sous la juridiction de S.B. Mgr. André archevêque d'Athènes et primat de toute la Grèce |
NUMÉRO 94
JUILLET 2001
Hiéromoine Cassien |
Foyer orthodoxe |
66500 Clara (France) |
SOMMAIRE
DANS LA VIE DE SAINT GERMAIN D'AUXERRE
ICONOGRAPHIE BYZANTINE (suite) L'UNITÉ DANS LA DIVERSITE
INSTRUCTIONS AUX NOVICES (suite) LA RÉSIGNATION
Après avoir passé un mois en Grèce, me voilà de retour en France. Finalement jétais tout le temps à Kératéa où jai peint quelques icônes et continué la peinture du réfectoire dans le monastère de la Transfiguration.
La chaleur ma dissuadé de me déplacer beaucoup et jai donc profité dêtre un peu avec nos frères et soeurs de là-bas.
Ici je reprends donc mes activités et ce bulletin-ci est déjà prêt, plus tôt que prévu.
Pendant lété, je pense être ici pour faire la tournée en Suisse et en France lors du carême de la Dormition, plaise à Dieu.
Vôtre,
en Christ,
hiéromoine Cassien
Lactance (livre 3) |
UN MIRACLE CONTEMPORAIN
Signe du ciel pour la fête de la Transfiguration du Sauveur selon le calendrier orthodoxe des fêtes (dit "ancien")
(Traduit du Bulletin grec de notre Synode "K.G.O" - extraits)
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(monastère de Kératéa |
À une certaine époque, comme il voyageait en hiver et qu'il avait passé toute la journée dans le jeûne et la fatigue, on lui demande instamment, le soir tombant, de faire étape n'importe où. Il y avait à quelque distance une demeure, à la toiture à demi ruinée, et inhabitée déjà depuis longtemps. Par négligence on avait même laissé les arbres sauvages la recouvrir, de sorte qu'il valait presque mieux passer la nuit au froid, en plein air plutôt que d'entrer dans ce lieu dangereux et horrible; d'autant plus que deux vieillards demeurant dans le voisinage avaient prévenu que justement cette maison était inhabitable parce quelle était hantée dune façon terrifiante. Lorsqu'il apprit cela, le très bienheureux se dirigea vers les épouvantables ruines comme si elles étaient des lieux pleins de charme, et là, parmi ce qui avait été jadis de nombreuses pièces, il s'en trouva à peine une qui pût avoir l'apparence d'un logement. ll y installe ses modestes petits bagages et ses quelques compagnons; ils prirent rapidement un repas léger dont l'évêque s'abstint complètement. Ensuite, lorsque la nuit était déjà profonde, accablé par le jeûne et la fatigue, Germain succomba au sommeil tandis qu'un de ses clercs s'était mis en devoir de lire : soudain un épouvantable spectre apparut devant le visage du lecteur et se dresse peu à peu sous ses regards, pendant que les murs sont frappés d'une grêle de pierres. Alors le lecteur terrifié implore le
secours de l'évêque. Celui-ci se lève aussitôt en sursaut, considère la silhouette de ce fantôme épouvantable et, après avoir d'abord invoqué le Nom du Christ, lui commande d'avouer qui il était et ce qu'il faisait là. Immédiatement, ayant abandonné son apparence effrayante, il s'exprime d'une voix humble et suppliante : lui et son compagnon avaient été les auteurs de nombreux crimes, ils gisaient sans sépulture, et, s'ils tourmentaient les vivants c'est quils ne pouvaient être eux-mêmes en repos; ils lui demandaient de prier le Seigneur pour eux afin qu'ils méritassent d'être admis au repos éternel. À ces mots le saint homme s'affligea, il lui commande de désigner l'endroit où ils gisaient. Alors, les précédant avec une bougie, le fantôme, les guide et au milieu des ruines, qui leur opposaient des obstacles difficilement surmontables, en pleine nuit, il indiqua l'endroit où on les avait jetés. Dès que le jour fut rendu au monde, Germain rassemble les habitants des environs, les exhorte, assistant lui-même au travail pour le hâter. Ils écartent, en les déblayant avec des hoyaux, les décombres entassés en désordre par le temps, et trouvent les cadavres étendus nimporte comment, les ossements encore liés par des chaînes. Une fosse est arrangée conformément à la disposition dune sépulcre, les membres délivrés de leurs liens sont enveloppés de suaires, recouverts de terre, une prière dintercession est dite à leur intention : les morts obtiennent le repos, les vivants la tranquillité, si bien que dans la suite la maison put être heureusement peuplée dhabitants, sans aucune trace de terreur.
