Bulletin des vrais chrétiens orthodoxes sous la juridiction de S.B. Mgr. André archevêque d'Athènes et primat de toute la Grèce. |
NUMÉRO 89
Hiéromoine Cassien |
Foyer orthodoxe |
66500 Clara (France) |
Tel : 00 33 (0) 4 68 96 1372 |
LA OU EST L'AMOUR, LA EST DIEU
EST-IL SUFFISANT DE SE NOMMER "ORTHODOXE" AUJOURD'HUI ?
NE PRENDS PAS LE NOM DE DIEU EN VAIN
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Dans une ville vivait un cordonnier du nom de Martin Avdejitch. Il habitait en contrebas dans une cave, dans une pièce n'ayant qu'une seule fenêtre. Cette fenêtre donnxait sur la rue et par cette fenêtre on pouvait voir les gens qui passaient. Bien qu'on ne voyait que leurs pieds, Martin Avdejitch les reconnaissait à leurs bottes. Martin Avdejitch habitait depuis longtemps à cet endroit et le connaissait bien. Il y avait peu de bottes dans tout le quartier qu'il n'eût pas déjà raccommodé une ou deux fois. Sur les unes il avait cloué des semelles, sur d'autres des pièces, il en avait encore rapiécé d'autres ou bien ressemelé certaines. Souvent il pouvait reconnaître son propre travail à travers la fenêtre. Avdejitch avait beaucoup de travail car il travaillait avec application, fournissait du bon ouvrage, n'était pas trop cher et tenait parole. S'il pouvait terminer à la date convenue, il acceptait, sinon, il refusait tout de suite et ne trompait personne. On connaissait Avdejitch comme étant soigneux et c'est pour cela qu'il avait toujours du travail.
Avdejitch avait toujours été un homme de bien, mais avec l'âge il se mit à penser de plus en plus à son salut et à s'occuper de Dieu. Il avait perdu sa femme quand il travaillait encore comme commis chez un maître. Elle lui avait laissé un garçon de trois ans. Ses enfants plus âgés étaient déjà décédés depuis bien longtemps. Martin aurait voulu d'abord envoyer son fils chez sa soeur à la campagne, mais il le regretta en pensant : "Mon petit Capiton aura du mal à grandir parmi des étrangers; je le garde donc avec moi."
Ainsi Avdejitch cessa de travailler chez son patron et ouvrit son propre atelier. Mais Dieu ne lui donna pas beaucoup de bonheur avec ses enfants. A peine un peu grandi, et prêt à aider son père, qui en était tout content, Capiton attrapa une maladie, s'alita avec de la fièvre et mourut au bout d'une semaine. Martin enterra son enfant et s'abandonna au désespoir, à tel point qu'il commença à murmurer contre Dieu. Une telle mélancolie s'empara de Avdejitch, qu'il demanda plus d'une fois à mourir, et il rapprochait à Dieu d'avoir pris son fils bien-aimé au lieu de lui, le vieillard. Avdejitch cessa finalement tout-à-fait de fréquenter l'église.
Une fois, Avdejitch accueillit un noble qui revenait d'un pèlerinage au monastère de la sainte Trinité. Depuis huit ans il se trouvait en pèlerinage. Martin lui épancha son coeur et lui confia sa peine.
"Je n'ai aucune envie de continuer à vivre, mon ami. Je ne désire que la mort. C'est tout ce que je demande à Dieu. Je suis un homme sans désir et sans espoir."
Le vieillard lui dit : "Martin, tu parles d'une manière insensée. Nous n'avons pas le droit de juger les Actes de Dieu. L'homme pense et Dieu dirige. Dieu a pris la décision que ton fils meure et que toi, tu vives. Il faut l'accepter ainsi. Mais si tu es désespéré cela vient de ce que tu ne cherches à vivre que pour ton plaisir."
"Mais pourquoi vivre ?" demanda Martin. Et l'ancien répliqua : "Il faut vivre pour Dieu, Martin. C'est Lui qui t'a donné la vie et il faut vivre pour Lui. Si tu vis pour Lui tu n'aura plus de soucis et tout te sera facile."
Martin se tut et demanda ensuite : "Comment vivre pour Dieu ?"
L'ancien répondît : "Comment vivre pour Dieu, c'est le Christ qui nous l'a enseigné. Tu sais lire ? Alors achète-toi un évangile et lis-le. Ainsi tu apprendras comment vivre pour Dieu. La-dedans tout est dit."
Ces paroles ouvrirent le coeur d'Avdejitch et il alla le même jour acheter le Nouveau Testament en gros caractères et s'appliqua à le lire.
Avdejitch ne voulait d'abord le lire que les dimanches et jours fériés. Mais dès qu'il eut commencé, il se sentit soulagé et joyeux. C'est ainsi qu'il se mit à le lire chaque jour.
Souvent il lisait tellement qu'il n'arrivait à s'arrêter que lorsque la lampe à huile s'éteignait. Avdejitch lisait ainsi chaque soir. Plus il lisait, plus il comprenait ce que Dieu attendait de lui et de quelle façon il faut vivre pour Dieu. Il se trouva de plus en plus soulagé et libre. Auparavant, il gémissait, se plaignait et regrettait son fils en se couchant, mais à présent, il disait toujours : "Bénis sois-Tu Seigneur Dieu, bénis sois-Tu ! Que ta Volonté soit faite !"
A partir de ce temps-là, toute la vie d'Avdejitch changea. Avant, il allait parfois les jours de fête au bistrot, boire du thé et se faisait servir une vodka. S'il buvait en compagnie d'un ami, il n'était pas ivre, mais quittait quand même un peu éméché le bistrot, disait des choses insensées, importunait les gens et parlait mal d'eux. Mais maintenant tout cela l'avait quitté. Sa vie était calme et pleine de joie. Tôt le matin il commençait son travail, travaillait un certain temps, puis décrochait la lampe du mur, prenait le livre dans l'étagère, l'ouvrait et commençait à lire. Et plus il lisait, plus il comprenait et se sentait le coeur plein de lumière et de joie.
Une fois, il arriva que Martin lise jusqu'à tard dans la nuit. Il lut dans l'évangile de saint Luc : "A qui te frappe sur une joue présente-lui aussi l'autre. A qui te prend ton manteau donne aussi ton gilet. A qui te demande, donne et à qui te prend ce qui est à toi ne le réclame pas. Ce que vous voulez que les gens fassent pour vous, faites-le de même." Et plus loin il lut le verset où le Seigneur dit : "Pourquoi M'appelez-vous Seigneur, Seigneur, et ne faites-vous pas ce que Je vous dis ? A celui qui vient vers Moi et qui écoute mes paroles, Je lui montrerai à qui il ressemble. Il ressemble à un homme qui construit une maison qui creuse profondément et qui pose le fondement sur le roc. Les eaux arrivèrent, mais ne purent pas emporter la maison car elle était construite sur le roc. Mais celui qui écoute et ne fait pas ressemble à un homme qui a construit la maison sur du sable. Les eaux arrivent et l'emportent."
Une fois lues ces paroles, Avdejitch se réjouit dans son coeur. Il déposa ses lunettes, mit le livre de côté, appuya ses coudes sur la table et se mit à réfléchir. En pensée, il compara sa vie avec l'Écriture. Il pensa : "Comment est construite ma maison - sur le roc ou sur le sable ? Elle est bien construite si elle est bâtie sur le roc. Tout semble facile, on est assis seul et on pense avoir fait tout ce que Dieu demande, mais c'est si facile de se laisser distraire et voilà qu'on recommence à pécher. Je tâcherai de faire un effort encore. Tout est si beau. Aide-moi Seigneur Dieu."
Telles étaient ses pensées et il s'apprêtait à aller se coucher mais il ne pouvait se séparer du livre. Et il commença à lire au septième chapitre. Il lut l'histoire du centenier de Capernaum, du fils de la veuve de Naïn, de la réponse qui fut donnée aux disciple de Jean, et il arriva au passage où le riche pharisien avait le Seigneur comme convive. Il lut comment la pécheresse oignit les Pieds du Seigneur, les arrosa de ses larmes et comment Il lui pardonna ses péchés. Il arriva ainsi au verset 44 et lut : "Puis, se tournant vers la femme, il dit à Simon : Vois-tu cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m'as point donné d'eau pour laver mes pieds; mais elle, elle les a mouillés de ses larmes, et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m'as point donné de baiser; mais elle, depuis que je suis entré, elle n'a point cessé de me baiser les pieds. Tu n'as point versé d'huile sur ma tête; mais elle, elle a versé du parfum sur mes pieds." (Lc 7,44).
