Bulletin des vrais chrétiens orthodoxes sous la juridiction de S.B. Mgr. André archevêque d'Athènes et primat de toute la Grèce |
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Le problème des afflictions dans la vie chrétienne
Vers la marque de l'Antichrist
La vie de l'archevêque Matthieu Ier
Que l'Esprit consolateur, promis par le Sauveur, vous console dans toutes vos afflictions et vous guide sur le chemin du salut.
Comme Tu promis jadis à tes disciples sa venue, Christ Ami de l'homme, en envoyant l'Esprit consolateur, tu as fait luire sur le monde la lumière. |
Quand fut venu, après sa Résurrection, le jour de la Pentecôte dont nous faisons mémoire aujourd'hui, tous les disciples étaient rassemblés en un même lieu, et se tenaient ensemble dans la chambre haute de ce sanctuaire; mais chacun se tenait également dans sa chambre haute intérieure, et s'était unifié dans sa propre intelligence; en effet, ils étaient persévérants et attentifs dans la prière et les louanges à Dieu (cf. Lc 24,53 et Ac 1,14). "Tout à coup, dit l'évangéliste Luc, vint du ciel un bruit tel que celui d'un violent coup de vent, qui remplit la maison où ils étaient assis" (Ac 2,1-2). Ce bruit, c'est celui au sujet duquel Anne la prophétesse, lorsqu'elle reçut la promesse concernant Samuel, avait prédit : "Le Seigneur est monté aux cieux et a fait retentir son tonnerre. Il donnera la force et élèvera la corne de ses oints." (Sam 2,10). Et c'est ce bruit que la contemplation d'Elie avait aussi révélé à l'avance : "Car voici, dit-il, la voix d'une brise ténue, et le Seigneur est en elle." (I Rois 19,11-12). Oui, la voix de la brise est le bruit du coup de vent; on peut trouver l'annonce de ce bruit dans l'évangile même du Christ : car au dernier et grand jour de la fête - celle de la Pentecôte - Jésus Se tint debout, selon le théologien et évangéliste Jean, et cria, disant : "Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive". Il parlait, ajoute Jean, de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croyaient en Lui (cf. Jn 7,37). De plus, après sa Résurrection, Il souffla sur ses disciples et dit :"Recevez l'Esprit saint." (Jn 20,22). Par conséquent, le Cri de Jésus à la fête signifiait par avance ce bruit, et l'insufflation, ce vent qui en ce jour fut déversé d'en-haut en abondance, dans un grand fracas audible, venu du ciel, pour appeler à soi tout souffle sous le ciel, verser la grâce sur tous ceux qui s'avancent avec foi, et les en emplir. Or ce vent est violent, parce qu'il triomphe de tout, qu'il franchit toutes les murailles du malin, en détruisant toutes les cités et forteresses de l'ennemi. Il abaisse les orgueilleux et exalte les coeurs humbles. Il lie ce qui a été délié par le mal, brise les liens du péché, et délivre de toute servitude. Et il a rempli la maison où ils étaient assis, faisant d'elle une piscine spirituelle, accomplissant la promesse du Sauveur, celle qu'Il leur avait faite lors de son Ascension : "car Jean a baptisé dans l'eau, mais vous, vous serez baptisés dans l'Esprit saint, dans peu de jours." (Ac 1,5). Bien plus encore, Il leur montra la vérité du nom qu'ils avaient reçu : car par ce bruit venu du ciel, les Apôtres devinrent vraiment les "fils du tonnerre". "Et ils virent sur eux, est-il dit, comme des langues de feu qui se partageaient : il en siégea une sur chacun d'eux, et tous furent emplis de l'Esprit saint, et ils parlaient en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer." (Ac 2,3). Oui, les merveilles qui furent accomplies par le Corps du Maître, et qui montrèrent qu'Il était le Fils unique de Dieu, selon son Hypostase propre, Lui qui S'est uni à nous dans les jours ultimes, tout cela prit fin. Mais ce qui commence à s'accomplir, c'est tout ce qui manifeste l'Esprit saint existant selon son Hypostase propre afin que nous connaissions, et considérions attentivement le mystère grand et adoré de la sainte Trinité. Car l'Esprit saint avait opéré déjà auparavant : c'est Lui qui avait parlé par les prophètes, et prédit par eux les faits à venir, qui avait oeuvré ensuite par les disciples, en chassant les démons, en guérissant les malades; et aujourd'hui, Il a été manifesté à tous dans son Hypostase propre par les langues de feu : et siégeant sur chacun des disciples comme un Maître - comme s'Il S'asseyait sur un trône - Il fit d'eux des organes de sa Puissance.
Mais pour quelle raison Le vit-on sous la forme de langues ? Pour montrer qu'Il est de même nature que le Verbe de Dieu : en effet, rien n'est plus apparenté au Verbe que la langue. En même temps, c'était pour la grâce de l'enseignement : car qui enseigne selon le Christ doit avoir une langue pleine de grâce. Mais alors pourquoi ces langues sont-elles de feu ? Non seulement à cause de la Consubstantialité de l'Esprit avec le Père et le Fils - oui, notre Dieu est un feu, et un feu qui consume le mal - mais aussi à cause de la double action de la proclamation des Apôtres : car celle-ci peut administrer à la fois les bienfaits et le châtiment; et comme le feu a pour nature d'illuminer et d'enflammer, de même la parole de l'enseignement selon le Christ illumine ceux qui obéissent, et livre ceux qui restent incrédules jusqu'à la fin au feu et au châtiment éternels. Or il n'est pas dit des langues qu'elles sont de feu, mais "comme de feu", afin que nul n'aille penser que ce feu est sensible et matériel, mais que nous prenions conscience, par un exemple, de la manifestation de l'Esprit. Pour quelle raison encore les langues parurent-elles se partager sur eux ? Parce qu'au Christ venu d'en-haut, et à Lui seul, l'Esprit a été donné sans mesure par le Père; oui, en plénitude Il possédait, même dans sa Chair, la Puissance et l'Énergie divines, et nul autre n'a contenu tout entière la Grâce de l'Esprit; ce n'est qu'en partie que chacun obtient le charisme qui lui revient : afin que nul n'aille penser que la grâce donnée aux saints par l'Esprit est une nature. Quant au terme "il en siégea", il ne suggère pas seulement la Dignité qui revient au Maître, mais aussi l'Unité de l'Esprit divin : "Il en siégera une sur chacun d'eux, et tous furent emplis de l'Esprit saint ". Car en Se partageant selon ses différentes Puissances et Énergies, l'Esprit saint est tout entier présent, et agit tout entier dans chacune de ses Énergies, Se partageant sans division, participé dans sa Totalité, à l'image des rayons du soleil. De plus, "ils parlaient dans d'autres langues" - c'est-à-dire d'autres dialectes - pour les nations qui se sont rassemblées de tout l'univers, "selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer". Oui, ils étaient devenus des organes de l'Esprit divin, agissant et se mouvant selon sa Volonté et sa Puissance : or tout organe reçoit sa nourriture de l'extérieur, et participe non à l'essence, mais à l'énergie de celui qui agit par lui; ainsi en est-il des organes de l'Esprit, comme le dit David, qui parlait dans l'Esprit divin : "ma langue est le roseau d'un scribe agile" (Ps 44,2). Le roseau du scribe est donc l'organe de l'écriture, participant totalement à l'énergie, mais non à l'essence de celui qui écrit, puisqu'il se borne à graver ce que le scribe veut, et peut.
