NUMÉRO 114
MARS 2007

 Bulletin des vrais

chrétiens orthodoxes

sous la juridiction de

S. B. Mgr. Nicolas

archevêque d'Athènes

et primat de toute la Grèce

Hiéromoine Cassien
Foyer orthodoxe
F 66500 Clara
Tel : 00 33 (0) 468961372
cassien@orthodoxievco.fr

 SOMMAIRE

NOUVELLES

SERMON POUR LE JOUR DE PÂQUE

LES PÈRES DE L’ÉGLISE (suite) : SAINT PIERRE CHRYSOLOGUE

C'EST UNE BONNE NOUVELLE :

UNE ANALYSE D'ADN DEMONTRE QUE SAINT LUC EST BIEN CE QUE L'ON DIT QU'IL EST

COURRIER

LES HUIT CAVALIERS

MIRACLE DE LA MAIN DE JEAN LE BAPTISTE

L’ARCHANGE RAPHAËL

LE NÉOMARTYR NICOLAS DE CRÈTE

LE SEL DE LA TERRE

LA CAVERNE DE SAINT JEAN BAPTISTE


NOUVELLES


NOUVELLES

    Les nouvelles ne manquent pas cette fois-ci. Commençons avec la Grèce :
    Quatre nouveaux évêques ont été consacrés, deux pour la Grèce (avant la Théophanie) et les deux autres pour Chypre (la semaine du Fils prodigue).

Mgr. Lazare
Mgr. Sebastien
Mgr. Ignace
Mgr. Panteleimon

Deux jours avant la Présentation au Temple, le père Jean de la mission du Cameroun nous a quitté pour l’autre vie. Lorsque je l’ai quitté avant Noël, il était déjà alité et très faible. Que le Seigneur lui accorde le repos après la vie bien pénible qu’il a menée !
    Je tâcherai d’aller au Cameroun désormais deux fois par an, en attendant le sacre d’un autre prêtre.

    J’ai passé une semaine en Suisse où nous avons pu célébrer la divine Liturgie le Samedi de Lazare et le dimanche des Palmes. La construction de la chapelle a bien avancé. Il ne reste que quelques finitions à faire, et à la peupler.

    J’ai terminé le bulletin à peine rentré en France, et plaise à Dieu nous célébrerons l’Annonciation et Pâques à l’hermitage.

Votre hm. Cassien

Les afflictions mêmes, par la volonté du Seigneur qui nous les envoie, n'atteignent pas en vain les serviteurs du Dieu; elles sont destinées à leur faire éprouver par expérience le véritable amour pour le Dieu qui nous créa. En effet, comme les travaux et les fatigues de l'athlète, dans la lutte, le conduisent aux couronnes, de même l'épreuve, dans les tentations, mène le chrétien à la perfection, pourvu toutefois qu'il accepte les dispositions du Seigneur à notre égard avec la patience convenable et en toute reconnaissance.
saint Basile le Grand (Lettre de consol.)

SERMON POUR LE JOUR DE PÂQUE

Métropolite Philarète de Moscou

Christ est ressuscité !

