NUMÉRO 112
NOVEMBRE 2006

 Bulletin des vrais

chrétiens orthodoxes

sous la juridiction de

S. B. Mgr. Nicolas

archevêque d'Athènes

et primat de toute la Grèce

Hiéromoine Cassien
Foyer orthodoxe
F 66500 Clara
Tel : 00 33 (0) 468961372
en Grèce : 0030 6974380599

 SOMMAIRE

NOUVELLES

HOMÉLIE POUR LA FÊTE DES ARCHANGES MICHEL ET GABRIEL

SAINTE SOPHIE DE CONSTANTINOPLE

DÉCOUVERTE EN ISRAËL D’UNE ÉGLISE DU IIIE SIÈCLE

CE QUE NOUS DIT LE DROIT ISLAMIQUE

UN POINT DE VUE PASTORAL DU MARIAGE ET DE SES PROBLÈMES

LES PÈRES DE L’ÉGLISE : Saint Irénée de Lyon


NOUVELLES

Je termine ce bulletin juste avant de partir pour le Cameroun. Plaise à Dieu, j’y resterai jusqu’au dimanche avant la Naissance du Sauveur. Le dimanche avant Noël orthodoxe, nous célébrerons donc encore la liturgie à l’hermitage et ensuite je partirai de nouveau en Grèce.

Dans ce bulletin et les autres, bien sûr, nous publions des textes qui concernent plus particulièrement nos fidèles au Cameroun, comme ce texte de saint Nicodème, ci-après, concernant la magie, qui est toujours bien répandue en Afrique.

Le calendrier 2007 est disponible.

Vôtre en Christ,
hm. Cassien

Que rendrons-nous au Seigneur pour tout ce qu'il nous a donné ? Pour nous, Dieu est venu parmi les hommes pour notre nature corrompue, le Verbe s'est fait chair et il a demeuré parmi nous, Bienfaiteur parmi des ingrats, Libérateur parmi les captifs, Soleil de justice pour ceux qui gisaient dans les ténèbres, sur la croix, l'Impassible, aux enfers, la Lumière, dans la mort, la Vie, pour ceux qui sont tombés, la Résurrection, Crions-lui : ô notre Dieu, gloire à toi !

