Bulletin des vrais chrétiens orthodoxes

sous la juridiction de S.B. Mgr. André

archevêque d'Athènes et primat de toute la Grèce

NUMÉRO 94

JUILLET 2001

Hiéromoine Cassien

Foyer orthodoxe

66500 Clara (France)

E-mail : cassien@orthodoxievco.info

 SOMMAIRE

NOUVELLES

UN MIRACLE CONTEMPORAINE

DANS LA VIE DE SAINT GERMAIN D'AUXERRE

ICONOGRAPHIE BYZANTINE (suite) L'UNITÉ DANS LA DIVERSITE

NOEL ORTHODOXE

LE NOM DU SEIGNEUR

INSTRUCTIONS AUX NOVICES (suite) LA RÉSIGNATION
  


NOUVELLES

Après avoir passé un mois en Grèce, me voilà de retour en France. Finalement j’étais tout le temps à Kératéa où j’ai peint quelques icônes et continué la peinture du réfectoire dans le monastère de la Transfiguration.
La chaleur m’a dissuadé de me déplacer beaucoup et j’ai donc profité d’être un peu avec nos frères et soeurs de là-bas.
Ici je reprends donc mes activités et ce bulletin-ci est déjà prêt, plus tôt que prévu.

Pendant l’été, je pense être ici pour faire la tournée en Suisse et en France lors du carême de la Dormition, plaise à Dieu.
Vôtre,
en Christ, 

hiéromoine Cassien

La religion forcée n’est plus religion. Il faut persuader, et non contraindre. La religion ne se commande point.
Lactance (livre 3)

 UN MIRACLE CONTEMPORAIN

Signe du ciel pour la fête de la Transfiguration du Sauveur selon le calendrier orthodoxe des fêtes (dit "ancien")

(Traduit du Bulletin grec de notre Synode "K.G.O" - extraits)
ICONE DE LA TRANSFIGURATION

