NUMÉRO 108
MAI 2005

 Bulletin des vrais

chrétiens orthodoxes

sous la juridiction de

S.B. Mgr. Nicolas

archevêque d'Athènes

et primat de toute la Grèce

Hiéromoine Cassien
Foyer orthodoxe
F 66500 Clara
cassien@orthodoxievco.info

 SOMMAIRE

NOUVELLES

NOUVELLES DE LA MISSION AU CAMEROUN

LES PÈRES DE L'ÉGLISE (suite) : SAINT CLÉMENT DE ROME

LA FOI DES SAINTS (suite)

Saint Valérien de Cimiez (+ v. 460) HOMÉLIE 11


NOUVELLES


Christ est ressuscité !

Notre bulletin bimensuel devient finalement bisannuel et cela risque de durer encore. La cause en est surtout mes absences. Je viens juste de rentrer de Grèce où j'étais depuis janvier. Je ne voulais rester que deux semaines, mais finalement j'y ai été retenu, car l'archevêque m'a demandé de remplacer l'évêque Gorgonios de Katerini qui venait juste de décéder en janvier.

l'évêque Gorgonios défunt

Je suis en France, plaise à Dieu jusqu'au dimanche avant notre Pentecôte, au moins, mais ce séjour en France risque de se prolonger, avant que je reprenne ensuite mon poste à Katerini.
Pendant tout le mois de novembre, selon notre calendrier, j'étais en Afrique. Pour plus de détails lire plus loin.
Mon adresse à Katerini :

Hiéromoine Cassien

I. NAOC AGIOU DIMITRIOU

(SID. STATHMOU)

60100 KATERINI

Grèce

NOUVELLES DE LA MISSION AU CAMEROUN


Le vendredi 6/19 novembre, je me suis rendu, par avion, à Yaoundé, où Gilles m'attendait à l'aéroport. Le lendemain, il fallait y retourner afin d'accueillir notre évêque André de Thèbes.
Après avoir passé la nuit à Yaoundé, nous sommes partis le dimanche matin dans un minibus loué ensemble avec d'autres fidèles, entre autres la famille du père Jean, pour la paroisse de la Nativité de la Vierge, qui se situe à Nkolmvack. Une fois que nous avons quitté la nationale qui conduit vers la seconde capitale, Douala, nous avons traversé la ville d'Obala, pour continuer sur une piste de 18 km. Il avait plu la veille et la saison des pluies n'avait pas encore tout-à-fait fini. 2 km avant l'arrivée, le bus s'est inévitablement enfoncé dans la boue. Avec beaucoup de peine, le véhicule a été dégagé; 500 m plus loin, même scénario. J'ai continué finalement à pied, ensemble avec l'évêque André afin de commencer l'office.
Le père Jean était déjà au village depuis vendredi et m'attendait, sans être au courant de l'arrivée de l'évêque, car nous avions caché sa venue à tout le monde par crainte des néo-calendaristes. Arrivés donc à la chapelle provisoire, nous avons vu le père venir à notre rencontre; il s'est jeté, tout en larmes, aux pieds de l'évêque. Après deux ans d'attente, d'angoisse et de lutte, ce n'était pas étonnant. Enfin, voilà sa lutte récompensée !
Nous avons donc commencé les matines et célébré la divine Liturgie, durant laquelle le père Jean a été reçu par chirothèsie comme prêtre dans notre Église. Une douzaine de personnes ont été reçues par chrismation. Voir la photo prise après la Liturgie page 18-19.
L'après-midi, nous nous sommes rendus à Yaoundé. Lundi, j'ai fait visiter à l'évêque le centre de Yaoundé et mardi matin nous sommes partis en train pour Makack, à la paroisse de saint Ménas. (Comme c'est saint Ménas qui nous aide beaucoup pour nos problèmes financiers, je lui ai promis une église). Prenant un taxi, nous sommes allés rendre visite à des catéchumènes, à une douzaine de km dans la brousse, et inspecter la rivière où devraient se faire les baptêmes. Nous avons visité également la chapelle provisoire à Makack à quelque cent mètres de la maison du président où nous logions. Le jour suivant, il fallait retourner à Yaoundé.
Après avoir passé une semaine au Cameroun, l'évêque André est reparti pour la Grèce, avec les meilleures impressions.
Il fallait maintenant continuer l'Ïuvre qu'il avait enfin débloquée. Les trois dimanches suivants nous avons concélébré, le père Jean et moi, dans l'église de la Nativité de la Vierge.
Mais d'abord aux baptêmes. Le vendredi suivant, après le départ de Mgr. André, nous avons baptisé à Nkolmvack les hommes qui étaient prêts et le lendemain, les femmes; en tout 40 personnes.
D'autres seront baptisées peu après mon départ. La semaine après, je suis reparti avec le père Jean à Makack afin de baptiser les catéchumènes là-bas.
Dans une belle rivière, 12 personnes ont donc été baptisées et d'autres suivront, plaise à Dieu.
Maintenant, à la construction des églises. J'avais amené nos économies et le remplacement de la chapelle provisoire à Nkolmvack a pu commencer. Elle sera en pierres et petit à petit, selon nos économies, elle se terminera. Une église du même style sera construite également à Makak, mais nous ne sommes pas encore prêts financièrement. Le terrain coûtera 4500 euros et sera payé peu à peu. Voilà les deux églises en projet.
Nous avons visité aussi un village au bord de la nationale vers Douala, où habitent les parents de Véronique, une de nos fidèles. Là les villageois attendent avec impatience l'implantation de notre mission. Véronique offrira un terrain (1 ha) pour la construction d'une église, qui sera dédiée à saint Jean le Précurseur. Sur ce terrain il y a de grands arbres et même un énorme baobab. Une source fraîche s'y trouve aussi. Pour le moment rien de concret n'est entrepris encore, faute de moyens, mais dès que possibleÉ
Mon départ s'approchait inévitablement et inévitablement j'ai attrapé le paludisme. Cette fois-ci pourtant c'était peu de chose par rapport à la première fois car j'avais pris des précautions et peu de jours après mon retour en France, tout était rentré dans l'ordre.
Voilà en résumé la deuxième étape de notre mission au Cameroun. Le début était et est encore difficile mais Dieu aidant, la mission aura un grand avenir.
hiéromoine Cassien