Octeque (mode 7) matines du dimanche

HOMÉLIE POUR LA FÊTE DES ARCHANGES MICHEL ET GABRIEL

saint Nicodème l'Hagiorite

Pères et frères bien-aimés, s’il m’avait été donné, à moi qui ne suis rien, la grâce de posséder une des langues angéliques, comme le dit fort bien Paul l’apôtre du Christ : «Si je parlais la langue des anges ...”, je l’aurais, vous le pensez bien, employée pour parler de Michel et de Gabriel, les archanges du Seigneur, et pour les louanger comme il convient. Si une des langues de feu immatérielles, qui furent distribuées aux saints et divins apôtres, m’avait échue, j’aurais chanté des odes surnaturelles, aux archanges de feu immatériels. Si au moins, ma langue avait été purifiée, comme le fût celle d’Isaïe, par la pince séraphique, j’aurais pu espérer dire des choses dignes de la sublimité des taxiarques.
Mais, puisque ma voilà privé de tous ces biens, que ma langue n’est pas angélique mais humaine, qu’elle n’est pas de feu mais de terre, qu’elle n’est pas immatérielle mais matérielle, qu’elle n’est pas pure mais impure, et de plus désordonnée, non exercée à la rhétorique, que pouvez-vous attendre de moi ? De pauvres paroles sur les saints archanges. Aussi, je ne me permettrai pas d’examiner leur nature, leur création, le mode de leur intellection, celui de leur passage d’un lieu à un autre, ainsi que leurs autres attributs que les théologiens enseignent, surtout l’ami des anges, la langue glorieuse de Denys l’Aréopagite.
Je me contenterai donc, dans cet éloge, de dire que Michel le divin et Gabriel le sacré, ont été les serviteurs exceptionnels des oeuvres et des actions du Dieu Tout-Puissant.
Soyez donc attentifs et tachez de comprendre.
Selon les théologiens, les principales énergies et qualités du Dieu saint, sont au nombre de deux : la Justice, appelée aussi Jugement, séparation, et la Bonté, appelée aussi douceur, miséricorde, pitié et que David célèbre en disant : «Je chanterai ta Bonté et ta Justice Seigneur !»
Avec la justice, Dieu juge et châtie les hommes quand ils pèchent et transgressent ses commandements; avec la bonté, il leur fait miséricorde et les prend en pitié.
Or, l’archange Michel se trouve être l’ange de la Justice de Dieu. On le voit chargé de châtier et d’instruire les pécheurs, protéger et fortifier les bons. Cela apparaît en de nombreux passages de l’Écriture divine, surtout quand Michel extermine les premiers-nés des Égyptiens et épargne ceux des Hébreux.
L’archange Gabriel, apparaît comme l’ange exceptionnel de la Bonté, de la Miséricorde de Dieu. C’est lui que l’on voit, quand Dieu fait miséricorde et use de bonté. C’est Gabriel qui apporte au monde les messages de joie, comme celui de la grande miséricorde, qui est la venue du Christ.
Trois sont les oeuvres les plus grandes, les plus extraordinaires de Dieu : la création du monde spirituel, la création du monde sensible, l’économie de l’Incarnation du Verbe de Dieu. Dans ces trois oeuvres, Michel et Gabriel ont été les serviteurs éminents de Dieu.
Dieu a tout d’abord créé le monde spirituel, en l’amenant du non-être à l’être, je parle du ciel de feu. Il l’a rempli de ces brillantes étoiles que sont les myriades des anges immatériels; il l’a orné de trois triades hiérarchiques : I) Trônes, Chérubins, Séraphins. II) Seigneuries, Puissances, Pouvoirs. III) principautés, archanges, anges. Par-dessus tous, il a établi sur ces neuf ordres, comme chefs et maîtres, Michel et Gabriel. Comment ? De quelle manière ? Et bien, écoutez.
Michel a été le serviteur plein de gratitude envers le Dieu Tout-Puissant. C’est lui qui a livré bataille dans les cieux, au diable apostat et à ses anges, quand dans leur orgueil ils s’élevèrent contre le Dieu vivant. C’est lui qui les a précipités dans les abysses de la terre, comme l’écrit le livre de l’Apocalypse : «Et il y eut guerre dans le ciel. Michel et ses anges combattirent contre le dragon. Et le dragon et ses anges combattirent, mais ils ne furent pas les plus forts, et leur place ne fut plus trouvée dans le ciel. Et il fut précipité, le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan, celui qui séduit toute la terre, il fut précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui.» (Ap 12,7-10)
Pour ce grand acte de bravoure, Michel a été établi premier sur les neuf ordres angéliques, il leur apprit à être reconnaissants à Dieu, obéissants, humbles, fidèles et inséparables de Lui.
À Gabriel, parmi tous les anges, fut confié le mystère de l’économie de l’Incarnation, comme le dit fort bien le divin Chrysostome (de même que les mélodies de l’office de l’Annonciation) : «À toi seul fut confié le mystère.» Lui aussi est devenu premier et serviteur exceptionnel. Lui aussi, dès le commencement, a été fait premier et chef de tous les ordres angéliques, des chérubins et des séraphins eux-mêmes. C’est lui qui les a initiés aux raisons sécrètes et profondes de ce mystère. Et si Paul dit que c’est par l’Église que les principautés et les pouvoirs ont connu la variété de la sagesse de Dieu, on doit ajouter que Gabriel en a été l’intermédiaire. Instruit, en effet, par le Verbe incarné et par l’Esprit qui était avec lui, de la variété de cette sagesse, (Dieu vainquant le contraire par son contraire : l’orgueil par l’humilité; la gloire par le déshonneur; la force par la faiblesse; la sagesse par la folie, selon Grégoire de Nysse) Gabriel l’a transmise, sans jalousie, aux anges, répétant les paroles de Salomon : «Ce que j’ai appris je l’ai distribué avec abondance.»
De ce que Gabriel a été, lui aussi, établi premier sur les neuf ordres angéliques, apparaît clairement dans ce qui suit. Selon l’opinion de l’Église et de l’abbas Isaac en particulier, les ordres angéliques reçoivent l’illumination du Christ qui est, selon Paul monté au-dessus de toute principauté, de tout pouvoir, de tout nom qui se peut nommer dans le siècle à venir.
Selon une opinion générale, c’est par la Mère de Dieu, l’Enfantrice de Dieu, incomparablement plus glorieuse que les séraphins, que tous les ordres angéliques sont illuminés, comme le dit fort justement Grégoire de Thessalonique, dans son Homélie sur l’Éntrée de la Vierge au Temple et dans celle sur la Dormition. Or, nul n’étant plus proche du Christ et de l’Enfantrice de Dieu que Gabriel, il est évident, que c’est par lui que sont illuminés tous les ordres angéliques. Si le divin Denys dit que le premier ordre angélique est celui des Trônes et le huitième celui des archanges, il parle d’avant l’Incarnation, car, après elle et selon Isaac, l’ordre a été renversé, les premiers sont devenus derniers et les derniers premiers.
Ainsi donc, les deux archanges, Michel et Gabriel, par la sainte leçon de l’humilité qui parfait, ils ont enseigné tous les anges les rendant non seulement inaccessibles au mal - mais éternellement inaltérables et impassibles devant la perversité, comme l’enseigne Grégoire de Thessalonique, saint Nicétas et le Scolastique de Grégoire le Théologien.
Dieu a créé ensuite en en six jours, ce monde sensible. Il en a orné le ciel par la variété des astres et des luminaires, embelli la terre par la variété des plantes et des animaux. Il a rempli l’air du très doux gazouillement des oiseaux, puis, il a créé par-dessus tout, le célèbre commandement divin. Mais hélas ! l’homme a transgressé le commandement et a été exilé hors du paradis des délices, sur cette terre pleine de larmes. Ici encore, Dieu s’est servi de Michel et de Gabriel, ces excellents serviteurs de ses jugements et de sa Providence envers les hommes, pendant plus de 5500 ans.
Les docteurs de l’Église enseignent que le divin Michel compatit alors aux malheurs d’Adam expulsé. Il lui enseigna (Adam était encore inexpérimenté) comment cultiver la terre, comment l’ensemencer, comme récolter, en un mot comment gouverner sa douloureuse vie, se procurer la nourriture et le vêtement. Michel n’a jamais manqué de veiller sur tous les ancêtres d’avant la Loi et de les protéger : Seth, Enos, Enoch, Noé, Abraham, Isaac, Jacob et les douze Patriarches. C’est lui qui les a amenés à la connaissance du seul vrai Dieu, qui a châtié et instruit ceux qui s’opposaient à Lui. C’est lui qui a été le pédagogue et le conducteur du peuple d’Israël, marchant en tête et à côtés, vainquant les peuples hostiles qui le combattaient, le guidant dans sa marche jusqu’à la terre de la promesse.
Nous allons encore admirer la grandeur de Michel. Quand les anges se partagèrent la domination des nations, le peuple d’Israël, n’eut pas d’ange en partage; ce fut Dieu lui-même qui en prit soin, comme Moïse nous l’apprend dans son ode (Dt 32,8) : «Les bornes des nations furent posées d’après le nombre des anges de Dieu; la part du Seigneur, fut Jacob son peuple.» Mais à plusieurs reprises, Dieu fit savoir à Moïse, qu’il avait délégué son ange le divin Michel pour garder Israël, comme l’enseignent nos docteurs. Denys l’Aréopagite dit que la théologie donne à Michel le titre de prince d’Israël. Voyez-vous ? Michel occupe la place de Dieu chez les Juifs. Michel a tété l’intermédiaire sur le Mont Sinaï. Si «la parole a été donné par les anges» (Heb 2,2), la Loi ... a été promulguée par les anges, par la main d’un intermédiaire» (Gal 3,19) comme l’affirme Paul, combien plus l’a-t-elle été par l’archange Michel ?
Gabriel lui, apporte à de nombreux femmes, avant comme après la Loi, des évangiles pleins de joie l’annonce de la fin de leur stérilité. C’est lui qui précise aux prophètes leurs prédictions et leurs visions sur le Messie attendu. L’Écriture sainte nous le montre clairement, instruisant le prophète Daniel sur la Nativité, la Crucifixion du Christ et le temps de ces événements (Dan 8,16 et 9,21).
Dans la prophétie de Daniel, les deux archanges sont ensemble. Daniel jeûna trois semaines à Babylone. Il pria Dieu de délivrer les Hébreux de la captivité des Perses et des Babyloniens. L’archange offrit à Dieu la prière de Daniel, mais l’ange de ce pays s’opposa à la libération des Hébreux, non dans un mauvais dessein, mais parce que beaucoup d’idolâtres, au contact des Hébreux, se convertissaient au vrai Dieu, comme l’explique Jérôme; peut-être aussi parce qu’il n’avait pas été averti d’en-haut de leur libération. Michel vint alors en aide à Gabriel, et les deux archanges, ensemble, libérèrent les Juifs. (cf. Dan 10)
Arrive, enfin, la plénitude des temps, où doit naître, en ce monde le Fils de Dieu, pour y accomplir l’oeuvre redoutable de la Rédemption des hommes. Ici encore, Dieu se sert de ses serviteurs éminents, les deux archanges. Gabriel passe au premier rang et Michel occupe le second.
Gabriel, dont le nom signifie dieu-homme, selon saint Proclus et le premier servant du Verbe Dieu-homme, son aspect est divin. C’est lui qui est dépêché vers la Souveraine de l’univers, la toujours Vierge Marie, pour lui révéler le mystère, lui apporter le message de joie, la salutation qui a sauvé le monde : “Réjouis-toi, toute pleine de grâce, le Seigneur est avec toi !” C’est Gabriel qui annonce aux bergers, la joyeuse naissance du Maître devenu homme; c’est lui qui conduit, par l’étoile les mages, qui avertit, en songe, Joseph de descendre en Égypte puis de revenir dans la terre d’Israël. C’est lui qui annonce aux femmes myrophores la Résurrection du Sauveur. C’est lui qui, lors de l’Ascension prédit aux apôtres le second avènement du Christ ascensionné.
Michel, comme beaucoup le pensent, c’est l’ange qui a fortifié et soutenu Jésus, dans les souffrances de la passion, comme le dit Luc : “Un ange venu du ciel, le fortifiait”, déduisant cela du nom même, car Michel signifie force de Dieu ou puissance, les deux termes étant équivalentes.
Michel et Gabriel, annoncent la Résurrection aux femmes myrophores comme le dit Jean Damascène, dans son canon des anges. Michel et Gabriel, prédisent aux disciples le retour du Christ qui est monté aux cieux. Michel délivre l’apôtre Pierre de la prison, frappe Hérode et le livre aux vers. Voyez-vous maintenant, comment Michel et Gabriel furent les deux éminents serviteurs de Dieu dans ses oeuvres et ses actions extraordinaires ?
Michel et Gabriel, sont également les deux yeux, plus que lumineux, de Dieu qui voit tout. Par eux, il éclaire les mondes visibles et invisibles; Michel et Gabriel, sont les deux mains puissantes du Tout-Puissant; par elles, Il dirige tout, dans le ciel et sur la terre.
Michel et Gabriel sont les deux pieds aux ailes innombrables et plus que rapides du Seigneur qui est partout présent. Par eux il marche et parcourt l’univers, visite les âmes immatérielles des hommes, jusque dans les abîmes ténébreux. Aussi les voit-on aller en un clin d’oeil, d’une extrémité à l’autre du monde, faire des miracles sur la terre, arracher à l’abîme ceux qui y furent précipités.
Michel, l’ange de la crainte divine, Gabriel, l’ange de la divine joie. Michel, la main gauche du Juste qui châtie; Gabriel, la main droite miséricordieuse de l’Ami de l’homme. Michel, l’ange des puissances; Gabriel, l’ange des mystères. Michel, le regard sévère du Juge; Gabriel, le regard serein de la providence. Michel, l’ange des voix terribles, des éclairs, des trompettes de Dieu descendant sur le Sinaï; Gabriel, l’ange des aurores calmes des salutations affables, des lumières joyeuses, de la pluie silencieuse qui tombe sur la toison, l’ange de la descente du Verbe-Dieu dans le sein de Marie. Michel, c’est le diacre extraordinaire de l’Ancienne Loi; Gabriel, le serviteur de choix de la grâce nouvelle de l’évangile. Michel, c’est le discours d’ouverture qui précède l’action. Il a servi sous la Loi; le pédagogue qui nous a conduits au Christ, selon Paul. Gabriel, c’est le discours de clôture, la contemplation. Il a servi le mystère du Christ, objet de la Loi et son dépassement.
Michel, c’est le commencement; Gabriel c’est la fin. Michel, c’est l’alpha; Gabriel, l’omega. Les deux ne s’opposent pas, ils sont en harmonie. Selon les pères, il n’y a pas d’action sans contemplation, de théorie sans praxis. C’est pourquoi Michel n’est jamais sans Gabriel, ni Gabriel sans Michel. Comme la Loi est contenue dans l’évangile et l’évangile dans la Loi, de même en Michel Gabriel se trouve et en Gabriel Michel. Ils sont liés l’un à l’autre, plus que l’âme l’est au corps. Aussi, là où est Michel là est Gabriel et là où est Gabriel là est Michel.
Partout et toujours, les deux sont inséparables. Inséparables dans le ciel, inséparables dans l’Ancien Testament, inséparables dans le Nouveau, inséparables dans les miracles.
Si Michel châtie les mauvais, c’est pour qu’ils s’améliorent et craignent Dieu, sa Puissance, sa Majesté et ne méprisent pas
sa Miséricorde. Quand Gabriel compatit, c’est pour donner aux pécheurs l’espérance, afin que la crainte ne les conduise pas au désespoir. Les deux n’ont qu’un but : le salut des hommes, l’accomplissement de la Volonté très bonne de Dieu. Ils sont les anges bons.
Entre les deux archanges, il n’y a pas de premier. Non ! L’amour qui les unit, les oblige à être second l’un de l’autre, bien qu’il n’y ait pas entre eux de second. Leur dignité d’archange les fait l’un et l’autre premiers ou encore, les deux sont premiers, les deux sont seconds.
Et quels sont ces deux lumières éclatantes, dont Dieu a orné le ciel de feu du monde angélique, qui sont égaux, égaux dans la rapidité, si ce n’est ces deux archanges ?
Et quels sont ces deux pôles célestes, l’arctique et l’antarctique, sur lesquels Dieu fait tourner le firmament spirituel de l’Église, si ce n’est ces deux archanges ?
Et quels sont les deux colonnes célèbres, dressées par Salomon devant le temple de Dieu, “et Salomon fit deux colonnes devant le temple,” si ce n’est ces deux archanges, placés par le Christ, le Salomon pacifique, dans le monde d’en-haut et dans celui d’en-bas, afin que ceux qui entrent les voient, en admirent la beauté et invoquent le secours ? De leur secours, nous avons grand besoin, à tel point, que l’Église a ordonné de les célébrer en une synaxe tous les lundis.
Si selon les théologiens, les Trônes jugent, les Séraphins embrassent, les Chérubins donnent la sagesse, les Seigneuries commandent, les Puissances agissent, les Pouvoirs conservent, les Principautés président aux nations, les Archanges dirigent les choses de la foi et les Anges officient, Michel et Gabriel, en tant que taxiarques et plus que tous les autres, nous jugent, nous embrassent, nous donnent la sagesse, nous commandent, nous font agir et nous gardent. Plus que tous les autres, ils président aux nations dirigent la foi et nous servent.
Et si, selon saint Nicètas, les trois ordres supérieurs des anges glorifient sans cesse la sainte Trinité, par l’hymne du Guel Guel qui signifie le roulement (et aussi révélation selon Denys, l’initié et l’initiateur aux mystères); si les trois ordres intermédiaires chantent le Saint Saint Saint, et les trois derniers l’alléluia, Michel et Gabriel dirigent ces doxologies perpétuelles, en tête des choeurs qui mélodient et théologient avec eux.
Je suis stupéfait, en vérité, mes frères et je ne sais plus que dire sur les merveilles des archanges ! Je vois sur l’icône, le divin Michel, dans son aspect redoutable et scintillent et, dans ma crainte, ma chair se dessèche comme dit le prophète. Je quitte ce monde pour ne plus penser qu’à l’heure de la mort.
Puis, je tourne mes regards vers le divin Gabriel, dans son aspect serein et joyeux, paisible dans ses attitudes; j’oublie aussitôt la mort, j’oublie la crainte, je suis dans l’enthousiasme, dans la joie, dans la félicité.
D’une part, je pense aux redoutables merveilles de Michel, récoltant ici, avec son épée des milliers d’hommes; brisant là-bas et sans pitié les âmes des pécheurs. La crainte me saisit à nouveau et me voilà tremblant à la pensée du Jugement de Dieu, presque désespéré. Puis, d’autre part, je pense aux messages de joie du magnifique Gabriel et me voilà rempli d’espérance. Je comprend alors l’amour pour l’homme du Juge et peu s’en faut pour que je me trouve dans les royaume des cieux.
En voyant les deux archanges ensemble, il me semble voir les deux colonnes qui montaient jusqu’au ciel et conduisaient les Israélites vers la Jérusalem terrestre, Michel étant la colonne de feu, Gabriel celle de la nuée. Et à présent, tous les deux et d’un commun accord, ils conduisent les chrétiens vers la Jérusalem céleste.
Et que dirai-je de plus ? Voulez-vous, frères, entendre encore quelque chose, propre aux archanges ? Et bien, voici : les deux anges sont des images des deux natures du Christ, j’entends la nature divine et la nature humaine. Michel est l’image de la divinité, dont il a été le défenseur exemplaire; Gabriel est l’image de l’humanité, dont il a été le serviteur et le messager. Voulez-vous encore entendre une chose plus grande ? Michel est Gabriel ont une certaine analogie, l’un avec la personne du Verbe, l’autre avec le saint Esprit.
Michel a quelque ressemblance avec le verbe enhypostasié, par qui le Père a séparé tous les êtres et a donné à chacun d’eux le genre et l’aspect qui lui convenait. De même, par le divin Michel, l’ange par excellence de la justice, Dieu a séparé les bons des mauvais, chez les anges comme chez les hommes, donnant à chacun selon ses mérites.
Gabriel lui, ressemble plutôt au saint Esprit. En effet, le Père par le saint Esprit a parfait la création du monde et, par les messages de Gabriel, il a achevé la recréation du monde.
Ô gloires ! Ô splendeurs ! Ô magnificences des anges !
Ô diable, nous n’avons plus peur de toi, nous ne te craignons plus, tes menaces ne nous font plus trembler. Nous rejetons les pensées que tu nous suggères. Nous méprisons tes flèches et tes arcs qui sont enfantins, car nous avons comme aides, comme gardiens vigilants, les deux très grands archanges. Nous avons le très hiérarque Gabriel, qui par ses évangiles de joie, a défait l’antique affliction, la malédiction infligée par toi à notre espèce, comme on défait une toile d’araignée. Tu as connu, par expérience, ta faiblesse devant le très puissant archistratège Michel, quand il t’a chassé comme un petit chien, comme un lézard, du corps mort de Moïse, par ces simples mots : “Le Seigneur t’ordonne ...” Et maintenant encore , avec son archistratège Gabriel, Il t’ordonne de fuir loin de nous qui invoquons leurs noms. Là où leurs noms sont prononcés, ta puissance est détruite. Dieu a décidé que tu sois ridiculisé comme un petit rien, par ses anges : “C’est le chef-d'oeuvre du Seigneur, créé pour être jouet des anges.” (Job 40,14)
Pères et frères, si nous voulons que les archanges restent près de nous, nous devons autant que possible, fuir toute perversité, car, comme la fumée chasse les abeilles, dit saint Basile le Grand, de même le détestable péché, chasse loin de nous les anges bons. Avec le nom de Michel, souvenons-nous de la mort, du redoutable jugement et du châtiment. Avec celui de Gabriel, souvenons-nous de la joie et de la félicité dex cieux.
Ô très glorieux Michel, très glorieux Gabriel, noms très doux entre tous les anges et les hommes, parmi les choses et les noms; anges de la justice et de la bonté de Dieu; serviteurs éminents des oeuvres prodigieuses de Dieu. Aigles aux ailes d’or et d’argent, dont l’oeil infatigable contemple la lumière incréée de la déité au triple soleil, archistratèges et anges premiers du Roi de rois, du Seigneur des seigneurs. Gardes de corps de Jésus Christ Dieu-Homme.
Couple archangélique uni dans l’amour; dyade désirée du monde et de l’univers; ornement de gloire de tous les anges; fierté des chrétiens; guides et protecteurs uniques de l’ordre des moines qui imitent, autant que cela se peut, votre vie angélique.
Recevez l’éloge, qu’en ce jour nous vous offrons, rassemblés pour célébrer la gloire du Dieu Tout-Puissant et Ami de l’homme, ainsi que votre synaxe sacrée.
Recevez notre éloge, comme un présent, comme le signe de notre infinie reconnaissance, pour tous les bienfaits dont vous nous comblez chaque jour, nous assistant et nous sauvant, hommes pauvres que nous sommes, des périls de toutes sortes.
Nous vous demandons que votre sollicitude paternelle ne nous fasse jamais défaut. Toujours compatissants et miséricordieux, demeurez près de nous, entourez-nous et remplissez-nous de saintes contemplations, de pensées élevées. Que votre présence, chasse loin de nous toute pensée mauvaise et honteuse, en un mot, tous les ennemis visibles et invisibles qui nous menacent, car telles sont les grâces que vous répandez là où vous vous trouvez.
Saint Marc l’ascète dit que “quand les anges s’approchent de nous ils nous remplissent de contemplations spirituelles.” Abba Isaac dit aussi : “Quand les anges saints sont près de toi, autour de toi, tes adversaires fuient.”
Et puisque les théologiens enseignent que les anges donnent aux hommes, dans la vie présente, six choses, accordez-les nous aussi :
1) Écartez de nos âmes et de nos corps, tous les maux qui pourraient nous nuire du dehors comme du dedans.
2) Exhortez-nous à faire, en tout temps, le bien. Éclairez notre esprit par votre divin flamboiement. Rendez doux nos coeurs et nos volontés, par vos dons divins.
3) Détournez les embûches que les démons nous dressent.
4) Présentez nos prières à Dieu, comme le fit l’ange Raphaël pour celles de Tobie et les anges de l’Apocalypse pour celles des saints.
5) Intercédez en tout temps pour nous, auprès de Dieu.
6) Châtiez-nous quand nous péchons, paternellement et non par vengeance, comme font les démons. Redressez-nous, instruisez-nous c’est pour nous une grâce.
Archistratèges de Dieu, amis des hommes, nous vous supplions d’exaucer nos prières, en apaisant, par votre intercessions l’indignation de Dieu. Que dans sa Bonté, il se détourne de nos fautes. Chaque jour nous l’affligeons par nos actions, nos pensées, nos paroles. Oui, nous sommes pécheurs, transgresseurs de ses divins commandements, nous le confessons, mais nous n’avons pas d’autre Dieu que Lui.
Archanges, vierges, ephortes des vierges, rendez-nous dignes de passer notre vie dans la continence et la virginité, comme nous l’avons promis lors de la prise de l’habit angélique. Soyez les protecteurs et les gardiens invisibles de nous tous comme de tous ceux qui célèbrent votre sainte synaxe. Chassez loin de nous et durant notre vie, les scandales, les machinations des ennemis visibles et invisibles. A l’heure de notre mort, assistez-nous et aidez-nous. Soyez à notre droite et à notre gauche, nous couvrant de vos ailes d’or. Que notre âme ne voit pas l’aspect odieux des mauvais démons. Prenez possession de nous et conduisez-nous aux tabernacles éternels et lumineux du royaume céleste, afin que là nous rendions gloire, avec vous, à l’unique et trine Déité. A elle la gloire, l’honneur et l’adoration dans tous les siècles. Amen !

