Bulletin des vrais chrétiens orthodoxes sous la juridiction

de S.B. Mgr. André archevêque d'Athènes

et primat de toute la Grèce

NUMÉRO 85

avril 1999

Hiéromoine Cassien

Foyer orthodoxe

66500 Clara (France)

Tel : 00 33 (0) 4 68 96 1372

 NOUVELLES

CHANTS DE SAINTES FEMMES

DESTRUCTION DE L'ÉGLISE ORTHODOXE SERBE

PENDANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE

LETTRE DE BARNABÉ

ESPIONNAGE

SAINT JEAN LE TAILLEUR, LE DEUX-FOIS-BRULÉ

COMPRENNE QUI PEUT COMPRENDRE

AU TEMPS DE L'ANTICHRIST

A PROPOS DE LA CONFESSION

LES SAINTES ÉCRITURES, HISTOIRE DU PEUPLE ÉLU

ICONOGRAPHIE BYZANTINE : L'OR "COULEUR" DES COULEURS

SUR LE CHANT "ZNAMENNY"

A partir de ce jour, de cette heure, de cette minute,

aimons Dieu par-dessus tout.

saint Germain d'Alaska

NOUVELLES

Très absorbé ce dernier temps, je termine enfin ce bulletin avant de partir pour la Grèce dans quelques jours - plaise à Dieu. J'envisage de séjourner là-bas pendant 2-3 semaines.
Une nouvelles vidéo-cassette vient de sortir : "Chants de saintes Femmes". Pour plus de détails.
J'espère pouvoir filmer un peu en Grèce. Patmos et le Mont Athos sont sur mon programme.
Les fêtes de Pâques se sont bien passées mais pour Pentecôte je risque d'être encore en Grèce.
Christ est ressuscité,
hm. Cassien

Eulalie fut baptisée comme annoncée.

Là voilà après le baptême.

 

Le paysan jette la graine dans toutes les directions, et celui qui plante une vigne désire qu'elle donne du fruit. Alors il utilise la faucille et s'il ne trouve pas de fruit, il se désole. Ainsi le Seigneur veut-Il que Sa Parole soit semée dans le coeur des hommes. Mais comme l'agriculteur est désolé que son sol soit ingrat, le Seigneur est triste à cause des coeurs ingrats qui ne portent pas de fruits.

Saint Macaire le Grand

CHANTS DE SAINTES FEMMES

L'image d'un «chant grégorien» qui serait uniquement monastique et réservé aux hommes, image héritée de la restauration de ce chant au XIXe siècle dans un esprit très conservateur et «bien pensant», est tout à fait erronée, dans le christianisme antique, comme dans toutes les traditions anciennes qui étaient essentiellement orales, les femmes avaient un rôle prépondérant dans l'oralité et le chant.

En fait, tous les moments de la vie étaient marqués par les chants, Depuis les chants à la naissance (par exemple l'antienne Puer natus est), les berceuses sur des versets de psaumes (attestées par saint Jérôme au IVe siècle), les chants de travail (en particulier dans l'Alleluia) dans les champs, les vignes et les rivières (sainte Geneviève sur la Seine et la Marne, Ve siècle), les chants de tissages, filages, les lamentations nuptiales et de départs, les chants dans l'épreuve et, éventuellement, dans le martyre dont sainte Cécile, patronne de la Musique et surtout du chant sacré nous donne au IIIe siècle un bel exemple, jusqu'aux chants à l'accompagnement des mourants et aux défunts, pratique usuelle en ces temps anciens et particulièrement il lustrée par les saintes femmes de Faremoutiers au VIIe siècle.

Enfin, si la fonction de chantre dans l'église est normalement masculine, le chant proprement liturgique est chanté et même créé souvent par des femmes, les saintes femmes en particulier, celles mentionnées plus haut et d'une façon générale dans et autour des fondations et des abbayes; la création liturgique de sainte Radegonde à Poitiers (VIIe siècle) a sans doute été importante. Citons encore les noms réputés dans le chant de sainte Martine (IIIe siècle) chantant trois jours durant avant sa mort ...

La contribution des femmes au répertoire liturgique chrétien antique que nous avons (manuscrits du IXe au XIIe siècles) est restée évidemment anonyme, comme presque tout le répertoire, ...

Clara-Jorinde Richter-Reznikoff a étudié la musique en Allemagne; formée à la vie contemplative, elle a aussi travaillé à l'École de Louange, conseillée par le Professeur Reznikoff, dans le même esprit de rigueur intérieure et musicale unique, en particulier dans la maîtrise des gammes et de l'intonation modale antiques. Jorinde Richter-Reznikoff a choisi quelques pièces de chant significatives de ce répertoire chrétien antique, pièces chantées ou créées par les femmes ou évoquant des figures des saintes : Rachel maître du chant de lamentation, Cécile du chant des martyrs, Hildegarde du chant extatique, enfin évoquant par dessus tout la sainte vierge Marie, Mère de Dieu, qui chanta pour nous le Magnificat éternel.

Et ainsi, le premier devoir d'un chrétien, d'un disciple et d'un adepte du Christ est de renoncer à soi-même.

saint Innocent d'Alaska

LETTRE DE BARNABÉ

(suite)

VII, 1. Mettez-vous donc dans l'esprit, enfants de l'allégresse, que notre excellent Seigneur nous a tout révélé d'avance afin que nous sachions à qui doivent aller toujours nos actions de grâces et nos louanges. 2. Or, si le Fils de Dieu, lui, le Seigneur, "qui doit juger les vivants et les morts" (2 Tm 4, 1) a souffert pour que ses meurtrissures nous donnent la vie, croyons aussi que le Fils de Dieu n'a pu souffrir qu'à cause de nous .

3. Mais, sur la croix, "il fut abreuvé de vinaigre et de fiel" (cf. Mt 27, 34-48). Écoutez comment les prêtres du Temple l'avaient indiqué. Il y avait, dans l'Écriture, ce précepte : " Celui qui ne jeûnera pas le jour du jeûne sera mis à mort " (cf. Lc 23, 29) parce que le Seigneur devait, pour nos péchés, offrir en sacrifice le vase renfermant son esprit, pour accomplir ce que figurait le sacrifice d'Isaac sur l'autel. 4. Or, qu'est-il dit dans le prophète ? " Qu'ils mangent du bouc offert au jour du jeûne pour tous les péchés. "Et, faites-y bien attention, " les prêtres seuls mangèrent les viscères non lavés avec du vinaigre " (Aut. inconnu). 5. Pourquoi ? Parce que, moi qui vais offrir ma chair en sacrifice pour les péchés de mon nouveau peuple, "vous m'abreuverez de vinaigre et de fiel" (Mt 27, 34, 48). Vous me mangerez, vous seuls, pendant que le peuple jeûnera et se frappera la poitrine sur le sac et la cendre. Et pour montrer que c'est par eux qu'il lui faut souffrir : 6. "Prenez deux boucs, de bon poids et de même taille; que le prêtre en prenne un et l'offre comme holocauste" (Lv 16, 7-9). 7. Et l'autre bouc, qu'en feront-ils : "Que celui-ci soit maudit" (cf. Lv 16, 8-10).

Or, remarquez comment c'est Jésus qui est manifesté ici en figure : 8. "Crachez tous sur lui, percez-le avec un aiguillon, coiffez-le d'une laine rouge écarlate et chassez-le ainsi dans le désert" (Aut. Inc.). Et lorsque tout cela est accompli, celui qui tient le bouc le conduit vers le désert, lui enlève la laine, et la met sur un buisson, que nous appelons ronce : nous aimons en manger les fruits lorsque nous en trouvons dans la campagne, il n'y a que ceux de la ronce pour être si doux.

9. Mais faites attention à la signification de ce fait. "Un bouc sur l'autel, l'autre est maudit" (Lv 16, 8); et celui qui est maudit est couronné. C'est qu'ils verront un jour Jésus, le corps enveloppé dans le vêtement écarlate et ils diront : "N'est-ce pas celui que nous avons autrefois crucifié, outragé, couvert de coups et de crachats ?" En vérité, c'est bien cet homme qui affirmait alors qu'il était le Fils de Dieu.

10. Mais pourquoi un bouc semblable à un autre ? "Les deux boucs doivent être semblables, de belle apparence, de même taille" (cf. Lv 16,7), pour exprimer que voyant le Christ revenir, les Juifs seront frappés de stupeur par sa ressemblance avec le Crucifié. C'est là la ressemblance des boucs. Voici donc la figure de Jésus qui devait souffrir.