Déjà se sont écoulées quelques-unes des heures solennelles et symboliques de la plus grande des fêtes. Il me vient à la pensée de me demander : Comprenons-nous assez les toutes premières minutes de cette solennité ? Retournons, de ce jour éclatant, à la nuit qui l'a précédé, nuit d'abord sombre, et puis non moins éclatante que ce jour lui-même, et arrêtons nos méditations sur ce qui s'est passé.
icone des MyrophoresDés minuit, l'Église s'est hâtée de nous réunir pour le commencement de la fête. Pourquoi cela ? C'est qu'il était désirable de rapprocher, autant que possible, le commencement de la solennité de l'heure de l'événement qu'elle est destinée à célébrer : la Résurrection de Jésus Christ. Cette heure ne nous est pas précisément connue. Quand les saintes femmes, vers le lever du soleil, arrivèrent au tombeau du Seigneur, il était déjà ouvert, et les anges leur annoncèrent la Résurrection du Christ, qui était déjà accomplie. Ce fut beaucoup plus tôt que la terre trembla autour du tombeau du Seigneur, que l'ange en souleva la pierre, qu'il en terrassa les gardes par l'éclat de son apparition, et qu'il les éloigna ainsi afin d'en rendre l'approche libre aux saintes femmes et aux apôtres. Ce fut encore plus tôt que s'accomplit la Résurrection, puisqu'elle s'accomplit le tombeau étant encore scellé, ainsi que l'atteste la sainte Église, gardienne des mystères du Christ; mais ce ne fut pas toutefois avant minuit, puisque, selon la prédiction du Seigneur, elle devait arriver le troisième jour, et par conséquent après l'heure de minuit du samedi, quoique ce puisse être dans les premiers moments qui la suivirent. Nous avons voulu saisir, cachée dans ces heures, la minute incomparablement grande et merveilleuse de la Résurrection, en commençant à propos notre solennité, de telle sorte que notre fête coïncidât autant que possible avec l'événement que nous célébrons, de même que ceux qui conduisent un triomphe sont appelés à se joindre au triomphateur.
Immédiatement avant de commencer cette célébration de la Résurrection, nous avons entonné un cantique en l'honneur de la sépulture de trois jours de Jésus Christ. Pourquoi cela ? C'est qu'ici encore l'ordre de la commémoration a suivi les événements commémorés, puisque la Résurrection de Jésus Christ n'arriva qu'à la suite de sa sépulture de trois jours. En second lieu, ce réveil, avant la joie, d'une pieuse tristesse, devait fort bien nous préparer à une intelligence plus exacte et plus claire, et à un sentiment plus vif de la joie divine qui la devait suivre.
Nous avons préludé à cette cérémonie solennelle par un hymne dans lequel nous avons proclamé que les anges chantent dans les cieux la Résurrection de Jésus Christ; ensuite nous avons demandé pour nous aussi la grâce de la célébrer avec un cœur pur; et ce chant a été entonné dès le commencement, le sanctuaire encore fermé, lorsque l'église était dans le silence. Que veut dire cet ordre des cérémonies ? Il rappelle encore l'ordre des événements. Les anges ont connu et glorifié avant les hommes la Résurrection de Jésus Christ, puisque les hommes l'ont apprise d'abord des anges. Le ciel ne s'est pas ouvert aux yeux de la terre quand le Christ l'a ouvert d'une manière invisible par la force de sa croix, et y a introduit, dès le moment de sa Résurrection, les patriarches, les prophètes et les saints de l'Ancien Testament, au milieu des cantiques des anges. Nous connaissons par la foi, et non par nos yeux, cette marche triomphale de l'Église céleste, et, pour que cette connaissance que nous en avons ne soit pas trop confuse, pour que la représentation symbolique qu'en fait l'Église de la terre ne soit pas trop formellée, nous avons besoin de demander au Christ Dieu sa grâce et la pureté du cœur, parce que ceux qui ont le cœur pur, verront Dieu.
Et après avoir demandé à Jésus Christ ressuscité Lui-même son secours pour Le glorifier dignement, nous avons suivi, dans cette glorification, un ordre de cérémonie tout à fait inaccoutumé. Sortis du sanctuaire et du temple, nous nous sommes arrêtés dans la nuit, à l'occident, devant les portes fermées du temple, et, là, nous avons chanté un premier hymne à la Très-Sainte Trinité et au Christ ressuscité. L'encensoir et la croix nous ont ouvert les portes, et alors, de l'ombre extérieure, nous sommes livrés complètement à l'enthousiasme de la fête. Il y a là tant de choses inaccoutumées qu'on serait amené à les regarder comme désordonnées si l'on n'y voyait une signification mystérieuse et profonde. Quelle est cette signification ? Celle-là même que nous vous avons déjà expliquée en partie. Dans ces cérémonies visibles de l'Église de la terre, est retracée, autant que possible, la célébration triomphale de l'Église du ciel.
C'est une loi ancienne et sublime des cérémonies de l'Église, d'être l'image des célébration au ciel. C'est ainsi que l'apôtre saint Paul dit du sacerdoce de l'Ancien Testament qu'il était la figure et l'ombre des choses célestes (Heb 8,5). L'Église chrétienne est plus près de l'Église céleste que celle de l'Ancien Testament. Celle-ci était surtout la figure de l'abaissement du ciel sur la terre, de l'Incarnation du Fils de Dieu; l'Église chrétienne, après sa descente sur la terre, a dû principalement Le représenter, selon l'expression du Prophète, montant au ciel, et traînant captive la captivité (Ps 43,19), ou, pour parler plus clairement, arrachant à l'enfer ses prisonniers et ses esclaves, et les conduisant à la liberté et à la béatitude; recevant des dons pour les hommes, c'est-à-dire, acquérant aux hommes, par les pouvoirs de sa Croix, le droit aux dons bienheureux du saint Esprit.