saint Athanase (livre 1) |
ICONOGRAPHIE BYZANTINE (suite)
LUNITÉ DANS LA DIVERSITÉ
Liconographie byzantine - je laisse de côté liconographie décadente - se distingue par son homogénéité qui na rien à voir avec luniformisme. Celui qui sy connaît un peu voit tout de suite lorigine de telle ou telle icône. Chaque pays, même chaque région, chaque génération, chaque école iconographique et chaque iconographe a quelque chose de particulier qui le distingue des autres. Cette particularité ne touche pourtant pas à lessentiel, au contenu, mais à la forme seule.
Cest comme des pierres dans un édifice qui forment lensemble. Je dirais des pierres naturelles, non taillées, dont chacune à sa forme, taille, aspect et beauté propre mais aussi ses limites et défauts même. Rien à voir avec des briques qui sont toutes sorties dun moule - uniformes et monotones.
Cette diversité dans liconographie byzantine ne nuit nullement à lunité car elle ne porte que sur ce qui est extérieur, secondaire, esthétique et ne touche pas au contenu spirituel.
Chaque peuple, époque et personne apporte ainsi à travers sa mentalité, culture et histoire quelque chose qui lui est propre, quelque chose dunique. Il ny a rien de monotone et rien de discordant non plus. Rien de statique dans laspect artistique et rien dinstable dans le contenu spirituel. Cest le mouvement stable pour employer une expression des pères.
Cette immuabilité dans le contenu de licône nest rien dautre que léternité présente et cette diversité dans lexpression nest que la roue du temps qui tourne. Cest le propre de ce qui est terrestre de bouger et le propre du céleste dêtre stable. Il y a donc mouvement et stabilité à la fois dans licône. Dire que liconographie byzantine est figée est tout simplement un signe dignorance. Comment, dailleurs peut-on dater une icône sans analyse chimique, en préciser le pays dorigine et lécole iconographique ? Précisément à cause de cette mouvance dans laspect esthétique et artistique. Une analyse chimique démontre en plus que les procédés, pigments, techniques, etc. sont particuliers à chaque époque et région. La qualité a aussi ses hauts et ses bas dûs à mille facteurs : prospérité économique ou temps de persécution, affaiblissement de la foi ou renouveau, etc.
Jai dit plus haut que chaque icône a aussi, à peu dexception près, ses défauts, des défauts bien sûr qui ne concernent pas le contenu spirituel. Cest normal, car liconographe nest pas nécessairement un génie et la peinture dune icône est liée aux conditions terrestres qui ne sont plus paradisiaques. Mais dès quil y a des défauts dans lessentiel, le contenu, alors licône ségare de la Tradition et tourne à la cacodoxie comme liconographie décadente qui nest quune influence hétérodoxe qui pour sa part a perdu cette stabilité dans léternité pour devenir terrestre et soumise au temps.
Si donc liconographie byzantine perd sa stabilité, elle meurt, et si elle perd son mouvement, elle meurt également. Que celui qui peut comprendre comprenne, comme dit lévangile.
hm. Cassien
saint Jean Kronstadt |
Traduit du bulletin grec "TA PATRIA", mars 1976.
«Le vénérable vieillard Mr. André Vaporidis, fondateur et premier Président de l"Association des Orthodoxes", raconte comment les premiers ancien-calendaristes fêtèrent le
en l'an 1924,1ère année du schisme du nouveau calendrier.
La première année du schisme des néo-calendaristes, nous connûmes des jours difficiles. Les difficultés pour nous tous qui, avec l'aide de Dieu, sommes restés fidèles au Calendrier Orthodoxe, étaient les suivantes:
a) Les mesures sévères que le Gouvernement Révolutionnaire d'alors avait prises contre nous.
b) La surveillance vigilante et systématique par les agents du métropolite d'Athènes Chrysostome Papadopoulos. Ceux-ci, à chacune de nos réunions ecclésiastiques dans des chapelles dans la banlieue d'Athènes, prévenaient les autorités qui arrivaient aussitôt avec l'ordre stéréotypé de nous disperser.
c) L'absence presque totale de prêtres orthodoxes de même que d'église permanente pour l'accomplissement de nos devoirs religieux.
Partout s'étendait la terreur du métropolite schismatique Papadopoulos, tout était écrasé par l'esclavage du schisme du calendrier.
