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chrétiens orthodoxes sous la juridiction de S. B. Mgr. Nicolas archevêque d'Athènes et primat de toute la Grèce
SOMMAIRE NOUVELLES IL NÕEST POINT DE CHRISTIANISME SANS LÕGLISE LA DERNIéRE DROITE LES DEUX PAROLES DE NESTORIUS COMMENT IL FAUT PARLER AUX DOUX AINSI QU'AUX EMPORTS Les Pres de l'glise (suite) : SAINT POTHIN DE LYON LÕICļNE DE LA TOUTE-SAINTE ĒPHANEROMENIČ DE LA VIE DE SAINT SPYRIDON LES SAINTS MARTYRS DU MONASTéRE DE ZOGRAPHOU UN POINT DE VUE PASTORAL DU MARIAGE ET DE SES PROBLéMES NOUVELLES
Lors dÕun bref sjour au foyer, je terminer ce bulletin, pour ensuite retourner en Grce, en passant par la Suisse, o je rendrai visite nos fidles.
Depuis quelques mois je suis install au Pire, dans la paroisse de Saint-Andr-lÕAptre. En mme temps, je mÕoccupe dÕune paroisse au Peristeri, dans la banlieue dÕAthnes. Mon adresse postale :
GRéCE
Tel : 0030 210 4618649 ou 0030 6974380599
JÕignore, bien sr, combien de temps je resterai encore en Grce, mais les circonstances lÕexigent pour le moment.
Vtre en Christ,
hm. Cassien
NOUVELLES DE LA MISSION AU CAMEROUN
Les maons, en train de couvrir la toiture du sanctuaire
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Le dbut du second aile du foyer
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La voiture qui partira, depuis le Pire, au Cameroun.
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Il ne redoute point lÕadversit, celui qui ne court pas aprs la prosprit.
saint Grgoire le Grand (Morale 22, ch. 40) |
IL NÕEST POINT DE CHRISTIANISME SANS LÕGLISE
(extrait)
archevque Hilarion
Selon lÕenseignement notestamentaire, le perfectionnement de la personne humaine est conditionn par son appartenance lÕglise, comme organisme vivant et se dveloppant par lÕAction charismatique du saint Esprit. Si lien avec lÕglise vient se rompre, la personne qui sÕen dtache, sÕisolant et sÕenfermant dans son gosme, sera priv de lÕinfluence du saint Esprit vivant dans lÕglise. ĒSupposons une main dtache du corps : lÕesprit qui vient du cerveau, trouvant son chemin interrompu, ne quitte point pour autant le corps, afin de rejoindre la main : sÕil ne la trouve pas sa porte, il ne se communique point elle É la mme chose se produit lorsque lÕamour nÕassure plus le lien entre nousČ. ĒAinsi donc, si nous voulons jouir de lÕEsprit qui vient de la Tte, attachons-nous les uns aux autres. Il y a deux manires de se trouver spar du Corps de lÕglise : lorsque nous nous refroidissons en amour, et lorsque nous effectuons une action indigne lÕgard de ce Corps : dans un cas comme dans lÕautre, nous nous sparons de ce tout quÕest lÕgliseČ. (Saint Jean Chrysostome, Hom. Eph. 11,3)
Ainsi, saint Jean Chrysostome considre toute sparation avec lÕglise comme le dpouillement de la Grce du saint Esprit. ĒTout ce qui sÕest dtach du principe de vie ne peut, par la perte de lÕessence salvatrice, vivre et respirer dÕune vie propreČ. ĒSparez le rayon du soleil du foyer qui lÕenvoie, lÕunit de la lumire ne souffrira pas lÕexistence de lumire spare; dtachez le rameau de lÕarbre qui le nourrit; il perdra la facult de crotre; retranchez un ruisseau de sa source, il tarit aussitt. Il en va de mme de lÕglise qui, illumine par la Lumire du Seigneur, panche ses rayons jusquÕaux extrmits du monde; mais la Lumire qui se rpand partout est une, et lÕunit du Corps demeure indivisible. Arbre majestueux, elle tend lÕimmensit de ses rameaux sur toute la terre; vaste fleuve, elle arrose toutes les contres par la richesse de ses eaux. Mais partout un mme principe; partout une mme origine, partout une mme mre; riche des trsors de sa fconditČ. (Saint Cyprien de Carthage, Sur lÕunit de lÕglise)
Ces paroles enthousiastes et potiques expriment clairement lÕide selon laquelle une personne distincte, une communaut chrtienne mme, ne vit que dans la mesure o elle vit de la Vie du Christ; pour autant quÕelle est unie lÕglise universelle. SÕisoler, sÕenfermer sur soi-mme quivaut pour un individu, ou mme pour une glise locale, ce que le rayon se spare du soleil, le ruisseau Š de la source, les branches Š du tronc. La vie spirituelle ne peut avoir lieu quÕen liaison organique avec lÕglise universelle; si cette liaison est rompue, la vie chrtienne disparat invitablement.
Lorsque nous regardons le christianisme primitif, nous voyons que la conception fondamentale du monde chrtien rsidait prcisment dans la notion de lÕglise, et cÕest elle qui en a constitu la ralit. Aprs la descente du saint Esprit sur les disciples et les aptres du Christ, lÕglise reut son existence en tant que socit comportant pour les membres qui la constituent des relations spirituelles rciproques. Il nÕy eut, au dbut, aucun systme dÕenseignement dtaill. La foi chrtienne ne comportait que quelques dfinitions gnrales. Ds les premiers instants de son histoire, le christianisme apparat comme une communaut vivant dÕune seule me et dÕune seule intelligence. En dehors de cette communaut; il nÕy avait pas de chrtiens. Se convertir au Christ et devenir chrtien quivalait se joindre lÕglise, ainsi que lÕexprime maintes reprises le livre des Actes des aptres, o on lit : ĒEt le Seigneur ajoutait chaque jour lÕglise ceux qui taient sauvsČ (2,47; 5,13Š14). On peut juger de la rigueur avec laquelle se caractrisait la communaut chrtienne primitive par le verset du livre des Actes : ĒAucun des autres nÕosait se joindre euxČ (5,13).
Ė lÕpoque o vivaient les disciples immdiats du Seigneur, le christianisme constituait prcisment une socit visible Š lÕglise; il nÕtait pas seulement un enseignement, mais la vie mme. Le christianisme, ecclsial en son essence, lÕtait aussi dans la ralit, en tant quÕglise, cÕest--dire en tant que socit visible, ayant une organisation dtermine. Et le Seigneur voulut donner son glise prcisment une organisation hirarchique, dont la structure fut ralise par les saints aptres.
Aussi, selon saint Cyprien, tre chrtien signifie appartenir lÕglise visible et tre dans lÕobissance la hirarchie tablie par Dieu. LÕglise est lÕaccomplissement de lÕamour du Christ, et toute sparation avec elle quivaut une transgression de la loi dÕamour : ĒLe Christ nous a donn la paix; Il nous a command de vivre en bonne intelligence et dans lÕunanimit; Il nous a command de prserver fermement, sans altration, le lien dÕattachement et de lÕamour. Celui qui nÕa pas lÕamour nÕa pas Dieu. Ne peuvent demeurer avec Dieu ceux qui nÕont pas voulu tre unanimes dans lÕglise de DieuČ.