11. Mais pourquoi a-t-on déposé la laine au milieu des épines ? C'est une figure de Jésus proposée pour l'Église; elle veut dire que si on veut enlever la laine pourpre, il faut beaucoup souffrir car les épines sont cruelles et ce n'est qu'en peinant qu'on peut s'en emparer. C'est ainsi, dit le Seigneur, que ceux qui veulent me voir et atteindre mon Royaume doivent m'obtenir par les tribulations et les souffrances (cf. Nb 19).

VIII, 1. Et ce précepte fait à Israël, de quoi est-il la figure, à votre avis ? Les hommes coupables de péchés graves doivent offrir une génisse, l'égorger et la brûler; ensuite de jeunes enfants recueillent la cendre, la mettent dans des vases; puis ils enroulent autour d'un bois de la laine écarlate (encore une figure de la croix, encore une fois la laine écarlate) et de l'hysope. Enfin ces jeunes gens aspergent tout le peuple, individu par individu, afin de les purifier de leurs péchés. 2. Voyez comme ce fait est simple à interpréter. La génisse, c'est Jésus, les hommes pécheurs qui l'offrent sont ceux qui l'ont mené à la tuerie. Mais après, ils ne sont plus, ces hommes; elle n'est plus, la gloire des pécheurs. 3. Les jeunes gens qui aspergent sont ceux qui proclament la bonne nouvelle de la rémission des péchés et de la purification des coeurs. A eux furent confiés tous les pouvoirs pour proclamer l'Évangile; ils étaient douze, justifiant par leur nombre les tribus (il y avait, en effet, douze tribus en Israël). 4. Et pourquoi trois jeunes gens étaient-ils chargés de l'aspersion ? A cause d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, tous trois grands devant Dieu. 5. Pourquoi la laine sur le bois ? Parce que la royauté de Jésus repose sur le bois, et ceux qui espèrent en lui vivront éternellement. 6. Pourquoi avec la laine, l'hysope ? Parce que dans son royaume, il y aura des jours mauvais, des jours de souillure, et nous, nous serons sauvés, comme le malade guérit avec le jus de l'hysope. 7. Ainsi, quand les événements sont si limpides pour nous, et si obscurs pour les autres, c'est que ceux-ci n'ont pas écouté la parole du Seigneur.

IX, 1. Car c'est des oreilles qu'il parle lorsqu'il nous dit comment il a circoncis nos coeurs. Le Seigneur dit dans le prophète : " Ils sont tout oreilles et m'obéissent" (Ps 17,45). Et ailleurs : "Ils écouteront, les plus lointains, ils sauront ce que j'ai fait" (Is 33,13). Et ailleurs : "Circoncisez vos coeurs" (Jr 4, 4). 2. Puis encore : "Écoute, Israël, voici ce que dit le Seigneur ton Dieu" (Jr 7, 2-3). Ailleurs l'Esprit du Seigneur prophétise : "Où est l'homme qui désire la vie à jamais ? Qu'il prête l'oreille à la voix de mon serviteur" (Ps 33,13; Ex 15,26). 3. Et encore : "Cieux, écoutez, terre, prête l'oreille, car le Seigneur dit ces choses afin qu'elles vous soient un témoignage" (Is 1,2). Et aussi : "Écoutez la parole du Seigneur, princes de ce peuple" (Is 1,10). Ou bien : "Écoutez, enfants, la voix qui crie dans le désert" (Is 40,3). Ainsi donc il a circoncis notre ouïe afin qu'écoutant sa parole, nous ayons la foi. 4. Mais l'autre circoncision en laquelle ils avaient mis leur espérance, elle est anéantie. Il leur avait dit que la circoncision ne concernait pas la chair. Mais ils passèrent outre, car un mauvais ange les avait séduits.

5. Dieu leur dit : "Voici ce que dit le Seigneur votre Dieu (et c'est ainsi que je trouve le précepte) : "Ne semez pas sur les épines, soyez circoncis pour le Seigneur" (Jr 4,3-4). Et que dit-il encore ? : "Circoncisez votre coeur et ne raidissez plus votre nuque" (Dt. 10,16). Ajoutez ceci : "Voici, dit le Seigneur : Tous ces peuples-là sont incirconcis du prépuce, mais ce peuple-ci est incirconcis du coeur" (Jr 9, 25-26).

6. Mais, dira-t-on, la circoncision pour le peuple était comme un sceau d'alliance. Or tous les Syriens et les Arabes, les prêtres des idoles faisaient de même. Est-ce qu'ils appartiennent donc également à l'Alliance ? Les Égyptiens aussi pratiquent la circoncision.

7. Soyez abondamment instruits sur toutes choses, enfants de la dilection : Abraham, qui le premier a pratiqué la circoncision, le fit en contemplant en esprit Jésus; il avait, en effet, été initié au sens des trois lettres. 8. L'Écriture dit en effet : "Abraham circoncit les hommes de sa maison au nombre de 18 et 300 " (cf. Gn 17,23-27; 14,14). De quel mystère reçut-il donc la connaissance ? Remarquez qu'on nomme d'abord les dix-huit, et après un intervalle les trois cents. Dix-huit, c'est : dix, iota, huit, êta - ce qui fait I H = Jésus. Et comme la croix en forme de tau est source de la grâce, on ajoute encore trois cents = T. Jésus est désigné par les deux lettres, la croix par la seule troisième. 9. Il le sait bien, celui qui a mis en nous le don de sa doctrine; personne n'a entendu de moi explication plus profonde. Mais je sais que vous en êtes dignes.

X, 1. Si Moïse dit : "Vous ne mangerez ni porc, ni aigle, ni épervier, ni corbeau, ni poisson dépourvu d'écailles" (cf. Lv 11; Dt 14) c'est qu'il avait reçu l'intelligence d'un triple enseignement. 2. Cependant le Seigneur dit, dans le Deutéronome : "J'exposerai à ce peuple mes Volontés" (cf. Dt 4,1-5). Ce n'est donc pas un commandement de Dieu que de ne pas manger, mais Moïse a parlé au sens spirituel. 3. Voilà ce qu'il voulait dire à propos du porc : "Ne va pas t'attacher à ces hommes qui sont semblables à des porcs : quand ils sont dans les délices, ils oublient le Seigneur; dans ils sont dans le dénuement, ils se souviennent de lui, exactement comme le porc qui, lorsqu'il se repaît, ne connaît plus son maître, mais se met à grogner lorsqu'il a faim. Puis lorsqu'il a reçu sa pâture se tait derechef.

4. "Tu ne mangeras pas non plus ni aigle, ni épervier, ni milan, ni corbeau" (Lv 11,13-16) : ne va pas t'attacher, pour leur devenir semblable, à ces hommes qui ne savent pas gagner leur pain au prix de leur peine et de leur sueur, mais qui s'emparent injustement du bien d'autrui. Ils sont aux aguets, tout en se promenant avec un air candide, et ils épient la proie que leur convoitise va dépouiller; comme ces oiseaux, les seuls de l'espèce, qui au lieu de se procurer leur nourriture, restent perchés paresseusement, et cherchent à dévorer les autres, vraie peste par leur malfaisance.

5. "Tu ne mangeras pas non plus de murène, ni de polype, ni de sèche (cf. Lv 11,10). Ne vas pas devenir semblable, pour t'y être attaché, à ces hommes totalement impies, et déjà condamnés à la mort, qui ressemblent à ces poissons, seuls à être maudits, qui nagent dans les profondeurs, non pas quand ils plongent seulement, mais qui ont élu dans les bas-fonds de l'abîme leur demeure.

6. "Tu ne mangeras pas non plus de lièvre." Pourquoi ? Cela veut dire: tu ne seras pas corrupteur d'enfants et m n'imiteras pas les gens de cette sorte; car le lièvre acquiert chaque année un anus de plus ; autant il a d'années, autant il a d'ouvertures.

7. "Tu ne mangeras pas non plus de la hyène" (Aut. inc.). C'est-à-dire tu ne seras ni adultère, ni séducteur, tu n'imiteras pas les gens de cette sorte. Pourquoi ? Parce que cet animal change de sexe tous les ans, il est tour à tour mâle et femelle.