LORS DE LA LITURGIE À NKOLMVACK (AU CENTRE L'ÉVÊQUE ANDRÉ, ASSIS LE PÈRE JEAN)

LES PÈRES DE L'ÉGLISE (suite)

Athanase Fradeaud

SAINT CLÉMENT DE ROME


Avec la vie du saint pape orthodoxe Clément, nous sommes amenés à revisiter l'une des plus belles périodes historiques de l'Ancienne Rome chrétienne. Et c'est ce qu'un chrétien ne saurait faire, sans un intérêt aussi pieux qu'admiratif. Mettre ses pas dans ceux des martyrs, sur les arènes où leur «sang devint semence de chrétiens», interroger les monuments ecclésiastiques qui nous montrent la vraie gloire de ce patriarcat : voilà qui ravive en nous une salutaire admiration pour ce siège si prestigieux avant que, par le schisme et l'hérésie de ses chefs à la fin du premier millénaires son charisme ne lui soit enlevé selon la parole scripturaire : «Et j'ôterai ton chandelier de sa place, à moins que tu ne te repentes» (Apo 2,5).
Pour entrer authentiquement dans la période lumineuse de l'histoire du patriarcat romain, il faut ne jamais confondre la mission des apôtres avec celles des premiers évêques qu'il mirent en place ou qui se succédèrent sur les sièges qu'ils fondèrent.
Les apôtres ont tous possédé une juridiction universelle, un épiscopat universel et leur autorité n'était donc point circonscrite par un siège quelconque. Pierre, tout comme les Douze, tout comme saint Paul, était un missionnaire itinérant. Chacun d'eux fondait une communauté, consacrait l'évêque du lieu et continuait son voyage apostolique, laissant l'Église locale vivre de la vie de l'Église catholique (au sens du terme) dans toute sa plénitude. En se basant sur la Tradition antique, l'Église orthodoxe affirme qu'il n'y a aucune raison pour invoquer l'épiscopat supposé de Simon Pierre à Rome, à Antioche ou ailleurs. Ni saint Pierre, ni saint Paul n'ont jamais — en leur qualité d'apôtres universels — été des évêques d'un siège particulier. Pierre n'a donc jamais occupé personnellement ce siège , sur lequel les premiers évêques se succédaient avant la mort de Pierre lui-même (cf. st. Epiphane au III ème siècle dans son Ïuvre Contre les Hérésies (livre III, chap. 3) et aussi Tertullien "Prescriptions" ch. 32).
L'histoire ecclésiastique atteste que c'est saint Paul qui a établi le siège de Rome en y plaçant Linus ou Lin comme premier évêque. On le voit dans l'Épître aux Romains lorsque Paul, apôtre des Gentils s'adresse à eux et s'affirme leur pasteur avec une précision qui prouve l'absence de tout prédécesseur : «Et je me suis fait honneur d'annoncer l'évangile là où Christ n'avait point été nommé, afin de ne pas bâtir sur le fondement d'autrui.» (Rom 15,20).
La mission qui compose la couronne de gloire de saint Pierre fut de quitter la Judée après le concile de Jérusalem en l'an 53, pour évangéliser l'Asie Mineure où il Ïuvra de dix neuf à vingt ans. Il ne fut donc pour rien dans la fondation et l'organisation de l'Église d'Antioche dues à Paul et à Barnabas, et qui avait son évêque, Evodius, avant que saint Pierre n'y soit allé (et n'y soit resté sept ans selon saint Grégoire le Grand) en se rendant en Asie Mineure. C'est sans doute pour cela que certains auteurs parlent de Pierre comme ayant fondé Antioche, alors que par son séjour il ne fit que l'affermir de sa glorieuse présence. De même, il n'a été pour rien dans la fondation et l'organisation de l'Église de Rome. Il n'en reste pas moins que l'apôtre Pierre fit la gloire de ce patriarcat puisqu'il vint à Rome vers la fin même de son existence terrestre — en l'année 66 — avec saint Paul qui y était déjà venu, et qu'il y souffrit le martyre, sans doute en l'an 67. À cause de tout cela, les pères ont attribué aux deux princes des apôtres la fondation de l'église de Rome. Quant à la succession de Pierre, elle ne doit pas s'interpréter comme un terme établissant la chronologie des évêques de Rome dont il aurait été le premier (ce qui n'est pas le cas), mais parce qu'il y a ordonné un évêque ou a affermi un siège épiscopal déjà pourvu par sa présence apostolique. C'est à ce titre que Grégoire le Grand a dit que l'évêque d'Antioche était successeur de Pierre du fait qu'il a affermi ce siège par sa présence de sept ans; que l'évêque d'Alexandrie le serait parce qu'il y envoya son disciple Marc et que l'évêque de Rome le serait parce qu'il vint mourir pour le Christ en cette ville. Saint Grégoire de Rome considérait les papes d'Antioche et d'Alexandrie comme successeurs de Pierre au même titre que lui-même, ce qui montre bien le sens donné par l'antiquité chrétienne à cette appellation. Se rappeler aussi qu'à cette époque, les évêques se donnaient le titre de pape ou père.
«Histoire Ecclésiastique» d'Eusèbe de Césarée rend bien compte de toutes ces nuances et différences qui établissent la vérité historique dans toute son étendue :
a) «Après le martyre de Paul et de Pierre, Linus fut le premier qui reçut l'épiscopat de l'Église de Rome» (Livre 3, ch. 2);
b) «Anaclet ou Clet ayant été évêque douze ans, eut pour successeur Clément"» (Livre 3, ch. 15);
c) «Clément fut établi troisième évêque de Rome» (Livre 3, ch. 1);
d) Evariste ayant été évêque huit ans, Alexandre reçut l'épiscopat ayant ainsi le cinquième rang de la succession de Pierre et de Paul» (livre 4, ch. 1).
Ainsi le Père Guettée fait bien ressortir le sens du terme «succession de Pierre et de Paul» remarquant aussi qu'il était indifférent pour Eusèbe de Césarée de placer Paul avant Pierre (comme en a ) ou Pierre avant Paul (comme en d),lorsqu'il s'agissait de la fondation de l'Église de Rome; les évêques qui se sont succédés sur ce siège épiscopal sont successeurs de l'un aussi bien que de l'autre, mais ni l'un, ni l'autre n'est compté parmi les évêques de Rome (cf. Guettée in "La Papauté schismatique" pp. 128-129). De même, saint Irénée n'a point dit que saint Pierre avait été évêque de Rome, mais précisément le contraire : «Les bienheureux apôtres (Pierre et Paul) fondant et organisant l'Église de Rome donnèrent à Linus l'épiscopat et le soin de la gouverner. Anacletus succéda à Linus; après Anacletus, Clément fut le troisième, depuis les apôtres qui fut chargé de l'épiscopat» (Irénée, «Contre les Hérésies» Livre 3, ch. 3);
Tertullien, dans son Ïuvre «Des Prescriptions» (ch. 23) énumère les évêques de Rome dans le même ordre qu'Eusèbe de Césarée et Irénée de Lyon. Tous ces auteurs traduisent bien aussi, dans leurs propos, la différence vécue entre apôtres et premiers évêques. Et Tertullian nous introduit précisément dans la vie de saint Clément lorsqu'il écrit : «Que ceux qui se vantent de remonter aux temps apostoliques montrent, par la succession de leurs évêques, qu'ils tirent leur origine d'un apôtre ou d'un homme apostolique, comme l'Église de Smyrne montre que Polycarpe a été ordonné par Jean, ou comme l'Église de Rome montre que Clément a été ordonné par Pierre». Et le Père Guettée d'ajouter : «On pourrait induire de là que Linus et Anacletus furent ordonnés par Paul qui aurait organisé l'Église romaine avant Pierre. Lorsque Tertullien dit que saint Pierre s'est assis sur la chaire de Rome, il ne veut pas dire qu'il y ait été évêque, mais qu'il y a enseigné, car le mot chaire est synonyme d'enseignement dans les écrits des pères. Autrement, il eut fait de Linus le second évêque de Rome et non le premier.» (V. Guettée in «La Papauté schismatique» pp. 129-130).