(monastère de Kératéa


À 12 km au nord de la ville de Larnax (Chypre), et à 1 km à l'est du village Abdelleron, se trouve le célèbre monastère de la Transfiguration du Sauveur, avec 23 moniales. Il fut fondé en 1948 et achevé en 1984 par l'évêque des vrais chrétiens orthodoxes de Chypre, sa Sainteté Monseigneur Épiphane, et a toujours suivi le calendrier orthodoxe des fêtes que les saints pères composèrent sur la base du calendrier julien, en valeur 25 années avant la Naissance du Sauveur et dont le 1er saint Concile oecuménique se servit pour fixer la date de la sainte Pâques et des fêtes et jeûnes principaux.
Chaque année, le 6 août, ce monastère célèbre solennellement la fête de la Transfiguration avec une vigile de 8 heures du soir à 7 heures du matin, et une Liturgie archiératique (Liturgie célébrée par au moins un évêque et un prêtre).
En 1992, comme tous les ans, les prêtres et plus de mille fidèles de toutes les régions de la grande île se rassemblèrent pour célébrer la fête et la vigile annuelles. Après l'office de la sainte Onction, furent lues les complies suivies des grandes vêpres. Au moment de la litie, on porta en procession la vénérable icône de la Transfiguration pendant que l'on chantait le doxasticon des apostiches: "À Pierre, Jacques et Jean, tes disciples préférés, en ce jour tu montres, Seigneur, sur la montagne du Thabor, la gloire de ton Aspect divin. . ." À l'instant où ils en étaient aux paroles : "... ils voyaient en effet tes vêtements resplendissant de clarté et ton Visage plus brillant que le soleil et, ne pouvant supporter l'immédiate vision de ton éclatante Illumination, il se jetèrent sur le sol...", il apparut en réalité une clarté comme un éclair, et ensuite une lumière blanche éblouissante de couleur azurée qui recouvrit l'église et s'éteignit au milieu de la cour du monastère à l'endroit où se trouve la phialè, c'est-à-dire là où se fait l'eau bénite. La multitude des fidèles qui se trouvaient à l'extérieur de l'église vit cette lumière, et elle était si intense et éclatante que chacun la vit différemment. Voici quelques-uns des témoignages :
Mr. Épiphane Kounas dit : "J'ai vu la Lumière couvrir l'église et éclairer toute la terre, puis s'éteindre à l'extérieur du monastère."
Mr. Charalampe Mélétiou dit : "J'ai vu une lumière blanche éblouissante qui illumina tous les arbres du monastère, autour de l'église et à l'extérieur, et j'ai cru que c'était quelque fusée de signalisation de l'armée."
Soeur Pélagie, une novice du monastère, dit qu'elle se trouvait dans une pièce près du sanctuaire et, voyant comme un éclair au-dessus du sanctuaire, elle crut qu'il allait pleuvoir.
L'épouse du prêtre Athanase, Marie, dit : "C'était l'heure de la litie et, dès que les prêtres entrèrent dans l'église, je tenais par la main une vieille femme et nous avancions pour la procession. Je vis sur ma montre qu'il était minuit cinq. Aussitôt je vis l'église se couvrir d'une lumière blanche intense qui laissa une traînée vers la phialè, où se fait l'eau bénite, trente mètres derrière le narthex de l'église et là, elle rayonna et s'éteignit tout de suite Je dis à ma voisine que je tenais par la main : «Regarde le ciel !», et celle-ci vit les rayons de lumière et dit : «des enfants ont allumé des feux de Bengale ! Des moniales pendant la litanie se demandaient d'où venait tant de lumière»." Marie la femme du prêtre ajouta : "Quelques instants plus tard, arriva du village Augoros avec quatre autres femmes madame Chrystalla Kambéris en pleurant, et je lui demandai :
- Pourquoi pleures-tu ?
- Comment ne pas pleurer après ce que nous avons vu ?
- Vous l'avez donc vu vous aussi ?
- Oui, nous nous préparions pour venir à la vigile de la fête du monastère et nous vîmes un éclair déchirer le ciel et une immense lumière blanche se diriger vers le monastère".
Au village Sainte Barbara, à environ 35 km à l'ouest du monastère, des membres de la famille Alkiviadou se préparaient pour la vigile du monastère - bien qu'ils suivent le nouveau calendrier -, quand ils virent cette lumière illuminer tout le ciel et se diriger vers le monastère de la Transfiguration. Mais ce phénomène a été vu par une multitude d'autres personnes qui se trouvaient plus ou moins près du monastère.
Au lever du jour, il y eut grande rumeur dans les journaux et les autres médias. Certains essayèrent d'expliquer le phénomène en disant que c'était quelque missile de la base anglaise. Mais les Anglais démentirent disant qu'ils n'avaient rien fait et qu'il n'était même pas possible qu'une lumière si forte et si blanche soit émise par des missiles. On demanda à des spécialistes si cela pouvait être une météorite ou quelque autre corps venu de l'espace, mais ils l'exclurent car l'incandescence de tels corps ne peut pas produire une lumière si blanche. Les Turcs qui habitent à peine à 5 km du monastère ont déclaré, d'après nos renseignements, qu'ils n'ont pas vu le phénomène, alors qu'il a été aperçu par nombre d'habitants de la Chypre libre, de Paphos jusqu'à Ammochoston.
L'historien et chercheur Andros Paviidis déclara à la radio qu'il l'avait vu il y a quarante ans, le 5 août selon l'ancien calendrier - 18 selon le nouveau - quand il était encore enfant, et que quelqu'un d'autre l'avait vu il y a cent ans, le 6 août, quand ils n'avaient pas encore changé le calendrier. Mr. Andros Paviidis dit que, se basant sur la tradition du peuple chypriote et de certains écrits, il avait noté il y a cinq ans dans la grande encyclopédie chypriote que ce phénomène se produit dans des espaces de temps irréguliers, mais toujours le même jour et à la même heure.
De tous les témoignages et des commentaires qui se firent à travers les divers moyens d'information, et aussi de l'histoire de la Tradition de l'Église chypriote, on tire la conclusion que ce phénomène est un signe du Seigneur, particulièrement pour ces temps où notre Foi et notre nation sont attaquées de toutes parts.
 