8. Moïse a également haï "la belette" (Lv 11,29) d'une sainte haine. Ne va pas ressembler, veut-il dire, à ces personnes qui, dit-on, commettent de leur bouche le péché d'impureté; ne te lie pas avec ces personnes impudiques qui pèchent avec leur bouche. Tel cet animal qui conçoit par la gueule.

9. Ainsi Moïse qui avait reçu un triple enseignement sur les aliments, a-t-il usé d'un langage spirituel. Mais les Juifs, charnels comme ils l'étaient, comprirent qu'il s'agissait de la nourriture.

10. David reçut la connaissance de ce même triple enseignement, et il s'exprime de la même manière "Heureux l'homme qui ne va pas au conseil des impies" comme les poissons qui gagnent dans les ténèbres les bas-fonds de la mer; "ni dans la voie des égarés ne s'arrête" comme ceux qui se donnent l'apparence de craindre Dieu et pèchent comme le porc; "ni au banc de pestilence ne s'assied" (Ps 1,1), comme les oiseaux perchés en vue de la rapine. Vous voici comblés au sujet de la nourriture.

11. Moïse dit encore : "Vous mangerez du ruminant qui a le pied fourchu" (Lv 11,3; Dt 14,6). Pourquoi dit-il cela ? Parce que le ruminant, quand il reçoit sa nourriture, montre qu'il connaît celui qui la lui présente, et semble se plaire près de lui, au repos. Moïse avait vu bien juste en faisant ce précepte. Or, que veut-il dire ? Attachez-vous à ceux qui craignent le Seigneur, qui ont le souci de la portée de la parole qu'ils ont reçue en leur coeur, à ceux qui s'entretiennent des commandements du Seigneur et les gardent, à ceux qui savent que cette occupation est source de joie, et qui ne cessent de remâcher la parole du Seigneur. Mais le pied fourchu ? C'est parce que le juste sait à la fois marcher en ce monde et attendre la sainte éternité. Voyez comme Moïse a sagement édicté ses lois 12. Comment les Juifs pouvaient-ils concevoir et comprendre ces choses ? Mais nous, nous avons compris les commandements du Seigneur, et nous les exprimons tels qu'il les a voulus. C'est justement pour que nous en ayons l'intelligence que nos coeurs et nos oreilles ont été circoncis.

XI, 1. Recherchons maintenant si le Seigneur a pris soin de manifester à l'avance l'eau et la croix. Au sujet de l'eau, il est écrit, à l'adresse d'Israël, qu'ils ne recevraient pas le baptême qui procure la rémission des péchés, mais qu'ils essaieraient de se fabriquer à eux-mêmes leur salut.

2. Le prophète dit en effet :

"Terre frémis de stupeur, plus encore,
Car c'est un double méfait que ce peuple a commis :
Ils m'ont abandonné, moi la source d'eau vive,
Pour se creuser à eux-mêmes une citerne de mort"
(Jr 2, 12-13).
3. "Est-elle une roche déserte,
Ma montagne sainte, Sion ?
Vous serez comme une nichée d'oiseaux,
Voletant çà et là, arrachés du nid" (Is 16,1-2).

4. Le prophète dit encore

"Moi je marcherai devant toi

En nivelant les hauteurs.

Je fracasserai les battants de bronze,
Je briserai les barres de fer.
Je te livrerai les trésors secrets,
Et les richesses cachées,
Pour qu'ils sachent que je suis, moi, le Seigneur Dieu" (Is 45,2-3).

5. Et encore :

"Tu habiteras dans une citadelle élevée,
Bâtie sur le roc,
L'eau ne te fera pas défaut.
Tes yeux contempleront le roi dans sa gloire,
Et votre âme aura souci de la crainte du Seigneur" (Is 33,16-18).

6. Et dans un autre prophète, il dit encore :

"Celui qui agit ainsi sera comme l'arbre,

Planté près du cours des eaux,
Qui donne son fruit en la saison,
Et jamais son feuillage ne tombera.
Tout ce qu'il fait réussit.
7. Rien de tel pour les impies, rien de tel.
Non, ils sont comme la bale emportée par le vent

De sur la terre.

Non, au jugement les impies ne tiendront,
Les égarés à l'assemblée des justes.
Car le Seigneur connaît la voie des justes,
Mais la voie des impies va se perdre" (Ps 1,3-6).

8. Remarquez comme il décrit à la fois la croix et l'eau. Voici en effet ce qu'il veut dire : Bienheureux ceux qui ayant mis leur espérance dans la croix, sont descendus dans l'eau, car il indique la récompense par ces mots "en la saison"; à ce moment-là, veut-il dire, je m'acquitterai envers toi. Et ces mots : "jamais son feuillage ne tombera" (Ps 1,3), en voici le sens : toute parole qui sortira de votre bouche, sous l'inspiration de la foi et de la charité, sera la conversion et l'espérance d'un grand nombre.

9. Un autre prophète dit encore : "Le pays de Jacob recevait des louanges, plus que tout autre" (cf. So 3,19). Ce qui veut dire que Dieu glorifie le vase qui renferme son esprit. 10. Et qu'est-il dit encore : "Il y avait un fleuve coulant sur la droite, de ses berges s'élevaient des arbres féconds, celui qui mange de leur fruit vivra éternellement" (Ez. 47,2,7,12). 11. Comprenons : nous descendons dans l'eau, remplis de péchés et de souillures, mais nous en sortons, chargés de fruits, avec dans notre coeur la crainte et, dans l'esprit, l'espérance en Jésus. "Quiconque en mange vivra éternellement" signifie : quiconque écoute ces paroles et croit, vivra éternellement.

XII, 1. Il décrit également la croix, par ces paroles d'un autre prophète : "Quand ces choses seront-elles accomplies ? Lorsque le bois, dit le Seigneur, aura été abaissé et redressé, et lorsque du bois le sang aura coulé" (cf. IV Esdras 4,33; 5,5). Voici donc ce qui se rapporte à la croix et à celui qui doit y être crucifié.

2. Dieu parla encore à Moïse lorsque Israël était à se défendre contre les tribus étrangères; il lui remémora que cette guerre même était le signe de la mort qu'ils méritaient à cause de leurs péchés. L'Esprit saint inspira à Moïse une attitude figurant la croix et Celui qui devait y souffrir, car voilà le sens du geste : à moins d'espérer en cette croix, ils seraient livrés à une guerre éternelle. Moïse entassa donc boucliers sur boucliers au milieu du champ de bataille, et se plaçant sur le tas de façon à dominer les autres, il étendit les bras; c'est ainsi qu'Israël reprit l'avantage. Après un moment, Moïse ayant laissé retomber ses bras, Israël succombait à nouveau (Ex 17,8-13). 3. Qu'est-ce à dire ? C'était pour leur faire reconnaître qu'ils ne pouvaient être sauvés que s'ils mettaient en lui leur espérance.

4. Le Seigneur dit encore dans un autre prophète : "Tout le jour j'ai tendu mes mains vers un peuple rebelle, et rétif à mes justes voies" (Is 65,2).

5. Moïse figura d'une autre façon encore Jésus, montrant qu'il devait souffrir et que c'est lui qui donne la vie, lui qu'ils s'imagineront avoir fait périr. Israël succombait. Pour leur donner un signe, le Seigneur les fit mordre par toutes sortes de serpents et ils mouraient (cf. Nb. 21,6-9) (car c'est par le serpent que la désobéissance est apparue dans la personne d'Ève). Or, le Seigneur agissait ainsi pour les convaincre que c'était à cause de leur désobéissance qu'ils étaient livrés aux angoisses de la mort.

6. Finalement, Moïse, qui avait publié ce précepte : "Vous n'aurez point d'image sculptée ou fondue pour votre Dieu" (Dt 27,15), fabriqua néanmoins une telle image pour manifester une figure de Jésus. Il fabriqua donc un serpent d'airain, le dressa solennellement et fit convoquer le peuple par un héraut. 7. Le peuple réuni priait Moïse d'intercéder pour leur guérison. Alors Moïse leur dit : "Lorsque quelqu'un d'entre vous sera mordu, qu'il vienne vers le serpent étendu sur le bois; qu'il espère; qu'il croie que celui-ci, même sans vie, peut le vivifier, et aussitôt il sera sauvé" (cf. Nb. 21,8-9).