Quand il eut lu ce verset il pensa : "Tu ne m'as point donné d'eau pour laver mes pieds. Tu ne m'as point donné de baiser. Tu n'as point versé d'huile sur ma tête..."
Et de nouveau Avdejitch déposa ses lunettes sur le livre et se mit à réfléchir. Le pharisien était certes comme moi... il ne pensait qu'à lui-même. Comment être assis en buvant tranquillement son thé sans penser à ses convives ? Il ne pensait qu'à lui-même sans se donner le moindre mal pour ses hôtes. Qui fut son hôte ? Le Seigneur Lui-même. S'Il venait maintenant chez moi comment me comporterais-je envers Lui ? Et Avdejitch s'appuya sur ses coudes et ne s'aperçut pas que le sommeil s'emparait de lui.
"Martin", murmura une voix tout à coup près de son oreille. Il se réveilla de son demi-sommeil : "Qui est là ?" Il regarda partout, alla à la porte - personne. Il s'assoupit donc de nouveau. Tout à coup, il entendit clairement : "Martin, Martin. Demain regarde dans la rue, je viendrai chez toi."
Avdejitch se réveilla, se leva de sa chaise et se frotta les yeux. Il ne savait pas si ces paroles avaient été entendues en songe ou en réalité. Il éteignit la lampe et alla se coucher.
Le jour suivant, avant l'aurore, Avdejitch le leva, dit sa prière du matin, alluma le feu, mis la soupe de choux et l'orge perlé dessus, s'occupa du samovar, se ceignit de son tablier et se mit près de la fenêtre pour travailler.
Avdejitch était ainsi assis à travailler et pensait sans cesse à l'événement de la veille. Il pensait : ou j'ai rêvé ou cette voix était réelle. "Pourquoi pas", pensa-t-il. "Cela est déjà arrivé".
Assis près de la fenêtre, il regardait sans cesse vers l'extérieur. Et si quelqu'un passait dont il ne connaissait pas les chaussures, il se levait pour regarder à travers la fenêtre afin de voir aussi son visage. Le valet avec ses nouvelles bottes en velours passa. Ensuite le porteur d'eau, et, pour finir, un vétéran de l'armée du tzar Nicolas chaussé de ses vieilles bottes rapiécées et portant dans ses mains une pelle. Le vieux s'appelait Stepanytch et habitait à côté de l'épicier qui l'avait recueilli charitablement. Il aidait le serviteur de la maison dans sa tâche. Maintenant Stepanytch s'apprêtait à enlever la neige devant la fenêtre d'Avdejitch. Avdejitch le regarda un bon moment et se remit ensuite à sa besogne.
"Je deviens un peu gâteux dans mes vieux jours," se taquina-t-il lui-même. "Stepanytch enlève la neige et je m'imagine que le Seigneur Jésus me rendra visite. Es-tu devenu tout-à-fait débile, mon vieux ?" Mais lorsqu'il eut fait à peine quelques points, il se sentit de nouveau attiré vers la fenêtre. Il regarda dehors et vit Stepanytch qui avait appuyé sa pelle contre le mur, se réchauffant et se reposant simplement.
C'était un homme vieux et fragile et on voyait que la tâche dépassait ses forces. Avdejitch réfléchissait : "Et si je lui offrais un thé ? Mon samovar déborde déjà." Il déposa son alêne, se leva, mit le samovar sur la table, versa de l'eau sur le thé et frappa avec ses doigts sur la fenêtre. Stepanytch de retourna et s'approcha de la fenêtre. Avdejitch lui fit signe et monta pour ouvrir la porte.
"Entre et réchauffe-toi un peu, dit-il, tu as certainement bien froid."
"Dieu te le rendra. C'est vrai, tous mes os me font mal," dit Stepanytch, et il entra. Il secoua la neige, nettoya ses pieds pour ne pas salir par terre, tout en chancelant.
"Ne te donne pas de peine, je nettoierai. C'est ainsi chez nous. Entre seulement et assieds-toi," dit Avdejitch. "Tiens, bois du thé."
Avdejitch versa deux verres, en poussa un vers l'hôte, versa le contenu du sien sur la soucoupe et souffla dessus.
Stepanytch vida son verre, le retourna, remit les restes de sucre dessus et remercia. On voyait qu'il aurait bien bu encore un autre verre.
"Bois encore", dit Avdejitch en lui versant un autre verre. Avdejitch but son thé sans cesser de regarder à travers la fenêtre.
"Tu attends peut-être quelqu'un ?" demanda l'hôte.
"Si j'attends quelqu'un ? J'ai presque honte de dire qui j'attends. Je n'attends pas vraiment mais une parole m'a touché le coeur. Regard, mon ami : hier, j'ai lu dans l'évangile de notre Seigneur et Sauveur comment Il a souffert et comment il a vécu sur terre. Tu l'as peut-être entendu aussi ?"
"Bien sûr, répondit Stepanytch, mais nous sommes des ignorants et nous n'avons pas appris à lire."
"Ainsi j'ai lu comment Il a vécu sur terre. Tu sais comment Il est allé chez le pharisien et comment celui-ci ne l'a pas bien reçu. Regarde mon ami, en lisant cela hier, je pensais : Comment s'est-il fait qu'il n'a pas accordé assez d'honneur à notre Seigneur et Sauveur ? Je pensais : si cela m'arrivait à moi et même pour quelqu'un d'autre, je ne sais combien de peine je me donnerais pour Le recevoir dignement. Et celui-là ne s'en est aucunement inquiété. Voici quelles furent mes pensées, et je m'endormis la-dessus. En demi-sommeil, je m' entendis tout à coup appeler par mon nom, mon ami. Je sursautai et il me sembla qu'une voix me chuchotait : "Attends-moi demain, et je viendrai chez toi." Je l'ai entendu par deux fois. Maintenant - que tu le croies ou non - cela me trotte dans la tête. Je me réprimande moi-même mais j'attends toujours le Sauveur."
Stepanytch secoua la tête sans rien dire. Il vida son verre et le poussa de côté. Avdejitch le reprit et le remplit de nouveau.
"Bon appétit. Je pense que quand notre Seigneur a vécu sur terre, Il n'a méprisé personne et S'est davantage occupé des gens simples. Il a toujours été de leur côté, et ses disciples, Il les a choisis parmi eux. Ils ont été ouvriers et pêcheurs comme nous. Qui s'élève, dit-Il, sera abaissé et qui s'abaisse sera élevé. Vous M'appelez Seigneur, dit-Il, et Je vous lave les pieds. Qui voudra être le premier qu'il se fasse le serviteur de tous. Car, dit-Il, bienheureux les pauvres, les humbles, les doux, les miséricordieux."
Stepanytch avait oublié son thé. C'était un homme âgé, qui avait bon coeur. Il était assis et les larmes coulaient de ses yeux.
"Encore un petit verre," dit Avdejitch. Mais Stepanytch se signa, remercia, poussa le verre de côté et se leva.
"Je te remercie, Martin Avdejitch," dit-il. "Tu m'as bien reçu, et tu m'as rassasié le corps et l'âme."
"Reviens seulement, tu es toujours le bienvenu," dit Avdejitch.
Stepanytch partit et Martin versa le dernier thé dans son verre, le but, rangea les verres et s'assit pour travailler à nouveau près de la fenêtre. Il fixait un talon. Et il regardait sans cesse par la fenêtre, attendait le Sauveur et pensait à ses paroles. Une multitude de paroles du Christ lui passaient par la tête.
Deux militaires passèrent, l'un dans des bottes militaires et l'autre dans ses propres bottes. Ensuite passa le propriétaire de la maison d'à côté avec ses chaussures bien polies, et finalement le boulanger avec son panier. Tous ceux-ci passèrent, et il vit enfin devant la fenêtre une femme avec des chaussettes en laine et des chaussures de paysan. Elle passa devant la fenêtre et s'arrêta près du mur. Avdejitch regarda dehors et vit qu'elle était étrangère. Elle était mal habillée et portait un enfant sur ses bras. Elle appuyait son dos contre le mur et voulait envelopper son enfant mais n'avait rien de convenable car ses vêtements étaient en tissu d'été, et, de plus, bien usés. Avdejitch entendit à travers la fenêtre que l'enfant criait et que la mère lui parlait. Mais l'enfant ne voulait pas se consoler. Avdejitch monta l'escalier et alla à la porte. Il appela : "Hé, jeune femme;" La femme l'entendit et se retourna.
"Pourquoi restes-tu avec ton enfant dans le froid ? Entre, dans la pièce chauffée tu pourras mieux l'envelopper. Viens !"
