Bulletin des vrais chrétiens orthodoxes sous la juridiction de S.B. Mgr. André archevêque d'Athènes et primat de toute la Grèce |
Hiéromoine Cassien |
Foyer orthodoxe |
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Le saint monastère de l'Entrée de la Mère de Dieu au Temple à Kératea
Le linceul de Turin peut être celui du Christ
En forçant un peu le temps, je termine ce bulletin afin qu'il parte avant Pâque et aussi pour annoncer une émission de télévision sur l'hermitage qui aura lieu le 3 mai (cal.civ.) à 14 heures 30 sur FR 3. Je peux faire enregistrer des cassettes pour ceux qui le désirent en demandant une petite contribution pour les frais (50 F).
Un deuxième volume de "Saints martyrs" (mois d'octobre) vient de sortir.
Par contre, la carte de monastères et églises n'est toujours pas publiée. J'ai donc annulé la commande ces jours-ci. Dès que l'imprimeur aura envoyé l'argent, je rembourserai les souscripteurs.
D'ici le prochain bulletin, il se peut que je me rende de nouveau en Grèce afin d'y amener des icônes commandées, dont une figure plus loin. #
Pour Pâque, il y aura comme toujours un peu de monde. Les gens arrivent déjà petit à petit. J'en ferai écho la prochaine fois avec peut-être une photo.
DIMANCHE DES MYRRHOPHORES *
(où il est montré que la première à avoir vu le Seigneur ressuscité d'entre les morts fut la Mère de Dieu)
de saint Grégoire Palamas (XVIII, P. G. CLI, 236 D-248 C)
La résurrection du Seigneur est le renouvellement de la nature humaine et le remodelage du premier Adam absorbé par la mort dans le péché, et retourné, par la mort, à la terre dont il avait été modelé; elle est le retour à la vie immortelle. Aucun être humain, au commencement, n'a vu Adam être modelé et vivifié, car à cette heure il n'y avait pas encore d'hommes; mais après qu'il eut reçu le souffle de vie par l'Insufflation divine, le premier de tous les êtres humains qui le vit fut une femme - Ève fut la première à venir, après lui, parmi les êtres humains; de même, nul ne vit le deuxième Adam, c'est-à-dire le Seigneur, ressuscitant d'entre les morts; aucun de ses proches n'était présent, et les soldats qui gardaient le tombeau, terrassés par la peur, étaient comme morts; or ce fut une femme, qui, la première, Le vit après la résurrection comme nous l'avons entendu lire dans l'évangile de Marc aujourd'hui (Mc 16,1-9), "car ressuscité, est-il dit, le matin, le premier jour de la semaine, Jésus apparut d'abord à Marie-Madeleine". L'évangeliste semblerait donc affirmer clairement qu'au moment où le Seigneur ressuscita, il était tôt, que celle qui Le vit la première était Marie-Madeleine, et que cela se produisit à l'heure même de la résurrection : or ce n'est pas ce qu'il dit, comme il vous sera révélé, si vous montrez quelque patience : car un peu plus haut, Marc dit, en accord avec tous les autres évangélistes, que cette Marie était venue auparavant au tombeau, avec les autres femmes myrrhophores, qu'elles virent ensemble qu'il était vide, et qu'elles s'en retournèrent, de sorte que bien avant le matin, et l'heure du matin où elle le vit, le Seigneur était déjà ressuscité. Et pour signifier ce moment, Marc ne dit pas seulement "le matin", comme plus bas, mais : "très tôt dans le matin". Aussi s'agit-il du moment où la pénombre précède le lever du soleil à l'horizon, comme Jean le révèle également quand il dit que Marie-Madeleine, tôt le matin, alors qu'il faisait encore sombre, vint au sépulcre et vit la pierre roulée du sépulcre (Jn 20,1).
Or non seulement elle est venue au tombeau à ce moment, selon Jean, mais elle en est aussi repartie sans avoir vu le Seigneur. Car elle court trouver Pierre et Jean, et leur annonce, non point que le Seigneur est ressuscité, mais qu'on L'a enlevé du tombeau, ce qui prouve qu'elle n'avait pas encore connaissance de la résurrection. Il reste que ce n'est pas simplement à la première heure que le Seigneur apparut à Marie, mais après l'heure du plein jour. Cependant, les évangélistes ont obscurément annoncé ce que je vais révéler à votre charité; car la première à avoir reçu la bonne nouvelle de la résurrection du Seigneur, entre tous les êtres humains, c'est, comme il convenait, et à juste titre, la Mère de Dieu; et elle la reçut du Seigneur. Avant tous elle sut qu'Il était ressuscité, elle jouit de sa divine Parole, et ne se bornant pas à Le voir de ses yeux, ni à L'entendre de ses oreilles. Elle fut la première, et la seule à toucher de ses mains Ses pieds immaculés, bien que les évangélistes ne disent pas tout cela clairement, ne voulant invoquer le témoignage de sa mère, pour ne pas éveiller des soupçons chez les incroyants. Et puisque aujourd'hui il nous faut faire un discours, avec la grâce de Celui qui est ressuscité, pour les croyants, et que le motif de la fête nous enjoint d'examiner tout ce qui concerne les femmes myrrhophores, sous l'Inspiration de Celui qui a dit : "Il n'est rien de caché qui ne deviendra manifeste" (Lc 8,17), cela aussi sera rendu manifeste.
Les myrrhophores, donc, sont les femmes qui suivirent la Mère du Seigneur, et restèrent avec elle au temps de la passion salutaire, et qui s'étaient empressées d'embaumer le Corps du Seigneur. Car lorsque Joseph et Nicodème eurent demandé à Pilate, et reçu de lui, le Corps du Maître, qu'ils l'eurent descendu de la croix, entouré d'un tissu de lin, imprégné d'arômates, mis dans un sépulcre taillé dans le roc, et placé une grande pierre à l'entrée du sépulcre, contemplant tout cela, nous dit l'évangéliste Marc, Marie-Madeleine et l'autre Marie étaient là, assises devant le tombeau. En disant "et l'autre Marie" (Mc 15,47) c'est évidemment la Mère de Dieu qu'il désignait. Et si elle était appelée Mère de Jacques et de Joseph, c'est que ceux-ci étaient les fils de Joseph, son mari. Or elles n'étaient pas les seules présentes à contempler l'Ensevelissement du Seigneur : il y avait aussi d'autres femmes, comme Luc l'a rapporté : "les femmes qui l'accompagnaient, qui étaient venues avec Lui de Galilée, regardèrent le sépulcre, et comment son Corps avait été placé... Il y avait là Marie-Madeleine, Jeanne et Marie, mère de Jacques, et les autres femmes qui étaient avec elles" (Lc 18,55 et 24,1). Celles-ci, est-il dit, s'en retournèrent acheter des arômates et de la myrrhe : car elles n'avaient pas encore connu avec précision que Lui, Jésus, était le véritable Parfum de la vie pour ceux qui vont à Lui, dans la foi, tout comme l'odeur de la mort sera destinée à ceux qui demeurent infidèles jusqu'à la fin : et l'odeur de ses Vêtements, c'est-à-dire de son Corps, est au-dessus de tout arômate; et son Nom est une myrrhe répandue, avec laquelle Il a rempli la terre des hommes de divins parfums. Cependant, si les femmes préparent la myrrhe et les arômates, c'est d'abord pour honorer Celui qui gît là, et ensuite pour compenser la puanteur du Corps qui devait se décomposer; car elles pensaient qu'ainsi, grâce à leur onction, ceux qui le voudraient pourraient s'approcher du Corps.