Mais pourquoi la promesse du Père est-elle l'Esprit saint ? Parce qu'il l'avait déjà annoncé à travers ses prophètes. Il dit par Ezechiel : "Je vous donnerai un coeur nouveau, et un esprit nouveau, et Je mettrai en vous mon Esprit." (Ez 36,26); par le Prophète Joël : "et ce sera dans les jours ultimes, Je répandrai de mon Esprit sur toute chair." (Joël 2,18). Moïse également désirait ceci, et il l'annonça en disant : "qui fera que tout le peuple soit prophète ? Lorsque le Seigneur leur donnera son Esprit." (Nom 11,29). Une est la Bienveillance du Père et du Fils, une leur Promesse; c'est pourquoi celui-ci dit à ceux qui croient en Lui : "qui boira de l'eau que Je lui donnerai deviendra une source d'eau jaillissant pour la vie éternelle." (Jn 4,14), et "quiconque croit en Moi, comme l'a dit l'Écriture, des fleuves d'eau vive couleront de son sein." (Jn 7,38), ce que l'évangéliste interprète ainsi : "Il disait cela au sujet de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croyaient en Lui". Mais encore une fois, alors qu'Il allait à sa Passion salutaire, Il S'adressa à ses disciples en ces termes : "si vous m'aimez, vous garderez mes commandements; et Je prierai le Père, et Il vous donnera un autre Consolateur, pour qu'Il demeure avec vous à jamais, l'Esprit de vérité." (Jn 14,15). Et à nouveau : "Je vous ai dit cela tandis que je demeurais auprès de vous; mais le Consolateur, l'Esprit saint, que le Père enverra en mon Nom, c'est Lui qui vous enseignera tout." (Jn 14,25). Enfin : "lorsque viendra le Consolateur, que je vous enverrai d'auprès du Père, l'Esprit de Vérité qui procède du Père, Il me rendra témoignage, et Il vous guidera vers toute la vérité." (Jn 15,26). Maintenant la promesse s'est donc accomplie, l'Esprit saint est descendu, envoyé et donné par le Père et le Fils, brillant sur les saints disciples, les allumant tous divinement comme des flambeaux, ou plutôt, les désignant comme des luminaires établis au-delà du monde et dans le monde entier, eux qui ont la parole de la vie éternelle; et Il illumina par eux toute la terre des hommes. Or lorsqu'à partir d'un flambeau lumineux, on en allume un autre, et encore un autre à partir de celui-ci, et qu'ainsi de suite, par succession, on conserve la lumière, celle-ci demeure toujours; de même en est-il de l'imposition des mains administrée par les apôtres sur leurs successeurs, puis par ceux-ci sur d'autres encore, et ainsi de suite; la grâce de l'Esprit divin se transmet et demeure à travers toutes les générations, elle illumine quiconque obéit aux pasteurs spirituels et à ceux qui enseignent.
Par conséquent, cette grâce, ce don de Dieu, l'illumination de l'Esprit divin, prodigués par l'évangile, chaque évêque, successivement, vient les apporter dans sa ville; mais quiconque repousse l'un d'eux, en ce qui le concerne, brise la grâce de Dieu, renverse la succession divine, se sépare de Dieu, et se trouve livré à des états funestes et à toute sorte de malheurs.
Oui, quand Celui-ci fut remonté aux cieux avec son Corps, s'Il n'avait envoyé l'Esprit saint à ses disciples pour qu'Il les assistât et leur donnât force, ainsi qu'à leurs successeurs dans les générations, et à ceux qui enseignent l'évangile de grâce, la proclamation de la vérité n'aurait pas été annoncée à toutes les nations, et ne serait pas parvenue jusqu'à nous. C'est pourquoi notre Maître, dans son grand Amour pour l'homme, a désigné comme participants, comme pères et comme serviteurs de la lumière et de la vie éternelle ses disciples, qui engendrent à la vie éternelle, et rendent ceux qui en sont dignes, enfants de lumière et pères de l'illumination : afin qu'ainsi Il soit Lui-même avec nous jusqu'à la consommation des temps, comme Il l'avait promis par l'Esprit. Oui, Il est un avec le Père et l'Esprit, non pas selon l'hypostase, mais dans la divinité; et Dieu est un en trois, en une seule divinité tri-hypostatique et toute-puissante : car l'Esprit saint était depuis toujours, et Il était avec le Fils dans le Père. En effet, comment le Père serait-Il une Intelligence sans commencement, si le Fils et Verbe n'était également avec Lui sans commencement ? Et comment le Verbe serait-Il éternel si l'Esprit ne Lui était co-éternel ? Par conséquent l'Esprit saint était, Il est, et Il sera toujours, créant avec le Père et le Fils les choses créées, en leur temps, renouvelant avec eux celles qui se corrompent, conservant avec eux celles qui demeurent. Partout présent, emplissant tout, dirigeant tout, veillant sur tout. Oui, "où irai-je, demande à Dieu le psalmiste, loin de ton Esprit, et loin de ta Face, où fuirai-je ?" (Ps 138,7).
Non seulement Il est partout, mais encore au-delà de tout; non seulement en tout siècle et en toute durée, mais encore avant tout siècle et toute durée; et non seulement l'Esprit saint sera avec nous jusqu'à la consommation des temps, selon la promesse, mais bien plus encore, Il restera auprès de ceux qui en sont dignes, dans le siècle à venir, rendant immortels leur corps, et les emplissant de la gloire éternelle, ce que le Seigneur révélait en s'adressant en ces termes à ses disciples : "je prierai le Père, et Il vous enverra un autre Consolateur, pour qu'Il demeure avec vous pour l'éternité." (Jn 14,15). En effet, nous dit l'Apôtre, on est semé - c'est-à-dire enseveli, et enfoui dans la terre après la mort - corps psychique - c'est-à-dire physique, consistant dans une âme et un corps, possédant l'unité et le mouvement -on se réveille - c'est-à-dire on revit - corps spirituel - ce qui signifie surnaturel, car constitué et ordonné par l'Esprit divin, revêtu de la puissance de l'Esprit, de l'immortalité, de la gloire, et de l'incorruptibilité (cf 1 Cor 15,44). "Car le premier Adam, dit-il, a été fait âme vivante, le dernier Adam, Esprit vivifiant : et le premier homme, issu du sol, est terrestre. Le second homme, le Seigneur, vient du ciel. Tel fut le terrestre, tels seront aussi les célestes." (I Cor 15,45-48). Qui sont ces derniers ? Les hommes stables et inébranlables dans la foi, qui en toute occasion abondent dans l'oeuvre du Seigneur, et qui ont porté l'image du céleste par leur confiance en Lui. "Qui se refuse à croire au Fils, dit encore le précurseur du Seigneur par l'évangéliste Jean (Jn 3,36), ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui." Et qui supportera la Colère de Dieu ? Il est terrible, frères, de tomber dans la Main du Dieu vivant; car si nous avons craint le bras des ennemis, et ceci, malgré les paroles du Seigneur : "ne craignez pas ceux qui tuent le corps" (Mt 10,28), quel est l'homme intelligent qui ne craindrait la Main de Dieu, quand elle S'élève, dans la colère, contre celui qui refuse de croire ? Oui, la Colère de Dieu se manifeste sur les âmes de tous ceux qui marchent, sans se convertir, dans le chemin de l'impudence et des injustices, et de ceux qui retiennent la vérité captive de l'injustice. (cf Rom 1,18).
Fuyons donc la colère, empressons-nous d'obtenir la Bonté et la Compassion de l'Esprit très saint par la conversion. Qui a de la haine contre quelqu'un, qu'il se réconcilie avec Lui, qu'il revienne à l'amour, de peur que sa haine et sa lutte contre son prochain ne témoignent contre lui, l'exposant au grief de ne pas aimer Dieu. Oui, "si tu n'aimes pas ton frère que tu vois, comment aimeras-tu Dieu, que tu ne vois pas." (I Jn 4,20). En ayant de l'amour les uns pour les autres, nous possédons l'amour véritable et dénué d'hypocrisie, et nous le montrons dans nos oeuvres, ne supportant à aucun degré de dire ou de faire, encore moins d'entendre, ce qui fait injure ou porte dommage à nos frères, comme nous l'a enseigné le Théologien aimé du Christ, disant : "frères, n'aimez pas en paroles ou avec votre langue, mais en oeuvres et en vérité." (I Jn 3,18). Celui qui tombe dans l'impudicité, dans l'adultère, ou dans quelque impureté semblable du corps, qu'il s'arrache à cet infâme bourbier et se purifie par la confession, les larmes, le jeune et leurs semblables : car Dieu juge et condamne les impudiques et les adultères qui ne se sont pas repentis, Il les envoie et les livre à la géhenne et au feu inextinguible, ainsi qu'aux autres châtiments qui durent éternellement, disant : "que soit ôté l'impur, le maudit, qu'il ne voie pas la Gloire du Seigneur, qu'il n'en jouisse pas" ! Le voleur, ou celui qui, même au grand jour, se montre avide et recherche le gain, qu'il ne vole plus, qu'il ne s'empare plus des biens d'autrui, mais qu'il transmette une partie des siens à ceux qui n'en ont pas. En un mot, si vous voulez la vie, voir des jours bons, et être libérés des ennemis visibles et invisibles, des barbares qui aujourd'hui nous menacent comme des supplices préparés pour le prince du mal et pour ses anges, abstenez-vous de toute action mauvaise, et faites le bien : "ne vous y trompez pas, dit l'Apôtre aux Corinthiens (1 Cor 6,9); ni impudiques, ni adultères, ni dépravés, ni gens de moeurs infâmes, ni voleurs, ni cupides, pas plus qu'ivrognes, insulteurs ou rapaces, n'hériteront du royaume de Dieu ". Donc, celui qui n'a pas d'héritage avec Dieu, n'est pas de Dieu, et n'a pas Dieu pour Père.