D'après la tradition la plus sûre, on a toujours compté saint Clément parmi les pères apostoliques. Tout ce qui précède l'établit abondamment. Rien n'interdit non plus de l'identifier avec le Clément dont parle saint Paul dans son épître aux Philippiens : «J'exhorte Evodie et j'exhorte Syntique à être d'un même sentiment dans le Seigneur. Et toi aussi, fidèle collègue, oui, je te prie de les aider, elles qui ont combattu pour l'évangile avec moi, et avec Clément dont les noms sont dans le Livre de Vie.» (Phil 4,2-4).
De la vie et des uvres de saint Clément, un chroniqueur mondain ne retiendrait que peu de choses; un chrétien, lui, admirera la vastitude incomparable de ce qui nous est parvenu, tant il peut y lire la rectitude orthodoxe de Rome en sa période de lumière.
L'année de naissance du saint nous est inconnue, comme l'histoire de ses premières années. Mais nous pouvons l'imaginer sans peine, puisque nous connaissons la ferveur de ces premières communautés romaines si ferventes et que n'effrayaient point le martyre. Clément avait tenu très certainement une grande place dans la communauté chrétienne puisqu'il fut choisi par le clergé de l'Église des Romains pour écrire à celle des Corinthiens au sujet d'une grave discussion. L'occasion de cette lettre fut un schisme qui se produisit dans l'Église de Corinthe. Un ou deux fauteurs de trouble avaient soulevé le peuple contre les presbytres, dont plusieurs de vie irréprochable, avaient été destitués de leurs fonctions. L'épître de Clément se divise en deux grandes parties. Une partie générale comprenant une série d'exhortations à pratiquer les vertus, ce qui était également propre à maintenir la bonne harmonie du troupeau. Cette partie comprend aussi un développement sur la certitude et la gloire de la résurrection future. La seconde partie vise particulièrement les faits signalés à Corinthe. Elle rappelle l'institution de la hiérarchie ecclésiastique par Dieu. Dieu a envoyé son Fils lequel a établi les Apôtres; lesquels ont à leur tour établi des évêques et des diacres, lesquels se sont, quand il l'a fallu, choisi des successeurs. À ces hommes on doit le respect et l'obéissance. Après des conseils pour rétablir la concorde, l'écrit se termine par une longue prière de louange à Dieu.
Cette épître a joui dans l'antiquité de la plus haute estime. Saint Irénée l'appelle "«une lettre très forte». Eusèbe de Césarée écrit : «Il existe de celui-ci (Clément) acceptée comme authentique une épître longue et admirable. Elle a été écrite au nom de l'Église de Rome à celle de Corinthe à propos d'une discussion qui s'était élevée à Corinthe. En beaucoup d'Églises, depuis longtemps, et de nos jours encore, on la lit publiquement dans les réunions communes. Qu'un différend, à cette époque ait troublé l'Église de Corinthe, nous en avons pour garant digne de foi Hégésippe» (Hist. Eccl. livre 3, chap. 4) et aussi concernant Hégésippe livre 4, ch. 12,1). Et encore à propos des noms de ceux qui ont transmis jusqu'à nous
dans leurs mémoires, la tradition de l'enseignement apostolique : «Tels sont par exemple Ignace dans les lettres que nous avons énuméré, et encore Clément dans celle dont l'authenticité est reconnue de tous et qu'il a rédigé pour l'Église de Corinthe au nom de l'Église de Rome. L'auteur y fait beaucoup d'emprunts à l'Épître aux Hébreux soit pour les pensées, soit même pour certaines expressions qu'il rapporte textuellement; il y montre avec évidence que ce dernier écrit n'était pas nouveau. C'est donc à bon droit qu'il a été rangé parmi les autres Ïuvres de l'apôtre Paul qui, dit-on, s'était adressé aux Hébreux dans leur langue maternelle. Sa lettre fut traduite par l'évangéliste Luc selon les uns, et selon les
autres par Clément. Des deux hypothèses, celle-ci semblerait plutôt être la vraie. D'une part, l'épître de Clément et l'épître aux Hébreux conservent la même allure de style; et d'autre part, les pensées dans les deux écrits ont une parentée qui n'est pas éloignée.» (Livre 3, ch. 28). Dans le même chapitre, Eusèbe de Césarée parle d'une seconde épître de Clément : «mais nous savons qu'elle n'a pas été aussi connue que la première, puisque nous ne voyons pas que les anciens s'en soient servis.» Même choses pour «d'autres écrits verbeux présentés sous ce nom. Ils contiennent des discours de
Pierre et d'Appion, dont an ne trouve absolument aucune marque chez les anciens. Ils n'ont du reste pas la vraie marque de l'orthodoxie apostolique» (idem en 5). De fait, ces deux écrits sont rejetés par les anciens auteurs.
Cette Lettre aux Corinthiens constitue un formidable témoignage qui nous montre combien la Rome chrétienne, au sein des persécutions, conservait fidèlement la foi apostolique tant par la doctrine que par les actes. Elle conservait ce qui lui avait été transmis par les apôtres Paul et Pierre, lesquels avaient reçu ce dépôt du Seigneur.
Pour l'essentiel de cette vie, j'ai laissé la parole tant au père Vladimir Guettée et à Eusèbe de Césarée, auquel se réfère largement le premier, tant il savait que cet auteur était plus proche des faits dont il parle que ses propres contemporains. Il m'a semblé essentiel de laisser les textes parler par eux-mêmes. Ces monuments de l'histoire ecclésiastique permettent, dans leur sobriété, de retracer la vraie gloire orthodoxe de
l'Église des Romains, tant pasteurs que fidèles.
Vivant quasiment toujours dans la possibilité du martyre sanglant, uvrant dans la communauté ecclésiale, chaque chrétien de cette époque nous transmet l'exemple de «la vie en Christ» des membres du troupeau, et un témoignage de l'organisation orthodoxe de l'Église, fidèle aux canons des apôtres.
Il en a été ainsi pour saint Clément de Rome, aussi bien pendant sa vie épiscopale antérieure à son élévation au siège épiscopal romain en l'an 92 qu'après. L'exemple donner, la surveillance à exercer pour «garder son troupeau» en font l'exemple vivant des conseils de l'Écriture (Ac X20,28-29). Jusqu'en l'an 102 saint Clément pastaura l'Église des Romains, avant de recevoir la couronne de gloire réservée à ceux «qui ont bien combattu et gardé la Foi» (2 Tim 6,6-8). Ses vertus étaient telles qu'il fut glorifié par l'Église à l'instar de Lin et de Clet, ses deux prédécesseurs sur le siège épiscopal de Rome. Fut-il lui aussi martyr comme les deux premiers ? A la fin du IV ème siècle, Rome l'honorait comme tel, mais les actes que l'on donne comme ceux de son martyre ne lui appartiennent pas; ce sont les actes d'un autre Clément, martyr grec enseveli à Cherson avec qui on l'a confondu. Quoi qu'il en soit, à cette époque, il fallait faire preuve d'une très grande vertu pour que le peuple chrétien la distingue, vu que chacun vivait dans la proximité du martyre et que les saints exemples étaient légion.
Outre la réputation que lui valut son Épître aux Corinthiens, saint Clément s'était signalé de bien d'autres façons pour que la vénération de sa mémoire ait été si grande. Une Église fut d'ailleurs construite en son honneur par le peuple romain, et elle porte encore son nom. La Liturgie locale est une autre indication de cette vénération, puisque le canon eucharistique romain dans lequel le rôle du pape saint Grégoire le Grand est bien attesté par son biographe Jean Diacre, le cite nommément après ses prédécesseurs Lin et Clet.