ÉVAGRE,
histoire ecclésiastique (PG 86, 2,2748). VIIe siècle


Le roi d’Edesse, Abgar V Ukkama, prince de l’Osroène, était lépreux. Il envoya son archiviste Hannan chercher Jésus afin que celui-ci le guérisse.

Comme Jésus ne pouvait pas venir, Hannan chercha à réaliser son portrait, mais cela ne lui fut pas possible, "à cause de la gloire ineffable de son visage, qui changeait dans la grâce".

Alors le Christ lui-même prit un bout de toile qu’il appliqua sur son visage, et ses traits se fixèrent sur la toile, mandyllon. À la vue de la FACE fixée sur le mandyllon, le roi fut guéri et il se convertit.

Lorsque le fils d’Abgar revint au paganisme, l’évêque d’Edesse fit emmurer la "Sainte Face". Le 16 août 944, il célébra la fête de la translation de la Sainte Face à Constantinople, devenue de nos jours la fête de la Sainte Face.

L’empereur Constantin, après les victoires de Jean Kurkuas en Orient, au printemps 943 avait acheté la Sainte Face pour le prix de deux cent prisonniers sarrazins et 12.000 deniers d’argent.


 Dans le Vie de saint Germain d’Auxerre


À une certaine époque, comme il voyageait en hiver et qu'il avait passé toute la journée dans le jeûne et la fatigue, on lui demande instamment, le soir tombant, de faire étape n'importe où. Il y avait à quelque distance une demeure, à la toiture à demi ruinée, et inhabitée déjà depuis longtemps. Par négligence on avait même laissé les arbres sauvages la recouvrir, de sorte qu'il valait presque mieux passer la nuit au froid, en plein air plutôt que d'entrer dans ce lieu dangereux et horrible; d'autant plus que deux vieillards demeurant dans le voisinage avaient prévenu que justement cette maison était inhabitable parce qu’elle était hantée d’une façon terrifiante. Lorsqu'il apprit cela, le très bienheureux se dirigea vers les épouvantables ruines comme si elles étaient des lieux pleins de charme, et là, parmi ce qui avait été jadis de nombreuses pièces, il s'en trouva à peine une qui pût avoir l'apparence d'un logement. ll y installe ses modestes petits bagages et ses quelques compagnons; ils prirent rapidement un repas léger dont l'évêque s'abstint complètement. Ensuite, lorsque la nuit était déjà profonde, accablé par le jeûne et la fatigue, Germain succomba au sommeil tandis qu'un de ses clercs s'était mis en devoir de lire : soudain un épouvantable spectre apparut devant le visage du lecteur et se dresse peu à peu sous ses regards, pendant que les murs sont frappés d'une grêle de pierres. Alors le lecteur terrifié implore le
secours de l'évêque. Celui-ci se lève aussitôt en sursaut, considère la silhouette de ce fantôme épouvantable et, après avoir d'abord invoqué le Nom du Christ, lui commande d'avouer qui il était et ce qu'il faisait là. Immédiatement, ayant abandonné son apparence effrayante, il s'exprime d'une voix humble et suppliante : lui et son compagnon avaient été les auteurs de nombreux crimes, ils gisaient sans sépulture, et, s'ils tourmentaient les vivants c'est qu’ils ne pouvaient être eux-mêmes en repos; ils lui demandaient de prier le Seigneur pour eux afin qu'ils méritassent d'être admis au repos éternel. À ces mots le saint homme s'affligea, il lui commande de désigner l'endroit où ils gisaient. Alors, les précédant avec une bougie, le fantôme, les guide et au milieu des ruines, qui leur opposaient des obstacles difficilement surmontables, en pleine nuit, il indiqua l'endroit où on les avait jetés. Dès que le jour fut rendu au monde, Germain rassemble les habitants des environs, les exhorte, assistant lui-même au travail pour le hâter. Ils écartent, en les déblayant avec des hoyaux, les décombres entassés en désordre par le temps, et trouvent les cadavres étendus n’importe comment, les ossements encore liés par des chaînes. Une fosse est arrangée conformément à la disposition d’une sépulcre, les membres délivrés de leurs liens sont enveloppés de suaires, recouverts de terre, une prière d’intercession est dite à leur intention : les morts obtiennent le repos, les vivants la tranquillité, si bien que dans la suite la maison put être heureusement peuplée d’habitants, sans aucune trace de terreur.