Quant à nous, frères, je vous en prie, abstenons-nous des actions et des paroles ennemies de Dieu, pour qu'en toute liberté nous appelions Père notre Dieu. Tournons-nous vers Lui dans la vérité, afin que Lui aussi Se tourne vers nous, nous purifie de tout péché, et nous rende dignes de sa divine Grâce. Car ainsi, c'est à la fois maintenant et pour les siècles que nous fêterons et célébrerons de façon inspirée et spirituelle l'accomplissement de la divine promesse : la venue, et l'arrêt de l'Esprit très saint sur les hommes, terme et accomplissement de la bienheureuse espérance en Christ Lui-même, notre Seigneur. Oui, à Lui conviennent la gloire, l'honneur et l'adoration, avec son Père sans commencement, et son Esprit très saint, bon et vivifiant, maintenant et toujours et aux siècles des siècles. Amen.
Dans la société trouble contemporaine, il n'existe pas d'homme qui n'ait pas à affronter quelque tristesse dans sa vie, qui ne goûte pas à l'amère boisson des afflictions. Nous voyons des hommes affligés, tourmentés, éprouvés, tombés sous le poids de la tristesse. Et ce n'est pas seulement leur visage qui est défait, mais surtout et principalement leur coeur. Les hommes se tourmentent, souffrent, et, à cause de cette tristesse, ou plutôt à cause du mauvais affrontement de la tristesse, ils sont atteints de diverses maladies corporelles et psychiques. C'est pourquoi il est nécessaire d'aborder certains points de ce large thème des afflictions et de la douleur dans notre vie.
Tout d'abord, il faut signaler que l'affliction est étroitement liée à la vie des hommes. Le Seigneur assura à ses disciples qu'ils auraient beaucoup de tristesses dans leur vie : "Vous aurez des tribulations dans le monde." (Jn 16,33). Cette vérité, nous la voyons répandue dans la sainte Écriture et l'enseignement des saints pères, qui sont les successeurs des saints apôtres. Les apôtres Paul et Barnabé visitèrent Lystra, Icone et Antoche "fortifiant l'esprit des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi et disant que c'est par beaucoup de tribulations qu'il nous faut entrer dans le royaume de Dieu. (cf Ac 14,22). Maintenant, nous insistons sur le fait que la vie chrétienne est étroitement liée à l'affliction et la douleur. Durant leur vie sur terre, les saints passèrent par de nombreuses afflictions, épreuves et difficultés. Nicétas Stéthatos, disciple de saint Syméon le Nouveau Théologien, est porteur de cet enseignement quand il dit : "pour les saints, la vie présente est dans l'affliction et les peines, ils sont affligés par les hommes et les démons. Nous rencontrons ce témoignage chez saint Isaac le Syrien : "Il nous est impossible, lorsque nous marchons sur le chemin de la justice, de ne pas rencontrer de tristesse, de ne pas avoir le corps dans la maladie ou la douleur si nous aimons vivre dans la vertu."
Les apôtres et les saints insistent sur cette vérité, car beaucoup de chrétiens, comme beaucoup d'hommes d'aujourd'hui pensent faussement que, puisque l'on vit chrétiennement, nous aurons une joie incessante dans notre vie. Et bien sûr, comme cela sera remarqué plus bas, nous avons la joie et la consolation, mais cette consolation et cette joie arrivent par le moyen de la croix, par la vie de la croix. "La voie de Dieu est une croix quotidienne." (saint Isaac le Syrien) et par la croix est venue la joie dans le monde entier."
D'abord viennent les épreuves, et ensuite la joie, et nous vivons la joie intérieure, même s'il existe des tentations extérieures.
Ici, nous devons faire la distinction entre les différentes causes de tristesses. Partout par expérience, les saints pères nous disent qu'il y a principalement trois causes : le diable, les hommes, et la nature déchue avec toutes les passions qui siègent dans notre coeur.
La tristesse qui vient du diable est assez pénible et est éprouvée par ceux qui pratiquent le bien et essaient d'observer les commandements du Christ. Abba Dorothée décrit une telle affliction venant du diable : "Étant encore au monastère, je fus, une fois, assailli d'une tristesse que j'en aurais presque rendu l'âme. Ce tourment était un piège des démons, et semblable épreuve vient de leur jalousie; elle est très pénible, mais de courte durée, pesante, ténébreuse, sans consolation ni repos, avec de toute part l'angoisse et l'oppression. Mais la grâce de Dieu vient promptement dans l'âme, sinon personne ne pourrait tenir."
L'affliction peut venir aussi des hommes qui calomnient et médisent. Et alors souvent surgit en nous le mécontentement : "Pourquoi celui à qui j'ai rendu service se comporte-t-il de cette manière ?" Ou encore des hommes persécutent les hommes de Dieu comme cela s'est fait dans le cas des prophètes et des saints apôtres, créant ainsi des problèmes et des tribulations. L'apôtre Paul écrit aux Corinthiens : "Nous ne voulons pas, en effet, vous laisser ignorer frères, au sujet des tribulations qui nous sont survenues en Asie, que nous avons été excessivement chargés, au delà de notre force, de sorte que nous avons désespéré même de vivre." (2 Cor 1,8).
Enfin, nous avons l'affliction qui vient de notre nature déchue, des passions qui siègent, comme nous l'avons dit, dans notre coeur. Abba Dorothée écrit pour ce cas que nous pouvons nous trouver dans un état de calme et de paix intérieure et alors, si un frère dit une parole, nous nous troublons, et nous nous acharnons contre lui et l'accusons de provocateur et cause de la tristesse. "C'est une illusion, c'est un faux raisonnement. Celui qui a dit le mot, a-t-il donc mis en lui la passion ? Il lui a simplement révélé la passion qui était en lui, pour qu'il s'en repente, s'il le veut."
Voilà donc les trois causes fondamentales des tristesses qui surviennent dans notre vie. Les deux premières sont la part des saints mais la troisième, c'est nous qui la recevons, nous qui ne sommes pas encore purifiés des vices. Les deux premières causes n'atteignent pas l'état inférieur de l'âme. Aussi, avec un peu de patience, on reçoit la grâce en abondance. Mais la troisième cause, si on ne prend pas garde, peut créer un état terrible. Ainsi, nous avons deux sortes de tristesses : extérieure et intérieure.
Les pères spirituels qui ont acquis le charisme du discernement, peuvent distinguer quelle est la tristesse qui vient du diable, quelle est celle qui vient des hommes et celle qui vient de nous-mêmes et, selon le cas, ils aident notre situation. C'est pourquoi aussi nous affirmons que les pères spirituels peuvent nous soigner avec plus de succès que les psychiatres qui ne font pas cette distinction et considèrent que tout vient d'un mauvais état psychologique.
L'affliction, la douleur dans notre vie sont indispensables, car elles sont une participation à la Passion du Christ. Dans l'enseignement et la Tradition orthodoxes, il est sans cesse question de l'imitation du Christ. Mais cette imitation n'est pas autant extérieure, éthique, qu'elle n'est un mystère. De toute façon, nous devons passer par les épreuves, les souffrances que Lui-même a subies. L'apôtre Paul est révélateur sur ce point aussi : "Je me réjouis dans les souffrances pour vous, et j'accomplis dans ma chair ce qui reste encore à souffrir des Afflictions du Christ." (Col 1,24).
