Bulletin des vrais chrétiens orthodoxes sous la juridiction

de S.B. Mgr. André archevêque d'Athènes

et primat de toute la Grèce.

NUMÉRO 90

AOUT 2000

Hiéromoine Cassien

Foyer orthodoxe

66500 Clara (France)

Tel : 00 33 (0) 4 68 96 1372

 

 SOMMAIRE

NOUVELLES

PELERINAGE A LA SAINTE MONTAGE

DE LA THÉOLOGIE APOPHATIQUE

LÉGENDE DU MONT ATHOS

MÉDECINE HOMÉOPATHIQUE ET ORTHODOXIE

PROPHÉTIES

INSTRUCTIONS AUX NOVICES

DE LA VIE DE SAINT EUTHYME

LE MYSTERE DE LA FOI

LA MISSION DE L'ÉGLISE RUSSE ET QUELQUES UNS PARMI SES MISSIONNAIRES


NOUVELLES

 

Ce n'est que maintenant que j'arrive enfin à publier le bulletin. Le retard n'est pas dû cette fois-ci au manque de temps mais à des problèmes financiers. J'ai changé de voiture car la précédente à rendu l'âme ce qui m'a mis dans l'embarras pendant un moment. Ce n'est que ces jours-ci, que, grâce à des fidèles généreux, j'ai pu rattraper le retard et que je peux donc enfin imprimer et envoyer ce numéro.

Dans la semaine après Pâque fût baptisé Ludovic Marsallon et le jour suivant a eu lieu le mariage avec Sylvie Dubuisson. Voici le photo du baptême.

LUDOVIC, LE NOUVEAU BAPTISÉ

Tout de suite après j'irai en Suisse afin de baptiser et marier une famille. Il se peut que de là-bas je continue vers la Grèce, si j'arrive à terminer une grande icône pour l'archevêque. Sinon j'y partirai plus tard.

vôtre hiéromoine Cassien


PELERINAGE A LA SAINTE MONTAGE

Six mois à peine passés, je me sentis de nouveau attiré vers le Mont Athos. Le dernière fois c'était un peu court et je voulus cette fois-ci compléter les impressions que j'avais accumulées en automne. Mais commençons par le début, c'est-à-dire par mon départ d'Athènes.

Ayant pris le train de nuit, j'arrivai à ThessaloniqueÉ bien en retard. J'avais oublié que les trains par ici n'étaient pas des TGV. Ainsi, le premier bus pour Ouranopolis où il faut prendre le bateau était déjà en route. Il ne me restait qu'à prendre le bus suivant pour arriver au port alors que le bateau était déjà en pleine mer et hors de vue. Quoi faire ? Attendre le lendemain pour prendre l'unique bateau quotidien ou tenter la chance et aller par le chemin qui va sur la presqu'île ? Je savais que la seconde solution était d'abord très pénible et ensuite interdite mais je n'avais aucune envie de passer une journée dans ce port touristique.

Après un bon repas dans un restaurant près de la mer, je pris mon sac à dos et mon équipement pour filmer et photographier et je me dirigeai vers la frontière de l'Athos, là où depuis quelque temps il y a un contrôle. Je tombai bien car tout le monde était en train de manger, j'arrivai donc sans trop de difficulté à contourner l'obstacle et à passer par le grillage. Quelques mètres plus loin, je retrouvai le chemin forestier. Après une heure de marche, j'arrivai au premier monastère, ou plutôt à une dépendance, ce qu'on appelle ici une métochie. Le nom est Chromitissas. Il y a 25 ans - lors de mon premier passage - c'était inhabité mais actuellement il y a des moines russes et des ouvriers qui cultivent de superbes vignes.

Je me désaltérai à la fontaine devant le monastère et je demandai mon chemin aux ouvriers dans les vignes. Je voulais à tout prix continuer par la côte sud de la presqu'île afin de rejoindre Daphni et continuer vers les ermitages. Les ouvriers me firent comprendre que le chemin de ce côté-là était fort difficile à trouver et qu'il valait mieux passer par l'autre côté. Mais je m'obstinai et je marchai donc cinq heures en plein soleil et chargé de 30 kg sur le dos, par des chemins où il n'y a ni indications, ni habitations, ni eau.

Finalement je vis à ma droite, quelque cent mètres plus bas, le monastère de Thèbes, appelé aussi skite des cochons. C'est un monastère russe mais abandonné. La piste sur laquelle je marchais est tout récente et aucun sentier ne mène à ce monastère. Plus loin, à deux km, je voyais d'autres bâtisses apparemment habitées. Je continuai donc mon chemin. Mais peu après, cette piste s'arrête brusquement devant une falaise et j'étais bien embarrassé. Quoi faire ? Forcer à travers la nature sauvage ou retourner vers le dernier embranchement ? Je choisis de retourner sur mes pas, ce qui me semblait le plus raisonnable. Après une autre heure de marche je retrouvai la bifurcation et je me dirigeai donc plus vers l'intérieur. Mais la fatigue se faisait de plus en plus sentir et surtout ma réserve d'eau était presque épuisée. Je me contentai de m'humecter de temps en temps la bouche et de prier de plus en plus intensément afin de trouver au moins de l'eau.

Après trois heures de marche, c'est-à-dire huit dans l'ensemble, je vis un tuyau qui conduisait vers un grand réservoir d'eau. J'étais sauvé. Je me désaltérai copieusement et quelques centaines de mètres plus bas je tombai sur ce qu'on appelle ici un cathisme, c'est-à-dire une dépendance. Le nom est Monoxilites, et là vivent quatre moines et quelques ouvriers. Deux chiens plutôt méchants m'accueillirent et je préférai ne pas bouger jusqu'à ce que quelqu'un arrive. Peu après un moine sortit de l'habitation et me fit entrer. Je me contentai de lui demander le chemin mais il insista que je passe la nuit avec eux car le chemin est compliqué, me fit-il comprendre, et la nuit s'approchait. Je ne demandai pas mieux et je m'installai dans la cellule que ce brave moine m'avait désignée. Une heure après, un autre moine apporta un plateau avec un repas et de l'eau. J'en mangeai un peu et surtout je bus encore. Après quelques prières je m'endormis sans trop de problème.

La nuit, je n'entendais ni sonnerie ni appel et je faisais donc mes prières tout seul dans ma cellule. Au lever du jour, je sortis sur le balcon et peu après arriva un père, du nom de Sabba. Nous causâmes un peu ensemble et il me proposa de m'amener plus loin sur le sentier qui mène à la mer et que, selon lui, je ne trouverais pas seul. Je ne m'y opposai pas. Après deux km d'accompagnement, il m'indiqua le sentier, caché dans les oliviers, qui descend vers la mer. Après une heure de marche, j'arrivai à la mer. Il ne me restait plus qu'à suivre le bord de la mer pour arriver au premier port. Ce n'était pas compliqué mais fatiguant car à chaque pas le pied s'enfonçait dans le sable.

Après quelque temps de marche j'arrivai à une ermitage où, selon le père Sabba, un ermite allemand habitait. Mais ce jour-là il était absent. Je me reposai donc un instant devant l'ermitage, bus de l'eau à la fontaine et surtout mangeai à l'énorme mûrier où les fruits étaient bien mûrs.

Ensuite il me fallait marcher encore une demie heure pour arriver au port désiré qui s'appelle Megali Giavantsa. Quelques moines y habitent. Mais j'eus juste le temps de changer les chaussures et d'arranger un peu mes vêtements quand le bateau d'Ouranopolis arriva. C'était le bateau que j'aurais pris si j'avais attendu une journée au port d'Ouranopolis. Malgré la fatigue je ne regrettais pas d'avoir fait le chemin par terre.

Je montai donc avec d'autres moines et laïcs sur le bateau qui était déjà bien plein. Après des haltes aux monastères suivants (Xéropotamou, Dochiariou et Pantéléimon) nous arrivâmes au port de Dafni où tout le monde descendit. Je cherchai la voiture qui monte au monastère de Simonos Petra car je n'avais aucune envie de marcher trois heures encore surtout à un endroit où le chemin ne faisait que monter. Heureusement il y avait encore de la place dans la voiture et le conducteur, un jeune moine, m'offrit même la place de devant à côté de lui. Ainsi je pus causer avec lui le long du trajet.

J'avais déjà passé une journée au Monastère de Simonas Petra l'année dernière et je désirai revoir le père Macaire, d'origine française et, si possible, d'autres pères que je connais depuis presque trente ans. Après les vêpres il y eut le repas dans le réfectoire où moines et pèlerins mangeaient ensemble. On me mit à une place d'honneur et cette fois-ci j'avais amené mon rasson et le voile. Après l'office du soir le père Macaire vint me voir et nous causâmes ensemble au moins une heure. Il m'amenait dans la bibliothèque (il est bibliothécaire) et nous parlions surtout des livres et du travail que nous pourrions faire ensemble.

Le matin suivant je quittai le monastère très tôt, lorsque les moines chantaient encore dans l'église. Une grande partie des moines allaient ce jour-là dans une chapelle en dehors du monastère pour y célébrer l'office. Après une heure de marche sur un sentier agréable j'arrivai au monastère de Grigoriou qui se situe à quelques pas de la mer. Les moines venaient juste d'achever l'office et je fus invité au repas. De nouveau à une place d'honneur je mangeai avec les moines. Il y en avait au moins une quarantaine. Après le repas, je visitai l'église où le sacristain était en train de ranger. Je pris des photos de l'intérieur de l'église et du monastère et discrètement je filmai, ce qui est strictement interdit.