Dès le 10 Mars 1924, qui devint "automatiquement" 23 Mars avec l'ajout des 13 jours, les premiers frères en Christ qui réagirent à l'innovation du calendrier constituèrent une corporation sous le titre d"Association des orthodoxes". Plus tard, en 1926, la "Sainte Communauté des vrais chrétiens orthodoxes" lui succéda.
L'Administration de l"Association des orthodoxes" réagit avec tous ses pauvres moyens contre l'innovation du calendrier, avec des protestations imprimées et des rassemblements en des lieux fermés où prenaient lieu des discussions dans le but d'informer les fidèles. De telles discussions se faisaient souvent et il y avait beaucoup de conférenciers.
Comme je l'ai mentionné plus haut, nous souffrions plutôt du manque de prêtres. En effet, à cause des mesures sévères qu'avaient prises la métropole d'Athènes et la révolution, aucun prêtre n'osait se dresser contre le schisme ni même parler.
Malgré tout cela, en Août 1924, deux prêtres, les bienheureux père Parthénios et père Jean osèrent dire le grand et décisif non au métropolite et au schisme, et furent désignés chefs spirituels des membres de lAssociation des orthodoxes. C'est avec ces prêtres que nous célébrions nos offices religieux les dimanches et fêtes dans les différentes chapelles aux alentours d'Athènes.
Le nombre des fidèles qui suivaient l'ancien calendrier grandissait car «le Seigneur ajoutait chaque jour à l'Église ceux qui étaient sauvés» (Ac 2,47), et selon nos plus modestes évaluations, ce nombre atteignit plus de 5000 âmes seulement à Athènes et au Pirée.
C'est ainsi qu'approcha la fête de Noël, et cette multitude de fidèles devait célébrer cette grande fête et recevoir les saints mystères. Aussi, le conseil administratif de l'association des orthodoxes se réunissait chaque soir tantôt dans mon atelier rue Vlachavas tantôt chez Mr. Sidéris.
Des zélotes fervents proposèrent que nous nous emparions de l'église de la métropole elle-même ou de la sainte église de la Nativité du Christ. Après de nombreuses réunions et discussions, la sage proposition suivante fut décidée : Que le premier Noël orthodoxe de l'an 1924 soit fêté dans la chapelle de Saint Thérapon à Goudi à l'extérieur d'Athènes.
Les fidèles orthodoxes suivant l'ancien calendrier furent prévenus à temps et, la nuit de Noël, plus de trois mille fidèles remplirent l'église et l'espace autour de l'église, allumant des feux pour se chauffer.
Après minuit, alors que l'on chantait l'office des matines de Noël et que le père Parthénios célébrait la sainte proscomidie, soudain accoururent des forces policières et militaires avec en tête le commandant de place militaire d'Athènes, et ils encerclèrent les fidèles.
L'ordre était formel : que le prêtre soit enlevé et que la foule réunie soit dispersée. Le commandant dit même, peut-être pour nous effrayer, que s'il le fallait, il n'hésiterait pas de se servir des armes.
Aucun des fidèles ne bougea, les chantres restèrent impassibles et continuèrent à chanter, pendant que le prêtre avec la sainte lance continuait dans la proscomidie à commémorer les vivants et les morts.
Devant ce refus déterminé, le commandant partit laissant des gardes - militaires armés - aussi bien dans l'église qu'à l'extérieur.
Environ une heure plus tard, il revint avec un nouvel ordre, manifestement du métropolite, qu'il annonça au prêtre et aux chantres :
- Si vous fêtez le vénérable précurseur (c'était la fête de la synaxe du précurseur selon le nouveau calendrier), je vous laisserai célèbre r! Si vous insistez à fêter Noël, je donnerai l'ordre de vous disperser par la force !
Des cris montèrent de la foule :
- Pour nous, c'est Noël aujourd'hui comme à Jérusalem. Ce sont les Francs qui fêtent le précurseur aujourd'hui !
Alors, le commandant s'adressa au prêtre célébrant et le menaça de l'arrêter.
- Ce n'est qu'en me "traînant", vêtu des vêtements sacerdotaux et la sainte lance à la main que vous me ferez sortir du sanctuaire, répondit le prêtre.
Entre-temps, toute cette multitude se mit en mouvement pour protéger le prêtre et les saints dons, que le prêtre avait couvert.
Voyant cela et craignant que du sang ne fût versé, le commandant céda et nous laissa fêter le Noël orthodoxe la première année du schisme.