Toute cette théologie de notre participation aux Souffrances et à la Mort du Christ, l'Apôtre la présente souvent dans ses Épîtres. Prenons un exemple. Il écrit : "Portant toujours avec nous dans notre corps la Mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre chair mortelle. Ainsi la mort agit en nous et la vie agit en vous." (2 Cor 4,10-12).
Les bienfaits des tristesses et des épreuves dans notre vie sont très nombreux. La douleur est une nouvelle révélation du Christ à l'homme. À travers la douleur naît une nouvelle existence. La douleur crée les possibilités d'ouvrir un autre monde qui auparavant nous était invisible.
Saint Maxime le Confesseur parle à plusieurs reprises dans ses oeuvres de la présence bienfaitrice de l'affliction ou de la douleur ou, comme il le nomme, des "souffrances involontaires". Ces "souffrances involontaires" (passions), pour saint Maxime, constituent un moyen puissant pour l'homme de se purifier des "passions volontaires". Cette douleur des "souffrances involontaires", qui vient des tristesses et des épreuves, vainc la domination des passions. "Toute douleur, soit volontaire ou involontaire, devient la mort du plaisir, qui est la mère de la mort, si bien sûr l'homme accepte la douleur avec joie. Sans la patience dans la souffrance involontaire, l'homme peut aussi combattre avec succès les passions volontaires à travers l'affliction selon Dieu."
Le même saint dit : "Les attaques des tentations sont impliquées pour les uns en vue d'annuler des péchés déjà commis, pour les autres des péchés en train d'être commis; et pour d'autres en vue de les préserver des péchés sur le point d'être commis - excepté les malheurs arrivés à Job afin de l'éprouver.
Dans cette perspective se place aussi saint Grégoire de Palamas quand il dit que "les malheurs aident les fidèles à corriger leurs péchés, à s'exercer, à s'éprouver, pour comprendre le tracas de cette vie, pour être inciter à désirer ardemment et demander avec insistance cette filiation et libération éternelle, la béatitude, la vie vraiment nouvelle."
Le roi-prophète David dit dans un de ses psaumes : "Seigneur, dans la tribulation, tu as mis au large mon âme." (Ps 4,1) Et selon saint Nicodème l'Hagiorite, "plus l'homme est affligé et accablé dans le monde présent, plus il surpasse en esprit cette petite extension du monde; et traversant la hauteur du ciel, il aboutit à une ampleur spacieuse et infinie. Aussi, se trouvant là, il se réjouit et se repose dans la douce contemplation de Dieu; et avant la décomposition du corps, il mène une vie bienheureuse et très opulente; car le Seigneur Lui-même annonçait cela en disant : "Vous aurez des tribulations dans le monde, mais prenez courage, j'ai vaincu le monde." (Jn 16,33) Et Habacuc révélant le repos lui provenant de l'épreuve, chantait dans son ode : "Je serai consolé le jour de ma détresse."
Grâce à la tristesse, nous nous souvenons de Dieu, nous nous adressons à Lui, et ainsi se développe le grand charisme de la prière, si toutefois nous affrontons la tristesse avec la gravité demandée et dans l'atmosphère que décrit la Tradition orthodoxe.
Ces bienfaits de l'affliction, les saints les ont connus, et c'est pourquoi selon la parole de saint Jean le Sinaïte, ils avaient soif de l'affliction. Saint Jean dit que les caractéristiques de ceux qui sont devenus parfaits dans le deuil selon Dieu sont :"la soif des opprobres, la faim volontaire d'afflictions involontaires (...) bienheureux ceux qui ont faim des tribulations et soif de l'humiliation, car ils seront rassasiés d'une nourriture dont on ne se rassasie jamais."
Ils avaient soif de l'affliction, car, plus l'affliction est grande, plus sera grande la consolation. "Béni soit Dieu le Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père des miséricordes, et le Dieu de toute consolation, qui nous console de toutes nos afflictions, afin que, par la consolation dont nous sommes l'objet de la part de Dieu, nous puissions consoler ceux qui se trouvent dans l'affliction ! Car de même notre consolation abonde par Christ." (2 Cor 1,3-5)
Nous avons souligné auparavant que ce qui compte, ce n'est pas la présence ou l'absence de tristesse, mais le bon ou mauvais affrontement. Et les saints pères y donnent beaucoup d'importance et de gravité. Je voudrais seulement citer quelques points de l'enseignement des saints pères.
D'une bonne santé spirituelle, alors nous ferons ce que fit l'apôtre Paul et ce qu'il recommande aux chrétiens : "Nous nous glorifions même des afflictions sachant que l'affliction produit la persévérance, la persévérance la victoire dans l'épreuve, et cette victoire l'espérance. Or, l'espérance ne trompe point, parce que l'amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par le saint Esprit qui nous a été donné." (Rom 5,3-5). Il faut se glorifier dans le Seigneur, car nous sommes rendus dignes de supporter toute tristesse et tribulations, soit de la part des démons, car nous luttons pour la vertu, soit de la part des hommes méchants, car nous voulons marcher sur le chemin des commandements de Dieu.
D'autre part, nous devons penser que nous sommes dignes non d'autant d'afflictions mais de bien plus nombreuses et plus grandes. Cela, bien sûr, est un élément du repentir : "Le signe d'un vrai repentir, c'est de reconnaître que nous méritons toutes les tribulations visibles et invisibles qui nous arrivent, et même plus grandes." (Saint Jean Climaque.) C'est le repentir qui corrige la tristesse qui peut venir des pressions et afflictions extérieures.
En ce qui concerne les afflictions qui viennent des hommes, il ne faut pas en vouloir aux hommes, mais supporter ces tribulations avec persévérance sachant que beaucoup de bien en découlera. Malheureusement, il nous arrive, comme dit abba Dorothée, ce qui arrive aussi au chien : "On lui jette une pierre : il laisse celui qui lui a lancé et va mordre la pierre. Ainsi faisons-nous : nous abandonnons Dieu qui permet que les épreuves nous assaillent pour la purification de nos péchés, et nous courrons vers le prochain en disant :"Pourquoi m'a-t-il dit ceci ? Pourquoi m'a-t-il fait cela ?" Alors que nous pourrions tirer grand profit de ces souffrances, nous nous tendons des embûches, en ne reconnaissant pas que tout arrive par la Providence de Dieu selon ce qui convient à chacun." (Saint Dorothée de Gaza)
Par conséquent, au repentir est lié le blâme de soi-même, c'est-à-dire que chacun doit se blâmer et s'accuser soi-même, se considérer digne de l'affliction. Et alors, il s'apaise et se calme.
Nous, puisque nous n'avons pas le blâme de nous-mêmes, nous nous affligeons et affligeons les autres. Mais à l'homme de Dieu, quoiqu'il arrive "qu'un dommage, qu'un outrage ou une peine quelconque lui survienne, il s'en juge digne a priori, et n'est jamais troublé. Y a-t-il un état qui soit davantage exempt de soucis ?" (Saint Dorothée)
Donc, autre est la tribulation extérieure et autre est l'accablement intérieur. L'affliction et l'accablement, qui s'empare souvent de nous, sont un substitut de l'affliction selon Dieu, c'est-à-dire du repentir. Nous sommes aujourd'hui dans la tristesse non tellement parce que nous avons des épreuves - petites ou grandes - mais plutôt parce que nous n'avons pas de repentir. Nous sommes gouvernés par le sentiment de suffisance. De là naissent de nombreuses maladies psychiques et même des souffrances corporelles.
Ayons toujours dans la pensée la parole apostolique : "Nous sommes pressés de toute manière, mais non réduits à l'extrémité, dans la détresse mais non dans le désespoir, persécutés mais non abandonnés, abattus mais non perdus." (Cor 4,8-9)
Après avoir parlé, dans le bulletin précèdent, de l'essence de la prière et de ses formes, voici quelques mots sur son apprentissage.
Un proverbe chinois dit : "Tout ce qui peut s'enseigner ne vaut pas la peine d'être appris." Je ne prétends donc pas enseigner la prière à la façon "assimile". Elle ne s'enseigne pas plus que l'amour. Mais j'essaye de faire prendre conscience de certaines choses relatives à la prière et d'inciter la personne à s'y mettre.
