NUMÉRO 107
SÉPTEMBRE 2004

 Bulletin des vrais

chrétiens orthodoxes

sous la juridiction de

S.B. Mgr. Nicolas

archevêque d'Athènes

et primat de toute la Grèce

Hiéromoine Cassien
Foyer orthodoxe
F 66500 Clara
cassien@orthodoxievco.info

 SOMMAIRE

NOUVELLES

LE VRAI PROBLÈME

Hiéromartyr BENJAMIN Troïtsky, évêque de Baïbinsk et de Sterlitamak, et ses compagnons martyrs MICHEL Troïtsky, prêtre, PHILARETA, moniale, et NATALYA Pavlovna Nikolskaya

SAINT CHRISTOPHORE ÉTAIT-IL CYNOCÉPHALE

 LES PÈRES DE L'ÉGLISE (suite) : SAINT IGNACE D'ANTIOCHE

VIE DE SAINTE XENIE DE PÉTERSBOURG suite et fin

LA FOI DES SAINTS Catéchisme de l'Église Orthodoxe (suite)

NOUVELLES

Entre mes fréquents voyages et toujours avant mon départ pour le Cameroun, je termine ce bulletin. Dès que mon nouveau passeport sera arrivé, j'organiserai le départ pour la mission.
Sinon rien de nouveau.

Lors de l'Exaltation de la sainte Croix,
vôtre

en Christ

hiéromoine Cassien

Le troisième fils de Jean et d'Eugénie Béziat fut baptisé à l'ermitage,

au nom de Samuel, au mois de juin.


Transforme et transfigure ton serviteur, change mes crimes en vertus, ô seule Trinité non soumise à changement, et fais-moi resplendir au reflet de ta clarté.
Octèque (canon triadique, mode 6, ode 4)

LE VRAI PROBLÈME

Mt 8,23-27; Mc 4,35-41; Lc 8,22-25

Lorsque la tempête se leva sur la mer, les disciples eurent peur pendant que Jésus dormait. Combien de fois cela nous arrive d'avoir peur en face de difficultés de la vie ! Mais plus loin, l'évangile nous montre le vrai problème : «Pourquoi avez-vous si peur ? Comment n'avez-vous point de foi ?» (Mc 4,40). Comment la barque aurait-elle pu faire naufrage puisque le Seigneur était à bord ? Le Seigneur se serait-Il noyé avec les disciples, Lui le Maître de l'univers à qui obéissent les éléments ? Ce n'est que notre manque de foi qui peut imaginer pareille chose. Certes, si Dieu n'est pas avec nous, tout peut nous arriver, mais avec une foi sans faille, chaque problème trouve une solution. Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu. La peur est donc due à notre foi défaillante. D'autre part, à travers les épreuves, notre foi s'affermit et elle nous incite à nous tourner vers Dieu. Le Seigneur semble dormir. Pourtant «Il ne dort, ni ne sommeille, comme dit le psaume, Celui qui garde Israël.» Comment Dieu peut-t-Il être absent dans nos épreuves, Lui qui est partout présent et qui est près de ceux qui L'invoquent ? Le vrai problème n'est donc pas les difficultés de la vie - le Tout-Puissant peut nous en tirer, comme l'évangile montre - mais notre peu de foi et notre manque de prière.
hm. Cassien

Ils sont peu nombreux ceux qui supportent malheurs et persécutions simplement parce qu'ils vivent pieusement, accomplissant ainsi les paroles de l'Apôtre : «Tous ceux qui veulent vivre pieusement seront persécutés.» Tous les autres supportent malheurs et maladies pour être purifiés de leurs péchés passés, humilier leur esprit orgueilleux, ou recevoir le salut.
Starets Ambroise d'Optino (lettre du 7 mai 1883)

Hiéromartyr BENJAMIN Troïtsky, évêque de Baïbinsk et de Sterlitamak, et ses compagnons martyrs MICHEL Troïtsky, prêtre, PHILARETA, moniale, et NATALYA Pavlovna Nikolskaya.

traduit de l'anglais par Jean Béziat

L'évêque Benjamin, dans le monde Alexandre Vasilyevich Troïtsky, naquit dans le village de Tysyatskoye (Novotorzhsky Uyezd; province de Tver, Russie occidentale), vers 1893 (1896 ou 1901 selon d'autres sources), au sein de la famille du prêtre du monastère de moniales de la Résurrection à Novotorzhsky. Il était le plus jeune de trois frères. L'un d'eux, le P. Michel, fut plus tard archiprêtre, tandis que l'autre, Paul, fut archimandrite dans l'Eglise des Catacombes. Benjamin Troïtsky accomplit ses études au Séminaire de Théologie de Tver.
En 1922, il fut tonsuré moine au désert de St Nil, et aurait été le sous-diacre de l'Evêque Théophile (Bogoyavlensky), qui l'ordonna prêtre. Il serait ensuite entré au monastère de Boris et Gleb à Novotorzhsky. Selon une autre source, très sûre, puisque émanant d'une des filles spirituelles de Benjamin Troïtsky, la moniale Sergeia (1903-1997) 1, il fut au contraire fait moine par l'archevêque André, qui pour son obéissance l'envoya à Oufa 2. En 1922 (deuxième semestre), il fut arrêté avec l'évêque Théophile, et le 23 février 1923 il fut exilé pour deux années à Tachkent, en Asie Centrale. Après sa libération (1925 ?) il se rendit à Oufa; alors archimandrite, il fut en 1928 3 consacré Evêque de Baïbinsk (diocèse d'Oufa) par l'évêque Job d'Oufa et Pitirim (Lodyguin), évêque de Nijgorod et vicaire d'Oufa 3. C'est alors, dit Mère Sergeia, que Vladyka Benjamin commença à célébrer dans notre église de St Syméon. Quelque temps passa, et il me fit moniale sous le nom de Ripsimia. J'avais alors 25 ansÉ L'évêque Benjamin célébra chez nous seulement un an. En 1929, il fut arrêté. A partir d'avril 1929 il serait devenu évêque de Sterlitamak (130 km au Sud d'Oufa). Il poursuivait le travail de son père spirituel, l'archevêque André, était un bon prédicateur, et combattait le rénovationnisme. En mai 1929 il se joignit aux «Josephites» 4.
Il fut donc arrêté, probablement en décembre 1929 3 (ou au début de 1930, selon d'autres sources). De nombreux moines, moniales et laïcs furent arrêtés avec lui. Les autorités, tentant de le présenter comme le chef de file d'une rébellion paysanne de la région de Troïtsky, voulaient le fusiller. Mais l'accusation ne fut pas soutenue. A la place, le 3 décembre 1930, on le condamna à 10 ans de camp avec confiscation des biens propres, et on l'envoya au camp de Vishera près de Petrograd. Il resta là 2 ans et y contracta une pleurésie qui le laissa avec un seul poumon valide. Il faillit aussi mourir d'une appendicite. Sa guérison miraculeuse est ainsi racontée par Mère Sergeia : Vladyka Benjamin était dans un camp situé au-delà de Petrograd. Il y tomba malade. A l'hôpital le médecin lui dit : «C'est une péritonite ; ce n'est pas la peine de vous opérer.» Et dans la nuit Vladyka avait vu en rêve saint Nicolas qui lui disait  : «Ta vie va être prolongée, non pour la joie, mais pour la douleur.» Vers le matin, une ouverture se forma sur le corps de Vladyka et le pus commença à en sortir. Il guérit, et le médecin avoua  : «C'est la première fois de ma vie que je vois une chose pareille.»
En 1932, il fut exilé dans la ville de Melekess dans la région d'Oulyanovsk (près de Dimitrovgrad, au centre de la Russie occidentale). En 1933 il écrivit à la moniale Sergeia (Ripsimia), alors en exil à Samarkande (Asie Centrale) : Viens ici. Attendue aussi à Oufa, elle reçut la bénédiction pour se rendre à Melekess, où elle demeura trois ans. L'évêque Benjamin reçut à Melekess la visite de son frère le protopresbytre Michel et sa famille. Il reçut aussi dans son exil la visite de Natalya Pavlovna Nikolskaya, qui auparavant avait été directrice d'un gymnase à Oufa. Elle vendit sa maison d'Oufa et s'en acheta une à Melekess, où elle vécut avec quelques moniales. Elle donna aussi à Vladyka Benjamin de l'argent pour acheter une maison. Mais en 1937 celui-ci fut de nouveau arrêté et on n'entendit plus jamais parler de lui. Selon une source, il aurait été fusillé à Melekess en 1937. Selon une autre, il serait mort le 6 septembre 1940 dans le district de Magadan (Sibérie orientale). Et selon une troisième source il serait mort en 1963, tandis qu'une quatrième source assure qu'il mourut en 1961 à la tête des «Andréites», en Yakoutie (Sibérie centrale).
Quelques personnes de son proche entourage furent arrêtées avec lui. Elles furent enfermées en plein hiver dans des cellules glaciales aux fenêtres brisées, avec une nourriture chaude tous les onze jours. Puis une nuit ces personnes furent toutes interrogées en même temps. Le frère de l'évêque Benjamin, P. Michel, fut sauvagement battu au point qu'il était impossible de le reconnaître : son visage ressemblait à une pomme cuite et on ne pouvait même plus voir ses yeux. Mère Sergeia faisait partie des suspects arrêtés avec l'évêque Benjamin et son frère; son témoignage est émouvant : En 1937 les arrestations recommencèrent. On nous emmenait tous, les uns après les autres  : pas seulement les hiéromoines ou les simples croyants, mais tous les gens sans exception. Ah  ! comme elles étaient effrayantes, ces arrestations  ! D'abord, ils arrêtèrent Vladyka Benjamin. Je ne sais combien de temps après, nous fûmes également arrêtés  : moi, le frère de Vladyka le prêtre Michel Troïtsky, la moniale Philareta, chez laquelle habitait Vladyka, et notre petite vieille Natalya Pavlovna. Il y avait une moniale qui habitait dans la même pièce que moi ; elle resta et moi, je fus arrêtée. L'audience eut lieu à Oulyanovsk. Pendant le premier semestre de 1937, on condamna tout le monde à 5 ans de prison, puis au deuxième semestre, à 10 ans ; mon procès eut lieu au mois de décembreÉ En prison, les gens étaient violemment battus. A travers la cloison, on entendait le bruit des coups et les cris. Le jour qui suivit l'interrogatoire, je rencontrai dans le corridor le père Michel - le frère de Vladyka. Il venait d'être roué de coups ; il était tout noir, avec les yeux enflés. Il me dit  : «Ripsimiouchka, toi, tu le sais, je ne suis pas coupable  !»É Il fut condamné par une troïka, et envoyé vers Arkhangelsk (Nord de la Russie occidentale) avec une moniale de 62 ans, Philareta. Ils moururent pendant le trajet, qui s'attardait dans des districts très éloignés du chemin à prendre. Natalya Pavlovna, ne pouvant supporter la mort de ses frères et soeurs en Christ, décéda dans la prison de transit suivante (Syzran, au Sud-Est d'Oulyanovsk) 3. Mère Sergeia poursuit : Après le procès, on me conduisit aussi à cette étape. Je marchais avec peine, je n'avais pas de forces, et dès que nous traînions un peu, les chiens nous attrapaient les pieds. Finalement, on nous emmena quelque part. La taïgaÉ La province de Sverdlovsk, la région de Serov, sur la SosvaÉ Au-delà, il n'y avait plus de route, plus de train ; c'était la taïga sans fin 5.