La Résurrection et l'Ascension de Jésus Christ n'ont pas commencé au tombeau seulement, mais à l'enfer même : car, après sa mort sur la Croix, ainsi que le proclame l'Église, son corps est demeuré au sépulture, mais son âme est descendue aux enfers, parce qu'Il est Dieu. Il est descendu même jusqu'aux enfers, et Il y a dissipé les ténèbres qui y règnent. Jusque-là, quoique les patriarches, les prophètes et les justes de l'Ancien Testament ne fussent pas plongés dans la nuit profonde où sont submergés les incrédules et les impies, ils n'étaient cependant pas sortis non plus de l'ombre de la mort, et ne jouissaient pas de la pleine lumière. Ils avaient la semence de la lumière, c'est-à-dire la foi dans la venue de Jésus Christ; mais ce n'était qu'à sa venue réelle vers eux, et au contact de sa lumière divine que leurs lampes pouvaient s'allumer de la flamme de la véritable vie céleste. Leurs âmes, comme les vierges sages, se tenant aux portes de la maison céleste; mais la clef de David pouvait seule ouvrir ces portes; l'Époux divin seul, qui était sorti par ces portes, pouvait y rentrer, et ramener avec Lui les fils de son lit nuptial. Et ainsi le Sauveur du monde, après avoir été crucifié et être mort dans le monde visible, est descendu dans le monde invisible, même jusqu'aux enfers, et Il a éclairé les âmes des justes, et Il les a délivrées de l'ombre de la mort, et Il leur a ouvert les portes du paradis et du ciel; puis Il a montré enfin, dans le monde visible, la lumière de la Résurrection.
Ne comprenez-vous pas, maintenant, comment l'Église a joint cet invisible à ce visible, et a figuré l'un dans l'autre ? Nous nous sommes arrêtés, comme avec les habitants du monde invisible, au couchant, dans l'ombre de la nuit comme dans l'ombre de la mort, devant les portes fermées du temple comme devant les portes fermées du paradis. Par là, l'Église a voulu nous dire : C'était ainsi avant la Résurrection de Jésus Christ, et c'eût été ainsi éternellement s'Il ne fût pas ressuscité. Ensuite l'hymne à la Très-Sainte Trinité et au Christ ressuscité, la croix et l'encensoir nous ont ouvert les portes du temple représentant les portes du paradis et du ciel. Par ces images l'Église nous a dit : C'est ainsi que la grâce de la Très-Sainte Trinité, et le Nom et la Force de Jésus Christ ressuscité, la foi et la prière ouvrent les portes du paradis et du ciel. Les cierges brûlant dans nos mains ne représentaient pas seulement la lumière de la Résurrection, mais ils nous rappelaient en même temps les vierges sages, et nous invitaient à nous tenir prêts pour accueillir, avec la lampe de la foi, alimentée par l'huile de la paix, de l'amour et de la charité, la seconde venue, la venue glorieuse de l'Époux céleste au milieu de la nuit, et pour trouver ouvertes devant nous les portes de son Royaume.
Ce sont là quelques-uns des traits des cérémonies mystérieuses accomplies aujourd'hui par l'Église ! Soyons attentifs, mes frères, et surtout soyons fidèles à l'enseignement symbolique de l'Église notre mère.
En célébrant le triomphe du Christ ressuscité pour nous, arrêtons en même temps, dans l'attendrissement de nos cœurs, nos regards sur le Christ crucifié, tourmenté, mort et enseveli pour nous, de peur que notre joie ne s'oublie et ne devienne déraisonnable. Celui-là seul peut goûter pleinement, et sans crainte de la perdre, la joie de la Résurrection de Jésus Christ, qui est ressuscité lui aussi intérieurement avec Jésus Christ, et qui peut avoir l'espérance de ressusciter triomphalement : or, cette espérance n'appartient qu'a celui qui prend sa part de la croix, des souffrances et de la mort du Christ, ainsi que nous l'enseigne l'Apôtre : “Si nous avons été entés en lui par la ressemblance de sa mort, nous serons aussi entés en lui par la ressemblance de sa Résurrection” (Rom 6,5). “Souffrons avec lui, et nous serons glorifiés avec lui” (Rom 8,17). La joie de cette fête, si elle oubliait la croix et la mort du Sauveur qui nous invitent à crucifier notre chair avec ses passions et ses convoitises, courrait le risque de terminer par la chair ce qui a été commencé par l'esprit, et de changer ceux qui célèbrent la Résurrection du Christ en bourreaux qui Le crucifieraient une seconde fois.
Nous avons célébré, après les anges et à leur exemple, le triomphe de la Résurrection de Jésus Christ; nous nous sommes joints figurativement, pour ce triomphe, aux patriarches, aux prophètes et aux justes, nous avons été introduits dans l'Église comme dans le paradis et le ciel pour la solennisation de cette fête. Songez donc quelle doit être, après cela, notre solennité ! Elle doit ressembler de près à celle des anges, elle doit être digne de s'unir à celle de l'Église céleste des patriarches, des prophètes et de tous les autres saints, elle doit être digne du paradis et du ciel. Ne pensez pas que cette exigence soit excessive et impossible à notre faiblesse. Celui qui célèbre cette fête avec un cœur pur, la célèbre avec les anges. Celui qui la célèbre avec amour pour Dieu et pour Jésus Christ ressuscité, dans un esprit de fraternité pour son prochain, celui-là la célèbre en communion avec l'Église céleste, puisque le ciel n'est autre chose que le royaume de l'amour divin, et si, comme l'assure l'auteur de l'Apocalypse, “Quiconque demeure dans l'amour, demeure en Dieu” (I Jean 4,16), il ne demeure pas, évidemment, hors du paradis et du ciel. Mais s'il ne nous est pas très difficile de nous élever pour unir notre solennité à celle des anges et de l'Église céleste, il ne nous l'est pas davantage, malheureusement, de tomber et de nous éloigner de leur communion. Celui qui plonge et ensevelit les joies de l'âme dans les jouissances de la chair, celui-là ne célèbre plus la fête avec les anges incorporels. Celui qui s'occupe de la terre au point d'oublier le ciel, celui-là, dès lors, est loin de l'Église céleste. Celui qui ne s'efforce pas de préserver sa fête du péché, celui-là ne la célèbre plus en communion avec les saints. Celui qui ne garde pas et n'entretient pas sa lumière intérieure, et qui, par sa négligence, la laisse s'éteindre, celui-là n'a pas beaucoup d'espérance de voir ouvertes les portes saintes de la demeure céleste, quoiqu'il voie, sur la terre, s'ouvrir les portes saintes du sanctuaire.
Ô Christ, notre Sauveur, glorifié au ciel par les anges et par les âmes bienheureuses des justes ! rends-nous dignes de Te glorifier aussi sur la terre avec un cœur pur ! Amen.