Pour commencer, la prière n'est pas une chose tout à fait étrangère à l'homme, qui lui faudrait apprendre de toute pièce, mais elle nous est innée. Il n'y a rien de plus vital, de plus fondamental en nous que la prière, à savoir la communion avec Dieu, même si l'état des choses, par suite de nos péchés et passions, a tout bouleversé. Il s'agit donc moins d'apprendre la prière que de la redécouvrir.
Comme une source qui est obstruée par des débris et qui ne demande qu'à être nettoyée afin de jaillir à nouveau limpide et pure, telle est la prière. Donc, en purifiant tout notre être - coeur, esprit et corps - la prière deviendra de nouveau spontanée et naturelle.
Pour celui qui veut prier et n'en a pas l'expérience, il est conseillé de commencer simplement par parler avec Dieu - Lui qui est partout présent et qui entend tout, même le silence - avec des mots spontanés et sans artifice. Dieu l'entendra et Il sait même ce que les mots ne peuvent exprimer, nos sentiments, peines et désirs les plus profonds. Ce qu'Il désire de nous, c'est que nous nous adressions à Lui et peu importe la forme, même maladroite pourvu qu'elle soit sincère. D'un débutant, on n'attend pas la perfection mais la bonne volonté - la perfection est pour ceux qui ont déjà parcouru l'école de la prière. Tout à son temps.
Afin de ne pas s'égarer dans le sentimentalisme et l'imagination, il est bien aussi de se servir de formes de prières que l'Église nous a transmises. Ces formes, même si elles nous semblent étrangères et incompréhensibles à cause de notre inexpérience, sont déjà purifiées et sanctifiées à travers des siècles. Prières spontanées et ces formes se complètent et se vivifient réciproquement et bien sot celui qui délaisse l'un au profit de l'autre.
Il importe aussi de trouver un guide, quelqu'un qui a l'expérience et la connaissance afin de nous guider dans cet art, qui est l'art des arts même. Dans d'autres domaines, à moins d'être présomptueux, on ne s'aventure pas sans guide, sans maître et il est une conséquence impérative, si on veut avancer dans l'apprentissage de la prière, de se laisser guider. À défaut d'un guide vivant qu'on ne trouve pas toujours immédiatement, il est bon de prendre comme règle les enseignements des pères et bien sûr l'Écriture sainte. Tout y est consigné pour arriver à la prière parfaite et avec un coeur humble, on y découvre peu à peu les enseignements nécessaires.
"La prière est le miroir de l'âme", disent les pères. Il est donc inévitable qu'au moment de la prière, les passions surgissent et hantent notre imagination. Comment y remédier ? Sans en faire un drame, sachant que seuls les parfaits peuvent les bannir immédiatement. Mais il ne faut pas consentir à ses passions ni les ruminer car le consentement est déjà bien pire que la suggestion. Au débutant, il est déconseillé de lutter directement contre les pensées et images, mais il faudra qu'il se concentre bien sur la prière, qu'il jette sa faiblesse devant Dieu et la tempête des pensées et images s'apaisera quand l'Esprit saint le désirera. À nous de faire confiance au Maître du navire qui nous guidera sûrement au port assuré à travers, et même grâce à ces tempêtes, si nous restons fermes.
Évitons la prière discursive et essayons plutôt de calmer nos pensées et de faire descendre l'intellect dans le coeur, selon le conseil des pères, c'est-à-dire de prier avec le coeur et non pas avec le cerveau. Se tenir en présence de Dieu plutôt passivement, tel un enfant près de sa mère comme dit le psaume, en goûtant la douceur de la prière, car la prière est moins une action qui provient de nous que l'oeuvre de l'Esprit saint . C'est Lui qui cherche à verser ses Bienfaits en nous, ce qui suppose que nous soyons réceptifs, à l'écoute, dans l'attente. Et quand nous parlons à Dieu dans la prière, c'est plutôt en écoutant qu'il faut le faire qu'à vouloir apprendre quelque chose à Dieu. Lui qui sait déjà tout avant que nous formions nos paroles. Cela semble paradoxal qu'il faille apprendre en parlant mais Dieu répond en même temps que nous nous exprimons, non de façon humaine, c'est-à-dire par des paroles audibles, mais au fond de notre coeur. C'est pour cela qu'il faut se concentrer dans le coeur, dire ses prières paisiblement, sans bruit, je dirais presque afin d'entendre la Voix de Dieu qui se communique dans le silence.
Pour finir : "Entre dans ta cellule, est conseillé au moine, et elle t'apprendra tout." Également, on peut dire : "Entre dans ton coeur et il t'apprendra à prier." Éviter toute dissipation, toute distraction, toute agitation et être recueilli dans son coeur près de Dieu, c'est là l'essentiel, pour ne pas dire l'essence de la vie spirituelle.
hm. Cassien
Etrange, cette panique de manquer le train, qui ne pose pourtant jamais la question de sa destination. Par quel mécanisme d'imitation sommes-nous poussés à courrir les uns à la suite des autres, sans jamais trop réfléchir à la finalité de cette course. Quelle folie nous enjoint à nous précipiter à la suite du bélier de tête, comme autant de moutons de Panurge qui se pressent et se bousculent, persuadés que l'herbe est plus verte en avançant, mais surtout ne se demandent jamais vers quel précipice, vers quelle catastrophe ils se hâtent. |
Le Saint Suaire vient d'échapper de justesse à l'incendie qui a ravagé la cathédrale de Turin à un an des nouvelles expertises.
Comme dans un mauvais film de sorcellerie, au plus profond de la nuit, les flammes embrasent la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Turin. Bien que l'incendie semble avoir été déclenché par un court-circuit, les plus superstitieux des Piémontais se signent. "Le diable, murmurent-ils, a ouvert la porte de l'enfer pour s'emparer de la plus précieuse relique de notre Seigneur." Mais ce 12 avril, les forces célestes ont trouvé leur chevalier, un pompier nommé Mario Trematore. Pendant que ses collègues le protègent des flammes, il s'élance avec courage, une masse à la main, et brise le long sarcophage, véritable coffre-fort de verre. "Je sentais dans mon bras la puissance des deux milliards de chrétiens qui vénèrent le linceul. J'ai frappé cent coups peut-être, et Dieu m'a donné la force de rompre ces vitres à l'épreuve des balles." L'homme ne cache pas sa fierté.
À l'intérieur de la cathédrale, tout est désolation. De la chapelle Guarino Guarini, seules les inquiétantes colonnes de marbre noir devenues rouges sous l'effet de la chaleur surgissent, fantomatiques des amas de gravats. Le dôme baroque du XVIIe siècle s'est effondré. Le feu a réduit en cendres la galerie de bois qui unissait la cathédrale et le palais royal de la Maison de Savoie.
Pourtant, tous ici crient au miracle. Le précieux coffre d'argent renfermant le linceul aurait dû se trouver au coeur de l'incendie, dans la chapelle qui l'abrite depuis plus de trois siècles. Mais de récents travaux de restauration avaient amené le transfert du reliquaire jusqu'au maître-autel.
En outre, ce récent incendie en rappelle un autre. Celui dans lequel faillit disparaître la relique, dans la collégiale de Chambéry, la nuit du 3 au 4 décembre 1532.
Ces dernières années, les doutes sur l'expertise sont tels qu'une nouvelle série d'expériences est prévue en 1998.
Dans le récent ouvrage où ils exposent le résultat de leurs expériences, deux chercheurs français, André Marion, docteur en physique nucléaire, et Anne-Laure Courage, ingénieur optique, abondent également dans le sens de l'authenticité. Leurs recherches, débutées en 1994, ont révélé sur le linceul la présence d'écritures grecques et latines dont deux semblent être "Jésus" et "Nazaréen". D'autre part, des traces de pièces de monnaie posées sur les yeux du supplicié - une coutume à l'époque du Christ - laissent également deviner des fantômes d'écritures. La taille et les inscriptions visibles correspondent aux "leptons" frappés sous Ponce Pilate à Jérusalem, entre les années 30 et 32.