La prosprit souvent souille le coeur par l'orgueil, tandis que la souffrance le purifie par la douleur. Au milieu des adversits l'me s'lve; tandis qu'au sein de la prosprit elle s'abat au moment mme o elle se dresse. Dans le succs l'homme s'oublie lui-mme; mais dans l'preuve il est contraint, mme malgr lui, faire un retour sur soi-mme. Lorsque tout russit, trop souvent les bonnes oeuvres, mme celles prcdemment accomplies dprissent, tandis que, quand on souffre, mme les fautes du temps ancien s'expient. Car, la plupart du temps, l'cole du malheur est maintenu sous le joug du devoir un coeur qui, s'il avait atteint le fate du pouvoir, et tourn l'orgueil par la possession de la gloire.
saint Grgoire le Grand (Pastorale 1,3) |
LA DERNIéRE DROITE
Dans le stade, le coureur court de toute ses forces afin de remporter la victoire. Le plus difficile cÕest pourtant la dernire droite. puis, il fait un dernier effort en y mettant toute lÕnergie qui lui reste, car il sait que cÕest maintenant le moment dcisif de gagner ou de perdre.
Cette image peut bien sÕappliquer lÕglise qui sÕapproche aussi de son but. Il sÕagit de tenir bon malgr les faiblesses, blessures et pertes quÕelle a reues travers lÕhistoire. Il ne faut donc pas se scandaliser, mais plutt admirer cette lutte millnaire.
CÕest maintenant le moment le plus important car tout est en jeu Š ou de gagner ou de tout perdre. LÕespoir nous fera remporter la victoire Ēcar Dieu est avec nousČ, comme nous prions pendant le grand Carme qui est aussi le moment le plus important de lÕanne liturgique car il cumule sur la Rsurrection. Mais chacun doit y mettre du sien car le salut ne dpend pas uniquement de Dieu, mais de chacun de nous.
Le Sauveur, ne nous a-t-Il pas donn lÕexemple ? CÕest lors de sa passion que tout sÕest jou, et non pas tellement quand il faisait des miracles et prchait.
Dserter quivaut la lchet, bien au contraire, celui qui aime vraiment lÕglise sÕoublie et se sacrifie pour lÕultime combat quÕelle doit livrer.
Il est bien prdit par les pres que ceux du dernier temps nÕauront que des ailes fragiles et faibles, mais leurs mrites seront bien plus grands que ceux des hommes du pass. Garder la foi dans des temps si difficiles, cÕest cela qui nous est demand et cÕest en cela que consiste notre mrite.
Et cÕest dans notre faiblesse que la Force de Dieu se manifeste, selon lÕAptre.
hm. Cassien
Bien des fois, en effet, l'me se ment elle-mme en ce qui la concerne. Elle s'imagine aimer ce qu'elle n'aime pas dans une bonne oeuvre, et n'y rien chercher de la gloire du monde qu'au contraire elle aime
saint Grgoire le Grand (Pastorale 1,9) |
LES DEUX PAROLES DE NESTORIUS
Abba Cyriaque (5me-6me sicle) tait prtre dans la Laure de Calamon, prs du fleuve du Jourdain. Une fois, il nous raconta ceci :
ĒUne fois, pendant la nuit, dans mon sommeil, je vis debout devant ma cellule, une femme habille de pourpre, avec une attitude dcente et noble, et prs dÕelle deux hommes dignes et respectueux. Je compris que la femme tait la Toute Sainte, lÕun des hommes Saint Jean le Thologien et lÕautre le Prcurseur.
Je sortis de ma cellule pour leur demander dÕy entrer et la bnir. LÕEnfantrice de Dieu sÕy refusa. Longtemps jÕinsistai pour quÕelle cde ma demande. Finalement elle me dit sur un ton svre :
Š Mon ennemi est dans ta cellule; comment veux-tu que jÕy entre ? Elle dit cela et partit.
Une fois rveill, je rflchis avec tristesse, pensant que peut-tre jÕavais commis une faute envers elle dans mes penses. Dans ma cellule il nÕy avait personne hormis moi. Longuement je me scrutai, mais je ne trouvai rien de rprhensible la concernant.
Je me levai tout triste et je pris un livre pour lire, afin de chasser la tristesse par la lecture. Le livre tait un livre de saint Hsychios, prtre Jrusalem.
En le feuilletant, vers la fin, je trouvai deux sentences du maudit Nestorius. Je compris tout de suite que lÕennemi de la Mre de Dieu, cÕtait lui. Je me levai sans tarder pour ramener le livre celui qui me lÕavait prt, et lui dis :
Š Prends ton livre, frre, car le dommage quÕil mÕa caus est plus grand que le profit.
Quand je lui expliquai ce qui mÕtait arriv, celui-ci plein de zle enleva les deux sentences de Nestorius et les jeta dans le feu, en disant :
Š LÕennemi de la toute sainte Enfantrice de Dieu et toujours vierge Marie ne restera pas plus longtemps dans ma cellule.
Est l'ennemi du Rdempteur, celui qui, grce aux bonnes oeuvres qu'il accomplit, convoite d'tre aim par l'glise au lieu et en place du Sauveur.
saint Grgoire le Grand (Pastorale 2,8) |
ŹCOMMENT IL FAUT PARLER AUX DOUX AINSI QU'AUX EMPORTS
Il faut diffremment parler aux doux et aux colres. Lorsqu'en effet les doux possdent l'autorit, ils se laissent souvent aller une indolence voisine et comme toute proche de l'inertie, et frquemment, par un laisser-aller excessif de bont, ils temprent plus qu'il ne faudrait la rigueur de la discipline. Les violents, an contraire, quand ils ont le pouvoir en main, et qu'ils se laissent aller, sous l'impulsion de leur humeur, des extravagances de caractre, troublent jusqu' l'existence de leurs subordonns dans la mesure o se trouve dtruite la tranquillit de la paix. Lorsque la fureur les possde, ils ne se doutent pas du mal qu'ils s'infligent personnellement. Souvent mme, chose bien plus grave, ils confondent l'excitation de la colre avec le zle de la justice; et quand le vice se trouve de la sorte pris pour une vertu, on accumule sans remords faute sur faute. Ainsi donc, frquemment, ceux qui sont doux restent dans l'inertie, par rpugnance s'acquitter de leur devoir; et les violents sont bien souvent jets dans l'illusion par un faux zle de justice. Par suite, le vice vient secrtement s'adjoindre la vertu des premiers, tandis que leur propre passion se fait passer, aux regards des seconds, pour ferveur de vertu. Il faut donc enseigner aux doux se garder d'une tentation qui est leur porte; et aux colres se mfier de ce qui est dans leur nature. Que les uns sachent discerner ce qui leur manque; et que les autres tiennent compte de leur temprament. Que par suite les doux prennent coeur leur charge, et que les emports rpriment leur violence. Engagez les premiers faire des efforts pour acqurir le zle de la justice; et employez-vous auprs des seconds, pour les encourager unir la douceur l'ardeur pour le bien dont ils se croient remplis. C'est dans ce double but que l'Esprit saint s'est rvl nous sous l'apparence de la colombe et en forme de feu : car, vritablement, tous ceux en qui en vient, il les rend visiblement doux de la simplicit de la colombe et embrass d'un zle de feu .