La femme fut toute surprise. Elle voyait un vieillard avec son tablier et des lunettes sur le nez qui l'appelait. Mais elle le suivit.
Ils descendirent l'escalier et entrèrent dans la pièce. Le vieillard conduisit la femme près de son lit.
"Par ici, dit-il, assieds-toi près du poêle, jeune femme. Réchauffe-toi et allaite ton enfant."
"Je n'ai plus de lait dans mes seins car je n'ai rien mangé depuis le matin," dit la femme, mais elle porta toute de même l'enfant à ses seins.
Avdejitch secoua la tête, alla près de la table, prit un bol, ouvrit la poêle et versa de la soupe dans le bol. Ensuit, il prit la casserole avec l'orge perlée sur le feu. Mais elle n'était pas encore prête. Il ne mit ainsi que la soupe sur la table. Ensuite il chercha du pain, prit une serviette au clou et la mit sur la table.
"Assieds-toi, jeune femme, dit-il, et mange. Je reste près du petit. Moi aussi j'ai eu des enfants et je sais m'occuper d'eux."
La femme se signa, s'assit à table et commença à manger. Avdejitch se mit sur le lit près de l'enfant. Avdejitch fit claquer sa langue mais cela ne marchait plus très bien car il n'avait plus de dents. L'enfant n'arrêtait pas de pleurer. Avdejitch eut l'idée de menacer l'enfant avec le doigt. Il éleva le doigt, le secoua et le tint près de la bouche de l'enfant en le retirant tout de suite. Il ne fallait pas que l'enfant prenne le doigt dans la bouche, car il était plein de poux. L'enfant fixa le doigt qui se promenait et devint enfin calme. Il se mit même à rire. Avdejitch se réjouissait. La femme mangea et raconta son histoire et d'où elle venait.
"J'étais la femme d'un militaire, dit-elle. Mon mari a été envoyé au loin il y a huit mois et je n'ai aucune nouvelle de lui. J'étais cuisinière quand j'ai mis l'enfant au monde. Les patrons ne voulaient pas me garder avec l'enfant. Ainsi je suis depuis trois mois sans travail. Tout mon avoir est dépensé. Je voulais travailler comme sage-femme, mais personne ne me veut. 'Tu es trop maigre,' me disent-ils. Je suis allée chez une marchande chez laquelle habitait une femme de mon village. Elle a promis de m'embaucher. Je pensais que je pouvais rester tout de suite chez elle mais elle m'a dit de revenir la semaine prochaine. Elle habite si loin. Je suis toute fatiguée et même pour l'enfant c'était pénible. Je remercie Dieu de ce que notre hôte a de la compassion pour nous et nous laisse habiter chez elle. Sinon nous ne saurions où habiter."
Avdejitch soupira et dit :
"As-tu au moins des habits chauds ?"
"D'où veux-tu que j'aie des habits chauds ? Hier j'ai donné en gage mon dernier foulard pour vingt Kopecks."
La femme alla près du lit et prit l'enfant dans ses bras. Mais Avdejitch se leva, alla près du mur, chercha un bon moment et revint enfin avec un vieux surplus.
"Tiens, dit-il, c'est un vieux truc mais avec cela tu peux au moins envelopper l'enfant."
La femme regarda le surplus, ensuite regarda le vieux et commença à pleurer en prenant l'habit. Avdejitch se détourna, glissa sa main sous le lit d'où il sortit une valise dans laquelle il chercha quelque chose, puis il s'assit de nouveau auprès de la femme.
Le femme dit :
"Que le Christ te le rende, grand-père ! Il m'a envoyé devant ta fenêtre sinon l'enfant serait mort de froid. Quand j'ai quitté la maison il faisait chaud mais maintenant il fait bien plus froid. Il t'a certainement demandé de regarder par la fenêtre et de prendre en pitié mon sort."
Avdejitch rit et dit : "Certes, Il l'a fait, car je ne regardais pas sans raison par la fenêtre, jeune femme."
Avdejitch raconta son rêve aussi à la femme, comment il avait entendu la voix disant que le Seigneur voulait lui rendre visite aujourd'hui.
"Tout est possible," dit la femme. Elle se leva, s'habilla, ainsi que l'enfant, s'inclina et remercia Avdejitch encore une fois.
"Prends cela, au Nom du Christ," dit Avdejitch en lui donnant une pièce de 20 Kopecks. "Achète-t'en un tissu." La femme se signa, de même qu'Avdejitch, qui l'accompagna à la porte.
La femme était partie. Avdejitch mangea sa soupe de choux, rangea et se remit une nouvelle fois à sa besogne. Mais, tout en travaillant, il n'oubliait pas la fenêtre. Il regardait tout de suite, dès qu'il faisait plus obscur là-haut, pour voir qui venait. Il y avait beaucoup de passants, des connaissances et des étrangers, mais personne ne se faisait remarquer particulièrement.
Finalement Avdejitch vit une vieille femme se tenir tout près de sa fenêtre. Elle portait un panier de pommes sur le bras. Il ne lui en restait plus beaucoup. Elle avait probablement tout vendu. Par dessus l'épaule, elle portait un sac de copeaux. Elle les avait certainement ramassés sur un chantier et les portait maintenant à la maison. Le sac paraissait lui peser. Elle chercha à le mettre sur l'autre épaule. Elle le laissa tomber sur le pavé, posa le panier avec les pommes sur une pierre et secoua les copeaux dans le sac. Alors qu'elle secouait le sac apparut tout à coup, - Dieu sait comment - un gamin avec un bonnet déchiré. Dérobant une pomme du panier, il voulut disparaître, mais la vieille le vit, se retourna et attrapa le gamin par le bras. Le gamin gigota, essaya de se défaire mais la vieille le tenait avec ses deux mains, jeta son bonnet par terre et lui tira les cheveux. Le gamin criait et la vieille rouspétait. Avdejitch ne prit pas le temps de ranger l'alêne. Il la jeta par terre et courut dehors. Sur les marches il trébucha même et perdit ses lunettes. Une fois dans la rue, il vit la vieille qui tirait les cheveux du garçon et en rouspétant le menaçait de l'amener chez le policier. Le gamin essayait de se dégager et niait : "Je n'ai pas volé la pomme. Pourquoi me frappes-tu; lâche-moi." Avdejitch les sépara, prit le gamin par la main et dit : "Laisse-le courir, grand-mère, et pardonne au Nom du Seigneur."
"Je lui pardonnerai tellement qu'il y pensera jusqu'au printemps ! J'amène ce vaurien à la gendarmerie."
Avdejitch la supplia. "Laisse-le partir, grand-mère. Il ne le refera plus. Lâche-le au Nom du Christ."
Finalement la vieille lâcha le gamin, qui voulut se dérober, mais Avdejitch le retint.
"Demande pardon à la grand-mère," dit-il. "Et à l'avenir ne le refais pas. J'ai vu que tu as volé la pomme."
Le garçon pleura et demanda pardon.
"Voilà, c'est bien ainsi. Prends cette pomme !" Avdejitch prit une pomme du panier et la donna au gamin. "Je te la payerai, grand-mère," dit-il.
"Tu ne fais que gâter ce moineau," dit la vieille. "Il aurait besoin d'une belle réprimande, qu'il n'oublierait pas si vite."
"Grand-mère, grand-mère," dit Avdejitch, ainsi pensons-nous mais Dieu pense autrement. S'il faut le punir pour une pomme alors qu'est-ce qu'il faudra faire pour nos péchés ?" La vieille se tut.
Et Avdejitch raconta à la vieille la parabole où le Seigneur remettait toute la dette au serviteur et comment ce serviteur exigeait la dette à son co-serviteur. La vieille écouta l'histoire de même que le garçon qui se tenait à côté.
"Dieu veut que nous pardonnions," dit Avdejitch, sinon Il ne nous pardonnera pas non plus. Il faut pardonner à tous et surtout aux irraisonnés."
La vieille secoua la tête et gémit.
"C'est vrai, dit-elle, mais ils exagèrent."
"Alors il faut que nous les vieux, nous leur apprenions le bien."
"C'est ce que je pense aussi," dit la vieille. Moi-même j'en ai sept, mais il ne me reste qu'une fille." Et la grand-mère raconta où et comment elle vivait chez sa fille et combien de petits-enfants elle avait. "Hélas, je suis si vieille et si faible et il me faut encore travailler. Je ne pense qu'aux petits-enfants que j'aime tant. Personne ne les aime comme moi. Axioutka ne me lâche pas d'une semelle. "Ma chère grande-mère, ma grande-mère bien-aimée !" La vieille était devenue douce.
