NUMÉRO 111
JUILLET 2006

ŹBulletin des vrais

chrétiens orthodoxes

sous la juridiction de

S. B. Mgr. Nicolas

archevêque d'Athènes

et primat de toute la Grèce

Hiéromoine Cassien
Foyer orthodoxe
F 66500 Clara
Tel : 00 33 (0) 468961372
cassien@orthodoxievco.fr

 SOMMAIRE

NOUVELLES

IL NÕEST POINT DE CHRISTIANISME SANS LՃGLISE

LA DERNIéRE DROITE

LES DEUX PAROLES DE NESTORIUS

COMMENT IL FAUT PARLER AUX DOUX AINSI QU'AUX EMPORTƒS

Les Pres de l'ƒglise (suite) : SAINT POTHIN DE LYON

LÕICļNE DE LA TOUTE-SAINTE ĒPHANEROMENIČ

DE LA VIE DE SAINT SPYRIDON

LES SAINTS MARTYRS DU MONASTéRE DE ZOGRAPHOU

UN POINT DE VUE PASTORAL DU MARIAGE ET DE SES PROBLéMES


NOUVELLES


Lors dÕun bref sŽjour au foyer, je terminer ce bulletin, pour ensuite retourner en Grce, en passant par la Suisse, o je rendrai visite ˆ nos fidles.
Depuis quelques mois je suis installŽ au PirŽe, dans la paroisse de Saint-AndrŽ-lÕAp™tre. En mme temps, je mÕoccupe dÕune paroisse au Peristeri, dans la banlieue dÕAthnes. Mon adresse postale :

GRéCE
Tel : 0030 210 4618649 ou 0030 6974380599

JÕignore, bien sžr, combien de temps je resterai encore en Grce, mais les circonstances lÕexigent pour le moment.

V™tre en Christ,
hm. Cassien

NOUVELLES DE LA MISSION AU CAMEROUN

Les maons, en train de couvrir la toiture du sanctuaire
Le dŽbut du second aile du foyer
La voiture qui partira, depuis le PirŽe, au Cameroun.

Il ne redoute point lÕadversitŽ, celui qui ne court pas aprs la prospŽritŽ.
saint GrŽgoire le Grand (Morale 22, ch. 40)

IL NÕEST POINT DE CHRISTIANISME SANS LՃGLISE
(extrait)

archevque Hilarion

Selon lÕenseignement nŽotestamentaire, le perfectionnement de la personne humaine est conditionnŽ par son appartenance ˆ lՃglise, comme organisme vivant et se dŽveloppant par lÕAction charismatique du saint Esprit. Si lien avec lՃglise vient ˆ se rompre, la personne qui sÕen dŽtache, sÕisolant et sÕenfermant dans son Žgo•sme, sera privŽ de lÕinfluence du saint Esprit vivant dans lՃglise. ĒSupposons une main dŽtachŽe du corps : lÕesprit qui vient du cerveau, trouvant son chemin interrompu, ne quitte point pour autant le corps, afin de rejoindre la main : sÕil ne la trouve pas ˆ sa portŽe, il ne se communique point ˆ elle É la mme chose se produit lorsque lÕamour nÕassure plus le lien entre nousČ. ĒAinsi donc, si nous voulons jouir de lÕEsprit qui vient de la Tte, attachons-nous les uns aux autres. Il y a deux manires de se trouver sŽparŽ du Corps de lՃglise : lorsque nous nous refroidissons en amour, et lorsque nous effectuons une action indigne ˆ lՎgard de ce Corps : dans un cas comme dans lÕautre, nous nous sŽparons de ce tout quÕest lՃgliseČ. (Saint Jean Chrysostome, Hom. Eph. 11,3)
Ainsi, saint Jean Chrysostome considre toute sŽparation avec lՃglise comme le dŽpouillement de la Gr‰ce du saint Esprit. ĒTout ce qui sÕest dŽtachŽ du principe de vie ne peut, par la perte de lÕessence salvatrice, vivre et respirer dÕune vie propreČ. ĒSŽparez le rayon du soleil du foyer qui lÕenvoie, lÕunitŽ de la lumire ne souffrira pas lÕexistence de lumire sŽparŽe; dŽtachez le rameau de lÕarbre qui le nourrit; il perdra la facultŽ de cro”tre; retranchez un ruisseau de sa source, il tarit aussit™t. Il en va de mme de lՃglise qui, illuminŽe par la Lumire du Seigneur, Žpanche ses rayons jusquÕaux extrŽmitŽs du monde; mais la Lumire qui se rŽpand partout est une, et lÕunitŽ du Corps demeure indivisible. Arbre majestueux, elle Žtend lÕimmensitŽ de ses rameaux sur toute la terre; vaste fleuve, elle arrose toutes les contrŽes par la richesse de ses eaux. Mais partout un mme principe; partout une mme origine, partout une mme mre; riche des trŽsors de sa fŽconditŽČ. (Saint Cyprien de Carthage, Sur lÕunitŽ de lՃglise)
Ces paroles enthousiastes et poŽtiques expriment clairement lÕidŽe selon laquelle une personne distincte, une communautŽ chrŽtienne mme, ne vit que dans la mesure o elle vit de la Vie du Christ; pour autant quÕelle est unie ˆ lՃglise universelle. SÕisoler, sÕenfermer sur soi-mme Žquivaut pour un individu, ou mme pour une ƒglise locale, ˆ ce que le rayon se sŽpare du soleil, le ruisseau Š de la source, les branches Š du tronc. La vie spirituelle ne peut avoir lieu quÕen liaison organique avec lՃglise universelle; si cette liaison est rompue, la vie chrŽtienne dispara”t inŽvitablement.
Lorsque nous regardons le christianisme primitif, nous voyons que la conception fondamentale du monde chrŽtien rŽsidait prŽcisŽment dans la notion de lՃglise, et cÕest elle qui en a constituŽ la rŽalitŽ. Aprs la descente du saint Esprit sur les disciples et les ap™tres du Christ, lՃglise reut son existence en tant que sociŽtŽ comportant pour les membres qui la constituent des relations spirituelles rŽciproques. Il nÕy eut, au dŽbut, aucun systme dÕenseignement dŽtaillŽ. La foi chrŽtienne ne comportait que quelques dŽfinitions gŽnŽrales. Ds les premiers instants de son histoire, le christianisme appara”t comme une communautŽ vivant dÕune seule ‰me et dÕune seule intelligence. En dehors de cette communautŽ; il nÕy avait pas de chrŽtiens. Se convertir au Christ et devenir chrŽtien Žquivalait ˆ se joindre ˆ lՃglise, ainsi que lÕexprime ˆ maintes reprises le livre des Actes des ap™tres, o on lit : ĒEt le Seigneur ajoutait chaque jour ˆ lՃglise ceux qui Žtaient sauvŽsČ (2,47; 5,13Š14). On peut juger de la rigueur avec laquelle se caractŽrisait la communautŽ chrŽtienne primitive par le verset du livre des Actes : ĒAucun des autres nÕosait se joindre ˆ euxČ (5,13).
Ė lՎpoque o vivaient les disciples immŽdiats du Seigneur, le christianisme constituait prŽcisŽment une sociŽtŽ visible Š lՃglise; il nՎtait pas seulement un enseignement, mais la vie mme. Le christianisme, ecclŽsial en son essence, lՎtait aussi dans la rŽalitŽ, en tant quՃglise, cÕest-ˆ-dire en tant que sociŽtŽ visible, ayant une organisation dŽterminŽe. Et le Seigneur voulut donner ˆ son ƒglise prŽcisŽment une organisation hiŽrarchique, dont la structure fut rŽalisŽe par les saints ap™tres.
Aussi, selon saint Cyprien, tre chrŽtien signifie appartenir ˆ lՃglise visible et tre dans lÕobŽissance ˆ la hiŽrarchie Žtablie par Dieu. LՃglise est lÕaccomplissement de lÕamour du Christ, et toute sŽparation avec elle Žquivaut ˆ une transgression de la loi dÕamour : ĒLe Christ nous a donnŽ la paix; Il nous a commandŽ de vivre en bonne intelligence et dans lÕunanimitŽ; Il nous a commandŽ de prŽserver fermement, sans altŽration, le lien dÕattachement et de lÕamour. Celui qui nÕa pas lÕamour nÕa pas Dieu. Ne peuvent demeurer avec Dieu ceux qui nÕont pas voulu tre unanimes dans lՃglise de DieuČ.