Ensuite le chemin m'amena vers le monastère de Dionysiou. C'était un peu plus long et plus fatiguant mais j'avais repris des forces. Au monastère je fus accueilli par un moine simple et pieux et ensemble avec deux pèlerins allemands je me restaurai dans l'hôtellerie. Après la visite du monastère je descendis vers le port pour attendre le bateau qui venait de Dafni. Il m'amena vers Nea Skiti où je voulais passer la nuit suivant. Nous logeâmes devant le monastère de Saint Paul que j'avais visité lors de mon premier pèlerinage il y a 25 ans. Depuis le port de Nea Skiti je montai par des escaliers en passant devant des bâtiments habités chacun par deux ou trois moines, pour arriver tout en haut chez le père Sabba que je n'avais pas vu depuis plus de 25 ans.

Je me présentai d'abord mais il ne me reconnut pas tout de suite, étant donné son âge (il a 77 ans) et le temps long qui a passé depuis. Peu à peu, au fur et à mesure que je lui parlais, le souvenir lui revenait. Depuis ce temps un troisième moine vit avec lui, le père Chariton. Avec lui, j'allai chercher les deux mulets dans la prairie et j'en profitai pour photographier et filmer. Comme ils me connaissaient cela ne posait pas de problème et le père Sabba se mit même à l'ouvrage dans son atelier. Depuis qu'il vit ici il fabrique des objets en bois (petites croix, vases etc.) L'eau qui descend de la montagne fait tourner la machine. Le soir, je pus admirer un magnifique coucher de soleil en compagnie du père Sabba et d'un jeune novice qui arriva en même temps que moi. Il habite plus haut, à Katounakia, dans un ermitage et il voulait prendre le bateau le lendemain pour Dafni. C'est pour cela qu'il était déjà descendu jusqu'ici afin d'y être à temps.

J'avais l'intention précisément de continuer à pied vers Katounakia, Karoulia et les endroits où la vie monastique est la plus stricte. Là vivaient, et vivent encore peut-être, des ermites dans des grottes presque inaccessibles. Mais à cause de l'état des mes pieds, j'y renonçai ou plutôt je remis la visite à une autre fois, Dieu voulant.

Le matin, le père Chariton m'accompagna avec les deux mulets, sur lesquels il avait chargé mon sac à dos et d'autres affaires, jusqu'au port. J'attendais le bateau qui venait de Dafni et qui continue vers le cap de la presqu'île pour ensuite retourner vers Dafni. Ainsi je pus du moins voir les ermitages que je n'avais pas le courage de visiter cette fois-ci.

Le bateau presque vide passa devant le skite de Sainte-Anne, la Petite Sainte-Anne, Karoulia et jusqu'à Katounakia. Là il fit demi tour. J'admirai la nature sauvage où s'incrustaient par ci par là des habitations. Parfois on voyait la cime de l'Athos dans les nuages. Il faisait beau mais sur le cap, le vent fut bien plus violent et je compris pourquoi les bateaux ne s'aventuraient pas chaque jour jusque là.

En repassant devant Nea Skiti, je vis le jeune moine Basile, dont j'avais fait la connaissance chez le père Sabba, monter à bord et je l'appelai près de moi. Le long du trajet nous causâmes ensemble. Il me parla de cette vie dure tout seul dans son ermitage et dont il n'avait que peu d'expérience encore. Depuis huit mois il n'était pas descendu et il avait envie de changer un peu. C'est pour cela qu'il allait jusqu'à Karyes au centre de l'Athos pour s'occuper en même temps de ses affaires. Il a, comme travail, la confection de petites croix en laine. Il lui fallait peu pour vivre et d'autres moines lui apportaient souvent de quoi manger. En le quittant, je lui fis cadeau de mes vieilles chaussures dont je n'avais plus besoin. Il en fut tout content. Je lui promis aussi d'envoyer des médicaments homéopathiques contre les morsures de serpents, qui ne manquent pas sur la Sainte Montagne.

Arrivé à Dafni nous descendîmes tous et moi j'attendis encore au moins une heure pour le bateau qui part vers Ouranopolis. Le port était plein de monde. Ils allaient comme moi vers la Grèce ou se dirigeaient quelque part sur l'Athos. J'achetai encore un film dans une boutique et je cachai bien le camescope dans mon sac à dos car il y avait un contrôle à passer. La dernière fois j'avais failli me faire prendre. Une poche cachée fit l'affaire et le douanier ne trouva que l'appareil photo dans la sacoche.

Il nous fallut deux heures de navigation depuis Dafni jusqu'à Ouranopolis où on peut admirer le côté sud de la presqu'île avec les monastères déjà mentionnés.

C'était un pèlerinage court, trois jours seulement, mais fort enrichissant et j'attends déjà avec impatience le prochain séjour sur la Sainte Montagne.

J'étais un peu plus prolixe cette fois-ci mais je n'en suis pas encore à écrire un livre entier. Peut-être il y aura un article dans un journal que nous écrirons ensemble, un journaliste et moi. Les photos prises serviront en partie à illustrer l'article. J'en ferai écho au cas échéant.hm. Cassien


DE LA THÉOLOGIE APOPHATIQUE

de saint Denys l'Aréopagite (De le hiérarchie céleste, chap. 2,3)

 

On conçoit que la vérité puisse s'offrir sous les traits sacrés de figures auxquelles elle ressemble, ou bien sous le déguisement de formes qui lui sont diamétralement opposées. Ainsi , dans le mystérieux langage des livres sacrés, l'adorable et sur-essentielle Nature de notre Dieu bienheureux se nomme quelquefois Verbe, intelligence, essence, comme pour exprimer sa raison et sa sagesse. Son existence si souverainement essentielle , et seule cause véritable de toutes les existences, y est comparée à la lumière, et s'appelle vie.

Mais quoique ces nobles et pieuses manières de dire paraissent mieux aller que les symboles purement matériels, elles sont loin toutefois de représenter la divine réalité qui surpasse toute essence et toute vie, que nulle lumière ne reflète, et dont n'approche ni raison, ni intelligence quelconque. Souvent encore, prenant l'opposé, et élevant notre pensée , les Écritures nomment cette substance invisible, immense, incompréhensible, indiquant ainsi ce qu'elle n'est pas, et non point ce qu'elle est. Et ces paroles me semblent plus dignes; car, si j'en crois nos saints et traditionnels enseignements, quoique nous ne connaissions pas cet infini sur-essentiel, incompréhensible, ineffable, cependant nous disons avec vérité qu'il n'est rien de tout ce qui est. Si donc, dans les choses divines, l'affirmation est moins juste, et la négation plus vraie, il convient qu'on n'essaie point d' exposer, sous des formes qui leur soient analogues, ces secrets enveloppés d'une sainte obscurité; car ce n'est point abaisser, c'est relever au contraire les célestes beautés que de les dépeindre sous des traits évidemment inexacts, puisqu'on avoue par la qu'il y a tout un monde entre elles et les objets matériels.

Apopatique = en procédant par négation

C'est un grand mot que le mot de paix; c'est une belle pensée que la pensée de l'union; mais il n'y a de paix que dans la doctrine de l'Église et de l'évangile de Jésus Christ; mais il n'y a d'union qu'à ce prix.

saint Hilaire de Poitiers (contre les Ariens)

LÉGENDE DU MONT ATHOS
L'INTERCESSION

Le pieux Gérasime était un moine distingué du monastère russe de Saint-Pantéléimon. Mais à côté de ses vertus estimables on ne pouvait pas ne pas voir ses deux faiblesses. D'une part, il tenait toutes les légendes et miracles pour pure fantaisie, et d'autre part, il ne pouvait pas croire qu'au Dernier Jugement tous les moines seraient sauvés par l'intercession de la Toute-Sainte. C'est pour cela qu'il désira mettre sa foi à l'épreuve en retournant dans le monde et il ne voulait plus songer à son propre salut, retiré dans la solitude monastique. L'higoumène laissa partir ce moine toujours obéissant. Mais à mesure que le départ s'approchait, le doute se formait si cette décision fut la bonne.

Tout d'un coup on entendit dehors un énorme tonnerre. Gérasime courut vers la fenêtre. Il vit au ciel un grand feu comme au Dernier Jugement. Il entendit des trompettes du Jugement et un tremblement secoua la terre. La sainte Vierge apparut vêtue d'un vêtement rayonnant et bénit les cimetières et les ossuaires de tous les monastères. Les tombeaux s'ouvrirent. Un long cortège de ressuscités suivit la Mère de Dieu. De tous les monastères, skites et ermitages, ils s'approchèrent du Juge en chantant des hymnes d'action de grâces. La Toute-Sainte les amena tous du côté droit. Quoique beaucoup fussent tachetés de vices et de péchés, la Toute-Sainte intercédait pour eux. Le pardon du Juge se fit attendre longtemps. Mais finalement tous furent sauvés par l'intercession de la sainte Vierge.

A son réveil, Gérasime conta cette vision à son higoumène. La vision l'incita de rester et d'avoir confiance dans l'intercession de la Mère de Dieu.


MÉDECINE HOMÉOPATHIQUE ET ORTHODOXIE

St. Nicodème l' Hagiorite (1749-1809)

Une grande rumeur court de nos jours autour du fait que soi-disant la médecine Homéopathique n'est pas un système de thérapeutique scientifique, mais magique ou manicchéenne, sataniste ou médecine du New Age! Puisque nous sommes chrétiens orthodoxes, voyons les rapports entre l'Orthodoxie et la médecine homéopathique.