Notes.

1. J'ai eu la bénédiction de pouvoir rencontrer, en Février 1996, Mère Sergeia et ses moniales dans le Nord de la province de Tambov. Sa biographie a été rédigée par une de ses filles spirituelles, alors prénommée Olga et devenue moniale par la suite.
2. Oufa : grande ville du Sud-Ouest de l'Oural, à 1200 km de Moscou, aujourd'hui peuplée d'un million d'habitants. Selon Mère Sergeia, elle comptait 40 églises en 1925, avec à leur tête l'archevêque André, futur martyr de l'Eglise des Catacombes.
3. Source : Mère Sergeia.
4. «Josephites» : les hérétiques n'ont pas toujours été les seuls à être affublés de noms dérivant de celui de leur chef de secte; certaines hérésies, une fois au pouvoir, n'ont pas hésité à en faire autant avec les chrétiens orthodoxes, à commencer par le Christ lui-même (qualifié de «nazaréen»). Ainsi, les partisans de «l'Eglise Vivante», émanation du régime soviétique, et ceux du locum tenens récupéré par elle, le «patriarche» Serge (Déclaration Du 16 / 29 juillet 1927), appelaient «Josephites» les orthodoxes de l'Eglise des Catacombes se réclamant du seul successeur authentique et légitime du patriarche Tikhon, Joseph de Petrograd.
5. Ce lieu se situe dans le Nord-Est de l'Oural, à l'Est de Sverdlovsk (actuelle Ekarerinenbourg), à 1000 km d'Oufa. Là se trouvait le camp 0305 de Severouralsk. J'ai entendu Mère Sergeia préciser à ses enfants spirituels qu'en hiver, la température y descendait jusqu'à -55° C. ! La moniale y demeura dix ans.

Lorsque l'âme passe de l'erreur à la vérité, l'allure obscure de la vie se métamorphose en grâce lumineuse.
saint Grégoire de Nysse (le Cantique des cantiques, 2e homélie)

SAINT CHRISTOPHORE ÉTAIT-IL CYNOCÉPHALE 1 ?

C.P.(écheresse)