Le sage se tait sachant que sa sagesse n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan infini de la sagesse divine. C’est l’humilité qui le fait taire, elle qui est précisément la source de sagesse.
hm. Cassien

SAINTE SOPHIE DE CONSTANTINOPLE

Le grand Constantin avait tout d’abord construit une église sur l’actuel emplacement de sainte Sophie. Cette église fut brûlée par les Ariens. Théodose II la reconstruisit mais elle fut de nouveau la proie des flammes. Quand l’Église trouva enfin la paix, Justinien désira construire une église à nulle autre pareille. Il confia l'oeuvre à Anthyme, théoricien et Isidore, architecte.
Lorsque le roi décida de la construction, aucun architecte ne fut capable de lui fournir des plans conformes à ses souhaits. Une fois, alors que le roi assistait à la divine Liturgie, il prit le pain bénit de la main du patriarche, le morceau tomba par terre. Il se baissa pour le ramasser, mais en vain; il ne le trouva pas. Alors il vit une abeille avec le pain bénit dans ses mandibules, qui s’envolait par la fenêtre. Il alla se renseigner de savoir qui avait des ruches afin de retrouver le pain bénit. En dehors du contremaître, personne n’avait de ruches et celles-ci se trouvaient sur une colline près d’une église. En y allant on trouva le pain bénit sur l’autel. L’abeille avait construit cette église avec la bénédiction du pain bénit, cette église apparut au roi et au contremaître et c’est selon le plan de cette église que fut construite Sainte Sophie.