Bibliographie

- Clément de Rome «Épître aux Corinthiens» No 167 - 28 Euros
- Éditions du Seuil — collection Points — sagesses
«Les Pères apostoliques — écrits de la primitive Église - 7,95 euros

«Restons humbles, mes frères, rejetons tout orgueil, toute vanité, toute jactance, tout emportement, et accomplissions ce qui est écrit : «Que le sage dit l'Esprit saint, ne s'enfle pas de sa sagesse, ni le fort de sa force, ni le riche de sa richesse, mais qui veut se glorifier qu'il se glorifie dans le Seigneur, et de le chercher et d'accomplir le droit et la justice» ...

«Il est juste et saint, mes frères, que nous obéissions à Dieu plutôt que de suivre des agitateurs dont les menées ne s'expliquent que par l'orgueil et la plus basse jalousie. Car nous ne nous exposons pas à un simple désagrément, mais à un danger terrible, si nous donnons tête baissée, dans les ambitions de ces hommes qui fomentent disputes et séditions pour nous dévoyer. Restons bons les uns envers les autres, à l'image de compassion et de douceur donnée par notre Créateur. Les doux habiteront la terre, est-il écrit, les innocents y seront laissés, mais les méchants seront exterminés.

«Le Christ appartient aux humbles, non à ceux qui se dressent au-dessus de son troupeau».

«Que chacun de nous, mes frères, à son rang, essaie de plaire à Dieu, gravement et avec une conscience droite; qu'il ne transgresse pas la règle assignée à son ministère.»

«Est-il parmi vous un homme généreux, sensible , rempli de charité ? Qu'il dise : Si par ma faute éclatent discordes, séditions, schismes, je quitte le pays, je pars où vous voudrez, je me soumets aux décisions de la multitude pourvu que le troupeau du Christ reste en paix avec les presbytres en place. Celui qui agira ainsi se couvrira de gloire auprès du Christ et toute contrée lui sera ouverte. Car au Seigneur la terre et toutes ses richesses. Ainsi ont agi et agiront ceux qui se conduisent en hommes de Dieu : ils n'auront rien à regretter.»

saint Clément de Rome (Épître aux Corinthiens)

tre prt chaque jour accueillir toutes les preuves, comprenant qu'elles sont toutes le fruit de tes nombreuses offenses, et rendre grce au Dieu saint : c'est par elles qu'on obtient l'assurance qui ne doit pas, selon le grand Aptre : L'preuve produit la patience, la patience, la vertu prouve, la vertu prouve, l'esprance, et l'esprance ne doit pas. (Rom 5,3-4) En effet, ce que l'oeil n'a pas vu, que l'oreille n'a pas entendu et qui n'est pas mont au cur de l'homme, (1 Cor 2,9) cela, selon la promesse qui ne ment pas, appartiendra ceux qui, avec le secours de la grce, montrent leur patience grce aux preuves. Sans la grce, on ne peut rien mener bien.
saint Syméon l'Ancien (discours 13)

Évêque Nicolaï D. Velimirovitch

LA FOI DES SAINTS

CATÉCHISME DE L'ÉGLISE ORTHODOXE

(suite)


3.