L'hagiographie est la littérature chrétienne qui relate la vie des saints de l'Église. Elle peut contenir des altérations accidentelles des événements réels, de même que des erreurs de toutes sortes. Elle contient parfois des éléments merveilleux dont il est, certes, difficile, voire impossible de vérifier l'authenticité historique, même dans le cas où les faits relatés sont contemporains ou de date relativement récente; d'autant plus s'ils sont multiséculaires. Mais cela ne veut pas dire que nous devions rejeter ces faits comme de purs produits de l'imagination.
D'une part, il est vrai que ce n'est pas en vue d'une rigoureuse véracité historique, mais pour la glorification des saints et l'édification des fidèles que la sainte Tradition garde ces biographies, et c'est la réalité spirituelle qui y est importante et non pas l'authenticité ou l'exactitude parfaite des faits historiques.
D'autre part, comme les évangiles, les prières et la musique liturgiques etc., les vies des saints s'étaient aussi transmises oralement pendant parfois des siècles, avant d'être consignées par écrit, et nous savons que la mémoire des hommes peut être défaillante.
Mais si la mémoire humaine est défaillante, les réalités spirituelles elles-mêmes sont toujours gardées par l'Esprit saint qui vit dans l'Église, et les inexactitudes ne sont jamais des inventions purement humaines.
De toute manière, même dans le domaine de l'historiographie profane, ce n'est que depuis relativement peu que l'on s'intéresse à l'exactitude. Bien des chroniqueurs des temps anciens écrivaient l'histoire dans un but précis, pour la louange de leur roi ou à la gloire de leur peuple, et les altérations des faits étaient souvent plus que grossières.
À l'époque moderne encore, à notre époque pourtant si soucieuse de l'exactitude scientifique, l'histoire peut être allègrement falsifiée en vue d'une idéologie quelconque : tous les historiens le savent.
Ce n'est pas parce que les vies des saints contiennent des erreurs, des déformations de faits qu'il faut pour autant les rejeter en bloc comme des fables. Dans l'Église, ce qui est important, c'est la foi en la réalité spirituelle des choses décrites. Qu'un fait soit attribué à tort à un saint à la place d'un autre a, à mon humble avis, moins d'importance.
Je voudrais maintenant illustrer ce que je viens de dire par un exemple : un détail de la vie du saint martyr Christophore (ou brièvement : Christophe).
Dans le n° 52 de notre bulletin "Orthodoxie", la rubrique du courrier des lecteurs fait état d'une curieuse représentation iconographique de saint Christophe :
"Question : Pourquoi représente-t-on parfois saint Christophe sur les icônes avec une tête de chien ?
Réponse : C'est une erreur des iconographes qui interprètent mal un trait de sa vie. Le saint qui était fort grand et beau, demandait à Dieu, par humilité, de rendre son visage semblable à un chien, c'est-à-dire laid comme celui d'un chien. Pourtant il n'a pas demandé de lui donner le visage
d'un chien comme l'interprètent mal certains iconographes."
Plusieurs icônes byzantines représentent en effet saint Christophe avec une tête de chien.
Saint Christophe donc, ne voulant pas s'enorgueillir de sa beauté, aurait fait cette prière à Dieu, qui a enlaidi son visage.
Cependant, selon le Synaxaire grec en français, saint Christophore, comme beaucoup de jeunes Barbares de la périphérie de l'Empire, était mercenaire dans l'armée romaine d'Orient au temps de l'empereur Dèce (3e siècle), et sa tribu d'origine était appelée "cynocéphale" par les Grecs pour une raison non encore élucidée.
On pourrait concevoir cette "tête de chien" comme le totem de la tribu dont saint Christophe était originaire. Mais nous n'en connaissons aucun élément probant.
En tout cas, la cause de sa représentation avec une tête de chien serait, selon une note du Synaxaire, que des iconographes tardifs, prenant le qualificatif "cynocéphale" à la lettre, auraient peint le saint avec une tête de chien.
L'année dernière (2003), un jeune Canadien, Félix Racine, s'est penché sur le problème dans un mémoire de maîtrise très intéressant et bien documenté concernant les "monstres" habitant les confins de l'Empire romain. Il a découvert que la "cynocéphalité" de saint Christophe est attestée dès le cinquième siècle par la Tradition de l'Église d'Orient.
"Pour les géographes romains et pour les Grecs avant eux, - poursuit-il - les confins du monde étaient peuplés de races fabuleuses : des géants, des hermaphrodites, des hommes sans tête et quantité d'autres. Plusieurs auteurs inclurent dans cette liste les Cynocéphales (du grec kunokephalos : «tête-de-chien»), une race de primitifs à tête de chien qui aboyaient plus qu'ils ne parlaient, qui habitaient les montagnes de l'Inde selon certains, l'Éthiopie selon d'autres. Malgré leur popularité, leur existence restait hypothétique et personne ne pouvait se targuer d'avoir visité leur pays."
La thèse de cet auteur est grosso modo que cette monstruosité relève de l'imaginaire pur et simple des Romains, qui attribuaient volontiers des traits extraordinaires aux différents peuples barbares lointains.
J'avoue que sa conclusion ne m'a pas convaincue, du moins pas pour saint Christophe.
Une règle stricte de l'iconographie est que l'on ne représente pas de choses imaginaires. Des réalités spirituelles transmises en images, des objets allégoriques, symboliques, oui, des traits mal compris ou exagérés de la Tradition, oui, mais pas un "saint inventé, monstre créé de toutes pièces", comme l'affirme l'auteur. La Tradition orale n'est pas basée non plus sur l'imaginaire.
Qu'étaient donc ces tribus "cynocéphales" dont parlent les légendes du cinquième siècle ?
Dans les contes folkloriques hongrois, il est souvent question de "Tartares à tête de chien". Je n'y avais jamais réfléchi : je pensais simplement que les Tartares, qui avaient envahi la Hongrie au 13e siècle, méritaient ce qualificatif à cause de leurs ravages et actes inhumains qui avaient mis le pays à feu et à sang à cette époque.
Il y a quelques semaines, j'ai reçu, d'un de mes compatriotes, un guide touristique très complet et illustré de sa ville natale, Csongrád, une des plus anciennes villes occupées par les Hongrois au 9e siècle et capitale de la première région hongroise évangélisée par Byzance.
En parcourant le livre, je suis tombée sur la photo d'un crâne humain curieusement allongé vers l'arrière et qui avait un peu la forme d'un crâne de chien.
J'ai lu fiévreusement l'article de deux pages qui s'y rapportait. Il s'agissait de la trouvaille d'un pêcheur du lieu, qui, en 1867, lors d'un éboulement de la rive de la Tisza 2, avait fait la découverte de ce qu'il appelait, d'après les contes folkloriques bien connus par tous les Hongrois, des sépultures de "Tartares". Après avoir jeté six autres de ces crânes déformés dans la rivière, il en avait offert un au maire de la ville, qui l'avait montré, à son tour, à un grand anthropologue de l'époque.
L'article qui commente cette trouvaille archéologique fait état d'une cinquantaine de crânes semblables découverts entre 1867 et 1938 dans la même région. Ils proviennent de sépultures dont le contenu rappellerait des objets funéraires caractéristiques de ceux des Guépides, peuple barbare dont
le royaume se trouvait à la frontière nord de l'Empire romain aux 5e et 6e siècles. L'étendue de ce royaume correspondait à peu près au territoire de la Grande Plaine hongroise et de la Transylvanie roumaine actuelles prises ensemble et comprenait en effet l'emplacement de la ville actuelle de Csongrád.
Selon les savants, ces crânes, qui faisaient ressembler la tête de leur porteur à une tête de chien assez insolite pour semer la terreur, étaient artificiellement allongés par un bandage spécifique porté dès l'enfance, en vue d'une défense plus efficace contre l'ennemi. Ces coutumes pouvaient très
bien exister avant l'apparition des Guépides dans la région, chez un peuple contemporain de Dèce.
La légende dit de saint Christophe, avec, sans doute, un peu d'exagération, que "né dans une tribu cynocéphale, ses yeux brillaient comme des flammes et ses défenses de sanglier terrifiaient les hommes".
Que croire maintenant ?
De toute façon, que la tête de saint Christophe fût enlaidie grâce à sa demande expresse à Dieu ou bien dès l'enfance par un procédé barbare, ne change rien au reste de son histoire, à sa lutte héroïque pour défendre les chrétiens contre Dèce, ni à son martyre.
Et dans les deux cas, sa "cynocéphalité" a des fondements vrais, même s'il ne faut pas la prendre à la lettre, comme l'ont fait certains iconographes, de façon trop concrète. À l'église, je me tiens devant le pupitre, avec, derrière moi, la fresque représentant saint Christophe qui traverse une rivière en portant le Christ sur l'épaule.
Un jour, comme cela arrive parfois, j'ai commencé à sentir très fort sa présence derrière moi. Ce jour-là, j'ai eu l'idée - et j'en ai pris l'habitude par la suite, sans jamais l'oublier - de le vénérer avant de me mettre devant le pupitre, en lui embrassant les genoux, et en lui demandant pardon de lui tourner le dos pendant tout l'office.
Un matin, je suis arrivée à l'église avec un lumbago terrible : je pouvais à peine me tenir debout, mais je n'aurais pas pu m'asseoir non plus. Vers le milieu de l'office, pour soulager ma douleur, je me suis appuyé le bas du dos contre le mur, tout en redemandant à saint Christophe derrière moi de m'excuser de lui présenter mon dos, et de façon si grossière en plus, mais j'avais très mal. Dans ma tête, j'ai ajouté : "Si cela se trouve, tu peux y faire quelque chose".
Je ne le lui ai pas demandé, mais à peine y ai-je pensé que mon mal de dos a complètement disparu.
Maintenant, qu'est-ce qui est le plus important pour vénérer le saint ? Est-ce la connaissance de l'origine d'une représentation erronée de lui ? N'est-ce pas simplement le fait que le saint martyr Christophe, vrai saint qui a existé, a plu au Seigneur et vit dans l'éternité, est présent dans son icône et que, quels que soient les menus détails de sa vie, vrais ou faux, nous fait du bien aujourd'hui, accorde sa grâce, et intercède pour nous auprès du Seigneur, comme tous les saints christophores ?


1 "à tête de chien" en grec
2 une des plus grandes rivières de Hongrie

Le disciple d'un grand ancien était combattu par l'impureté. L'ancien, qui le voyait dans la peine, lui dit : «Si tu veux, je vais prier le Seigneur de te retirer cette lutte. » Mais l'autre lui répondit : «Père, je vois bien que je suis dans la peine, mais je sens aussi le fruit qui naît en moi de cette peine. Demande plutôt à Dieu de me donner la force de tenir.» Son abbé lui dit alors : «Je vois maintenant, mon enfant, que tu as fait de grands progrès et que tu m'as dépassé.»

 LES PÈRES DE L'ÉGLISE (suite)