La médecine homéopathique fut introduite en Grèce à travers le Mont Athos, et particulièrement à travers le saint monastère de Saint Pantéléimon, appelé "monastère Russe". Elle fut pratiquée à la fin du 19e siècle par des moines venus de Russie. Ce monastère fonda trois hôpitaux : un hôpital et un sanatorium au Mont Athos, et un hôpital à Thessalonique, appelé "Russe", ensuite une maternité d'État de Thessalonique. Il existait même au Mont Athos une pharmacie homéopathique où l'on fabriquait des médicaments homéopathiques.

Le très vénérable polygraphe saint Nicodème l'Hagiorite, le saint orthodoxe le plus strict, écrit dans son livre "Eortodromion": "Les excellents médecins du corps utilisent deux sortes de médecine. En effet soit ils guérissent les contraires par les contraires, soit les semblables par les semblables. De la même façon, le Seigneur Médecin des âmes et des corps s'est servi de deux sortes de médecines lors de sa Venue dans la chair."

Nous voyons donc que la loi des semblables est souvent rencontrée dans les textes de l'orthodoxie pour expliquer l'action des saints apôtres et même celle de notre Seigneur Jésus Christ Lui-même. Ainsi, dans sa 1ère Épître aux Corinthiens ( Cor 9,20-22) , l'apôtre Paul se réfère à la méthode "homéopathique" d'envisager les hommes : "Avec les Juifs, j'ai été comme Juif afin de gagner les Juifs; avec ceux qui sont sous la loi, comme sous la loi afin de gagner ceux qui sont sous la loi; avec ceux qui sont sans loi, comme sans loi... afin de gagner ceux qui sont sans loi. J'ai été faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin d'en sauver de toute manière quelques-uns."

Saint Grégoire le Théologien rapporte: "Le Seigneur devint homme pour nous, afin de guérir par le semblable, l'âme par l'âme, la chair par la chair."

Le Seigneur a vraiment prêché : "Moi, je suis la Vie." Mais Il ne vainc pas la mort en tant que vie, mais Il terrassa la mort par la mort, afin de guérir le semblable par le semblable".

"Les excellents médecins du corps utilisent deux sortes de médecine. En effet soit ils guérissent les contraires par les contraires, soit les semblables par les semblables."

Saint Nicodème l'Hagiorite ( Eortodromion )

" Le semblable se guérit par le semblable"

"La mission la plus élevée et la seule qu'ait le médecin est de rétablir la santé du malade."

Samuel Hahnemann (1755-1843) Organe de l'art thérapeutique

Et enfin, saint Maxime le Confesseur se réfère aussi à la loi des semblables: "Dans le mystère de l'économie divine, l'esprit apprend une science merveilleuse et étrange de la médecine, car il voit en elle que les contraires ne se guérissent pas par les contraires, comme l'ordonnent les lois des médecins et des physiciens, mais bien plutôt que les semblables se guérissent par les semblables. Il voit en effet que par la pauvreté de Dieu le Verbe, notre propre pauvreté fut guérie; par sa Passion furent guéries nos passions, par sa Mort notre mort et par sa Corruption notre propre corruption.

Pour ne pas être trop longs, en étudiant la sainte Écriture et les textes patristiques, nous avons trouvé plus de 80 références à la loi des semblables et à l'homéothérapie. Nous n'avons vu nulle part d'opposition à l'homéopathie, sauf dans quelques feuillets étrangers qui sont distribués gratuitement au profit du commerce de médicaments. Bien sûr, il existe des fanatiques qui font circuler des feuillets prétendant que l'homéopathie est soi-disant une médecine sataniste. Par exemple, ils soutiennent que le vieillard Païsios l'hagiorite aurait dit quelque chose de ce genre. Cependant , le bienheureux vieillard a dit : "Allez chez les médecins scientifiques (diplômés) et non chez les charlatans." Bien sûr, nos amis implacables qui écrivent ces choses par zèle exagéré ne savent pas que les homéopathes ont un diplôme de médecine.

On dit aussi que les médicaments homéopathiques sont fabriqués aux Indes et que, avant de nous être envoyés, ils sont "lus" avec des prières satanistes! Cela est faux, car nos médicaments sont préparés par des pharmaciens grecs orthodoxes. Ils sont mêmes exportés à l'étranger.

Pour finir, nous rapportons que Samuel Christian Frédéric Hahnemann, le père de l'homéopathie, n'a jamais été franc-maçon, et c'est pourquoi il fut sauvagement attaqué. Père de neuf enfants, il fut obligé de déménager 46 fois. Sa calèche fut pillée maintes fois et en même temps étaient détruits ses précieux médicaments qu'il fabriquait de ses propres mains avec beaucoup de peine. Hahnemann, donc, était très pieux et par conséquent il connaissait profondément la sainte Écriture et les textes patristiques; c'est pourquoi ses idées sur l'homme coïncident avec les idées chrétiennes, comme par exemple la force vitale est le souffle de vie mentionné dans la Genèse. Aussi, les premiers-créés, avant de pécher, étaient immortels, donc ils ne tombaient pas malades. La maladie et la mort sont les conséquences du péché originel.

Thessalonique 1999
Aristarque Tsamalidis - Médecin

PROPHÉTIE DE SAINT RÉMY

Saint Rémi formula cette prophétie, la veille du jour où il baptisa Hlodwig (Clovis), le premier roi franc qui se convertit au christianisme en 496.

Vers la fin des temps, un descendant des rois francs régnera sur tout l'antique empire romain. Il sera le plus grand des rois de France et le dernier de sa race. Il arrivera comme par miracle. Il sera de la vieille cape. Le trône sera posé au Midi. Après un règne des plus glorieux, il ira à Jérusalem, sur le mont des Oliviers, déposer sa couronne et son sceptre, et c'est ainsi que finira le saint empire romain et chrétien.


LA PROPHÉTIE DE SAINT ISIDORE, DE SÉVILLE (560 - 636)

" ...Dans les derniers jours il règera sur la grande Espagne un roi doublement doué de piété. Et il règnera par une femme dont le nom commence par Y et finira L. Et le dit roi viendra des régions orientales et il règnera dans sa jeunesse. Lui-même combattra les impuretés des Espagnes, et ce que le feu ne dévorera pas, le glaive le dévastera. Il règnera sur la maison d'Agar et obtiendra Jérusalem. Il posera le signe de la Croix sur le saint Sépulcre et ce sera un très grand Monarque.

INSTRUCTIONS AUX NOVICES (suite)
Les textes qui suivent sont écrits pour nos novices dans notre monastère de moniales à Kératéa. Dans une moindre mesure, ils peuvent être aussi utiles pour d'autres lecteurs. C'est pour cela que je les insère dans ce bulletin et dans les suivants.
A CAUSE DE NOS PÉCHÉS

Dès qu'une contrariété nous arrive, nous avons tendance à chercher les causes dans les autres ou dans l'environnement. Cela est notre réaction spontanée. Nous commençons à nous justifier et à nous considérer comme une victime qui ne mérite pas pareil traitement.

Ce n'est qu'en second lieu que nous pensons à un châtiment, une épreuve ou une purification. Et pourtant la vraie raison de nos malheurs vient de nos péchés pour lesquels nous sommes punis et qui demandent à être purifiés par les épreuves.

Certes, ce qui nous arrive à l'instant même : maladie, accident, parole blessante etc. ne se rapportent pas nécessairement à tel ou tel péché précis mais à notre état de pécheur en général. Alors si nous ne voyons pas la cause directe du malheur, disons en nous-mêmes : Pour une chose, je suis débiteur et pour une autre je dois payer et ainsi les comptes seront justes.

Seul notre Seigneur Jésus a subi des malheurs non pour ses péchés à Lui - Lui le Sans-péché - mais à cause de nos péchés à nous, qu'Il a expiés par amour pour nous.

Nous nous révoltons pour le moindre travers qui nous arrive et pourquoi ? Pour la seule et unique raison que notre repentir est plus une affaire de façade qu'une attitude profonde du coeur. Nous avons revêtu les vêtements de la pénitence, qui sont chargés de symboles, mais dans notre tête nous n'avons que vaguement compris de quoi il s'agit et notre coeur a du mal à se défaire de son endurcissement.

Et pourtant dès que nous avons compris, au fond de nous-mêmes, que rien ne nous arrive sans la Volonté de Dieu et que tout concourt à notre avancement spirituel, même les soi-disant malheurs ou plutôt surtout eux, alors il n'y a plus de révolte en nous. Les douleurs restent, bien sûr, mais nous portons notre croix le coeur en paix et en connaissance de cause. Les épreuves n'auront pas fini, mais nous en tirerons pleinement profit. Comme un cheval bien dressé qui franchit gracieusement tout obstacle, sous l'applaudissement des spectateurs, ainsi nous aussi sortirons vainqueurs de toute tentation, admirés par les autres et faisant la joie des anges qui nous observent invisiblement.

Il me semble que la clé de la réussite spirituelle se trouve là, dans cette acceptation lucide et libre de tout ce qui nous arrive.

Arrêtons donc de nous lamenter tout le temps en disant : Pourquoi cela m'arrive ?, à gémir sans cesse, à nous troubler sottement "comme un mulet sans intelligence" (Ps. 32,9), bref, en nous considérant comme victime d'une injustice.