Après avoir préparé la myrrhe et les arômates, donc, elles se reposèrent pendant le Sabbat, selon le commandement. En effet, elles n'avaient pas encore compris quel était le véritable Sabbat, ni connu ce Sabbat béni par-dessus tout qui transporte notre nature des régions abyssales de l'enfer vers les hauteurs toutes lumineuses, divines et célestes. "Le premier jour de la semaine, à la pointe de l'aurore, comme le dit Luc, elle vinrent au tombeau, portant les arômates qu'elles avaient préparées" (Lc 24,1). Et Matthieu écrit : "après le Sabbat, comme le premier jour commençait à poindre" (Mt 28,1), et deux femmes viennent. Quant à Jean : "tôt, dit-il, alors qu'il faisait encore sombre" (Jn 20,1), et Marie-Madeleine est seule à venir. Enfin, Marc dit : "très tôt, le premier jour de la semaine" (Mc 16,1), et elles sont trois à venir. Par conséquent tous les Évangélistes parlent du premier jour de la semaine, du Dimanche. "Après le Sabbat", "à la pointe de l'aurore", "très tôt", "tôt alors qu'il faisait encore sombre", tout cela signifie : au moment, proche du matin, où la lumière et les ténèbres sont encore mêlées; c'est le moment à partir duquel l'orient commence à briller sur l'horizon, annonçant le jour. En regardant cela de loin, on peut voir que le ciel se colore de lueurs aux environs de la neuvième heure nocturne, de sorte qu'il reste encore trois heures jusqu'au plein jour. Mais les évangélistes semblent quelque peu en désaccord sur ce moment, et sur le nombre de femmes. Comme j'ai dit, les femmes myrrhophores étaient nombreuses, et elles ne vinrent pas au tombeau une unique fois, mais à deux ou trois reprises; venant à plusieurs, mais non les mêmes chaque fois, et toutes au matin. Par conséquent, elles ne vinrent pas toutes exactement au même moment : Marie-Madeleine, isolée des autres, revint et resta un peu plus longtemps. Chacun donc des évangélistes en disant qu'elles ne sont venues toutes ensemble qu'une seule fois, passe sous silence les autres fois. Or pour moi -qui rassemble et fais une synthèse de ce que déclarent tous les Évangélistes - comme je vous l'ai annoncé, c'est la Mère de Dieu qui vint la première de toutes au sépulcre de son Fils et de son Dieu, précédant Marie-Madeleine. Cela, je l'apprends surtout de l'évangéliste Matthieu : "car Marie-Madeleine, dit-il, et l'autre Marie, -c'est-à-dire précisément la Mère de Dieu -vinrent visiter le tombeau, et voici il y eut un grand séisme : l'ange du Seigneur descendit du ciel, et vint rouler la pierre de devant l'entrée du sépulcre, et il s'assit dessus : son aspect était celui de l'éclair, et sa robe était blanche comme la neige : à sa vue les gardes tressaillirent de crainte, et devinrent comme morts" (Mt 28,1-4).
Fresque à l'hermitage Saint Etienne |
Par conséquent, toutes les autres femmes vinrent après le séisme et la fuite des gardiens; elles trouvèrent le tombeau ouvert, et la pierre roulée. La Vierge-Mère, elle, était présente quand le séisme se produisit, quand la pierre fut roulée, et le tombeau ouvert, et ceci en présence des gardes, bien qu'ils fussent terrassés de crainte. C'est aussi pourquoi ceux-ci, après le séisme, dès qu'ils se relevèrent de leur chute, ne pensèrent qu'à fuir; or la Mère de Dieu, elle, jouissait de ce spectacle sans éprouver le même effroi. Et il me semble que c'est pour elle, avant tout, que s'ouvrit le tombeau vivifiant. Car pour elle, d'abord, puis par elle, pour nous, toutes choses se sont ouvertes en haut dans le ciel, et ici-bas, sur terre; pour elle, l'ange était tellement fulgurant que, l'heure étant encore pleine d'obscurité, c'est sous l'abondante lumière de l'ange qu'elle vit non seulement le tombeau vide, mais encore les apprêts funéraires qui y étaient en place, autant de preuves du réveil de Celui qui avait été enseveli. Or l'ange annonciateur était Gabriel lui-même : car en la voyant se hâter vers le tombeau - lui qui au commencement avait dit : "ne crains pas, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu" (Lc 1,30) - il s'empresse encore en ce jour de descendre, d'adresser les mêmes paroles à la toujours-Vierge, d'annoncer la résurrection d'entre les morts de Celui qui est né d'elle sans semence, d'enlever la pierre, de montrer le tombeau vide et le linceul, et ainsi de lui confirmer la bonne nouvelle. Car "leur répondant, est-il écrit, l'ange dit aux femmes : Ne craignez point; vous cherchez Jésus, le Crucifié ? Il est ressuscité : voici le lieu où gisait le Seigneur" (Mt 28,6-8). "Oui, dit-il, bien que vous voyiez les gardes terrassés par la crainte, vous, ne craignez point. Car je sais que vous cherchez Jésus le crucifié : Il est ressuscité, Il n'est pas ici". Non seulement les serrures, les verrous, les sceaux de l'enfer, de la mort et du tombeau ne peuvent Le contenir, mais encore, Il est notre Seigneur, à nous les anges immortels et célestes, et Il est, Lui seul, le Seigneur de l'univers. " Car voyez, ajoute-t-il, le lieu où gisait le Seigneur; et allez vite dire à ses disciples qu'Il est ressuscité d'entre les morts : elles s'en allèrent donc avec crainte et une grande joie" (Mt 28,6-8).
Il me semble aussi que Marie-Madeleine conservait encore quelque frayeur, ainsi que celles des autres femmes qui jusqu'alors les avaient accompagnées au tombeau. Car elles n'avaient pas encore réalisé la puissance des paroles de l'ange, ni n'avaient la force de saisir parfaitement la lumière, de manière à la voir et à la comprendre exactement : mais la Mère de Dieu en conçut cette grande joie dont parle Matthieu; ayant compris les paroles de l'ange, et devenue toute de lumière, elle qui était éminemment purifiée et pleine de la grâce divine, elle qui avait reconnu avec sûreté la vérité en tout, avait accordé foi à l'archange, puisque déjà, par ses oeuvres, il s'était montré digne d'une grande confiance. Et comment, donc, alors qu'elle était présente lors de tous ces événements, la Vierge pleine de la sagesse divine n'aurait-elle pas compris ce qui s'était accompli ? Car elle vit le séisme, ce grand séisme, l'ange descendant du ciel, cet ange fulgurant, l'apparence de la mort dans les gardes, le déplacement de la pierre, la vacuité du tombeau, le grand miracle des apprêts funéraires qui à la fois n'avaient pas été déliés, encore imprégnés de myrrhe et d'aloès, et apparaissaient vides du Corps qu'ils avaient contenu; et surtout, elle entendit la nouvelle joyeuse et divine que l'ange lui proclama. Or elles s'en vont après cette bonne nouvelle, et Marie-Madeleine, comme si elle n'avait même pas écouté l'ange - qui, du reste, ne s'était pas adressé à elle -ne tient compte que de la vacuité du tombeau, et ne fait aucun cas des apprêts funéraires : et elle court trouver Simon Pierre et l'autre disciple, comme le dit Jean. Cependant, la Vierge Mère de Dieu, ayant rejoint les autres femmes, retourna là d'où elle était venue, et "voici, nous dit Matthieu, Jésus vint à leur rencontre, leur disant : Réjouissez-vous !" (Mt 28,6-8).
Voyez-vous donc comment bien avant Marie-Madeleine, la Mère de Dieu vit Celui qui pour notre salut a souffert, a été enseveli, et S'est relevé dans la chair ? "Et elles de s'approcher, est-il dit, d'étreindre ses Pieds en L'adorant" (Mt 28,9). De même qu'en compagnie de Marie-Madeleine la Mère de Dieu fut la seule à entendre la bonne nouvelle de la résurrection, et à comprendre la puissance de ces paroles, de même, en compagnie des autres femmes, elle vint à la rencontre de son Fils et de son Dieu; première entre toutes, elle vit et reconnut le Ressuscité, et, tombant à ses Pieds, elle Les toucha, et devint son apôtre auprès des apôtres. Quant au fait que Marie-Madeleine n'était pas avec la Mère de Dieu lorsque celle-ci s'en retournait du tombeau et quand le Seigneur lui apparut et lui parla, nous l'apprenons de Jean. Il dit en effet : "elle courut alors trouver Simon Pierre et l'autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : on a enlevé le Seigneur du tombeau, et nous ne savons pas où on L'a mis" (Jn 20,2). Car si elle L'avait vu, touché de ses mains, rencontré et écouté, comment aurait-elle pu dire des paroles telles que : "on L'a enlevé, déplacé", et : "nous ne savons où" ? Mais après la course de Pierre et Jean vers le tombeau, après qu'Ils eurent vu les linges et qu'ils s'en furent retournés, "Marie se tenait près du tombeau et sanglotait dehors" (Jn 5,11).