SAINT IGNACE D'ANTIOCHE

Athanase Fradeaud

Aujourd'hui, c'est bien vainement que le pèlerin chercherait la ville d'Antioche, à la charnière de la Turquie et de la Syrie. Les Turcs, pour l'avoir revendiquée au lendemain de la première guerre mondiale, l'ont obtenue pour ne veiller que sur un nom. Il n'en reste plus rien. En dépendaient quelques deux cent vingt diocèses au IV e siècle. Néanmoins, la gloire que s'est acquise ce siège a été plus solide que les murailles de la ville. Nul chrétien orthodoxe ne peut oublier cette Église d'Antioche, tant on la rencontre aux chapitres 11 à 14 des Actes des Apôtres (entre autres). N'est-ce pas là que les disciples furent appelés chrétiens pour la première fois ? La Sainte Écriture l'affirme : «Et Barnabas se rendit ensuite à Tarse pour chercher Saul; et, l'ayant trouvé, il l'amena à Antioche. Pendant toute une année, ils se réunirent aux assemblées de l'Église, et ils enseignaient beaucoup de personnes. Ce fut à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent appelés chrétiens" (Ac 11,25-26).
C'est aussi d'Antioche, que saint Paul partit enraciner l'Église en Asie Mineure et en Grèce. C'est à Antioche que vint l'apôtre Pierre pour y demeurer sept ans comme nous l'apprend saint Grégoire le Grand. Après avoir fondé l'Église d'Antioche où, comme l'apôtre Paul il scella son apostolat par le martyre.
Eusèbe de Césarée (Histoire Ecclésiastique 3,22) cite le nom d'Evodius après le départ de l'apôtre Pierre. Ce fut saint Ignace, appelé aussi le Théophore, qui succéda, à Evodius sur la chaire épiscopale antiochéenne.
Le deuxième siècle ne faisait que commencer. La nouvelle alliance comptait donc cinquante ans ou un peu plus. Tous les apôtres s'étaient endormis dans le Seigneur. Les Églises locales fondées par eux ou par leurs disciples se trouvaient entre les mains de chefs qui n'avaient pas vu le Seigneur de leurs yeux de chair, mais savaient «en qui ils avaient cru» (cf. 2 Tm 1,12). Ils avaient à leur disposition les deux formes de la Tradition : la tradition orale que les générations se transmettent et le récit des évangiles que Justin de Rome appelle «Les Mémoires des apôtres».
De la jeunesse de saint Ignace, on ne sait rien de certain. On suppose seulement qu'il était né dans le paganisme et qu'il s'était converti. Il nous est surtout connu par son martyre et par ses ultimes écrits où son enseignement et ses vertus nous montrent et la profondeur de sa foi et l'excellence de ses oeuvres. On en déduit forcément l'excellence de ce que fut la pastauration de son troupeau.
Il était déjà évêque de cette célèbre métropole, quand une persécution dont on ignore le motif s'abattit sur son Église. Sous l'empereur Trajan (85-117), le saint évêque est arrêté, jugé et condamné aux bêtes. L'empereur païen tient à ce qu'il soit mis à mort à Rome, qui se réserve les plus prestigieuses victimes pour illustrer sa fausse justice et une fallacieuse exemplarité. Exemplarité qui se retourne contre le paganisme, «le sang des chrétiens étant une semence de chrétiens.»
Ignace l'évêque théophore prit donc la route des confesseurs. Jamais route ne porta un tel nom aussi mérité, car c'est au cours de ce trajet que le martyr nous laissa le précieux témoignage de ses écrits. Écrits dans lesquels nous voyons l'Église dans son unité, sa catholicité et toutes les marques énumérées par le Credo. Son désir du martyre ne l'empêche pas de stigmatiser la cruauté impériale, qui lui envoie «dix léopards» pour le garder, la dureté de leurs traitements qui par le mal répondent à sa propre bonté.
Le voyage de la Syrie à Rome se fit tantôt par terre, tantôt par mer. L'évêque fit d'abord escale à Philadelphie de Lydie, et de là, arriva à Smyrne par la route de terre. C'était au mois d'août et le soleil était de plomb. Les chrétiens voient passer un groupe de prisonniers, solidement encadré par une escorte militaire. Le prestige d'Ignace était tellement grand qu'ils accourent avec leur jeune évêque Polycarpe, futur martyr lui aussi. Ils témoignent aux confesseurs de la foi un respect empreint de vénération.
Toutes les villes d'Asie qu'il ne traversait pas lui envoyaient des délégations «qui allaient de ville en ville.» Les Églises d'Éphèse, de Magnésie et de Tralles étaient là. Avec l'évêque Onésime, le diacre Burrhus et trois autres frères pour la première ville; avec Damas et Polybe, épiscopes des deux autres.
C'est à Smyrne que le Théophore écrivit ses lettres de gratitude «aux Ephésiens», «aux Tralliens», «aux Romains.» À cette Église de Rome «toute pure qui préside à la charité», il demande de n'entreprendre aucune démarche qui pourrait le frustrer de la palme du martyre : «Je suis le froment du Seigneur. Je dois être moulu par la dents des animaux pour devenir le pain immaculé du Christ».
Puis, comme s'il continuait de marcher sur les pas de saint Paul, il continua la route de son triomphe qui le mena d'abord de Smyrne à Troas. Là, il écrivit ses lettres aux Églises de Philadelphie, de Smyrne et une lettre à l'évêque Polycarpe pour le prier d'envoyer des délégués dans sa ville épiscopale, souci constant de son coeur pastoral, pour la féliciter de la paix retrouvée. Un bateau le transporta ensuite à Néapolis d'où partait la voie terrestre qui, passant par Philippes et Thessalonique, aboutissait à Dyrrachium (Durazzo) en face de l'Italie. Les Philippiens reçurent Ignace avec vénération et, après son départ, écrivirent à Polycarpe de Smyrne pour le prier de faire porter par son courrier la lettre qu'ils destinaient aux chrétiens d'Antioche et lui demander de leur envoyer, à eux, Philippiens, ce qu'il possédait des lettres d'Ignace.
C'est le dernier renseignement certain que nous possédons sur le saint évêque d'Antioche, avant que la pourpre du martyre n'enveloppe sa mémoire de gloire. C'est vers l'an 110 qu'il trouva, dans les arènes de Rome, la mort pour le Christ, qu'il avait tant désirée, avec les lauriers qui ne se flétrissent point.
L'oeuvre écrite du Théophore ne nous est connue que par sept lettres adressées aux Églises de Magnésie, Tralles, Rome, Philadelphie, puis à l'évêque Polycarpe. L'authenticité de ses lettres est aujourd'hui reconnue. Les critiques n'ont pu prévaloir contre les témoignages d'Eusèbe (Histoire Ecclésiastique III,22,36), d'Origène (prol. Cant. des Cant., In Lucam, hom. 6), de saint Irénée de Lyon (Contre les Hérésies V, 28,4), de saint Polycarpe (Philippiens 13. Elles ont été écrites à une date qui coïncide avec celle de la mort de saint Ignacet laquelle ne saurait être exactement fixée. Les actes du martyre donnent la neuvième année de Trajan (107), saint Jérôme (De Vir. 3,116) la onzième année du même règne (109). On ne se trompe donc que de peu en plaçant son martyre et la composition des lettres autour de l'an 110.
Le but principal que se proposait saint Ignace dans toutes ses épîtres était de donner le sens de l'Église à tous les fidèles auxquels il écrivait. Il les mettait en garde contre les erreurs et les divisions que tâchaient de semer parmi eux, certains «missionnaires» de l'hérésie et du schisme. La doctrine de ces derniers consistait en une sorte de gnosticisme judaïsant : d'un côté, ils poussaient à la conservation des pratiques juives; de l'autre, ils étaient adeptes du docétisme et ne voyaient dans l'Humanité du Christ qu'une apparence irréelle, comme si le Christ n'avait fait que semblant de s'incarner. De plus, ils se retranchaient de la communauté et tenaient à part leurs conventicules «liturgiques». Saint Ignace combattit leurs prétentions, affirmant que le judaïsme était périmé et insistait sur le rôle de l'évêque et de l'eucharistie. Comme collaborateurs subordonnés à l'évêque, Ignace distingue nettement un corps de prêtres et de diacres. Il s'exprimait ainsi : «Dans chaque Église, l'évêque préside en place de Dieu». «Que personne ne s'avise de faire quoique ce soit dans l'Église sans le consentement de l'évêque», «Là où paraît l'évêque, que là soit la communauté, de même que là où se trouve Jésus Christ, là se trouve l'Église Catholique» (Lettres aux Magnésiens 6,1; aux Smyrniotes 8,1 et 2; aux Éphésiens 20,2). L'enseignement de saint Ignace tient une place importante dans la Tradition orthodoxe, tant les communautés locales sont un facteur important dans l'édifice de l'Église «ou tout ensemble fait corps» et, lorsqu'au début d'une liturgie pontificale, l'évêque se tient au centre de l'église, au milieu des fidèles, la vision laissée par saint Ignace de ce que représente l'évêque en tant que centre d'unité de la communauté locale, est particulièrement frappante.