La prospŽritŽ souvent souille le coeur par l'orgueil, tandis que la souffrance le purifie par la douleur. Au milieu des adversitŽs l'‰me s'Žlve; tandis qu'au sein de la prospŽritŽ elle s'abat au moment mme o elle se dresse. Dans le succs l'homme s'oublie lui-mme; mais dans l'Žpreuve il est contraint, mme malgrŽ lui, ˆ faire un retour sur soi-mme. Lorsque tout rŽussit, trop souvent les bonnes oeuvres, mme celles prŽcŽdemment accomplies dŽpŽrissent, tandis que, quand on souffre, mme les fautes du temps ancien s'expient. Car, la plupart du temps, ˆ l'Žcole du malheur est maintenu sous le joug du devoir un coeur qui, s'il avait atteint le fa”te du pouvoir, ežt tournŽ ˆ l'orgueil par la possession de la gloire.
saint GrŽgoire le Grand (Pastorale 1,3)

LA DERNIéRE DROITE

Dans le stade, le coureur court de toute ses forces afin de remporter la victoire. Le plus difficile cÕest pourtant la dernire droite. ƒpuisŽ, il fait un dernier effort en y mettant toute lՎnergie qui lui reste, car il sait que cÕest maintenant le moment dŽcisif de gagner ou de perdre.
Cette image peut bien sÕappliquer ˆ lՃglise qui sÕapproche aussi de son but. Il sÕagit de tenir bon malgrŽ les faiblesses, blessures et pertes quÕelle a reues ˆ travers lÕhistoire. Il ne faut donc pas se scandaliser, mais plut™t admirer cette lutte millŽnaire.
CÕest maintenant le moment le plus important car tout est en jeu Š ou de gagner ou de tout perdre. LÕespoir nous fera remporter la victoire Ēcar Dieu est avec nousČ, comme nous prions pendant le grand Carme qui est aussi le moment le plus important de lÕannŽe liturgique car il cumule sur la RŽsurrection. Mais chacun doit y mettre du sien car le salut ne dŽpend pas uniquement de Dieu, mais de chacun de nous.
Le Sauveur, ne nous a-t-Il pas donnŽ lÕexemple ? CÕest lors de sa passion que tout sÕest jouŽ, et non pas tellement quand il faisait des miracles et prchait.
DŽserter Žquivaut ˆ la l‰chetŽ, bien au contraire, celui qui aime vraiment lՃglise sÕoublie et se sacrifie pour lÕultime combat quÕelle doit livrer.
Il est bien prŽdit par les pres que ceux du dernier temps nÕauront que des ailes fragiles et faibles, mais leurs mŽrites seront bien plus grands que ceux des hommes du passŽ. Garder la foi dans des temps si difficiles, cÕest cela qui nous est demandŽ et cÕest en cela que consiste notre mŽrite.
Et cÕest dans notre faiblesse que la Force de Dieu se manifeste, selon lÕAp™tre.

hm. Cassien

Bien des fois, en effet, l'‰me se ment ˆ elle-mme en ce qui la concerne. Elle s'imagine aimer ce qu'elle n'aime pas dans une bonne oeuvre, et n'y rien chercher de la gloire du monde qu'au contraire elle aime
saint GrŽgoire le Grand (Pastorale 1,9)

LES DEUX PAROLES DE NESTORIUS

Abba Cyriaque (5me-6me sicle) Žtait prtre dans la Laure de Calamon, prs du fleuve du Jourdain. Une fois, il nous raconta ceci :
ĒUne fois, pendant la nuit, dans mon sommeil, je vis debout devant ma cellule, une femme habillŽe de pourpre, avec une attitude dŽcente et noble, et prs dÕelle deux hommes dignes et respectueux. Je compris que la femme Žtait la Toute Sainte, lÕun des hommes Saint Jean le ThŽologien et lÕautre le PrŽcurseur.
Je sortis de ma cellule pour leur demander dÕy entrer et la bŽnir. LÕEnfantrice de Dieu sÕy refusa. Longtemps jÕinsistai pour quÕelle cde ˆ ma demande. Finalement elle me dit sur un ton sŽvre :
Š Mon ennemi est dans ta cellule; comment veux-tu que jÕy entre ? Elle dit cela et partit.
Une fois rŽveillŽ, je rŽflŽchis avec tristesse, pensant que peut-tre jÕavais commis une faute envers elle dans mes pensŽes. Dans ma cellule il nÕy avait personne hormis moi. Longuement je me scrutai, mais je ne trouvai rien de rŽprŽhensible la concernant.
Je me levai tout triste et je pris un livre pour lire, afin de chasser la tristesse par la lecture. Le livre Žtait un livre de saint HŽsychios, prtre ˆ JŽrusalem.
En le feuilletant, vers la fin, je trouvai deux sentences du maudit Nestorius. Je compris tout de suite que lÕennemi de la Mre de Dieu, cՎtait lui. Je me levai sans tarder pour ramener le livre ˆ celui qui me lÕavait prtŽ, et lui dis :
Š Prends ton livre, frre, car le dommage quÕil mÕa causŽ est plus grand que le profit.
Quand je lui expliquai ce qui mՎtait arrivŽ, celui-ci plein de zle enleva les deux sentences de Nestorius et les jeta dans le feu, en disant :
Š LÕennemi de la toute sainte Enfantrice de Dieu et toujours vierge Marie ne restera pas plus longtemps dans ma cellule.

Est l'ennemi du RŽdempteur, celui qui, gr‰ce aux bonnes oeuvres qu'il accomplit, convoite d'tre aimŽ par l'ƒglise au lieu et en place du Sauveur.
saint GrŽgoire le Grand (Pastorale 2,8)