Ainsi firent-ils. Voici bien la gloire de Jésus : tout a eu lieu en lui et pour lui.

8. Et que dit Moïse à Jésus, fils de Navé, après lui avoir imposé ce nom comme à un prophète, dans la seule intention de faire comprendre au peuple que le Père révèle toutes choses au sujet de son Fils Jésus ? 9. Après lui avoir donné ce nom, en l'envoyant explorer le pays, Moïse dit à "Jésus, fils de Navé" (Nb 13,16) : "Prends un livre dans tes mains et écris ce que dit le Seigneur : dans les derniers jours, le Fils de Dieu renversera de fond en comble la maison d'Amaleq" (cf. Ex 17,14).

10. Voilà de nouveau Jésus, figuré dans un être de chair, non pas comme fils d'homme, mais comme fils de Dieu. Mais comme les Juifs devaient dire un jour que le Christ est "fils de David" (Mt, 22,42-44), David lui-même, qui redoutait l'erreur de ces pécheurs et qui en avait la connaissance, s'écrie prophétiquement : "Le Seigneur a dit à mon Seigneur, siège à ma droite; tes ennemis, j'en ferai ton marchepied" (Ps 109,1).

11. Et de même Isaïe :

"Le Seigneur a dit à son Oint, mon Seigneur,

Qu'il a pris par la main droite,

Pour abattre devant lui les nations

Et briser la puissance des rois" (Is 45,1).

Voilà comment "David l'appelle mon Seigneur", et non pas mon fils (Mc 12,37; Mt 22,45; Lc 20,44).

à suivre

Mes frères, seule la foi orthodoxe purifie et sanctifie la nature humaine corrompue par le péché, elle renouvelle ceux qui sont déchus, illumine ceux qui sont sombres, guérit ceux qui sont blessés par le péché et unit ceux qui sont séparés de Dieu.

saint Jean de Cronstadt

ESPIONNAGE

par Frédéric Pons (dans "Valeurs Actuelles")

Mystérieux et tentaculaire, le réseau Echelon fut l'un des plus beaux outils de la guerre froide. Il resta longtemps l'un des secrets les mieux gardés de quelques initiés du monde du renseignement. Le système reposait sur un gigantesque maillage d'écoutes téléphoniques, "branchées"par les Américains et le premier cercle de leurs alliés sur l'Union soviétique et les pays du bloc de l'Est.

Echelon n'a pas disparu avec l'effondrement de l'URSS. Il s'est même renforcé grâce aux avancées technologiques. de ces dernières années. Il vient de se transformer en arme planétaire au service de la nouvelle guerre économique qui oppose les État-Unis aux autres puissances industrielles. Tous les pays et toutes les grandes entreprises de l'Union européenne sont directement concernés par cette offensive menée par les Américains au seul bénéfice de leurs intérêts stratégiques, politiques et commerciaux.

Valeurs Actuelles a choisi d'ouvrir ce dossier pour comprendre les enjeux d'Echelon et les problèmes de sécurité que ce système pose aux États et aux entreprises "sensibles". Toutes n'ont pas encore mis en place de vraie protection pour la transmission de leurs données et la protection de leurs trésors technologiques. Les exemples qui figurent dans ce dossier devraient ouvrir bien des yeux.

Tous les experts le reconnaissent : cet espionnage électronique du monde civil, invisible, entre alliés, est particulièrement insidieux. Les parades sont délicates à manier.

Quelques révélations d'anciens agents, ces dernières années, avaient permis d'y voir plus clair dans le système Echelon. Cette fois, un rapport officiel du Parlement européen est allé plus loin grâce à l'activisme d'une association anglo-saxonne de défense des droits de l'homme.

Ce document de la commission d'évaluation des choix technologiques et scientifiques du Parlement européen, présidée par Alain Pompidou,est clairement intitulé Évaluation des technologies de contrôle politique.

On y lit les objectifs et les moyens du système Echelon, placé sous le contrôle quasi exclusif des Américains grâce à un accord secret signé en 1948, le pacte UKUSA (pour United Kingdom+USA). Ce pacte a scellé l'alliance des services d'espionnage électronique de cinq pays : les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

Grâce aux progrès dans l'électronique embarquée à bord des satellites espions ou de télécommunications, et aux nouveaux procédés de décryptage, de sélection, d'analyse et d'exploitation des stations d'écoute au sol.

A court terme, plus rien ne semblerait pouvoir échapper aux "grandes oreilles américaines" qui ont placé le monde entier sur écoutes. Echelon peut déjà capter les transmissions par fax, par télex et les conversations téléphoniques à partir d'un étonnant système de mots clés préintégrés dans des "dictionnaires électroniques" (on passera bientôt à la reconnaissance vocale).

Les navigateurs sur internet et leurs échanges sont aussi suivis à la trace, grâce à un système de "marqueurs"entièrement contrôlé par des intérêts américains.

Echelon est devenu un formidable aspirateur à communications. Il peut filtrer jusqu'à deux millions de conversations à la minute, soit trois milliards par jour.

Abba Macaire a dit :

"C'est chose étrangère au moine qu'il se mette en colère; ce lui est chose étrangère de chagriner son frère en quelque manière que ce soit."

SAINT JEAN LE TAILLEUR, LE DEUX-FOIS-BRULÉ

Saint Jean le Tailleur naquit à Joannina. Ses parents étaient de pieux chrétiens qui lui apprirent à aimer les offices à l'église et à suivre avec attention les lectures des Écritures. Quand il eut grandi, il devint tailleur. L'argent qu'il gagnait, il le divisait en trois parts égales : une pour ses parents, une pour les pauvres et une pour ses propres besoins.

Avec le temps, ses parents moururent, et il déménagea à Constantinople. Le patriarche Jérémie, qui gouvernait l'Église à cette époque, était aussi de Joannina. A Constantinople, Jean continua à exercer son métier de tailleur. Il était encore jeune et c'était un jeune homme très beau, ouvert de coeur, amical et courageux, et qui devint bientôt très connu dans son voisinage. Quelques-uns de ses voisins turcs étaient tristes de voir qu'il était chrétien; à cause de sa religion, il ne pouvait jamais servir comme soldat. "Quel dommage" - disaient-ils - "de voir un jeune homme si beau, si bien fait, faire un métier si peu respectable, juste parce qu'il est chrétien ! Il n'aurait qu'à changer de religion et le sultan lui donnerait sûrement une situation splendide qui ferait de lui un homme riche.

Jean entendit ce que disaient ses voisins et se demandait comment il devrait leur répondre. Il fut troublé et profondément blessé par les paroles de ses voisins. C'était un vrai chrétien qui aimait le Christ de tout son coeur. Comment pourrait-il prouver son amour pour Lui ? Plus il y pensait et plus il en devint certain : il devait porter témoignage de son Sauveur par le martyre, en versant son sang pour le Christ.

Comme fidèle chrétien orthodoxe, il en demanda la bénédiction à son père spirituel, le père Kalothetos, l'archiprêtre de l'Église patriarcale. Le prêtre le mit en garde, disant que les canons de l'Église interdisaient de chercher le martyre de sa propre initiative, - que se passerait-il si quelqu'un cherchait à mourir pour le Christ et qu'il soit par la suite incapable d'endurer les tourments et supplices qui lui seraient infligés ? Il finirait par discréditer sa foi et son Seigneur.

Jean suivit le conseil de son père spirituel. Pendant le Grand Carême cependant, ses voisins turcs se mirent à le circonvenir directement, en lui suggérant jour après jour d'abandonner sa religion et de se convertir à l'Islam. Tout le long des semaines du Grand Carême, ils discutèrent avec lui, même pendant la Grande Semaine, alors que l'esprit de Jean était rempli de la pensée des souffrances du Christ. Il devint certain qu'il devait agir. Le Grand Jeudi, il retourna voir le père Kalothetos.

"Vénérable père," dit-il, "je suis parfaitement résolu de chercher le martyre - je suis venu recevoir votre bénédiction et communier aux saints Mystères. Si vous me donnez votre permission, tant mieux, mais si non, je suis déterminé à subir le martyre et j'espère en la Miséricorde de Dieu, qui me donnera le pouvoir d'une issue honorable".

L'archiprêtre ne voulut toujours pas donner sa bénédiction. Il renvoya Jean chez lui pour qu'il attende dans la prière et le jeûne que Dieu le guidât. "L'esprit est prompt", - lui rappela-t-il, - "mais la chair est faible". Il lui enjoignit de purifier son intellect pour recevoir un Signe de Dieu.