Je vous exhorte donc, non pas moi, mais la charité de Jésus Christ, à n'user que de la nourriture chrétienne, et à vous abstenir de toute plante étrangère, qui est l'hérésie. «Ce sont des gens» qui entremêlent Jésus Christ à leurs propres «erreurs» en cherchant à se faire passer pour dignes de foi, comme ceux qui donnent un poison mortel avec du vin mêlé de miel, et celui qui ne sait pas le prend avec plaisir, mais dans ce plaisir néfaste, il absorbe la mort.
saint Ignace (aux Tralliens 6,1)
Et comme l'a vu saint Ignace, l'unité de l'Église se traduit par l'eucharistie, constituée qu'elle est par une congrégation de fidèles, réunie autour de son évêque et célébrant les saints Mystères. L'Église universelle étant constituée par la communion de tous les évêques. C'est donc cet acte de communion qui est le critère de participation à l'Église. C'est dire que la participation au Corps et au Sang du Christ est conditionnée par l'appartenance à l'Église, Corps du Christ. Il explique notamment comment et pourquoi on ne peut participer au Corps et au Sang du Seigneur en dehors de l'Église qui est son Corps, pas plus que Le prier hors de l'enceinte salutaire de l'Église, son Corps.
Quant à l'épître d'Ignace aux Romains, son objet est spécial. Ignace craint que, mûs par une fausse compassion, les fidèles de Rome n'essaient d'empêcher son martyre. Il les supplie de n'en rien faire. Outre cela, la beauté de cette lettre a séduit toutes les générations et son caractère singulier n'a pas échappé aux historiens. Il importait seulement à Ignace le théophore d'atteindre le but : «Qu'il est glorieux - écrivait-il - d'être au soleil couchant, loin du monde, vers Dieu. Puissè-je me lever en sa Présence» (Lettre aux Romains 2,2). Et encore : «Il n'y a plus en moi de feu pour la matière; il n'y a qu'une eau vive qui murmure au-dedans de moi et me dit : viens vers le Père. Je ne prends plus de plaisir à la nourriture corruptible ni aux joies de cette vie; ce que je veux c'est le Pain de Dieu, ce Pain qui est la Chair de Jésus Christ, le Fils de David; et pour breuvage, je veux son Sang qui est l'amour incorruptible». Les historiens peuvent disserter sur le sens de ces expressions. Mais celui qui lit la Lettre aux Romains y trouve l'un des témoignages les plus émouvants de la foi de celui qui, à l'instar de l'apôtre, «a su en qui il a cru» (2 Tm 1,12). Et cela touche, car il dit vrai tant le feu de la véracité court sous toutes les lignes de cette lettre. Tel demeure le témoignage de ce théophore martyr. Il traverse les siècles pour réjouir ceux qui tiennent ferme dans l'humilité en nos temps d'apostasie et conforte "qui est faible dans la foi" (Rm 14,1). Que cette torche de l'Esprit nous garde les uns comme les autres unis dans la même espérance qui fut la sienne : «Maranatha. Viens, Seigneur Jésus» (Apo 22,20).

Bibliographie :

- Aux éditions «Sources Chrétiennes»
N° 10 bis - Saint Ignace d'Antioche : «Lettres» 25 euros
- «Société Migne - collection ÔSagesse Chrétienne'»
«Les Écrits des Pères Apostoliques» 15 euros
Un ancien racontait ceci : "Un frère fut tenté autrefois par ses pensées pendant neuf ans, à tel point que dans son anxiété il désespéra de son salut et se condamnait lui-même : "J'ai perdu mon âme, et puisque je suis mort, je retourne dans le monde." Et comme il s'en allait , il entendit une voix sur le chemin : "Les tentations que tu as supportées pendant neuf ans étaient tes couronnes. Reviens donc où tu étais, et je te délivrerai de tes mauvaises pensées. " Le frère comprit alors que l'on ne doit pas désespérer pour les pensées qui surviennent : ces pensées nous procurent plutôt des couronnes, pourvu que nous les supportions comme il faut. "