LA PRIÈRE DOMINICALE

La meilleure prière que nous utilisons à la maison et à l'église est la prière dominicale. Elle s'appelle ainsi parce que c'est le Seigneur (Dominus en latin) Jésus Christ Lui-même qui l'a communiquée à ses disciples comme une prière modèle.

Q. Quelles sont les paroles de la prière dominicale dans l'évangile ?
R. "NOTRE PÈRE QUI ES AUX CIEUX,
QUE TON NOM SOIT SANCTIFIÉ,
QUE TON RÈGNE VIENNE,
QUE TA VOLONTÉ SOIT FAITE SUR LA TERRE COMME AU CIEL,
DONNE-NOUS AUJOURD'HUI NOTRE PAIN SUBSTANTIEL
ET REMETS-NOUS NOS DETTES COMME NOUS AUSSI LES REMETTONS À NOS DÉBITEURS,
ET NE NOUS SOUMETS PAS À LA TENTATION,
MAIS DÉLIVRE-NOUS DU MALIN.
CAR À TOI APPARTIENNENT LE RÈGNE, LA PUISSANCE ET LA GLOIRE, DANS LES SIÈCLES. AMEN."

Q. Quel est le contenu de la prière dominicale ?
R. D'abord l'invocation ou salutation, ensuite sept demandes et finalement la glorification.

Q. Comment commençons-nous ?
R. Nous commençons par une invocation à Dieu, en L'appelant : "Notre Père" ?

Q. Pourquoi ne disons-nous pas "Mon Père" ?
R. Seul l'unique Fils de Dieu incréé mais engendré, Jésus Christ, a le droit d'appeler Dieu "mon Père", nous en revanche, qui sommes des fils et des filles créés et adoptés seulement de Dieu par le sacrifice d'amour du Christ, sommes honorés d'appeler son Père notre Père (Jn 1,12).

Q. Y a-t-il une autre raison pour que nous appelions Dieu notre Père ?
R. Oui, une importante raison sociale. Le Christ voulait que nous nous aimions les uns les autres comme frères. Mais seul ceux qui reconnaissent un seul père peuvent être considérés comme frères.

Q. C'est-à-dire : Quand nous appelons Dieu NOTRE PÈRE, nous nous appelons en conséquence les uns les autres NOS FRÈRES ? Est-ce bien cela ?
R. Parfaitement. Il n'y a pas de fraternité sans une commune paternité.

Q. Pourquoi n'appelons-nous pas Dieu : "notre Créateur" ?
R. Parce que Dieu est le Créateur de toutes choses, mais Il est plus que Créateur, Il est le Père de tous les hommes qui sont nés de nouveau par l'Esprit saint et sont fait ainsi "Enfants de Dieu" Car ils ne sont plus de simples créatures, mais enfants.

Q. Pourquoi disons-nous : "qui es aux cieux" ?
R. Parce que la demeure éternelle de Dieu est aux cieux, c'est-à-dire au-delà de l'espace et du temps, et non pas limitée à la terre comme les faux dieux des idolâtres, des adorateurs de la nature ou des hommes.

1. LA PREMIÈRE DEMANDE

Q. Quelle est notre première demande dans la prière dominicale ?
R. "Que ton Nom soit sanctifié".

Q. Que voulons-nous par cette demande ?
R. Nous demandons l'Aide de Dieu pour que son Nom soit respecté par les hommes et gardé saint au-dessus de tous les Noms du monde. Dans le Nouveau Testament lorsque Dieu n'était connu que comme Créateur et Juge, les hommes ne devaient pas "prendre le Nom de Dieu en vain". Mais avec la nouvelle Loi d'amour, nous sommes obligés de faire bien plus au-delà de cela, c'est-à-dire nous devons établir dans notre propre vie et partout autour de nous la vénération du Nom très saint de notre Père, et même de mourir pour ce Nom comme des myriades de martyrs chrétiens l'ont fait.

2. LA DEUXIÈME DEMANDE

Q. Quelle est notre deuxième demande dans la prière dominicale ?
R. "Que ton Règne vienne".

Q. Que voulons-nous par cette demande ?
R. Nous demandons l'Aide de Dieu pour que le Royaume céleste de la sainte Trinité dans l'unité soit établi dans nos âmes, dans nos familles, dans notre nation et dans le monde entier.

Q. Pouvons-nous l'expliciter davantage ?
R. Comme le saint Père, le saint Fils et le saint Esprit sont un dans une harmonie, une paix, une puissance et une gloire éternelle, ainsi nous souhaitons que notre intellect et notre cÏur soient un comme notre original divin dont notre âme est l'image. Donc, que ce qui est dans l'original puisse se retrouver aussi dans l'image.

Q. Comment pouvons-nous savoir que le Royaume de Dieu est venu ?
R. "Le royaume de Dieu est la justice, la paix et la joie, par le saint Esprit" (Rm 14,17). Lorsque nous voyons cela réalisé dans notre âme et aussi parmi les hommes autour de nous, nous pouvons être sûrs que le Royaume de Dieu est venu.

3. LA TROISIÈME DEMANDE

Q. Quelle est notre troisième demande dans la prière dominicale ?
R. "Que ta Volonté soit faite sur la terre comme au ciel.".

Q. Que voulons-nous par cette demande ?
R. Nous demandons l'Aide de Dieu pour que nous arrêtions de vaciller entre Dieu et Satan, entre le bien et le mal et qu'en rejetant carrément la volonté de Satan, nous puissions nous soumettre entièrement à la Volonté de notre Père, comme notre Seigneur Jésus Christ le fit quand Il pria à Gethsémané : "Non pas ce que Je veux, mais ce que tu veux".

Q. Pourquoi disons-nous "comme au ciel" ?
R. Parce qu'au ciel les anges et les saints obéissent de tout cÏur et avec joie à la Volonté de Dieu. Sa Volonté est la leur, ce qui les rend éternellement heureux. Et c'est ce que nous demandons pour nous-mêmes aussi sur terre.

4. LA QUATRIÈME DEMANDE

Q. Quelle est la quatrième demande dans la prière dominicale ?
R. "Donne-nous aujourd'hui notre pain substantiel.

Q. Que voulons-nous par cette demande ?
R. Premièrement, nous confessons par là que sans la Puissance et la Pitié de Dieu nous ne pouvons pas nous maintenir en vie même un seul jour;
Deuxièmement, comme nous pouvons mourir n'importe quel jour, nous demandons à Dieu de nous épargner la bêtise d'accumuler des richesses pour un avenir lointain, pendant que notre prochain peut être mourant du manque du pain substantiel. En d'autres mots, nous demandons à Dieu de ne nous donner ni moins ni plus que ce dont nous avons besoin.