L’ORIGINE DU NOM

sainet SophieLors de la construction de Sainte Sophie, Justinien n’avait pas encore décidé à quel saint l’église serait consacrée. Cela l’accablait jusqu’à l’instant où, selon la Tradition, le nom se manifesta.
Voici comment : Au moment où la charpente fut posée sur l’abside et sur les deux coupoles latérales, le surveillant fut chargé de distribuer de la nourriture aux gens, de même qu’aux ouvriers à qui on demandait de descendre. C’était la troisième heure de la journée. Ignace, le contremaître, en descendant, laissa sur place son fils de 14 ans afin de garder les outils.
Assis ainsi à son poste de gardien, le jeune vit tout d’un coup apparaître un homme en blanc. Il avait l’air d’un eunuque du palais. Celui-ci lui demanda : “Pourquoi les ouvriers s’arrêtent en n’achevant pas, sans tarder, l'oeuvre de Dieu ?”
L’enfant répondit : “Monsieur, ils vont vite revenir.”
L’autre lui dit alors : “Va vite et appelle-les.”
Mais le garçon avait peur de laisser les outils sans surveillance. L’étranger, qui était en fait un ange, lui promit alors : ”Va et appelle-les. Moi de mon côté , je resterai ici jusqu’à ton retour au nom de la sainte Sagesse, le Verbe de Dieu, qui est en train de se construire.”
Confiant en la promesse de l’ange, le gamin se hâta pour rejoindre Ignace son père. Il lui raconta l’épisode avec l’homme en blanc. Le père conduisit l’enfant chez le roi qui était en train de manger près du baptistère. Après le récit du garçon, Justinien fit venir tous les eunuques. Aucun ne ressemblait à l’homme en blanc et le roi comprit enfin que c’était un ange de Dieu. Ce qui l’impressionna surtout fut la promesse donnée à l’enfant, l’habillement blanc, et son aspect étrange.
Justinien, tout joyeux, glorifia Dieu pour sa sollicitude. Ainsi il nomma l’église “Sainte Sophie” (Sagesse) et son inquiétude fut enfin dissipée.
Des moines et notables le supplièrent de ne pas laisser retourner le garçon sur le chantier car s’il y retournait, l’ange disparaîtrait. Ainsi fut fait. On offrit beaucoup de présents à l’enfant et on l’envoya dans le Pont.
Et l’ange resta jusqu’à ce jour, gardant l’église selon sa promesse.

La fin de notre vie est le royaume de Dieu; nous devons choisir avec soin notre but, la route que nous devons prendre; car, si nous ne la connaissions pas, nous marcherions, nous nous fatiguerions en vain.
saint Jan Cassien (Conférences 1)

INSTRUCTIONS DE ST. NICODÈME DE L'ATHOS AUX CHRÉTIENS ORTHODOXES ÉPROUVÉS PAR LES MALADIES


Les Chrétiens doivent se rappeler pour toujours de la promesse qu'ils ont faite envers le Christ au Baptême : «JE RENONCE À SATAN, À SES OEUVRES, À SON CULTE ET À SES POMPES».
Telle est la promesse que vous avez faite et l'accord que vous avez conclu avec le Christ, c'est-à-dire de renoncer à Satan et à son culte. Comment osez-vous donc maintenant vous dédire de votre promesse ? Comment osez-vous quitter le Christ auquel vous avez promis d'oeuvrer en son Nom et vous adresser aux mages et sorciers ? C'est la même chose que si vous vous adressiez au diable lui-même, et c'est lui que vous adorez par les devinations et les envoûtements. Ne savez-vous point, misérables, que l'on vous rendra compte de cette promesse au jour du Jugement dernier ? Ne savez-vous point que vous deviez tenir à cette promesse comme à la prunelle de votre oeil ? Pour la présenter, comme un fidèle serviteur, au Tribunal terrible ? Ne savez-vous pas que la parole que vous avez jadis prononcée : «Je renonce à Satan, à ses oeuvres, à son culte et à ses pompes», vous devez l'avoir toujours en tête, toujours vous en rappeler pour ne pas l'oublier ? Ainsi vous parle saint Jean Chrysostome : «Disons donc ceci : je renonce à Satan, se rappelant la parole prononcée au baptême, et tenons-là précieusement, pour en rendre compte le moment venu».
Car si vous appliquez cette parole et si vous la gardez dans votre pensée, cette parole deviendra le bouclier qui vous détournera de vous servir de toute sorte de magie. Elle vous empêchera de vous rendre, dès que vous êtes malade, chez les sorciers ou de les appeler chez vous, pour vous envoûter, ou pour vous donner des talismans. En l'étudiant constamment, cette parole vous empêchera de vous rendre chez les mages pour qu'ils vous dévoilent les trésors cachés, où votre argent est perdu, ou d'autres signes occultes en pratiquant la magie. Cette parole deviendra dans vos mains comme une arme puissante, un bâton de fer, pour que vous n'ayez plus peur en sortant de chez vous, ni des mauvaises ou bonnes rencontres, ni des questions, ni des augures. Avec le SIGNE DE LA CROIX, cette parole deviendra pour vous une tour puissante pour que vous ne craigniez plus ni le diable ni toute une armée réunie. Mais vous devez étudier et vous souvenir constamment de cette parole dans votre maison et en dehors, matin et soir, toujours et partout; sans le souvenir de cette parole encrée en vous vous n'oserez pas sortir même s'il y a nécessité.
«Les malades doivent s'adresser aux saints et au Christ, pas aux mages. Les chrétiens qui s'adressent aux sorciers, en délaissant l'Église, font preuve d'ingratitude».
Alors n'existe-t-il donc pas d'autres médecins ni entraide, pour un chrétien, que de recourir pour vous guérir en cas de maladie, aux sorciers ou au diable ?
Le Christ auquel tu crois, n'a-t-il point guéri pendant son séjour sur la terre des milliers de malades comme unique et éminent médecin ? «Il parcourait toute la Galilée ... en guérissant toute maladie et toute langueur parmi le peuple» (Mt 4 23). Ne guérit-il point aujourd'hui qu'll est monté aux cieux, par sa grâce, tout ceux qui l'invoquent fidèlement ? Tous les apôtres, les martyrs, les saints et les bienheureux qui ont reçu grâce et pouvoir par le Christ, ne guérissent-il point toutes les maladies ? La sainte Église telle une clinique ouverte à tous ses enfants, malades du corps ou de l'esprit, ne les reçoit-elle pas, ne les console-t-elle pas, ne les guérit-elle pas ? avec les bénédictions et les mystères sacrés ? «N'y a-t-il point de baume dans Galaad ? ne s'y trouve-t-il plus de médecin ? Pourquoi donc la blessure de la fille de mon peuple n'a-t-elle point été fermée» (Jer 8,22), ainsi criait le prophète vers le peuple d'Israël ! Ainsi je crie à vous chrétiens. Ne sont-elles pas des soeurs, dans la foi orthodoxe et dans l'Église que vous vénérez, l'aide et la guérison ? Le Christ (ou sa croix) n'a-t-Il pas fait tant de miracles ? Saint Jean Chrysostome raconte : «Lui, Il a vaincu la mort, Il a anéanti le péché, Il a détruit l'enfer, Il a dissipé la force du diable ; pour la santé du corps n'est-Il pas digne de confiance ?» Votre coeur comment peut-il supporter que vous délaissiez Dieu en qui vous croyez et que vous vous adressiez au diable ?
Comment pouvez-vous quitter le doux Jésus Christ, Celui qui vous a fait, Celui qui a racheté vos péchés, votre véritable Guérisseur, pour vous adresser à celui qui tue les hommes, le tyran, le criminel ?
Votre âme ne souffre-t-elle pas de vous voir mépriser tous les saints, vos amis, vos bienfaiteurs et vos éminents médecins, et vous adresser aux mages misérables et aux démons impurs, vos ennemis déclarés ? Comment pouvez-vous quitter la sainte Église du Christ pour vous rendre aux synagogues sataniques ou aux autres des mages et des démons, Jésus ne peut-Il donc faire autant qu'une sorcière ? La croix ou la bénédiction ou les autres Mystères, sauveurs et guérisseurs de notre Foi n'ont-ils pas autant de pouvoir que les amulettes, les talismans ou les pentacles ? Ô, sujets ingrats, oh génération infidèle et sans-coeur ! Où sont les éclairs du ciel, les séismes de la terre, les abîmes pour vous brûler, vous enterrer ou vous engloutir vivants ?
Ô combien de fois Jésus a raison de crier, par la bouche de Jérémie, qu'aucune autre nation n'a quitté Dieu que nous les chrétiens : «Vous avez parcouru les îles et vous avez vu si, en effet, de telles choses sont survenues; si les nations ont échangées leurs dieux, et eux ne sont pas vraiment Dieu; mais mon peuple a changé sa croyance et cette croyance ne lui profitera pas» (Jérémie). Jésus a raison de crier par la bouche d'Isaïe que malgré qu'll vous a redonné la vie par le baptême et de ce fait vous êtes devenus ses enfants, vous mépriser votre Père, parce que malades, et vous vous rendez chez les mages et les démons, ses ennemis.
«Ciel écoute et terre prête l'oreille, Dieu parle : J'ai engendré des fils et je les ai élevés, mais eux me désobéissent» (Isaïe). Même les boeufs et les ânes reconnaissent leur maîtres, mais vous ne connaissez-vous donc pas votre bienfaiteur ?
«Le boeuf connaît son propriétaire et l'âne l'étable de son maître mais Israël ne me connaît pas et mon peuple n'est pas soumis». Alors pour que Jésus ne soit pas triste et ne prononce pas ses paroles et pour que nous vous montriez pas ingrats envers un tel Bienfaiteur éminent, cessez, je vous prie, mes frères, cessez d'aller vers les mages, les sorciers et les charlatans, et quand vous tombez malade, courrez vers le Christ avec la foi ardente et demandez la guérison ! Car Lui est toujours notre Père très affectueux et Il a permis la maladie pour tester votre patience et vous couronner ensuite pour voir si vraiment vous L'aimez. «Quel est le fils que corrige son Père» ? (Hé 12,7). Lui vous corrige et vous admoneste paternellement pour vos péchés mais ensuite Il vous guérit et vous caresse comme ses enfants, quand vous vous repentissez et demandez son aide de tout votre coeur. «Car heureux celui que le Seigneur a réprimandé et qui n'élude point la correction du Tout-Puissant. Car s'il blesse, il bande la plaie; s'il frappe, sa Main guérit» (Job 5,17).
Courrez, si vous êtes malades, vers notre Souveraine, la Mère de Dieu, qui guérit les malades et console les attristés. Adressez-vous aux saints et priez-les fidèlement, vous réussirez à obtenir la guérison de votre maladie; mais si vous n'obtenez pas la santé tant désirée, c'est que Dieu vous laisse momentanément dans la peine car tel est l'intérêt de votre âme. Vous devez rester courageux et fermes dans la foi. Préférez mille fois la mort que d'appeler mages ou sorcières en reniant votre foi en Christ ou en trahissant votre engagement baptismal. Même si votre entourage vous y exhorte, vos amis ou parents, gardez-vous pour l'Amour de Dieu, de leur obéir et soyez sûrs que par votre patience et la grandeur de votre âme :
a) Dieu vous coiffera de la couronne du martyre,
b) votre conscience sera beaucoup plus apaisée que si vous guérissiez,
c) les hommes vous consacreront des éloges,
d) et vous avez tout le reste de votre vie pour guérir.
Saint Jean Chrysostome vous donnant l'assurance de tout ceci.