VIE DE SAINTE XENIE DE PÉTERSBOURG

suite et fin

RÉCIT DE MME GORÉVA

Je suis née à Pétersbourg, commença son récit Mme Goréva. Nous étions une famille bourgeoise, très aisée, nous avions nos chevaux et notre voiture, un grand nombre de serviteurs et toutes choses que la richesse peut généralement offrir. J'étudiais dans un lycée, et je me trouvais déjà en cinquième année, lorsque le malheur s'abattit sur nous. Les affaires de mon père s'étaient rapidement dégradées, au point qu'un jour la police vint chez nous pour dresser l'inventaire de tous nos biens, sans même exclure les robes. Mon père nous expliqua qu'il ne nous restait plus rien, car il avait perdu en bourse, par suite d'une escroquerie dont il avait été victime, trois cent cinquante mille roubles en actions.
À l'époque je ne me rendais pas compte de ce qui nous arrivait, mais ma mère reçut un choc terrible.
Elle se tourna vers l'icône, fit le signe de croix et murmura : "Seigneur, qu'il soit fait selon ta Volonté". Elle se soumit à sa Volonté avec une grande humilité, et elle m'enseigna la même attitude. "Ne perds jamais espoir, ma fille, quelle que soit la rigueur des épreuves passagères; souviens-toi toujours de la fin de Job qui avait tant souffert; nous n'avons perdu que de l'argent, or la vie ne se bâtit pas avec lui seulement, mais avec de bonnes gens. Prie le Seigneur pour qu'il te bénisse, en te donnant un bon et humble époux, et surtout qu'il ne soit pas buveur, et honore toujours, ma fille, la mémoire de la servante de Dieu la bienheureuse Xénie; elle sera pour toi une grande protectrice."
Ce n'est que bien plus tard que je pus comprendre la crainte de ma m ère que je n'épouse un mari ivrogne, mais à l'époque je me représentais à peine ce que signifiait être "buveur", car non seulement personne ne buvait de vin dans la famille, mais encore notre père avait-il interdit d'en conserver à la maison.
Peu de temps après notre ruine, mon père trouva une place de commis dans une grande société commerciale, et il perçut un salaire de soixante roubles par mois. Nous étions dans une situation très difficile, je dus quitter le lycée et prendre un emploi de caissière dans le magasin où travaillait mon père. À peine notre situation s'était-elle améliorée, qu'un grand malheur s'abattit sur nous à nouveau : ma mère, qui était devenue souffrante depuis le jour de notre malheur, décéda brusquement d'un arrêt au coeur; un an plus tard, décédait mon père d'une maladie du foie. Ainsi je devins entièrement orpheline, et je poursuivis mon travail dans le même magasin.
Deux ans après la mort de mes parents, j'épousais un collègue, comptable dans la même société, en trouvant en lui un homme de mêmes convictions que les miennes, et surtout la même attitude à l'égard de la religion, ce qui avait grandement contribué à notre rapprochement.
Mon époux se révéla comme un modèle d'homme de grande bonté; aussi les trois premières années de notre mariage s'étaient-elles écoulées comme un seul jour de bonheur. À ce moment-là j'avais deux fils. Mon mari un bon salaire, de sorte que nous ignorions la gêne, et il nous semblait que rien ne devrait mettre fin à notre bonheur. Mais le Seigneur
en jugea différemment.
Un soir, contrairement à son habitude, mon mari rentra à la maison très tard, et lorsqu'il entra dans la chambre, je le vis chanceler. «Je fus très effrayée, je me précipitai vers lui, en pensant qu'il avait un malaise; à ce moment il souffla, et je sentis une forte odeur de vin. Mon visage devait alors exprimer de l'inquiétude, car mon mari me dit avec rudesse et irritation, ce qui lui était étranger :
«Alors, que regardes-tu ? Qu'y a-t-il d'étonnant ? J'ai bu, eh bien ! Tu parles d'une affaire ! Un homme, avoir bu un peu à trente ans.
«Mais, répondis-je, personne ne te dis rien».
«Et il n'y a rien à dire ! Qu'est ce que tu fais là si tard ? Vas dormir.»
Je me couchais, mais je ne pus m'endormir. Un pensée me brûlait tel un feu : "Et si c'était le début".
Le lendemain mon mari se leva plus pâle que d'habitude, mais, bien que perdu dans ses pensées, il était calme et doux comme à l'ordinaire. Une semaine passa, et je commençais, déjà à retrouver la paix, lorsque soudain la chose se renouvela, mais cette fois de façon plus forte, et il n'y eut bientôt plus de doute que mon mari s'enivrait sans répit.
Les mois passèrent, puis une année. Il fut licencié de son travail; et moi, à la même époque, je mis au monde mon troisième enfant.
Depuis longtemps nous avions quitté notre logement, et nous vivions dans une petite chambre, située dans la région des Poskhi, avec le produit de mes gains provenant des travaux de couture. Mais que représentaient ces gains, avec trois enfants sur les bras. Le besoin, la gêne terrible nous serraient de plus en plus : nous étions endettés auprès de la vendeuse et de la logeuse depuis déjà deux mois. Que faire ? - Je me souviens qu'à la veille du terme, le soir, lorsque mon mari et les enfants dormaient tranquillement, notre logeuse vint m'annoncer qu'elle nous mettrait dehors purement et simplement, si je n'avais pas réglé le loyer le lendemain ou si je n'avais pas quitté mon mari "ivrogne". Que pouvais-je lui dire ?
Épuisée de fatigue et de soucis, j'étais tellement affaiblie que je me sentais sur le point de défaillir, mon coeur battant à un rythme accéléré, et surmontant ma faiblesse je lui dis : "Madame, je vous en prie, laissons cela aujourd'hui, demain je vous donnerai ma réponse". "Bien, dit-elle en se levant, mais en s'approchant de la porte, elle se retourna et renouvela sa menace. À peine avait-elle fermé la porte que mon regard se posa sur le portrait de ma mère; je laissai tomber ma tête entre mes mains et je me mis à sangloter amèrement.
"Maman, chère maman ! - les paroles tel un gémissement sortaient toutes seules - pourquoi, pourquoi m'as-tu oubliée, ta pauvre fille ? Prie pour moi, maman ! La prière d'une mère peut sauver du fond de l'abîme. Dis-moi, enseigne-moi ce qu'il faut faire ! Je n'ai plus de forces. Je ne peux plus continuer de vivre ainsi !
Jusqu'à la dernière minute j'avais prié le Seigneur avec insistance de délivrer mon mari de sa passion fatale, et le Seigneur n'avait pas daigne m'entendre. Mais ce n'était là qu'apparence. En fait, Il est miséricordieux et Il entend la moindre prière selon sa promesse indéfectible, mais quelquefois en voulant glorifier ses saints, Il exige que nous ayons recours à leur intercession, et c'est dans leurs prières, agréées par Dieu, que s'accomplissent nos désirs.
C'est, précisément, ce qui m'arriva. Après avoir invoque ma défunte mère, je voulais reprendre le travail, mais épuisée physiquement et moralement je m'abandonnais à moi-même, la tête reposant sur la table. Combien de temps suis-je demeurée dans cette position ? - je ne m'en souviens plus. Mais voici ce qui m'arriva pendant ce temps.
Je vis devant moi un jeune homme inconnu, habillé de façon très ordinaire, qui me tendit sa main droite et me dit impérieusement : "Viens". Il me semblait qu'une force invisible me soulevait, et je le suivis sans manifester d'opposition. Nous marchions longtemps en silence, en suivant de longues rues sombres, et en touchant à peine le sol, jusqu'au moment où nous arrivâmes devant un grand jardin. En regardant bien, je vis à travers les grilles de la porte d'entrée des croix blanches se dressant telles des apparitions au milieu de la nuit noire, et je reculais d'effroi en disant : "un cimetière". - "Oui, un cimetière, me répondit calmement mon compagnon, 'il y repose beaucoup de justes; la servante de Dieu Marie les craindrait-elle ?"- Et sans attendre ma réponse, il serra fortement ma main dans la sienne et il poussa les portes fermées qui s'ouvrirent devant nous sans bruit. Je remarquais dans le noir une lumière qui brillait au loin et je me réjouis tellement que je m'écriais : "Il y a une lumière."' - "Va vers cette lumière," me dit mon compagnon, et il ajouta ; "on t'y attend depuis longtemps". Puis il disparut, en me laissant toute seule. J'eus tellement peur, que je me mis à courir à toutes jambes dans la direction de la lumière et, en arrivant à proximité d'elle, je compris que je me trouvais devant une chapelle, d'où s'échappait une lumière semblable à un feu de bengale. Regardant de plus près, je reconnu la tombe de la bienheureuse Xénie où j'étais venue autrefois avec ma mère. À travers la porte fermée on pouvait entendre : «Mémoire éternelle». J'entrais et je vis ma mère agenouillée devant la pierre tombale. Des yeux de ma mère coulaient des larmes en telle abondance que toute la plaque tombale semblait en être inondée. Je tendis les mains vers ma mère, en criant :"Maman." - Et je revins à moi.
Ce n'est que très lentement que je me rendis compte que j'étais dans mon décors habituel, et, en retrouvant mes esprits, je me mis à réfléchir. Brusquement un voile sembla tomber de mes yeux. Je me rappelai très bien toutes les recommandations de ma mère que j'avais oubliées durant des années. Je compris que ma mère invoquait pour moi la bienheureuse Xénie de toutes ses larmes. Je décidais d'aller dès l'aube au cimetière de Smolensk pour faire célébrer une panikhide. Ainsi je fis, en laissant mes enfants avec mon mari, sachant qu'après avoir bien dormi il aura recouvert ses esprits.
Lorsque je m'approchait de la chapelle, les souvenirs de cette nuit se dressèrent si nettement dans mon esprit, que je revécu tout à nouveau, et, m'agenouillant, je demeurai ainsi durant toute la panikhide et même durant plusieurs panikhides suivantes à l'emplacement même où je vis ma mère. Comme si un certain poids m'avait quittée, je retournai chez moi légère et si pleine de rêves que je n'avais pas remarqué avoir déjà franchi la grande distance qui séparait le cimetière de Smolensk des Peakhi et être déjà entrée dans notre rue. Soudain, non loin de moi, retentit la sonnerie des cloches, et, en levant ma tête, je vis qu'en face de notre maison se trouvaient plusieurs détachements de pompiers achevant d'éteindre les restes d'un brasier qui se consumait à l'intérieur de la cour.
À la vue d'un tel spectacle, je fus d'abord comme pétrifiée, puis je me précipita en avant et, en approchant des pompiers, je criai d'une voix déchirant : «les enfants, mon mari !» - Tout en essayant de franchir le portail; mais j'eus une défaillance, tout chavira devant moi et je perdis connaissance.
Lorsque je revins à moi, je vis que j'étais dans une grande pièce claire et richement meublée. À mon chevet se trouvait un homme âgé qui me tenait la main et vérifiait mon pouls. Voyant que j'avais ouvert les yeux il s'adressa à une vieille dame qui se trouvait assise dans un fauteuil, et lui dit : "L'évanouissement est terminé, il n'y a plus de danger, il faut lui donner un calmant." Je revis nettement l'incendie et ma première question fut : "Les enfants, mon mari." - "Calmez-vous dit la vieille femme d'une voix douce, votre mari n'est que légèrement confusionné, quant aux enfants, ils sont tous sains et saufs; ils sont là, dans la pièce voisine, deux d'entre-eux sont endormis, vous pourrez voir le troisième tout de suite."
Voyant mon inquiétude, la vielle dame me sourit avec bienveillance et dit quelques mots à une autre vieille personne qui sortit immédiatement et revint de suite en tenant par la main mon fils aîné, quant aux deux autres enfants, ils furent apportés dans les bras par deux serviteurs. À la vue de mes enfants je me signai et, devenant plus calme, je demandai où je me trouvais.
"Vous êtes chez moi, dans l'appartement de la générale L.", me répondit la vielle dame." Je me rendais à la laure Alexandre-Nevsky pour la Liturgie, lorsqu'à la hauteur de votre maison j'entendis des cris "au secours, les enfants brûlent". Je m'arrêtai, descendis de ma voiture et m'approchai davantage de la maison. Grâce à Dieu, deux enfants avaient déjà pu être sauvés par les pompiers, en passant par les fenêtres, et le troisième - par votre mari qui s'était déchiré les vêtements et s'était foulé le pied en tombant, l'enfant fut rattrapé. Je ramenai alors tout le monde à la maison, ensuite mes serviteurs, qui vous attendaient là-bas, vous ont ramenée également. Votre appartement a pris feu dans la cuisine de votre logeuse et en moins d'une demi-heure tout avait brûlé, de sorte qu'aucun de vos objets n'a pu être sauvé."
- "Ce n'est rien", dis-je, "mes enfants et mon époux sont en vie. Que le Créateur soit loué ! Mais Madame, que de soucis nous vous avons causé !"
- "Ah, je vous en prie, ne pensez pas à cela", répondit-elle." Mon appartement est grand, vous ne sauriez me gêner. J'aime les enfants; vivez donc chez moi en paix, jusqu'au moment où vous serez rétablis et réinstallés.
- "Mais, où est mon mari ?"
- "Il est en bas; j'ai un appartement de deux étages", m'expliqua la générale, l'on lui fait un pansement. Il s'inquiétait énormément de votre absence matinale."
- "Je vous expliquerai plus tard où j'ai été ce matin", dis-je en réponse au regard interrogateur de la générale.
Le lendemain, j'étais debout. Mon mari resta au lit durant deux semaines encore, il se servit ensuite longtemps de ses béquilles.
Entre-temps nous fîmes plus ample connaissance avec la générale et nous éprouvâmes une affection mutuelle. Elle était veuve, âme bonne, charitable, sainte. Elle avait eu des enfants qui étaient morts jeunes, et, depuis, elle ne pouvait rester indifférente à la vue d'un enfant. Je lui racontai toute ma vie, sans lui cacher mon dernier grand malheur, la faiblesse de mon mari; je lui racontai aussi ma vision et où j'étais allé le matin fatal.
Après m'avoir écouté attentivement, la générale fit un profond signe de croix et se mit à réfléchir.
- "Vous savez, dit-elle en me fixant, je vois en tout cela la main de Dieu. Il fallait donc bien que cet incendie ait lieu le jour anniversaire d'un de mes enfants qui repose dans la Laure Alexandre-Nevsky ! Le Seigneur m'envoie des enfants vivants à la place des morts, et pour vous, en ma personne, un soutien dans votre existence si remplie d'épreuves. Il nous faut maintenant parvenir raisonnablement au but que le Seigneur nous a assigné.
Voilà, dit-elle, j'ai deux propriétés; l'une d'elles n'est pas très grande, elle se trouve dans la province N.; votre mari ne pourrait-il s'y rendre et occuper l'emploi de commis principal; il y a là-bas un vieil homme gérant; je lui écrirai. Votre mari pourra peut-être s'y rétablir."
- "Que Dieu nous aide", murmurai-je, en fondant en larmes.
Mon mari accepta la proposition avec reconnaissance. Depuis le jour de la catastrophe, il n'avait pas bu un seul verre, et j'attendais, anxieuse, mais remplie d'espoir, quel sera l'avenir, en invoquant de toute mon âme la bienheureuse Xénie. Je lui racontai ma vision, il ne dit mot, mais devint blême. Il offrit d'aller au cimetière et d'y célébrer une panikhide avant de partir en province.
Plusieurs mois s'étaient écoulés depuis notre installation à la campagne; mon mari ne buvait toujours pas. Un an s'écoula - toujours rien. Cela fait maintenant huit ans que nous vivons ici, sans que le passé ait resurgi.
Mais je remarquais que mon mari était quelquefois très pensif et semblait détenir un secret qui lui était lourd à porter. Connaissant son caractère ouvert, je pensais qu'il s'agissait de quelque maladie; aussi, le questionnai-je un jour sur son état. Mon mari fut envahi par l'émotion, il blêmit, puis se mit à marcher dans la pièce en long et en large. Enfin, l'air décidé, il s'assit devant moi et me dit : "Le matin où tu es allée au cimetière, je dormais poings fermés et je vis en songe quelque chose d'effrayant : j'étais entouré de bêtes terribles; je t'ai appelée, mais tu n'es pas venue, et à ta place vint une vieille femme qui marchait en s'appuyant sur un bâton. Les bêtes disparurent aussitôt; elle s'adressa à moi et, frappant le sol de son bâton, elle me dit avec sévérité : "Ta femme n'est pas là, elle est chez moi. Les pleurs de sa mère ont inondé ma tombe. Cesse de boire ! Tes enfants brûlent !" Sur ces paroles elle disparut. Je sautai du lit, je vis que tu n'étais pas là, les enfants dormaient paisiblement et j'attribuai tout cela à la divagation de ma tête malade. Dix minutes ne s'étaient écoulées que j'entendis crier : "Au feu !" Je sursautais alors comme un fou, non pas tellement à cause du cri, que du fait de la vision que je venais d'avoir. "Tes enfants brûlent !" étaient les dernières paroles de la vieille femme. Je saisi les enfants et je me précipitai avec eux dans le vestibule, mais il était déjà trop tard : la porte avait pris feu; alors je me précipitai vers la fenêtre; tu sais le reste." - "C'est pour cela que j'étais très inquiet de savoir où tu étais le matin même, et lorsque je l'appris, je compris tout; je fis en moi-même une prière, et depuis ce temps je suis dégoûté à la seule pensée du vin."
Un an après notre installation dans le village, le vieux gérant décéda, et mon époux fut désigné à prendre sa place. Bientôt décéda également notre bienfaitrice, laissant un testament qui faisait de nous les propriétaires de cet endroit.
De tout cela nous sommes redevables à la bienheureuse Xénie, ainsi qu'à ma mère. J'apprit en lisant son journal qu'elle me laissa, en me recommandant de ne l'ouvrir que lorsque j'aurai trente ans, que mon père s'était beaucoup adonné à la boisson en son jeune âge et que ma mère en avait été très malheureuse, jusqu'au moment où des âmes charitables lui conseillèrent de s'adresser à la bienheureuse Xénie, et après cela mon père fut rapidement guéri de sa passion, et il interdit même de conserver du vin à la maison.
Alors seulement je compris pourquoi elle avait tellement peur pour moi d'un mari ivrogne et pourquoi elle me conseillait tant de m'adresser précisément à la bienheureuse Xénie.