Ayons plutôt les paroles du prophète devant les yeux : "Comme un agneau qu'on mène à la boucherie, comme une brebis muette devant ceux qui la tondent; Il n'a point ouvert la bouche." (Is 53,7)

Quand ces paroles, qui se rapportent au Christ, se seront réalisées aussi en nous, alors nous ne serons plus loin de la perfection.

hm. Cassien

Ah ! donnons des larmes aux malheureux temps où nous sommes; affligeons-nous, mes frères, de cette folle opinion qui met Dieu sous le patronage des hommes, et de cet esprit d'intrigue qui appelle le siècle au secours de l'Église...
De nos jours, hélas ! la foi divine a besoin des suffrages des grands du siècle, et le Christ est accusé d'impuissance, parce que l'ambition ne rougit pas de prostituer son Nom à ses propres fins.
saint Hilaire de Poitiers (contre les Ariens)

DE LA VIE DE SAINT EUTHYME

de Cyrille de Scythopolis

 

Les pères m'ont rapporté que l'illuminé Euthyme avait reçu aussi de Dieu la grâce que voici : d'après l'aspect du corps visible, il discernait les mouvements de l'âme et savait dire contre quelles tentations chacun avait à lutter, de quelles il se rendait maître, par quelles il était vaincu. De même aussi, quand il offrait le saint sacrifices, il voyait très souvent les anges accomplir avec lui la liturgie, et il racontait en privé à ses disciples : "Très souvent, au moment de distribuer aux frères les divins mystères (de l'Eucharistie), j'en ai vu, parmi ceux qui s'approchaient, qui étaient illuminés par la communion, et d'autres qui par elle étaient condamnés et de quelque façon cadavérisés parce qu'ils étaient indignes de la divine lumière."

Chaque jour il en faisait attestation aux frères, disant : "Veillez sur vous-mêmes, mes frères et mes pères, et que chacun de vous s'examine lui-même et ne s'avise qu'après cet examen de manger de ce pain et de boire à cette coupe (cf I Cor 2,28), comme le déclare l'Apôtre; car celui qui le fait sans en être digne mange et boit ce qui pour lui est condamnation (I Cor 2, 29). Voilà pourquoi aussi le prêtre, quand il offre à Dieu le sacrifice non sanglant, avant de le commencer, en fait à tous une attestation solennelle et un commandement par ces mots : 'Tenons en haut notre esprit et nos coeurs', et ce n'est qu'après avoir reçu la promesse du peuple qu'il ose offrir à Dieu l'anaphore. Et quand celle-ci est achevée, après avoir tendu les mains vers le ciel, il porte et montre à tous le sacrement qui a été administré pour notre salut, et à haute voix, de manière à être entendu de tout le peuple, il prononce : 'Les choses saintes aux saints', comme si l'on voulait dire : Puisque je ne suis, moi, qu'un homme aux mêmes passions que vous, et que j'ignore ce que chacun a fait ou médité en son coeur, pour cela je déclare et atteste dans le Seigneur : Est-il quelqu'un qui est devenu puant sous l'effet de la gourmandise ou du consentement aux pensées impures, ou qui est devenu ténèbres par la haine ou le ressentiment, ou qui s'est laissé salir par l'envie ou la colère, ou qui est tombé sous l'emprise de l'orgueil ou de la jactance, qu'il n'ait pas la hardiesse de s'approcher de ce feu divin et immaculé avant de s'être lavé par un repentir approprié, et de s'être purifié de toute souillure de la chair et de l'esprit en devenant parfaitement saint. (cf 2 Cor 7,1). Car ces saints mystères ne sont pas pour les profanes, mais pour les saints. Vous tous donc qui êtes assurés d'avoir bonne conscience, approchez-vous du Seigneur et recevez l'illumination, vos visages ne rougiront pas de confusion." (Ps 33,6).


LE MYSTERE DE LA FOI

 

Il nous faut nous appliquer à l'étude de la Parole de Dieu et éduquer nos enfants selon la vérité et la sagesse qu'elle contient. La Parole de Dieu est une richesse inépuisable, mais les hommes échouent à leurs tentatives de la découvrir, parce qu'ils ne cherchent pas jusqu'au bout.

Nombreux sont ceux qui se contentent de suppositions concernant la vérité. Il leur suffit d'une application superficielle, malgré son importance.

Dieu est unique et Il représente la Vérité entière.

Les théories et les spéculations humaines ne conduiront jamais à la compréhension de la Parole de Dieu. Les hommes qui considèrent que les explications sont inutiles pour ouvrir les richesses de la connaissance ou pour empêcher la pénétration des hérésies dans l'Église, se trompent. Dieu est un Esprit parfait ayant de l'intelligence et de la volonté, mais incorporel.

Les attributs les plus importants de Dieu consistent en ce qu'Il est éternel, partout présent, omnipotent, omniscient, incompréhensible, plus que saint, plein d'amour.

Le mystère de la sainte Trinité est le plus grand mystère de notre foi. En Dieu il y a trois Personnes : le Père, le Fils et le saint Esprit. Elles sont un Dieu unique, d'une seule nature. Le Christ a ordonné de baptiser "au Nom du Père, du Fils et du saint Esprit". (Mt 28)

L'apôtre Jean dit : "Car il y en a trois qui rendent témoignageÉ et les trois sont d'accord".(Jn 5,7). Les trois Personnes sont un seul Dieu, d'une même existence et d'une même essence.

Le Père a créé le monde, le Fils l'a sauvé et le saint Esprit le sanctifie.

Il nous faut méditer avec une profonde piété la Parole de Dieu et prier du fond du coeur les trois Personnes divines : le Père, le Fils et le saint Esprit.

Père Olivian Pop


LA MISSION DE L'ÉGLISE RUSSE ET QUELQUES UNS PARMI SES MISSIONNAIRES

Svietlana KIHLGREN

LES PREMIERS MISSIONNAIRES SLAVES : SAINT CYRILLE ET SAINT METHODE :

La première mission en Russie fut la Crimée par saints Cyrilles et saint Méthode qui étaient originaire de la Salonique (Thessalonique - en Grèce) ou la langue parlée était un dialecte slave. Saint Cyrille et saint Méthode entreprirent la création d'un alphabet slave et la traduction de l'Écriture sainte et de la liturgie du grec en slavon. Cette langue est demeurée la langue liturgique de peuples orthodoxes slaves. Au cours du XVIIe siècles les Russes russifièrent la langue slaveÉ

Curieusement dans l'Église russe la fête de saint Cyrille et de saint Méthode le 24 mai ne fait pas partie des fêtes des saints importantes. Par contre en Bulgarie la fête de saint Cyrille et de saint Méthode est la fête nationale bulgare.

 

SAINT STEPHANE DE PERM (1340 - 1396)

Le métropolite Antoine compare volontiers saint Stéphane de Perm avec saint Cyrille et saint Méthode, à cause de leur traduction de la Bible. Il devint moine au monastère de Saint-Grégoire-le-Théologien à Rostov, ou il pu apprendre le grec et étudier la Bible. Il fut ordonné prêtre et le désir grandit en lui pour apporter l'évangile aux Zyrianes, un tribu païen de la terre de Perm, sur les pentes occidentales de l'Oural. Stéphane apprit la langue Zyriane, il créa un alphabet et traduisit la Bible du grec en zyriane. Petit à petit ses prédications portèrent des fruits et le peuple païen se laissa baptiser. Stéphane se rendit à Moscou en vue de demander un évêque pour son peuple... et le Grand-Prince Dimitri et le métropolite Pimène décidèrent que Stéphane devrai être sacré à l'épiscopat pour son peuple. De retour à Perm, le peuple le reçut avec une immense joie. Stephane veillait non seulement pour le bien spirituel de son peuple par sa prédication, en construction des églises et des monastères, mais également sur les besoins temporels de son peuple car lors d'une famine à Perm, il fit venir du blé de Vologda et organisa la distribution gratuite pour la population.

 

LA SOCIETE MISSIONNAIRE DE LA BIBLE

Le métropolite Antoine fait également allusion à Saint Guennadie, qui au XVe siècle assembla tous les livres de la Bible dans un seul volume et en 1581 fut imprimé la première Bible en Russie : la Bible d'Ostrog. Saint Guénnadie fonda une école pour enseigner la population à lire et à écrire. Plus tard fut fondé la Société Missionnaire de la Bible pour la formation des missionnaires.

 

LES MONASTERES MISSIONNAIRES

 

1) LE MONASTERE MISSIONNAIRE DE VALAAM

Personne ne sait exactement la date de la fondation du monastère de Valaam par saint Serge et saint Germain , les illuminateurs de la Carélie qui s'établirent sur l'île de Valaam dans le Ladoga en Carélie. Ce fut un monastère florissant, souvent détruit par les guerres, et toujours reconstruit. La destruction définitive semblait être en 1611 lorsque tout l'archipel appartenait à la Suède protestante et fanatique qui n'acceptât sous aucune condition qu'un monastère puisse exister sur son territoire. Mais au début du XVIIIe siècle les frontières changèrent et Pierre le Grand ordonna la reconstruction immédiate du monastère. Sous l'impératrice Catherine et son rationalisme, le monastère fut nouveau menacé. Le métropolite Gabriel de Saint Petersbourg comprit qu'il fallait coûte que coûte sauver Valaam et il appela un des moines du monastère de Sarov, Nazaire qui reconstruisit la règle stricte de Sarov basée sur les règles de saint Basile le Grand et saint Théodore le Studite.