Voyez-vous comment, bien loin de L'avoir seulement vu, elle n'avait même pas été comblée de la joie de L'entendre ? Et quand les anges qui étaient apparus lui demandèrent : "femme, pourquoi pleures-tu ?", à nouveau elle ne parla que du mort, dans sa réponse; et lorsqu'elle se retourna et vit Jésus, elle ne comprit toujours pas, mais quand Il lui demanda pourquoi elle pleurait, elle lui tint les mêmes propos, jusqu'à ce qu'Il l'ait appelée par son nom, et Se soit présenté à elle comme vivant. Alors, tombant elle aussi à ses pieds et cherchant à Les étreindre, elle L'entendit qui lui disait : "ne me retiens pas"; * par là, nous apprenons que plus tôt, quand Il apparut à sa Mère et aux femmes qui étaient avec elle, c'est à Sa Mère, et à elle seule, qu'Il offrit ses Pieds à toucher, bien que Matthieu étende ce fait aux autres femmes, ne voulant pas, pour la raison que j'ai alléguée au début, parler avec clarté du rôle de la Mère dans de telles circonstances. Car après que la toujours-Vierge Marie fut venue au sépulcre la première, et que, la première, elle eut reçu la bonne nouvelle de la résurrection, elles furent nombreuses à venir, qui virent la pierre roulée, entendirent les anges, et, s'en retournant après avoir écouté et contemplé, se séparèrent. Les unes, comme dit Marc, s'enfuirent du sépulcre car elles avaient une grande crainte et étaient hors d'elles-mêmes, et elles ne dirent rien à personne à cause de leur crainte (Mc 16,8). Les autres, qui suivaient la Mère du Seigneur, obtinrent de contempler et d'écouter le Maître. Quant à Marie-Madeleine, elle part trouver Pierre et Jean, avec lesquels elle revient seule au tombeau; une fois que ceux-ci se sont retirés, elle reste, et jugée digne à son tour de contempler le Maître, elle est envoyée elle aussi vers les apôtres, elle retourne les trouver, leur annonçant à tous, comme dit Jean, "qu'elle a vu le Seigneur et qu'Il lui a dit ces paroles..." (Jn 20,18).
Cette vision eut donc lieu tôt le matin, nous dit encore Marc, c'est-à-dire au commencement du plein jour, l'aube étant totalement passée; mais le fait que la résurrection du Seigneur et sa première apparition n'eurent pas lieu à ce moment, Marc l'affirme fortement. Aussi avons-nous examiné ce qui concerne les femmes myrrhophores, et cherché plus haut comment les quatre évangiles s'accordent à leur sujet. Or les disciples, en ce jour de la résurrection, ayant entendu de Pierre, de Luc et de Cléopas que le Seigneur était vivant et qu'ils L'avaient contemplé, ne les crurent pas : c'est pourquoi Lui-même leur fit des reproches, quand Il leur apparut alors qu'ils étaient rassemblés. Mais après qu'Il se fut, à de nombreuses reprises, présenté à eux vivant, non seulement tous crurent, mais ils le proclamèrent partout : "dans toute la terre leur parole s'est répandue, et jusqu'aux extrémités du monde, leur discours" (Ps 18,4). "Le Seigneur agissait avec eux et confirmait la parole par les signes qui l'accompagnaient" (Mc 16, 20). Oui, les signes étaient nécessaires, jusqu'à ce que la parole fût proclamée sur toute la terre. Cependant il faut des signes et des prodiges pour confirmer la vérité de la proclamation, mais il faut des signes - et non des prodiges - pour assister ceux qui ont reçu la parole, s'ils y ont cru fermement. Qui sont-ils donc ? Ceux qui le montrent dans leurs oeuvres. Car il est dit : "montre ta foi par tes oeuvres" et : "quelqu'un a-t-il la foi ? Qu'il montre par une bonne conduite ses oeuvres" (cf. Jn 2,18 et 3,1). Car qui pourra croire qu'il a une pensée vraiment divine, grande et élevée, et pour ainsi dire céleste, comme l'est la piété, s'il s'attache à des oeuvres mauvaises, et se colle à la terre et aux réalités terrestres ?
Il n'est donc d'aucun profit, frères, de dire que l'on a une foi divine, si l'on n'a pas les oeuvres qui correspondent à cette foi. Quel profit les vierges folles tirèrent-elles des lampes qui n'avaient pas d'huile - c'est à-dire les oeuvres de l'amour et de la compassion ? (cf. Mt 25,1-13). Et à quoi servit-il à ce riche qui brûlait dans le feu inextinguible pour n'avoir pas eu de compassion à l'égard de Lazare, d'appeler à son secours son père Abraham ? (cf. Lc 16,19-31). Et pour celui qui n'avait pas, par ses bonnes oeuvres, revêtu la robe destinée aux noces divines et à la chambre nuptiale de l'incorruptibilité, à quoi servait-il d'avoir répondu à l'invitation ? (cf. Mt 22,12). Oui, il avait été invité, il était venu avec une foi entière, convoqué avec les saints hôtes, mais il fut repoussé et confondu, parce qu'il était revêtu de la bassesse de ses moeurs et de ses actions; pieds et mains liés impitoyablement, il est précipité dans la géhenne de feu, là où il y a des pleurs et des grincements de dents. Puisse t-il arriver qu'aucun de ceux que le Christ a appelés ne s'expose à celle- ci, mais, montrant une vie conforme à notre foi, que tous entrent dans la chambre nuptiale de la joie sans mélange, et vivent à jamais avec les saints, là où se trouve la demeure de tous les bienheureux ! Amen.
Sur les pentes orientales de la chaîne de montagne "Makrinori", dans la région campagnarde de la commune de Kératéa, se trouve le monastère cénobitique de femmes, dédiée à l'Entrée au temple de la Toute-Sainte, et surnommé : "Pefkovounoïatrissa".
Il est situé à sept km du bourg de Kératéa, à gauche de la route carrossable qui mène au village récemment construit au bord de la mer, nommé "Kaki Thalassa".
Construit sur la pente amphithéâtrale de la chaîne de montagne, au milieu de pins ombrageux, d'arbustes et de buissons verdoyants, il donne sur le village au-dessus, "Kaki Thalassa", sur la mer, et jusqu'aux montagnes de l'île d'Eubée.
Fondation du monastère
Ce saint monastère de la Toute-Sainte fut fondé par le hiéromoine hagiorite père Matthieu Karpadakis, (par la suite nommé évêque de Vresthène, puis archevêque d'Athènes et primat de toute la Grèce de l'Église de Vrais Chrétiens orthodoxes = V.C.O.).
Ayant mené une vie monastique et ascétique très austère dans le désert de la Sainte Montagne, le hiéromoine Matthieu quitta le Mont Athos pour soutenir la lutte des V.C.O. après l'introduction maudite du nouveau calendrier dans l'Église de Grèce, et jugea que, pour aider plus efficacement l'oeuvre spirituelle de l'Église combattante, il était nécessaire de fonder et d'organiser des saints monastères.
Ainsi, encouragé par ses nombreux enfants spirituels qui, voyant sa vie ascétique, désiraient et recherchaient la perfection de la vie monastique, il décida en 1927 de fonder un monastère de femmes. Afin de réaliser son projet, il envoya une de ses filles spirituelles - alors postulante Irène Mendrinou qui était alors postulante et qui plus tard prit le nom de soeur Euphrosyne - chercher un endroit convenable pour la fondation du monastère. Avec la bénédiction de son père spirituel, soeur Irène parcourut beaucoup de régions de l'Attique orientale, des îles du Salonique dit-on de Salonique ou du Salonique. Soeur Ignatia écrit : du Saronique et même jusqu'à la grande île de Crète. Après beaucoup de recherches et par la Bienveillance de Dieu, on lui montra aussi l'endroit situé au-dessus du village pittoresque de Kaki Thalassa. Elle s'y rendit et l'aima tout de suite car, en plus de la beauté du paysage, il renfermait les conditions pour l'ascèse de la vie monastique, étant éloigné du monde et des bruits du monde.
Le hiéromoine Matthieu fut informé par soeur Irène et visita personnellement les lieux le lundi de Pâques, le 11 avril 1927. Il fut aussitôt satisfait lorsqu'il vit le site. Il le bénit donc, pria la très sainte Enfantrice de Dieu pour la réussite de l'entreprise, et, un peu au-dessous de la petite source qui se trouvait là, il posa la pierre fondamentale après avoir mesuré avec son bâton une surface de 33 sur 33 m afin que les premiers bâtiments nécessaires fussent construits.