L'abba Antoine dit : «Certains ont brisé leur corps à force d'ascèse; mais leur manque de discernement les a éloignés de Dieu.

Évêque Nicolaï D. Velimirovitch de l'Église orthodoxe serbe

LA FOI DES SAINTS

Catéchisme de l'Église Orthodoxe

(suite)


CHAPITRE V
LA NOUVELLE LOI DU CHRIST

Q. Quelle est la nouvelle Loi du Christ ?
R. La Loi révélée et ordonnée par Jésus Christ, Fils de Dieu et Messie.

Q. Quel est l'autre nom de cette loi ?
R. L'ultime Loi de Dieu.

Q. Pourquoi ?
R. Parce que c'est la Loi finale de Dieu, et aucune autre ne sera donnée jusqu'à la fin du monde.

Q. Quel est l'autre nom de cette loi ?
R. La loi intérieure de Dieu. Car elle concerne les mobiles les plus profonds de nos actes.

Q. Comment devons-nous donc appeler la loi du Christ ?
R. La loi nouvelle, finale et intérieure de Dieu : en conséquence la Loi divine la plus parfaite et la seule salutaire.

Q. Pourquoi Dieu ne donna-t-Il pas la même Loi par Moïse que par le Christ ?
R. Pour la même raison que nous apprenons aux enfants de faire ceci et de ne pas faire cela, comme l'alphabet de la bonne conduite, sans aller au fond en leur expliquant les motifs invisibles de nos actions. Saint Paul l'explique par ces paroles : "Et moi, frères, je n'ai pas pu vous parler comme à des hommes spirituels, mais comme à des hommes charnels, comme à de petits enfants en Christ. Je vous ai donné du lait à boire, non pas de la viande (1 Co 3,1-2).

Q. Quelles sont les autres caractéristiques différentes entre la Loi extérieure donnée par Moïse et la Loi intérieure donnée par Jésus Christ ?
R. La Loi extérieure fut donnée à titre expérimental à une petite tribu de berger dont les membres étaient liés par le sang de leurs ancêtres communs, tandis que la Loi intérieure fut donnée à toutes les nations de la terre qui sont liées ensemble comme une famille universelle et spirituelle de Dieu, par le précieux Sang de Christ Lui-même.

1.

LES DEUX PLUS GRANDS COMMANDEMENTS
DE LA NOUVELLE LOI

Q. Quels sont les deux plus grands commandements du Christ ou de la Loi nouvelle et finale de Dieu ?
R. Le premier commandement est ceci :
"TU AIMERAS LE SEIGNEUR TON DIEU DE TOUT TON CÎUR, ET DE TOUTE TON ÂME, ET DE TOUTE TA PENSÉE ET DE TOUTE TA FORCE;
et le second lui est semblable: "TU AIMERAS TON PROCHAIN COMME TOI-MÊME". (MT 22,37-40; Mc 12,30-31)

Q. Qu'est-ce que le Christ dit au sujet de la grandeur de ces deux commandements ?
R. Il dit : "DE CES DEUX COMMANDEMENTS DÉPENDENT LA LOI (ancienne) TOUT ENTIÈRE ET LES PROPHÈTES".
Il dit aussi : "IL N'Y A POINT D'AUTRE COMMANDEMENT PLUS GRAND QUE CEUX-CI".

Q. Cela veut-il dire que l'ancienne Loi des dix commandements est devenue nulle et non avenue après la proclamation de ces deux Commandements ?
R. Non. Cela veut dire que seul l'amour de Dieu et de son prochain accomplit toute l'ancienne Loi, comme le dit l'Apôtre : "L'amour est la somme de la Loi" (Rm 13,10). En d'autres mots : L'amour est au-dessus de tous les commandements et interdictions, parce qu'il renonce à plus que ce qui est requis et fait plus que ce qui est attendu.

Q. Que signifie aimer Dieu ?
R. Cela signifie de L'aimer au-delà de l'entendement, au-delà de nous aimer nous-mêmes ou notre famille ou le monde ou quoi que ce soit dans le monde.