Choix de Sermons et Discours de Mgr Philarète, traduits du russe par A. Serpinet,
E. Dentu, Libraire-éditeur, Paris, 1866 tome 1, p. 30-37

La fin de notre vie est le royaume de Dieu; nous devons choisir avec soin notre but, la route que nous devons prendre; car, si nous ne la connaissions pas, nous marcherions, nous nous fatiguerions en vain.
saint Jean Cassien (Conférences 1)

LES PÉRES DE L’ÉGLISE (suite)

SAINT PIERRE CHRYSOLOGUE

(fêté le 2 décembre)


Au 5e siècle, la puissante éloquence du saint patriarche de Constantinople, Jean, soulignait la richesse de son enseignement. La vénération reconnaissante des fidèles lui valut le surnom de Chrysostome, c'est-à-dire «bouche d'or». Au cours de ce même siècle, c'est la prédication sans relâche de la vérité, qui mérita au saint archevêque de Ravenne, Pierre, le nom de Chrysologue, qui signifie «parole d'or». Dans les deux cas, le «sens de la foi» du peuple fidèle ne s'était pas trompé.
Pierre, le futur archevêque de Ravenne, naquit vers l'an 400 à Imola, région italienne d'Émilie. Sa jeunesse s'écoula dans le labeur, la piété, l'acquisition des vertus ainsi que dans l'étude des lettres. Cet ensemble de qualités attira l'attention de son évêque, Corneille, qui l'ordonna diacre. Il remplissait toujours ce ministère diaconal, lorsqu'il fut choisi pour devenir évêque. Sa désignation pour le siège épiscopale de Ravenne, capitale de la Romagne, fut toute miraculeuse. Le dernier évêque de Ravenne, Jean 1 er du nom, venait de s'endormir dans le Seigneur. Le clergé et le peuple s'assemblèrent donc pour lui donner un successeur selon les modalités ecclésiastiques de l'Église orthodoxe, c'est-à-dire le système d'élections épiscopales afin de présenter l'élu à l'ordination du patriarche ou du métropolitain. L'assemblée donna ses suffrages à un homme d'Église, portant lui aussi le nom de Jean. Ceci fait, ils députèrent certains des leurs vers leur patriarche, c'est à dire l'évêque de Rome d'alors, le pape Sixte III, pour lui demander de confirmer cette élection et d'ordonner l'élu. Alors que les délégués se hâtaient vers Rome, Sixte III, qui était un très saint homme, eut une vision dans laquelle le saint apôtre Pierre et saint Apollinaire, premier évêque de Ravenne, l'avertissaient de ne point confirmer celui qui avait été élu, mais de nommer à sa place Pierre, le diacre d'Imola, qu'ils lui décrivirent très précisément. Son discernement le persuada que c'était bien là la Volonté de Dieu. Aussi, lorsque les députés de Ravenne parurent devant lui, il leur fit part de ce choix de Dieu, en vertu duquel il choisirait Pierre, le diacre d'Imola. Les habitants de Ravenne en furent sans doute un peu peinés, mais ils acceptèrent de bon cœur, se réjouissant même du choix divin qui leur donnait un si digne pasteur.
Comme l'humilité ne faisait pas défaut au diacre Pierre, il fut le seul à s'opposer à sa promotion. Il supplia l'évêque de Rome de ne pas permettre qu'il soit mis sur ses épaules un fardeau aussi redoutable; ses prières eussent sans doute ébranlé Sixte III, si la vision qu'il avait eue ne l'eût convaincu que la lampe de Pierre d'Imola était destinée à être mise sur le chandelier «afin d'éclairer ceux qui sont à l'entour». Il repoussa donc la demande de Pierre, l'invitant à se soumettre à la Volonté de Dieu. Pierre finit par accepter, voyant que la Volonté divine clairement manifestée s'unissait à la volonté humaine du peuple, qui s'en réjouissait. Le pape Sixte III lui imposa donc les mains, et la grâce du saint Esprit pour la charge d'évêque descendit sur Pierre d'Imola, qui devint ainsi l'évêque Pierre de Ravenne. Cela fait, le patriarche romain l'envoya au plus tôt gouverner et conduire le troupeau que la divine Providence lui avait confié.
Prenant possession de la chaire épiscopale de Ravenne, prestigieuse cité qui était alors capitale de l'empire, la première chose qu'il fit fut de représenter à son troupeau que, puisqu'il avait accepté de devenir leur évêque pour le salut de leurs âmes, ils devaient – eux – s'efforcer de profiter des instructions qu'il leur donnerait. Il leur dit aussi qu'il était, tel un médecin, prêt à les guérir, comme un pasteur décidé à les conduire, comme une mère à les nourrir et comme un père à les défendre et leur procurer le salut éternel. En retour, il leur demandait d'avoir envers lui de la docilité et l'obéissance nécessaire pour que tout cela leur soit profitable. Il s'acquitta si dignement de cette charge que les instructions fortes et touchantes qu'il fit à son peuple étaient comme un fleuve d'or coulant de sa bouche. C'est ainsi qu'il mérita le nom de Chrysologue, comme nous l'avons vu. Ajoutons aussi que sa première homélie épiscopale fut très goûtée par l'impératrice Gallia Placidia.
Outre ses instructions et autres travaux, les premières années de son épiscopat le virent s'employer à édifier des églises, comme à réparer celles qui tombaient en ruines. C'est ainsi qu'il fit édifier une église célèbre en l'honneur du saint apôtre André. Il ne négligea pas non plus la construction d'édifices publics pour rendre la vie moins pénible à ses fidèles. Les hagiographes notent qu'il assista le saint prêtre Barbatien – qui avait provoqué l'admiration de toute son éparchie par ses miracles – au moment de sa mort. Puis il lava son corps et l'ensevelit dans une de ses églises. Il prit soin aussi d'ensevelir le corps de saint Germain d'Auxerre, qui mourut de son temps à Ravenne, avant d'être ramené dans sa propre ville épiscopale. Il hérita de quelques-uns de ses vêtements et d'un cilice comme reliques.
Et le moment venu, lors d'une épreuve qui troublait la foi de l'Église, il affermit la foi de son peuple dans la juste confession au moment où l'hérésiarque Eutychès commença à faire éclater sa pernicieuse hérésie christologique.
Au temps de saint Pierre Chrysologue, l'impie Eutychès commença à faire éclater sa pernicieuse hérésie par laquelle, confondant les natures en Jésus Christ (nature divine et nature humaine), il n'en faisait qu'une seule, soit par le mélange de l'une avec l'autre, soit par la perte de l'une dans l'autre. La terminologie de cet hérésiarque compromettait la plénitude de l'Humanité du Christ qui, dans son système, fusionnait avec sa Divinité au point d'y être absorbée comme une goutte d'eau dans l'océan.
Eutychès, déjà démasqué par Flavien, saint patriarche de Constantinople, essaya de semer le trouble en écrivant au patriarche de Rome, qu'il croyait gagné à sa cause. Mais Flavianus l'avait déjà mis en garde contre lui. Rusé comme un renard, Eutychès chercha également à introduire la division en Occident pour le cas où le patriarche romain, le pape Léon, se prononcerait contre lui. Dans ce but, il écrivit à bien des évêques d'Occident, tout comme au saint évêque de Ravenne, pour essayer de les engager dans son parti. Comme notre saint brillait entre les autres tant par la dignité de son siège que par sa piété, il fut l'un de ceux à qui il adressa des lettres. Aussi prudent que respectueux des canons, le vénérable évêque Pierre lui répondit «qu'en Occident, il était d'usage de ne prendre aucune décision au sujet de la foi sans l'évêque de Rome». Ce que chaque théologien faisait d'ailleurs vis à vis de son patriarche, où que ce soit. Il conseillait donc à Eutychès d'obéir aux décisions de Léon. Quant à lui, il ne pouvait s'occuper de son affaire que si son propre évêque à lui, Eutychès, c'est-à-dire le patriarche Flavien, lui en écrivait. Or ce saint patriarche Flavianus avait dénoncé cet hérésiarque et le pape saint Léon approuva ce qui avait été fait contre Eutychès. Cette lettre est passée à la postérité et inscrit son auteur parmi les défenseurs de la foi proclamée au concile de Chalcédoine (451), qui proclama la croyance en un Fils unique, parfait quant à sa Divinité, parfait aussi quant à son Humanité, véritablement Dieu et véritablement homme : «Un seul et même Fils… sans division, ni séparation»; «deux natures unies sans confusion ni altération, sans division ni séparation, car la différence entre les deux natures n'est nullement supprimée par leur union, mais les caractéristiques propres à chaque nature sont sauvegardées, et subsistent en une Personne unique, une seule Hypostase».
Le rôle de ce saint pasteur se remarqua aussi dans le zèle qu'il mit dans sa lutte contre le paganisme et le soin qu'il mit à faire disparaître de son éparchie plusieurs superstitions païennes qui s'y pratiquaient alors. Ses homélies dénonçaient l'usage de ces pratiques abominables, dont celui de ces masques qui représentaient les fausses divinités, ainsi que la coutume de célébrer, en l'honneur du Seigneur, lorsqu'il était arrivé quelque bonne fortune, des jeux (les fameux circenses) qui étaient autant de restes du paganisme.
Il fut si convaincant que son zèle fut couronné de succès, et tous ces divertissements impies et sacrilèges disparurent. Enfin, après avoir dirigé saintement l'Église de Ravenne pendant dix-neuf ans, le Seigneur l'avertit par une vision que l'heure de son départ était proche. Pierre Chrysologue, qui avait une dévotion particulière pour saint Cassien le martyr, décida de faire un voyage à Imola, où il y avait une église bâtie en son honneur, pour le prier afin qu'il lui soit accordé la grâce d'une bonne fin. Il fut exaucé. Alors qu'il était toujours à Imola, il tomba malade et, après avoir exhorté ses fidèles à lui élire un bon successeur et à ne jamais s'écarter de la voie des commandements de Dieu, il se prépara à remettre paisiblement son âme entre les Mains du Seigneur lors de son ultime rendez-vous. Cette rencontre eut lieu le 2 mars de l'an 450.