ŹCOMMENT IL FAUT PARLER AUX DOUX AINSI QU'AUX EMPORTƒS

Il faut diffŽremment parler aux doux et aux colres. Lorsqu'en effet les doux possdent l'autoritŽ, ils se laissent souvent aller ˆ une indolence voisine et comme toute proche de l'inertie, et frŽquemment, par un laisser-aller excessif de bontŽ, ils temprent plus qu'il ne faudrait la rigueur de la discipline. Les violents, an contraire, quand ils ont le pouvoir en main, et qu'ils se laissent aller, sous l'impulsion de leur humeur, ˆ des extravagances de caractre, troublent jusqu'ˆ l'existence de leurs subordonnŽs dans la mesure o se trouve dŽtruite la tranquillitŽ de la paix. Lorsque la fureur les possde, ils ne se doutent pas du mal qu'ils s'infligent personnellement. Souvent mme, chose bien plus grave, ils confondent l'excitation de la colre avec le zle de la justice; et quand le vice se trouve de la sorte pris pour une vertu, on accumule sans remords faute sur faute. Ainsi donc, frŽquemment, ceux qui sont doux restent dans l'inertie, par rŽpugnance ˆ s'acquitter de leur devoir; et les violents sont bien souvent jetŽs dans l'illusion par un faux zle de justice. Par suite, le vice vient secrtement s'adjoindre ˆ la vertu des premiers, tandis que leur propre passion se fait passer, aux regards des seconds, pour ferveur de vertu. Il faut donc enseigner aux doux ˆ se garder d'une tentation qui est ˆ leur porte; et aux colres ˆ se mŽfier de ce qui est dans leur nature. Que les uns sachent discerner ce qui leur manque; et que les autres tiennent compte de leur tempŽrament. Que par suite les doux prennent ˆ coeur leur charge, et que les emportŽs rŽpriment leur violence. Engagez les premiers ˆ faire des efforts pour acquŽrir le zle de la justice; et employez-vous auprs des seconds, pour les encourager ˆ unir la douceur ˆ l'ardeur pour le bien dont ils se croient remplis. C'est dans ce double but que l'Esprit saint s'est rŽvŽlŽ ˆ nous sous l'apparence de la colombe et en forme de feu : car, vŽritablement, tous ceux en qui en vient, il les rend visiblement doux de la simplicitŽ de la colombe et embrasŽs d'un zle de feu .
Par consŽquent, n'est donc nullement rempli de l'Esprit saint, l'homme qui, dans la tranquillitŽ de la mansuŽtude, n'est pas animŽ de la ferveur du zle, non plus que celui qui, dans l'ardeur de son zle, a perdu la vertu de douceur. C'est ce que peut-tre nous prouverons mieux en mettant en avant l'enseignement de Paul, lequel donna des instructions diverses sur la prŽdication ˆ ses deux disciples, pourtant douŽs l'un et l'autre d'un mme esprit de charitŽ. S'adressant, en effet, ˆ TimothŽe il dit : ĒReprends, menace, exhorte, avec une entire patience et toujours en instruisant.Č (II Tim 4,2). Et il donne ainsi ses avis ˆ Tite : ĒVoici ce que tu dois prcher, recommander et revendiquer avec une pleine autoritŽ.Č (Tite 2,15). Pourquoi met-il une nuance si prononcŽe dans l'application pratique de sa mŽthode, au point qu'en la divulguant il prescrive au second disciple d'user d'autoritŽ, tandis qu'il recommande an premier la patience : sinon parce qu'il a vu plus de douceur chez Tite, et un peu plus d'ardeur en TimothŽe ? Il enflamme celui-lˆ par l'ardeur du zle; et, au moyen de la douceur de la patience, il modre le dernier. Il donne ˆ Tite ce qui lui manque, et ™te ˆ TimothŽe de ce que celui-ci a en trop. Il s'emploie ˆ exciter le premier de l'Žperon, et ˆ mettre un frein au second. Ce grand laboureur du champ de l'ƒglise dont il avait reu la charge, arrose certains rameaux pour les placer dans l'obligation de grandir, et taille d'autres branches quand il les voit pousser avec exubŽrance : de manire ˆ empcher que ceux-lˆ ne restent improductifs par dŽfaut de croissance, et que celles-ci ne perdent, par un excs de frondaison, les fruits dont elles sont chargŽes.
Mais tout ˆ fait diffŽrente est la colre qui se dissimule sous le masque du zle, d'avec celle qui remplit tout un coeur de trouble sans avoir la justice pour prŽtexte. La premire, en effet, poursuit jusqu'ˆ l'excs l'accomplissement d'un devoir; tandis que la seconde s'allume toujours ˆ propos de choses en opposition avec le devoir.
Il faut aussi savoir qu'ˆ ce propos les irascibles diffrent des impatients, en ce que ceux-ci ne peuvent rien supporter de la part des autres, tandis que ceux-lˆ gardent rancune mme des choses qu'ils sont obligŽs de subir. Car les colŽreux poursuivent ceux-lˆ mmes qui les Žvitent, font na”tre des sujets de querelle et se plaisent dans la dispute. Aussi, le meilleur moyen pour nous de les corriger est-il de ne pas les aborder quand ils se trouvent en plein sous le coup de l'irritation. Dans cet Žtat de trouble ils ne comprennent pas, en effet, ce qu'on leur dit; mais une fois rentrŽs en possession d'eux-mmes, ils reoivent d'autant plus volontiers des paroles de reproche, que plus grande est leur honte d'avoir ŽtŽ si paisiblement supportŽs. Tout ce qu'on peut dire de sensŽ para”t absurde ˆ un esprit en proie ˆ l'ivresse de la colre. Aussi Abiga•l sut-elle sagement taire ˆ Nabal ivre, la faute qu'il avait commise (cf. I Roi 25,2 sv.) et elle ne lui en parla opportunŽment qu'aprs qu'il eut cuvŽ son vin. Ainsi se trouva-t-il en Žtat de comprendre le mal dont il s'Žtait rendu coupable, parce qu'il n'en entendit pas dire un seul mot tandis qu'il Žtait dans l'ivresse.
Lors donc que les colŽreux attaquent les autres de telle manire qu'il est compltement impossible d'Žviter le choc, il faut les corriger non en leur adressant des reproches ouverts, mais en les mŽnageant au moyen de quelque adroite manifestation de respect. Nous traduirons plus clairement notre pensŽe sur ce point par l'Žvocation de ce que fit Abner. Alors qu'en effet Asa‘l l'assaillait avec la violence d'une offensive inconsidŽrŽe, l'ƒcriture raconte ceci : ĒAbner s'adressa ˆ Asa‘l et lui dit : DŽtourne-toi, cesse de me poursuivre, afin que je ne sois pas contraint ˆ t'Žtendre mort sur la terre. Or Asa‘l dŽdaigna de l'entendre, et refusa de se dŽtourner. Alors Abner le frappa ˆ l'aine avec l'extrŽmitŽ infŽrieure de sa lance, et le pera de part en part, et il mourut.Č (II Roi 22-23). De qui donc Asa‘l fut-il alors le type, sinon de ces hommes dont la fureur s'empare avec la dernire violence, et conduit ˆ tous les excs ? Les individus qui en viennent ˆ un pareil degrŽ d'emportement, sont ˆ Žviter avec d'autant plus de prŽcaution qu'ils se laissent entra”ner avec plus de folie. Aussi Abner, dont le nom en notre idiome veut dire Ēlumire du preČ, s'enfuit-il [devant Asa‘l]. De mme la parole des docteurs qui communique la cŽleste lumire de Dieu, se refuse-t-elle ˆ frapper quelqu'un qui, pour ainsi dire, les poursuit, lorsqu'ils se rendent compte que l'esprit de cet homme est emportŽ parmi les pŽrilleux sentiers de la colre, et qu'ils nŽgligent alors de retourner contre un pareil furieux les armes acŽrŽes du discours. Mais lorsque les violents ne cdent ˆ aucune considŽration, et que, pareils ˆ Asa‘l, ils n'en finissent point de leur hostilitŽ ni de leur folie, il est indispensable que ceux-lˆ qui s'emploient ˆ rŽprimer ces insensŽs ne se dressent point irritŽs eux-mmes, mais fassent preuve au contraire de la plus grande tranquillitŽ, et usent de paroles dŽlicates pour atteindre indirectement l'esprit de celui-lˆ qui ne se possde plus.1 C'est ainsi qu'Abner, quand il se retourna face ˆ celui qui le poursuivait, le pera de part en part, non pas avec la pointe mais bien avec l'extrŽmitŽ infŽrieure de sa lance. En effet, frapper de la pointe c'est prendre l'offensive par le choc brutal d'une rŽprimande ouverte. Frapper avec l'extrŽmitŽ infŽrieure de la lance c'est, au contraire, toucher tranquillement un irritŽ avec d'insinuantes paroles, et triompher de lui comme en l'Žpargnant. D'autre part, Asa‘l succomba sur-le-champ. De mme les esprits qu'a troublŽs la colre, ds lors qu'ils sentent qu'on les mŽnage, et sont frappŽs au fond d'eux-mmes de la justesse des rŽponses qu'on leur sert en tranquillitŽ, descendent aussit™t de la hauteur de ton o ils s'Žtaient montŽs. Et donc ceux-lˆ qui, sous le coup de la douceur, reviennent de l'impŽtuositŽ de leur colre sont mis ˆ mort, pour ainsi dire, sans qu'il soit besoin d'employer le fer.

saint GrŽgoire le Grand (Pastorale 3 chapitre 16)

La sincŽritŽ constitue la meilleure dŽfense et rien de plus facile ˆ dire que la vŽritŽ.
saint GrŽgoire le Grand (Pastorale 3,11)