À cela vient s'ajouter le mystère de la formation de l'image sur le tissu. La science est incapable de reproduire, ou même d'expliquer le processus, et son exemple est unique au monde. Les multiples expériences tentées ont toutes échoué. Après avoir fermement soutenu qu'il s'agissait d'une peinture, les détracteurs du suaire ont dû se rendre à l'évidence : aucune trace de pigment sur le suaire. Et la silhouette n'a pu être dessinée par la main de l'homme. D'ailleurs, les ombres pâles que l'on devine en négatif sur le linceul n'ont été mises au jour que par le contraste de la première photographie, réalisée en 1898 par Secondo Pia. Une image troublante montre clairement le corps d'un homme barbu, aux cheveux longs et tressés, de type sémite. Il mesurait environ 1,81 m, portait sur le dos des traces de flagelum - le fouet romain -, des blessures au visage, aux pieds, aux poignets et au torse. L'emplacement des clous est important car, au Moyen Age,les artistes figuraient le Christ crucifié par la paume des mains. Une impossibilité anatomique, le poids du corps entraînant dans ce cas une déchirure des tissus. En outre, comme le Christ, l'homme a été coiffé d'un casque d'épines, et non d'une couronne comme on a coutume de le représenter. Autant de détail qui correspondent parfaitement à la coutume romaine de la crucifixion et au récit de la Passion rapporté par les saintes Écritures.
À défaut de peinture, le tissu est imprégné de sang, du groupe AB, et de sueur. Les analyses ont révélé la présence excessive de bilirubine, une substance sécrétée par les individus subissant des souffrances épuisantes. Au début de notre ère ou au Moyen Age, l'homme du linceul a bien été cruellement supplicié. "Le faisceau de coïncidences est tel, concluent Anne-Laure Courage et André Marion, que pour tout autre personnage, le débat n'aurait plus lieu d'être."
D'autant qu'une autre énigme intrigue les scientifiques : l'examen des taches de sang. Coagulées, elles collent à la peau. Mais celles du linceul ne montrent, à leur surface, aucune trace d'arrachement. Comment alors l'homme du suaire a-t-il quitté ou a-t-il été extrait de son linceul ? Pour les croyants, l'explication s'impose : le phénomène relève du divin.
"Rien n'est plus menteur que le désir" (Platon). Oui, le désir a sans cesse besoin de mentir : sa situation est celle d'un avocat chargé d'une très mauvaise cause et qui ne peut s'en tirer qu'en noyant la vérité dans un flot de sophismes et d'arguments passionnés. Mais pourquoi est-il obligé de plaider ? Devant quel juge assez sot ou assez faible pour être si facilement trompé - et cependant assez distinct et autonome, assez représentatif d'un pouvoir irrécusable et suprême pour qu'on ne puisse rien faire sans le tromper ? La nécessité où nous sommes de nous mentir sans cesse à nous-mêmes est la meilleure preuve de la présence immortelle et de la primauté du vrai en nous. Bernée, aveuglée comme ces rois manoeuvrés par leurs ministres et leurs courtisans, la conscience morale est toujours souveraine et nous ne pouvons pas nous passer de son assentiment. Le mensonge est un hommage à la vérité comme l'hypocrisie est un hommage à la vertu. Le vrai et le bien sont tellement les deux pôles de notre destin que nous sommes condamnés à en fabriquer les simulacres dans la mesure où nous en refusons la réalité. |
LA VIE DE L'ARCHEVEQUE MATTHIEU 1er
(suite et fin)
SACRE D'AUTRES ÉVEQUES
Après la séparation avec les évêques mentionnés ci-dessus, Monseigneur Matthieu fut le seul évêque du Synode des VCO jusqu'en 1948. Après mûre réflexion, il rassembla les membres du clergé au monastère à Kératéa et demanda leur vote au sujet de sacres épiscopaux.
Voici le procès-verbal du rassemblement qui a eu lieu le 26 août 1948 :
Au Saint Monastère de la très sainte Enfantrice de Dieu, à Kératéa Attique, le 16 Août 1948, un mercredi à la dixième heure de l'après-midi, se sont réunis les évêques, prêtres, hiéromoines et supérieurs des monastères comme suit :
1/ Le très révérend évêque de Vresthène, Monseigneur MATTHIEU.
2/ Le Protosyncelle, l'archiprêtre Eugène Tombros.
Suivent encore 17 noms.
Après avoir délibéré sur le sacre des nouveaux évêques d'une part, et d'autre part sur l'attitude tiède des évêques Chrysostome et ses collaborateurs qui ne désirent nullement l'union avec nous dans la lutte que nous avons engagée, nous avons pris à l'unanimité les décisions suivantes : notre évêque, MATTHIEU de Vresthène procédera au sacre de nouveaux évêques. Nous lui donnons procuration pour qu'il choisisse seul, ceux qu'il jugera dignes d'accéder à cette haute fonction puisque l'Église, en cas d'urgence accorde cette faveur comme nous l'a rappelé tout à l'heure notre protosyncelle, l'archiprêtre Eugène Tombros. En effet, pour des motifs impérieux, I'Église reconnaît la validité du sacre d'un évêque par un autre évêque. Ceci est vrai pour le premier évêque consacré. Quant aux ordinations épiscopales d'autres évêques, elles seront célébrées canoniquement par deux évêques. Nous avons pris cette décision en accord avec l'Esprit saint qui nous a inspirés afin de sortir victorieux de la sainte lutte que nous menons.
Suivent les signatures
Ainsi furent sacrés les évêques Spiridon de Trimithonte, André de Patras, Dimitri de Thessalonique et Callixte de Corinthe.
PROMOTION DE MGR MATTHIEU
Le 15 septembre 1949, le synode des évêques éleva Mgr Matthieu au rang d'archevêque par vote à l'unanimité. Ce rang et cette fonction, Monseigneur Matthieu l'a gardé jusqu'à sa mort avec laquelle nous terminerons cette brève biographie.
LE DÉCÈS
Après avoir célébré pour la dernière fois, en présence du saint Synode, la bénédiction des eaux au Phalère (faubourg d'Athènes) le 6 janvier 1950, il tomba gravement malade. Alité pendant plusieurs mois, il recevait avec reconnaissance les soins pleins de tendresse de ses enfants spirituels.
Le 14 mai 1950, le saint père placé sur un lit modeste dans une simple cellule de l'annexe du monastère de l'Entrée de la Mère de Dieu au temple de la rue Alexandre le Grand, à Athènes, fit ses dernières recommandations à ceux qui l'entouraient. Puis ses yeux se voilèrent, un murmure sorti de ses lèvres, alors il serra dans un dernier effort l'icône aimée de saint Minas sur sa poitrine et rendit son âme sainte calmement au Seigneur. Il avait quatre vingt dix ans. Avec lui, disparaissait le grand défenseur de l'Orthodoxie. Dans tous les lieux, on célébra des liturgies pour le repos de son âme.
La sainte relique de notre père pieusement transportée, fut ensevelie dans l'enceinte du saint monastère à Kératéa. C'est dans le cour du monastère, dans un tombeau digne d'une personne aussi sainte, que repose notre archevêque Mgr. Matthieu.
Nous avons reçu par l'abbesse Euphrosyne une relique du saint père - un os du doigt, qui est conservé à l'hermitage Saint-Etienne.
hm. Cassien
Il y a trois actes, mes frères, trois actes en lesquels la foi
se tient, la prière consiste, la vertu se maintient : la
prière, le jeûne, la miséricorde. La
prière frappe à la porte, le jeûne obtient, la
miséricorde reçoit. Prière, miséricorde,
jeûne, les trois ne font qu'un et se donnent mutuellement la
vie.
En effet, le jeûne est l'âme de la prière, la miséricorde est la vie du jeûne. Que personne ne les divise : les trois ne peuvent se séparer.
Celui qui pratique le jeûne doit comprendre le jeûne : il doit sympathiser avec l'homme qui a faim, s'il veut que Dieu sympathise avec sa propre faim. Il doit faire miséricorde, celui qui espère obtenir miséricorde. Celui qui veut bénéficier de la bonté doit la pratiquer. Celui qui veut qu'on lui donne doit donner.