Le lendemain, Grand Vendredi, le jeune tailleur retourna voir son père spirituel, les yeux étincelants. Il avait reçu le signe qu'il souhaitait : "La nuit dernière, je me suis vu danser au milieu d'un feu, comme les enfants de Babylone, et louer le Christ". Enfin, son père spirituel fut convaincu et lui donna sa bénédiction. Avec piété, Jean reçut la sainte Communion de la main du père Kalothetos et retourna dans son atelier.

Bientôt ses voisins revinrent le voir pour essayer de le persuader, par la séduction, de renier la foi chrétienne et embrasser l'Islam. La réponse du jeune homme les mit en colère : "Je préfère" - répondit-il - "vivre avec le Christ, et je suis prêt à mourir pour Lui. Comment saurais-je renier le Christ, mon Créateur et mon Dieu, pour suivre Mahomet, un homme illettré... non, c'est plutôt lui que je rejette, lui et sa religion !" Ses voisins étaient si enragés qu'ils l'attaquèrent avec leurs poings, des bâtons et des pierres, l'emmenèrent au tribunal avec l'accusation de blasphème à l'encontre de l'Islam et prédication ouverte de la Divinité de Jésus Christ.

Le juge l'interrogea pour savoir ce qu'il avait dit en effet, et le jeune tailleur répondit courageusement, en proclamant le Christ comme vrai Dieu et en condamnant la religion musulmane et ses adeptes. Le juge ordonna qu'il fût frappé au visage, jeté à terre et battu.

"Dis-moi donc", lui demanda le juge, "ce que tu préfères maintenant : être battu de la sorte jusqu'à une mort cruelle pour avoir refusé de renier le Christ ou bien abandonner sa religion et recevoir en échange richesses et promotion du sultan ?"

La réponse de Jean fut si intrépide, si claire, sa proclamation du Christ si ferme, sa dénonciation de l'Islam si résolue que le juge hésita à condamner un homme aussi courageux, et ordonna de le jeter en prison pour la nuit, sous une garde sûre, pour le faire réfléchir. Dans le but de l'amener à la soumission par la terreur, il proféra une sombre menace : "A l'aube, ou bien tu auras une grande fortune et des honneurs, ou alors, tu périras dans les flammes !"

La réplique de Jean fut si résolue et déterminée que le juge perdit toute patience et ordonna à ses hommes de préparer l'exécution tout de suite. Cependant, à l'Église patriarcale, on apprit ce qui était arrivé à Jean, et le patriarche Jérémie envoya une grosse somme d'argent au juge, en l'implorant de ne pas exécuter Jean pendant ces jours très sacrés de l'année ecclésiastique. Le juge accepta le don et laissa Jean en prison pour sept jours de plus.

Le matin du Vendredi du Renouveau, Jean fut traîné encore une fois devant le juge, qui lui renouvela son offre de choix entre se convertir et brûler. A nouveau, Jean proclama sa foi en Christ, et, debout au milieu d'une foule de musulmans, il s'écria : "Je me réjouis et exulte en mon Dieu et je Lui chante avec les anges", puis, de sa voix claire et mélodieuse, il entonna le tropaire de Pâques : "Christ est ressuscité des morts, par la mort, Il a terrassé la mort, et à ceux qui sont dans les tombeaux, Il a donné la Vie."

Le juge, voyant qu'il n'y avait aucun espoir de le convaincre, ordonna de le faire sortir pour le brûler.

Se mettant en route pour le lieu de l'exécution, ils chargèrent le jeune homme de coups, mais lui, il continua de chanter : "Christ est ressuscité des morts, par la mort, Il a terrassé la mort, et à ceux qui sont dans les tombeaux, Il a donné la Vie." Une foule les suivait, portant du bois et des instruments pour attiser le feu, jusqu'à un lieu adéquat pour procéder à l'exécution. Ils construisirent aussitôt un grand bûcher, l'allumèrent et y jetèrent le jeune tailleur. Jean fit quelques pas joyeux dans les flammes comme s'il se fût promené dans la rosée.

Bientôt, cependant, les gens des alentours accoururent pour se plaindre de l'exécution qui avait lieu près de leurs maisons, et contraignirent les bourreaux de sortir Jean des flammes. Il fut conduit, à moitié brûlé, à l'extérieur de la ville, pendant qu'il chantait toujours les louanges de Dieu et de la Résurrection. Un nouveau bûcher, bien plus grand encore, fut construit. A la stupeur des bourreaux, Jean entra dans les flammes et se mit à y danser en chantant le "Christ est ressuscité".

Quelques chrétiens étaient présents. Pour épargner à Jean le tourment terrible de brûler lentement jusqu'à ce que mort s'ensuive, ils soudoyèrent un gardien pour qu'il entrât dans les flammes et décapitât Jean, ce qu'il fit.

COMPRENNE QUI PEUT COMPRENDRE
Quelques prophéties qui, me semble, se rapporter à l'heure actuelle.

Vous souffrirez trois heures ou trois jours.
Quand il y aura une flotte de mille bateaux en territoire grec, le problème de Constantinople se résoudra.
Quand la flotte de mille bateaux arrivera à l'accostage, des hommes arriveront qui porteront un gilet rouge et qui combattront pour vous.
Cela arrivera subitement. Ou les boeufs dans les champs, ou les chevaux sur l'aire.
Ils essaieront de résoudre la problème avec la plume, mais n'y arriveront pas. 99 fois avec la guerre et une fois avec la plume.
Bienheureux celui qui vivra après la guerre mondiale.
Il mangera avec des cuillères en argent.
PROPHÉTIES DE SAINT COSMAS D'ÉTOLIE (1714 -1779)

Grande angoisse au sein des peuples orthodoxes.
Invasion de troupes étrangères de la mer Adriatique. Malheur à ceux qui vivent sur terre. Le séjour des morts est prêt.
LA PROPHÉTIE ANONYME (A.D. 1053)

AU TEMPS DE L'ANTICHRIST

Abba Macaire le Grand a dit : "Un temps vient où une souffrance nombreuse atteindra ceux qui s'exercent dans la pratique, de sorte qu'ils oublieront le renoncement et l'abstinence, et le roi puissant de ce temps-là les dominera." Les frères lui dirent : "Ce roi-là, comment est-il ?" Abba Macaire leur dit : "C'est un métis des Ismaélites; les rejetons de ses reins sont (issus) d"Esaü; notre roi, à nous, c'est notre Seigneur Jésus Christ; son peuple, c'est la vertu avec la pureté de l'âme et celle du corps; le roi de la terre, sa puissance vient de notre Roi céleste, le Christ, le vrai Dieu; et, de son côté, le roi de la terre aime l'or, l'argent et il aime les plaisirs, comme les chevaux qui désirent les femelles; il aime le luxe, il sert les femmes et les chevaux comme des dieux, il aime la passion en toutes ses affaires, il vise et espère les choses terrestres, il se dit que les choses de la terre seront encore à lui dans le siècle futur à cause de la multitude de plaisirs qui s'y trouve, il étendra sa puissance sur la terre entière avec orgueil, se conduisant en tyran au milieu de la terre, il pressurera la terre avec des chaînes de fer, dans des souffrances nombreuses, dans des prisons, et cela sans le Roi le Christ." Les frères lui dirent : "Qu'arrivera-t-il aux pères en ce temps-là ?" Abba Macaire leur répondit : "Ils seront pressurés grandement, de sorte que quelques-uns faibliront, qu'ils oublieront la vie angélique par amour de l'argent. notre Seigneur Jésus Christ aura patience sur eux en considérant leur détermination; ils deviendront prospères en communauté avec de nombreux travaux manuels; le commerce se développera chez eux comme chez les mondains; sous prétexte de l'impôt, ils chercheront les choses charnelles et oublieront l'impassibilité.

Ceux que l'on trouvera, parmi les pères de ce temps-là, purs pour ce qui est de manger et de boire outre mesure, à cause de l'abondance du relâchement, qui garderont leur corps des fornications du monde et de l'amour de l'argent, et qui ne jugeront pas ceux qui seront tombés parmi eux, ceux-là seront bienheureux près du Roi de gloire le Christ; ce sont des enfants de la promesse et des héritiers de la vie éternelle; ils apparaîtront devant le Roi le Christ avec une grande assurance."