Lorsque Nazaire quitta Valaam 20 ans plus tard pour passer ses dernières années terrestres à Sarov. Grâce à Nazaire des moines s'établirent de nouveau à Valaam.

Un des disciples de Nazaire fut le futur saint Germain qui fut envoyé avec quelques compagnons pour un travail missionnaire à Alaska. En effet en 1841 les explorateurs russes découvrirent et occupèrent l'Alaska, et ce fut en 1791 qui fut le début de la mission russe en Alaska, et en 1794 ils ouvrirent une école pour les Esquimaux. Mais en 1868 l'Empire Russe soldat l'Alaska aux Etats-Unis. Saint Germain et ses compagnons furent ainsi les premiers saints orthodoxes américains.

Petit à petit des ermitages s'établirent sur les îles d'alentour et même que la cloche du Catholicon, qui pesait 16 tonne, s'entendait jusqu'à Sordavala sur la cote finlandaise. Vers 1900 il y avait autour de 1000 moines à Valaam, dont 45 moines-prêtres et 126 ermites.

Depuis 1809 Valaam appartenait au Grand Duché de la Finlande et demeura ainsi au moment de la signature de Dorpat en 1920 et Valaam appartenait maintenant à la république de Finlande. Mais la première guerre mondiale et la révolution russe avait décimé les moines, puis la frontière soviétique - le rideau de fer.

La guerre d'hiver 1939-40 mit fin, à titre définitif, du monastère. Grâce, entre autre au futur archevêque Paul de la Finlande la majeure partie des trésors du monastères, dons des fidèles, pu être évacués et se trouvent dorénavant au musée de l'Église orthodoxe à Kuopio. Le 18 mars 1940 les derniers moines quittèrent Valaam et firent sonner la grande cloche de 16 tonnes pour la dernière fois car un éclat d'obus réduisit la cloche en silence définitive.

Ce fut du monastère de Valaam que la Finlande fut baptisée et ce fut au Nouveau Valaam - Uusi Valamo - en Finlande que devrait naître le centre spirituel orthodoxe en Finlande. Les offices sont dorénavant célébrés en finnois mais chantés sur les tons de l'Eglise Russe. De l'Ancien Valaam demeurent des mélodies propres (le Polyléos par exemple)...

Parmi les moines de Valaam l'histoire a retenu père Chariton fut l'auteur de " L'art de la prière " dans lequel père Chariton reprend l'enseignement sur la prière de Jésus entre autre de saint Théophane le Reclus.

Ce fut aussi à Uusi Valaamo ou vécut le Doyen de la Finlande que fut le moine Akaki du monastère de Petchenga au bord de la Mer Blanche. Grâce à l'informatique, qui a décidé une fois pour toute, que des centenaires sont inexistants en Finlande, lorsque père Akaki fêtait ses 107 ans, il recevait une convocation pour aller à l'école!!! car pour les autorités il avait 07 ans au lieu de 107 ans. Père Akaki a eu le temps de fêter ses 111 ans sur cette terre.

 

2) LE MONASTERE DE SAINT ANTOINE A NOVGOROD

Le métropolite Antoine note l'importance du monastère de Saint Antoine de Novgorod pour la Russie du nord et pour la Carélie.

 

3) LE MONASTERE DE ZILANTOV A KAZAN

Le monastère de Zilantov fut la première école missionnaire en Russie et précéda e en quelque sorte la future Académie Missionnaire à Kazan.

 

4) LE MONASTERE DE SOLOVETSKY

Le métropolite Antoine note l'immense importance qu'eut le monastère de Solovetsky pour les populations nomades et semi-nomades de la région arctique de la Russie.

Les communistes transformèrent ce monastère en camps de concentration pour le clergé.

 

SAINT GOURIA DE KAZAN ET SES COMPAGNES BARSANUPHE ET GERMAIN

Saint Gouria baptisa des milliers de Tartares et son zèle était sans limite. Il enseigna sans cesse le peuple et construisit des églises et des monastères. Il fonda des écoles et prit les oppressés dans sa protection

Saint Gouria avait deux compagnons de valeur : Barsanuphe et Germain.

Barsanuphe avait été emprisonné par les tartares en Crimée et avait ainsi eu la connaissance de la foi et de la langue des Tartares.

Germain avait la responsabilité du clergé orthodoxe du diocèse de Kazan et succédera à saint Gouria comme évêque de Kazan.

 

LA MISSION ORTHODOXE EN SIBERIE ET EN AMERIQUE DU NORD

Le chroniqueur Sava Esipov écrivit : " Le Soleil sans-couchant, l'évangile se leva en Sibérie et les psaumes sont entendus partout. La foi chrétienne est arrivée en Sibérie...et les païens qui vécurent en Sibérie furent baptisés et abandonnèrent les ténèbres pour la lumière... "

Le deuxième période de l'histoire de la mission russe commença sous le règne du Tsar Ivan le Redoutable (le Terrible), et ce fut tout d'abord le royaume de Kazan et puis celui d'Astrakhan.

Par la conquête de la Sibérie, une multitude de tribus de la Sibérie feront partie de l'Empire Russe. La conquête de la Sibérie veut dire également la christianisation de la Sibérie et une multitude de tribus de la Sibérie feront partie intégrante de l'Empire Russe, quant à Eugène Smirnoff souligne le fait d'être Russe signifiait d'être chrétien.

Kazan et Astrakhan étaient habités par des Tartares. Les Tartares des villes étaient des musulmans, tandis que la plus grande partie étaient des païens (des Chamans) et Eugène Smirnoff remarque que le chamanisme est la religion la plus ancienne parmi les peuples de la Sibérie. Une autre religion païenne était le lamaïsme et fut introduit en Sibérie par Kublai Khan. L'islam arriva en Sibérie au XVIe siècle par Akhmet Ghiret.

Eugène Smirnoff souligne le fait que le christianisme arriva en Sibérie grâce aux Russes et l'absence totale de formation pour les futurs missionnaires. En effet les missionnaires à l'époque ne connaissait ni la langue, ni les habitudes et croyance de leurs futurs ouailles. Il n'existait aucune traduction de la Bible, de la Liturgie et la Liturgie était célébrée en slavon que personne ne comprenait.

Un autre fait très important, c'était la perte de l'indépendance politique grâce aux Russes, d'ou un antagonisme comme par exemple entre les Tartares et les Russes. Tartare voulait dire musulman. Russe voulait dire chrétien.

Quant à l'historien Pierre Slotsov affirme que le commerce avec la Sibérie aurait été vain si la Sibérie n'avait pas reçu l'Orthodoxie.

En 1620 le patriarche Philarète fonda le diocèse de Tobolsk et le métropolite Philothei Leschinsky de Tobolsk baptisa plus de 40 000 aborigènes et construisit 37 monastères et le métropolite Guédéon note que la mission orthodoxe à Kamtchatka était très active, et il ajoute qu'au cours du XVIIIe siècle les missionnaires d'Altai, de la Yakoutie, du Transbaikal, d'Amure, de Kamtchatka, de la Kirghizie, d'Obdorsk, d'Enisei et de Minusinsk prêchaient l'Evangile du Christ parmi les peuples de la Sibérie.

Enfin le métropolite Guédéon note quelques personnages qui ont contribué à la création des différentes langues écrites de la Sibérie comme Grégoire Novitsky, l'archimandrite Macaire Gloukharev, le métropolite Innocent Veniaminov; archiprêtre Basile Verbitsky, archevêque Denys Khitrov et le métropolite Macaire Nevsky.

Joost van Rossum nous raconte un peu ce qu'il a vécu en Alaska en tant que professeur à Kodiak. Joost van Rossum note que les autochtones confessaient le chamanisme et que se firent baptiser avec joie. Joost van Rossum souligne le fait extrêmement important que les premiers fidèles orthodoxes sont de la population même de l'Alaska et non pas d'un diaspora quelconque. C'est un fait très important lors de la vente de l'Alaska de l'Empire Russe aux Etats-Unis et que la population d'Alaska devint des citoyens des Etats-Unis. L'Église orthodoxe des Etats-Unis faisait partie intégrante de l'Église orthodoxe Russe et par conséquent les Grecs, les Syriens etc. faisaient parties de l'Église orthodoxe russeÉ

Joost van Rossum souligne le fait que les habitants de chaque villages d'Esquimaux forme une famille et que l'on ne peut absolument pas faire partie du village, donc de la famille si on ne prend pas le sauna avec les autres. Comme tout le monde le sait, le sauna c'est le lieu de rencontre par excellence - inclue bien sur les rencontres catéchistiques...(Lors du Congrès International des Syndesmosquitoes à Uusi Valaamo en Finlande en août 1980, nos hôtes ont du construire un sauna épiscopal et un sauna clérical afin que tous les Syndesmosquitoes sans distinction de position dans l'Eglise puissent participer à la vie du sauna...nous autres Syndesmosquitoes simples, nous sommes certains que le sauna épiscopal a du faire fonction du Concile de l'Église, quant au sauna clérical, ils ont du discuter sur l'avenir des escaliers de l'Église.....Il est très important de savoir que la Finlande est un état multinational ou les Mosquitoes forment la majorité absolue de la population, suivie par les Mosquitoes Laponiensis Horribilis, ensuite vient les Finnois, les Caréliens, les Lapons, les Suédois. Les Russes forme la minorité de 2 paroisses à Helsinki).

Joost van Rossum note aussi le fait combien important qu'en Alaska il n'y pas de routes carrossables. Les transports se font essentiellement par bateau, et en hiver lorsque les fleuves sont gelés, l'usage de traîneau, tout d'abord le traîneau à chien, puis maintenant (fin XXe siècle) par de traîneau motorisé et également par des petits avions.