C’est une exécrable hérésie de vouloir tirer par la force, par les coups, par les emprisonnements, ceux qu’on n’a pu convaincre par la raison.
saint Athanase (livre 1)

ICONOGRAPHIE BYZANTINE (suite)

L’UNITÉ DANS LA DIVERSITÉ

L’iconographie byzantine - je laisse de côté l’iconographie décadente - se distingue par son homogénéité qui n’a rien à voir avec l’uniformisme. Celui qui s’y connaît un peu voit tout de suite l’origine de telle ou telle icône. Chaque pays, même chaque région, chaque génération, chaque école iconographique et chaque iconographe a quelque chose de particulier qui le distingue des autres. Cette particularité ne touche pourtant pas à l’essentiel, au contenu, mais à la forme seule.
C’est comme des pierres dans un édifice qui forment l’ensemble. Je dirais des pierres naturelles, non taillées, dont chacune à sa forme, taille, aspect et beauté propre mais aussi ses limites et défauts même. Rien à voir avec des briques qui sont toutes sorties d’un moule - uniformes et monotones.
Cette diversité dans l’iconographie byzantine ne nuit nullement à l’unité car elle ne porte que sur ce qui est extérieur, secondaire, esthétique et ne touche pas au contenu spirituel.
Chaque peuple, époque et personne apporte ainsi à travers sa mentalité, culture et histoire quelque chose qui lui est propre, quelque chose d’unique. Il n’y a rien de monotone et rien de discordant non plus. Rien de statique dans l’aspect artistique et rien d’instable dans le contenu spirituel. C’est le mouvement stable pour employer une expression des pères.
Cette immuabilité dans le contenu de l’icône n’est rien d’autre que l’éternité présente et cette diversité dans l’expression n’est que la roue du temps qui tourne. C’est le propre de ce qui est terrestre de bouger et le propre du céleste d’être stable. Il y a donc mouvement et stabilité à la fois dans l’icône. Dire que l’iconographie byzantine est figée est tout simplement un signe d’ignorance. Comment, d’ailleurs peut-on dater une icône sans analyse chimique, en préciser le pays d’origine et l’école iconographique ? Précisément à cause de cette mouvance dans l’aspect esthétique et artistique. Une analyse chimique démontre en plus que les procédés, pigments, techniques, etc. sont particuliers à chaque époque et région. La qualité a aussi ses hauts et ses bas dûs à mille facteurs : prospérité économique ou temps de persécution, affaiblissement de la foi ou renouveau, etc.
J’ai dit plus haut que chaque icône a aussi, à peu d’exception près, ses défauts, des défauts bien sûr qui ne concernent pas le contenu spirituel. C’est normal, car l’iconographe n’est pas nécessairement un génie et la peinture d’une icône est liée aux conditions terrestres qui ne sont plus paradisiaques. Mais dès qu’il y a des défauts dans l’essentiel, le contenu, alors l’icône s’égare de la Tradition et tourne à la cacodoxie comme l’iconographie décadente qui n’est qu’une influence hétérodoxe qui pour sa part a perdu cette stabilité dans l’éternité pour devenir terrestre et soumise au temps.
Si donc l’iconographie byzantine perd sa stabilité, elle meurt, et si elle perd son mouvement, elle meurt également. “Que celui qui peut comprendre comprenne,” comme dit l’évangile.

