d'Žglise spirituelle est sans rapport avec la rŽvŽlation de la VŽritŽ par JŽsus Christ notre Seigneur.
Ź Et si vous lisez, et si vous Žcoutez, nous devons tre impressionnŽs par la grandeur de notre salut par JŽsus Christ dans l'Eglise. L'Amour du Seigneur pour nous est tel, que pour un temps, Celui qui est Žternel, Celui qui est glorifiŽ pour toujours, S'est vidŽ de sa propre Gloire; Celui qui tr™ne Žternellement avec le Pre, est venu et a visitŽ notre pauvretŽ, est venu et a visitŽ notre maladie, est venu et a visitŽ notre ignorance. JŽsus Christ, Un de la sainte TrinitŽ, a accompli notre salut non pas des cieux, mais Il est venu sur terre, est venu et a habitŽ parmi nous, a guŽri nos maladies, a ŽduquŽ notre ignorance. Il est venu et Il a habitŽ parmi nous.
Ź Nous allons visiter les malades dans les h™pitaux. Pas autant que nous devrions, mais nous allons. Et nous sommes pressŽs de partir. Parce que, en gŽnŽral, l'h™pital est un lieu dŽprimant. Le gŽmissement des malades, les odeurs, l'Žtat gŽnŽral dans lequel nous nous trouvons, nous donnent envie, aprs que nous avons fait notre devoir, de partirŹaussi t™t que possible et de retourner au monde de ceux qui sont en bonne santŽ.
Ź Il est impossible pour nous d'imaginer la Gloire et l'Eclat, la PuretŽ et la ClartŽ dans lesquels notreŹSeigneur JŽsus Christ habite avec son Pre et le saint Esprit. NŽanmoins Il a quittŽ cela, et Il a demeurŽ parmi nous, non pour un moment mais pour trente-trois ans. Et Il vivait parmi nous non comme un roi, non comme un homme de privilge, mais comme un homme qui vivait de la manire la plus humble, la plus primitive, la plus insalubre et dŽsagrŽable possible, dans la compagnie des lŽpreux, des prostituŽes, des pŽcheurs, et de toute la lie du peuple. De telle sorte queŹles privilŽgiŽs de son temps ne comprenaient pas la raison pour laquelleŹIl prŽfŽrait la compagnie de ceux-lˆ ˆ la compagnie des personnes ŽduquŽes et de haut rang.
Ź Je vous raconte tout cela parce qu'il est trs important pour nous d'essayer de comprendre la majestŽ et la grandeur et la plŽnitude de l'Amour de JŽsus Christ pour nous. Et c'est pour moi une faon de vous amener ˆ la pŽriode du ježne de la sainte NativitŽ, la prŽparation pour la sainte NativitŽ de notre Sauveur. Car si nous comprenons, si nous pouvons dans notre esprit et dans notre cĻur comprendre la grandeur de ce que le Seigneur a accompli pour nous quand Il est venu et a pris notre nature humaine, prenant cette nature humaine blessŽe et malade et malodorante sur Lui-mme, alors peut-tre nous pouvons, avec un cĻur un peu plus ouvert, un pas un peu plus lŽger, avec un peu plus d'enthousiasme, commencer le ježne de prŽparation pour la NativitŽ de JŽsus Christ, et ne pas passer ˆ contre-cĻur ces quelques jours de prŽparation pour cet ŽvŽnement pour lequel le monde entier a attendu des milliers d'annŽes.
Ź Nous allons nous prŽparer pendantŹquarante jours pour la Venue du Messie, quarante jours pour la Venue de Celui qui a trouvŽ notre nature blessŽeŹdans la rue et nous a pris sur Lui-mme et nous a guŽris. Quarante jours pour nous priver de quelque chose. Parce que je pense, et les saints pres croient que l'organe le plus proche du cerveau est l'estomac. Et si nos estomacs sont un peu plus vides, peut-tre notre esprit sera attentif ˆ JŽsus Christ.
Ź Mes frres et sĻurs bien-aimŽs, alors que nous commenons ce ježne de la NativitŽ, souvenons-nous du bon Samaritain, souvenons nous de notre nature blessŽe, souvenons nous de ce qu'Il a accompli par son Incarnation : Lui-mme, le Verbe, le Fils du Pre, par la bonne VolontŽ du Pre et par la couverture de son OmbreŹpar leŹsaint Esprit, a accompli notre salut.ŹŹA Lui donc, et ˆ son Pre et au saint Esprit, ˆ la sainte TrinitŽ qui nous a sauvŽs, gloire et honneur dans les sicles des sicles. Amen.
pre Anthony Gavalas 

Nous ne donnerons rien dÕaussi grand que nous-mmes, si nous avons compris les mystres et sommes devenus pour le Christ tout ce quÕIl est devenu pour nous.
Saint GrŽgoire le ThŽologien


ĒNotre citŽ est dans les cieux.Č Et quels sont les biens dignes de la terre ? Š Les choses qui nÕont rien de permanent, qui sÕenvolent avant que dÕappara”tre, qui nÕont rien de solide ni dÕimmuable, qui se dissolvent avec la vie prŽsente, qui se fanent avent de fleurir, qui sont sujettes ˆ la corruption. Que ce soit la richesses, le pouvoir, la gloire, la beautŽ du corps ou tout autre avantage de cette vie.
saint Jean Chrysostome (Huit CatŽchses)

 

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