LÕICļNE DE LA TOUTE-SAINTE ĒPHANEROMENIČ

Ė Salamine, en face du golf ĒGrand PinČ, se trouve le monastre de Phaneromeni, qui fut restaurŽ au 17me sicle par le saint moine Laurent.
Lorsque Laurent Žtait encore la•c sous le nom de Lampros Kanellos, la Mre de Dieu lui apparut une nuit et lui dit :
ĒSur lՔle de Salamine, du c™tŽ nord, se trouve une chapelle abandonnŽe qui mÕest dŽdiŽe. Vas-y et rouvre la.Č
Lampros ne fit pas attention au rve. Ainsi la Toute-Sainte lui apparut pour la seconde et mme troisime fois et le menaa durement. Il se mit enfin en route vers le port avec lÕintention de faire la traversŽe vers lՔle en bateau. La mer Žtait fort agitŽe et il ne trouva aucune embarcation.
Assis, il rŽflŽchit ˆ ce quÕil devait faire quand il entendit dÕen haut la voix de la Toute-Sainte lui disant :
ĒJette ton manteau dans la mer, assieds-toi dessus, et ainsi tu arriveras sans danger sur lՔle.Č
Ce qui arriva. Lampros se mit sur le manteau en dŽfiant les vagues sans difficultŽ et arriva sain et sauf sur lÕautre rive.
Ė Salamine, o la Vierge lui avait indiquŽ lÕendroit, il trouva les ruines dÕune chapelle et dÕun ancien monastre. Ė lÕintŽrieur de la chapelle il trouva une vieille ic™ne quÕil nomma plus tard ĒPhaneromeni nouvellement apparu.Č
Lampros restaura la chapelle et les cellules, sÕy installa et y vŽcu comme moine.
LÕancien monastre avait beaucoup de possessions qui avaient ŽtŽ occupŽes par les habitants environnants. Le moine se dŽmena pour les rŽcupŽrer. La Mre de Dieu lui apparut de nouveau en rve et lui indiqua les terrains occupŽs.
Peu ˆ peu les anciennes possessions furent rŽcupŽrŽes.
Une grande oliveraie ˆ Glifada se trouvait dans les mains dÕun musulman fanatique. Le moine y alla de la part du patriarche pour lui demander de restituer le terrain, mais le musulman ne cŽda aucunement.
Alors la justice divine sÕen mla. La femme du turc tomba gravement malade. Les mŽdecins et les mŽdicaments ne lui Žtaient dÕaucune aide. La femme demanda avec foi le saint moine afin de la guŽrir, mais le turc devint intraitable. La situation de la femme empira et son entourage redoutait la mort.
CÕest ainsi que le fanatique cŽda finalement et fit quŽrir le saint. Celui-ci fit le signe de la croix sur la tte de la malade et la femme fut guŽrie.
Le miracle adoucit le musulman fanatique qui remercia le saint du fond du coeur. Il ne se contenta pas de restituer lÕoliveraie mais donna Žgalement une importante somme dÕargent pour le monastre.

Au temps o le saint restaurait le monastre, la Mre de Dieu lui apparut de nouveau, et lui dit :
ĒĖ tel endroit de lՔle se trouve enterrŽe une colonne en pierre. Va la prendre et emploie-la pour les constructions.Č
Lors du transport, la colonne tomba et Žcrasa un ouvrier. Les autres ouvriers, pleins dÕangoisse, le dŽgagrent, mais la gr‰ce de la Phaneromeni lÕavait sauvŽ et il fut retrouvŽ indemne.

Une fois, lors de la fte du 15 aožt, un Žvque dÕAthnes du nom de Jacques vint au monastre. Cet Žvque, peut-tre mž par un esprit dÕorgueil, emporta des cierges et dÕautres objets dŽdiŽs ˆ la Toute-Sainte et parla Žgalement avec mŽpris au saint avant de prendre le chemin de la ville de Salamine.
Pendant la nuit, il vit la Toute-Sainte en rve. Elle le frappa longuement au cou en le rŽprimandant ainsi :
ĒVite, envoie au monastre ce que tu as volŽ !
Celui-ci, apeurŽ, restitua ce quÕil avait dŽrobŽ, afin de recevoir le pardon de la Mre de Dieu.

ĒTu es un vase artistement travaillŽ qui a reu de Dieu son tre. Glorifie ton CrŽateur, car tu ne fus crŽŽ que pour tre un digne instrument de la gloire de Dieu, et tout ce monde est pour toi comme un livre vivant qui prche la gloire divine et t'annonce, ˆ toi qui as reu la raison en partage, la grandeur cachŽe et invisible du Seigneur, pour que tu connaisses le Dieu de vŽritŽ. Garde soigneusement en ta mŽmoire ce que je viens de dire.Č
saint Basile le Grand (Orat 2)

Les Pres de l'ƒglise (suite)

SAINT POTHIN DE LYON

ftŽ le 2 juin

Le nom du saint Žvque Pothin ne fait souvent qu'appara”tre dans les Žcrits relatifs ˆ saint Polycarpe et ˆ saint IrŽnŽe. Il est alors considŽrŽ uniquement comme l'un des saints martyrs de Lyon, dont le sang rŽpandu fut Ēsemence de chrŽtiensČ pour l'ƒglise locale naissante.
Le peu que nous connaissons de sa vie, nous ramne ˆ l'invocation : Ē Par les prires de nos pres saints ÉČ, tant elle s'associe exactement avec la mŽmoire de saint Pothin. Les saints pres, nous le savons, n'ont jamais parlŽ par eux-mmes. Ils ont toujours ŽtŽ manifestŽs au peuple par d'autres pres plus ŽprouvŽs. L'ƒglise, depuis toujours, considre cette condition comme essentielle, et ignore celui qui n'est manifestŽ que par lui-mme, ne voyant alors en lui qu'un faux ma”tre, dont il faut se garder. En cela, comme en tout, l'ƒglise imite son Chef. Ouvrons l'Žvangile pour y voir notre Seigneur se rŽfŽrer ˆ son Pre et considŽrer que c'est son Pre qui Le manifeste au monde. Lors de son baptme, il y a deux tŽmoins : le Pre et l'Esprit. Et l'Esprit ne parle pas de Lui-mme, mais dit ce qu'il a entendu auprs du Pre.
La vie de saint Pothin s'inscrit tout entire dans ce principe. Fils spirituel de saint Polycarpe, tout comme saint IrŽnŽe, c'est lui qui imposa les mains ˆ celui qui devait tre son successeur et l'ordonna alors prtre. Aprs sa naissance au ciel, c'est le mme IrŽnŽe qui le remplaa ˆ la tte de l'ƒglise de Lyon, laquelle avait alors revtu Š par le sang de ses martyrs Š Ēla robe de pourpre et de byssusČ.