Par consquent, n'est donc nullement rempli de l'Esprit saint, l'homme qui, dans la tranquillit de la mansutude, n'est pas anim de la ferveur du zle, non plus que celui qui, dans l'ardeur de son zle, a perdu la vertu de douceur. C'est ce que peut-tre nous prouverons mieux en mettant en avant l'enseignement de Paul, lequel donna des instructions diverses sur la prdication ses deux disciples, pourtant dous l'un et l'autre d'un mme esprit de charit. S'adressant, en effet, Timothe il dit : ĒReprends, menace, exhorte, avec une entire patience et toujours en instruisant.Č (II Tim 4,2). Et il donne ainsi ses avis Tite : ĒVoici ce que tu dois prcher, recommander et revendiquer avec une pleine autorit.Č (Tite 2,15). Pourquoi met-il une nuance si prononce dans l'application pratique de sa mthode, au point qu'en la divulguant il prescrive au second disciple d'user d'autorit, tandis qu'il recommande an premier la patience : sinon parce qu'il a vu plus de douceur chez Tite, et un peu plus d'ardeur en Timothe ? Il enflamme celui-l par l'ardeur du zle; et, au moyen de la douceur de la patience, il modre le dernier. Il donne Tite ce qui lui manque, et te Timothe de ce que celui-ci a en trop. Il s'emploie exciter le premier de l'peron, et mettre un frein au second. Ce grand laboureur du champ de l'glise dont il avait reu la charge, arrose certains rameaux pour les placer dans l'obligation de grandir, et taille d'autres branches quand il les voit pousser avec exubrance : de manire empcher que ceux-l ne restent improductifs par dfaut de croissance, et que celles-ci ne perdent, par un excs de frondaison, les fruits dont elles sont charges.
Mais tout fait diffrente est la colre qui se dissimule sous le masque du zle, d'avec celle qui remplit tout un coeur de trouble sans avoir la justice pour prtexte. La premire, en effet, poursuit jusqu' l'excs l'accomplissement d'un devoir; tandis que la seconde s'allume toujours propos de choses en opposition avec le devoir.
Il faut aussi savoir qu' ce propos les irascibles diffrent des impatients, en ce que ceux-ci ne peuvent rien supporter de la part des autres, tandis que ceux-l gardent rancune mme des choses qu'ils sont obligs de subir. Car les colreux poursuivent ceux-l mmes qui les vitent, font natre des sujets de querelle et se plaisent dans la dispute. Aussi, le meilleur moyen pour nous de les corriger est-il de ne pas les aborder quand ils se trouvent en plein sous le coup de l'irritation. Dans cet tat de trouble ils ne comprennent pas, en effet, ce qu'on leur dit; mais une fois rentrs en possession d'eux-mmes, ils reoivent d'autant plus volontiers des paroles de reproche, que plus grande est leur honte d'avoir t si paisiblement supports. Tout ce qu'on peut dire de sens parat absurde un esprit en proie l'ivresse de la colre. Aussi Abigal sut-elle sagement taire Nabal ivre, la faute qu'il avait commise (cf. I Roi 25,2 sv.) et elle ne lui en parla opportunment qu'aprs qu'il eut cuv son vin. Ainsi se trouva-t-il en tat de comprendre le mal dont il s'tait rendu coupable, parce qu'il n'en entendit pas dire un seul mot tandis qu'il tait dans l'ivresse.
Lors donc que les colreux attaquent les autres de telle manire qu'il est compltement impossible d'viter le choc, il faut les corriger non en leur adressant des reproches ouverts, mais en les mnageant au moyen de quelque adroite manifestation de respect. Nous traduirons plus clairement notre pense sur ce point par l'vocation de ce que fit Abner. Alors qu'en effet Asal l'assaillait avec la violence d'une offensive inconsidre, l'criture raconte ceci : ĒAbner s'adressa Asal et lui dit : Dtourne-toi, cesse de me poursuivre, afin que je ne sois pas contraint t'tendre mort sur la terre. Or Asal ddaigna de l'entendre, et refusa de se dtourner. Alors Abner le frappa l'aine avec l'extrmit infrieure de sa lance, et le pera de part en part, et il mourut.Č (II Roi 22-23). De qui donc Asal fut-il alors le type, sinon de ces hommes dont la fureur s'empare avec la dernire violence, et conduit tous les excs ? Les individus qui en viennent un pareil degr d'emportement, sont viter avec d'autant plus de prcaution qu'ils se laissent entraner avec plus de folie. Aussi Abner, dont le nom en notre idiome veut dire Ēlumire du preČ, s'enfuit-il [devant Asal]. De mme la parole des docteurs qui communique la cleste lumire de Dieu, se refuse-t-elle frapper quelqu'un qui, pour ainsi dire, les poursuit, lorsqu'ils se rendent compte que l'esprit de cet homme est emport parmi les prilleux sentiers de la colre, et qu'ils ngligent alors de retourner contre un pareil furieux les armes acres du discours. Mais lorsque les violents ne cdent aucune considration, et que, pareils Asal, ils n'en finissent point de leur hostilit ni de leur folie, il est indispensable que ceux-l qui s'emploient rprimer ces insenss ne se dressent point irrits eux-mmes, mais fassent preuve au contraire de la plus grande tranquillit, et usent de paroles dlicates pour atteindre indirectement l'esprit de celui-l qui ne se possde plus.1 C'est ainsi qu'Abner, quand il se retourna face celui qui le poursuivait, le pera de part en part, non pas avec la pointe mais bien avec l'extrmit infrieure de sa lance. En effet, frapper de la pointe c'est prendre l'offensive par le choc brutal d'une rprimande ouverte. Frapper avec l'extrmit infrieure de la lance c'est, au contraire, toucher tranquillement un irrit avec d'insinuantes paroles, et triompher de lui comme en l'pargnant. D'autre part, Asal succomba sur-le-champ. De mme les esprits qu'a troubls la colre, ds lors qu'ils sentent qu'on les mnage, et sont frapps au fond d'eux-mmes de la justesse des rponses qu'on leur sert en tranquillit, descendent aussitt de la hauteur de ton o ils s'taient monts. Et donc ceux-l qui, sous le coup de la douceur, reviennent de l'imptuosit de leur colre sont mis mort, pour ainsi dire, sans qu'il soit besoin d'employer le fer.
saint Grgoire le Grand (Pastorale 3 chapitre 16)
La sincrit constitue la meilleure dfense et rien de plus facile dire que la vrit.
saint Grgoire le Grand (Pastorale 3,11) |
LÕICļNE DE LA TOUTE-SAINTE ĒPHANEROMENIČ
Ė Salamine, en face du golf ĒGrand PinČ, se trouve le monastre de Phaneromeni, qui fut restaur au 17me sicle par le saint moine Laurent.
Lorsque Laurent tait encore lac sous le nom de Lampros Kanellos, la Mre de Dieu lui apparut une nuit et lui dit :
ĒSur lÕle de Salamine, du ct nord, se trouve une chapelle abandonne qui mÕest ddie. Vas-y et rouvre la.Č
Lampros ne fit pas attention au rve. Ainsi la Toute-Sainte lui apparut pour la seconde et mme troisime fois et le menaa durement. Il se mit enfin en route vers le port avec lÕintention de faire la traverse vers lÕle en bateau. La mer tait fort agite et il ne trouva aucune embarcation.
Assis, il rflchit ce quÕil devait faire quand il entendit dÕen haut la voix de la Toute-Sainte lui disant :
ĒJette ton manteau dans la mer, assieds-toi dessus, et ainsi tu arriveras sans danger sur lÕle.Č
Ce qui arriva. Lampros se mit sur le manteau en dfiant les vagues sans difficult et arriva sain et sauf sur lÕautre rive.