En peu de temps, de durs et pénibles efforts commencèrent pour la construction. En effet, autant l'endroit était idéal pour atteindre le but recherché, autant l'oeuvre de la construction était difficile, à cause de l'inégalité, de la dureté du sol rocailleux, et de la distance des lieux habités.
Cependant, avec l'aide de la très sainte Mère de Dieu, à qui fut dédiée le monastère, et grâce au renoncement à soi des premières moniales qui suivirent le hiéromoine Matthieu, le sol fut aplani autant qu'il fallait, du sable fit transporté depuis la mer sur les épaules des moniales, et d 'autres matériaux nécessaires pour la construction furent transportés grâce à l'effort personnel et au sacrifice des premières moniales, et il fut possible en une année de construire l'aile orientale du monastère. Plus bas, comme une autre catacombe des premiers chrétiens, fut construite une petite chapelle dédiée au grand martyr Ménas et au-dessus le réfectoire et quelques cellules de moniales.
C'est dans cette première série de bâtiments que logèrent le fondateur et propriétaire du monastère - père Matthieu qui était alors hiéromoine, ainsi que les sept premières moniales avec la première higoumène du monastère soeur Mariam Soulakiotou.
Dédicace - dénomination du monastère
Dès le début, quand le fondateur posa la première pierre, il dédia le nouveau monastère à la très sainte Enfantrice de Dieu, qu'il vénérait beaucoup et qu'il considérait comme sa protectrice puisqu'il avait vécu dans son "jardin", la Sainte Montagne, pendant de longues années. Il fut décidé que la fête du monastère soit l'Entrée au Temple de la très sainte Enfantrice de Dieu. Aussi, puisque de nombreuses guérisons miraculeuses furent opérées par la Toute Sainte, et que le bienheureux père les considérait dûes à l'eau bénite de la Source de Vie qui coulait un peu au-dessus du monastère, il nomma celui-ci "Pefkovounoïatrissa" (Pefko = pin, vouno = montagne, iatrissa = qui guérit).
Rapide progrès du monastère
La vertu éclatante du fondateur, sa vie austère et ascétique, son enseignement doux et attirant de l'âme, sa fidélité à la foi et aux traditions orthodoxes, attirèrent de nombreux pèlerins dans ce nouveau monastère. Et surtout, ils attirèrent comme des cerfs assoiffés beaucoup d'âmes de jeunes filles qui se consacrèrent au Christ et à la vie monacale. C'est pourquoi le nombre de moniales augmenta très vite et, en 1930, il dépassait les 200.
En même temps, les bâtiments du monastère se multipliaient rapidement et complétaient l'ensemble de la fondation avec les édifices nécessaires, comme les cellules, le réfectoire, les dépôts, les fours, les lavoirs, les ateliers de couture, de chaussures, de tricot, de tissage, de vêtements liturgiques, les bibliothèques, l'hôtellerie et tout ce qui était nécessaire pour la vie monastique de la nombreuse communauté et pour l'hospitalité des nombreux visiteurs.
Pour les besoins spirituels et cultuels de cette véritable ruche spirituelle qu'était la communauté, on y construisit des églises et des chapelles dédiées à : Saint Ménas le grand martyr, sainte Matrone de Chios (à l'hospice des soeurs malades), sainte Marine la grande martyre (au coin nord-est de la cour intérieurs), la Source vivifiante (au-dessus de l'aile ouest du monastère), la sainte Trinité (au-dessus de la demeure du fondateur, à droite juste avant l'entrée dans la cour intérieur), sainte Modeste (édifié plus tardivement, à l'extérieur du monastère, à gauche en haut de la grande grille extérieure).
Beaucoup plus tard, à cause des empêchements et des interdictions du gouvernement et de l'Église de l'État, en 1970, fut édifiée la sainte église centrale (Katholikon) du monastère, dédiée à l'Entrée au Temple de la très sainte Enfantrice de Dieu.
à suivre
Un ami m'a demandé d'écrire et de publier un livre sur la prière. Pour écrire un livre sur ce sujet, je ne me sens pas prêt, mais j'essaie d'écrire au moins quelques lignes qui par la suite peuvent être reprises et développées. J'avais d'ailleurs déjà écrit un texte à ce propos dans le bulletin n° 47.
Par où commencer et avec quoi finir ? Le sujet, que constitue la prière, est tellement vaste et inépuisable. Et surtout, il n'y a rien de plus important dans la vie d'un chrétien. Car au fond, en son essence, la prière n'est rien d'autre que notre communion avec Dieu, ce qui est en même temps le but de notre vie. Cette union avec Dieu peut être plus ou moins forte selon l'intensité de notre foi et de notre niveau spirituel. Cette union, communion, tension - ce qui revient au même - doit être vivante sinon ce serait comme un couple qui ne s'aime plus, on ne pourrait tout au plus parler d'une cohabitation. Si donc notre prière n'est que façade, alors nous ressemblons à ce couple et notre vie chrétienne n'est qu'apparence. Une vie chrétienne sans prière est comme un couple sans amour.
La prière est la vie de Dieu en nous et c'est l'Esprit saint qui prie en nous par des gémissements ineffables, comme dit l'Apôtre.
La prière est comme une flamme. Elle bouge, éclaire, réchauffe mais a besoin d'une matière pour brûler faute de quoi elle s'éteint. La prière ne peut pas non plus exister en elle même sans matière, et cette matière, ce sont les exercices de la prière sous toutes ses formes. Celui qui s'imagine que la prière en esprit lui suffit, tout en étant encore un débutant dans la vie spirituelle, s'égare et se trompe et sa prière finira par s'éteindre faute de "combustible".
Il y a la prière en communauté, liturgique et la prière personnelle et ces deux manières de prier se subdivisent en une multitude d'autres. La prière liturgique s'étale sur toute notre vie depuis la naissance jusqu'au tombeau, et bien avant et bien après même, car l'Église prie pour les défunts et également pour le couple qui se marie en vue de fonder une famille. Elle commence avant le lever du jour et s'achève au moment de se coucher. Aucune activité de notre vie n'est laissée de côté. Il y a des prières pour le voyage, pour l'insomnie, la guerre, l'école etc. Rien dans la nature, aucun objet n'est oublié. L'Église prie pour une maison hantée, bénit un nouveau four, un rucher, et mille autres objets.
La prière privée peut être spontanée, dite avec des mots qui viennent du coeur. Elle peut peut-être même se passer de paroles et s'accomplir uniquement en esprit, mais cela est plutôt réservé à ceux qui sont avancés. Comme support, elle peut se servir d'une formule toute prête comme le Notre Père ou la prière du coeur qui consiste à répéter inlassablement une prière jaculatoire, le plus souvent : "Seigneur Jésus Christ , Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur." La lecture spirituelle est considérée pareillement comme une prière.
La prière liturgique comme la prière personnelle peut être une supplication, une confession, une louange, une action de grâces et tout à la fois.
L'exercice de la prière s'apprend, a besoin d'un guide, de repaires et doit se faire dans tout un contexte. Tout notre être doit y participer. Une prière uniquement cérébrale est froide et abstraite. Il faut que le corps y participe avec toutes ses facultés et l'encens, les icônes, les chants, l'habillement ,etc. ont donc leur rôle à jouer.