 

Nous ne devons pas éviter la Communion parce que nous nous jugeons pécheurs. Nous devons l'approcher plus souvent pour la guérison de l'âme et la purification de l'esprit, mais avec une telle humilité et foi, en nous jugeant indignes... que nous désirerons encore plus le remède à nos blessures. Il est impossible de recevoir la Communion une fois par an comme le font certaines personnes... considérant que la sanctification des Célestes Mystères n'est appropriée que pour les saints eux-mêmes. Il vaut mieux penser qu'en nous donnant la Grâce, le sacrement nous rend purs et saints. De tels gens manifestent plus d'orgueil que d'humilité... car lorsqu'ils reçoivent les sacrements, ils se jugent dignes. Il vaut mieux, sachant dans l'humilité de notre coeur,que nous ne sommes jamais dignes des Saints Mystères, les recevoir tous les dimanches, pour la guérison de nos maladies, que de penser avec orgueil qu'après une année, nous sommes devenus dignes de Les recevoir.

saint Jean Cassien

A PROPOS DE LA CONFESSION

 

Lorsque le fils prodigue sollicita le pardon à son père, celui-ci le lui accorda tout de suite. Pourtant l'héritage avait été dissipé et le père n'avait rien d'autre à lui donner, car ce qui restait appartenait au frère aîné. Il fallait donc que le fils prodigue travaillât durement, après sa vie de débauche, afin de regagner ce qu'il avait gaspillé.

Ainsi, quand nous nous confessons à Dieu, Dieu nous pardonne dans son Amour, mais nous ne retrouvons pas pour cela, sans rien de plus, notre pureté. Il faut la reconquérir par la pénitence, les sueurs.

Cette pénitence peut nous être imposée par le confesseur, nous pouvons nous-mêmes la choisir, ou Dieu nous l'octroie (maladies, pauvreté, calomnies, etc.). Personne n'en est dispensé, car le vice, que chaque péché apporte ou aggrave, ne part pas de lui-même. "A la sueur de ton front", fut dit à Adam, après la chute, et pour reconquérir la pureté du paradis, il devait lutter.

Donc, une chose est le pardon, et autre chose la réparation du gâchis.

Une image très simple pour illustrer ce que je viens de dire : Un enfant casse par maladresse un objet fragile. Dès qu'il court auprès de sa mère, l'implorant de son pardon, celle-ci le prend dans ses bras et lui pardonne. Pourtant l'objet reste cassé et il faut le réparer ou le remplacer.

Ne pensons pas à la légère qu'une simple confession fait tout rentrer dans l'ordre. Elle ne fait que rétablir la paix entre Dieu et nous et blanchit de nouveau notre robe du baptême, mais la santé spirituelle n'est pas pour autant rétablie.

En résumé : Chaque chute demande d'abord une confession et un rétablissement ensuite.

hm. Cassien

Quelques unes des choses que nous faisons par amour de Dieu, sont faites par obéissance à ses commandements; d'autres sont faites par obéissance aux commandements mais, pour ainsi dire, comme une offrande volontaire. Par exemple, il est demandé dans les commandements de Dieu d'aimer Dieu et notre prochain, d'aimer nos ennemis, de ne pas commettre d'adultère ou de meurtre etc. Et quand nous transgressons ces commandements, nous sommes condamnés. Mais il ne nous est pas demandé de vivre comme des vierges, de nous abstenir du mariage, de renoncer aux possessions, de nous retirer dans la solitude... Ces choses-là sont de l'ordre des offrandes afin que si par faiblesse nous sommes incapables d'accomplir certains des commandements, nous puissions par ces offrandes librement consenties rendre propice envers nous notre Maître bienheureux.

saint Maxime le Confesseur
LES SAINTES ÉCRITURES, HISTOIRE DU PEUPLE ÉLU

Les Saintes Écritures sont une histoire, l'histoire du peuple élu de Dieu, l'histoire de personnes bénies de Dieu. Les Saintes Écritures racontent aussi des actes inhumains, une histoire avec des guerres, des crimes et de la haine. Elles nous présentent aussi des personnages avec une moralité négative, avec des actions considérées comme des fautes et des péchés graves devant la conscience chrétienne.

Pour bien comprendre l'histoire du peuple de l'Ancienne Alliance, il faut souligner le caractère progressif de la Révélation de Dieu. Il faut lire les Saintes Écritures avec le sentiment du progrès et de l'histoire.

Les Saintes Écritures nous racontent l'éducation progressive donnée par Dieu à ce peuple pour l'amener au christianisme. Le parcours a été long et les étapes nombreuses. Les Saintes Écritures sont l'histoire de l'humanité avec ses exemples de sainteté et aussi avec ses fautes. L'histoire est divine parce que Dieu est le personnage principal, l'auteur principal des événements passés et présents.

Les hommes anciens n'avaient pas une conscience morale. Il faut considérer leurs actes dans la lueur de leur conscience crépusculaire.

Souvent dans les Saintes Écritures, Dieu est comparé à un potier qui modèle l'argile. Dans l'univers, la Création de Dieu a son origine dans un germe, dans un simple crayonnage.

Les Saintes Écritures démontrent que la pédagogie de Dieu est persévérante et respectueuse de la liberté créée par Lui.

Dans les Saintes Écritures, nous admirons la Compassion de Dieu qui vient nous chercher dans notre misère morale, pour nous élever à la hauteur de la sainteté chrétienne.

Les Saintes Écritures montrent l'Art de Dieu pour éduquer, la Patience divine, le Respect et l'Amour pour sa créature. Dieu mobilise cette créature vers une grande perfection, vers les vérités les plus élevées.

Dieu a révélé progressivement les chemins de la vie et du bonheur, les lois, les exigences et les profondeurs de l'amour.

Les perspectives des Écritures sur la vie éternelle, sur le bonheur infini se révèlent par petits pas.

La vie de Dieu est une vie intérieure en amour, où Dieu est toute la richesse de l'amour de la sainte Trinité.

En lisant les Saintes Écritures, on envisage le caractère progressif de la Révélation de Dieu et de son Éducation des hommes.

Père Olivian

ICONOGRAPHIE BYZANTINE
L'OR "COULEUR" DES COULEURS
L'icône byzantine éprouve une prédilection pour l'or : elle s'en sert à profusion pour couvrir les fonds (de fines feuilles d'or pur) et pour souligner le volume des vêtements et des décors d'architecture (de fines hachures dorées : l'assiste). Comme toutes les caractéristiques de l'icône byzantine, ce goût de l'or est un héritage de l'antiquité classique (selon l'expression du poète grec Pindare, "l'or est un feu qui brille dans la nuit"). Son "scintillement" et sa "noble luminosité" (saint André de Crète) permettent de créer l'impression de la lumière. Reçue de l'antiquité païenne, la métaphore de l'or, symbole de la lumière, fut enrichie par l'iconographie chrétienne : l'or "couleur des couleurs", n'existe pas dans la nature et symbolise donc la lumière incréée, qui investit la créature, la transfigure et lui permet déjà de goûter au paradis. L'or est toujours un indice de la présence divine : il manifeste l'incarnation dans le monde visible de la Présence invisible, qui imprègne le cosmos tout entier. Par sa luminosité, l'or possède en outre la faculté d'"aveugler". Même si la matière s'illumine et brille d'un feu mystérieux, aucune perspective ne s'ouvre dans la profondeur de l'espace : la matière reste une barrière opaque que l'oeil ne pourra pénétrer. Animée par la "terrifiante" Présence de Dieu ("feu dévorant" Ex 24,17), la réalité est ainsi montrée dans sa dimension "mystérieuse". Dans les églises byzantines, la même signification est attribuée à l'or des coupoles qui symbolise le feu de la prière et la Jérusalem céleste.
dans :
Les icônes
édition Solar

DESTRUCTION DE L'ÉGLISE ORTHODOXE SERBE

PENDANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE

... La cible principale des exterminateurs oustachis transparaît sans équivoque dans le décompte de leurs ravages :

Les bandes oustachies détruisirent et incendièrent, sur le territoire du soi-disant État libre de Croatie, 299 églises serbes orthodoxes, tuèrent trois cents prêtres et cinq évêques de cette Église. Ils tuèrent en outre des centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, tous de pieux orthodoxes.