hm. Cassien

Il ne faut jamais se chagriner ni s'irriter de quoi que ce soit, car en se vexant ou s'irritant fréquemment, on s'acquiert la très néfaste habitude de l'irritabilité, tandis qu'en supportant avec longanimité l'opposition, on acquiert la bonne et profitable habitude de tout endurer avec calme et patience. Bien des occasions de contrariété peuvent naître, en cette vie, de nos innombrables imperfections mutuelles, et si nous nous fâchons à chaque fois, nous n'irons pas loin. De plus, contrariété et irritation n'arrangent pas les choses, loin de là. Il vaut mieux, donc, rester toujours calme, toujours plein d'amour et de respect pour une humanité moralement malade, et plus particulièrement envers nos amis, relations et subordonnés. Car l'homme n'est pas un ange et en plus, notre vie est ainsi faite que nous nous péchons quotidiennement et presque involontairement, alors même que nous ne le voulons pas. «Car le bien que je voudrais, je ne le fais pas; mais le mal que je ne voudrais pas, je le fais» (Rom 7,19). Le Seigneur nous enseigne à considérer avec indulgence les multiples négligences et faites des hommes lorsqu'll dit: « Remets-nous nos dettes, comme nous les remettons à ceux qui nous ont offensés» (Mt 6,12). Et qui de nous ne voudrait pas que les autres soient patients et indulgents envers ses besoins, ses faux pas et ses chutes, ses négligences et ses omissions ? C'est pourquoi l'Apôtre nous enseigne aussi la longanimité et l'indulgence: « L'amour, dit-il, est patiente, elle est aimable... elle ne se fâche pas, ne tient pas compte du mal, elle ne prend pas plaisir à l'injustice, elle supporte tout... Elle ne passera point». (1 Cor 13,4-8).
saint Jean Kronstadt

Traduit du bulletin grec "TA PATRIA", mars 1976.

«Le vénérable vieillard Mr. André Vaporidis, fondateur et premier Président de l’"Association des Orthodoxes", raconte comment les premiers ancien-calendaristes fêtèrent le

NOEL ORTHODOXE

en l'an 1924,1ère année du schisme du nouveau calendrier.