à suivre
On a dit d'un frère qui était dans un couvent qu'un
autre frère qui habitait avec lui dans le couvent, vola
quelques objets à l'économat du couvent, et,
après les avoir mis dans un sac, il les confia au frère
qui ne savait pas que c'étaient des objets volés; mais
le frère croyait qu'ils lui appartenaient. Après un peu
de temps, on trouva que les objets avaient disparu. On les chercha en
chaque cellule des frères et, lorsqu'on fut entré dans
la cellule du frère à qui les objets avaient
été confiés, on les chercha, et quand on les eut
trouvés, aussitôt le frère se jeta à
terre, il fit une métanie, disant : "On s'est moqué de
moi; j'ai péché, pardonnez-moi." Et le frère qui
avait volé les objets et les avait confiés à
l'autre donna de grandes injures au frère dans la cellule
duquel on avait trouvé les objets, il le frappa au visage,
voulant le faire jeter hors du couvent; et, en tout cela, le
frère ne nia point, mais il s'humiliait encore devant lui,
disant : "J'ai péché, pardonne-moi." Et le
frère devint haï de l'abbé et de tous les
frères qui habitaient le couvent, et surtout le frère
qui avait volé les objets le haïssait, lui faisait honte
tout le temps, I'appelant voleur en présence des
frères. Et lorsqu'il eut passé deux ans dans ce
monastère, supportant ce grand opprobre, Dieu
révéla la chose à abba Macaire de
Scété, et abba Macaire alla en Egypte, afin de voir le
frère. Et lorsqu'il fut proche du couvent, tous les
frères se rassemblèrent avec des rameaux, afin d'aller
au-devant d'abba Macaire. Le frère aussi répondit : "Je
n'ai pas le front de prendre un rameau et d'aller à la
rencontre du vieillard, car je suis rempli d'opprobre, comme vous me
voyez." Et lorsque les frères furent sortis au-devant de lui,
abba Macaire les embrassa un à un, et, comme il ne voyait pas
le frère, il demanda où il était; et les
frères l'informèrent pourquoi, par honte, il
n'était pas allé à sa rencontre. Et quand abba
Macaire entendit cela, il sourit, il entra dans le couvent. Le
frère vint au-devant de lui avec humilité et il fit une
métanie au vieillard; de même abba Macaire fit une
métanie au frère et ils se prirent la main l'un
l'autre. Abba Macaire dit aux frères : "Ni moi ni vous ne
sommes dignes d'honneur comme celui-ci; car, non seulement il a
supporté le grand opprobre, mais encore le péché
du frère, il l'a pris sur sa tête." Et abba Macaire le
fit retourner en sa place. Mais aussi le frère voleur prit sa
mélote, il sortit du couvent et n'y revint plus.
Longtemps supposé être celui qui enveloppa le Corps du Christ, le linceul de Turin, considéré comme un faux datant du moyen âge par des savants l'ayant soumis à l'analyse du carbon 14 en 1989, n'a pas livré encore tous ses secrets.
La science n'a pas dit son dernier mot sur le linceul de Turin. Des savants russes possédant des techniques nouvelles pour la datation de tissus brûlés disent que leur étude expérimentale du linceul de Turin les a amenés à la conclusion que l'incendie de 1532 à Chambéry, où le linceul était gardé, ayant changé la composition chimique du textile, le résultat du test du carbon 14 s'en trouve faussé. Un enrichissement de la structure cellulosique du lin en atomes de carbon 13 et de carbon 14, phénomène appelé carboxylation, fait paraître le tissu testé au carbon 14 plus récent qu'il n'est. En conséquence, l'équipe du dr Kouznetsov estime que le tissu peut bien dater du premier ou du deuxième siècle.
Les travaux des savants russes sont cependant contestés par ceux de l'Université d'Arizona qui estiment qu'une carboxylation de 20 pour cent, démontrée par les nouvelles analyses, ne peut pas résulter en plus de 100 ans de différence dans la datation au radiocarbon, et que même une carboxylation totale ne saurait justifier une différence de 800 ans, soutenue par l'équipe du savant russe.
Cette dispute ranimera, à coup sûr, l'intérêt porté au linceul de Turin, car même si son rapport avec l'époque et la vie du Christ a été largement contesté, le mystère reste entier quant à la manière dont l'image négative d'un homme s'est imprégnée dans le tissu.
Quand le roi Oswald eut établi son camp pour livrer bataille, et dormait sur son oreiller sous sa tente, saint Columba lui apparut dans une vision, étincelant de beauté angélique, sa figure majestueuse semblant toucher, du sommet de sa tête, les nuages. Le bienheureux révéla son nom au roi, et, comme il se tenait debout au milieu du camp, il couvrait le tout, à l'exception d'un petit coin, de son vêtement scintillant. Puis, il prononça ces mots d'encouragement - les mêmes, en fait, que le Seigneur dit à Joshua, fils de Nun, après la mort de Moïse et avant le passage du Jourdain : "Prends courage et agis en homme. Voici, Je serai avec toi,". Saint Columba ayant dit ces mots au roi dans la vision, il continua, disant : "Cette nuit, quitte le camp pour livrer bataille, car le Seigneur m'a accordé pour ce moment que tes adversaires soient mis en fuite et que ton ennemi Cadwalla soit livré en tes mains, et que tu retournes victorieux de cette bataille et règnes dans la prospérité." Après ces mots, le roi se leva pour aller relater la vision au conseil assemblé. Encouragé, le peuple entier promit qu'ils croiraient et recevraient le baptême après leur retour de la bataille ; jusqu'à ce temps, toute la terre saxonne avait été enveloppée dans les ténèbres du paganisme et de l'ignorance, à l'exception du roi Oswald lui-même et de douze hommes qui avaient été baptisés avec lui quand il était en exil parmi les Scots. Que dois-je dire de plus ? La nuit suivante, exactement comme il en avait été instruit dans la vision, le roi Oswald sortit de son camp pour livrer bataille contre plusieurs milliers d'hommes avec une armée bien moindre ; et, comme il le lui avait été promis, il lui fut accordé une victoire facile et heureuse par le Seigneur.
Le roi Oswald devint très charitable et humble dans son mode de vie, et fut généreux en toutes choses. Avec grand zèle, il érigeait des églises et des fondations monastiques à travers son royaume. Il arriva à une occasion qu'Oswald et Aidan étaient assis ensemble pour le jour sacré de Pâque, et les mets royaux furent amenés au roi sur un plat d'argent. Alors, un noble de son entourage qui était chargé de distribuer l'aumône du roi, entra et dit que beaucoup de pauvres gens étaient venus de partout pour recevoir l'aumône du roi, et qu'ils étaient assis dans les rues. Alors, le roi envoya aussitôt le plat d'argent, la nourriture et tout aux pauvres, et donna l'ordre de la couper en morceaux et de distribuer à chacun sa portion. Ceci fait, le noble évêque Aidan prit, avec grande joie, la main droite du roi et s'exclama avec foi : "Puisse cette main droite bénie ne jamais pourrir dans la corruption." Il arriva exactement selon la prière d'Aidan - sa main droite est incorrompue à ce jour.
Six ou sept heures du soir. Un étonnant silence plane alentour. Le parfum du tilleul en fleur s'engouffre par la fenêtre ouverte. Tout à coup, il se produit quelque chose et l'air immobile s'en trouve ébranlé. Un son prolongé, dense, net, mais à peine audible passe comme une vague... Et de nouveau, c'est le silence. Mais le même son se reproduit, plus clair et plus dense encore, plus prolongé, métallique... Et ce son-là, comme le premier, roule comme une vague énorme, pour se perdre bientôt quelque part, disparaître et fondre dans l'air... Nouvelle pause, longue, solennelle et pleine de mystère, avant que retentisse un troisième coup. C'est la cloche qui appelle aux Grandes Vêpres. On fête saint Élie, patron de l'un des skites de Valaam. L'énorme cloche de 16 000 kilos lance des ondes puissantes et bien cadencées, pleines d'harmonie. Leur sonorité dense et veloutée est presque moelleuse. Les ondes sonores s'écoulent, puissantes et bondissantes, le long du détroit, courent par les bois, s'enfoncent dans les ravins, débordent sur les collines, se ruent à l'assaut des lignes de roches granitiques, s'engouffrent irrésistiblement partout, avant de s'envoler, indomptables, par-dessus les vagues, sur l'immensité du lac. C'est comme une montagne à cent voix qui répète à cent échos le grondement bizarre, le battement magnifique de la cloche, à tous les fjords profonds et aux échancrures des îles ! Toute la région regorge du son incessant et continu ; tout vrombit et tinte ; tout se met à parler et à répondre, à vivre !
Nos ancêtres attachaient beaucoup d'importance au son des cloches. Ils ont inventé pour elles des airs de carillons et leur ont adapté les tons de la musique. Ils ont composé pour elles toutes sortes de partitions musicales. Ils les ont même ornées de belles figures peintes ou ciselées.
Quel envoûtement dans ce murmure, quelle grâce, quelle lumière, quelle douceur ecclésiale ! Il n'est pas un coeur d'orthodoxe qui ne soit transporté d'un frémissement religieux, en entendant ce son précieux. La main se hâte de tracer le signe de croix. C'est un attrait irrésistible, un apaisement, un dégrisement. Vous sentez votre âme s'emplir de courage et de force morale. Il n'y a pas d'infirmité qui ne s'en trouve soulagée, pas de chagrin, pas de tristesse qui ne se fonde en joie, pas de désespoir qui ne trouve les ailes de l'espérance et de la paix en entendant les sons de cette parole sacrée...
dans D. Soloviev, Le chant d'église au monastère de Valaam, S.P.B.,1889.