Chaque meurtre constitue un acte d'une effarante cruauté. Que l'on essaie d'imaginer la fin que connurent les évêques :

a) Mgr. Dositej, évêque de Zagreb, fut soumis à des tortures telles qu'il en devint fou.

b) Mgr. Petar Zimonjié, octogénaire, métropolite de Sarajevo, arrêté par Boiidar Bralo, envoyé au camp d'extermination de Jasenovac, où il fut égorgé. Pendant que ceci se déroulait, non seulement l'archevêque catholique de la ville, Saric, ne prononçait pas un seul mot pour sa défense, mais, dans l'hebdomadaire catholique de son diocèse, il exaltait l'utilisation de telles méthodes "au service de la vérité, de la justice et de l'honneur".

c) Mgr. Platon, âgé de 81 ans, évêque de Banja Luka, qui était resté dans la ville parce que l'évêque catholique Garic lui avait promis son intercession.

Il fut arrêté à trois heures du matin et conduit avec le prêtre orthodoxe Dusan Subotic en un lieu éloigné de six kilomètres où tous deux furent tués.

Mgr. Platon fut ferré aux pieds, comme les chevaux, et contraint de marcher en public. On leur arracha la barbe et des feux furent allumés sur leur poitrine. Enfin, on leur creva les yeux, on leur coupa le nez et les oreilles avant de les tuer;

d) Mgr. Sava Trlajic, évêque de Plaski, torturé et tué avec trois prêtres orthodoxes et deux mille Serbes dans l'île de Pag.

e) Mgr. Branko Dobrosavljevic, évêque de Otocac. Arrêté en même temps que son fils, tous deux furent conduits jusqu'à un canal et là le garçon fut mis en morceaux à coups de hachette devant les yeux de son père que l'on obligeait à regarder. Ensuite, on a arraché la barbe et les cheveux de l'évêque, dont les yeux furent crevés avant qu'il ne soit achevé à coups de hache.

 

Le pillage

La hiérarchie catholique, par l'intermédiaire du Conseil d'Etat pour la reconstruction et du Comité pour la confiscation des églises serbes orthodoxes et de leurs biens, qui fonctionnent dans les locaux du musée d'Etat de Zagreb, s'approprie les objets de culte et les édifices de l'Église "rivale".

Mgr Stepinac demande à Pavelic d'affecter le monastère serbe de Orahovici aux Trappistes délogés par les Allemands de leur monastère de Reichenburg. L'évêque Janko Simrak s'attribue le monastère de Lepavina, cependant que Saric à Sarajevo en fait de même avec les biens qui appartenaient précédemment aux Juifs, obtenant même l'approbation du "Légat" pontifical Marcone. Les dommages matériels subis par l'Église serbe orthodoxe s'élèvent à sept milliards de dinars, sans tenir compte des 290 édifices de culte livrés aux flammes ou détruits.

Des centaines d'autres églises furent transformées en lieux de massacre, en entrepôts, bains publics, étables. Dans les régions habitées en grande majorité par des Serbes, les églises subissent ce sort, cependant que dans les régions où les Serbes sont minoritaires, elles sont converties au culte catholique. Les localités où les églises orthodoxes sont transformées en catholiques sont au moins au nombre de vingt-deux. Dans le Srem, où les 90 % du clergé serbe sont éliminés, on détruit seize monastères de la Fruska Gora, le Mont Athos danubien. Voués à la destruction, les corps de quatre saints orthodoxes, qui y avaient reposé pendant des siècles, sont sauvés par les Allemands " indignés par tant d'horreur".

Dans :
Marco Aurelio Rivelli
Le génocide occulté
État indépendant de Croatie (1941-1945)
Age d'Homme

Les conciles condamnèrent ceux qui ne voulaient obéir à l'Eglise et professaient des opinions contraires à Sa doctrine. Je n'exprime pas mes propres opinions, je n'introduis rien de nouveau dans l'Eglise, ni ne défends aucune erreur. Mais je préserve fermement la doctrine que l'Eglise a reçue du Christ Sauveur, a conservée, et conserve à ce jour... Qui peut médire ou abaisser cette doctrine ? Si je reste ferme dans cette doctrine et ne veux point la rejeter, qui osera me traiter d'hérétique ? Vous devez d'abord juger la doctrine que je défends, mais si elle est reçue unanimement comme sainte et orthodoxe, comment alors puis-je être passible de jugement ?

saint Marc d'Ephèse
SUR LE CHANT ZNAMENNY

En règle générale, le chant chrétien n'a pas été accessible à beaucoup à cause d'un manque de compréhension. Comme toute musique, il peut aussi plaire de façon superficielle, mais pour l'apprécier vraiment, il faut comprendre son histoire et sa technique de composition. Il se passe la même chose pour cette musique religieuse que pour la musique de 12 tons du 20e siècle, que l'on apprécie aussi très rarement à fond sans savoir comment elle fut composée.

Le plain chant occidental a eu sa renaissance récemment grâce au succès commercial de nouveaux enregistrements. Le plain chant oriental, y compris le russe, est encore relativement peu connu du public occidental. Cette méconnaissance est probablement augmentée aussi par l'inaccessibilité du chant oriental, due à sa notation et son système de composition.

En effet, il manque encore beaucoup de recherches pour déchiffrer le corpus le plus ancien du chant liturgique russe. Néanmoins, la musicologie a découvert déjà beaucoup de secrets intéressants du chant oriental, et les découvertes les plus gratifiantes furent faites dans le domaine du chant "znamenny" russe. Par la compréhension de la nature du chant "znamenny", on découvre un type de musique intrinsèquement beau.

Le chant "znamenny" fut le chant principal de l'Église orthodoxe russe, à partir de l'époque où la foi chrétienne fut importée de Byzance et jusqu'à la fin du 17e siècle environ. Comme beaucoup d'autres choses dans la culture russe, le chant fut à l'origine importé d'un autre pays, mais très bientôt, il se revêtit de caractéristiques qui le rendirent proprement russe.

 

Histoire du chant russe

L'histoire de l'arrivée de la foi chrétienne en Russie est bien connue. C'est Vladimir 1er qui entreprit de choisir une seule religion pour unifier son peuple. Des éclaireurs furent envoyés pour examiner les religions d'autres pays et ce sont ceux qui revinrent de Byzance qui avaient les plus belles histoires à raconter. La foi chrétienne et toute sa gloire attirait Vladimir, qui procéda à la christianisation de son pays en 988.

L'orthodoxie orientale fut donc directement importée en Russie avec toutes ses dépendances : l'architecture pour les églises, le style pictural pour les icônes et la musique pour les offices.

Comme l'architecture et la peinture, le chant fut aussi rapidement transformé par les Russes. Mais la musique orthodoxe est, depuis les origines, encore strictement vocale.

Dans "Nouveaux monuments du chant znamenny", Maxime Brajnikov écrit :

"La musique d'église russe - le chant "znamenny" - prit son origine dans un passé reculé, à Byzance, mais à peine sur le sol russe, elle rencontra un nouveau média - la perception musicale du peuple russe, toute sa culture et sa tradition, et c'est ainsi qu'elle commença sa deuxième vie, entièrement russe, celle-là.

Le plus grand impact exercé sur le chant byzantin en Russie fut l'immense corpus des chansons folkloriques de la paysannerie russe.

Mais (comme nous le verrons plus loin) son rythme strict étant un élément très important du chant "znamenny", l'influence des chansons folkloriques se limita en premier lieu aux rapports d'intervalle et à des fragments de mélodie.

L'étude du chant "znamenny" est répartie en trois périodes de son histoire :

1) la période pré-mongole (de 988 au milieu du 13e siècle),

2) la période mongole (jusqu'au milieu du 15e siècle),

3) la période tardive (jusqu'à la fin du 17e siècle).

La période pré-mongole est caractérisée par la différenciation du contenu musical par rapport au chant byzantin. Il existe un nombre étonnamment grand de manuscrits de cette période, environ 25, qui contiennent du chant "znamenny". Cependant, la notation de cette période était encore celle dite "kondakarion", qu'employaient les Byzantins et qui est indéchiffrable à ce jour.

La période mongole n'est pas moins frustrante, mais à cause du manque de sources cette fois. La dévastation provoquée par le joug mongol peut en effet être tenue responsable de ce qu'il n'existe pratiquement pas de manuscrits de chant de cette période.