Ė Salamine, o la Vierge lui avait indiqu lÕendroit, il trouva les ruines dÕune chapelle et dÕun ancien monastre. Ė lÕintrieur de la chapelle il trouva une vieille icne quÕil nomma plus tard ĒPhaneromeni nouvellement apparu.Č
Lampros restaura la chapelle et les cellules, sÕy installa et y vcu comme moine.
LÕancien monastre avait beaucoup de possessions qui avaient t occupes par les habitants environnants. Le moine se dmena pour les rcuprer. La Mre de Dieu lui apparut de nouveau en rve et lui indiqua les terrains occups.
Peu peu les anciennes possessions furent rcupres.
Une grande oliveraie Glifada se trouvait dans les mains dÕun musulman fanatique. Le moine y alla de la part du patriarche pour lui demander de restituer le terrain, mais le musulman ne cda aucunement.
Alors la justice divine sÕen mla. La femme du turc tomba gravement malade. Les mdecins et les mdicaments ne lui taient dÕaucune aide. La femme demanda avec foi le saint moine afin de la gurir, mais le turc devint intraitable. La situation de la femme empira et son entourage redoutait la mort.
CÕest ainsi que le fanatique cda finalement et fit qurir le saint. Celui-ci fit le signe de la croix sur la tte de la malade et la femme fut gurie.
Le miracle adoucit le musulman fanatique qui remercia le saint du fond du coeur. Il ne se contenta pas de restituer lÕoliveraie mais donna galement une importante somme dÕargent pour le monastre.
Au temps o le saint restaurait le monastre, la Mre de Dieu lui apparut de nouveau, et lui dit :
ĒĖ tel endroit de lÕle se trouve enterre une colonne en pierre. Va la prendre et emploie-la pour les constructions.Č
Lors du transport, la colonne tomba et crasa un ouvrier. Les autres ouvriers, pleins dÕangoisse, le dgagrent, mais la grce de la Phaneromeni lÕavait sauv et il fut retrouv indemne.
Une fois, lors de la fte du 15 aot, un vque dÕAthnes du nom de Jacques vint au monastre. Cet vque, peut-tre m par un esprit dÕorgueil, emporta des cierges et dÕautres objets ddis la Toute-Sainte et parla galement avec mpris au saint avant de prendre le chemin de la ville de Salamine.
Pendant la nuit, il vit la Toute-Sainte en rve. Elle le frappa longuement au cou en le rprimandant ainsi :
ĒVite, envoie au monastre ce que tu as vol !
Celui-ci, apeur, restitua ce quÕil avait drob, afin de recevoir le pardon de la Mre de Dieu.
ĒTu es un vase artistement travaill qui a reu de Dieu son tre. Glorifie ton Crateur, car tu ne fus cr que pour tre un digne instrument de la gloire de Dieu, et tout ce monde est pour toi comme un livre vivant qui prche la gloire divine et t'annonce, toi qui as reu la raison en partage, la grandeur cache et invisible du Seigneur, pour que tu connaisses le Dieu de vrit. Garde soigneusement en ta mmoire ce que je viens de dire.Č
saint Basile le Grand (Orat 2) |
Les Pres de l'glise (suite)
SAINT POTHIN DE LYON
ft le 2 juin
Le nom du saint vque Pothin ne fait souvent qu'apparatre dans les crits relatifs saint Polycarpe et saint Irne. Il est alors considr uniquement comme l'un des saints martyrs de Lyon, dont le sang rpandu fut Ēsemence de chrtiensČ pour l'glise locale naissante.
Le peu que nous connaissons de sa vie, nous ramne l'invocation : Ē Par les prires de nos pres saints ÉČ, tant elle s'associe exactement avec la mmoire de saint Pothin. Les saints pres, nous le savons, n'ont jamais parl par eux-mmes. Ils ont toujours t manifests au peuple par d'autres pres plus prouvs. L'glise, depuis toujours, considre cette condition comme essentielle, et ignore celui qui n'est manifest que par lui-mme, ne voyant alors en lui qu'un faux matre, dont il faut se garder. En cela, comme en tout, l'glise imite son Chef. Ouvrons l'vangile pour y voir notre Seigneur se rfrer son Pre et considrer que c'est son Pre qui Le manifeste au monde. Lors de son baptme, il y a deux tmoins : le Pre et l'Esprit. Et l'Esprit ne parle pas de Lui-mme, mais dit ce qu'il a entendu auprs du Pre.
La vie de saint Pothin s'inscrit tout entire dans ce principe. Fils spirituel de saint Polycarpe, tout comme saint Irne, c'est lui qui imposa les mains celui qui devait tre son successeur et l'ordonna alors prtre. Aprs sa naissance au ciel, c'est le mme Irne qui le remplaa la tte de l'glise de Lyon, laquelle avait alors revtu Š par le sang de ses martyrs Š Ēla robe de pourpre et de byssusČ.
Lorsque la vie d'un saint semble ĒcourteČ l'aune de la longueur des crits hagiographiques, nous oublions souvent qu'il faut alors se rfrer sa diaconie, sa charge. En considrant les vertus ncessaires leur exercice, nous connaissons l'essentiel de sa vie. D'autre part, le simple nom du pre spirituel qui l'a manifest doit nous faire dire : ĒComme lie d'lise, il a reu une double part de l'EspritČ. Connue ou peu connue, l'histoire d'un maillon dans la chane unissant les pres les uns aux autres n'est jamais celle d'un Ēmaillon faibleČ. Nommer ces maillons, c'est tablir la gnalogie de notre famille spirituelle.
Saint Pothin naquit Smyrne, en l'an 87. Tout comme son compagnon Irne, il fut form l'apostolat par le grand Polycarpe, tabli vque de Smyrne par saint Jean le Thologien, dont il avait t le disciple. C'est dire que ces deux saints apportrent Lyon la parole de foi, telle que l'enseignait l'aptre. Cette glise d'Asie tait clbre pour son zle envoyer des missionnaires, l o il en manquait. Et ce cachet particulier s'est attach sa rputation. Nous pouvons donc connatre ainsi la profondeur des leons reues par Pothin et Irne. Saint Pothin en profita longtemps, puisqu'il avait dj plus de soixante-dix-sept ans lorsqu'il fut envoy Lyon. Au deuxime sicle, beaucoup de Smyrniotes rsidaient dj Lyon, o ils menaient une vie chrtienne sans ostentation, mais aussi sans respect humain. Ils parlaient grec, latin, et utilisaient mme un peu le celtique. Les Lyonnais de vieille date, que les religions paennes laissaient sur leur faim, en taient favorablement impressionns. Les meilleurs demandaient le baptme. Et la communaut s'agrandissait. Pourtant, ces nombreux chrtiens ne formaient pas une vritable glise locale, car il n'avaient pas de pasteurs, et les autres glises locales gallo-romaines, bien faibles encore, ne pouvaient leur en envoyer. C'est alors qu'ils songrent l'Asie Mineure, dont plusieurs taient originaires. Ils s'empressrent donc de s'adresser saint Polycarpe, bien connu pour son zle envoyer ses disciples dans les diverses parties du monde, pour annoncer le Christ toutes les nations et baptiser au Nom de la Trinit.
Ainsi fut fait. La mission apostolique tait assez nombreuse. Le prtre Andochius et le diacre Thyrsus s'en allrent fonder l'glise duenne avec Bnigne, tandis que Pothin et Irne restaient Lyon.