Écrits de Saint Pierre Chrysologue :
Outre sa «Lettre à Eutychès», imprimée dans les actes du Concile de Chalcédoine, on reconnaît comme authentiques cent soixante-seize de ses sermons imprimés. Généralement beaucoup d'entre eux commentent des textes bibliques, surtout comme bases pratiques de la vie chrétienne. D'autres concernent les œuvres : jeûne, prière, lutte contre l'hypocrisie, l'oisiveté etc. Il y a aussi de lui de beaux commentaires des fêtes de Noël, de la Théophanie et de Pâques. D'autres sermons sont consacrés à honorer des saints comme Thomas l'apôtre, Jean le précurseur et baptiste, Matthieu l'apôtre, Étienne le diacre martyr, Laurent, Cyprien, Apollinaire et quelques autres. D'autres instructions sont autant d'explications catéchétiques du Credo, du Pater. Enfin, l'un de ses aphorismes célèbres a traversé les siècles. Il dit : «Celui qui veut rire avec le diable ne pourra se réjouir avec Jésus Christ».

Athanase Fradeaud

Que votre premier et principal effort soit d'acquérir le Christ. Tout le reste n'est rien, même si le monde entier était à vos pieds.
Devenez calme, devenez tranquille après du bruit nocif… vous aurez alors l'expérience d'un certain mouvement vers l'éternité ; peu à peu, comme une petite voix tranquille, une pensée vous viendra dire ce que vous êtes, quelle est votre fin, quel est votre but…c'est un signe que la Parole de Dieu s'approche de votre âme.
Saint Tikhon de Zadonsk

C'EST UNE BONNE NOUVELLE : UNE ANALYSE D'ADN DEMONTRE QUE SAINT LUC EST BIEN CE QUE L'ON DIT QU'IL EST


The Irish Times, le 16 octobre 2001

Par Dick Ahlstrom
rédacteur scientifique

Une “empreinte digitale” d'ADN a été utilisée pour démontrer que saint Luc est réellement celui qu'il prétend être. Une analyse des os supposés appartenir à l'auteur de l'évangile, analyse poursuivie actuellement à Padoue a établi l'âge et la provenance génétique des reliques.
icone de saint Luc Des scientifiques d'Italie, de Suisse et des États-Unis ont utilisé l'empreinte digitale d'ADN et la datation au carbon 14 sur des dents prises dans le sarcophage en marbre contenant le corps attribué par la tradition à saint Luc. La datation s'est avérée proche du moment notoire de la mort de saint Luc à l'âge de 84 ans, en l'année 150 de notre ère, mais ce qui est plus significatif, selon l'étude de l'ADN, il s'agirait du corps de quelqu'un de Syrie, qui fut effectivement le pays natal de saint Luc.
Des sources historiques indiquent que l'un des quatre évangélistes, Luc, naquit à Antioche, dans la province romaine de Syrie, autour de 65 de notre ère. Il mourut à Thèbes, où il fut enterré, mais ses reliques furent transférées à Constantinople pendant le règne de l'empereur Constantin le Grand, aux alentours de 338 de notre ère.
Mais l'homme ne reposa pas en paix. Il fut emmené par la suite à Padoue, quelque temps avant 1177. Il y resta, mais non sans être dérangé à nouveau. Le Vatican décida d'y jeter un coup d'œil en 1463 et en 1562, et plus récemment en 1998, lorsque des scientifiques des universités de Ferrare, de Florence, de Genève de Rome, de Calabre et de Padoue ouvrirent à nouveau son cercueil plombé.
Ils prirent une dent pour vérifier si le sarcophage contenait le corps d'un Syrien, et non celui d'un intrus, mis à sa place, à l'époque de Luc, en Grèce ou en Turquie. Les résultats furent communiqués en détail ce matin dans les Actes de l'Académie Nationale des Sciences des États-Unis.
L'examen du squelette d'une personne de sexe masculin montra des signes d'ostéoporose, ce qui semble indiquer un individu décédé à l'âge de 70 ans ou plus. Plus tard, une datation indépendante, effectuée par l'université d'Arizona à Tucson et par celle d'Oxford, estima que les échantillons provenaient de quelqu'un décédé entre 72 et 416 de notre ère, dates qui encadrent remarquablement l'année de la mort de saint Luc.
“L'empreinte digitale” génétique d'ADN mitochondrial, la seule qui convienne à l'analyse d'un échantillon ancien, montra que le corps était très probablement celui d'un Syrien. Certainement pas celui d'un Grec, mais il y avait une chance qu'il avait pu être celui d'un Turc d'Anatolie.
Ces affirmations furent basées sur une analyse d'ADN prélevés sur des Turcs, des Grecs et des Syriens vivant de nos jours. Les auteurs cherchaient des marqueurs génétiques particuliers, en comparant des ADN modernes et anciens, et les échantillons de Luc s'avéraient les plus proches d'un Syrien.
Ils ne pouvaient pas exclure un échange de corps pendant le séjour du cercueil à Constantinople, étant donné la marge d'erreur. Cependant, une origine syrienne «est la plus plausible.»