Joost van Rossum note enfin l'existence d'environ 80 paroisses desservis par environ 30 prêtres, et Joost van Rossum souligne le fait que ce sont les fidèles qui assument la prière commune le dimanche et que ce sont les parents qui baptisent leurs enfants.

Les îles d'Aloutes et d'Alaska furent découverts en 1741 par Béring et Chirikov, tous les deux capitaines de la flotte impériale.

La mission orthodoxe en Amérique du Nord commença vers 1794 par les employés de la Compagnie Russo-Américaine. En 1784 Grégoire Shelikov qui était le fondateur de la compagnie arriva sur l'île de Kodiak sur la cote sud de l'Alaska. Grégoire Shelikov n'était pas seulement un chasseur et un commerçant mais il était un zélote pour semer le christianisme parmi les aborigènes. Il construisit une église, fonda une école et baptisa plusieurs Aloutiens. Il fit appel à l'impératrice Catherine II et au Synode avec la demande d'envoi des missionnaires.

Le 24 septembre 1794 la mission de 8 moines volontaires arrivèrent à l'Alaska, sous la responsabilité de l'archimandrite Joasaf Bolotov.

Le père Joasaf raconta leur voyage au père Nazaire (qui à ce moment là était le supérieur du monastère de Valaam). "Nous sommes partis de Moscou le 22 janvier 1794 et nous avons célébrés la sainte Pâque à Irkoutsk, ou nous sommes restés un mois. Puis nous sommes partis d'Irkoutsk vers le fleuve Lena, il y a 2 000 verstes. Ce fut un voyage paisible et confortable. Puis nous avons parcouru plus de 1 000 verstes à cheval de Yakoutsk à Okhotsk et nos affaires furent transportés par 100 chevaux. Nous avions traversés les forets, les collines et les vallées et nous avons vu beaucoup de choses. Il y a beaucoup de pâturages, mais nous n'avons vu que des ours. Le 13 juillet nous sommes arrivés à Okhotsk, et nous avons longé le Kamtchatka, nous avons traversé les îles des Kourilles et la chaîne des îles d'Aloutes. Sur notre chemin, à partir de Yakoutsk, nous avons pris le soin de baptiser tout ceux qui nous ont demandés le baptême. Après deux jours de voyages en mer au long des îles d'Aloutes, nous nous sommes arrêtes sur l'île Unalaska et nous avons baptisé plus de 100 personnes."

Les moines venaient des monastères de Valaam et de Konevets dans le Ladoga.

Pendant les deux premières années environ 12 000 aborigènes reçurent le baptême et en 1795 un des missionnaires, le pretre-moine Youvénale fut tué par les aborigènes...

En 1799 le Synode décida que le responsable de la Mission, l'archimandrite Joasaphe devienne évêque, et le sacre devrait avoir lieu à Irkoutsk., mais le sacre tomba à l'eau pour cause de naufrage du bateau

Le métropolite Guédéon note enfin que le moine-prêtre Guédéon Feodotov travaillait avec les moines de Valaam de 1805 à 1806. Plus tard le père Guédéon fut nommé le père supérieur pour la Laure de Saint Alexandre Nevsky à Saint Petersbourg.

Le métropolite Guédon note enfin l'immense importance de la canonisation de saint Innocent d'Irkoutsk qui fut le premier évêque d'Irkoutsk et de toute la Sibérie, qui eut lieu en 1805.

En 1872 monseigneur Jean transféra son siège de Sitka à San Francisco.

Vers 1890 toute une communauté des immigrés russes, des uniates, avec leur père spirituel, le père Alexandre Toth, furent reçus dans l'Orthodoxie par monseigneur Vladimir à San Francisco.

De 1898 à 1905 ce fut monseigneur Tikhon qui était évêque en Amérique du Nord. Plus tard il devint le patriarche de Moscou...

Archiprêtre Dimitry Grigorieff note l'importance que joua le patriarche oecuménique Mélèce IV qui prétendu que tous les orthodoxes qui vivent dans les pays "barbares" doivent faire partis du patriarcat oecuménique inclue l'Amérique du Nord, et l'archiprêtre Dimitry Grigorieff accuse Mélèce IV d'ignorer volontairement le fait historique que l'Amérique du Nord a toujours fait partie intégrante de l'Église Russe. A toutes ces difficultés s'ajoutait celle que le diocèse fut pendant des longues années sans évêque et il a fallu attendre le 10 septembre 1923 pour que le patriarche Tikhon qui sortit du prison puisse nommer le métropolite Platon pour l'Amérique du Nord.

 

SAINT DIMITRI DE ROSTOV (1651 - 1709)

Un des plus grands auteurs et également missionnaires, fut saint Dimitri de Rostov qui est étroitement liée à son oeuvre littéraire "Vie des Saints".

Le Synaxaire d'octobre nous donne quelques éléments biographiques du Saint Dimitri. Il naquit non loin de Kiev en 1651. Au baptême il reçut le nom de Daniel. Il entra au collège ecclésiastique de Kiev, dont le recteur était un brillant prédicateur et un ardent défenseur de la foi orthodoxe. A l'âge de 17 ans il se fit moine dans le monastère de Saint Cyrille et reçut le nom de Dimitri. Il fut ordonné prêtre en 1675 et devint le prédicateur auprès de archevêque Lazare Baranovitch. Il fut également chargé de diriger différents monastères. Mais ce fut toujours contre son gré, car il aspirait à la vie de solitude et d'ascèse.

Saint Dimitri était très influencé par Pierre le Grand et son occidentalisation de l'Église Russe. Le métropolite Antoine note que saint Dimitri bien qu'étant un ascète, s'intéressa aussi à l'histoire et à l'économie.

Le métropolite Antoine retient surtout le livre "Duhovna Azbuka" comme une chef-d'oeuvre théologique et une immense aide pour d'autres missionnaires.

 

SAINT PHILOTHÉE DE TOBOLSK

Parmi les grands missionnaires de l'Eglise Russe fut le métropolite Philothée de Tobolsk qui entreprit des missions en Sibérie et en Amérique du Nord.

Philothée envoya des missionnaires à Irkoutsk et vers 1705 également à Kamtchatka.

Eugène Smirnoff note que la Sibérie comprenait 300 000 km2 avec seulement 160 églises. Pendant 25 ans (1702 au 1727) monseigneur Philothée et ses plus proches collaborateurs de l'académie ecclésiastique de Kiev entreprirent des voyages missionnaires qui durèrent pendant plusieurs années pour baptiser les Tartares, Ostiakhs, Voguls et Eugène Smirnoff note qu'il s'agissait de 40 000 à 50 000 personnes et la construction de 37 églises pour eux.

En 1714 monseigneur Philothée envoyé une mission à Pékin

 

SAINT INNOCENT D'IRKOUTSK (+ 1731)

Saint Innocent d'Irkoutsk était " un prédicateur de la foi parmi les tribus Mongols " (Kontakion du Saint).

Il naquit d'une famille d'aristocrate de Tchernikov et devint moine à la Laure des Grottes de Kiev en 1706.

Par la suite il devint professeur à l'académie ecclésiastique de Moscou et enfin locum-tenens du supérieur de la Laure Saint Alexandre Nevsky à Saint Petersbourg.

En 1721 il fut sacré évêque et envoyé en Chine ou le gouvernement refusa de le recevoir, et il s'installa provisoirement près du lac Baikal.

Saint Innocent profita de son exil pour apprendre les langues des indigènes et fonda une école pour les Mongols et beaucoup parmi eux reçurent la foi.

En 1722 il fut nommé évêque d'Irkoutsk ou les peuples païens restèrent ignorants de l'évangile et les orthodoxes privés de direction spirituelle. Saint Innocent lutta pendant près de 10 ans pour la conversion et la catéchèse des tribus Mongols dans leurs propres dialectes.

Il mourut en 1731.

 

SAINT GERMAIN D'ALASKA (1757 - 1837)

Il était d'une famille modeste près de Moscou et à l'âge de 16 ans il parti au monastère, tout d'abord dans l'ermitage de la Trinité-Saint -Serge tout près du golfe de Finlande, mais il chercha une solitude plus grande et vint au monastère de Valaam.

Il fut vénéré comme un saint déjà par son vivant par les aborigènes à Alaska. Il était l'intercesseur pour son peuple devant les autorités et vis-à-vis les commerçants par ses prières une inondation fut évitée.

Archiprêtre Dimitry Grigorieff note que nous savons beaucoup de choses sur saint Germain grâce à Siméon Yanovsky, un des plus brillants officiers navals et qui était un des responsables de l'Administration Coloniale Russe en Amérique du Nord.

Saint Germain écrivit à Yanovsky : "Comme un serviteur pour ce pauvre peuple je vous supplie avec larmes de votre miséricorde , soyez notre père, délivrez ces orphelins sans défense de l'oppression..." Yanovsky devint le fils spirituel du saint Germain, il devint moine et plus tard prêtre.

Quant à Baranov qui succéda à Yanovsky, il ne montra aucun intérêt pour la mission, et à la limite saint Germain l'agaçait.

Saint Germain se retira sur un île qu'il appela le "Nouveau Valaam" pour y passer la fin de sa vie terrestre comme semi-ermite.

Le métropolite Guédéon remarque que la mort de saint Germain mit fin à la mission à l'Alaska.