TRACES Une nuit, quelqu'un voyait en rêve tous les pas qu'il avait fait durant sa vie. Il regardait et remarquait que sur les cimes, il n'y avait les traces que d'une seule personne. Dans la vallée et sur les collines par contre, il y avait quatre traces comme si quelqu'un l'avait accompagné. Il se tournait vers le Christ disant : "Il y a quelque chose que je ne comprends pas. Comment se fait-il que dans les vallées et sur les collines Tu m'accompagnais , c'est-à-dire sur les endroits faciles, et sur les cimes où c'était difficile, Tu me laissais marcher seul car je n'y vois que deux traces ? Le Christ se retournait et il disait : "Là où c'était facile, tu marchais à côté de Moi, mais aux endroits dangereux et difficiles, tu avais davantage besoin de Moi, et Je te portais donc dans mes Bras. |
Question :
Les prêtres peuvent-ils se marier dans l'Église orthodoxe ?
Réponse :
Il y a des prêtres mariés et des moines-prêtres (hiéromoines) dans notre Église. L'hiéromoine en tant que moine qui a fait le voeu de chasteté ne peut se marier, mais les autres prêtres le peuvent. Cela n'est pas obligatoire mais souhaité. Cependant le mariage doit se faire avant l'ordination et un prêtre marié ne peut se remarier, ce qui n'est pas le cas pour les laïcs qui peuvent se remarier jusqu'à deux fois.
Malgré les tendances voulant imposer à tout le clergé le célibat, l'Église s'y est toujours opposée et c'est un moine, le grand Paphnuce, qui déclara courageusement que le mariage est sacré et qu'il n'y a aucune incompatibilité entre mariage et prêtrise.
Les évêques par contre ne sont plus mariés depuis le Concile de Constantinople en 691-692 (canon 48). Un prêtre marié qui devient évêque doit prononcer avant le sacre les voeux monastiques.
Le célibat obligatoire fut imposé en Occident (après le schisme) en 1139 au deuxième concile de Latran pour des motifs plutôt d'héritages. Mais il n'est pas de notre ressort de tracer l'histoire triste du célibat obligatoire qui est en pleine mutation à l'heure actuelle.
Question :
Que faut-il répondre au gens qui nous demandent de définir l'Orthodoxie ?
Réponse :
L'Orthodoxie ne se définit pas, elle n'est pas un système philosophique mais une vie qui dépasse largement nos raisonnements et notre logique. On ne peut comprendre l'Église, et tout ce qui en fait partie : icônes, monachisme, jeûne, Bible etc., que partiellement, l'essentiel relève du domaine de la foi, de l'expérience.
La vie de l'Église, comme toute vie, est un mystère. C'est l'Esprit saint Lui-même qui constitue le fondement de l'Orthodoxie, comme le levain dans la pâte. Tout est pénétré par la grâce et tout est lié ensemble. Vouloir comprendre l'Orthodoxie ou une partie, comme les canons par exemple, en dehors de cette réalité, c'est comme si je coupais une main pour l'analyser en dehors de son contexte. Ce serait commode, mais cette façon de faire fausserait le tout. Cette main n'a de sens qu'en rapport avec le corps et l'être entier - il en va de même pour l'Orthodoxie. Ce n'est que celui qui a une main qui sait vraiment ce qu'est une main, et ce n'est que celui qui est dans l'Église et vit cette vie qui en saisit entièrement le sens. Les paroles ne peuvent exprimer qu'une infime partie. Cela n'exclue bien sûr nullement la parole, encore que cette parole suppose la bonne volonté de celui qui écoute sinon elle se briserait contre un mur d'incompréhension.
D'ailleurs, ils n'y a pas une réponse toute prête car chaque fois il faut la reformuler selon les circonstances en disant bien sûr toujours la vérité. Pour cela, il faut du discernement afin de ne pas brusquer ni outrepasser la capacité de celui qui interroge.
Ensuite, chacun parle selon sa connaissance et son niveau spirituel, ce qui exclut de nouveau toute réponse stéréotypée.
Avant tout, il faut que nos paroles soient fructifiées par la prière afin que le Seigneur ouvre le coeur de l'auditeur. Et parfois, notre parole n'est pas comprise toute de suite mais fait son chemin, et c'est là que notre prière peut faire des merveilles.
Question :
Quels sont les rapports entre l'Église et l'état ?
Réponse :
"Mon royaume n'est pas de ce monde," dit le Christ (Jn 18,36) et l'Église n'est rien d'autre que ce royaume. Par contre l'état est une institution de ce monde et il est fait pour ce monde. Ces deux institutions - l'une divine et l'autre terrestre - ne sont pas antagonistes mais complémentaires. Idéalement, elles collaborent ensemble, chacune dans son domaine.
L'état veille pour le bon ordre de ses sujets et c'est dans ce sens qu'autrefois le roi convoquait des conciles afin de rétablir la paix parmi les chrétiens. Il convoquait ces derniers et veillait au bon déroulement du concile, y assistait sans pourtant avoir un droit de vote.
L'Église, de son côté, incite ses fidèles à être soumis à l'état dans la mesure où l'état ne s'oppose pas aux lois de l'Église. L'Apôtre ne dit-il pas : "Que toute âme se soumette aux autorités qui sont au-dessus d'elle; car il n'existe pas d'autorité, si ce n'est de par Dieu; et celles qui existent sont ordonnées de Dieu." (Rom 13,1), et : "Celui qui résiste à l'autorité résiste à l'ordonnance de Dieu; et ceux qui résistent feront venir un jugement sur eux-mêmes." (Rom 13,2). Pourtant "Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes." (Ac 5,29). Tant donc que l'état est en harmonie avec l'Église, et oeuvre en synergie avec celle-ci, l'idéal est atteint pour autant que c'est possible dans ce monde qui subit les conséquences de la chute.
L'Église, pour sa part, ne se mêle pas des affaires de l'état mais s'occupe du domaine spirituel. La hiérarchie de l'Église comme telle n'a pas à se mêler de politique et ne peut donner que de consignes spirituelles et morales aux fidèles qui sont des sujets de l'état. À chaque fidèle ensuite d'agir selon sa conscience. Ce n'est que quand le gouvernement prend des mesures contraire à l'enseignement de l'Église que celle-ci peut et doit s'y opposer, comme quand l'état subventionne l'avortement, les associations homosexuelles ou tolère la manipulation du sperme et de l'embryon pour ne prendre que ces exemples.
Certes, une chose est la théorie et autre chose la pratique. Dans l'histoire, il y a eu des abus aussi bien de la part de l'état que de celui de l'Église, mais l'Orthodoxie n'a jamais connu le "césaro-papisme" ni le "papo-césarisme". Les canons de l'Église interdisent formellement qu'un clergé assume une responsabilité dans l'état, pas plus évidement qu'un maire ou un président peut devenir clergé tout en gardant ses fonctions politique comme c'est arrivé souvent en Occident où les évêques assurèrent à la foi leur fonction épiscopale et une fonction politique.
Question :
Quelle position prend l'Église orthodoxe envers l'homosexualité ?
Réponse :
Une chose l'homosexualité, que l'Église considère comme un vice, une maladie de l'homme entier - corps et âme - et autre chose un homosexuel qui est atteint de cette faiblesse et que l'Église cherche à soigner avec compassion et compréhension. L'homosexuel est plutôt considéré comme une victime sans que cette passion soit innocentée ou considérée comme quelque chose de normal comme fait l'état à l'heure actuelle et certains milieux religieux. Il est vrai que l'homosexualité est un vice contre-nature et comme tel, plus difficile à guérir, mais à Dieu tout est possible. Ce n'est pas non plus tout l'être humain que constitue cette tare. Celui qui en est atteint souffre profondément mais la foi peut être vivante malgré cette infirmité, pourvu que cette homme lutte contre son travers et avec la grâce de Dieu se purifie de toute souillure de la chair et de l'esprit comme doivent le faire d'ailleurs l'avare et l'irascible.
Question :
Est-ce les anges ont été créés avant ou après l'homme ?