La première année du schisme des néo-calendaristes, nous connûmes des jours difficiles. Les difficultés pour nous tous qui, avec l'aide de Dieu, sommes restés fidèles au Calendrier Orthodoxe, étaient les suivantes:
a) Les mesures sévères que le Gouvernement Révolutionnaire d'alors avait prises contre nous.
b) La surveillance vigilante et systématique par les agents du métropolite d'Athènes Chrysostome Papadopoulos. Ceux-ci, à chacune de nos réunions ecclésiastiques dans des chapelles dans la banlieue d'Athènes, prévenaient les autorités qui arrivaient aussitôt avec l'ordre stéréotypé de nous disperser.
c) L'absence presque totale de prêtres orthodoxes de même que d'église permanente pour l'accomplissement de nos devoirs religieux.
Partout s'étendait la terreur du métropolite schismatique Papadopoulos, tout était écrasé par l'esclavage du schisme du calendrier.
Dès le 10 Mars 1924, qui devint "automatiquement" 23 Mars avec l'ajout des 13 jours, les premiers frères en Christ qui réagirent à l'innovation du calendrier constituèrent une corporation sous le titre d’"Association des orthodoxes". Plus tard, en 1926, la "Sainte Communauté des vrais chrétiens orthodoxes" lui succéda.
L'Administration de l’"Association des orthodoxes" réagit avec tous ses pauvres moyens contre l'innovation du calendrier, avec des protestations imprimées et des rassemblements en des lieux fermés où prenaient lieu des discussions dans le but d'informer les fidèles. De telles discussions se faisaient souvent et il y avait beaucoup de conférenciers.
Comme je l'ai mentionné plus haut, nous souffrions plutôt du manque de prêtres. En effet, à cause des mesures sévères qu'avaient prises la métropole d'Athènes et la révolution, aucun prêtre n'osait se dresser contre le schisme ni même parler.
Malgré tout cela, en Août 1924, deux prêtres, les bienheureux père Parthénios et père Jean osèrent dire le grand et décisif non au métropolite et au schisme, et furent désignés chefs spirituels des membres de l’Association des orthodoxes. C'est avec ces prêtres que nous célébrions nos offices religieux les dimanches et fêtes dans les différentes chapelles aux alentours d'Athènes.
Le nombre des fidèles qui suivaient l'ancien calendrier grandissait car «le Seigneur ajoutait chaque jour à l'Église ceux qui étaient sauvés» (Ac 2,47), et selon nos plus modestes évaluations, ce nombre atteignit plus de 5000 âmes seulement à Athènes et au Pirée.
C'est ainsi qu'approcha la fête de Noël, et cette multitude de fidèles devait célébrer cette grande fête et recevoir les saints mystères. Aussi, le conseil administratif de l'association des orthodoxes se réunissait chaque soir tantôt dans mon atelier rue Vlachavas tantôt chez Mr. Sidéris.
Des zélotes fervents proposèrent que nous nous emparions de l'église de la métropole elle-même ou de la sainte église de la Nativité du Christ. Après de nombreuses réunions et discussions, la sage proposition suivante fut décidée : Que le premier Noël orthodoxe de l'an 1924 soit fêté dans la chapelle de Saint Thérapon à Goudi à l'extérieur d'Athènes.
Les fidèles orthodoxes suivant l'ancien calendrier furent prévenus à temps et, la nuit de Noël, plus de trois mille fidèles remplirent l'église et l'espace autour de l'église, allumant des feux pour se chauffer.
Après minuit, alors que l'on chantait l'office des matines de Noël et que le père Parthénios célébrait la sainte proscomidie, soudain accoururent des forces policières et militaires avec en tête le commandant de place militaire d'Athènes, et ils encerclèrent les fidèles.
L'ordre était formel : que le prêtre soit enlevé et que la foule réunie soit dispersée. Le commandant dit même, peut-être pour nous effrayer, que s'il le fallait, il n'hésiterait pas de se servir des armes.
Aucun des fidèles ne bougea, les chantres restèrent impassibles et continuèrent à chanter, pendant que le prêtre avec la sainte lance continuait dans la proscomidie à commémorer les vivants et les morts.
Devant ce refus déterminé, le commandant partit laissant des gardes - militaires armés - aussi bien dans l'église qu'à l'extérieur.
Environ une heure plus tard, il revint avec un nouvel ordre, manifestement du métropolite, qu'il annonça au prêtre et aux chantres :
- Si vous fêtez le vénérable précurseur (c'était la fête de la synaxe du précurseur selon le nouveau calendrier), je vous laisserai célèbre r! Si vous insistez à fêter Noël, je donnerai l'ordre de vous disperser par la force !
Des cris montèrent de la foule :
- Pour nous, c'est Noël aujourd'hui comme à Jérusalem. Ce sont les Francs qui fêtent le précurseur aujourd'hui !
Alors, le commandant s'adressa au prêtre célébrant et le menaça de l'arrêter.
- Ce n'est qu'en me "traînant", vêtu des vêtements sacerdotaux et la sainte lance à la main que vous me ferez sortir du sanctuaire, répondit le prêtre.
Entre-temps, toute cette multitude se mit en mouvement pour protéger le prêtre et les saints dons, que le prêtre avait couvert.
Voyant cela et craignant que du sang ne fût versé, le commandant céda et nous laissa fêter le Noël orthodoxe la première année du schisme.
Avec une émotion qu'elle ne pouvait retenir, toute cette multitude de fidèles célébrants arriva calmement à la fin de la divine liturgie et communia aux saints mystères.
Deux heures avant la levée du jour, et après s'être souhaités "beaucoup d'années" et "l'an prochain libres", nous retournâmes tous chez nous comme des bergers de Bethlèem "glorifiant et louant Dieu pour tous ce qu'ils avaient entendu et vu" (Luc 2,20).

Dieu n'est ni l'auteur, ni le créateur du mal; ils se trompent, ceux qui prétendent que certaines passions sont naturelles à l'âme, ignorant que nous avons changé en passions les qualités constitutives de notre nature. Par exemple, la nature nous donne le sperme pour la procréation; mais nous l'avons perverti l'employant à la luxure. La nature a mis en nous la colère contre le serpent, mais nous nous en servons contre notre prochain. La nature nous anime de zèle pour l'émulation dans la vertu, mais c'est pour le mal que nous en usons. Il y a dans l'âme, du fait de la nature, le désir de la gloire, mais de celle d'en-haut. Il nous est naturel d'être arrogant, mais contre les démons. La joie aussi nous est naturelle, mais à cause du Seigneur et du bien qui arrive à notre prochain. La nature nous a aussi donné le ressentiment, mais contre les ennemis de l'âme. Nous avons reçu le désir d'une nourriture agréable, mais non des excès de table.