Q. De quelle sorte de pain s'agit-il ici ?
R. De deux sortes, du naturel et du spirituel. Car nous ne pouvons avoir ni l'un ni l'autre sans la Grâce et la Pitié de Dieu. Le pain naturel vient de la terre et le spirituel du ciel. Le premier est pour le corps, le second pour l'âme. Au sujet du pain naturel, le Christ a dit : "L'homme ne vivra pas de pain seulementÉ" (Mt 4,4), et au sujet du pain spirituel, Il a dit : "Je suis le Pain de vieÉ qui descend du ciel, afin que celui qui en mange ne meure point" (Jn 6, 48,50). Ainsi, notre principal pain substantiel est le Christ Lui-même et l'autre y est ajouté.

5. LA CINQUIÈME DEMANDE

Q. Quelle est la cinquième demande dans la prière dominicale ?
R. "Et remets-nous nos dettes comme nous aussi les remettons à nos débiteurs".

Q. Que voulons-nous par cette demande ?
R. Nous demandons l'Aide de Dieu pour que nous soyons prêts à pardonner les offenses de notre prochain contre nous, et qu'Il nous pardonne nos offenses en conséquence. Car il est dit aussi des mêmes lèvres : "Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses" ( Mt 6,14-15).

6. LA SIXIÈME DEMANDE

Q. Quelle est la sixième demande dans la prière dominicale ?
R. "Et ne nous soumets pas à la tentation."

Q. Que voulons-nous par cette demande ?
R. Nous demandons à Dieu de Se souvenir de nos faiblesses humaines et de ne pas nous éprouver par des afflictions lourdes pour notre édification, ni de permettre au diable de nous tenter pour notre perte.

Q. Quelle est la différence entre une épreuve que Dieu nous envoie et une tentation qui vient du diable ?
R. Elle est grande. Quand Dieu nous éprouve par des pertes ou des souffrances, Il le fait pour fortifier nos vertus, comme un morceau de fer est mis dans le feu pour devenir de l'acier. Le diable nous tente par contre par quelque péché ou vice dans l'intention de nous rendre pire, plus impur, plus faible et finalement pour nous séparer de Dieu et nous détruire complètement.


7. LA SEPTIÈME DEMANDE

Q. Quelle est la septième demande dans la prière dominicale ?
R. "Mais délivre-nous du malin."

Q. Que voulons-nous par cette demande ?
R. Nous demandons l'Aide de Dieu pour nous délivrer de celui qui est l'origine de tout mal.

Q. Qui est celui qui fait le plus de mal et de qui nous prions Dieu de nous délivrer ?
R. Satan. Tous les péchés et tous les maux qui s'ensuivent viennent de Satan. par conséquent, dans cette demande nous implorons notre Dieu qui est Lumière et Amour, de nous délivrer surtout du Malin qui est ténèbres et haine.

LA GLORIFICATION

Q. Quelle est la fin de la prière dominicale ?
R. C'est la glorification ou doxologie, comme suit : "Car à Toi appartiennent le règne, la puissance et la gloire, dans les siècles. Amen."

Q. Qu'est-ce que nous exprimons par cette glorification ?
R. Nous exprimons notre foi en Dieu qui est le Roi le plus puissant et le plus glorieux, le seul qui puisse combler nos vÏux. C'est pourquoi nous Le louons, nous Le glorifions et nous L'aimons.

Q. Que signifie le mot : "AMEN" ?
R. C'est un des Noms de Dieu. Le Seigneur a parlé à saint Jean en disant : "Voici ce que dit l'Amen, le témoin fidèle et véritable, le principe de la création de Dieu" (Ap 3,14) Nous finissons toutes les prières et toutes les louanges de Dieu par ce Nom : Amen. C'est comme si nous disions : Dieu, notre Vérité. Aussi quand nous prononçons un serment nous finissons par Amen, pour dire : ce que je dis est vrai comme la Vérité, ou comme Dieu.

à suivre

Jésus ne nous a rien laissé par écrit. Tout son enseignement fut transmis oralement et ce n'est que plus tard que les apôtres l'ont mis par écrit. Pourtant le Christ savait écrire et lire : Il lisait dans la synagogue : «Il se leva pour faire la lecture» (Lc 4,16) et Il écrivait sur le sol : «Mais Jésus, s'étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre.» (Jn 8,6)
Pourquoi le Seigneur ne nous a rien laissé écrit de sa Main ? C'est un mystère et Lui seul en sait la raison. Qu'est-ce qu'Il a écrit sur le sol lors de l'épisode de la femme adultère ? L'évangéliste ne nous l'a pas expliqué et on ne peut faire que des hypothèses. Probablement il y écrivait les péchés de ceux qui accusaient cette pauvre femme et c'est pour cela qu'ils se retiraient. «Accusés par leur conscience, ils se retirèrent un à un, depuis les plus âgés jusqu'aux derniers». (Jn 8,9)
hm. Cassien

Évêque de Cimiez, évêché maintenant rattaché au diocèse de Nice, Valérien avant son entrée dans la vie monastique (Lérins) était un fin lettré. Dès son ordination il souscrivit à plusieurs conciles régionaux en particulier ceux de Riez en 439 et d'Arles en 453. Il nous a laissé plusieurs belles homélies et une épître adressée aux moines de Lérins. On lui attribue une paternité de la légende de Saint Pons, décapité à Cimiez en 258.
C'est sous Saint Valérien qu'eurent lieu les premières évangélisations du Haut Pays Niçois. C'est également de son épiscopat que l'on peut dater l'ensemble paléochrétien de Cimiez. La basilique possède une nef de 27 mètres de long sur 9 ou 10 de large. L'ancienne cathédrale était construite sur l'emplacement des anciens thermes des femmes (dit aussi thermes du nord), et s'accompagnait d'un baptistère. Celui-ci formait une rotonde de huit colonnes, au centre de laquelle se trouvait la cuve baptismale de près de 2 mètres de diamètre. Son existence fut très courte, et l'on pense qu'elle fut uniquement contemporaine de l'épiscopat de Valérien, d'autant que l'on constate l'abandon de la vie civique sur Cimiez dans le troisième tiers du Vme siècle au profit de la butte de Nice. C'est à la mort de saint Valérien que le pape Hilaire décida de l'unification des deux sièges, sous l'autorité d'un seul titulaire.