Réponse :
Les anges n'ont pas été créés dans le temps mais dans les éons, c'est-à-dire dans une durée qui n'est ni l'éternité ni notre temps. Éon (en grec : AIWN) se traduit généralement, faute d'un verbe adéquate, par siècle, mais il ne s'agit pas d'un siècle d'une durée de 100 ans.
Les anges existaient déjà au moment de la chute au paradis, car c'est le diable - un ange déchu - qui tenta Adam et Ève. Ils sont donc antérieurs à l'homme et c'est l'homme qui est appelé à prendre la place de Lucifer, l'ange déchu.
(suite)
LE SACRE ÉPISCOPAL
Matthieu sera élevé à la dignité d'évêque de Vreshène, le 8 juin 1935, avec les voix et l'approbation du clergé orthodoxe et du peuple entier. Son sacré aura lieu dans le monastère de l'Entrée de la Mère de Dieu, à Kératea. Au préalable, le conseil d'administration de la communauté religieuse grecque des V.C.O. se rendit en choeur au monastère et demanda aux trois métropolites Germain de Dimitrias, Chrysostome précédemment de Florina et Chrysostome de Zanthe que, parmi les évêques qui seront consacrés, soit compris aussi le père Matthieu, si la Providence divine y consent. Car Matthieu était le supérieur (higoumène) de ce saint monastère et il y était honoré et admiré de tous.
Les évêques, après avoir prié dans le sanctuaire et délibéré dans l'Esprit saint, le nommèrent de manière canonique et conformément à la Tradition, évêque de Vresthène, le 8 juin 1935.
En même temps - c'est-à-dire dans l'intervalle d'une semaine et non le même jour ce qui serait contraire aux canons - que Matthieu de Vresthène furent sacrés Germain des Cyclades, Christophore de Mégara, Polycarpe de Dianie.
La réponse des innovateurs aux sacres des quatre évêques était : dépositions, arrêts, exils, persécutions de la part des néocalendaristes ! Le mardi 29 mai 1935, vers 10 h du soir, alors qu'ils se trouvaient à l'archevêché V.C.O. les trois évêques consacreurs reçurent la première contrainte. Chrysostome Papadopoulos déclencha tout le mécanisme d'une part pour contraindre les évêques, et d'autre part pour les juger "pour séparation, assemblée illicite, déchirement et mépris de l'Église canonique et légale et exhortation du vénérable clergé et du peuple à renoncer à l'Église canonique et légale."
Depuis le soir du 29 mai jusqu'au vendredi 1er juin, où ils furent jugés, les trois évêques furent placés en sévère isolement, alors que les nouvellement sacrés étaient limités à leurs demeures, subissant ainsi un sévère isolement.
Cette journée néfaste - jour du procès - du vendredi premier juin 1935 restera historique, et une page noire dans l'histoire de l'Église innovatrice de Chrysostome Papadopoulos.
Durant une semaine entière, les évêques subirent un sévère isolement, les fidèles étaient pourchassés, et il ne leurs était permis, pas même de loin, d'exprimer leurs respects aux évêques confesseurs jusqu'au jeudi 7 juin vers 11 h du soir où le chef de la Sûreté générale avertit les trois évêques que le lendemain, vendredi 8 juin, ils seraient conduits au lieu de leur exil.
Partant pour leur lieu d'exil, les trois évêques éditèrent une encyclique pastorale d'adieu dans laquelle ils disaient, entre autre : "Nous recommandons à tous ceux qui suivent le calendrier orthodoxe de n'avoir aucune communion spirituelle avec l'Église schismatique et les liturgies schismatiques, desquelles est partie la grâce du très saint Esprit; en effet, ils ont transgressé les décisions des pères du septième Concile oecuménique et de tous les conciles pan-orthodoxes qui condamnent le calendrier grégorien."
Les évêques consacrés par les trois métropolites furent eux aussi "déposés" et exilés, ou mis en restriction.
LE SCHISME DE 1937
Le nouveau-calendarisme vient bouleverser et fausser l'unité et le saint ordre de l'Église orthodoxe des V.C.O. (1924-1937), à travers les évêques alors anciens-calendaristes exilés (1937) Chrysostome de Florine, et Germain de Dimitriade.
Ces évêques, pendant leur exil, ont été invités par les nouveaux-calendaristes à une illusion nouvelle, qui dit que le nouveau-calendarisme, imposé par les francs-maçons en 1924, est une hérésie nouvellement apparue et, de ce fait, n'a pas encore été condamné par un concile pan-orthodoxe. Par conséquent, nous pouvons (prétendent-ils) être en communion spirituelle avec eux car leurs clercs sont encore canoniques, ils possèdent la succession apostolique et des sacrements valides.
Après avoir invité les deux évêques à leur illusion, les nouveaux calendaristes les ont rappelés de l'exil en leur faisant grâce du reste de leur peine (quatre ans et demi environ; ils avaient été condamnés à 5 ans d'exil).
Remis en liberté, ces évêques ont aussitôt publié une encyclique qui disait que les membres du clergé nouveau-calendariste étaient condamnés parce qu'ils avaient accepté le calendrier du pape, mais seulement "en puissance", et non "en acte", car aucun concile ne les avaient encore condamnés.
En face de cette fausse ecclésiologie, Mgr. Matthieu n'avait d'autre choix que de retirer ses responsabilités afin de garder intacte la foi orthodoxe. Voici un texte de lui adressé aux évêques tombés :
Athènes, le 19 septembre 1937
Très Révérends Métropolites
Germain ex-Dimitrias
et Chrysostome ex-Florina
Très Révérends,
Ces paroles de notre Seigneur, je les mets en avant avec beaucoup de chagrin et le coeur déchiré, dès le début de ma réponse à vos écrits des 8 et 17 du mois présent, parce que, comme l'a dit saint Jean Chrysostome, l'action de pécher est humaine, mais le fait de persister dans le péché est satanique et pernicieux. Malheureusement, nous voyons que, par vos écrits et vos paroles, vous continuez à violer notre confession pour l'Orthodoxie en contradiction avec ce que vous avez déclaré au peuple et au clergé grecs au mois de Mai 1935, quand vous aviez repris la direction de la lutte pour notre sainte foi orthodoxe du Christ et pour notre sainte Église attaquée violemment. Ce qui est infiniment regrettable, c'est que vous êtes passés brusquement au rang des apostats de l'Orthodoxie en blasphémant l'Esprit saint par l'innovation maudite du calendrier des fêtes, vous admettez que les mystères de ces faux évêques et membres du clergé innovateur émanent de la Grâce divine !
Nous nous étonnons comment vous, pouvez être saisis par une telle obscurité spirituelle puisque vous écrivez : "Il n'y a aucune raison ecclésiastique et canonique qui puisse justifier le déchirement complet de notre Sainte Église de laquelle nous avons reçu le grade suprême d'Évêque". Ne distinguez-vous pas où est placée la lumière de la Vérité ? Pour vous éclairer, nous vous rappelons l'imprimé "Éclaircissements au sujet de la question du calendrier ecclésiastique" à la vingtième page à laquelle vous vous référez et qui dit que le nouveau calendrier avait été condamné par les synodes pan-orthodoxes des Patriarches Orthodoxes de l'Orient en 1583, 1587, et 1593 convoqués à Constantinople sous le Patriarcat de Jérémie II Tranos.
L'introduction du nouveau calendrier déchire ou, d'après l'expression des Pères, obstrue l'édifice universel catholique de l'Orthodoxie et rend schismatique vis à vis des autres Églises orthodoxes. Nous vous rappelons aussi que, dans votre "Manifeste paroissial au clergé et aux moines de l'Église grecque" vous dites à la page 17 : "Désavouez vous aussi l'archevêque schismatique et les évêques qui ont les mêmes opinions que lui et qui continuent à insister sur l'innovation du calendrier. Si vous ne désirez pas être considérés comme schismatiques, délivrez l'Église orthodoxe des conséquences pernicieuses du schisme".
Et pour que vous soyez assurés que cette désapprobation vous fait honneur, nous citons le 15ème canon des ler et 2ème synodes qui, non seulement ne blâme pas la rupture avec le primat qui s'est éloigné de l'Église et qui dispense un enseignement contraire à l'Orthodoxie en le prêchant tête nue, mais fait l'éloge de cette action et l'impose comme un devoir pour que la lèpre du schisme ne contamine pas le salut par l'Église.