 

L'ARCHIMANDRITE MACAIRE GLOUKHAREV

Eugène Smirnoff remarque que l'archimandrite Macaire était un des meilleurs traducteurs de la Bible.

En 1830 il fonda une mission à Altai en Sibérie occidentale et écrivit un "Dictionnaire comparative des dialectes altai" et il fut aussi le premier de s'adresser à la population altai dans sa propre langue.

L'archimandrite Macaire choisissait le dialecte qui était le plus compréhensible pour l'ensemble, le Telengut, et traduisit les prières, les parties les plus importantes de la Bible et des livres liturgiques et petit à petit il introduisit ses traductions dans la liturgie, et il enseigna les habitants par la participation au chant.

Eugène Smirnoff ajoute que l'archimandrite Macaire réussissait de sédentariser la population nomade, l'apprentissage de l'agriculture. Il fonda également des écoles. Mais le plus important fut la préparation au baptême et le suivie après le baptême.

Eugène Smirnoff remarque aussi qu'en 1860 les successeurs du métropolite Macaire améliorèrent et complétèrent les traductions du métropolite Macaire. Ils composèrent une grammaire de la langue Altai (Telengut) et étudièrent aussi les autres dialectes.

La mission en Altai occupa la place principal parmi les missions de la Sibérie.

 

L'ARCHIPRETRE ALEXANDRE SOULOTSKY (1812 - 1884)

Alexandre Soulotsky venait d'une famille modeste de la région de Yaroslav. Il fit d'abord ses études au séminaire de Yarislave puis il fut envoyé à l'académie de théologie de Saint Petersbourg. A la fin de ses études il fut envoyé comme professeur de l'histoire de l'Église et du grec au séminaire de Tobolsk en 1838.

Alexandre consacra son temps à l'étude de l'histoire de la Sibérie grâce aux archives du gouvernement de Tobolsk.

Tobolsk fut fondé en 1587 et demeura le centre administrative de la Sibérie pour environ deux siècles.

Pendant ses années à Tobolsk, Alexandre rencontra le père Macaire Gloukharev et monseigneur Innocent Veniaminov.

Alexandre épousa la fille d'un des prêtres de la région et en 1848 il fut ordonné diacre puis prêtre et envoyé à Omsk comme professeur dans l'armée et recteur de l'Église Saint-Nicolas, une fonction qu'il garda pendant trente ans.

En 1870 il fut proposé le poste de recteur du séminaire de Tobolsk, mais il déclina cet offre par modestie chrétienne mais également pour des raisons de santé (tuberculose).

Père Alexandre fut l'auteur de plusieurs monographie des icônes en Sibérie, de différentes églises de Tobolsk ainsi qu'une monographie du métropolite Philothée de Tobolsk et sur le métropolite Jean (Maximovitch) de Tobolsk..

Il reçut le doctorat de l'Académie de Théologie de Saint Petersbourg pour son étude sur le métropolite Philothée.

 

SAINT INNOCENT DE MOSCOU (1797 - 1879)

Le missionnaire le plus important de la Sibérie fut sans doute saint Innocent de Moscou, l'illuminateur des Aloutiens et l'apôtre de l'Amérique.

Archiprêtre Dimitri Grigorieff remarque que le pas suivant dans la mission des îles Aloutiens et l'Alaska date de 1824 à l'arrivé du père Jean Veniaminov, qui venait tout juste de recevoir son diplôme de la faculté de théologie d'Irkoutsk.

Paul Garrett, qui est l'auteur de sa biographie, remarque que Jean Veniaminov appela Jean Popov jusqu'au jour ou il arriva à Irkoutsk où il y avait des étudiants nommés Jean Popov en abondance. Alors le brave recteur, évêque Michel, tenta une solution pour distinguer les Jeans Popovs les uns des autres en commençant par ajouter à Popov le nom du village de l'intéressé...et pour finir le brave recteur eut une idée géniale: un évêque Benjamin venait tout juste de mourir et c'est ainsi que notre Jean Popov devint Jean Veniaminov.

Paul Garrett nous explique aussi que notre futur saint était autodidacte et il commença à construire des horloges pour gagner sa vie. Au début ses camarades se moquèrent de lui mais lorsqu'ils se rendirent compte de la capacité de Jean ils devinrent des admirateurs et Jean devenu prêtre Jean continua ce travail en tant que missionnaire en Alaska.

Père Jean arriva à île Unalaska et y passant dix ans parmi les Aloutiens. Il apprit leur langue et traduisit la divine Liturgie, la catéchèse et l'évangile selon saint Matthieu en aloutien et ce fut aussi en aloutien qu'il écrivit son livre devenu célèbre : "Un guide pour le Royaume des Cieux". Plus tard son livre fut traduit en russe et en plusieurs langues de la Sibérie comme le yakoutien l'altaien...

Archiprêtre Dimitri Grigorieff note aussi que les travaux scientifiques linguistiques, anthropologiques, ethnographiques, géographiques et métrologiques du père Jean Veniaminov étaient très apprécies non seulement en Russie mais aussi à l'étranger. L'Alaska bénéficie, comme tous les pays de la région arctique d'une très grande richesse d'animaux, surtout des oiseaux, et également des minéraux.

Après dix ans à Unalaska, Père Jean Veniaminov déménagea à Sitka pour travailler parmi les différents tribus indiens.

En 1839 il se décida de se rendre à Saint Petersbourg en vue de la publication de ses travaux sur la langue aloutienne. .

Les autorités ecclésiastiques apprécièrent énormément les travaux du Père Jean et le nomma tout d'abord archiprêtre. Mais pendant son séjour à Saint Petersbourg Père Jean appris la mort de sa femme. Au début Père Jean refusa tout idée de devenir évêque, car pour lui sa propre famille était primordiale. Il avait plusieurs enfants... puis une fois rassurée la prise en charge pour ses enfants (l'éducation, la scolarisation) père Jean accepta de devenir évêque et il fit des voeux monastiques avec le nom d'Innocent d'après saint Innocent d'Irkoutsk et devint ainsi évêque du Kamtchaka, des îles Kourilles, des îles Aleoutiennes et de l'Alaska. Mais un des membres du Saint Synode remarqua que sur les îles Kourilles il n'y avait pas d'Église Orthodoxe...et que c'était le non-sens être évêque des îles Kourilles... Mais le responsable du Saint Synode, le métropolite Philarète (Drozdov) lui répliqua : "Ne t'inquiète pas pour les îles Kourilles...monseigneur Innocent en construira.."

Monseigneur Innocent retourna à Sitka et de là entreprit ses activités missionnaires. Il ouvrit un séminaire et plusieurs écoles et un orphelinat. Comme son travail missionnaire incluait aussi la Sibérie, Monseigneur Innocent fut forcé de transférer son siège d'abord à Irkoutsk, puis à Blagoveshensk. Il confia Sitka à un évêque auxiliaire.

Paul Garrett consacre également un chapitre aux enfants de l'ex-père Jean Veniaminov. Un de ses fils, Gabriel deviendrait prêtre, ses filles Catherine, Olga et Thekla épouseront des candidats à la prêtrise. Sa fille Paraskeva deviendrait la moniale Polyxenia et les conseils spirituels entre Paraskeva et son père ont une très grande simplicité.

Paul Garett a consacré un long chapitre détaillé sur le voyage pastoral qu'accomplit monseigneur Innocent à Kamtchatka et Paul Garett souligne le fait que l'unique moyen de voyager à travers le Kamtchatka c'est en hiver lorsque la neige recouvre la toundra, lorsque les fleuves sont gelées. Le voyage était à bord de traîneau avec des chiens.

Paul Garrett nous raconte la rencontre entre monseigneur Innocent et le père Nicolas Kassathkin au Japon. Monseigneur Innocent fabrique une soutane au père Nicolas, lui donne une croix et le conseil le plus précieux : celui de bien apprendre le japonais la condition sine qua non de réussir sa mission au Japon.

En 1868 monseigneur Innocent reçut l'immense honneur de succéder au métropolite Philarète Drozdov de Moscou. Monseigneur Innocent note le choc qu'il avait ressentit lorsqu'il célébra la liturgie pour la première fois à Moscou, car ses fidèles n'étaient plus les gens simples de l'Alaska mais les gens distingués de Moscou.

Ce fut aussi en 1868 que la Russie vendit l'Alaska aux Etats-Unis et monseigneur Innocent créa une diocèse séparée sur le territoire des Etats-Unis.

En 1870 l'archimandrite Vladimir Petrov avec la bénédiction du métropolite Innocent, composa la charte de la Société Orthodoxe des Missionnaires qui fut obligatoire pour toute mission religieuse dans l'Eglise Russe.

Monseigneur Innocent s'endormit dans le Seigneur le Grand Samedi , le 31 mars, 1879.

 

SAINT NICOLAS KASSATHKINE - LE MISSIONNAIRE DU JAPON (1836 - 1912)

Le Synaxaire de février nous donne une biographie de Nicolas Kassathkine. Il naquit en 1836 dans la province de Smolensk. Son père, Jean Kassathkine était diacre et sa mère mourut lorsque Nicolas avait 5 ans. Nicolas avait tout d'abord pensé à la carrière militaire, mais pendant ses études secondaires il s'orienta vers les missions lointaines et se décida pour le Japon.

En 1860 lorsque Nicolas était étudiant à l'Académie Théologique de Saint Petersbourg, le Saint Synode était à la recherche d'un volontaire pour devenir chapelain au consulat russe à Khakondate au Japon. Très tôt Nicolas abandonna ses liens avec la diplomatie et apprit seul le japonais... mais le Japon était très hostile au christianisme mais Nicolas réussit de convertir Sawabé qui était prêtre " païen " et Sakaya qui était médecin.