"C'est vrai, la jeunesse n'a pas de vertu. Qu'il s'en aille au Nom de Dieu," dit-elle en regardant le gamin.
Quand elle voulut prendre le sac sur le dos, le garçon s'approcha et dit : "Je le porterai, grand-mère. Je prends le même chemin."
La vielle secoua la tête et mit le sac sur le dos du gamin.
C'est ainsi qu'ils marchèrent ensemble à travers la rue. La vieille avait pourtant oublié de demander à Avdejitch l'argent pour la pomme. Avdejitch se tenait là et les écoutait converser ensemble.
Les ayant quitté ainsi, il retourna à son logis, trouva sur l'escalier les lunettes qui étaient restées intactes, ramassa l'alêne et se remit au travail. Il travailla ainsi encore un bon moment jusqu'à ce que la nuit tombe et l'empêche d'enfiler les soies. L'allumeur de réverbère arriva à ce moment. Il faut que j'allume, pensa-t-il, et il alluma sa lampe, l'accrocha au mur et continua à travailler. Il termina entièrement une botte. Il l'inspecta de tous les côtés - c'était du bon travail. Finalement il rangea ses outils, balaya les déchets, posa de côté les soies, les fils et les aiguilles, posa la lampe sur la table et prit l'évangile de l'étagère. Il voulut ouvrir le livre, à l'endroit où il avait mis la veille un morceau de maroquin, mais il s'ouvrit à une autre page. En ouvrant le livre, Avdejitch repensa à son songe de la veille. A peine y pensait-il qu'il entendit derrière lui un bruit comme si quelqu'un entrait. Avdejitch se retourna. Il lui semblait que des hommes se tenaient dans le coin obscur, mais il ne les reconnaissait pas.
Une voix lui chuchota à l'oreille :
"Martin, Martin ! Ne M'as-tu pas reconnu ?"
"Qui ?" demanda Avdejitch.
"Moi, disait la voix, c'était bien Moi !"
Et du coin obscur sortit Stepanytch, en souriant, qui disparut tel un nuage...
"Et c'était aussi Moi," dit encore la voix. Et du coin sombre avança la femme avec l'enfant; la femme souriait et l'enfant riait, et ils disparurent également.
"Moi aussi j'étais là," disait la voix. Et la vieille et le garçon avec la pomme apparurent, sourirent et disparurent de même.
Une grande joie remplit le coeur d'Avdejitch. Il se signa, mit les lunettes et lut l'évangile, à l'endroit où il l'avait ouvert. En haut il lut :
"Car j'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger; j'ai eu soif, et vous m'avez donné à boire; j'étais étranger, et vous m'avez recueilli." (Mt 25,35).
En bas, sur la page, il lut :
"Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l'un de ces plus petits, c'est à Moi que vous les avez faites."
Avdejitch reconnut que le songe ne lui avait pas menti, que le Sauveur était réellement venu chez lui et qu'il L'avait recueilli.
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Un père du désert prédisait que la dernière génération n'aura plus la force des anciens pour accomplir des efforts ascétiques, mais qu'elle aura une tentation à supporter et que ceux qui la subiront seront plus grands que leurs prédécesseurs.
Il me semble que cette tentation est dirigée contre notre foi, notre croyance, qui sont décriées, rejetées, tournées en ridicule et cela non seulement par les gens du monde mais aussi bien par ceux qui se veulent etse disent chrétiens.
Nager contre ce courant oecuméniste, rationaliste, humaniste et s'opposer au monde pervers, qui est pire que jamais et en face duquel Sodome et Gomorrhe sont peu de chose, voilà l'épreuve des vrais chrétiens d'aujourd'hui.
Ce n'est évidement pas une persécution violente, comme au temps des martyrs, mais une persécution morale et psychique qui consiste en rejet, mépris, sarcasme et haine. "Si le monde vous hait, sachez qu'il M'a haït avant vous," nous dit le Seigneur, (Jn 15,18-19) et Il poursuit : "Si vous étiez
du monde, le monde aimerait ce qui est à lui, mais parce que vous n'êtes pas du monde et que Je vous ai choisis du milieu du monde, voilà pourquoi le monde vous hait."
Le signe indicible que nous sommes vraiment les disciples du Christ est ce rejet et cette incompréhension du monde et des pseudo-chrétiens. Ne fut-ce pas les grands-prêtres et les pharisiens, qui observaient la loi, qui rejetèrent et crucifièrent même le Sauveur ? Était-ce l'observation de la loi qui en était la cause ? Certes pas, mais une observation qui n'était pas selon Dieu. Mon but n'est pourtant pas d'attaquer les pseudo-chrétiens, car ils seront jugés selon leur conscience. Je vise à démontrer l'incompatibilité entre notre foi et le monde, entre la lumière et les ténèbres.
La preuve fondamentale que nous sommes sur la bonne voie est précisément ce rejet par le monde qui, lui, va à sa perte. La marche du monde et le chemin que le Christ nous a tracé sont diamétralement opposés. Vouloir les concilier est absurde et ces compromis ont pour résultat d'endormir la conscience et de vider le christianisme de son contenu. Ce sera le sel qui est devenu fade et qui n'est plus bon qu'à être jeté dehors, comme dit l'évangile (cf Mt 5,13; Lc 11,33).
"Vous êtes la lumière du monde," est-il écrit. C'est donc le monde qui doit être éclairé par nous et non l'inverse. Un temps viendra où tout le monde sera fou et quand ils verront quelqu'un qui n'est pas comme eux ils le traiteront de fou, dit un autre ancien. Nous voilà aujourd'hui où la majorité suit le chemin large et spacieux et où il n'y a plus qu'un petit reste qui suit le chemin étroit et resserré. (cf Mt 7,13-14).
N'ayons pas peur de la majorité qui n'est pas un critère pour la vérité.
Tâchons d'avoir notre conscience en paix et notre vie conforme - non à la mode qui passe - mais à l'enseignement de toujours. Alors le spectacle que nous donnons au monde sera précieux aux Yeux du Seigneur et nous entendrons un jour sa Voix suave nous dire : "C'est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître." (Mt 25,23).
hm. Cassien
T. - Quoi donc ? Avant tous les âges Dieu a prédestiné chacun d'entre nous ?
M. - S'il est vrai qu'il a préconnu toutes choses, il les a aussi prédestinées totalement.
T. - Qu'est-ce préconnaître et prédestiner ?
M. - La préconnaissance concerne les pensées, les paroles et les oeuvres qui dépendent de nous, la prédestination concerne les choses qui nous arrivent sans que cela dépende de nous.
T. - Quelles choses dépendent de nous et lesquelles ne dépendent pas de nous ?
M. - Semble-t-il, Monseigneur connaît tout et discute avec son serviteur pour le mettre à l'épreuve !
T. - Par la vérité de Dieu, je t'ai interrogé par ignorance et veux apprendre la différence entre les choses qui dépendent de nous et celles qui ne dépendent pas de nous et comment les unes appartiennent à la préconnaissance de Dieu et les autres à sa prédestination.
M. - Dépend de nous tout ce qui est délibéré (exousia), c'est-à-dire les vertus et les vices; ne dépend pas de nous ce qui survient pour nous éprouver, ou le contraire, par exemple : ni la maladie qui éprouve, ni la santé qui réjouit ne dépendent de nous, bien que nous puissions en être la cause, par exemple une vie désordonnée est cause de maladie, une vie bien ordonnée cause de santé ; et la garde des commandements est cause du Royaume des cieux, de même que leur transgression l'est du feu éternel.
Pourquoi sont-ils rouges, les vêtements de Celui qui S'est uni à notre chair ? demandaient les anges voyant le Christ porteur des stigmates de sa divine Passion. |
évêque Averky de Jordanville
Jusqu'à très récemment les mots de "chrétiens" et d'"orthodoxes" demeuraient clair et dépourvus de toute ambiguïté. Aujourd'hui cependant, nous vivons une époque si terrible, si gangrenée d'erreurs et d'illusions, que ces mots en eux-mêmes ne suffisent plus et exigent des explications supplémentaires.
Ces mots ne visent plus la réalité mais sont compris d'une façon subjective et décevante. Nombreuses sont les sociétés et les organisations qui se nomment "chrétiennes", bien qu'il n'existe rien de chrétien en elles puisqu'elles vont parfois jusqu'à rejeter le dogme principal du christianisme : la divinité de Notre Seigneur Jésus Christ (c'est le cas par exemple de ceux qui s'intitulent "Témoins de Jéhovah", pour qui Jésus n'est pas le Fils de Dieu); ces organisations sont vraiment des sectes étrangères à la véritable Église chrétienne tout comme à l'enseignement même des saints Évangiles.