La ville de Lyon possdait dsormais des pasteurs. Pothin et Irne organisrent cette communaut en glise locale. Elle devint alors encore plus florissante, grce aux conversions opres dans la population lyonnaise. Elle ressemblait aux autres communauts chrtiennes naissantes, rassemblant plus de pauvres que de riches, des esclaves auprs de leurs matres, des affranchis et des citoyens romains, enfin quelques hommes instruits qui fraternisaient, tous dans la mme assemble.
Saint Pothin tait l'vque de cette ville de Lyon. Il s'y dvoua dix-neuf ans, gouvernant avec sagesse le troupeau qui lui avait t confi. Pendant ce temps, les progrs de l'glise avaient attir l'attention des idoltres et, petit petit, multipli les prils. Les calomnies les plus odieuses et les plus stupides furent ports contre les chrtiens. C'est en 177, alerts par tous ces bruits, que l'empereur romain, Marc-Aurle, dclencha une cruelle perscution anti-chrtienne, qui continue de porter son nom dans l'histoire. Ė ce moment-l, un nombre d'environ mille chrtiens avaient vu leur nom ajout l'glise.
L'vque nonagnaire Pothin fut tran devant le gouverneur et invit l'apostasie. Persistant confesser sa foi, il fut accabl de coups et prit deux jours aprs dans les tortures. Eusbe nous a conserv la relation de ce martyre. Il s'agit de celle qu'envoyrent leurs frres d'Asie les fidles qui chapprent la mort. Ė propos du saint vque martyr, il est crit : Ē É Parmi ceux qui furent arrts, tait le bienheureux Pothin, qui gouvernait l'glise de Lyon; il tait malade et g de plus de quatre-vingt-dix ans. Le dsir du martyre lui inspirait, certes, une nouvelle ardeur, mais il tait si faible qu'il pouvait peine se soutenir et respirer, et on fut oblig de le porter au tribunal. Mais si l'ge et la maladie avaient affaibli son corps, son me courageuse et forte y demeurait encore pour le triomphe de Jsus Christ. Pendant que les soldats le portaient, il tait suivi des magistrats de la ville et de toute la populace qui criait contre lui, comme s'il et t le Christ Lui-mme. Alors ce vnrable vieillard rendit la foi un glorieux tmoignage. Le prsident lui ayant demand quel tait le Dieu des chrtiens, il lui rpondit : ŅTu le connatras, si tu en es digne.Ó Aussitt on l'accabla de coups, sans respect pour son grand ge. Ceux qui taient prs de lui, le frappaient coups de pieds et coups de poings; les plus loigns lui jetaient ce qu'ils trouvaient sous leur main; tous se fussent crus coupables d'un grand crime s'ils lui eussent pargn un outrage. Ils croyaient ainsi venger l'honneur de leurs dieux. Le saint vque fut jet demi-mort dans une prison, o il expira trois jours aprs.Č
En nos temps d'apostasie gnrale, o la perscution sanglante a t remplace par le narcotique moral de l'indiffrence spirituelle, que les prires de saint Pothin nous gardent de toute faiblesse dans le tmoignage que nous devons porter malgr notre insignifiance.
Athanase Fradeaud
Bibliographie
Š Socit Migne coll. Sagesse chrtienne Les crits des Pres apostoliques (15 E)
Š ditions du Seuil coll. Points-Sagesse La Primitive glise (7 Ū 95)
ĒCe n'est point pour manger, boire et nous vtir que nous sommes ns, mais pour nous pntrer de la philosophie divine, fuir le mal et avancer dans la vertu É Car, en crant l'homme, Dieu dit : ŅFaisons l'homme notre image et notre ressemblance,Ó et nous devenons semblables Dieu, non en mangeant, buvant et nous ajustant (car pour Dieu il n'existe rien de pareil), mais en gardant la vrit, en tant humains, indulgents et modestes, eu usant de misricorde envers le prochain, et nous parant de toutes sortes de vertus.Č
saint Jean Chrysostome |
DE LA VIE DE SAINT SPYRIDON
Les miracles constituent des tmoignages irrfutables de la saintet de celui qui les accomplit. Celui qui suit montrera quel zle pour la foi avait le saint. Alors que Constantin le Grand tait empereur de Rome et premier empereur chrtien, que Paulin et Julien taient consuls, eut lieu en 325 Nice le fameux concile des saints pres. Ce concile avait pour but de dposer Arius, qui, avec impit, appelait le Fils de Dieu une crature, et de proclamer que le Fils tait consubstantiel au Pre. Les premiers et les plus connus soutenir le blasphme taient Eusbe de Nicomdie, Maris, vque de Chalcdoine, et Thognis, vque de Nice. Avec le fanatique Arius leur tte, ces cratures perverses proclamrent le dogme que le Fils de Dieu est une crature. Ceux qui combattaient pour la foi orthodoxe, ceux qui se distinguaient par leurs paroles et leur vie, taient le Grand Alexandre, simple prtre, mais reprsentant du bienheureux Patriarche Mitrophane, absent pour cause de maladie, et le clbre Athanase, diacre de l'glise d'Alexandrie, qui allait devenir l'ornement du trne piscopal. Aussi taient-ils fortement jalouss. Car s'ils ne se distinguaient pas des autres par le rang ecclsiastique, ils taient plus puissants qu'eux par la parole de la foi. Parmi eux se trouvait galement le grand Spyridon, dont la vie et la grce divine reposant en lui firent plus pour convaincre que l'habile rhtorique, les puissants raisonnements et l'loquence des autres. Selon la volont de l'empereur, des philosophes assistaient au concile et faisaient talage de leur savoir avec arrogance. Ils taient bien forms dans l'art de la rhtorique sophiste. L'un d'eux, clbre orateur, possdait une force irrsistible de persuasion. Il conversait avec les vques et soutenait fortement Arius. Il plaidait avec insistance en sa faveur si bien que plusieurs, dsirant voir laquelle des parties adverses l'emporterait, taient pousss l'couter. Il n'existait pas d'objection difficile que son habilet rhtorique ne puisse lever aisment ! Et si son apologie dbouchait sur l'impasse, il s'esquivait comme une anguille au moyen d'arguments insidieux et d'artifices de langage. Il y avait donc concurrence entre la vrit et l'art rhtorique.
Ceux qui dfendaient la vrit avec des arguments loyaux attaquaient le sophiste, mais lui utilisait comme armes les quivoques de langage, les arguments insidieux et les artifices trompeurs, et il pensait l'emporter ainsi. Afin que ce ne soient pas les mots qui finalement l'emportent, mais le Christ et la Vrit, la victoire Ēpassa au-dessusČ des lettrs et Ēs'arrtaČ sur le simple Spyridon. Ds que le saint, qui ne connaissait que Ēle Christ, et le Christ crucifiČ (I Cor 2,2), comme dit l'aptre Paul, vit le philosophe s'chauffer avec ses sophismes, parler d'une faon insultante du Christ et s'efforcer de dnigrer les dogmes orthodoxes, il l'approcha et demanda lui parler. Mais les pieux Orthodoxes, qui connaissaient les manires simples du saint et savaient qu'il ignorait la culture grecque, l'empchaient de se prsenter pour s'opposer au sophiste. Saint Spyridon, toutefois, ne se laissa pas arrter, car il savait que la Sagesse d'En-haut est suprieure la sagesse humaine et phmre; il s'approcha donc du sophiste et lui dit : ĒAu Nom de Jsus Christ, sois attentif mes paroles, philosophe, et coute ce que je veux te dire !Č Le sophiste lui rpondit : ĒParle et je t'couterai !Č Spyridon dit alors : ĒIl existe un seul Dieu, Crateur du ciel et de la terre. Il cra les puissances clestes, faonna l'homme partir de la glaise et cra simultanment toutes les choses visibles et invisibles. Par son Verbe et son Esprit furent crs le ciel et la terre, s'coula la mer, s'tendit le firmament, naquirent les animaux, fut faonn l'homme, la plus merveilleuse de ses cratures. Tous les astres furent crs, le soleil et la lune, la nuit, le jour et tout le reste. Nous savons donc que le Verbe est le Fils de Dieu et Dieu Lui-mme. Nous croyons que, pour nous, Il naquit de la Vierge, fut crucifi et enseveli. Il ressuscita ensuite et nous ressuscita avec Lui, nous accordant la vie incorruptible et immortelle. Nous affirmons qu'il reviendra pour juger tous les hommes et examiner svrement nos propres oeuvres, paroles et penses. Il est consubstantiel au Pre, gal en dignit, et rgne avec Lui. N'es-tu pas d'accord, philosophe ?Č demanda-t-il.