Saint Valérien de Cimiez (+ v. 460)

HOMÉLIE 11

(Sur la parole : Que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur. (1 Cor 1,31)


Ils ne pensent pas correctement, très chers, ceux qui croient que les faveurs de cette vie sont attribuables à leur propre labeur, et que l'on peut s'attribuer des mérites sans le secours des vertus divines du Tout-Puissant. Si en effet il nous appartient d'être bons, pourquoi sommes-nous soumis aux vices ? Et si tout découle de nous, au mépris de ce qui peut pourvoir ou sauver les hommes, pourquoi nous enfermons-nous dans la loi des choses périssables ? Il a dépassé assurément les superstitions les plus sacrilèges, celui qui soustrait à Dieu — de qui nous avons reçu l'Esprit de sagesse — sa part dans nos justes labeurs : c'est Celui qui descendit de son trône de justice qui dirige tout homme et enflamme l'esprit des mortels pour le bien. C'est à Dieu que nous devons attribuer tous les insignes de nos labeurs, si nous ne voulons pas qu'Il nous retire les dons de l'Esprit saint. Et c'est par le vice d'un orgueil démesuré que nous désirons attribuer au simple soldat, alors même que l'empereur combat, la palme de la victoire. Vous pouvez vraiment, si vous le voulez, reconnaître à qui est imputable le mal, et à qui le bien, lorsque le Prophète dit : Tu fais du bien à ton serviteur, ô Seigneur (Ps 118,65); et ailleurs : L'insensé dit en son cÏur : il n'y a point de Dieu ! (Ps 13,1) Vous le voyez donc, c'est à la divinité que nous devons attribuer nos bonnes actions, et c'est aux caprices humains que nous devons imputer les mauvaises : car si les bonnes actions ont leur cause dans la toute-puissance du Seigneur, de même les mauvaises naissent sous l'instigation du diable. Et puisque vous comprenez que la vie est une faveur divine et la mort une soumission au diable, écoutez ce que dit l'Évangéliste : Venez mes fils, prenez avec moi possession du royaume promis dès la fondation du monde. Car j'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger. (Mt 25,34-35). Mais aux autres, il est dit : Allez vous en loin de moi, maudits, vers le feu éternel, car vous ne m'avez pas donné à manger. (Mt 25,41-42). Vous voyez par conséquent que c'est du ciel que dépendent les bonnes actions, tandis que c'est aux séjours infernaux que sont assignées les mauvaises. Aussi existe-t-il une division au sein de nos actes : lorsque nous faisons le bien, nous sommes du Christ; lorsque nous opérons le mal, nous passons sous l'emprise du diable. En vérité, jamais le Seigneur ne se détourne d'une volonté qui s'ouvre au zèle religieux : et les consolations divines ne manquent pas là où se montrent les Ïuvres fréquentables. Mais par la suite le bien nous abandonne complètement, et le moins bien lui succède; en effet, dès lors que nous nous préoccupons de désirs iniques, il est certain que le secours divin nous délaisse. Cela ne fait aucun doute : l'assistance de notre Dieu et Sauveur nous éloigne de l'emprise du pouvoir diabolique; mais il est facile pour l'ennemi de s'emparer de la demeure vide que le Seigneur des vertus a désertée. Aussi n'y a-t-il pour nous qu'une seule espérance de salut : imputer les maux à nous-mêmes, et attribuer à la vertu divine tout bienfait. Oui, c'est bien vite qu'il laisse entrer chez lui l'empire du pouvoir diabolique, celui qui n'a point mérité d'obtenir les consolations de la Majesté divine ! Si nous voulons être bons, nous devons espérer dans le Seigneur, et, lorsque nous avons fait le bien, c'est en Lui que nous devons nous glorifier. Écoutez ce qu'en dit l'Apôtre : Qu'as-tu donc que tu n'aies reçu ? Si tu as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l'avais pas reçu ? (1 Cor 4,7) La glorification de nos actes ne s'accomplit que si nous nous glorifions dans le Seigneur, car c'est au vainqueur que revient la couronne des vertus. C'est seulement après avoir souffert volontairement la croix pour le nom du Seigneur que l'homme doit être glorifié; cette glorification cependant ne porte des fruits que si elle a le mérite de s'accomplir avec le secours de Dieu. Le Prophète en effet dit à ce sujet : Si le Seigneur n'édifie la maison, c'est en vain que travaillent les bâtisseurs : c'est en vain que veillent ceux qui la gardent (Ps 126,1). Vous le voyez donc, ce qui est bon ne pourra être construit sans le Seigneur, et ce qui est achevé ne pourra se garder sans Lui.
L'édification de cette maison divine, c'est notre vie, qui doit être fortifiée avec l'aide de la Majesté divine. Aussi devons-nous constamment implorer notre Christ de faire croître en nous le bien et Le prier de le préserver en nous : de sorte qu'Il dispose nos cÏurs à attribuer tout bien à la puissance de la gloire céleste. C'est en effet pour l'homme le germe de toute déraison que de s'approprier un labeur résultant de l'efficacité d'autrui. Ainsi s'enorgueillit-il de ses richesses, ainsi se plaint-il de sa pauvreté : si nos bonnes Ïuvres résultent de nos propres mains, pourquoi ni la pénurie ne cesse, ni les richesses ne durent, alors même que nous le désirerions ? Ainsi se vante-t-on d'une santé vigoureuse, ainsi se lamente-t-on de quelque douloureuse infirmité, et si le salut de notre vie résidait en un pouvoir humain, jamais le mendiant ne serait en danger, jamais l'infirme ne décéderait. Que chacun enfin recherche aux origines de sa vie et se demande quel est l'auteur du genre humain : qui a formé le corps, qui a composé les membres, qui a animé la matière terrestre pour le service de l'homme.1 N'est-ce point le Seigneur qui prodigua à toutes ces choses les soins de sa Sagesse ? Et si ce que nous sommes ne vient pas de nous, comment ce que nous avons peut-il nous appartenir ? C'est pour toi la source de toute déraison, alors qu'à un autre tu dois le bénéfice de la vie, que de t'attribuer la dignité de toute vertu ! Ainsi