Le vice de l'orgueil fait que celui qui, spontanément, s'avoue pécheur, s'indigne quand ce sont les autres qui le lui disent.
Smaragde (Le diadème des moines, chap. 16)

La gloire du moine est la patience dans les épreuves et la longanimité avec la charité.
Smaragde (Le diadème des moines, chap. 29)

COURRIER

Mon cher,

sœur … m’a communiqué votre lettre du 17/1/2007, et m’a également demandé de vous y répondre.
Je vous dis franchement que je le fais à contrecœur, car ces raisonnements, imbibés de rationalisme et de la sagesse d’Extrême-Orient, me sont bien connus. Je ne pense pas non plus que cette lettre servira à grand-chose car tant que vous ne renoncez pas à prendre votre raisonnement pour le critère de tout, vous ne trouverez jamais la porte étroite qui mène à la vie.
«Si le Christ venait aujourd’hui, il ne dirait probablement pas les mêmes choses et n’aurait probablement pas les mêmes discours,» écrivez-vous. Et moi je vous réponds, que Celui qui est la Vérité et la Vie, dirait exactement la même «chose», la même réalité, mais dans un autre contexte, avec d’autres images, une autre langage et Il vivrait moralement exactement comme autrefois, car Il est la Vérité absolue, tandis que votre «petite vérité» relative et versatile, est la vérité d’un jour qui demain sera déjà périmée.
Vous vous contredisez en disant : «Comment pourrais-je décider ce qu’est la vérité ou ce qu’elle n’est pas dans la mesure ou la grille que j’applique pour en décider est faussée par tout mon conditionnement ?» Si vous croyez vraiment cela alors il ne faudrait pas être si sûr de vous-même et si affirmatif.
Le christianisme n’est pas basé sur la connaissance de soi, mais sur l’amour, l’amour d’un vis-à-vis, de Dieu et du prochain. Votre discours ne parle que de la vérité, c’est-à-dire de concepts intellectuels que je taxe, dans le meilleur cas, de philosophe humaniste. Si je dis humaniste, cela veux dire que, dans cette philosophie, tout se rapporte à l’homme, – même Dieu.
Les pères ont communiqué leur savoir et leur expérience, dans la mesure du possible, mais l’Orthodoxie c’est la vie et il faut la vivre. Ce n’est qu’ainsi qu’on peut la percevoir, et dans la mesure où vous vivez leur expérience pour accéder aussi à leur savoir qui vient après.
L’ascèse et la souffrance, et donc aussi la Mort sur la Croix de notre Sauveur, est pour vous du gâchis. Si vous jeûniez une fois pendant trois jours de suite, comme nous, les orthodoxes faisons au début et à la fin du Grand Carême, votre esprit s’aérerait un peu et peut-être Dieu vous illuminerait un peu, en plus de votre savoir livresque et compliqué.
Vous dites : «Seule la musique céleste s’exprimait mais ce n’est pas eux qui en avaient écrit la partition.» Non les saints n’ont pas écrit la musique céleste, mais ils l’ont vécue, comme une femme enceinte vit la grossesse et l’enfantement dont nous autres n’avons qu’une vague idée. Vivez d’abord ce que tel ou tel saint a vécu, alors vous pourrez en parler en connaissance de cause. Pour le moment ce n’est que votre opinion, que vous prenez pour la vérité, qui s’exprime.
Orthodoxie veut dire vraie glorification, glorification d’un Dieu qui est incompréhensible, insaisissable, indéfinissable, etc. et non auto-adoration, réalisation du moi. Le but du chrétien c’est l’union avec Dieu dans l’amour et la vérité – la déification.
Votre discours sent le Guénonisme qui se réfère à la croyance primitive dont il est lui-même le réinventeur.
Je pourrais encore écrire des pages et des pages mais cela ne changerait rien. «Donne un peu à un sage et il comprendra,» dit l’Ecriture tandis que le sot restera toujours sot, sans vouloir faire allusion à vous puisque vous faites partie de la première catégorie selon vos dires.
Il ne me restera qu’à prier, ce que nous orthodoxes considérons comme l’essentiel avant toute parole.
Mon but n’est pas, par cette lettre, de vous attaquer mais de simplement dire ce que j’ai à dire comme orthodoxe et prêtre,
car «quand la Vérité est attaquée, le silence équivaut à la trahison,» dit saint Basile le Grand.