Il nous faut relater ici le clbre miracle de la tuile. Aprs ces paroles, le saint prit une tuile dans sa main gauche et la serra. Et miracle ! Une flamme s'leva aussitt en l'air, de l'eau se dversa terre et l'argile de la tuile resta entre les mains du saint, symbolisant de cette faon la Trinit vivifiante et indivisible. Tous en restrent blouis. Le philosophe sembla ne plus tre le mme homme, ne plus possder le mme cerveau ni la mme langue, lui qui savait si bien s'opposer et disputer. Il demeura comme stupfait, son me fut remplie de surprise et sa voix s'teignit. Aprs un temps de silence, il ne put que dire : ĒJe suis du mme avisČ. Le Saint lui dit alors : ĒEn avant donc, si tu es d'accord avec moi, ne sois pas en dsaccord par tes oeuvres ! Puisque tu sais qui est le Dieu qui a cr toutes choses, lve-toi et viens l'glise confesser le symbole de la foi orthodoxeČ.
Ė ces paroles, le philosophe revint la vraie foi et, s'adressant ses disciples et aux autres auditeurs, il dit : ĒJusqu' prsent, nous combattions en paroles et je l'emportais par mon habile rhtorique. Mais puisqu'une force divine qui m'tait oppose a manifest une puissance indicible et mystique par les simples paroles de l'vque Spyridon, je n'ai pas honte d'avouer que j'ai t vaincu. Je conseillerais donc avec joie moi-mme comme aux autres Š moins qu'ils soient pervers et veuillent altrer la vrit Š de croire au Christ et de suivre ce saint vieillard, dont les paroles humaines ne sont rien d'autre que les Paroles de Dieu.Č
Imaginez la honte des Ariens ces paroles et la joie mle de fiert des Orthodoxes ! La victoire des Orthodoxes fut si clatante et la dfaite des hrtiques si cuisante que presque tous embrassrent la foi orthodoxe. Seuls six vques restrent du ct d'Arius pour devenir la part du diable, le pre du mensonge, qui est depuis les origines l'ennemi implacable de la vrit.
Aprs cette condamnation manifeste des hrtiques, les vques rentrrent chez eux, tout joyeux de la victoire et pleins d'admiration devant le miracle, rendant grces Dieu des prodiges qu'ils avaient vus et de la dfaite d'Arius. Frapp par le miracle, l'empereur lui-mme honora grandement le saint et le raccompagna en lui demandant de prier pour lui.
Tir du livre :
Saint Symon le Mtaphraste
Saint Spyridon le Thaumaturge
dit par le monastre du Pantocrator
Aghios Athanasios, Corfou, Grce
ĒLa vertu n'est pas simplement un don du grand Dieu qui honora son image, car elle exige aussi que tu tendes l'acqurir; elle est autre chose encore que le produit de ton coeur, car il lui faut une force transcendante. Quelque perante que soit ma vue, elle ne distingue pourtant pas les objets visibles par elle-mme et indpendamment du grand luminaire qui m'claire et est lui-mme visible mon oeil. Ainsi pour mon salut il faut deux parts venant du Trs-Haut, nommment la premire et la dernire, mais il y en a une qui vient de moi. Dieu me donne l'aptitude pour le bien; Dieu me donne galement la force de le faire; mais entre les deux il y a moi, qui cours dans la lice.Č
saint Grgoire le Thologien (hymnes sacres, sermon 9) |
LES SAINTS MARTYRS DU MONASTéRE DE ZOGRAPHOU
Parce que le Mont Athos constitue le phare et le soutien de lÕOrthodoxie en Orient, les Latins voulaient le dtruire et le soumettre au pape. En 1280, ils se rendirent sur la Sainte Montagne avec lÕarme afin de parvenir leurs fins, soit par lÕargent, soit par la force arme.
Quelques-uns se soumirent. La plupart des moines sÕopposrent la domination du pape et ses dogmes et le payrent avec leur sang. Comme collaborateurs, les latins avaient le roi Michel le Palologue et le patriarche Jean Vekkos.
Aprs avoir vandalis les diffrents monastres ils arrivrent finalement au monastre de Zographe.
En ce temps-l vivait prs du monastre un ascte qui avait lÕhabitude de lire maintes fois dans la journe lÕhymne la Toute-Sainte ĒRjouis-toiČ devant son icne.
Un jour, il entendit, tout surpris, provenant de lÕicne ces paroles : ĒRjouis-toi, toi aussi, ancien de Dieu !Č
LÕancien fut pris de crainte.
ĒNe crains pas, continua calmement la voix maternelle depuis lÕicne. Va vite au monastre et dis lÕhigoumne et aux moines que mes ennemis et ceux de mon Fils arrivent. Que ceux qui sont faibles aillent se rfugier quelque part jusquÕ ce que le danger soit pass. Que ceux qui aspirent la couronne des martyrs restent dans le monastre ! Cours vite !
LÕancien se mit sans tarder en route et obit lÕordre de la Toute-Sainte. Arriv au monastre, il vit lÕentre lÕicne devant laquelle il venait juste de prier. Il se mit genoux et vnra lÕicne pieusement puis en emportant lÕicne il se prsenta devant lÕhigoumne.
Les moines, en coutant lÕancien, furent pris de crainte. Quelques-uns coururent pour se cacher dans la montagne et les grottes. Une vingtaine Š avec lÕhigoumne Š restrent au monastre. Ils montrent dans la tour et attendirent les ennemis et les couronnes des martyrs.
Peu de temps aprs arrivrent les latins. Au dbut ils essayrent de convaincre les moines par des paroles flatteuses dÕouvrir les portes et de reconnatre le pape comme tte de lÕglise universelle.
ĒQui vous a dit que le pape est la tte de lÕglise ?Č crirent les moines. ĒLa tte de lÕglise cÕest bien le Christ ! Nous nÕouvrons pas les portes. Nous prfrons mourir plutt que vous laisser profaner ce lieu saint !Č
ĒPuisque vous le voulez ainsi, alors vous mourrez,Č hurlrent les Latins.
Sans tarder, ils ramassrent du bois, le dposrent autour de la tour, et y mirent le feu. Ainsi moururent tous les moines retranchs.