Lorsque la vie d'un saint semble ĒcourteČ ˆ l'aune de la longueur des Žcrits hagiographiques, nous oublions souvent qu'il faut alors se rŽfŽrer ˆ sa diaconie, ˆ sa charge. En considŽrant les vertus nŽcessaires ˆ leur exercice, nous connaissons l'essentiel de sa vie. D'autre part, le simple nom du pre spirituel qui l'a manifestŽ doit nous faire dire : ĒComme ƒlie d'ƒlisŽe, il a reu une double part de l'EspritČ. Connue ou peu connue, l'histoire d'un maillon dans la cha”ne unissant les pres les uns aux autres n'est jamais celle d'un Ēmaillon faibleČ. Nommer ces maillons, c'est Žtablir la gŽnŽalogie de notre famille spirituelle.
Saint Pothin naquit ˆ Smyrne, en l'an 87. Tout comme son compagnon IrŽnŽe, il fut formŽ ˆ l'apostolat par le grand Polycarpe, Žtabli Žvque de Smyrne par saint Jean le ThŽologien, dont il avait ŽtŽ le disciple. C'est dire que ces deux saints apportrent ˆ Lyon la parole de foi, telle que l'enseignait l'ap™tre. Cette ƒglise d'Asie Žtait cŽlbre pour son zle ˆ envoyer des missionnaires, lˆ o il en manquait. Et ce cachet particulier s'est attachŽ ˆ sa rŽputation. Nous pouvons donc conna”tre ainsi la profondeur des leons reues par Pothin et IrŽnŽe. Saint Pothin en profita longtemps, puisqu'il avait dŽjˆ plus de soixante-dix-sept ans lorsqu'il fut envoyŽ ˆ Lyon. Au deuxime sicle, beaucoup de Smyrniotes rŽsidaient dŽjˆ ˆ Lyon, o ils menaient une vie chrŽtienne sans ostentation, mais aussi sans respect humain. Ils parlaient grec, latin, et utilisaient mme un peu le celtique. Les Lyonnais de vieille date, que les religions pa•ennes laissaient sur leur faim, en Žtaient favorablement impressionnŽs. Les meilleurs demandaient le baptme. Et la communautŽ s'agrandissait. Pourtant, ces nombreux chrŽtiens ne formaient pas une vŽritable ƒglise locale, car il n'avaient pas de pasteurs, et les autres ƒglises locales gallo-romaines, bien faibles encore, ne pouvaient leur en envoyer. C'est alors qu'ils songrent ˆ l'Asie Mineure, dont plusieurs Žtaient originaires. Ils s'empressrent donc de s'adresser ˆ saint Polycarpe, bien connu pour son zle ˆ envoyer ses disciples dans les diverses parties du monde, pour annoncer le Christ ˆ toutes les nations et baptiser au Nom de la TrinitŽ.
Ainsi fut fait. La mission apostolique Žtait assez nombreuse. Le prtre Andochius et le diacre Thyrsus s'en allrent fonder l'ƒglise Žduenne avec BŽnigne, tandis que Pothin et IrŽnŽe restaient ˆ Lyon.
La ville de Lyon possŽdait dŽsormais des pasteurs. Pothin et IrŽnŽe organisrent cette communautŽ en ƒglise locale. Elle devint alors encore plus florissante, gr‰ce aux conversions opŽrŽes dans la population lyonnaise. Elle ressemblait aux autres communautŽs chrŽtiennes naissantes, rassemblant plus de pauvres que de riches, des esclaves auprs de leurs ma”tres, des affranchis et des citoyens romains, enfin quelques hommes instruits qui fraternisaient, tous dans la mme assemblŽe.
Saint Pothin Žtait l'Žvque de cette ville de Lyon. Il s'y dŽvoua dix-neuf ans, gouvernant avec sagesse le troupeau qui lui avait ŽtŽ confiŽ. Pendant ce temps, les progrs de l'ƒglise avaient attirŽ l'attention des idol‰tres et, petit ˆ petit, multipliŽ les pŽrils. Les calomnies les plus odieuses et les plus stupides furent portŽs contre les chrŽtiens. C'est en 177, alertŽs par tous ces bruits, que l'empereur romain, Marc-Aurle, dŽclencha une cruelle persŽcution anti-chrŽtienne, qui continue de porter son nom dans l'histoire. Ė ce moment-lˆ, un nombre d'environ mille chrŽtiens avaient vu leur nom ajoutŽ ˆ l'ƒglise.
L'Žvque nonagŽnaire Pothin fut tra”nŽ devant le gouverneur et invitŽ ˆ l'apostasie. Persistant ˆ confesser sa foi, il fut accablŽ de coups et pŽrit deux jours aprs dans les tortures. Eusbe nous a conservŽ la relation de ce martyre. Il s'agit de celle qu'envoyrent ˆ leurs frres d'Asie les fidles qui Žchapprent ˆ la mort. Ė propos du saint Žvque martyr, il est Žcrit : Ē É Parmi ceux qui furent arrtŽs, Žtait le bienheureux Pothin, qui gouvernait l'ƒglise de Lyon; il Žtait malade et ‰gŽ de plus de quatre-vingt-dix ans. Le dŽsir du martyre lui inspirait, certes, une nouvelle ardeur, mais il Žtait si faible qu'il pouvait ˆ peine se soutenir et respirer, et on fut obligŽ de le porter au tribunal. Mais si l'‰ge et la maladie avaient affaibli son corps, son ‰me courageuse et forte y demeurait encore pour le triomphe de JŽsus Christ. Pendant que les soldats le portaient, il Žtait suivi des magistrats de la ville et de toute la populace qui criait contre lui, comme s'il ežt ŽtŽ le Christ Lui-mme. Alors ce vŽnŽrable vieillard rendit ˆ la foi un glorieux tŽmoignage. Le prŽsident lui ayant demandŽ quel Žtait le Dieu des chrŽtiens, il lui rŽpondit : ŅTu le conna”tras, si tu en es digne.Ó Aussit™t on l'accabla de coups, sans respect pour son grand ‰ge. Ceux qui Žtaient prs de lui, le frappaient ˆ coups de pieds et ˆ coups de poings; les plus ŽloignŽs lui jetaient ce qu'ils trouvaient sous leur main; tous se fussent crus coupables d'un grand crime s'ils lui eussent ŽpargnŽ un outrage. Ils croyaient ainsi venger l'honneur de leurs dieux. Le saint Žvque fut jetŽ ˆ demi-mort dans une prison, o il expira trois jours aprs.Č
En nos temps d'apostasie gŽnŽrale, o la persŽcution sanglante a ŽtŽ remplacŽe par le narcotique moral de l'indiffŽrence spirituelle, que les prires de saint Pothin nous gardent de toute faiblesse dans le tŽmoignage que nous devons porter malgrŽ notre insignifiance.
Athanase Fradeaud