De même le mot "Orthodoxe" a aussi cessé d'exprimer-ce qu'il devrait car beaucoup de ceux qui ont, de fait, apostasié la Véritable Orthodoxie - ayant trahi la Foi Orthodoxe et l'Église - continuent de s'appeler eux-mêmes "orthodoxes". Ce sont les innovateurs qui ont maintenant rejeté l'esprit de l'Orthodoxie (ce qui est contraire aux Saints Canons).
Il s'agit bien sûr des "rénovationnistes" de l'Église vivante (l'Église vivante est une organisation ultra-moderniste et adepte du nouveau calendrier mise en place par les autorités soviétiques au début de la révolution russe et qui fut condamnée par le Patriarche Tikhon - ndlr) mais aussi de nos modernes "néo-orthodoxes" comme ils aiment à se nommer eux-mêmes. Ces "néo-orthodoxes" prétendent "renouveler" l'Orthodoxie, en réalité "la réformer" puisqu'ils trouvent l'Église "dépassée" et "moribonde". Ils vont partout rabâchant ces idées-là, oubliant de centrer leur attention plutôt sur le "renouvellement" de leurs âmes et sur la "réforme" de leur nature pécheresse soumise aux passions. Ils veulent absolument l'union avec les autres chrétiens, sans l'unité d'esprit et de vérité qui seule rend une telle union possible.
Tels sont à notre époque les derniers patriarches de Constantinople qui, après avoir reconnu "l'Église vivante" soviétique reconnaissent maintenant le "pape de Rome" comme "primat d'honneur" de l'Église du Christ, et auxquels il est arrivé de recevoir les latins à la Sainte Communion sans les avoir réunis préalablement à la Sainte Église Orthodoxe.
Tels sont ceux qui participent au mouvement appelé "oecuménique" qui tente à grand bruit de créer une pseudo-église encore différente de toutes les confessions existantes.
Qui nous déniera donc le droit de ne pas les reconnaître comme Orthodoxes, même s'ils persistent de leur côté à se nommer ainsi et à se parer des hautes dignités et grandes charges de l'Orthodoxie. Nous lisons en effet dans l'Histoire de l'Église que de nombreux hérétiques et même des hiérarques des plus hauts rangs (par exemple, Nestorius patriarche de Constantinople condamné par le 3ème concile oecuménique) ont été solennellement condamnés par l'église universelle et déposés de leurs charges.
Mais que voyons-nous aujourd'hui ?
Nous voyons que nous sommes dans une époque de concessions sans limite et de collaboration sournoise où les actions les plus hétérodoxes en viennent à ne plus troubler grand monde. Bien peu réagissent à l'apostasie hérétique, et même bien peu y songent ! Aujourd'hui tout est permis à tous, rien n'est interdit; sauf de vexer ou de blesser quelqu'un en relevant des erreurs : tout est mis sur le plan personnel. Si l'on touche à la sensibilité personnelle, alors on est impardonnable ! Alors les menaces apparaissent et l'on ressort (à contre-sens et contre les défenseurs de la vérité - ndlr) les canons que, jusque là on disait "désuets, périmés et inacceptables" par notre époque "avancée et progressiste"...
Peut-on véritablement concilier sa conscience avec la situation contemporaine ? Peut-on fermer les yeux devant toutes ces erreurs, tous ces mensonges, et n'être troublé par rien ? Il est étrange d'entendre certains qui se croient "orthodoxes" nous traiter de ..."schismatiques", de rétrogrades, d'obscurantistes simplement parce que nous ne marchons pas avec l'époque et que nous ne renions pas l'enseignement de l'Évangile et de la sainte Église orthodoxe.
En fait, ce n'est pas nous qui sommes schismatiques mais tous ceux qui suivent cet esprit-là et se séparent ainsi de l'Église une sainte, catholique et apostolique, reniant la Foi des saints Pères, la Foi orthodoxe qui a affermi l'univers.
Tous, nous sommes en union avec notre Tête, le Sauveur Jésus Christ, avec Ses Saints Disciples et Apôtres, avec les Pères Saints et les Docteurs de l'Église, avec les grands Illuminateur et les piliers de la Foi et de la piété qui ont vécu dans notre patrie la sainte Russie et dans le monde entier.
Vous, les "néo-orthodoxes", vous êtes en union avec des maîtres qui ne sont autorisés que par eux-mêmes; vous les vantez partout obstinément alors qu'ils déprécient et osent critiquer les authentiques luminaires de notre Sainte Église Orthodoxe, qui ont plu à Dieu et qui ont été glorifiés dans les nombreux combats ascétiques de la piété et par des miracles, tout au long de deux mille ans d'histoire.
Telle est la situation ?
Mais alors, qui est véritablement schismatique ?
Ce ne sont pas bien sûr ceux qui suivent l'esprit de l'Orthodoxie traditionnelle, mais ceux qui ont renié la Foi véritable du Christ et rejeté l'authentique esprit patristique de la piété orthodoxe, même si l'on doit trouver parmi eux tous les patriarches contemporains qui ont altéré l'Orthodoxie des Saints Pères...
Et en vérité, le Sauveur Jésus Christ n'a pas promis le salut éternel au grand nombre, mais bien au contraire au petit troupeau qui lui restera fidèle jusqu'à la fin, jusqu'au jour redoutable de Son second et glorieux Avènement, quand Il viendra juger les vivants et les morts...
C'est pourquoi nous suggérons de réexaminer la terminologie qui a été acceptée jusqu'à maintenant. Il est insuffisant aujourd'hui de se dire seulement "Chrétien" il faut se dire "Vrai Chrétien", et il faut encore insister et ajouter "Orthodoxe", tout cela pour ne pas être confondu avec "l'orthodoxie" moderniste.
Tous les vrais zélotes de la foi Orthodoxe qui ont servi uniquement le Christ, le Sauveur, ont déjà commencé à agir ainsi. Qui sont-ils ?
Ce sont à la fois ceux de notre patrie la Russie, prisonniers de frères ennemis de Dieu, où ces zélotes sont partis dans les catacombes comme les premiers chrétiens, et ceux de notre patrie-soeur la Grèce où les vrais chrétiens orthodoxes de ce pays ont refusé d'accepter certes le nouveau-calendrier, mais aussi toute innovation d'aucune sorte. Remarquons leur vénération particulière pour ce champion de la sainte Orthodoxie que fut saint Marc, métropolite d'Ephèse qui sans faiblir a refusé la fausse union imposée de Florence en 1439.
Dans notre ferme combat pour la foi véritable et l'Église, il est essentiel de n'impliquer rien de personnel &endash; aucun orgueil, aucune exaltation de soi - qui conduit inévitablement à de nombreuses erreurs, et même à la chute, comme nous l'avons observé plusieurs fois. Ce n'est pas nous-mêmes que nous glorifions, mais la Foi pure et immaculée du Christ...
Il est important de comprendre que le véritable Chrétien Orthodoxe n'est pas quelqu'un qui accepte formellement les dogmes de l'Orthodoxie mais celui qui, selon la si belle formule de St Tikhon de Zadonsk "pense de façon orthodoxe, vit de façon orthodoxe et incarne l'esprit de l'Orthodoxie dans sa vie".
Cet esprit ascétique, ce renoncement au monde, si nettement affirmés dans l'Écriture et les oeuvres des Saints Pères, sont combattus par les "néo-orthodoxes" qui veulent absolument suivre l'esprit du monde "qui gît dans le mal" et dont le Père, selon les paroles du Christ Lui-même, est le diable.
Ce n'est pas à Dieu qu'ils veulent plaire mais au Prince de ce monde le diable, et ainsi ils cessent d'être des chrétiens orthodoxes même s'ils continuent de se nommer ainsi. Si nous considérons tout cela avec sérieux et profondeur nous comprendrons que le modernisme conduit loin du Christ et de la Véritable Église, nous serons horrifiés de voir combien rapidement progresse l'apostasie....
N'ayons pas peur de rester dans la minorité, loin de leurs rangs et de leurs titres pompeux. Souvenons-nous que Caïphe avait le rang de prêtre élevé du Vrai Dieu, et dans quel abîme il est tombé en devenant déicide.
Bien que vivant dans un monde qui a apostasié Dieu, luttons, non pour la gloire humaine qui ne nous sauve pas, mais pour être avec le petit troupeau du Christ.
Soyons de "VRAIS CHRÉTIENS ORTHODOXES".
Permettre à son visage l'harmonie dans la régularité des trais, c'est ce qu'on appelle sourire, c'est le rire des sages. Il est nécessaire de faire l'éducation de son sourire. |
Isidore de Kiev (Deuxième lettre, à Bessarion)
Révérend père dans le Christ et Seigneur, je vous salue.