Ce que nous avons perdu par le mépris, nous devons le conquérir par le jeûne. Immolons nos vies par le jeûne, parce qu'il n'est rien que nous puissions offrir à Dieu de plus important, comme le prouve la prophète lorsqu'il dit : "L e sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé; le coeur broyé et abaissé, Dieu ne le méprise pas."
Offre à Dieu ta vie, offre l'oblation du jeûne pour qu'il ait là une offrande pure, un sacrifice saint, une victime vivante qui insiste en ta faveur et qui soit donnée à Dieu. Celui qui ne donnera pas cela n'aura pas d'excuse, parce qu'on a toujours soi-même à offrir.
Mais pour que ces dons soient agréés, il faut que vienne ensuite la miséricorde. Le jeûne ne porte pas de fruit, s'il n'est pas arrosé par la miséricorde. Ce que la pluie est pour la terre, la miséricorde l'est pour le jeûne. Celui qui jeûne peut bien cultiver son coeur, purifier sa chair, arracher les vices, semer les vertus : s'il ne verse pas les flots de la miséricorde, il ne récoltera pas de fruit.
Toi qui jeûnes, ton champ jeûne aussi, ce que tu répands par ta miséricorde rejaillira dans ta grange. Pour ne pas gaspiller par ton avarice, recueille par tes largesses. En donnant au pauvre, donne à toi-même; car ce que tu n'abandonnes pas à autrui, tu ne l'auras pas.
Les langues jadis confondues à cause de l'audace des bâtisseurs maintenant sont remplies de sagesse par la glorieuse connaissance de Dieu. Jadis le Seigneur condamna pour leur péché les impies, maintenant le Christ illumine par l'Esprit les pêcheurs. Jadis en châtiment fut opérée entre les langues la division : entre elles maintenant se renouvelle l'harmonie pour le salut de nos âmes. |
Deux hommes d'affaires se serrent la main. Sans mot dire, sans échange de cartes de visite, ils viennent de se transmettre leurs nom, adresse, numéro de téléphone et, éventuellement, quelques informations sur leurs entreprises. La révolution IBM est là : par simple contact des mains, les deux hommes ont pu échanger des données informatiques .
Les scientifiques du centre de recherche d'lBM d'Almaden, à San José, en Californie, ont mis au point cette nouvelle technologie qui fait appel à la conductivité naturelle du corps humain pour la transmission de données électroniques. Les données sont inscrites dans une carte à mémoire qui, au contact de la peau, émet un champ électrique à faible intensité, de l'ordre du millionième d'ampère. On ne le ressent donc pas. Lorsque les deux interlocuteurs se touchent, le champ électrique émis passe de l'un à l'autre. La carte du récepteur est capable de recevoir et de lire les informations transmises, pour peu qu'elle soit, elle aussi, en contact avec sa peau. Les données ainsi émises peuvent traverser jusqu'à quatre corps sans être altérées.
Cette technologie, baptisée "PAN" (Personal Area Network), est donc essentiellement fondée sur la conductivité naturelle du corps humain. David Yaun, à l'origine du projet, explique : "L'élément qui assure la bonne conductivité de ce courant est le sel, contenu dans tout le corps humain, particulièrement dans le sang."
La trouvaille a été faite par hasard, mais dans l'un des plus prestigieux laboratoires du monde. Au Massachussets Institut of Technology (MIT) de Boston, un des groupes de chercheurs du Media Laboratory, menés par le professeur Hawley, étudie les interactions entre le corps et le cerveau.
Pour cela, un système de mesure des mouvements musculaires a été mis au point, fondé sur des principes électrophysiologiques : un champ électrique de faible intensité est diffusé dans le corps humain. Le moindre mouvement musculaire en modifie la modulation. L'un des chercheurs de cette équipe, Neil Gershenfeld, commente : "Nous avons alors réalisé que cette technologie de modulation du champ électrique que nous utilisions pour mesurer les mouvements pourrait parfaitement s'appliquer à la transmission de bits informatiques."
La carte électronique a été mise au point par les ingénieurs d'lBM. David Yaun reste discret sur la composition de son prototype - une micro-puce capable d'envoyer des impulsions électriques, un logiciel pour lire et stocker des données et une clé de cryptage pour en assurer la confidentialité. IBM assure une vitesse de transfert de données de 400 000 bits par seconde, équivalant à celle d'un tout petit modem. Les premières applications devraient arriver dans moins de deux ans.
En premier lieu, ce dispositif devrait concurrencer tous les petits gadgets communicants, qui transmettent et stockent un petit nombre d'informations : agendas électroniques, pagers, téléphones cellulaires... Et surtout obliger les fabricants de hi-fi, électroménager ou de voitures à revoir leur copie : si tous les objets de votre vie quotidienne sont un jour dotés de la licence PAN, vous pourrez, avec une telle carte en poche ou en bracelet contenant vos codes d'identification, toucher votre portière de voiture. Votre code personnel passe, la voiture vous reconnaît et s'ouvre automatiquement; vous saisissez le combiné téléphonique d'une cabine publique, elle reconnaît votre numéro d'abonné et vous donne immédiatement la tonalité. Dans un supermarché, chaque fois que vous prenez un objet d'un rayon pour le mettre dans votre caddie, son prix s'inscrit sur votre carte. À la sortie, touchez la borne d'identification. La somme est transférée dans un système qui reconnaît votre numéro de carte bancaire. Vous êtes devenu un objet communiquant. IBM vient d'inventer l'homo cartapas.
hm. Cassien
La science actuelle ne peut que confirmer ce que nos pères savaient déjà par expérience. Voici ce que dit, au quatrième siècle déjà, saint Jean Climaque :
"Autant que possible, donne à ton ventre une nourriture qui rassasie et soit facile à digérer, afin de satisfaire par ce rassasiement son avidité insatiable, et d'être délivré, par cette digestion facile, de l'échauffement du sang comme d'un fléau. Si nous examinons la chose, nous remarquerons que la plupart des aliments qui provoquent des ballonnements sont également excitants."
(Échelle 14,14)
La science d'aujourd'hui vient de confirmer par ses découvertes l'expérience des anciens :
"Le laboratoire de neurobiologie de la nutrition à l'École pratique des hautes études (hôpital Bichat), dirigé par Jeanine Louis-Sylvestre, vient de démontrer les propriétés de la soupe de légumes non moulinés. Il suffirait d'en manger tous les jours pour perdre du poids.
Explication : l'impression de satiété en fin de repas &emdash; qui stoppe l'envie de manger &emdash; est conditionnée par des récepteurs du système digestif qui transmettent des signaux au système nerveux central. Plus précisément, deux types de récepteurs doivent être mis simultanément en uvre pour déclencher la sensation : ceux de l'intestin, chargés de détecter la présence de nutriments, et ceux de l'estomac qui évaluent la distension de sa paroi. Les nutriments en solution (liquides) de la soupe en question mobilisent rapidement les capteurs de l'intestin, tandis que ses morceaux occupent l'estomac dès le début du repas"
dans eurêka (mars 1997 n°17)
Plus
l'homme se détourne de la communion essentielle, qui est la
communion avec Dieu et à travers Lui avec autrui et toute la
création, plus il se tourne vers une communion superficielle
et artificielle. Le monde virtuel, synthétique, "cloneur"
chasse ce qui nous reste encore du paradis (la nature déchue)
afin de mettre à sa place un paradis sans Dieu. C'est l'homme
lui-même qui remplace le Créateur, devient son propre
démiurge dans ce paradis artificiel. C'est l'orgueil
poussé à son extrême où la transgression
du commandement - de ne pas manger de l'arbre de la connaissance -
devient le seul Credo. Le "non servum" luciférien est devenu
la devise de l'homme contemporain qui crée à sa
convenance ses propres dieux, à son "image et sa
ressemblance". C'est la création à l'envers. Internet,
télé, walk-man, consoles, etc voilà le paradis
où l'homme d'aujourd'hui, et l'enfant déjà, se
meut. Au lieu de chercher, de retrouver le paradis perdu, ce qui
demande un effort, une humiliation, un repentir, il fabrique son
monde à lui où Dieu est banni. Ce n'est plus l'homme
qui est chassé d'Eden mais Dieu qui est chassé du
monde. Dieu qui supporte tout dans sa Patience supportera aussi que
cet univers artificiel de l'homme athée s'écroule un
jour - le jour X - comme un jeu de cartes et les hommes
s'écrierons, comme dit l'Apocalypse : "Montagnes,
couvrez-nous !".
hm. Cassien
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(suite)
La règle du monastère (Typikon)
Selon l'ordre et la volonté du Fondateur et Propriétaire, le saint monastère suit, depuis sa fondation, la stricte règle monastique de la laure de Saint-Sabbas-le-Sanctifié avec des compléments et des ajouts de la règle hagiorite, principalement celle de saint Athanase l'Athonite.