Avec une émotion qu'elle ne pouvait retenir, toute cette multitude de fidèles célébrants arriva calmement à la fin de la divine liturgie et communia aux saints mystères.
Deux heures avant la levée du jour, et après s'être souhaités "beaucoup d'années" et "l'an prochain libres", nous retournâmes tous chez nous comme des bergers de Bethlèem "glorifiant et louant Dieu pour tous ce qu'ils avaient entendu et vu" (Luc 2,20).
Une âme généreuse excite les démons contre elle. Mais quand les combats augmentent, les couronnes se multiplient. Celui qui n'a jamais été frappé par l'ennemi ne sera certainement jamais couronné. Au contraire, celui qui ne se laisse pas abattre malgré les chutes qui lui adviennent, sera glorifié par les anges comme bon combattant. saint Jean Climaque (Echelle sainte 21e degré) |
LE NOM DU SEIGNEUR
Quiconque maudira son Dieu portera la peine de son péché.
Celui qui blasphémera le nom de l'Éternel sera puni de mort : toute l'assemblée le lapidera.
Lévitique 24,15-16
Voici ce que veut dire prononcer le Nom du Seigneur Dieu. Il était défendu absolument aux Juifs de prononcer, par les lèvres, le Nom de Dieu. Car ce Nom était entièrement ineffable, ne devait pas se proférer. Les grands prêtres seuls étaient exceptés : ils conservaient avec crainte et vénération le dépôt de ce Nom divin. Les lettres qui le composaient étaient au nombre de quatre. Cest pourquoi les Juifs lappelaient tétragrammation. On dit donc que par blasphémer et nommer Dieu, les Juifs entendaient, prendre sur les lèvres le Nom ineffable et surtout le prononcer de la manière vulgaire. Lun et lautre était puni du dernier supplice.
saint Photius
INSTRUCTIONS AUX NOVICES (suite)
LA RÉSIGNATION
La paix de l'âme ne peut s'obtenir, ou ne sera que relative, tant que nous sommes braquées est impatientes à recevoir telle ou telle chose que ce soit même de l'ordre spirituel.
Aujourd'hui nous sommes novices et nous sommes pressées de revêtir le grand schème. On voudrait à tout prix être chargée de telle diaconie et le temps semble long pour enfin parler à son père spirituel et lui expliquer tous les chagrins et projets qu'on porte dans son coeur. Et chaque fois on est troublé et agité car rien ne se fait quand ni comme nous voulons.
D'où vient en nous finalement toute cette tempête ? Est-ce un effet de la grâce ? Certes non. C'est tout simplement notre volonté propre qui fait obstacle à la Volonté de Dieu, qui, elle, s'exprime précisément à travers ces retards et ces travers.
Quel est le remède à cette disharmonie en nous ? C'est la résignation à la Volonté de Dieu selon laquelle rien ne nous arrive hormis nos péchés. Une maladie ou un accident juste maintenant où je voulais achever tel ouvrage. Me voilà mécontente et agitée au lieu de me remettre à Dieu et de penser qu'un passereau ne tombe du ciel, comme dit l'évangile, sans que Dieu ne veuille.
Si je ne reçois pas telle charge ou telle faveur mais une autre soeur l'obtient, pourquoi en vouloir à tout le monde au lieu de me résigner en m'humiliant un peu-peut-être ne suisje pas digne ou pas mûre ou cela porterait préjudice à mon âme. Le fait que je suis troublée, fâchée, chagrinée ou pire encore est précisément l'indice que cela n'est pas pour moi mais pour l'autre soeur.
La résignation n'est pourtant pas la fatalité. Je peux parfois humblement demander une chose ou exprimer un désir mais en me résignant d'avance à la Volonté de Dieu. Si je suis résignée d'avance à accepter et le oui et le non et le plus tard ou le peut-être alors mon coeur restera en paix et quoiqu'il arrive rien ne saura le troubler. Est-ce le but de ma vie de recevoir le grand schème, de m'occuper de telle diaconie, de parler à ma supérieure ? Non, tout cela ne sont que des moyens dont Dieu se sert ou dont Il peut même se dispenser pour arriver au vrai but de ma vie - la déification.
Le Seigneur est le grand artiste et moi je ne suis que la matière dont il fera un chef d'oeuvre pourvu que je sois maniable et docile entre ses Mains.
La résignation est frère de l'obéissance et ils ont pour soeur l'humilité dont nous parlerons une autre fois quand Dieu et si Dieu voudra.
hm. Cassien