Bibliographie
Š SociŽtŽ Migne coll. Sagesse chrŽtienne Les ƒcrits des Pres apostoliques (15 E)
Š ƒditions du Seuil coll. Points-Sagesse La Primitive ƒglise (7 Ū 95)

ĒCe n'est point pour manger, boire et nous vtir que nous sommes nŽs, mais pour nous pŽnŽtrer de la philosophie divine, fuir le mal et avancer dans la vertu É Car, en crŽant l'homme, Dieu dit : ŅFaisons l'homme ˆ notre image et ˆ notre ressemblance,Ó et nous devenons semblables ˆ Dieu, non en mangeant, buvant et nous ajustant (car pour Dieu il n'existe rien de pareil), mais en gardant la vŽritŽ, en Žtant humains, indulgents et modestes, eu usant de misŽricorde envers le prochain, et nous parant de toutes sortes de vertus.Č
saint Jean Chrysostome

DE LA VIE DE SAINT SPYRIDON

Les miracles constituent des tŽmoignages irrŽfutables de la saintetŽ de celui qui les accomplit. Celui qui suit montrera quel zle pour la foi avait le saint. Alors que Constantin le Grand Žtait empereur de Rome et premier empereur chrŽtien, que Paulin et Julien Žtaient consuls, eut lieu en 325 ˆ NicŽe le fameux concile des saints pres. Ce concile avait pour but de dŽposer Arius, qui, avec impiŽtŽ, appelait le Fils de Dieu une crŽature, et de proclamer que le Fils Žtait consubstantiel au Pre. Les premiers et les plus connus ˆ soutenir le blasphme Žtaient Eusbe de NicomŽdie, Maris, Žvque de ChalcŽdoine, et ThŽognis, Žvque de NicŽe. Avec le fanatique Arius ˆ leur tte, ces crŽatures perverses proclamrent le dogme que le Fils de Dieu est une crŽature. Ceux qui combattaient pour la foi orthodoxe, ceux qui se distinguaient par leurs paroles et leur vie, Žtaient le Grand Alexandre, simple prtre, mais reprŽsentant du bienheureux Patriarche Mitrophane, absent pour cause de maladie, et le cŽlbre Athanase, diacre de l'ƒglise d'Alexandrie, qui allait devenir l'ornement du tr™ne Žpiscopal. Aussi Žtaient-ils fortement jalousŽs. Car s'ils ne se distinguaient pas des autres par le rang ecclŽsiastique, ils Žtaient plus puissants qu'eux par la parole de la foi. Parmi eux se trouvait Žgalement le grand Spyridon, dont la vie et la gr‰ce divine reposant en lui firent plus pour convaincre que l'habile rhŽtorique, les puissants raisonnements et l'Žloquence des autres. Selon la volontŽ de l'empereur, des philosophes assistaient au concile et faisaient Žtalage de leur savoir avec arrogance. Ils Žtaient bien formŽs dans l'art de la rhŽtorique sophiste. L'un d'eux, cŽlbre orateur, possŽdait une force irrŽsistible de persuasion. Il conversait avec les Žvques et soutenait fortement Arius. Il plaidait avec insistance en sa faveur si bien que plusieurs, dŽsirant voir laquelle des parties adverses l'emporterait, Žtaient poussŽs ˆ l'Žcouter. Il n'existait pas d'objection difficile que son habiletŽ rhŽtorique ne puisse lever aisŽment ! Et si son apologie dŽbouchait sur l'impasse, il s'esquivait comme une anguille au moyen d'arguments insidieux et d'artifices de langage. Il y avait donc concurrence entre la vŽritŽ et l'art rhŽtorique.
Ceux qui dŽfendaient la vŽritŽ avec des arguments loyaux attaquaient le sophiste, mais lui utilisait comme armes les Žquivoques de langage, les arguments insidieux et les artifices trompeurs, et il pensait l'emporter ainsi. Afin que ce ne soient pas les mots qui finalement l'emportent, mais le Christ et la VŽritŽ, la victoire Ēpassa au-dessusČ des lettrŽs et Ēs'arrtaČ sur le simple Spyridon. Ds que le saint, qui ne connaissait que Ēle Christ, et le Christ crucifiŽČ (I Cor 2,2), comme dit l'ap™tre Paul, vit le philosophe s'Žchauffer avec ses sophismes, parler d'une faon insultante du Christ et s'efforcer de dŽnigrer les dogmes orthodoxes, il l'approcha et demanda ˆ lui parler. Mais les pieux Orthodoxes, qui connaissaient les manires simples du saint et savaient qu'il ignorait la culture grecque, l'empchaient de se prŽsenter pour s'opposer au sophiste. Saint Spyridon, toutefois, ne se laissa pas arrter, car il savait que la Sagesse d'En-haut est supŽrieure ˆ la sagesse humaine et ŽphŽmre; il s'approcha donc du sophiste et lui dit : ĒAu Nom de JŽsus Christ, sois attentif ˆ mes paroles, philosophe, et Žcoute ce que je veux te dire !Č Le sophiste lui rŽpondit : ĒParle et je t'Žcouterai !Č Spyridon dit alors : ĒIl existe un seul Dieu, CrŽateur du ciel et de la terre. Il crŽa les puissances cŽlestes, faonna l'homme ˆ partir de la glaise et crŽa simultanŽment toutes les choses visibles et invisibles. Par son Verbe et son Esprit furent crŽŽs le ciel et la terre, s'Žcoula la mer, s'Žtendit le firmament, naquirent les animaux, fut faonnŽ l'homme, la plus merveilleuse de ses crŽatures. Tous les astres furent crŽŽs, le soleil et la lune, la nuit, le jour et tout le reste. Nous savons donc que le Verbe est le Fils de Dieu et Dieu Lui-mme. Nous croyons que, pour nous, Il naquit de la Vierge, fut crucifiŽ et enseveli. Il ressuscita ensuite et nous ressuscita avec Lui, nous accordant la vie incorruptible et immortelle. Nous affirmons qu'il reviendra pour juger tous les hommes et examiner sŽvrement nos propres oeuvres, paroles et pensŽes. Il est consubstantiel au Pre, Žgal en dignitŽ, et rgne avec Lui. N'es-tu pas d'accord, ™ philosophe ?Č demanda-t-il.
Il nous faut relater ici le cŽlbre miracle de la tuile. Aprs ces paroles, le saint prit une tuile dans sa main gauche et la serra. Et miracle ! Une flamme s'Žleva aussit™t en l'air, de l'eau se dŽversa ˆ terre et l'argile de la tuile resta entre les mains du saint, symbolisant de cette faon la TrinitŽ vivifiante et indivisible. Tous en restrent Žblouis. Le philosophe sembla ne plus tre le mme homme, ne plus possŽder le mme cerveau ni la mme langue, lui qui savait si bien s'opposer et disputer. Il demeura comme stupŽfait, son ‰me fut remplie de surprise et sa voix s'Žteignit. Aprs un temps de silence, il ne put que dire : ĒJe suis du mme avisČ. Le Saint lui dit alors : ĒEn avant donc, si tu es d'accord avec moi, ne sois pas en dŽsaccord par tes oeuvres ! Puisque tu sais qui est le Dieu qui a crŽŽ toutes choses, lve-toi et viens ˆ l'ƒglise confesser le symbole de la foi orthodoxeČ.
Ė ces paroles, le philosophe revint ˆ la vraie foi et, s'adressant ˆ ses disciples et aux autres auditeurs, il dit : ĒJusqu'ˆ prŽsent, nous combattions en paroles et je l'emportais par mon habile rhŽtorique. Mais puisqu'une force divine qui m'Žtait opposŽe a manifestŽ une puissance indicible et mystique par les simples paroles de l'Žvque Spyridon, je n'ai pas honte d'avouer que j'ai ŽtŽ vaincu. Je conseillerais donc avec joie ˆ moi-mme comme aux autres Š ˆ moins qu'ils soient pervers et veuillent altŽrer la vŽritŽ Š de croire au Christ et de suivre ce saint vieillard, dont les paroles humaines ne sont rien d'autre que les Paroles de Dieu.Č
Imaginez la honte des Ariens ˆ ces paroles et la joie mlŽe de fiertŽ des Orthodoxes ! La victoire des Orthodoxes fut si Žclatante et la dŽfaite des hŽrŽtiques si cuisante que presque tous embrassrent la foi orthodoxe. Seuls six Žvques restrent du c™tŽ d'Arius pour devenir la part du diable, le pre du mensonge, qui est depuis les origines l'ennemi implacable de la vŽritŽ.
Aprs cette condamnation manifeste des hŽrŽtiques, les Žvques rentrrent chez eux, tout joyeux de la victoire et pleins d'admiration devant le miracle, rendant gr‰ces ˆ Dieu des prodiges qu'ils avaient vus et de la dŽfaite d'Arius. FrappŽ par le miracle, l'empereur lui-mme honora grandement le saint et le raccompagna en lui demandant de prier pour lui.

TirŽ du livre :
Saint SymŽon le MŽtaphraste
Saint Spyridon le Thaumaturge
ƒditŽ par le monastre du Pantocrator
Aghios Athanasios, Corfou, Grce

ĒLa vertu n'est pas simplement un don du grand Dieu qui honora son image, car elle exige aussi que tu tendes ˆ l'acquŽrir; elle est autre chose encore que le produit de ton coeur, car il lui faut une force transcendante. Quelque perante que soit ma vue, elle ne distingue pourtant pas les objets visibles par elle-mme et indŽpendamment du grand luminaire qui m'Žclaire et est lui-mme visible ˆ mon oeil. Ainsi pour mon salut il faut deux parts venant du Trs-Haut, nommŽment la premire et la dernire, mais il y en a une qui vient de moi. Dieu me donne l'aptitude pour le bien; Dieu me donne Žgalement la force de le faire; mais entre les deux il y a moi, qui cours dans la lice.Č
saint GrŽgoire le ThŽologien (hymnes sacrŽes, sermon 9)

LES SAINTS MARTYRS DU MONASTéRE DE ZOGRAPHOU

Parce que le Mont Athos constitue le phare et le soutien de lÕOrthodoxie en Orient, les Latins voulaient le dŽtruire et le soumettre au pape. En 1280, ils se rendirent sur la Sainte Montagne avec lÕarmŽe afin de parvenir ˆ leurs fins, soit par lÕargent, soit par la force armŽe.
Quelques-uns se soumirent. La plupart des moines sÕopposrent ˆ la domination du pape et ˆ ses dogmes et le payrent avec leur sang. Comme collaborateurs, les latins avaient le roi Michel le PalŽologue et le patriarche Jean Vekkos.
Aprs avoir vandalisŽ les diffŽrents monastres ils arrivrent finalement au monastre de Zographe.
En ce temps-lˆ vivait prs du monastre un ascte qui avait lÕhabitude de lire maintes fois dans la journŽe lÕhymne ˆ la Toute-Sainte ĒRŽjouis-toiČ devant son ic™ne.
Un jour, il entendit, tout surpris, provenant de lÕic™ne ces paroles : ĒRŽjouis-toi, toi aussi, ancien de Dieu !Č
LÕancien fut pris de crainte.
ĒNe crains pas, continua calmement la voix maternelle depuis lÕic™ne. Va vite au monastre et dis ˆ lÕhigoumne et aux moines que mes ennemis et ceux de mon Fils arrivent. Que ceux qui sont faibles aillent se rŽfugier quelque part jusquՈ ce que le danger soit passŽ. Que ceux qui aspirent ˆ la couronne des martyrs restent dans le monastre ! Cours vite !
LÕancien se mit sans tarder en route et obŽit ˆ lÕordre de la Toute-Sainte. ArrivŽ au monastre, il vit ˆ lÕentrŽe lÕic™ne devant laquelle il venait juste de prier. Il se mit ˆ genoux et vŽnŽra lÕic™ne pieusement puis en emportant lÕic™ne il se prŽsenta devant lÕhigoumne.
Les moines, en Žcoutant lÕancien, furent pris de crainte. Quelques-uns coururent pour se cacher dans la montagne et les grottes. Une vingtaine Š avec lÕhigoumne Š restrent au monastre. Ils montrent dans la tour et attendirent les ennemis et les couronnes des martyrs.
Peu de temps aprs arrivrent les latins. Au dŽbut ils essayrent de convaincre les moines par des paroles flatteuses dÕouvrir les portes et de reconna”tre le pape comme tte de lՃglise universelle.
ĒQui vous a dit que le pape est la tte de lՃglise ?Č crirent les moines. ĒLa tte de lՃglise cÕest bien le Christ ! Nous nÕouvrons pas les portes. Nous prŽfŽrons mourir plut™t que vous laisser profaner ce lieu saint !Č
ĒPuisque vous le voulez ainsi, alors vous mourrez,Č hurlrent les Latins.
Sans tarder, ils ramassrent du bois, le dŽposrent autour de la tour, et y mirent le feu. Ainsi moururent tous les moines retranchŽs.