L'office de tous les jours a lieu la nuit et, pour les dimanches et fêtes, ont lieu les vigiles de toute la nuit, qui commencent une heure après le coucher du soleil et finissent le matin du jour suivant.
La stricte observance des règles monastiques, l'ordre et le zèle, la prière incessante, l'obéissance et l'humilité des moniales étaient le miel spirituel qui coulait de la pierre spirituelle posée par le fondateur, le bienheureux père Matthieu, et qui nourrissait et attirait l'âme des moniales. Pendant des années où le monastère était dirigé par le bienheureux père Matthieu, le nombre des moniales dépassa 300.
Au monastère, il est interdit de manger de la viande, et les jours de jeûne, on ne mange pas de plats cuisinés (en carême). Le saint monastère suit le calendrier orthodoxe selon la tradition, les commandements des saints pères et les décisions de l'Église orthodoxe d'Orient.
Aux offices, aux ateliers et en général pour la vie monastique, il suit l'heure byzantine (système d'heures que l'on compte d'après le coucher du soleil).
Événements historiques du monastère
Le premier événement est bien sûr la consécration au Christ de centaines d'âmes qui, après leur vie monastique et ascétique, s'en vont vers les demeures éternelles.
Cependant, dans les saintes églises du monastères, eurent lieu trois événements importants pour le cheminement historique et la poursuite de la lutte de l'Église Vraie Orthodoxe.
1- En mai 1935, après le retour du néocalendarisme de trois évêques, on consacra de nouveaux évêques orthodoxes, parmi lesquels le fondateur du monastère hiéromoine Matthieu, avec le titre de l'épiscopat de Vresthène.
2 - En 1948, le bienheureux évêque Matthieu de Vresthène pressentant sa fin et ne voulant pas laisser l'Église du Christ sans évêques, consacra de nouveaux hiérarques, entre autres l'évêque André de Patras - maintenant archevêque d'Athènes - qu'il désigna comme son successeur pour l'administration du saint monastère de la Toute-Sainte, et du monastère d'hommes de la Transfiguration à Kouvara en Attique, que lui-même (le bienheureux père Matthieu) avait fondé en 1934.
Après la consécration des nouveaux évêques, le bienheureux fondateur du monastère, l'évêque Matthieu de Vresthène, fut élu archevêque d'Athènes et primat de toute la Grèce, rang qu'il garda et servit jusqu'à sa sainte dormition le 14 mai 1950, samedi de la Pentecôte.
3 - Le Jeudi Saint 1958 fut célébré l'office de la bénédiction du saint chrême par le saint Synode, sous l'archevêque Agathange d'Athènes.
Persécutions contre le monastère
Puisque depuis sa fondation, le saint monastère a toujours suivi avec exactitude et fidélité les traditions de l'Église orthodoxe, dont le calendrier orthodoxe des pères, il subit de nombreuses accusations, calomnies, et véritables persécutions.
Dès les premières années de la fondation du monastère, l'État, incité et poussé par les néocalendaristes, menaçait de le fermer, ou de le transformer en une fondation d'utilité publique. Tantôt ils projetaient de le transformer en colonie de vacances, tantôt en hôpital, tantôt en base militaire - mais la dimension des cellules ne les satisfaisaient pas - tantôt en léproserie, provocant les réactions des habitants des alentours.
Mais la plus importante et la plus rude persécution eut lieu après la dormition du fondateur et propriétaire du monastère, le bienheureux Matthieu, en 1950. Alors de ténébreuses calomnies, des accusations honteuses et mensongères contre le monastère furent l'objet d'exploitation anti-monastique par certains journalistes et officies de justice.
C'est alors que le père spirituel du monastère et successeur du bienheureux fondateur, c'est-à-dire l'évêque André de Patras, fut exilé et emprisonné le 1er novembre 1950, jusqu'au 18 septembre 1951. Et depuis, avec patience, prière, et charité, il a tenu et tient encore l'administration et la vie ascétique de la communauté du saint monastère.
Aussi l'higoumène Mariam fut cruellement calomniée et jetée en prison où, supportant comme une martyre les injures, les calomnies, les diffamations contre sa personne et contre le monastère qu'elle avait fondé, organisé, servi et fait briller pendant trente années, elle s'endormit dans la sainteté et le martyre le 8 novembre 1954 dans la prison "Arérof" où elle était détenue.
Administration du monastère
Le fondateur et propriétaire du monastère, père Matthieu, était le supérieur spirituel du monastère et prenant soin de la vie spirituelle des moniales et de la bonne administration et gestion du monastère. Après sa mort, selon son ordre, cette tâche fut remise à l'évêque de Patras (maintenant archevêque André d'Athènes) qui continue jusqu'à aujourd'hui à la mener à bien.
L'administration du monastère, en tant qu'organe exécutif, est exercée par le Conseil présidé par la supérieure, tenu par les soeurs les plus anciennes et les plus capables avec la supérieure que l'on appelle higoumène et que l'on interpelle par les termes d'"abbesse" ou "vénérable mère".
Jusqu'à aujourd'hui, le monastère eut comme supérieurs spirituels : le bienheureux fondateur archevêque Matthieu, et son successeur l'archevêque André d'Athènes.
Cinq higoumènes dirigèrent le monastère depuis sa fondation :
1 - La moniale Mariam Soulakiotou, fondatrice, endormie en 1954.
2 - Le 21 novembre 1955, lui succéda une des premières moniales et fondatrices du monastère, Euphrosyne Mendrinou, qui, comme nous l'avons dit plus haut, trouva l'endroit pour la fondation du monastère et le montra à son père spirituel, hiéromoine Matthieu. Elle s'endormit le 4 avril 1981.
3 - Après élections, la moniale Épistème Alamani lui succéda (le 16 avril 1981) et dirigea le monastère jusqu'à sa dormition le 26 août 1993.
4 - Ensuite fut élue la moniale Nectarie Karagouni (13 septembre 1993) qui, en raison de son adhésion à l'insoumission des cinq évêques schismatiques, fut déposée de sa place le 22 septembre 1995, par décision du tribunal ecclésiastique synodal.
5 - À sa place fut élue, le 16 octobre 1995, la moniale Macrine Zotou, qui dirige jusqu'à aujourd'hui l'administration du monastère en tant qu'higoumène.
Suite du cheminement
Malgré les difficultés, les menaces, les persécutions et les épreuves qu'il a subies et qu'il traverse aujourd'hui, le saint monastère de la Toute-Sainte continue son cheminement historique, et, comme un phare lumineux de l'Orthodoxie et du monachisme ascétique, il donne à l'homme de la société contemporaine l'espoir de la perfection monastique et chrétienne.
Ainsi, avec l'Aide du Dieu tout-puissant, la bénédiction du bienheureux fondateur l'archevêque Matthieu, et la sage direction spirituelle du supérieur spirituel depuis 50 ans, l'archevêque André, le saint monastère affrontera aussi les épreuves d'aujourd'hui, créées par la rébellion des cinq ex-métropolites et de l'ex-higoumène (déposée) Nectarie (avec les moniales qui la suivent).
Après l'obéissance, la patience, la charité, l'humilité et la prière de la communauté qui se trouve sous l'obéissance à l'Église, le monastère retournera à la paix et l'union, et la véritable vie ascétique, afin de continuer son cheminement avec endurance dans la foi orthodoxe et la patience dans les épreuves, illuminant ainsi l'homme contemporain, étant un rappel vivant de la parole des pères : "La lumière des moines c'es les anges, et la lumière de tous les hommes est la vie monastique". Amen.
publié dans le calendrier 1997 de notre Synode