les honneurs deviennent-elles source d'exaltation, pour celui qui se flatte de son intégrité corporelle : il s'impute la perfection de son labeur, celui qui attribue aux travaux assidus la science de sa doctrine. Et nous ne pouvons nous empêcher de mesurer les dignités de la vie religieuse à l'application de notre labeur. Or, Dieu est là où se trouve une intention religieuse intègre, comme le déclare l'Apôtre : Vous cherchez une preuve que le Christ parle en moi ? (2 Cor 13,3) Là où n'est pas requise l'aide de Dieu, la meilleure application humaine bat sérieusement de l'aile. La foi assurément est dans un grand danger, lorsqu'elle ne se munit pas du parrainage divin. Par conséquent, il est nôtre de vouloir le bien, mais il appartient au Christ d'achever ce travail.2 C'est ainsi en effet que s'exprime l'Apôtre : Il est à ma portée de vouloir le bien, non de l'acquérir (Rom 7,18). Tu le vois donc, la volonté d'Ïuvrer pour le bien doit découler de nous, mais le parachèvement dépend du pouvoir divin. C'est pourquoi il arrive à tant de mortels même d'attribuer le bien à leur propre labeur, comme dit le Prophète : Il n'en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul (Ps 13,3). Et l'évangéliste n'enseigne-t-il pas semblablement que nul n'est bon, si ce n'est Dieu seul ? Vous le voyez donc, si quelquefois nous apparaissons bons, en fait nous ne faisons qu'opérer la bonté de Dieu. Écoutez ce qu'en dit l'Apôtre : Vous, vous êtes le temple de Dieu, si du moins l'Esprit de Dieu habite en vous (1 Cor 3,16). Nous sommes certes le temple de Dieu : mais lorsque nous faisons le bien. Si donc l'homme est le temple de Dieu, ce que nous avons dans ce temple vient nécessairement de Dieu. Mais nous avons dit cela pour les bons. Là où s'assemble une multitude de vices, là par contre n'est pas le temple de Dieu. Car en quelque lieu que prolifèrent les crimes, là règne le Diable. Il est évident que c'est vers celui-ci que regardent les pompeuses richesses, en prétendant à la suprématie sur une vaste demeure. Nous régissons à la place du régisseur lorsque, quelque profit lucratif que nous ayons fait, nous le rapportons au Seigneur, lorsque, quelque tort que nous ayons fait, nous l'attribuons à une chute du Régisseur. Tout ce qu'a fait le serviteur placé entre les mains du Seigneur, vient nécessairement du Seigneur. Tout serviteur a la reconnaissance de son travail, mais c'est au Seigneur qu'il doit le fruit de l'achèvement de l'Ïuvre. Ensuite, si l'on prête cet argent au serviteur utile, c'est à intérêt, afin que le Seigneur le récupère au double. Tournez donc vos regards vers l'usage du commerce humain, et comprenez qu'à l'utile serviteur on prête cet argent à intérêt, afin que le Seigneur le récupère au double; car c'est ainsi que l'évangéliste s'adresse à celui qui a rendu au Maître revenu de voyage un profit d'argent quadruplé : C'est bien, bon serviteur, en peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t'établis; entre dans la joie de ton Seigneur (Mt 25,23). Ainsi est loué le Seigneur en son bon serviteur; et le bon serviteur est proclamé par le Seigneur. D'où nous devons veiller à ne pas attribuer à nos vertus ce qui a trait à la gloire d'une bonne Ïuvre, sachant que ce n'est pas de jactance que se compose la couronne victorieuse, mais de foi et de reconnaissance envers la passion du Seigneur, auxquelles correspondent nos labeurs en vue des bonnes Ïuvres. C'est cela que désigne cet «argent», auquel nous disons que correspondent les bienfaits du royaume céleste. Là est cet intérêt doublé d'un juste profit. Là est la rétribution réservée aux mérites, et promise en retour des bienheureux travaux. Multiplions donc en nous la piété, la foi, la miséricorde, la bonté : afin que, lorsque le Seigneur viendra faire les comptes avec ses serviteurs, nous entrions dans la joie de notre Seigneur Dieu. Ce que nous pouvons aisément obtenir, si jusqu'à la fin nous servons les ordonnances célestes. Mais pour être jugés dignes du salaire, nous ne devons pas travailler oisivement. Les choses honnêtes découlent même volontiers des justes actions, si toutefois l'âme ne s'occupe pas de voluptés perverses — lesquelles ne s'éventent pas facilement, lorsqu'on ne recherche aucune consolation divine. Quiconque est là où se trouve le salut de l'homme, fondé sur l'ordre religieux, ne s'exalte point de la gloire de la sainteté : il réserve bien plutôt le fruit de son travail au Seigneur, qui apparie les dons célestes aux mérites de chacun. Qui donc se glorifie, qu'il se glorifie dans le Seigneur. Par conséquent, très chers, en tout travail on doit agir de telle sorte qu'une foi pure dans le Seigneur donne du prix à notre vie, que nulle exaltation humaine ne revendique pour soi ni ne se gratifie de ses travaux. Il a même perdu toute sa peine, celui qui a imputé à ses propres vertus le fruit de la sainteté.



Notes.

1. Ce thème était déjà développé dans le Commonitorium de saint Orens d'Auch (livre I, vers 99-168).
2. . Cf. saint Jean Chrysostome : Tout nous vient de Dieu, mais pas de manière à ruiner notre liberté : tout dépend à la fois et de nous et de Lui. Il nous faut avant tout choisir le bien ; lorsque nous l'avons choisi, il nous montre sa collaboration. Il nous revient de choisir et de concevoir le désir, ce qui revient à Dieu est d'accomplir et de parfaire. (Homélie sur l'Épître aux Hébreux; 12,3)

La seule contrition vraie est celle qui pleure devant un Dieu qui pardonne et non celle qui tremble devant un Dieu qui châtie.

Chacun préfère sa propre opinion à celle des autres. Et pourtant, chacun attache une importance démesurée à l'opinion que les autres se font de lui. L'orgueil cède le pas à la vanité.

Gustave Thibon
L'ILLUSION FÉCONDE

BAPTEME DANS LA RIVIERE PAR LE PERE JEAN
LA DIVINE LITURGIE À

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