ĒLes maladies dans les villes et dans les peuples, la sŽcheresse de l'air, la stŽrilitŽ de la terre et les malheurs dont on est frappŽ dans la vie arrtent le progrs du pŽchŽ, et, tous les maux de ce genre, c'est Dieu qui les envoie pour prŽvenir les vŽritables maux; car les souffrances physiques et les adversitŽs du dehors n'ont d'autre but que de tenir en bride le pŽchŽ. Ainsi Dieu dŽtruit le mal, mais ce n'est pas de Lui qu'il provient. Le mŽdecin aussi dŽtruit la maladie, mais il ne l'introduit pas dans les corps. Quant ˆ la ruine des villes, aux tremblements de terre, aux inondations, aux malheurs de la guerre, aux naufrages et ˆ toute destruction d'hommes, qu'elle provienne de la terre, de la mer, de l'air, du feu ou de toute autre cause, toutes ces calamitŽs n'arrivent que pour la purification des survivants; car c'est par des ch‰timents publics que Dieu purifie les crimes publics.Č
saint Basile le Grand (Sur ce que Dieu nÕest point lÕauteur du mal.)

UN POINT DE VUE PASTORAL DU MARIAGE ET DE SES PROBLéMES
Causerie donnŽe au sŽminaire de la Sainte TrinitŽ le 17/30 mai 1975
par lÕarchiprtre SerguŽ• Shoukine
Traduit dÕaprs la rŽdaction anglaise parue au site des VCO dÕAmŽrique
(suite)

Le second ŽlŽment qui unit plus solidement le couple mariŽ, aussi Žtrange que cela puisse para”tre, est tout simplement lÕhabitude. Pouchkine y a fait allusion dans Eugne OniŽguine en dŽcrivant la famille Larine :

LÕhabitude nous est donnŽe dÕen haut pour prendre la place du bonheur.

Cela a une explication psychologique en ce que, avec le passage du temps, le couple devient si bien habituŽ ˆ sa situation, que mme une union qui nÕest pas parfaitement satisfaisante sera prŽservŽe pour la vie, car le couple ne veut pas courir de risque en cherchant quelque chose de meilleur. Bien quÕil puisse y avoir des querelles et des mŽsententes, la sŽparation totale ne se produit pas.
Ce qui a ŽtŽ dit jusquՈ prŽsent concerne le mariage en gŽnŽral. Le mariage orthodoxe a des bases plus profondes, que nous trouverons dans les ƒcritures saintes. Parmi les nombreux passages qui se rŽfrent au mariage, je mentionnerai seulement quelques-uns, tirŽs des ƒp”tres.
1) ƒphŽsiens 5,22-33.
ŅFemmes, que chacune soit soumise ˆ son mari, comme au Seigneur; car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l'ƒglise qui est son Corps, et dont Il est le Sauveur. Or, de mme que l'ƒglise est soumise ˆ Christ, les femmes aussi doivent l'tre ˆ leur mari en toutes choses. Maris, que chacun aime sa femme, comme Christ a aimŽ l'ƒglise, et S'est livrŽ Lui-mme pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant et en la lavant par l'eau de la parole, pour faire para”tre devant Lui cette ƒglise glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irrŽprochable. C'est ainsi que le mari devrait aimer sa femme comme son propre corps. Celui qui aime sa femme s'aime lui-mme. Car jamais personne n'a ha• sa propre chair, mais il la nourrit et en prend soin, comme Christ le fait pour l'ƒglise, parce que nous sommes membres de son corps. C'est pourquoi l'homme quittera son pre et sa mre, s'attachera ˆ sa femme, et les deux deviendront une seule chair. Ce mystre est grand; je dis cela par rapport ˆ Christ et ˆ l'ƒglise. Du reste, que chacun de vous aime sa femme comme lui-mme, et que la femme respecte son mari.Ó
Ici, lÕAp™tre dŽpeint le mariage comme lÕimage du Christ et de lՃglise. ŅComme Christ a aimŽ l'ƒglise, et S'est livrŽ Lui-mme pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant et en la lavant par l'eau de la paroleÓ, cÕest ainsi que les maris doivent aimer leurs femmes. Il Žlve lÕamour conjugal au plus haut degrŽ Ń en posant cet idŽal devant tous les couples mariŽs.
ŅC'est ainsi que le mari devrait aimer sa femme comme son propre corpsÉ car jamais personne n'a ha• sa propre chair, mais il la nourrit et en prend soin, comme Christ le fait pour l'ƒglise.Ó
Ici, il indique que lÕamour du mari doit sÕefforcer de prendre soin de sa femme aussi bien physiquement que spirituellement Ń cÕest-ˆ-dire quÕils doivent Ņtravailler ˆ leur salutÓ ensemble.
Le dernier verset (33) souligne que lÕamour conjugal devrait tre lÕaccomplissement du commandement dÕamour de Dieu :
ŅQue chacun de vous aime sa femme comme lui-mmeÓ, donc ce nÕest pas de lՎgo•sme charnel que nous devrions trouver dans le mariage, mais lÕaccomplissement du second des deux principaux commandements de Dieu. Bien sžr, cet amour nÕest pas atteint tout de suite, mais progressivement, tout au long de toute une vie conjugale.
2) I Corinthiens 7,2-5.
ŅToutefois, pour Žviter la dŽbauche, que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari. Que le mari rende ˆ sa femme ce qu'il lui doit, et que la femme agisse de mme envers son mari. Ce n'est pas la femme qui dispose de son corps, c'est son mari. De mme, ce n'est pas le mari qui dispose de son corps, c'est sa femme. Ne vous privez point l'un de l'autre, si ce n'est d'un commun accord pour un temps, afin de vaquer ˆ la prire; puis retournez ensemble, de peur que Satan ne vous tente en raison de votre manque de ma”trise.Ó
Ici, lÕAp™tre considre nŽcessaire pour chaque homme dÕavoir sa propre femme et ˆ chaque femme dÕavoir son propre mari, mais il explique cette nŽcessitŽ sur le plan pratique : pour Žviter la dŽbauche (v.2). Nous savons tous comment des gens peuvent devenir des dŽbauchŽs et pŽrir du fait dÕun usage aveugle et effrŽnŽ de la sexualitŽ. Il nous suffit de prendre connaissance des rapports de police et des statistiques de criminalitŽ pour constater combien de souffrances et de crimes peuvent en rŽsulter. Je ne mentionnerai ici que les principaux : des foyers brisŽs, des avortements, des maladies sexuellement transmissibles, des maladies de femme et dÕenfant, des dŽsordres mentaux, des meurtres et des suicidesÉ Le mariage normal, bŽni de Dieu, fut instituŽ pour prŽvenir toutes ces perversions et tous ces abus.
ŅQue le mari rende ˆ sa femme ce qu'il lui doit, et que la femme agisse de mme envers son mari.Ó (v. 3). De cette faon, mari et femme entretiennent leur amour, en crŽant en mme temps les bonnes conditions pour la naissance et lՎducation correctes de leurs futurs enfants.
Regardons le verset 5 : ŅNe vous privez point l'un de l'autre, si ce n'est d'un commun accord pour un temps, afin de vaquer ˆ la prire; puis retournez ensemble, de peur que Satan ne vous tente en raison de votre manque de ma”trise.Ó
Il appara”t que les Žpoux chrŽtiens doivent avoir aussi des pŽriodes de continence. CÕest un commandement important de la vie spirituelle, et que lÕAp™tre confirme dans une autre Žp”treŹ: Ņque chacun de vous sache possŽder son corps dans la saintetŽ et l'honntetŽ, sans vous livrer ˆ une convoitise passionnŽe, comme font les pa•ens qui ne connaissent pas DieuÓ (IŹThess 4,4-5). Cela nous apprend que les couples mariŽs doivent apprendre ˆ ma”triser leurs instincts, de sorte que leur corps se soumette ˆ leur esprit. En plus de la continence requise pour des raisons naturelles, lՃglise prescrit des jours de continence en vue du ježne et de la prire.
Je me souviens dÕun incident de ma jeunesse qui fit une grosse impression sur moi. Mon meilleur ami ˆ lՎcole avait une sĻur, trs belle, qui se maria et alla vivre dans une ville voisine. Environ un an plus tard, elle mourut de faon tout ˆ fait inattendue, et mon ami alla ˆ son enterrement. Il en revint dans un Žtat dÕindignation furieuse contre le mari qui fut la cause de la mort de la jeune femme. Elle attendait un enfant, mais son mari ne sՎtait pas abstenu de relations sexuelles avec elle. De ce fait, elle eut un accouchement prŽmaturŽ, contracta une septicŽmie et mourut. CÕest ainsi quÕune jeune femme pŽrit ˆ lՉge de dix-huit ans par la faute de son mari.
Dans un autre cas que je connais, un mari, ˆ cause de son manque de continence, faisait subir ˆ sa femme trois grossesses consŽcutives sans aucune intervalle. En consŽquence, elle contracta la tuberculose et mourut, lui laissant trois petits orphelins.
3) Le dernier passage que je veux examiner est I Pierre 3,1, 2, 7.
ŅFemmes, que chacune soit de mme soumise ˆ son mari, afin, que, si quelques-uns n'obŽissent point ˆ la parole (cÕest-ˆ-dire ˆ lÕenseignement chrŽtien), ils soient gagnŽs sans parole par la conduite de leur femme, en voyant votre manire de vivre chaste et respectueuseÓ (v. 1-2).
LÕAp™tre souligne la possibilitŽ pour la femme dÕinfluencer son mari si celui-ci nÕest pas assez pieux. Nous savons que ce nÕest pas seulement un homme qui peut sauver sa femme incroyante, mais une femme peut aussi influencer un mari indiffŽrent ˆ la religion. Ainsi, dans certains cas, une diffŽrence dÕopinion entre les Žpoux peut tre corrigŽe par la partie croyante.
Verset 7 : ŅMaris, montrez ˆ votre tour de la sagesse dans vos rapports avec votre femme, comme avec un sexe plus faible; honorez-la, comme devant aussi hŽriter avec vous de la gr‰ce de la vie. Qu'il en soit ainsi, afin que rien ne vienne faire obstacle ˆ vos prires.Ó
Ici, lÕAp™tre dit quÕil est essentiel de traiter sa femme de faon sensible et attentionnŽe, en accord avec sa psychologie. Nous savons que les femmes sont plus vulnŽrables et plus sensibles que les hommes et sÕattendent toujours ˆ trouver les hommes gentils, attentionnŽs et protecteurs. Dans la vie de famille de chrŽtiens, cÕest renforcŽ par leur proximitŽ spirituelle, puisque mari et femme deviennent un en Christ, des participants Žgaux dans la vie de gr‰ce Ń dans la vie bŽnie de Dieu. LÕAp™tre ajoute : Ņafin que rien ne vienne faire obstacle ˆ vos prires. ÓCÕest parce que, par leur vie spirituelle, les Žpoux doivent constituer Ņune Žglise domestiqueÓŃ ils doivent se tourner vers Dieu ensemble et Le servir ensemble. QuÕelle est grande, la perte, pour une famille chrŽtienne quand mari et femme ne prient pas ensemble ! La prire commune les unit et restaure tous les dommages de leur relation mutuelle.
Les textes que nous avons citŽs nous apprennent que les Ap™tres voient le but principal du mariage chrŽtien non pas dans la satisfaction personnelle, ni mme dans lÕenfantement, mais dans lÕaide mutuelle des Žpoux pour mener une vie chrŽtienne pieuse. Une union de cette sorte, fondŽe sur la foi commune, crŽe en mme temps les conditions essentielles pour atteindre les autres buts du mariage : ˆ la fois la naissance dÕenfants en bonne santŽ et leur Žducation correcte.
En russe, il existe un verbe merveilleux : ŅjaletÓ, dont lՎquivalent franais serait entre Ņsoigner avec compassionÓ, ŅmŽnagerÓ et Ņtre tendreÓ. Dans la vie conjugale, cette capacitŽ des maris fait souvent dŽfaut. Les paysans russes disaient autrefois de certains maris: ŅIl aime sa femme mais ne la mŽnage/soigne pasÉÓ (cÕest-ˆ-dire : il la surcharge de travail, de grossesses frŽquentes etc.). DÕautres maris, ils disaient : ŅIl aime sa femme et la mŽnage/soigneÉÓ Cela voulait dire que le mari luttait contre son propre Žgo•sme masculin et traitait sa femme avec tendresse et considŽration. Il me semble que lÕAp™tre Pierre parle prŽcisŽment de cette attitude-lˆ du mari, Ņselon la connaissanceÓ, de cet amour protecteur et plein dՎgard, quÕune femme apprŽcie encore plus que lÕintimitŽ sexuelle.