Enfin, pour vous rappeler la vérité, nous citons aussi l'extrait de votre encyclique pastorale que vous avez écrite pour le peuple orthodoxe grec lorsque vous partiez en exil et qui dit : "Ayant repris le pastoral de la population hellénique orthodoxe qui suit le calendrier patristique des fêtes ayant conscience du serment de foi que nous avons prêté, nous garderons tous ce que nous avons reçu des sept conciles oecuméniques, évitant toute innovation. Nous ne pouvons que prêcher, dénoncer l'Église officielle comme schismatique puisqu'elle a accepté le calendrier papal des fêtes, ce qui est une innovation hérétique, scandaleuse et la violation arbitraire des canons saints et divins, comme des Traditions ecclésiastiques. Pour ces raisons, nous recommandons à tous ceux qui suivent le calendrier orthodoxe des fêtes de ne pas avoir de communion spirituelle avec l'Église schismatique, ni avec ses ministres religieux. La Grâce de l'Esprit très saint les a quittés, parce qu'ils ont transgressé les décisions des pères du 2ème concile oecuménique et tous les synodes panorthodoxes qui avaient condamné le calendrier grégorien des fêtes. Saint Basile nous le certifie quand il dit : "Bien que les schismatiques reconnaissent les dogmes par lesquels le Christ est la tête du corps de l'Église, celui par lequel tous les membres subsistent et reçoivent l'accroissement spirituel, ils se sont néanmoins détachés de l'harmonie des membres du corps et ont perdu la grâce du saint Esprit. Comme ils n'ont pas la grâce comment peuvent-ils la communiquer aux autres." (voir Journal "Vradinis" 21/6/35).
De ces écrits, nous retenons qu'à cette époque vous considériez l'Église nouvelle, sous le métropolite Chrysostome Papadopoulos, schismatique, détachée du corps de l'Orthodoxie, perverse, d'après le prophète David qui chante : "J'ai haï l'Église des pervers", tous les mystères célébrés par celle-ci privés de la Grâce sanctifiante de l'Esprit saint, en désaccord avec les canons saints et divins. De plus, vous reconnaissiez que cette innovation est une inspiration diabolique, dénoncée à plusieurs reprises par les synodes orthodoxes, une fausse croyance évidente qui impose de proscrire l'archevêque Chrysostome Papadopoulos et tous ceux qui ont la même conviction que lui. Or, voici que, maintenant, vous admettez que le saint chrême soit célébré et sanctifié par le patriarcat après l'innovation du nouveau calendrier ! Il apparaît clairement aussi que vous admettez que les mystères des innovateurs, en règle dites-vous avec les Églises orthodoxes qui les reconnaissent, en communion spirituelle avec l'Église grecque et le patriarcat oecuménique dont ils reçoivent le saint chrême. De cette manière, vous ne voyez donc pas de différence entre la grâce sanctifiante des mystères célébrés par les Orthodoxes et la fausse croyance des autres. Vous les considérez communs et égaux. Vous ne reconnaissez pas l'Église schismatique comme privée de la Grâce divine. Au contraire, vous appuyez l'innovation et vous prêchez dans son sens.
En conséquence, voici la décision canonique et apostolique qui s'impose. Je suis obligé, en ma qualité d'évêque, de vous désavouer, conformément au 15ème Canon des ler et 2ème Synodes pour préserver l'Église du Christ du schisme et des divisions. Vous croyez et vous faites des choses étrangères à l'Orthodoxie telle que vous l'ont enseignée nos pères saints. Nous avons été élevés à la dignité épiscopale pour éclairer tous ceux qui se trompent, pour nous porter là où le mal se propage et gagne de proche en proche. Nous, croyants, restons fermes par la sainte Grâce de notre Seigneur aux enseignements que nous avons reçus. Et les cérémonies mystiques des schismatico-hérétiques, nous les rejetons comme inadmissibles. Devant notre Dieu en trois Personnes, le seul vrai, prosternés pieusement, nous demeurons fermes et attachés à notre confession orthodoxe d'évêques, prêts à la défendre pour l'édification et le salut des fidèles. Quant à vous, ayant oublié votre confession de foi, vous avez accepté les mystères des innovateurs, vous vous êtes écartés du droit chemin, arrachés de notre sainte Église parce que, conformément aux ordonnances apostoliques "il se déchire tout à fait, non celui qui se sépare des impies, mais celui qui s'éloigne des fidèles".
Et maintenant, vous nous menacez d'un procès parce que nous restons attachés à la dévotion traditionnelle enseignée par les pères saints et divins. Vous nous accusez d'agir apparemment contre les canons saints et les intérêts de l'Orthodoxie, alors que nous luttons pour faire triompher la vérité.
Nous répétons ce que saint Marc d'Ephèse avait dit au pape quand celui-ci l'avait menacé de destitution : "Les saints synodes et les saints pères inspirés par la Grâce de Dieu condamnaient d'abord l'hérésie, l'égarement et la fausse croyance, et, ensuite ceux qui l' enseignaient, persévérant ainsi dans l'erreur. Vous, qui me condamnez, vous êtes obligés de démontrer l'égarement et la fausse croyance de mon enseignement. Mais ma croyance est celle de l'Orthodoxie, mon enseignement est en accord avec les Traditions qu'ont enseignées les pères saints. En quoi suis-je coupable pour être condamné ?".
Nous souhaitons que le Seigneur vous inspire et vous fasse sortir de l'égarement afin que vous ne perdiez pas le fruit de vos sacrifices anciens pour l'Orthodoxie.
- Deuxième proscription portée à la connaissance du Métropolite de
Dimitrias Germain Mauromatis à Psychicon - Athènes, le 19/2 octobre 1937
à suivre
On a dit d'un frère qui était dans un couvent qu'un
autre frère qui habitait avec lui dans le couvent, vola
quelques objets à l'économat du couvent, et,
après les avoir mis dans un sac, il les confia au frère
qui ne savait pas que c'étaient des objets volés; mais
le frère croyait qu'ils lui appartenaient. Après un peu
de temps, on trouva que les objets avaient disparu. On les chercha en
chaque cellule des frères et, lorsqu'on fut entré dans
la cellule du frère à qui les objets avaient
été confiés, on les chercha, et quand on les eut
trouvés, aussitôt le frère se jeta à
terre, il fit une métanie, disant : "On s'est moqué de
moi; j'ai péché, pardonnez-moi." Et le frère qui
avait volé les objets et les avait confiés à
l'autre donna de grandes injures au frère dans la cellule
duquel on avait trouvé les objets, il le frappa au visage,
voulant le faire jeter hors du couvent; et, en tout cela, le
frère ne nia point, mais il s'humiliait encore devant lui,
disant : "J'ai péché, pardonne-moi." Et le
frère devint haï de l'abbé et de tous les
frères qui habitaient le couvent, et surtout le frère
qui avait volé les objets le haïssait, lui faisait honte
tout le temps, I'appelant voleur en présence des
frères. Et lorsqu'il eut passé deux ans dans ce
monastère, supportant ce grand opprobre, Dieu
révéla la chose à abba Macaire de
Scété, et abba Macaire alla en Egypte, afin de voir le
frère. Et lorsqu'il fut proche du couvent, tous les
frères se rassemblèrent avec des rameaux, afin d'aller
au-devant d'abba Macaire. Le frère aussi répondit : "Je
n'ai pas le front de prendre un rameau et d'aller à la
rencontre du vieillard, car je suis rempli d'opprobre, comme vous me
voyez." Et lorsque les frères furent sortis au-devant de lui,
abba Macaire les embrassa un à un, et, comme il ne voyait pas
le frère, il demanda où il était; et les
frères l'informèrent pourquoi, par honte, il
n'était pas allé à sa rencontre. Et quand abba
Macaire entendit cela, il sourit, il entra dans le couvent. Le
frère vint au-devant de lui avec humilité et il fit une
métanie au vieillard; de même abba Macaire fit une
métanie au frère et ils se prirent la main l'un
l'autre. Abba Macaire dit aux frères : "Ni moi ni vous ne
sommes dignes d'honneur comme celui-ci; car, non seulement il a
supporté le grand opprobre, mais encore le péché
du frère, il l'a pris sur sa tête." Et abba Macaire le
fit retourner en sa place. Mais aussi le frère voleur prit sa
mélote, il sortit du couvent et n'y revint plus.