Dans l’amour du Christ, que vous expérimenterez peut-être un jour selon mes souhaits,
votre hiéromoine Cassien

Ne gravitez pas vers la terre. Tout y est corruptible; seul le bonheur au-delà du tombeau est éternel, immuable, vrai;

et ce bonheur dépend de la façon dont nous passons notre vie d'ici-bas.

Évêque Théophane le Reclus

MIRACLE DE LA MAIN DE JEAN LE BAPTISTE


Traduit d'un article paru dans The Daily Telegraph le 3 juin 2006
icone du Baptiste
La main droite de Jean le Baptiste a traversé beaucoup de péripéties depuis qu'elle a été coupée du reste de son corps il y a deux millénaires.
Selon la légende, elle sauva le peuple d'Antioche (aujourd'hui en Turquie) d'un dragon, qui périt étranglé lorsqu'un homme de la cité jeta un doigt de la main dans sa gorge. La main, qui demeure normalement en Monténégro, est en visite en Russie pour la première fois depuis qu'elle fut sortie clandestinement du pays après la révolution de 1917, et y opère de nouveau des miracles.
Vladimir Mastoukov, un retraité ayant perdu l'usage de ses jambes à la suite d'une attaque il y a cinq ans, s'inclina pour embrasser une vitrine qui abritait la main. Quelques instants plus tard, il jeta ses béquilles et sortit de la cathédrale Christ-Sauveur en plein centre de Moscou… en sautillant.
« J'ai senti une telle légèreté dans tout mon corps,» a-t-il dit. «Merci, mon Dieu».
Depuis qu'elle arriva à bord d'un vol charter dans un reliquaire pare-balles, la relique éveilla une grande ferveur religieuse. Des queues de plusieurs kilomètres s'étalent le long de la cathédrale. Les fidèles attendent jusqu'à onze heures d'affilée leur tour d'embrasser la relique.
«Mon âme m'a mené ici,» dit Vadim Marouchenko de la ville d'Omsk de Sibérie.
«Je suis incapable d'exprimer par des paroles ma joie de l'avoir vue. Au moment où je la touchais, j'ai su simplement que le lot de mes proches allait être un peu allégé.»

Nous savons avec quel plaisir et quelle joie nous avons reçu la Parole de Dieu; soyons attentifs à ne pas nous montrer fidèles seulement pour un temps. Nous avons besoin de patience, afin que l'épreuve de notre foi puisse être plus précieuse que l'or. Souvenez-vous que notre lutte n'est pas pour des choses sans valeur, mais pour le Royaume de Dieu ; et lutter pour un royaume n'a rien de nouveau chez les humains…

Qu'avons-nous besoin d'autre que de persévérer ? Celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé (Mt 24,13). Le Jugement est à la fin, et ce n'est qu'alors que chacun peut être loué. Pour persévérer, que chacun prie Dieu pour son Secours en toute humilité.

Lettre de saint Colomban à ses fils et ses disciples

LES HUIT CAVALIERS

Je voudrais vous raconter le miracle suivant qui s’est passé dans un village nommé Christos. Un chrétien qui s’appelait Paul Gianatou, le jour de l’Annonciation, selon le calendrier orthodoxe, alla visiter son oncle qu’il trouva en train de tondre les brebis. Paul lui dit : «Qu’est-ce que tu fais là, mon oncle ?» – «Je tonds les brebis,» répondit celui-ci. «Tu tonds aujourd’hui et tu ne sais pas que c’est le jour de l’Annonciation selon le calendrier orthodoxe ?» «Je sais, répondit l’oncle, que c’est l’Annonciation, mais je ne juge pas mauvais de tondre aujourd’hui.» Lorsque Paul entendit que ce n’était pas mauvais de tondre le jour de l'Annonciation, il alla dans sa bergerie et s’apprêta à tondre à son tour. À peine avait-il commencé avec la première brebis, qu’une lumière apparut dans laquelle huit hommes à cheval lui dirent : «Qu’est-ce que tu fais là aujourd’hui ?» Paul fut pris d’une grande peur et jeta les ciseaux par terre en leur disant en tremblant : «Je tonds mes brebis.» Ceux-ci lui répliquèrent : «Aujourd’hui, qu’est-ce que c’est ?» Il répondit :«L’Annonciation.» – «Pourquoi fais-tu cela aujourd’hui ?» – «D’autres font aujourd’hui la même chose.» – «Alors, si tout le monde allait se noyer, tu irais te noyer toi aussi ?» À la fin ils lui dirent : «Ne crains pas. Va seulement et dis à tous les laïcs et au clergé de retourner à l’ancien calendrier et de jeûner. S’ils ne le font pas, Dieu versera de l’eau bouillante sur eux et les détruira tous.» En disant cela, ils devinrent invisibles.
C’est ce Paul qui mit cela par écrit et l’apporta le jour suivant au maire du village. Celui-ci lui expliqua :
Les huit cavaliers étaient : Les deux grand-martyrs Georges et Dimitri, les deux Théodore, saint Menas, le grand-martyr Eustache de Rome, saint Procope et le saint roi Jean Batasis.

Question :
Pourriez-vous me dire quelque chose sur la maturité spirituelle et la responsabilité ?

Réponse :

Ma chère,

la maturité spirituelle s'acquiert par l'expérience et la connaissance, comme aussi dans d'autres domaines. On devient, par exemple, un bon jardinier avec le temps par l'expérience, les études et la fatigue. Ce n'est pourtant pas une question d'années car il y a des gens qui restent toujours incompétents et médiocres même après de nombreuses années.
La maturité spirituelle suppose qu'on se purifie, qu'on reçoive le don de discernement et tout simplement l'Esprit Saint qui en est l'auteur.