Ce fut un centre missionnaire dynamique et 20 000 personnes reçurent le baptême. Père Nicolas traduisit le Nouveau Testament et les textes liturgiques en japonais.

En 1872 un évêque russe vint ordonner les deux premiers Japonais à la prêtrise.

En 1873 la mission russe fut tolérée par le gouvernement

En 1878 père Nicolas ouvrit un séminaire pour la formation du clergé japonais.

En 1880 Père Nicolas fut sacré évêque et il resta dans son diocèse malgré la guerre qui opposa son pays avec le Japon. Il célébra des Te Deum pour la victoire de l'armée japonaise.

En 1891 eut lieu la consécration de la cathédrale orthodoxe de la Résurrection (Nikolai Do) à Tokyo.

En 1912 monseigneur Nicolas quitta cette terre pour le royaume de Dieu.

L'Église orthodoxe du Japon compte 30 000 fidèles sur une population totale de 125 400 000 habitants (selon la mise à jour du 30 juin 1996 du Grand Usuel Larousse - dictionnaire encyclopédique).

Il y a 150 paroisses orthodoxes au Japon et une revue mensuelle Seikyo-Jiho (Messager Orthodoxe).

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L'ACADEMIE THEOLOGIQUE DE KAZAN - CENTRE D'ETUDES MISSIONNAIRES:

En 1842 eut lieu la fondation de l'académie théologique de Kazan qui devint un centre d'études missionnaires selon le mode d'enseignement occidentale.

Pendant tout le XVIIIe siècle les futurs clercs de l'Église Russe devinrent ainsi des érudits en latin.

En 1793 eut lieu la publication de la traduction russe de la Philocalie de Paissy Velichkovsky qui était moine au monastère de Neamts en Moldavie (la Roumanie actuelle). La langue russe devint la langue dans laquelle le plus grand nombre des textes patristiques furent traduits.

L'archimandrite Macaire, qui connaissait l'hébreu est aussi un des meilleurs traducteurs de la Bible, établit en 1830 la mission d'Altai en Sibérie Occidentale en traduisant l'Écriture et la liturgie dans les différents dialectes de la région.

Le chef du Centre fut le remarquable professeur Nicolas Ilminsky qui était linguiste en hébreu, en grec et en latin.

En 1847 un décret impériale décida la traduction des livres saints dans la langue des Tartares. Afin de se perfectionner en arabe classique Nicolas Ilminisky fit un séjour au Caire. De retour à Kazan, il se mit en contact avec les Tartares baptisés.

Professeur Illminsky et ses collaborateurs traduisirent dans des dialectes divers les textes bibliques et liturgiques. Ainsi une véritable bibliothèque fut crée à l'usage des Tartares, Yakoutes, Bouriates, Tongouses, Outiaques, Mordives, Tcheremistes, Osyaks, Samoyèdes et Kirghize.

En 1862 les premiers livres furent imprimés en tartare avec les caractères russes.

En 1863 Ilminsky ouvrit une école pour les enfants tartares baptisés et cette école eu un succès énorme. Les enfants apprirent à lire, à écrire, ils apprennent de lire et de chanter les prières. Les sujets étaient la religion, les prières, l'histoire sainte et le catéchisme.

En 1867 la fraternité de saint Gouria fut fondée à Kazan qui avait comme but la traduction.

En 1868 une comités de traduction fut instaurée à Kazan avec comme but la traduction de la Bible, des livres liturgiques et des livres d'éducation.

Le premier samedi du carême 1869 la liturgie fut entièrement célébrée en tartare et les élèves de l'école reçurent la communion pour la première fois.

En 1903 dans la seule région de Kazan la Liturgie de saint Jean Chrysostome était célébrée dans 20 langues.

 

LA MISSION ORTHODOXE EN CHINE

Vers la fin du XVIIe siècle il y avait une mission orthodoxe en Chine. Un groupe de Cosaques devinrent des gardiens de l'empereur de Pékin.

Mais par la suite les jésuites rendirent la vie impossible à la mission russe en Chine. Le métropolite Philothée de Tobolsk fut refoulé lors de son arrivée à la frontière chinoise.

Eugène Smirnoff note que la mission russe en Chine du travailler dans des conditions extrêmement défavorables. Les missionnaires se concentrèrent à l'apprentissage de la langue chinoise et ce furent surtout grâce entre autre aux archimandrites Gouria et Pallade que la traduction en chinois de la Bible et les livres liturgiques virent le jour. D'autres missionnaires firent connaissance avec la langue, l'histoire, la littérature, la religion et la vie en Chine.

En 1869 une colonie russe s'installa dans la banlieue de Pékin.

Orthodoxer Kirchenkalender note les 222 Nouveaux Martyres chinois tués par les Boxers en 1900.

LA MISSION ORTHODOXE EN PERSE

Le 26 mars 1898 la mission russe fut ouverte à Urmie en Perse. Son fondateur fut l'archimandrite Sophone Sokolsky qui devint évêque de Turkestan.

Métropolite Antoine nous fait remarquer l'importance capitale, car cela permit à des milliers des chrétiens de la région de rejoindre l'Orthodoxie, dont 30 000 chrétiens syro-chaldéens.

Métropolite Antoine note aussi le fait des uniates assyriens en Kurdistan qui furent reçut dans l'Église orthodoxe Russe.

 

LA MISSION ORTHODOXE EN COREE

L. Anisimov note que la Corée n'avait pas une religion nationale : c'était un mélange entre l'animisme, le polythéisme sous-développé, le Bouddhisme et le Confucianisme.

En 1590 les missionnaires catholiques romains baptisèrent quelques Coréens et en 1990, selon L. Anisimov, il y avait 17 000 Coréens catholiques romains.

L. Anisimov note qu'à la fin du XIXe siècle beaucoup de Coréens vécurent autour de Vladivostok et que monseigneur Benjamin Blagravov en baptisa quelques milliers.

L. Anisimov note aussi la présence des Russes en Corée, et que les Russes ont toujours été bien disposés à l'égard des Coréens.

Le fondateur de la mission russe en Corée fut l'archimandrite Chrisanphe Shchetkovsky. que les Coréens révèrent comme leur apôtres et leur illuminateur.

Chrisanphe Shchetkovsky naquit en 1869. Son père était diacre. En 1899 Chrisanphe fut ordonné moine-pretre et reçut son diplôme de Docteur en théologie à l'Académie Théologique de Kazan.

Cette même année Père Chrisanphe s'est vu confié le responsable de la mission russe en Corée pour les besoins spirituels des Russes et après des longues attentes à la frontière, il arriva à Séoul en janvier 1900.

Père Chrisanphe s'intéressa de plus en plus à la population coréenne. Il avait envie de mieux les connaître et commença ainsi de prêcher l'évangile.

Avec l'aide des Coréens qui avaient des notions de russe pour traduire les livres liturgiques en coréen et L. Anisimov remarque que la langue coréenne est difficile.

Puis le père Chrisanphe découvrit que c'était plus facile de traduire du russe au coréen en passant par le chinois et donc grâce au chinois la traduction des livres liturgique pris la vitesse grand V. Mais après 1900 le centre de la Mission Russe de Pékin fut ravagé par une incendie avec comme conséquence la destruction de l'ensemble de la bibliothèque... Heureusement qu'il y avait ces livres à Séoul et il fallait les restituer tant pis pour les traductions.

En octobre 1900 le père Chrisanphe ouvrit une école pour les enfants coréens avec comme sujet supplémentaire la langue russe. L'école fut agrémentée par le Ministère de l'Education de Corée.

Le 17 avril 1903 la première église orthodoxe fut consacrée à Séoul et des baptêmes en suivirent.

La guerre russo-japonaise ruina presque tout le travail que la mission russe avait accomplit en Corée. La Corée fut occupée par le Japon et la propriété de la mission fut confiée à l'ambassade de France.

Le 2 février 1904 le père Chrisanphe se vit obligé de retourner en Russie. Il devint évêque d'Elisabetgrad et mourut en 1906 à l'âge de 37 ans par la tuberculose.

En août 1906 un nouveau groupe de missionnaires orthodoxes arrivèrent à Séoul et l'archimandrite Paul Ivanovsky devint le successeur du père Chrisanphe.

Père Paul avait le don spécial de l'administration et fonda des camps missionnaires. Père Paul était le seul prêtre et il confia le catéchisme à ses collaborateurs laïcs. Grâce à ces camps missionnaires des écoles furent fondées .

Père Paul avec l'aide du traducteur coréen I. Kan la traduction des livres liturgiques continua, et ainsi le livre de prière, le livre des heures, l'euchologe et ainsi que des parties de l'octoèque, du triode, des menée des fêtes, ainsi que le catéchisme et la Bible.

Théodore Perevelov assisté par M. Kim réussit d'adapter les chants de l'Église Russe en coréen.

Mais en 1912 père Paul fut rappelé en Russie pour devenir évêque vicaire de Vladivostok et continua de veiller sur la mission au Corée jusqu'à sa mort en 1919.

L. Anisimov note la dégradation constante de la mission russe en Corée : fermeture des camps missionnaires, des écoles.

Après la guerre civile, la Corée fut partagée en deux, mais la petite communauté orthodoxe de Séoul continua son existence sous la paternité spirituelle du père Boris Mun.