En Égypte, il existe une ancienne coutume; après l'Épiphanie, que les prêtres de la province appellent la fête du baptême de notre Seigneur ou de sa naissance, selon la chair, car ils ne célèbrent pas séparément ces deux mystères, comme le font les Églises d'Occident, le patriarche d'Alexandrie envoie, par toute l'Égypte, des lettres qui indiquent le commencement du carême et le jour de Pâques, non seulement à toutes les villes, mais encore à tous les monastères. Il arriva donc, d'après cette coutume, l'évêque d'Alexandrie, Théophile, envoya des lettres publiques où, en annonçant la fête pascale, il discutait et réfutait longuement l'absurde hérésie des anthropomorphites. (hérétiques qui attribuent à Dieu une forme humaine) La plupart des solitaires d'Égypte, dont la simplicité avait été surprise par l'erreur, attaquèrent presque tous l'écrit du patriarche, et la plupart des anciens résolurent de se séparer de lui, comme d'un homme qui faussait la sainte Écriture, en niant que Dieu eût une forme humaine, tandis que la Genèse dit positivement qu'Adam fut créé à sa ressemblance.
Enfin les solitaires qui habitaient le désert de Scété, et qui surpassaient en science et en perfection ceux qui habitaient les monastères de l'Égypte, rejetèrent tous cette lettre; il n'y eut que l'abbé Paphnuce, qui l'accepta, et aucun des prêtres qui présidaient aux trois Églises du désert ne permit qu'on la lût ou qu'on la récitât dans leurs assemblées.
Parmi ces solitaires, tombés dans cette erreur, se trouvait un abbé nommé Sérapion, consommé dans toutes les vertus, et recommandable par l'austérité de sa vie. Son ignorance sur ce point de doctrine nuisait d'autant plus à ses frères, qu'il les surpassait presque tous par son mérite et son expérience. Le saint prêtre Paphnuce chercha souvent, par ses exhortations, à le ramener à la foi véritable, sans pouvoir réussir, parce que cette doctrine lui semblait une doctrine nouvelle, contraire à la tradition. Sur ces entrefaites, arriva de la Cappadoce, pour visiter les solitaires, le diacre Photin, qui était très savant. Le bienheureux Paphnuce le reçut avec une grande affection, et pour bien établir la vérité contenue dans les lettres de Théophile, il le pria d'expliquer, en présence de tous les frères, comment les Églises d'Orient interprétaient le passage de la Genèse : “Faisons l'homme à notre image et ressemblance.” Le saint diacre montra que tous les évêques de ces Églises ne prenaient pas le passage à la lettre, mais qu'ils attachaient un sens spirituel à cette image et ressemblance divine. Il prouva clairement, et par des textes nombreux de l'Écriture, qu'il était impossible d'admettre que la majesté infinie, incompréhensible et invisible de Dieu fût limitée, circonscrite par quelque chose rappelant la forme humaine, parce que sa nature était simple, immatérielle, incorporelle, et que l'oeil ne pouvait pas plus la saisir que l'esprit la comprendre. Le bon vieillard, vaincu par des démonstrations si savantes, revint aux croyances de la tradition catholique.
L'abbé Paphnuce ressentit une grande joie de ce changement, et nous fûmes tous heureux de voir que Dieu n'avait pas permis qu'un homme, vieilli dans les austérités et la pratique de toutes les vertus, persévérât, par simplicité et par ignorance, dans une croyance si contraire à la foi; et nous nous levâmes pour lui offrir de publiques actions de grâces. Pendant notre prière, le bon vieillard, confus de voir se dissiper toutes les images qu'il se formait de Dieu, s'abandonnait, en priant, aux gémissements et aux larmes, et se prosternait à terre en criant : “Hélas que je suis malheureux ! ils m'ont enlevé mon Dieu. Je n'ai plus rien pour me fixer; je ne connais plus maintenant Celui que je dois adorer et supplier.” Cet événement nous troubla; nous allâmes trouver l'abbé Isaac, et dès que nous l'aperçûmes, nous lui parlâmes en ces termes
Mon Père, les choses nouvelles et intéressantes que vous nous avez dites dans votre conférence sur la prière, nous engageaient bien à tout quitter pour revenir profiter de votre expérience; mais nous y sommes encore portés davantage, en voyant l'erreur grossière où nous pensons que les ruses de l'ennemi ont fait tomber l'abbé Sérapion. Nous sommes vraiment consternés, en considérant que tant de travaux, tant de peines, admirablement supportés dans le désert, pendant cinquante ans, pouvaient être perdus à cause de son ignorance, et qu'il était même exposé à une mort éternelle. Nous désirons savoir, d'abord, pourquoi il est tombé dans une si grave erreur ...
L'ABBÉ ISAAC. Il n'est pas étonnant qu'un homme fort simple, qui n'a rien appris sur la substance et la nature divine, soit resté par ignorance et par habitude dans son ancienne erreur; car, à vous parler franchement, je ne pense pas, comme vous, qu'il ait été trompé par le démon depuis sa conversion, mais qu'il a seulement continué à suivre les données du paganisme qui adore les démons sous une forme humaine. Beaucoup croient ainsi, par habitude, qu'il faut adorer sous la forme d'une image la majesté incompréhensible et infinie de Dieu, bien persuadés qu'ils ne pourront jamais fixer leurs pensées, et bien faire leurs prières, s'ils n'ont pas toujours dans leur esprit et devant les yeux une image à laquelle ils offrent leurs supplications. C'est l'erreur que l'Apôtre condamne, en disant : “ils ont changé la gloire incorruptible de Dieu en la ressemblance de l'image de l'homme corruptible.” (Rom 1,23) Jérémie dit aussi : “Mon peuple a changé sa gloire en une idole.” (Jér 11,11)
Quoique cette erreur ait pour beaucoup l'origine que nous venons de dire, d'autres, cependant, la partagent sans avoir jamais été souillés des superstitions païennes; c'est qu'ils interprètent mal ce passage de la Genèse : “Faisons l'homme à notre image et ressemblance.” Leur ignorance et leur simplicité les font tomber dans l'hérésie des anthropomorphites, qui soutiennent avec une coupable opiniâtreté que la substance simple et infinie de la Divinité a une forme et une figure humaine. Celui qui sera instruit des dogmes catholiques détestera cette doctrine païenne, et pour prier saintement, non seulement il ne donnera à la Divinité aucune forme corporelle, ce qui serait un blasphème, mais encore il effacera de son esprit l'idée de toute action et de toute parole capable d'altérer la vérité.
saint Jean Cassien (Conférences, sur la prière II)

DÉCOUVERTE EN ISRAËL D’UNE ÉGLISE DU IIIE SIÈCLE


Des détenus israéliens chargés de creuser le sol en vue d’agrandir la prison de Megiddo (nord d’Israël), ont fait une découverte
exceptionnelle : des mosaïques chrétiennes du IIIe siècle qui, selon les archéologues responsables de ce chantier, recouvraient le sol d’une église, peut-être la plus ancienne de Terre sainte.
"Ce qui est clair aujourd’hui, c’est qu’il s’agit des plus anciens restes archéologiques d’une église en Israël, peut-être même dans toute la région, voire dans le monde entier, c’est encore trop tôt pour le dire", s’est enthousiasmé, dimanche 6 novembre, Yotam Tepper, l’archéologue en chef de ces fouilles.
Ce qui fait le caractère exceptionnel de la découverte, c’est la période à laquelle remontent ces ruines : le IIIe siècle, soit des décennies avant que l’empereur Constantin ne légalise le christianisme dans l’Empire byzantin. Jusqu’à présent, aucune trace d’église n’était avérée avant le IVe siècle.
Les autorités israéliennes sont restées interloquées par cette découverte, jusqu’au premier ministre, Ariel Sharon qui a parlé d’"une
histoire incroyable".
...
L’église a été découverte non loin du site d’Armageddon Deux mosaïques à l’intérieur de l’église - dont l’une représentant un poisson, ancien symbole chrétien ayant précédé la croix - racontent l’histoire d’un officier romain et d’une femme nommée Aketous qui a fait un don pour la construction de l’église en mémoire "de Dieu, Jésus Christ".
La découverte de morceaux de poterie du IIIe siècle, le style d’écriture grecque utilisée dans les inscriptions, les anciens motifs géométriques représentés sur les mosaïques et la présence d’un poisson plutôt que de la croix laissent penser que l’église n’était plus en activité au IVe siècle, a expliqué M. Tepper.
L’endroit où a été découverte l’église, non loin du lieu présenté par le Nouveau Testament comme étant le site d’Armageddon - lieu où, à la fin du monde, se rassembleront et seront anéanties les forces hostiles à Dieu, selon l’Apocalypse de saint Jean - paraît plausible puisqu’on sait qu’un évêque était actif dans la région à l’époque, a précisé M. Tepper, qui travaille pour l’Autorité israélienne chargée des antiquités.
Une cinquantaine de prisonniers israéliens avaient été conduits dans la prison de haute sécurité de Megiddo, où sont également détenus des centaines de prisonniers palestiniens, pour effectuer les travaux d’excavation, avant que ne débutent les travaux d’extension de la prison proprement dits.
Ramil Razilo et Meimon Biton, les deux détenus israéliens qui sont tombés les premiers sur les précieuses mosaïques, ont cru au départ qu’ils retiraient de simples débris sans intérêt. Mais, ils ont vite changé d’avis lorsqu’est apparu au bout de leurs pelles le bord de la mosaïque très élaborée.
Une question se pose à présent : qui, de l’Autorité des antiquités ou de l’administration pénitentiaire, va s’adjuger le site au bout du compte ?
Les autorités israéliennes aimeraient bien transformer ce site archéologique en attraction touristique, mais pour cela il faudrait
déplacer soit la mosaïque, soit la prison. Mais les travaux visent à y installer quelque 1.200 détenus de haute sécurité palestiniens
supplémentaires... En attendant que les deux administrations se concertent et tranchent, les fouilles se poursuivent.