Naissance et Žducation des enfants
Les catholiques romains considrent que la premire fonction du mariage est la procrŽation des enfants, tandis que lÕorthodoxie donne la premire place ˆ son but spirituel Ń une vie pieuse. Saint Jean Chrysostome Žcrit que Ņdonner naissance ˆ des enfants est une chose naturelle. Le devoir des parents dՎduquer le cĻur de leurs enfants ˆ la vertu et ˆ la piŽtŽ est bien plus importantÓ. Par consŽquent, seul un mariage spirituellement sain peut assurer une Žducation saine ˆ sa progŽniture.
Combien dÕenfants devrait-il y avoir dans une famille est le sujet des dŽbats les plus bržlants de nos jours. La complexitŽ de la vie urbaine contemporaine rend difficile dÕavoir et dՎlever un grand nombre dÕenfants. Par consŽquent, on attache beaucoup dÕintŽrt aux mŽthodes de limitation des naissances.
Les diverses croyances ont des positions diffŽrentes sur cette question. Le catholicisme pr™ne des familles nombreuses et interdit lÕavortement et les contraceptifs. Les protestants accordent une grande libertŽ aux parents et leur permettent de dŽcider de ces questions tout seuls Ń parfois, ils autorisent mme les avortements. Mais lˆ, les dŽnominations protestantes fondent leurs idŽes principalement sur des considŽrations humanitaires et sociales.
En passant au point de vue orthodoxe, je ne parlerai mme pas de lÕavortement, puisquÕil est si Žvidemment contraire aux commandements de Dieu. Quand nous parlons de contraception, nous devons dÕabord examiner les motifs de la limitation des naissances. Ils peuvent tre dÕordre personnel, familial ou social.
Les raisons personnelles peuvent tre purement Žgocentriques, comme lorsquÕun couple ne veut pas du tout avoir dÕenfants pour ne pas se compliquer la vie conjugale. Une telle perspective est inacceptable pour nous, car elle rejette le but spirituel du mariage. De plus, les mariages de cette sorte sont en gŽnŽral de courte durŽe.
Les raisons familiales peuvent tre plus judicieuses, comme par exemple lorsque les parents essayent de limiter le nombre de leurs enfants pour le bien de toute la famille et quÕils peuvent ainsi Žlever les enfants quÕils ont de la meilleure faon possible. Parfois, cÕest liŽ ˆ lՎtat de santŽ de la femme Ń un accouchement normal nÕest pas toujours possible.
La responsabilitŽ quÕont les parents de lՎducation et de la santŽ de leurs enfants ne joue pas non plus en faveur du point de vue catholique. Des grossesses nombreuses et des soucis que cause une famille trs nombreuse rejaillit souvent sur la santŽ et lՎtat spirituel de la femme. LÕorthodoxie a une approche plus prudente de la question du nombre des enfants, affirmant quÕune famille chrŽtienne doit tre plus prŽoccupŽe de la qualitŽ que de la quantitŽ des enfants.
DÕun autre c™tŽ, lÕexpŽrience montre que la petitesse dÕune famille nÕest pas une garantie de la bonne Žducation. Il est bien connu quÕun enfant unique grandira g‰tŽ et Žgo•ste et il est peu probable quÕil se comportera correctement envers ses parents. En gŽnŽral, dans les familles nombreuses, il y a plus de chances dÕhabituer les enfants ˆ se sentir concernŽs par la famille, ˆ tre attentifs aux autres et ˆ avoir lÕesprit de famille.
Combien dÕenfants doivent-ils tre considŽrŽs comme un nombre suffisant ? Personne ne peut donner une rŽponse prŽcise ˆ cette question, car il faut prendre en considŽration les conditions particulires dÕune famille donnŽe Ńconditions qui englobent la santŽ des parents, leur situation matŽrielle, si oui ou non, une grand-mre peut seconder la mre etc. En gŽnŽral, dÕun point de vue spirituel, on devrait essayer dÕavoir une grande famille, pour quÕelle soit durable, pleine dÕamour, et avec des membres portent les fardeaux de la vie ensemble. CÕest pourquoi deux ou trois enfants ne doivent pas tre pris comme limites

ˆ suivre

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