Une âme généreuse excite les démons contre elle. Mais quand les combats augmentent, les couronnes se multiplient. Celui qui n'a jamais été frappé par l'ennemi ne sera certainement jamais couronné. Au contraire, celui qui ne se laisse pas abattre malgré les chutes qui lui adviennent, sera glorifié par les anges comme bon combattant.
saint Jean Climaque (Echelle sainte 21e degré)

LE NOM DU SEIGNEUR

Quiconque maudira son Dieu portera la peine de son péché.
Celui qui blasphémera le nom de l'Éternel sera puni de mort : toute l'assemblée le lapidera.
Lévitique 24,15-16

Voici ce que veut dire prononcer le Nom du Seigneur Dieu. Il était défendu absolument aux Juifs de prononcer, par les lèvres, le Nom de Dieu. Car ce Nom était entièrement ineffable, ne devait pas se proférer. Les grands prêtres seuls étaient exceptés : ils conservaient avec crainte et vénération le dépôt de ce Nom divin. Les lettres qui le composaient étaient au nombre de quatre. C’est pourquoi les Juifs l’appelaient tétragrammation. On dit donc que par blasphémer et nommer Dieu, les Juifs entendaient, prendre sur les lèvres le Nom ineffable et surtout le prononcer de la manière vulgaire. L’un et l’autre était puni du dernier supplice.
saint Photius


INSTRUCTIONS AUX NOVICES (suite)

LA RÉSIGNATION

La paix de l'âme ne peut s'obtenir, ou ne sera que relative, tant que nous sommes braquées est impatientes à recevoir telle ou telle chose que ce soit même de l'ordre spirituel.
Aujourd'hui nous sommes novices et nous sommes pressées de revêtir le grand schème. On voudrait à tout prix être chargée de telle diaconie et le temps semble long pour enfin parler à son père spirituel et lui expliquer tous les chagrins et projets qu'on porte dans son coeur. Et chaque fois on est troublé et agité car rien ne se fait quand ni comme nous voulons.
D'où vient en nous finalement toute cette tempête ? Est-ce un effet de la grâce ? Certes non. C'est tout simplement notre volonté propre qui fait obstacle à la Volonté de Dieu, qui, elle, s'exprime précisément à travers ces retards et ces travers.
Quel est le remède à cette disharmonie en nous ? C'est la résignation à la Volonté de Dieu selon laquelle rien ne nous arrive hormis nos péchés. Une maladie ou un accident juste maintenant où je voulais achever tel ouvrage. Me voilà mécontente et agitée au lieu de me remettre à Dieu et de penser qu'un passereau ne tombe du ciel, comme dit l'évangile, sans que Dieu ne veuille.
Si je ne reçois pas telle charge ou telle faveur mais une autre soeur l'obtient, pourquoi en vouloir à tout le monde au lieu de me résigner en m'humiliant un peu-peut-être ne suisje pas digne ou pas mûre ou cela porterait préjudice à mon âme. Le fait que je suis troublée, fâchée, chagrinée ou pire encore est précisément l'indice que cela n'est pas pour moi mais pour l'autre soeur.
La résignation n'est pourtant pas la fatalité. Je peux parfois humblement demander une chose ou exprimer un désir mais en me résignant d'avance à la Volonté de Dieu. Si je suis résignée d'avance à accepter et le oui et le non et le plus tard ou le peut-être alors mon coeur restera en paix et quoiqu'il arrive rien ne saura le troubler. Est-ce le but de ma vie de recevoir le grand schème, de m'occuper de telle diaconie, de parler à ma supérieure ? Non, tout cela ne sont que des moyens dont Dieu se sert ou dont Il peut même se dispenser pour arriver au vrai but de ma vie - la déification.
Le Seigneur est le grand artiste et moi je ne suis que la matière dont il fera un chef d'oeuvre pourvu que je sois maniable et docile entre ses Mains.
La résignation est frère de l'obéissance et ils ont pour soeur l'humilité dont nous parlerons une autre fois quand Dieu et si Dieu voudra.

hm. Cassien