La-Croix.com <http://www.la-croix.com>

On se corrige facilement d'un défaut qui fait rougir, tandis qu'on ne renonce pas à une fausse vertu.
saint Jan Cassien (Conférences, sur le discernement)

CE QUE NOUS DIT LE DROIT ISLAMIQUE


R.M., né en terre d’Islam (la Tunisie), magistrat honoraire retiré à Aix-les-Bains, ayant dix ans de fonctions judiciaires en Afrique du Nord avec une pratique constante du droit musulman, nous adresse, à propos des relations Islam-Occident, ce fort intéressant témoignage basé sur des faits tirés de la vie courante dans une société à majorité musulmane.

Tous les musulmans sont soumis à 5 obligations divines, comme nos 10 commandements. La 5ème, qui porte sur la «guerre sainte», (la fameuse «djihad»), est d’une rigueur telle que celui qui ne s’y soumet pas perd son statut de musulman [...]. Cette djihad ne consiste pas forcément en une bataille entre 2 armées, mais peut prendre la forme de meurtres individuels, comme aujourd’hui en Algérie, en Israël, en Egypte. Un avocat connu à Tunis avait un domestique musulman à qui le liait une grande amitié datant de la guerre 14-18. Ce domestique le suivait partout en lui tenant ce langage : «Tu ne risques rien quand je suis à tes côtés, car je suis là pour te protéger de tout danger. Mais si la guerre sainte est proclamée, je serai le premier à t’égorger pour que tu ne souffres pas.»
Tout le droit des musulmans : pénal, constitutionnel, administratif, est totalement, rigoureusement défini par le Coran et les Hadiths (commentaires) dictés par Allah en personne au Prophète, donc reçus sans discussion ni modification. Islam signifie d’ailleurs «abandon», «soumission» (à la volonté de Dieu). Ce droit ayant été intégralement maintenu pendant plus de 13 siècles, la plupart de ses dispositions outrepassent notre droit, sont parfois incompatibles avec lui. La peine de mort subsiste dans tous les États musulmans sans exception, pour toujours, car d’origine divine, et parfois appliquée par les moyens les plus sauvages. En Arabie, le plus respectueux des États musulmans, gardien des Lieux saints, on décapite des trafiquants de drogue au sabre, on empale les sodomites en public. Cette peine est étendue à des faits, véniels à nos yeux, comme l’apostasie d’un musulman (en Irak, on vient récemment de pendre un prêtre catholique et le musulman qu’il avait osé convertir). Les châtiments corporels subsistent. En Arabie, le voleur a la main tranchée, quelles que soient les circonstances et les causes du vol.
En Islam, la terre est islamisée, et le droit de propriété interdit aux non-musulmans. Lors de leur départ forcé de Tunisie, les agriculteurs français ne furent indemnisés qu’après de longues années. Le gouvernement tunisien fixa lui-même la valeur des bâtiments, du matériel, du cheptel. Mais il ne donna rien pour les terres. La succession est entièrement réglée par le Coran. Il n’y a que deux sortes d’héritiers : les mâles, ou «Aceb», et les femmes ou «Fardh». La part de ces dernières est la moitié de celle des hommes. Nul n’a le droit de déroger à ces dispositions. Le testament n’existe donc pas en droit musulman.
En droit civil musulman, la preuve de base est le serment. Mais ce serment est sans valeur prêté par un non-musulman, même à l’audience et sur le Coran (qui, en français, n’est plus valide). Il en va de même pour tout accord passé avec un non-musulman. Ceux qui ont signé les accords d’Évian, trahis aussitôt que paraphés par les contractants musulmans, sont bien placés pour le savoir.
En droit constitutionnel, toute autorité politique, administrative ou judiciaire est illégitime si non-musulmane. Le maire musulman d’une petite ville d’Algérie où j’exerçais, un brave homme, petit employé des Chemins de fer, accomplissait ses devoirs avec conscience. Mais il était un ardent militant du MNA (mouvement ultra-nationaliste refusant la domination française). Un jour, je lui demandai pourquoi il était anti-Français. Étonné, il répondit : «Au contraire, je reconnais que je vis aujourd’hui avec ma femme et mes huit enfants beaucoup mieux que mes ancêtres avant l’arrivée des français. Mais vous n’êtes pas musulmans, je n’ai donc pas le droit de vous obéir sans commettre un grave péché, qui me ferait perdre mon statut de musulman, et me fermerait le paradis. Que les français se convertissent à l’Islam, et je deviendrait français de tout coeur, comme le ferait l’immense majorité de mes coreligionnaires de ce pays.» Cette conversation me révéla le caractère inéluctable de notre échec en Afrique du Nord : le musulman ne peut supporter une tutelle non-musulmane que contraint et forcé. Il doit tendre à s’en débarrasser. Ce qui s’est produit dans les royaumes francs de Syrie, hier en Afrique du Nord, aujourd’hui en Israël. C’est ce qui se produira demain dans notre «douce France», si les musulmans deviennent majoritaires. [Même un] ministre des Cultes (non-musulman) ne peut avoir la moindre autorité sur les musulmans.
En droit fiscal, certaines dispositions sont purement racistes. En pays musulman, le musulman paie l’«achoura» (un dixième de son revenu). Le non-musulman paie le «kharadj», le double. Les français restés en Tunisie eurent, dès l’indépendance, la surprise de se voir présenter une deuxième fois leurs impôts déjà payés. En tant que non-musulmans, il durent payer le double.
Le dogme fondamental musulman (les cinq obligations de tout fidèle) s’étend à tout l’Islam (il n’y a jamais eu en Islam de Luther, ni de Calvin), et concerne tous les musulmans, «intégristes», ou pas. Ce bloc doctrinal contient des dispositions dirimantes, inadmissibles dans notre droit. De même, il interdit à ceux qui le suivent d’accepter durablement le pouvoir d’autorités non-musulmanes [...]. Enfin, il paraît vain d’espérer nouer des relations durables, loyales, avec quelque représentant musulman que ce soit, par voie de traités qui n’ont pas valeur contraignante, même conclus sous la foi du serment, si une partie n’est pas musulmane.
Dans ces conditions, et compte tenu aussi que, comme l’ex-abbé Barreau l’a constaté, l’Islam est une religion de conquête, c’est un devoir de légitime défense pour tout non-musulman que de s’opposer à sa progression dans notre monde.

Lettre parue dans le Libre Journal de la France Courtoise du 10/02/95

Demandons au Seigneur que la crainte ou que la charité, qui ne connaît pas de chute, demeure inébranlable en nous, afin que elle nous rende sages parmi les hommes, et invulnérables aux attaques du démon.
saint Jan Cassien (Conférences, sur la puissance des démons)

UN POINT DE VUE PASTORAL DU MARIAGE ET DE SES PROBLÈMES

Causerie donnée au séminaire de la Sainte Trinité le 17/30 mai 1975
par l’archiprêtre Serguéï Shoukine
Traduit d’après la rédaction anglaise parue au site des VCO d’Amérique
(suite et fin)