ĒLes maladies dans les villes et dans les peuples, la scheresse de l'air, la strilit de la terre et les malheurs dont on est frapp dans la vie arrtent le progrs du pch, et, tous les maux de ce genre, c'est Dieu qui les envoie pour prvenir les vritables maux; car les souffrances physiques et les adversits du dehors n'ont d'autre but que de tenir en bride le pch. Ainsi Dieu dtruit le mal, mais ce n'est pas de Lui qu'il provient. Le mdecin aussi dtruit la maladie, mais il ne l'introduit pas dans les corps. Quant la ruine des villes, aux tremblements de terre, aux inondations, aux malheurs de la guerre, aux naufrages et toute destruction d'hommes, qu'elle provienne de la terre, de la mer, de l'air, du feu ou de toute autre cause, toutes ces calamits n'arrivent que pour la purification des survivants; car c'est par des chtiments publics que Dieu purifie les crimes publics.Č
saint Basile le Grand (Sur ce que Dieu nÕest point lÕauteur du mal.) |
UN POINT DE VUE PASTORAL DU MARIAGE ET DE SES PROBLéMES
Causerie donne au sminaire de la Sainte Trinit le 17/30 mai 1975
par lÕarchiprtre Sergu Shoukine
Traduit dÕaprs la rdaction anglaise parue au site des VCO dÕAmrique
(suite)
Le second lment qui unit plus solidement le couple mari, aussi trange que cela puisse paratre, est tout simplement lÕhabitude. Pouchkine y a fait allusion dans Eugne Oniguine en dcrivant la famille Larine :
LÕhabitude nous est donne dÕen haut pour prendre la place du bonheur.
Cela a une explication psychologique en ce que, avec le passage du temps, le couple devient si bien habitu sa situation, que mme une union qui nÕest pas parfaitement satisfaisante sera prserve pour la vie, car le couple ne veut pas courir de risque en cherchant quelque chose de meilleur. Bien quÕil puisse y avoir des querelles et des msententes, la sparation totale ne se produit pas.
Ce qui a t dit jusquÕ prsent concerne le mariage en gnral. Le mariage orthodoxe a des bases plus profondes, que nous trouverons dans les critures saintes. Parmi les nombreux passages qui se rfrent au mariage, je mentionnerai seulement quelques-uns, tirs des ptres.
1) phsiens 5,22-33.
ŅFemmes, que chacune soit soumise son mari, comme au Seigneur; car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l'glise qui est son Corps, et dont Il est le Sauveur. Or, de mme que l'glise est soumise Christ, les femmes aussi doivent l'tre leur mari en toutes choses. Maris, que chacun aime sa femme, comme Christ a aim l'glise, et S'est livr Lui-mme pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant et en la lavant par l'eau de la parole, pour faire paratre devant Lui cette glise glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irrprochable. C'est ainsi que le mari devrait aimer sa femme comme son propre corps. Celui qui aime sa femme s'aime lui-mme. Car jamais personne n'a ha sa propre chair, mais il la nourrit et en prend soin, comme Christ le fait pour l'glise, parce que nous sommes membres de son corps. C'est pourquoi l'homme quittera son pre et sa mre, s'attachera sa femme, et les deux deviendront une seule chair. Ce mystre est grand; je dis cela par rapport Christ et l'glise. Du reste, que chacun de vous aime sa femme comme lui-mme, et que la femme respecte son mari.Ó
Ici, lÕAptre dpeint le mariage comme lÕimage du Christ et de lÕglise. ŅComme Christ a aim l'glise, et S'est livr Lui-mme pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant et en la lavant par l'eau de la paroleÓ, cÕest ainsi que les maris doivent aimer leurs femmes. Il lve lÕamour conjugal au plus haut degr Ń en posant cet idal devant tous les couples maris.
ŅC'est ainsi que le mari devrait aimer sa femme comme son propre corpsÉ car jamais personne n'a ha sa propre chair, mais il la nourrit et en prend soin, comme Christ le fait pour l'glise.Ó
Ici, il indique que lÕamour du mari doit sÕefforcer de prendre soin de sa femme aussi bien physiquement que spirituellement Ń cÕest--dire quÕils doivent Ņtravailler leur salutÓ ensemble.
Le dernier verset (33) souligne que lÕamour conjugal devrait tre lÕaccomplissement du commandement dÕamour de Dieu :
ŅQue chacun de vous aime sa femme comme lui-mmeÓ, donc ce nÕest pas de lÕgosme charnel que nous devrions trouver dans le mariage, mais lÕaccomplissement du second des deux principaux commandements de Dieu. Bien sr, cet amour nÕest pas atteint tout de suite, mais progressivement, tout au long de toute une vie conjugale.
2) I Corinthiens 7,2-5.
ŅToutefois, pour viter la dbauche, que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari. Que le mari rende sa femme ce qu'il lui doit, et que la femme agisse de mme envers son mari. Ce n'est pas la femme qui dispose de son corps, c'est son mari. De mme, ce n'est pas le mari qui dispose de son corps, c'est sa femme. Ne vous privez point l'un de l'autre, si ce n'est d'un commun accord pour un temps, afin de vaquer la prire; puis retournez ensemble, de peur que Satan ne vous tente en raison de votre manque de matrise.Ó
Ici, lÕAptre considre ncessaire pour chaque homme dÕavoir sa propre femme et chaque femme dÕavoir son propre mari, mais il explique cette ncessit sur le plan pratique : pour viter la dbauche (v.2). Nous savons tous comment des gens peuvent devenir des dbauchs et prir du fait dÕun usage aveugle et effrn de la sexualit. Il nous suffit de prendre connaissance des rapports de police et des statistiques de criminalit pour constater combien de souffrances et de crimes peuvent en rsulter. Je ne mentionnerai ici que les principaux : des foyers briss, des avortements, des maladies sexuellement transmissibles, des maladies de femme et dÕenfant, des dsordres mentaux, des meurtres et des suicidesÉ Le mariage normal, bni de Dieu, fut institu pour prvenir toutes ces perversions et tous ces abus.
ŅQue le mari rende sa femme ce qu'il lui doit, et que la femme agisse de mme envers son mari.Ó (v. 3). De cette faon, mari et femme entretiennent leur amour, en crant en mme temps les bonnes conditions pour la naissance et lÕducation correctes de leurs futurs enfants.
Regardons le verset 5 : ŅNe vous privez point l'un de l'autre, si ce n'est d'un commun accord pour un temps, afin de vaquer la prire; puis retournez ensemble, de peur que Satan ne vous tente en raison de votre manque de matrise.Ó
Il apparat que les poux chrtiens doivent avoir aussi des priodes de continence. CÕest un commandement important de la vie spirituelle, et que lÕAptre confirme dans une autre ptreŹ: Ņque chacun de vous sache possder son corps dans la saintet et l'honntet, sans vous livrer une convoitise passionne, comme font les paens qui ne connaissent pas DieuÓ (IŹThess 4,4-5). Cela nous apprend que les couples maris doivent apprendre matriser leurs instincts, de sorte que leur corps se soumette leur esprit. En plus de la continence requise pour des raisons naturelles, lÕglise prescrit des jours de continence en vue du jene et de la prire.
Je me souviens dÕun incident de ma jeunesse qui fit une grosse impression sur moi. Mon meilleur ami lÕcole avait une sĻur, trs belle, qui se maria et alla vivre dans une ville voisine. Environ un an plus tard, elle mourut de faon tout fait inattendue, et mon ami alla son enterrement. Il en revint dans un tat dÕindignation furieuse contre le mari qui fut la cause de la mort de la jeune femme. Elle attendait un enfant, mais son mari ne sÕtait pas abstenu de relations sexuelles avec elle. De ce fait, elle eut un accouchement prmatur, contracta une septicmie et mourut. CÕest ainsi quÕune jeune femme prit lÕge de dix-huit ans par la faute de son mari.