La responsabilité : Nous sommes responsables de tous nos actes, paroles et pensées même, car ils se répercutent sur les autres et le cosmos tout entier soit en bien soit en mal et bien sûr nous en récolterons les fruits qui risquent d'être amers si nous vivons autrement que Dieu nous demande.
Il y a la parabole des talents qui illustre cela. Dieu nous a confié des talents qu’il faudra faire fructifier. Si nous le ne faisons pas, il nous reprendra ces talents. Il y a aussi la parabole de l'arbre stérile. Si nous ne portons pas de bons fruits nous serons coupés et jetés au feu. Bref, tout ce que nous faisons, nous en rendrons compte un jour.

hm. Cassien

L’ARCHANGE RAPHAËL

Il est fait mention de l’ange Raphaël, dans l’Ancien Testament, dans le livre de Tobie. Le livre de Tobie date du premier ou deuxième siècle avant J.C. et ne figure pas dans le Talmud juive. En 1955, quelques fragments en furent trouvés à Qumran.
L’auteur de “Tobie” a écrit ce livre au huitième siècle avant J.C. L’histoire raconte comment Raphaël accompagna le jeune Tobie. Tobie ignorait que Raphaël était en réalité un ange, envoyé pour guérir et protéger. Raphaël veut dire “Dieu guérit”.
Dans le livre apocryphe de Hénoch I, Raphaël fait partie de quatre protecteurs dont la tâche est de s’occuper “de toutes les maladies et blessures des hommes”.
Raphaël est le patron des voyageurs et médecins et sa fête se célèbre le 8 septembre et le 8 novembre.

PRIÈRE

Seigneur, le véritablement humble est celui qui pardonne à son offenseur avant que celui-ci le demande. Toi qui est la source de toute humilité, tu m’a donc déjà pardonné tous les péchés que je commettrai encore – et ils seront nombreux – jusqu’à mon dernier souffle. Il ne me reste, qu’à passer le reste de mes jours, à te glorifier pour ton amour incompréhensible.
hm. Cassien

LE NÉOMARTYR NICOLAS DE CRÈTE

Nous avons relaté, dans le bulletin numéro 101, le martyre de Catherine Routti de Mandra.
Voici un autre martyr du temps de la persécution par les néocalendaristes : Nicolas de Crète. Nous avons trouvé sa photo dans les archives de notre Synode et au dos de la photo est marqué (en grec) : «Le très saint néomartyr Nicolas de Crète qui fut martyrisé par Eugène … en 1956. Sa synaxe a lieu régulièrement au café «byzantin» à la place de la Concorde.»

hm. Cassien

LE SEL DE LA TERRE

«Vous êtes le sel de la terre,» est-il dit dans l’évangile (Mt 5,13). Il n’est pas écrit : Soyez ou devenez, mais bien vous êtes. Donc, le fait d’être chrétien fait de nous le sel de la terre. Mais plus loin il est dit : «mais si le sel perd sa saveur, avec quoi l’assaisonnera-t-on ?» Donc notre christianisme peut devenir fade, c’est-à-dire ne garder que le nom et la forme sans contenu. A ce moment-là , le sel «ne sert plus qu’à être jeté dehors,» selon la parole du Sauveur. Donc, on nous jettera dehors si nous perdons notre saveur, autrement dit la grâce. Qu’est-ce qu’est ce dehors ? Voilà ce que dit l’évangéliste Matthieu : «Mais les fils du royaume seront jetés dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents.» (Mt 8,12)
En substance, le Christ veut dire, en nous comparant au sel, que le nom et la forme ne suffisent pas pour être son disciple mais qu’il faut aussi le vivre.
Creusons un peu plus. Ailleurs, il est question du levain : Le royaume de cieux «est semblable à du levain qu’une femme a pris et mis dans trois mesures de farine, pour faire lever toute la pâte.» (Lc 13,21) C’est la même réalité exprimée sous une autre image. Le royaume des cieux, ce n’est que la grâce de l’Esprit saint en nous. Donc c’est de nouveau de notre état dont il est question. De même que le sel peut perdre sa saveur, de même le levain peut se gâter et ne plus servir à rien – qu’à être jeté dehors.
Si donc nous n’accomplissons plus ce que nous est demandé, — de transmettre au monde la vraie vie —, alors ne nous étonnons pas que le monde aille à sa perte et nous avec lui.

hm. Cassien

La Sainte Écriture croît en quelque sorte avec ceux qui la lisent : les lecteurs incultes croient la reconnaître, alors que ceux qui sont instruits la trouvent toujours nouvelle.
Smaragde (Le diadème des moines, chap. 3)

LA CAVERNE DE SAINT JEAN BAPTISTE

La première évidence archéologique de Jean-Baptiste apparue dans les temps modernes
On pense que la caverne est l'endroit où Jean-Baptiste a cherché sa première solitude dans les "déserts" (Luc 1:80) et où il a pratiqué pour la première fois ses procédures de baptême.
La caverne est située dans les vergers de Kibbutz Tzuba, qui est près du village d'Ein Karem - le lieu de naissance traditionnel de Jean-Baptiste - à l'ouest de Jérusalem (Luc 1:39-40). Dr Shimon Gibson l'a découverte par hasard en 1999 au cours de fouilles archéologiques.
Aux 4ème et 5ème siècle après J.C. la caverne a été sanctifiée et utilisée par des moines Byzantins comme lieu saint chrétien consacré à Jean-Baptiste. On trouve sur ses murs quelques peintures des plus anciennes de l'art chrétien local dépeignant la vie de Jean-Baptiste, ses symboles et les trois croix du Crucifixion.
La caverne servait au début, en 800 avant J.C, de réservoir d'eau. Vers la fin du 1er siècle avant J.C, elle a servie de piscine rituelle (mikveh) une des plus grandes trouvées en Israël. Dans la caverne on a trouvé des installations peu communes liées aux premières procédures de baptême, y compris une pierre pied-oignante , unique, datant de la période de Jean-Baptiste.
Ces trouvailles exceptionnelles mêlant religion et science jettent une lumière sur le monde de Jésus et de ses contemporains.

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