L’autre face de ce problème est la question de la contraception.
L’Église catholique romain interdit catégoriquement toute méthode contraceptive, sauf celle du “rythme de fécondation” (utilisant les périodes infécondes de la femme pour le rapport sexuel). À l’heure actuelle, il existe beaucoup d’autres méthodes purement artificielles de contraception; je ne considère pas comme une partie de mon devoir d’analyser et de critiquer celles-ci. Je voudrais mentionner seulement que les chrétiens peuvent employer les méthodes naturelles suivantes pour éviter d’autres naissances :
a) arrêt total d’activité sexuelle (“Que celui qui peut comprendre comprenne”);
b) limitation des rapports à un minimum;
c) méthode du rythme
Ce sont les méthodes “ascétiques” de limitation des naissances que les couples orthodoxes peuvent employer sans accabler leur conscience.
Quant à la prévention artificielle de la grossesse, nous devons dire que pour y recourir, il faut avoir des raisons sérieuses d’exclure les méthodes sus-mentionnées. On ne peut pas y penser avant d’avoir constaté que le bien-être physique ou moral de a famille l’exige réellement. Par exemple, lorsqu’une nouvelle grossesse risque de compromettre la santé de la mère, ou lorsque ne peuvent pas naître des enfants en bonne santé, ou lorsque les circonstances matérielles de la famille ne peuvent pas assurer une naissance et une éducation normale du bébé. Ici, il est impossible de donner des règles générales. La question doit être résolue par la conscience des parents, et il est extrêmement souhaitable que leur père spirituel prenne part à la discussion du problème.
Comme exemple assez fréquent, je peux parler des cas où la conclusion de la médecine est qu’une femme ne peut accoucher de façon normale, mais seulement par une opération (césarienne), comportant un risque pour sa santé ou même pour sa vie. Un mari qui ménage sa femme doit réfléchir soigneusement à la situation.
Cependant, en parlant de l’emploi de méthodes artificielles de contraception, nous ne devons pas oublier une chose, dont on ne parle pas souvent. Je veux souligner le fait qu’aucune de ces méthodes n’offre une garantie à 100%. Une investigation récente très étendue, conduite par des médecins américains, a établi que toutes ces méthodes ont un taux d’échec entre cinq et vingt-cinq pour cent. Par conséquent, il faut tenir compte du fait qu’une grossesse reste possible. Dans ce cas, la famille doit faire face au problème de sauvegarder ou non le foetus. Les familles ordinaires d’Amérique qui ne sont pas liées par des restrictions religieuses ont alors recours à l’avortement, mais dans une famille orthodoxe, une telle décision est inadmissible.
Ici, nous avons une approche d’évaluation du “planning familial” si répandu en Amérique. Des parents rationalistes s’imaginent qu’ils sont parfaitement indépendants en matière de procréation. Mais en réalité, il arrive que Dieu ajoute un facteur correctif selon son propre gré et envoie un enfant même quand les parents n’en veulent pas. Du point de vue religieux, c’est la Volonté suprême qui intervient ici dans la vie de l’homme. Autrefois, lorsque les parents ne connaissaient pas la contraception, ils dépendaient exclusivement de la Volonté divine. Les enfants naissaient et les parents acceptaient le dernier comme ils l’ont fait du premier., disant : “Dieu a donné l’enfant, Il donnera aussi ce dont nous avons besoin pour l’élever.” Telle était la foi de nos ancêtres en la Providence, et il arrivait souvent que le dernier enfant s’avérât le meilleur ou le plus utile pour la famille.
Actuellement, il est difficile de s’attendre, de la part des parents, à un tel abandon à la Volonté de Dieu, et pourtant, dans le cas d’une grossesse inattendue, ils devraient y voir l’intervention de la Providence divine et accepter l’enfant comme un Don d’en haut. Assez étrangement, j’ai pu observer la bonté réelle de Dieu dans de tels cas, car les enfants de cette sorte sont une vraie bénédiction pour la famille — ils sont soit très doués, soit les plus attentionnés et deviennent de vrais protecteurs de la vieillesse de leurs parents.
Je vous citerai brièvement deux exemples frappants. En Union soviétique, une mère de trois enfants et enceinte d’un quatrième, perdit son mari, un prêtre, envoyé en exil pour dix ans. Tous ses voisins lui conseillaient de se faire avorter, car il était très difficile de survivre avec quatre enfants à cette époque. Cependant la presbytéra, très croyante, refusa l’avortement et accoucha de son bébé. Il est vrai qu’elle dut donner sa fille en nourrice à une jeune célibataire, mais cinq ans plus tard, la guerre éclata et elle se trouva en Allemagne avec ses deux plus jeunes filles. Cette dernière fille fut la plus fidèle et la plus affectueuse envers sa mère et sa soeur en Allemagne et aux États Unis, et finit par enterrer sa mère au cimetière de Novo-Diveyevo.
L’autre exemple est aussi celui d’une famille de réfugiés. La mère avait insisté à mettre au monde son troisième enfant, une fille, alors que cela aurait pu être évité. Pendant la guerre, son mari est parti pour l’étranger avec les deux aînés, mais la plus jeune est restée avec elle en Union soviétique et prenait soin d’elle dans sa vieillesse.

Raisons de l’échec d’un mariage
Ces raisons sont très nombreuses. Je ne m’étendrai que sur les plus importantes.
A. Le couple se refroidit. Les psychologues américains disent que les mariages passent par leur période la plus critique durant les trois premières années et puis pendant la dixième année. Les statistiques montrent que cinquante pour cent des divorces ont lieu dans les trois premières années. Nous pouvons présumer que cela arrive dans le cas de mariages contractés trop tôt ou trop vite. Le fait que cinquante pour cent des mariages contractés avant l’âge de vingt ans finissent par le divorce suggère la même idée. Plus on est âgé quand on se marie, plus bas est le pourcentage des divorces.
Évidemment, nous parlons ici des causes dont nous avions parlé dans la première partie : les couples qui se marient sous l’effet de la passion ou des premières impressions se désillusionnent le plus souvent l’un de l’autre. C’est aussi le cas lorsque les relations sexuelles sont supposées être les plus importantes. Un mariage ne peut être fondé sur cela de façon durable, puisque, entre mari et femme, il devrait y avoir d’autres intérêts communs. Une femme en particulier ne peut être satisfaite par la seule sexualité. Des enquêtes ont démontré que dans le mariage, une femme cherche avant tout l’amour sentimental; deuxièmement la sécurité, troisièmement l’amitié; quatrièmement un foyer et une famille; cinquièmement un statut social et seulement en dernier lieu — l’intimité physique avec son mari. Si un homme ne comprend pas cet aspect de la psychologie féminine, alors son mariage sera de courte durée.
Un prêtre ne peut faire grand chose pour aider dans de tels cas. Il devrait donc se concentrer à éviter à ses jeunes ouailles de se marier trop jeunes, en attirant leur attention aux risques et aux conséquences de tels mariages.
Il peut aider davantage les années qui suivent, lorsque même des mariages plus naturels risquent de finir par le divorce. Dans de tels cas, il est nécessaire avant tout de déterminer la cause fondamentale qui détruit l’intégrité du mariage. Le plus fréquemment, elle est l’une de celles qui sont énumérées plus bas.
B. Divergence d’opinions. Ici, nous avons affaire à des désaccords profonds, concernant des questions de religion, par exemple, ou la façon d’élever les enfants — les objectifs du mariage en général. Ce sont les mariages mixtes qui souffrent le plus de cette sorte de mésentente, puisqu’il n’y a pas d’accord sur la question de l’éducation religieuse des enfants.
La situation est la même lorsque le couple est de la même foi, mais les deux parties ne sont pas au même niveau spirituel. Ici, le pasteur devrait conseiller à l’époux le plus indifférent des deux de laisser l’éducation des enfants à l’autre — généralement la mère, dans la mesure où les femmes sont plus religieuses que les hommes. La même méthode devrait être employée dans les mariages mixtes, où la direction de l’éducation des enfants devrait rester dans les mains de la femme orthodoxe. C’est dans l’intérêt des enfants, auxquels il faut éviter une dualité dans leur éducation religieuse.
Les cas les plus difficiles de désaccord dans le mariage se produisent lorsque le mari, supposons, est complètement incroyant. Dans le cas d’enfants issus de tels mariages, la femme doit recevoir un grand soutien du pasteur, qui doit défendre ses droits d’élever ses enfants dans sa foi. Si cela ne marche pas, un conflit grave peut surgir. S’il n’y a pas d’enfant, alors il doit concentrer son attention sur la femme, pour l’aider à porter patiemment sa croix. Elle a besoin d’une foi profonde et d’une grande humilité. Selon la loi américaine, un divorce est possible dans ce cas, mais du point de vue de l’Église, il est inadmissible.
C. Incompatibilité de caractère. Ceci comprend des désaccords domestiques purement extérieurs de tous les jours. Souvent le tempérament des deux parties souffre de ces déficiences caractérielles. Cela se ressent lourdement sur la mère et aussi sur les enfants. Dans ces cas, le pasteur a une grande marge de manoeuvre pour la réconciliation et la pacification de la vie familiale. Sans prendre partie, il devrait influencer les deux époux — pour rendre l’un plus modéré et plus pacifique, et l’autre plus patient et plus humble. Il doit souligner combien les querelles ont une mauvaise influence sur les enfants et combien elles sont inadmissibles dans une famille chrétienne. Si la famille n’est pas très religieuse, il doit insister pour qu’ils aillent à l’église plus régulièrement et se préparent plus souvent à la communion.
Quelquefois des parents proches, comme les parents du mari ou de la femme, sont mêlés à ses désaccords familiaux. Dans de tels cas, le prêtre doit les influencer, eux aussi, en faisant remarquer combien la paix et la concorde sont essentielles dans une famille orthodoxe.
D. Infidélité. Cela n’arrive pratiquement jamais dans des familles heureuses et pieuses, mais, dans des familles malheureuses, — dans celles qui souffrent d’un des types de désaccords mentionnés plus haut — on doit toujours s’attendre à l’infidélité, qui finit par détruire un mariage. Donc, un prêtre doit toujours suivre de plus près de telles familles, afin de détourner cela, si possible.
Nous avons déjà remarqué que l’absence d’enfants, le désaccord entre mari et femme ou le refroidissement des sentiments entre eux créent le danger qu’ils soient tentés de chercher d’autres liens.
Nous devons aussi distinguer entre une infidélité accidentelle et un sentiment sérieux pour une autre personne, un qui a acquis un caractère durable. S’il s’agit d’un cas occasionnel, le pasteur doit essayer de faire pencher la partie trompée vers le pardon et la réconciliation, et restaurer la confiance mutuelle. Si l’infidélité est découverte lors de la confession, l’affaire peut être limitée au repentir et à la pénitence, ainsi qu’à l’aveu de la faute à l’autre partie. Si l’une des parties connaît ou soupçonne l’infidélité de l’autre, alors le mieux est que le prêtre agisse comme médiateur pour les réconcilier. Et si l’infidélité avait pour cause quelque chose d’anormal dans la relation du couple, il est essentiel d’en discuter avec eux, pour ôter la cause d’une récidive pour l’avenir.
Souvent, l’infidélité est due à une longue absence du mari ou à une surcharge de travail qui ne lui permet pas d’être assez attentionné envers sa femme et ses enfants. Ici, il faut trouver des moyens de faire cesser le sentiment d’abandon qu’éprouve la femme, même si cela implique une réduction des revenues du mari. Semblablement, la femme ne doit pas être non plus si absorbée dans les soins maternels et ménagers qu’elle en oublie son mari.
L’affaire devient plus compliquée quand la femme porte l’enfant d’un autre homme. Là, le pasteur doit faire tous les efforts possibles pour assurer que les choses n’aboutissent pas à un avortement. Il est essentiel non seulement de préserver la vie de l’enfant, mais aussi de persuader le mari de l’accepter dans la famille. Le fondement moral de cela est que l’enfant n’est pas coupable d’être venu au monde à la suite d’une relation adultérine, il est donc plus juste de l’accueillir dans la famille que de le laisser sans père ou mère et gâcher ainsi sa vie. Si le bébé est rejeté, la mère aura de la peine et des tourments de la conscience. Mais si l’enfant reste dans la famille, alors la mère sera non seulement tranquillisée, mais elle éprouvera aussi de la gratitude et du respect envers son mari.
En Russie d’avant la révolution, de tels cas étaient fréquents du fait de l’absence des maris pendant les quatre ou cinq ans du service militaire. En général, surtout dans la paysannerie, les maris acceptaient un tel enfant pour ne pas détruire la famille. C’était considéré comme un acte chrétien. Je connais de tels cas de ma propre expérience, et dans les familles nombreuses de tels faits passaient tout à fait inaperçus par les autres enfants. Cependant, le pasteur doit exhorter le mari à prendre une attitude parfaitement normale à l’égard d’un tel enfant et à ne jamais révéler ses origines.
Il est plus difficile de réconcilier un couple sans enfants lors d’une naissance adultérine. Dans mon expérience, je n’ai pas connu de tels cas, mais j’ai entendu parler de maris qui avaient accepté l’enfant pour ne pas peiner leur femme, qui, bien sûr, s’est repentie de son infidélité.
Dans tous les cas cités ci-dessus, le but principal du pasteur était de préserver la famille et d’éviter le divorce. Il ne faut pas oublier que c’est toujours la partie trompée et, bien sûr, les enfants, qui souffrent d’un divorce. Parfois, la partie coupable d’infidélité souffre aussi. Par conséquent, préserver un mariage, même s’il n’est pas parfaitement réussi, est un grand succès de la part du prêtre, qui protège ainsi les enfants de la perte d’une famille et les parents — des conséquences graves de la solitude.
À cet effet, le pasteur doit user de tous les moyens d’exhortation pastorale et aussi de prière pour couples en mésentente. En cas de réconciliation, un office d’action de grâce peut être célébré, complété par les prières pour la réconciliation de ceux qui sont en mésentente, contenues dans le Livre des Nécessités.