Dans un autre cas que je connais, un mari, cause de son manque de continence, faisait subir sa femme trois grossesses conscutives sans aucune intervalle. En consquence, elle contracta la tuberculose et mourut, lui laissant trois petits orphelins.
3) Le dernier passage que je veux examiner est I Pierre 3,1, 2, 7.
ŅFemmes, que chacune soit de mme soumise son mari, afin, que, si quelques-uns n'obissent point la parole (cÕest--dire lÕenseignement chrtien), ils soient gagns sans parole par la conduite de leur femme, en voyant votre manire de vivre chaste et respectueuseÓ (v. 1-2).
LÕAptre souligne la possibilit pour la femme dÕinfluencer son mari si celui-ci nÕest pas assez pieux. Nous savons que ce nÕest pas seulement un homme qui peut sauver sa femme incroyante, mais une femme peut aussi influencer un mari indiffrent la religion. Ainsi, dans certains cas, une diffrence dÕopinion entre les poux peut tre corrige par la partie croyante.
Verset 7 : ŅMaris, montrez votre tour de la sagesse dans vos rapports avec votre femme, comme avec un sexe plus faible; honorez-la, comme devant aussi hriter avec vous de la grce de la vie. Qu'il en soit ainsi, afin que rien ne vienne faire obstacle vos prires.Ó
Ici, lÕAptre dit quÕil est essentiel de traiter sa femme de faon sensible et attentionne, en accord avec sa psychologie. Nous savons que les femmes sont plus vulnrables et plus sensibles que les hommes et sÕattendent toujours trouver les hommes gentils, attentionns et protecteurs. Dans la vie de famille de chrtiens, cÕest renforc par leur proximit spirituelle, puisque mari et femme deviennent un en Christ, des participants gaux dans la vie de grce Ń dans la vie bnie de Dieu. LÕAptre ajoute : Ņafin que rien ne vienne faire obstacle vos prires. ÓCÕest parce que, par leur vie spirituelle, les poux doivent constituer Ņune glise domestiqueÓŃ ils doivent se tourner vers Dieu ensemble et Le servir ensemble. QuÕelle est grande, la perte, pour une famille chrtienne quand mari et femme ne prient pas ensemble ! La prire commune les unit et restaure tous les dommages de leur relation mutuelle.
Les textes que nous avons cits nous apprennent que les Aptres voient le but principal du mariage chrtien non pas dans la satisfaction personnelle, ni mme dans lÕenfantement, mais dans lÕaide mutuelle des poux pour mener une vie chrtienne pieuse. Une union de cette sorte, fonde sur la foi commune, cre en mme temps les conditions essentielles pour atteindre les autres buts du mariage : la fois la naissance dÕenfants en bonne sant et leur ducation correcte.
En russe, il existe un verbe merveilleux : ŅjaletÓ, dont lÕquivalent franais serait entre Ņsoigner avec compassionÓ, ŅmnagerÓ et Ņtre tendreÓ. Dans la vie conjugale, cette capacit des maris fait souvent dfaut. Les paysans russes disaient autrefois de certains maris: ŅIl aime sa femme mais ne la mnage/soigne pasÉÓ (cÕest--dire : il la surcharge de travail, de grossesses frquentes etc.). DÕautres maris, ils disaient : ŅIl aime sa femme et la mnage/soigneÉÓ Cela voulait dire que le mari luttait contre son propre gosme masculin et traitait sa femme avec tendresse et considration. Il me semble que lÕAptre Pierre parle prcisment de cette attitude-l du mari, Ņselon la connaissanceÓ, de cet amour protecteur et plein dÕgard, quÕune femme apprcie encore plus que lÕintimit sexuelle.
Naissance et ducation des enfants
Les catholiques romains considrent que la premire fonction du mariage est la procration des enfants, tandis que lÕorthodoxie donne la premire place son but spirituel Ń une vie pieuse. Saint Jean Chrysostome crit que Ņdonner naissance des enfants est une chose naturelle. Le devoir des parents dÕduquer le cĻur de leurs enfants la vertu et la pit est bien plus importantÓ. Par consquent, seul un mariage spirituellement sain peut assurer une ducation saine sa progniture.
Combien dÕenfants devrait-il y avoir dans une famille est le sujet des dbats les plus brlants de nos jours. La complexit de la vie urbaine contemporaine rend difficile dÕavoir et dÕlever un grand nombre dÕenfants. Par consquent, on attache beaucoup dÕintrt aux mthodes de limitation des naissances.
Les diverses croyances ont des positions diffrentes sur cette question. Le catholicisme prne des familles nombreuses et interdit lÕavortement et les contraceptifs. Les protestants accordent une grande libert aux parents et leur permettent de dcider de ces questions tout seuls Ń parfois, ils autorisent mme les avortements. Mais l, les dnominations protestantes fondent leurs ides principalement sur des considrations humanitaires et sociales.
En passant au point de vue orthodoxe, je ne parlerai mme pas de lÕavortement, puisquÕil est si videmment contraire aux commandements de Dieu. Quand nous parlons de contraception, nous devons dÕabord examiner les motifs de la limitation des naissances. Ils peuvent tre dÕordre personnel, familial ou social.
Les raisons personnelles peuvent tre purement gocentriques, comme lorsquÕun couple ne veut pas du tout avoir dÕenfants pour ne pas se compliquer la vie conjugale. Une telle perspective est inacceptable pour nous, car elle rejette le but spirituel du mariage. De plus, les mariages de cette sorte sont en gnral de courte dure.
Les raisons familiales peuvent tre plus judicieuses, comme par exemple lorsque les parents essayent de limiter le nombre de leurs enfants pour le bien de toute la famille et quÕils peuvent ainsi lever les enfants quÕils ont de la meilleure faon possible. Parfois, cÕest li lÕtat de sant de la femme Ń un accouchement normal nÕest pas toujours possible.
La responsabilit quÕont les parents de lÕducation et de la sant de leurs enfants ne joue pas non plus en faveur du point de vue catholique. Des grossesses nombreuses et des soucis que cause une famille trs nombreuse rejaillit souvent sur la sant et lÕtat spirituel de la femme. LÕorthodoxie a une approche plus prudente de la question du nombre des enfants, affirmant quÕune famille chrtienne doit tre plus proccupe de la qualit que de la quantit des enfants.
DÕun autre ct, lÕexprience montre que la petitesse dÕune famille nÕest pas une garantie de la bonne ducation. Il est bien connu quÕun enfant unique grandira gt et goste et il est peu probable quÕil se comportera correctement envers ses parents. En gnral, dans les familles nombreuses, il y a plus de chances dÕhabituer les enfants se sentir concerns par la famille, tre attentifs aux autres et avoir lÕesprit de famille.
Combien dÕenfants doivent-ils tre considrs comme un nombre suffisant ? Personne ne peut donner une rponse prcise cette question, car il faut prendre en considration les conditions particulires dÕune famille donne Ńconditions qui englobent la sant des parents, leur situation matrielle, si oui ou non, une grand-mre peut seconder la mre etc. En gnral, dÕun point de vue spirituel, on devrait essayer dÕavoir une grande famille, pour quÕelle soit durable, pleine dÕamour, et avec des membres portent les fardeaux de la vie ensemble. CÕest pourquoi deux ou trois enfants ne doivent pas tre pris comme limites
suivre