J'ai écrit plusieurs fois à votre révérence sans recevoir aucune réponse. Pour quelle raison, je ne sais. On peut émettre l'hypothèse que vous n'ayez pas reçu mes lettres, ou bien que je n'aie pas reçu vos réponses en raison de la négligence des messagers. Peut-être les difficultés dues à la guerre y sont-elles pour quelque chose, à moins que votre Révérence ne soit en colère contre moi, comme Dieu lui-même qui s'est montré si dur envers cette misérable et infortunée cité que les impies féroces appelaient eux-mêmes Constantinople, hélas devenue désormais Turcopolis, et dont le souvenir est pour moi source intarissable de larmes.
Et par ce Dieu immortel à qui toutes choses sont patentes et manifestes, j'ai maintes fois exécré et maudit le turc cruel qui m'a blessé d'une flèche à la tempe gauche, alors que je me trouvais à la porte d'un monastère, non si gravement toutefois que j'en sois mort, car j'étais à cheval et je ne me suis senti qu'étourdi, la pointe ayant perdu une grande partie de sa force. Dieu, me semble-t-il, m'a voulu garder en vie, pour me permettre d'assister à toutes les disgrâces de cette cité infortunée...
Pour l'instant, je n'ai guère le temps de vous narrer les détails. Je vous expliquerai de vive voix lorsque, comme je l'ai prévu, je vous aurai rejoint, ces événements dépassant la longueur d'une lettre. Pour l'instant, je serai bref et m'en tiendrai à l'essentiel. Voici ce qui s'est passé.
En quittant Rome l'année dernière [1452] au mois de mai, sans garde ni escorte, je me suis préparé de mon mieux au voyage, mais tout alla malheureusement de travers dès le départ. Je laisse les détails de côté. Il m'a tout de même fallu six mois pour le seul voyage, et ce n'est que le 26 octobre que j'arrivai à cette infortunée ville de Constantinople, que je trouvai bloquée et assiégée de tous côtés par l'ennemi en armes. Ce que j'ai alors dit, fait, pensé, je ne puis guère vous le résumer ni en paroles, ni par écrit. En deux mois, la flotte des chrétiens a été rassemblée, équipée et entraînée de parfaite façon, ainsi que je l'ai déjà par deux fois écrit de façon détaillée à votre Révérence. Les affaires des chrétiens semblaient donc aller de façon satisfaisante, bien que la volonté du Turc de prendre la ville fût intacte, tout comme leur insatiable ambition: ainsi que je vous l'ai écrit, il ne veut rien moins que soumettre la terre entière et éradiquer du monde le nom même du Christ. Et c'est bien ce que ce fou médite : il rassemble en ce moment une armée de trois cent mille hommes, tant cavaliers que fantassins, et une flotte gigantesque de deux cents navires, trirèmes, birèmes et unirèmes, ainsi que des navires marchands qu'on appelle " rondes ". Il rassemble également une masse d'artisans, toutes sortes de projectiles et de machines de guerre adaptées à l'assaut et à la prise des villes, des balistes, des canons, des catapultes en grand nombre et de taille énorme, projetant des masses monstrueuses.
C'est avec ce genre de moyens qu'il s'est rendu maître de Constantinople. Parmi tous ces engins, il y avait un canon qui envoyait des projectiles de pierre d'un poids de quatorze talents, un autre de douze, un troisième de dix. Les murs, solides et épais, supportaient bien les coups des canons plus petits, mais ils ne résistèrent pas au feu continu de ces trois-là. Au deuxième coup, presque tous les murs et les tours elles-mêmes s'abattaient, démolis. C'est alors que nous avons compris la vieille prophétie que l'histoire nous avait transmise : " malheur à toi, ville des sept collines, quand tu seras assiégée par un jeune homme, car tes murs solides seront abattus". Le Turc réussit donc à abattre les murs autour de la porte Saint-Romain, ainsi que la partie comprise entre les portes de la Fontaine, la porte d'Or et l'antique porte de la Ventura, et cette autre appelée porte de Caligari. C'est près de cette porte que combattait le très courageux Théodore Caristène, lorsque l'ennemi fit irruption dans la ville, et il tomba glorieusement en résistant comme un héros. Cette partie du mur était en effet la plus faible de toute l'enceinte.
On avait fermé le port d'une solide chaîne, reliant la colline de Galata à la porte Belle, et cinq trirèmes vénitiennes, avec douze "rondes" marchandes de grande taille empêchaient le Turc de rentrer dans le port ou de s'approcher de la chaîne. Lorsque le Turc comprit qu'il était inutile d'insister de ce côté, il transféra sa flotte dans le port de Diplokionon et la disposa en ordre de bataille. Quelques jours plus tard, le Turc ordonna de faire une route, en aplanissant le terrain derrière les collines de Galata sur une longueur de plus trois mille pas pour traîner d'un côté à l'autre de Galata quatre vingt douze navires, birèmes ou unirèmes, et ayant réussi à les lancer dans le port, il en fut désormais seigneur et maître. Il inventa même un stratagème prodigieux, dont on rapporte qu'il fut autrefois utilisé par Xerxès : il construisit un pont flottant et le fit faire d'une très grande longueur, joignant la zone de Sainte Galtine au mur de Kynegon, d'une longueur double de celui que Xerxès avait fait sur l'Hellespont. Sur ce pont pouvaient passer autant l'infanterie que la cavalerie. Il tenta également un autre moyen : il fit creuser, partant de fort loin, en direction de la porte Caligari, cinq galeries souterraines pour entrer dans la ville. Mais lorsque les mineurs arrivèrent près des remparts et qu'ils étaient sur le point de les faire écrouler, les nôtres creusèrent également des galeries de l'intérieur de la ville, dans l'exact prolongement des leurs, si bien qu'ils furent obligés de prendre la fuite et repoussés dehors.
Qui pourra décrire les canons, les balistes, les catapultes, que l'on appelle maintenant "faucons". Il fit construire, avec plus de trois cents échelles, des bastions et des terre-pleins hauts comme des collines devant les murs de la ville. Et il fit construire des fortins de bois immense qui dépassaient nos tours en hauteur.
Le Turc employa cinquante-quatre jours à ces préparatifs, tout en continuant le siège de Constantinople, mais sans résultat. Rien n'est plus difficile que de connaître l'avenir. Mais tandis que nos yeux et nos esprits étaient aveugles, lui au contraire contrôlait parfaitement la situation, et prévoyait précisément le jour de l'assaut final. Il a en effet à son service des astrologues persans très compétents, et c'est en s'appuyant sur leurs prédictions et leurs suggestions qu'il s'est résolu à devenir le maître du monde.
Le 29 mai, peu après le lever du soleil, lorsque ses rayons frappèrent nos yeux, les Turcs, investissant la ville par terre et par mer, donnèrent l'assaut à la cité et y pénétrèrent par la porte Saint-Romain, qui était entièrement détruite, et où périrent beaucoup d'hommes courageux, grecs ou latins (4). Leur roi et empereur avait été blessé et tué, et sa tête tranchée fut apportée au turc, qui à sa vue exulta de grande joie, la couvrit d'injures et d'opprobre, et l'envoya sur le champ comme trophée à Andrinople. Aux côtés de l'empereur se trouvait un condottière dont le nom était Jean Giustiniani , que beaucoup accusent d'avoir été la cause première de la prise de la ville et de la grande catastrophe. Passons. Il était facile d'escalader les murs à cet endroit parce qu'ainsi que je l'ai dit, ils avaient été mis en miettes par les canons, c'est pourquoi il fut facile pour l'ennemi de rentrer dans la ville lorsqu'il ne trouva plus devant lui personne pour défendre la place. Ce fut une chose incroyable de voir la ville qui continuait à se défendre de l'intérieur alors qu'elle était prise de l'extérieur. Toutes les rues, les routes, les chemins étaient pleins du sang et des viscères des cadavres taillés en pièces. On arracha aux maisons les femmes, nobles et libres, qu'on attacha les unes aux autres par une corde passée au cou, la serve attachée à sa maîtresse, pieds nus la plupart du temps, jeunes garçons et jeunes filles enlevés, séparés de leurs parents, et traînés de toutes parts. Vous auriez dû voir - ô soleil et terre - les esclaves et les serfs turcs de vil rang tirer dehors et se répartir de toutes petites filles très nobles, séculières ou nonnes, et les traîner hors de la ville, comme on n'oserait pas traîner des boeufs ou des moutons, ou tout autre animal domestique, mais comme un troupeau de bêtes féroces sauvages et cruelles, entouré de toutes parts d'épées, de soldats, de gardes et d'assassins.