Q. Que signifie aimer Dieu de tout notre coeur ?
R. Cela signifie de transformer tous les sentiments de notre coeur en un seul — l'amour de Dieu.

Q. Que signifie aimer Dieu de toute notre âme ?
R. Cela signifie d'illuminer et de réchauffer toute notre âme avec l'amour e Dieu.

Q. Que signifie aimer Dieu de toute notre pensée ?
R. Cela signifie de concentrer toutes nos pensées sur la pensée aimante de Dieu.

Q. Que signifie aimer Dieu de toute notre force ?
R. Cela signifie de concentrer toutes les énergies de notre volonté à faire ce qui plaît à Dieu, notre Amant.

Q. Quel est le sens du second commandement de la nouvelle Loi : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" ?
R. Cela veut dire tout d'abord que nous devons aimer notre Seigneur Jésus Christ, l'Homme parfait comme notre prochain le plus proche et le plus cher, et puis à travers Lui tous nos autres prochains.

Q. Notre amour de Jésus Christ n'est-il pas inclus das le premier commandement ?
R. Si, en effet, mais là il s'agit de L'aimer en tant que Dieu, ensemble avec le Père et le saint Esprit, alors qu'ici il est question de L'aimer comme Homme, le modèle même d'un vrai homme, le "plus beau des enfants des hommes".

Q. Jésus a-t-Il parlé de notre obligation de L'aimer ?
R. Oui, et très fort. Il dit : "Celui qui aime père ou mère plus que Moi, n'est pas digne de Moi; et celui qui aime fils ou fille plus que Moi, n'est pas digne de Moi" (Mt 10,37).
Et aussi : "Celui qui M'aime, sera aimé de mon Père" (Jn 14,21). "Celui qui Me hait, hait aussi mon Père" (Jn 15,23). "Le Père Lui-même vous aime, parce que vous M'avez aimé" (Jn 16,27).
Il demanda à Pierre "Simon, fils de Jonas, M'aimes-tu ?" (Jn 21,16). Il nous pose à tous cette même question : "M'aimes-tu ?"
Et saint Paul dit : "Si quelqu'un n'aime pas le Seigneur Jésus Christ, qu'il soit anathème (1 Co 16,22)."

Q. Que peut-on dire donc de notre amour des autres ?
R. Comme nous aimons Dieu en aimant Jésus Christ, c'est ainsi que nous aimons aussi les hommes en aimant Jésus Christ.

Q. Notre amour de Jésus Christ est-il donc la pierre angulaire de notre amour de Dieu et des hommes à la fois ?
R. Exactement. Si nous aimons le Christ notre Amant, nous aimons aussi ceux qu'Il aime et pour qui Il est mort. Donc les deux commandements nous obligent à aimer Jésus Christ, le Médiateur aimant entre Dieu et les hommes. Car sans L'aimer, notre amour, qu'il soit pour Dieu ou pour les hommes, ne peut être ni vrai ni parfait.

Q. Qu'est-ce qui est dit encore de l'amour dans le Nouveau Testament ?
R. Beaucoup d'autres choses. Par exemple : Notre connaissance de Dieu dépend de notre amour de Dieu : "Quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n'aime pas ne connaît pas Dieu; car Dieu est amour." Aussi, notre paix dépend de notre amour de Dieu : "Dieu est amour et quiconque vit dans l'amour, vit en Dieu et Dieu vit en lui" et "il n'y a pas de crainte dans l'amour" et là où il n'y a pas de crainte, il y a la paix. Aussi, notre force et notre bonheur même, et par-dessus tout, notre salut et notre vie éternelle dépendent de notre amour pour Dieu et nos frères.

Q. Quelle est l'expression pratique de notre amour pour Dieu ?
R. Prier et faire la Volonté de Dieu.

Q. Quelle est l'expression pratique de notre amour pour notre prochain ?
R. C'est la charité. En d'autres mots : des actes, des paroles, des pensées et des prières charitables, tout cela et toujours au Nom de notre Seigneur Jésus Christ.

2.

SUR LA PRIÈRE

Q. Qu'est-ce que la prière chrétienne ?
R. C'est notre communication avec Dieu, dans laquelle nous exprimons notre Foi, Espérance et Amour.

Q. Quelles sortes de prières utilisons-nous ?
R. Quatre sortes :
La prière intérieure
La prière extérieure
La prière privée
La prière publique

Q. Quelle est la prière intérieure et quelle est la prière extérieure ?
R. La prière intérieure est aussi appelée prière mentale. Elle est faite en silence.
La prière extérieure se dit à haute voix.

Q. Combien souvent devons-nous prier ?
R. Cela dépend de l'intensité de notre amour pour notre Dieu. Plus nous l'aimons et plus souvent nous sommes en communication priante avec Lui. Les parfaits prient toujours, selon la parole du Christ qui dit "qu'il faut toujours prier" (Luc 18,1).

Q. Comment est-il possible de prier toujours ?
R. Il est possible de prier toujours mentalement ou intérieurement. Nous pouvons offrir à Dieu nos prières inaudibles même pendant que nous voyageons ou que nous travaillons : en Le louant, en Le remerciant et en invoquant son Aide.

Q. Quelle est la prière mentale la plus courte ?
R. C'est "Seigneur Jésus aie pitié de moi !"

Q. Qu'est-ce que la prière privée et qu'est-ce que la prière publique ?
R. Quand une personne prie toute seule, mentalement ou à voix haute, cela s'appelle une prière privée. Nous devons prier intérieurement en secret et aussi à haute voix et ouvertement. Et nous devons prier tout seuls, où que nous soyons et nous devons prier ensemble avec d'autres chrétiens dans l'Église. Les saints faisaient de même.

Q. Quelle doit être l'idée conductrice de toute prière régulière ?
R. Toute prière régulière est constituée de trois parties : action de grâces, requête et glorification. Premièrement, nous rendons grâces à Dieu pour ce que nous avons déjà reçu de Lui, deuxièmement nous Lui demandons ce dont nous avons présentement besoin et troisièmement nous glorifions et louons sa Bonté, sa Puissance et sa Gloire.

à suivre

Pas de pantalon pour les femmes ! Voilà ce qu'impose une loi française qui date de 1808 (26 brumaire an IX de la République) et qui n'a jamais été abrogée. Ces dames peuvent toutefois demander une dérogation au préfet de police.

dans "Que choisir"


...Des otages se souviennent que l'un des terroristes avait une horrible cicatrice sur le cou. Un autre, barbu et extrmement brutal, ordonnait aux femmes de cacher leurs genoux et de prier Allah. Un troisime a point le canon de son fusil sur la croix orthodoxe que Sacha, 13 ans, portait autour du cou en hurlant :"Prie, Impie !" Trs calme, Sacha a rpondu : " Le Christ est ressuscit." Alors les terroristes ont tir dans le gymnase transform en arne de Mort.

dans "Paris Match"

dans le n° 410 d'Avril 2004 du magazine "Archeologia", pages 12 à 16, "Marseille. Découverte d'une grande basilique paléochrétienne". Depuis l'été 2003, au coeur du quartier de la Joliette, rue Malaval (près de la porte Nord de la cité antique, en bordure d'une voie romaine), une fouille dans un chantier de 8 m. de profondeur a dégagé une basilique chrétienne extra muros  du Ve s. et la nécropole qui l'entoure. Il s'agit de la grande nécropole dite "du Lazaret", déjà partiellement exhumée au XIXe s. La découverte de 2003 porte surtout sur une base d'autel (vidée de ses reliques), et sur une memoria  à droite dudit autel, au milieu de l'abside, contenant deux grands sarcophages accolés et ostensiblement privilégiés, très certainement ceux de deux corps saints, entourés de plaques de chancel de marbre à décor d'écailles. Ces cuves de calcaire rose local contiennent chacune un sarcophage de plomb scellé. La basilique est de plan rectangulaire simple, de plus de 40 m. de long et de près de 20 m. de large, avec une grande nef d'une seule travée et une large abside de 12 m. de diamètre. Les deux sarcophages devaient être en grande vénération car on a retrouvé un système d'ouvertures dans les dalles de couverture, destinées à introduire et /ou à recueillir de l'huile sanctifiée à leur contact. La nécropole comprend 200 sépultures dont un tiers en sarcophages, certains contenant plusieurs corps (jusqu'à sept). L'ensemble est du Ve s. et paraît avoir été abandonné au VIe s., mais la fondation pourrait être reculée à une époque antérieure, car à l'inverse des autres bâtiments paléochrétiens de la cité phocéenne,  c'est le sol naturel qui a été trouvé sous la quasi-totalité du site.