La notation avait cependant évolué depuis son irruption dans la culture russe, de sorte qu'à la période suivante, de nombreuses sources de chant "znamenny" sont effectivement lisibles aux érudits enthousiastes du 20e siècle.

La dernière période vit l'épanouissement du chant "znamenny", et, grâce à une notation lisible, on fit beaucoup d'études de ce chant.

Le déclin du chant "znamenny" se produisit à la fin du 17e siècle lorsque les Slaves du Sud et de l'Ouest développèrent leur propre style. Cela sembla d'abord tragique aux yeux des enthousiastes de ce chant, mais par son recul en faveur du nouveau chant, le chant "znamenny" sut éviter l'immense pression de la pensée musicale d'Occident, surtout d'Italie, qui entrait en Russie sans entrave à cette époque. La victime de cette contamination fut, par l'ironie du sort, le nouveau chant des Slaves du Sud et de l'Ouest. Aussi, le chant "znamenny" resta sous la protection des "vieux croyants" qui les considéraient comme leur chant et fut remarquablement bien préservé à travers les années.

Analyse musicale du chant "znamenny"

Le chant russe fut composé à l'aide de paramètres étrangers aux systèmes musicaux d'Occident. Bien que le chant "znamenny" fût aussi diatonique ( = reconnaissant des tons et des demi-tons), c'est tout ce qu'on peut évoquer comme ressemblance entre les deux systèmes. L'échelle du chant "znamenny" est un peu plus longue qu'une octave et consiste en 12 tons entre un si grave et un ré aigu. Tous les trois tons sont divisés en "accordances" différentes : ils peuvent être graves, sombres, clairs et très clairs.

Lors de la création du chant, le compositeur indiquait en quelle "accordance" le chant devait être chanté. Un seul est même chant pouvait aussi se déplacer entre plusieurs "accordances" et ces changements étaient indiqués dans la notation.

 

Conduite mélodique et rythme

La conduite mélodique était généralement strictement conjonctive (= pas de sauts de tons), et des écarts de quarte ou de quinte n'étaient employés qu'en cadence pour donner de la puissance dramatique à la fin du chant.

Le rythme se composait surtout de noires et de blanches, l'unité de temps étant une blanche. Occasionnellement une ronde était employée pour finir une phrase ou une ligne. On peut trouver des doubles croches dans les manuscrits, mais en général, elles sont très rares. Les chantres expérimentés pouvaient prendre des libertés expressives (en russe : soglassya) pour rallonger des blanches et des rondes, mais parfois c'est la notation qui dictait ce rallongement.

 

Influence du texte sur la composition

Le texte avait une grande importance dans la construction du chant "znamenny". Comme tout le but de chanter à l'église était de servir la divine liturgie d'une manière belle et pieuse, le compositeur ne devait pas traiter le texte à la légère en le conformant à une mélodie agréable (ce qui était le cas des chansons folkloriques à cette époque), mais c'est plutôt le contenu du texte qui dictait la forme de la mélodie. Aucun mot n'était répété et on prenait soin de conserver l'intégrité de chaque mot du texte. Un sentiment de grand respect et de dignité fut préservé par la limitation des notes par syllabe à deux et au maximum à quatre.

Tonalité

Le trait le plus spécifique peut-être du chant russe et qui rendait perplexe un compositeur occidental de la même époque est le système de tonalité employé par les compositeurs russes. Le meilleur équivalent occidental de ce système est probablement le système d'altération permanente (qui n'était pas alors employé en Occident). Les compositeurs russes se servaient d'un système de huit modes (glassy) qui dérivait grosso modo des 8 modes byzantins (echoï). Ce système, probablement d'origine arabe, groupait les mélodies non pas selon une échelle spécifique, mais selon des tournures-type de mélodie, appelées popefki ou kokizi.

Par exemple, le premier mode se caractérisait par 93 de ces popefki et tous ces popefki pouvaient être considérés comme ayant un ton festif, mais préservant une sensation générale de solennité. Chacun des 8 glassy avait de tels popefki qui déterminaient ainsi leur atmosphère ou ambiance propres à chacun. Par exemple, le deuxième était doux et tendre, le sixième triste etc. Un maître compositeur avait en tête tous ces glassi avec leurs popefki et même les noms des quelque 400 popefki. Évidemment, il y a beaucoup plus à connaître du chant "znamenny" que n'en perçoit l'oreille non-avertie.

 

La notation

La notation du chant "znamenny" subit de nombreuses améliorations depuis son importation de Byzance. La notation byzantine consistait à écrire le texte, avec, au-dessus des syllabes, des signes indiquant, pour autant que l'on puisse le déduire, le ton, la durée et d'autres facteurs essentiels à l'exécution du chant. Cependant, ces signes n'ont jamais été documentés par les Byzantins et leur sens était si obscur qu'ils n'ont jamais pu être déchiffrés. Les Russes, par contre, qui utilisaient la notation "znamenny" et non la "kondakarion", étaient un peu plus pratiques en ce qu'ils prirent effectivement la peine de compiler une sorte de glossaire de leurs signes. Les signes de la notation "znamenny" indiquaient une série d'idées musicales, incluant "l'accordance" initiale et les variations ultérieures d'une "accordance" à l'autre, le rythme, la durée des notes, le volume de la voix et le mode de phonation. Ainsi, le chantre pouvait avoir une idée fondamentale de ce qu'il devait chanter.

Le problème principal de cette notation était que le chantre ordinaire pouvait déduire en quelle "accordance" il devait chanter, mais il n'avait aucune idée à partir de laquelle des trois notes il devait employer cette "accordance". Pour le savoir, il devait mémoriser tous les popefki individuels, afin de les reconnaître tout de suite et savoir sur quelle note il devait commencer à chanter. C'était évidemment un grand problème, car il fallait des années d'entraînement et la mémorisation de centaines de popefki pour assurer l'exécution exacte d'un chant particulier. Seuls, les plus grands maîtres chantres étaient avancés à ce niveau et ils étaient plutôt rares.

La réponse à cette difficulté survint au milieu du 17e siècle, lorsqu'un maître de Novgorod, Ivan Chaïdour (ou : Chaïdourov), inventa un système de lettres auxiliaires rouges à placer le long de la notation "znamenny" au-dessus du texte du chant. Chacune de ces lettres correspondait à une note particulière de l'échelle ecclésiastique et ainsi, n'importe quel chantre pouvait chanter facilement et avec bien plus d'exactitude qu'avant.

Le corpus du chant noté avec les lettres rouges de Chaïdourov est ce qu'il y a, évidemment, de plus accessible au grand public, et c'est un grand dommage que le chant "znamenny" fut si vite négligé en faveur du chant occidentalisé des Slaves du Sud et de l'Ouest, puisqu'un tout nouvel examen de sa nature s'avéra maintenant nécessaire.

Ainsi, le chant "znamenny" se retira dans une obscurité relative, ses seuls gardiens étant les "vieux croyants". En fait, les "vieux croyants" ont fait un travail admirable pour préserver le chant "znamenny", et nombreux sont les érudits aujourd'hui qui, équipés de leur magnétophone, les recherchent, pour recueillir du chant maintenu principalement par tradition orale.

Beaucoup de secrets du chant "znamenny" furent "exhumés" par l'effort de nombreux musicologues persévérants. Bien que le corpus le plus ancien du chant oriental soit encore indéchiffrable, beaucoup a été fait et continue à se faire encore pour résoudre ces problèmes de notation responsables, en grande partie, de l'ignorance persistante de ce chant digne de toute attention par le public d'Occident.

Les compositeurs du chant "znamenny" vivaient dans un monde différent par rapport aux techniques de composition occidentales. Pour eux, la maîtrise était accomplie quand on arrivait à imiter son maître du plus près possible. Leur art était si codifié par des paramètres tels que "l'accordance", les glassi etc. que lorsqu'ils arrivaient à faire passer exactement le contenu du texte liturgique, l'effet était absolument magnifique.

Des siècles entiers sont réduits à néant pour l'auditeur du 20e siècle qui a la possibilité d'étudier les fondements du chant "znamenny", et par conséquent, d'apprécier cette musique unique.

 

Celui qui aime Dieu ne s'irrite pas et ne se met pas en coère, il ne perd pas sa paix intérieure même si mille injures lui sont infligées chaque jour.

saint Starets Ambroise d'Optino