Ils pénétrèrent dans l'église qui s'appelait Sainte Sophie, et qui est désormais une mosquée turque, et jetèrent à bas statues, icônes, crucifix, images des saints et des saintes, et les profanèrent de toutes les façons. Ils grimpèrent sur l'ambon, sur les autels, et ils les souillaient, se moquant de notre foi et de nos sacrifices, et chantant des hymnes et des louanges à Mahomet. Ils abattirent les portes du sanctuaire [iconostase] et brisèrent toutes les images comme choses abjectes et méprisables. Je préfère passer sous silence ce qu'ils firent des vases sacrés, des calices, des linges [du culte]. Ils utilisèrent les draps tissés d'or représentant le Christ et les saints comme tapis pour leurs chiens et chevaux. Ils foulèrent aux pieds les évangiles et les livres saints, ils abattirent les statues de splendide marbre blanc et mirent tout en morceaux .
Comment j'ai réussi à échapper à leurs mains impies, vous l'apprendrez lorsque j'aurai rejoint l'Italie, et alors vous saurez tout. Le Turc médite certainement de passer en Italie avec une armée très puissante. On peut penser qu'il a trois cents trirèmes, petites et grandes, plus de vingt énormes navires marchands, et une infanterie et une cavalerie très nombreuses. Ces renseignements sont tout à fait véridiques,...
Il y a moins de faute à ne pas connaître la vérité qu'à ne pas y demeurer après l'avoir connue. Ce qui fait que nous ne méritons absolument pas la prospérité, |
HAINE ET DISCRIMINATION ? "Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable; ils seront punis de mort : leur sang retombera sur eux." (Lev 20,13). C'est ce que l'on pouvait lire sur un immense panneau d'affichage de State Island, une ville de l'État de New-York aux USA. Pouvait... En effet, un jugement du tribunal l'a fait enlever au motif que de tels propos sont haineux et discriminatoires... ! |
Le deuxième commandement divin interdit les mots et la chose qui feraient du tort au Nom de Dieu.
Le Nom de Dieu est sacré et c'est à cause de cela que nous prions le Père divin.
Le Nom de Dieu peut être affecté de diverses façons : en utilisant des mots ignobles à son adresse; en jurant sans motif; en oubliant les promesses et les serments faits devant Lui.
Le Nom de Dieu est prononcé sans motif lorsqu'il est pris à la légère lors d'un mécontentement ou par mauvaise habitude. "Celui qui jure et évoque trop souvent le Nom de Dieu ne se purifiera jamais." (Sir 23,9)
Ils pèchent par des jurons, tous ceux qui utilisent ces mots impertinents à l'adresse de Dieu et des saints.
La chose la plus grave est quand ces mots sont utilisés par des gens intelligents et cultivés.
Il pèche par malédiction celui qui prie Dieu de lui faire du mal, à lui et à d'autres personnes. Les malédictions et les injures sont les péchés les plus graves et on les appelle aussi des péchés diaboliques.
Jurer signifie appeler Dieu à témoin pour déterminer si l'on dit la vérité ou un mensonge. Il pèche par parjure, celui qui fait un faux serment. Le serment juste oblige.
L'Église nous fait savoir que les serments qui ont pour but de faire du bien au prochain ou à la collectivité sont des choses agréables à Dieu.
Ne prends pas le Nom de Dieu en vain. Prononçons le Nom de Dieu avec louange : "Bénis le Seigneur, ô mon âme, et que tout ce qui est en moi, bénisse son saint Nom". (Ps 102,1-2)
père Olivian Pop
LA PATIENCE AVEC SOI-MEME
La patience est une vertu que Dieu nous octroi selon notre avancement spirituel. Mais cette patience ne s'exerce pas seulement par la suite envers notre prochain ou même envers les animaux. Elle doit s'appliquer aussi envers nous-même, ce qui n'est pas plus facile.
Quand on est jeune novice on voudrait que toute de suite on soit purifié de ses passions. Mais au lieu de les voir disparaître il en surgissent de plus en plus de notre coeur, à tel point qu'on a tendance à se décourager. Pourtant ces vices étaient déjà bien en nous, seulement la vie dans le monde ne nous permettait pas de les voir et encore moins à Dieu de nous en purifier.
Au lieu de se décourager, de s'agiter, de se troubler armons-nous de patience car la vertu n'est pas une poire à manger, au contraire, elle demande du temps et de la sueur. Il ne s'agit évidement pas de rester inactive et de considérer notre état comme une chose fatale. Bien au contraire, il faut faire nos devoirs (jeûne, diaconie métanies etc.) mais savoir que la purification et l'avancement spirituel dépendent de Dieu qui agit selon le rythme qu'Il juge opportun et non selon nos idées à nous qui reflètent nos passions : orgueil, impatience etc...
Plutôt que de s'agiter sans cesse il faudra rester passive pensant que nous sommes la matière à purifier, à moduler ou autre et que c'est le Seigneur qui est l'artisant. Si je vais chez le dentiste et je bouge sans cesse, celui-ci ne pourra rien faire et me fera plutôt mal. Certes c'est moi qui a mal au dent et qui souffre pendant l'intervention mais tout travail dépend du dentiste. "C'est Dieu qui oeuvre et c'est nous qui transpirons", disent les pères.
Donc après avoir pris conscience qu'il faut patienter avec soi-même il faut également se mettre dans la tête qu'il faut rester passive et laisser Dieu agir en nous. Cette passivité n'est pas égal à ne rien faire mais demande un grand effort de notre part, plus que de s'agiter sans cesse. Comme chez le dentiste - ne pas bouger tout en souffrant est plus difficile que de gémir et de faire des grimaces.
Le silence n'est pas une absence, une inaction mais demande un effort car on est plutôt portée à bavarder ou a laisser vagabonder ses pensées passionnées pendant la prière.
Mais revenons à nos moutons, c'est-à-dire à la patience qu'il faudra avoir avec nous-mêmes. Ce n'est pas facile de patienter quand on souffre par suite de nos passions - qui sont des maladies de l'âme - mais le soin ne peut se faire qu'à ce prix-là : la patience avec nous-mêmes et la passivité. Être pressée n'est pas une vertu et vouloir mieux faire que Dieu et nos guides spirituels et également un vice.
hm. Cassien
Un frère tenté par l'impureté alla dans un village d'Egypte et vit la fille d'un prêtre païen. Il s'en éprit et dit à son père : " Donne-la moi pour femme. " Mais l'autre lui répondit : "Je ne puis te la donner avant d'avoir interrogé mon dieu. " Il s'en alla vers le démon qu'il adorait et lui dit : "Un moine est venu me voir, car il veut épouser ma fille. Dois-je la lui donner ?" Le démon lui répondit : "Demande-lui s'il renie son Dieu, son baptême et sa profession monastique. " Le prêtre revint vers le moine : "Renie ton Dieu, ton baptême et ta profession monastique, ensuite je te donnerai ma fille. " Le frère accepta, et vit aussitôt une colombe sortir de sa bouche et s'envoler au ciel. Le prêtre retourna voir le démon : "Il a promis qu'il ferait ces trois choses", lui dit-il. Mais l'autre répondit : "Ne lui donne pas ta fille en mariage, car son Dieu ne l'a pas quitté et l'aide encore. " Le prêtre revint dire au frère : "Je ne puis te donner ma fille, parce que ton Dieu ne t'a pas quitté et t'aide encore. " En entendant cela, le frère se dit : Dieu me montre tant de bonté, alors que moi, misérable, je Le renie, lui, mon baptême et ma profession. Il est vraiment bon, ce Dieu qui vient au secours de la crapule que je suis maintenant. Pourquoi le quitterais-je ?" |
La vertu est une disposition fidèle de l'esprit qui fait le bien sans effort et évite le mal.
Il faut que nous nous protégions des péchés et aussi que nous devenions meilleurs.
Il y a deux genres de vertus : les vertus divines et les vertus morales.
Les vertus divines sont la foi, l'espérance et la charité. Elles nous relient à Dieu.
Les vertus morales les plus importantes sont la sagesse, la justice, la tempérance et la force.
- Par la sagesse, nous connaissons les choses qui sont vraies, bonnes et agréables à Dieu.
- La justice donne à chacun ce qu'il mérite.
- Par la force, nous supportons les obstacles et les souffrances de la vie.
- La tempérance empêche la satisfaction de désir les plus mauvais qui nous font ressembler aux animaux.
Les vertus morales : l'humilité, la générosité, la pureté, la charité, la tempérance, l'indulgence et le zèle sont les contraires des péchés.