Divorce
Dans cette partie, je serai bref, comme la procédure de divorce est une formalité ayant un ordre établi. Bien sûr, même ici, le prêtre doit essayer et de dissuader les deux parties de divorcer et de les réconcilier.
Du point de vue orthodoxe, un divorce est confirmé si un mariage béni par l’Église est détruit. S’il ne peut pas être rétabli, il doit être déclaré non-existant et le couple libéré des voeux qu’il avait faits.
Selon les canons de l‘Église, le divorce est permis dans les cas suivants : 1) adultère commis par un des époux; 2) absence sans trace d’un des époux pendant plus de trois ans; c) incapacité d’union conjugale de la part du mari.
Le divorce est de la compétence de l’évêque du lieu. Une demande de divorce est adressée à l’évêque, qui désigne un prêtre expérimenté pour faire l’enquête en la matière - afin de vérifier les faits, réunir des témoignages, demander une explication de la partie en faute etc. Si possible, il fait une dernière tentative de réconciliation, surtout s’il y a des enfants. Après cela, l’affaire est présentée à la Cour spirituelle du diocèse, qui peut soit confirmer le divorce, soit la renvoyer pour le rassemblement de données supplémentaires. En finale, la décision de la Cour spirituelle est confirmée par l’évêque.
Il ne faut pas oublier qu’aux États-Unis et au Canada un divorce ecclésiastique ne devient effectif qu’après l’obtention du divorce civil. Par conséquent, les tentatives de réconciliation doivent être faites avant que le divorce civil est terminé.
Un homme ou une femme divorcé(e), s’il n’est pas coupable d’infidélité, peut contracter immédiatement un nouveau mariage. Mais la partie en faute ne peut se marier une deuxième fois qu’une fois levée sa pénitence pour adultère.


LES PÈRES DE L’ÉGLISE
(suite)

Saint Irénée de Lyon
(fêté le 23 août)

Le nom du saint hiérarque est resté lié à celui de la métropole de Lyon, comme messager de l'Esprit saint, et à celui de l'Église des Gaules, comme l'un de ses illuminateurs et premiers pères. Parmi ces théophores, il tient une place unique, et par sa généalogie spirituelle, et par le combat qu'il mena contre l'erreur multiforme de la gnose.
Irénée naquit en Smyrne, vers l'an 140 de notre ère. Très jeune encore, il confessa le Christ. Qu'on y songe : une génération à peine séparait saint Irénée de l'apôtre saint Jean !
En ce milieu du deuxième siècle, l'Église de Smyrne brillait de son plus vif éclat. La Providence voulut que ce feu évangélique fût communiqué aux Gaules par cette même Église locale, dont la vocation à envoyer des missionnaires là où il en manquait est bien connue. Cette Église si prestigieuse et souvent évoquée dans les notices consacrées à saint Polycarpe et à saint Pothin est directement liée à notre nouvelle naissance.
Pendant la jeunesse d'Irénée, c'est le grand Polycarpe qui était à la tête de cette Église d'Asie. C'est donc de bonne heure que le jeune chrétien Irénée put écouter ses instructions et recueillir ses propos.
Irénée fut un vaillant combattant de la foi, un défenseur vigoureux de la vérité. Il demeura tout autant un zélateur pacifique, c'est-à-dire un homme soucieux de la véritable paix, paix soutenue par l'amour de la Vérité. D'ailleurs, n'avait-il pas reçu ce nom avec celui d'Irénée ? Qu'il serait constructif de voir tous les «irénismes» ressembler à celui de saint Irénée, qui avait su illustrer ces paroles du Seigneur : Je vous laisse la paix, Je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre coeur ne se trouble point, et ne s'alarme point. (Jn 14,27) ! Sa vie nous apprend que c'est avec un coeur ferme qu'Irénée sut rétablir dans l'Église la vraie paix et non sa caricature, qui, sous prétexte de concorde, laisse l'erreur faire la guerre à la vérité.
À l'époque, l'Église gallo-romaine fondée aux temps apostoliques n'eut pas, au commencement, ces succès brillants que nous admirons ailleurs. Semence faible et quasiment imperceptible, elle étendit peu à peu de nombreuses racines dans le sol grâce au sang des martyrs comme aux prières et aux travaux des ouvriers de l'évangile. S'il n'y a eu, au 1er siècle, que peu de communautés chrétiennes organisées, elles firent cependant assez de progrès pour que Tertullien puisse dire, au deuxième siècle, que dans les diverses nations des Gaules, Jésus Christ comptait de nombreux adorateurs (cf. Tertullien in Adversus Judaeos, C, 7 : « Galliarum diversae nationes... in quibus locis Christi nomen regnabat »).
Nous ignorons la date exacte du départ d'Irénée de son Église d'Asie, mais les hagiographes s'entendent pour situer son arrivée à Lyon vers 177, en même temps qu'une troupe d'ouvriers de la Vigne, qui donna à la mission chrétienne une impulsion nouvelle. Chemin faisant, ils semblent s'être arrêtés à Rome, ce qui semble probable, étant donné la très bonne connaissance que possédait Irénée sur les milieux romains. Nous connaissons déjà sa participation à la mission du saint évêque Pothin, dont il était un des compagnons avec Bénigne, Andochius, le diacre Thyrsus et le sous-diacre Andéol.
Dans la notice consacrée à saint Pothin, nous avons vu comment et pourquoi les pieux évangélisateurs étaient attendus sur les bords du Rhône. D'autre part Guettée souligne que le nom de Lyon était très connu dans le monde d'alors : «C'est à Lyon que fut exilé Hérode. Ponce Pilate fut exilé à Vienne (près de Lyon). On ne put, sans parler de Jésus Christ, voir arriver dans les Gaules ces deux grands coupables».
Cette marche de l'Église allait se heurter aux obstacles du siècle, et c'est par le sang des martyrs qu'elle put continuer sa route et rester victorieuse. Régnait alors sur l'Empire Marc-Aurèle, esprit plein des préventions orgueilleuses d'une autorité sans boussole, liées à un ensemble de sophismes dirigés contre la doctrine de Jésus Christ. Sa tolérance pour toutes les erreurs allait s'accompagner d'une haine complète de la vérité. Marc-Aurèle considérait le polythéisme comme une loi de l'état et le meilleur moyen pour lier les nations vaincues à son autorité. Il considéra les chrétiens comme des rebelles indignes de «tolérance» et ternit son règne en les persécutant cruellement.
Ces persécutions ne faisaient pas oublier aux chrétiens de Lyon de veiller à la pureté de leur foi. Confrontés à l'hérésie de Montanus, ils écrivirent aux chrétiens de l'Église de Phrygie, faisant connaître ainsi leur prudence, qui était à l'égal de leur foi. Dans le même temps, ils envoyèrent aussi une lettre à Eleuthère, évêque de Rome, à propos du même péril. Ce fut Irénée, déjà ordonné prêtre, qui fut chargé de la porter. Cette mission ne lui permit point de partager le témoignage sanglant que rendirent, à ce moment-là, les chrétiens de l'Église de Lyon, car il était à Rome. Dieu le réservait pour d'autres combats et un martyre plus éloigné dans le temps. Les chrétiens persécutés de Lyon recommandaient chaleureusement leur messager auprès d'Eleuthère. Ils écrivaient : «... Nous avons prié notre frère Irénée de vous porter cette lettre, nous vous le recommandons comme un grand zélateur du Testament de Jésus Christ, et s'il avait besoin auprès de vous d'un titre, nous vous le recommandons aussi comme prêtre, car il a été élevé à cet honneur».

(à suivre)

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