Par les vertu et l'action vertueuse, l'homme s'approche de la perfection chrétienne.
Dieu commande aux hommes de suivre la voie de la perfection chrétienne. Pour cela, il doit suivre le modèle de Dieu, celui de Jésus Christ.
Si nous suivons cette voie, nous deviendrons parfaits et nous trouverons le vrai bonheur.
Pour ceux qui désirent vivre dans la perfection chrétienne, le Christ a donné les conseils évangéliques : la pauvreté volontaire, la virginité, la soumission aux supérieurs. Ils s'appliquent dans la vie monastique.
Les meilleurs actions que nous pouvons faire dans le monde, ce sont les renforcements de l'obéissance aux commandements de Dieu.
"Bienheureux l'homme qui craint le Seigneur, qui applique toute sa volonté à ses préceptes... .La gloire et la richesse sont dans sa maison, et sa justice demeure dans les siècle des siècles."
père Olivian Pop
Un ancien a dit : " Souvent au moment où le diacre disait : |
Saint Théodre venait d'acheter la cathédrale de Sion. Et "noblesse oblige", pas d'église cathédrale sans quelque cloche digne de la maîtresse tour. Où donc se diriger pour s'en procurer une de cette distinction ? Seule la Ville éternelle pouvait combler les exigences en la matière. Et voilà notre Théodule en route pour Rome avec la ferme intention d'en rapporter un bourdon d'épiscopale importance. Le bon saint Père combla ses voeux et lui fit don de la plus belle des cloches, comme jamais on n'en verra en dehors de Rome. Il fallait bien honorer ce visiteur qui lui arrivait d'au-delà des Alpes. Fort bien le don d'une cloche épiscopale d'importance, mais son transport à travers les Alpes qui l'assumerait ? Un évêque, et du Valais, le pays des fortes échines, n'a-t-il pas toutes les audaces ? Et notre saint confiant en des forces surnaturelles qui décupleraient celles de tous ses muscles, retroussant ses manches, se saisit de la cloche et la hissa sur son dos dans un coup de reins superbe. Quel fardeau ne porterait pas une échine épiscopale ?
Mais voilà :
Qui s'en va sous la charge en se bombant le torse, poursuit langue pendante et bientôt gît sans force.
C'est bel et bien ce qui arriva à notre saint évêque Théodule. Mais aucun obstacle ne peut faire baisser la crosse et, d'autorité, à quelque fichu diable qui se gaussait d'un évêque affalé sur le bord du chemin, il intima l'ordre de se saisir de son fardeau de bronze. Mais n'est pas diable qui ne fait pas de marché.
- Je le veux bien, dit l'infernal finaud. Et, se lissant les cornes de ses ongles crochus, il en vint à la proposition suivante au bon saint Théodule que la protection des martyrs thébains rassurait. N'avait-il pas honoré leurs reliques en construisant, pour les recevoir, une châsse de pierre au pied des rochers d'Agaune ?
- Pour toi, évêque, je veux bien traverser les Alpes avec ton bourdon sur le dos et toi dedans comme renard piégé, jusqu'en ta cathédrale de Sion. Mais tout se paie... Nous autres, portiers des enfers et agents de supplices en la géhenne, nous ne faisons rien sans de généreuses gratifications. Alors, voilà le pacte que tu signeras de ta main. Cochon qui s'en dédit.Il n'est pas de loup qui ne vive que de vent. Il me faut aussi pitance, seigneur de crosse et mitre ! Rien de plus piteux que diable à ventre creux. N'est pas diable qui veut, mais je le suis, et des plus fins. Point trop ne t'en demanderai, Seigneur évêque, un rien que tu ne puisses me le promettre, en élargissant un peu ta conscience. Que diable ! La cloche et toi valez bien une âme et de plus j'en baisse les exigences en ne te demandant que celle d'un de tes goitreux de diocésains qu'on ne peut distinguer s'il est homme ou brute, celui dénommé Bredingue et qui ne cesse de bêler avec ses chèvres, lorsqu'il franchit le tout premier à l'aube les portes de tes remparts de Sion. Tu ne me refuseras pas l'âme de cet abruti et même s'il n'en a pas, je passe contrat. Quand le diable a vide louche, il se contente de mouches. Si le diable en sait plus qu'un évêque, c'est qu'il est plus vieux. A malin, malin et demi. Notre saint Théodule n'a-t-il pas plus d'un tour dans son sac et sous sa mitre. Il fit donc pacte avec le malin des malins.
- Ah ! le bel âne, se dit en lui-même l'homme de Dieu. Je m'en vais le bâter sur le champ. Je prendrai place dans la cloche renversée et m'envolerai vers mon évêché sans bourse délier.
- Allons, évêque, tu me promets l'âme de Bredingue si j'emmène ton bourdon et son badaud à Sion ?
- Serment sacré ! Je te le promets, mais à une seule condition.Il faut que tu franchisses les portes de ma cité avant le premier chant du coq. Sinon, adieu l'âme de Bredingue.
Bien malin le diable qu'un évêque ne pourrait rouler. Contrat conclu. Avec son double fardeau d'airain et de crosse, maître griffu d'enfer prit la direction du clocher épiscopal. Il allait de toutes ses infernales énergies. Volant haut, volant bas, son fardeau l'écrasait de plus en plus. Suant à grosse gouttes, crachant feu et flamme à toutes les ouvertures de son corps noir jais, il pestait contre l'évêque dans un baragouin de litanies des damnés.
- Cet évêque est plus lourd qu'une cloche d'airain. Quel fichu métier ! Porter celui-là seul qui n'hésitera pas un jour à me botter les fesses. Bien obtuse me paraît cette tête. Je l'aurai l'âme de son Bredingue. Et quel tapage dans tout le Vieux-Pays quand on saura que le soi-disant saint Théodule a vendu l'âme de son paroissien pour quelques livres de bronze. Quel exemple de gloriole cléricale ! La plus grande de toutes les cloches pour son clocher ! Bâté d'un fardeau que la distance rendait toujours plus lourd, maître grappin, descendait le versant nord des Alpes et, dans l'aube grise, les collines mitrées de Valère et Tourbillon commençaient à se découper sur la plaine valaisane emplie du parfum des vendanges prochaines. Son pari il le gagnerait et déjà il se gaussait en son intérieur. Il serait le tout premier diable à avoir eu raison d'un évêque. Quels ricanements à travers tous les espaces infernaux !
De son côté, le pauvre évêque, du fond de sa cloche, ne savait plus quel saint invoquer en regardant de son trou un ciel sourd à ses prières. Le convoi évêque, cloche et diable, allait se présenter à la porte des remparts de Sion et toujours le coq se taisait. Malheureux volatile de connivence avec les enfers ! Mâle infortune pour un évêque. Alors n'y tenant plus, saint Théodule prit une voix de tonnerre pour haranguer tous les coqs de sa capitale et s'écria d'une voix à faire crouler tous les murs de la ville épiscopale : "Ô malheureux ! Chante, coq ! Ou jamais plus tu ne chanteras !"
- Que nous baragouine-t-il en son latin, ce fichu prélat ?
Maître cornu frémissait d'aise sous sa charge qu'il trouva tout à coup plus légère, car il n'était qu'à quelques pas de la porte d'entrée de l'enceinte.
Brève jouissance. Tout à coup, le plus beau chant de coq déchira l'aube de la ville épiscopale qui n'avait plus qu a se revêtir de soleil.
Trop tard. Le diable en sa mâle rage jeta à terre son chargement d'évêque et de cloche. Le tout alla rouler dans les vignes du Seigneur écornant quelques ceps où des grappes luisantes de soleil n'attendaient que la main du vendangeur. A la suite de ce provignage en catastrophe, le vigneron valaisan prit Théodule comme son saint patron que l'on représenta toujours avec quelque belle grappe de raisin en main.
Quant à l'infernal portefaix, il disparut des lieux avec un tel rugissement que toute la capitale valaisane fut mise sur pied à cette heure matinale. Il y eut ainsi trop de bras bénévoles pour emporter la cloche de saint Théodule en propre lieu pour la recevoir. Le bon évêque la bénit généreusement et jamais elle ne faillira de chanter à toutes les solennités de la liturgie. Toujours plus fin un évêque que le diable le plus malin. Un coup de crosse et tout rentre dans l'ordre. En Valais, rien ne se fête sans bonnes rasades de vin. Ainsi, il y eut quelques sérieux allégements dans les entrailles des tines épiscopales.
A ta santé, cornu-petit-pied !
Il n'est pas de péché qui ne puisse être pardonné, sinon celui dont on ne se repent pas. |